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Dossier #18 : Les prisonniers
#4
DOSSIER #18

- Ce qu'il faut savoir, dit Maréchal, c'est pourquoi Turov s'est retrouvé ici.
- A mon avis, dit Faivre, pour la même raison qu'Antisthène : pour qu'on leur lave le cerveau ! Ce sont les Phonos, et derrière eux les Obre-Ignisses qui les ont envoyés ici pour qu'ils oublient ce qu'ils ont vu.
- En tous les cas, dit Maréchal, les Phonos vont m'entendre. Leur fils est enfermé depuis trois semaines. Donc il a été interné, à leur demande, alors qu'ils m'ont affirmé de l'avoir pas vu depuis des années !
- Il y a aussi les femmes touchées par les temporites, dit Faivre. Rachel et les autres. Elles sont passées par la Recouvrance elles aussi. Et ces pauvres filles ont toutes été retrouvées dans des quartiers possédés par les Obre-Ignisses. J'en déduis que la Recouvrance traiterait tous ces gens, liés d'une façon ou d'une autre à la temporite.
- Ce qu'on doit découvrir, c'est ce que cherchait Antisthène. Est-ce qu'il en veut à ADMINISTRATION ? Ou bien veut-il seulement se venger de ses parents ?
Faivre demanda quelle avait été la cellule du fils Phonos.
- La 913.
- La cellule en face de celle de Turov, dit Faivre, comme par hasard.
- Descendons voir, dit Maréchal.
Ils reprirent l'ascenseur pour le neuvième. Ils allèrent voir la cellule 913, qui était inoccupée, et n'avait rien d'étrange. Ils ouvrirent la 912, en face. Rien non plus à signaler.
- Bon, vous savez ce que nous allons faire ? dit Faivre. Andréï, je vais vous plonger en hypnose.
- Ah bon ? dit Turov.
- Oui, cela peut donner des résultats. C'est indolore, vous verrez... Vous avez juste besoin de vous détendre.
Turov était si hébété qu'il aurait pu s'endormir debout !
- Je vous laisse opérer, docteur, dit Maréchal. Prenez soin de votre patient, moi je vais au chromato.
- Entendu, on vous retrouve là-haut.
Faivre fit s'allonger Turov sur le lit. Il ouvrit sa trousse médicale, sortit son sthétoscope et prit la tension de son collègue.
- Bloquez votre respiration...

Maréchal remonta, soucieux, empressé. Il prit la place de Morand devant le chromato, impatient de "dévorer" le dossier Weid. Les découvertes furent à la hauteur de ses espoirs : le commissaire, il y a quarante ans, avait fait explicitement le lien entre les temporites et des créatures qu'il nommait les Stalytes !
Maréchal alluma une cigarette, vissé à sa chaise. Morand n'osait plus remuer un ciel.
"La temporite, écrivait Weid, serait comme une chrysalide qui, en se développant sur un hôte qu'elle infecte, finirait par produire un "Stalyte", ces êtres des légendes qui vivraient dans des gouffres oubliés de notre Cité".
Maréchal continua sa lecture, de plus en plus excité par ce qu'il découvrait.
Il demanda à Linus de lui trouver les différentes branches de recherches Scientistes. Ce fut facile.
"Il y en a trois : psychologie, biologie, architecture".
Morand qui jetait un oeil indiscret, confirma :
- Oui, je vous l'avais déjà expliqué. Nous avons trois branches...
Maréchal se retourna vers son détective, sarcastique et mordant :
- Dans ce cas, voulez-vous m'expliquer de quoi s'occupe la quatrième branche ?
- Pardon ?
- Ne faites pas l'innocent, Morand !
- Je vous demande bien pardon...
- Je me souviens bien de vos explications, détective. Seulement, aujourd'hui, je vous dis qu'il n'y a pas trois, mais bien quatre branches Scientistes !
- Mais non, voyons !
- J'ai tout lieu de croire la personne qui vient de me l'apprendre.
Morand ne savait pas ! Même lui n'était pas dans ce secret ! Maréchal ricana pour lui-même. Même les Scientistes avaient leur "brigade spéciale". Une branche dédiée à l'étude, et surtout à la manipulation, de la temporite !
C'était désormais la brigade de Névise contre la 4e branche ! Il fit craquer ses poings.
Morand sentit qu'il était inutile de protester.


¤


Turov céda vite à l'hypnose.
- Racontez-moi ce que vous voyez, dit Faivre.
Turov divagua un moment, avant de formuler des phrases plus cohérentes.
Il parlait du navire, de l'opéra, du fjord.
Faivre avait du mal à suivre. Il devinait bien de ce que Turov avait vu dans l'épave et voyait bien le moment où les hallucinations avaient commencé. La suite était plus surprenante : après ces falaises de glace, une jungle, des marécages. Puis Turov se revoyait dans la carcasse de son char d'assaut, sur Forge, et il parlait de Faivre qui le sortait de l'eau.
L'inspecteur crut que c'était lui qui troublait les souvenirs de Turov. Ce dernier décrivait ce qu'il voyait : les images revenaient en boucle. Après la sortie du marécage, la fuite dans la toundra de Forge, c'était à nouveau la plongée dans l'épave, puis l'opéra, l'inondation, la jungle et le marécage.

Faivre se perdait en conjectures. Il se demanda même, à force de tourner et retourner les hypothèses dans sa tête, si c'était bien Turov qui était revenu de l'épave... Le Turov qu'ils connaissaient... En admettant que c'était la temporite qui avait pu téléporter le détective hors de la carcasse... Etait-ce lui qui était revenu ? Ou une copie ? Un "voisin des fonds", comme disaient les marins dans leurs superstitions ?
Dans quelle mesure Turov revoyait-il ses souvenirs et dans quelle mesure hallucinait-il ?
Faivre ne comprenait pas. Il se frotta les yeux, fatigué. Il dit à Turov qu'il allait le réveiller doucement.
- Quand je vais claquer des doigts...

Faivre claqua des doigts. Turov entendit claquer des doigts. Il ouvrit les yeux. Il s'assit, se frotta les yeux. Un médecin était assis à côté de lui.

- Je crois que cette séance a été profitable.
C'était le docteur Pouchkine qui écrivait sur sa tablette.
- Je crois que vous pourrez bientôt sortir, dit-il. Je suis content de vos progrès, Andréï.
- Merci...
- Revivre vos souvenirs de la guerre va vous aider à guérir, à mieux accepter le passé, vous comprenez ?
- Oui, je crois.
Pouchkine rangea sa tablette et se leva.

Faivre laissa Turov se réveiller seul. Il entendit qu'on l'appelait : c'était Maréchal qui revenait excité.
Turov sortit dans le couloir avec le docteur Pouchkine :
- Je vais vous autoriser une sortie dans le parc, vous l'avez bien mérité.
Les lumières marchaient mal dans le couloir. Faivre n'y voyait plus goutte, sûrement parce qu'il s'était habitué à l'éclairage violent de la cellule. Il vit de la lumière au bout du couloir. Maréchal lui disait de se dépêcher. Faivre courut. Il heurta un caillou, trébucha, se rattrapa au mur. Il sentit celui-ci tout gluant. Il vit alors le sol remuer, s'agiter. Il avait de la poisse plein les chaussures, une épaisse poix noire collante, qui remontait doucement jusqu'à ses chevilles. Faivre, affolé, courut. Les murs se disloquaient, le plafond tombait, le sol penchait et toute la poix dégringolait ! Une vague étouffante qui submergea l'inspecteur. Il sentit qu'il avalait des pleins litres du liquide visqueux, qu'il était emporté par une lame de fond.

Quand il reprit conscience, il vit devant lui Antisthène et les femmes en combinaison. Il vit un scaphandrier assis un peu plus loin, qui enlevait son casque : Turov !
Antisthène le ligotait et l'emmenait, sous le regard de dizaines de scaphandriers immobiles. Il perdait connaissance à nouveau et quand il rouvrait les yeux, il était allongé sur le dur lit d'une cellule ! Et entre les barreaux, il apercevait les autres cellules, toutes allumées, lumières inquiétantes dans un couloir sombre.

Un homme riait dans la cellule d'en face. Faivre le reconnut : c'était Antiphon !

Ou bien Antisthène ?...
Faivre agrippa les barreaux de sa cellule et cria à l'aide. Il était prisonnier ! Prisonnier d'un autre lieu ! Il n'était plus dans la cellule 912, Turov n'était pas là ! Il avait été emprisonné... La poix noire, les souvenirs du couloir et maintenant une cellule dans une prison inconnue... Il entendit plusieurs cellules rire. Au bout du couloir, un gardien arrivait, qui faisait tourner son bâton en sifflotant.


¤


Maréchal se massa la nuque et se frotta les yeux.
"Je ne comprends pas, lui écrivait Linus, comment ce poste peut avoir autant d'accès aux IM. On peut rentrer dans les dossiers des ingénieurs du remodelage urbain."
"Arrêtez de faire joujou, répondit Maréchal."
L'inspecteur commençait à redouter que Linus joue les apprentis-sorciers, qu'il aille déplacer quelques quartiers !
- Je vais chercher du café, dit Morand.
- Bonne idée.
Pour changer de sujet, Maréchal parla de la guerre. Linus lui raconta qu'il avait été envoyé sur un navire de guerre, en tant que télégraphiste. Il avait travaillé dans les écoutes, avec des systèmes novateurs pour capter des conversations lointaines, installés sur des usines de pêche.
"On écoutait les états-majors Autrellois discuter, grâce à d'énormes paraboles."
On devinait le garçon ravi d'avoir joué les espions avec ses gros joujous. La guerre de Maréchal avait été certes moins glorieuse, à patauger dans la boue.
"J'oubliais de te dire que je suis content de te revoir, Linus. Passer me voir à Névise, je te dois au moins un verre."

Maréchal se dit que Morand mettait du temps à revenir. Il entendit un bruit de verre brisé. Il sortit en trombe de la pièce : une tasse roula à ses pieds. Il vit la cafetière brisée, tout le liquide brûlant répandu par terre.
- Morand ?
Pas de Scientiste dans le couloir. Il n'était pas non plus à la cuisine. Il n'y avait plus d'infirmier ni de gardien à cet étage. L'inspecteur vérifia son arme, la remplit et prit l'ascenseur pour le neuvième. Il tapa à la cellule 913 : personne. Personne non plus à la 912. Le gardien lisait son journal, les pieds sur la table.
- Dites-moi, savez-vous où sont partis mes collègues ?
- Pardon ?
- Mes deux collègues, qui étaient dans la 913.
- Quels collègues ? demanda le gardien, suspicieux. Je n'ai vu personne.
- Vous vous moquez de... ?
Maréchal déglutit. Ne pas s'énerver, rester calme... Ce gardien était bien le même que tout à l'heure. Et l'inspecteur comprenait que quelque chose se tramait. C'était comme si les murs se rapprochaient... Le gardien n'attendait qu'une chose, oui, c'était de le voir s'énerver, protester... L'inspecteur n'insista pas, voulut en avoir le coeur net.
Il remonta au rez-de-jardin, demanda à la secrétaire le registre des visiteurs. Il le feuilleta, fébrile, parcourut du doigt la dernière page.
- ... merde.

Il n'y avait que sa signature ! Celles de Morand, Faivre et Turov n'y étaient plus ! Or ils avaient signé en arrivant, aucun doute !
- Un problème ? demanda la secrétaire en regardant par-dessus ses lunettes.
Maréchal s'efforça de faire bonne figure.
- Non, non, une erreur de ma part...
La Recouvrance se refermait... Tout le personnel devait être complice... Et le directeur qui n'était plus dans son bureau !
Maréchal remercia la secrétaire, redescendit au deuxième. La tasse de café renversé et la cafetière brisée n'avaient pas bougé. Maréchal s'assit devant le chromato, cette cellule 219 étant comme son QG provisoire -à condition de ne pas voir la porte se refermer sur lui !
Linus n'était plus connecté aux réseaux.

Il lui fallait les dossiers du directeur. On avait dû capturer ses collègues et les emmener à un autre étage. Seulement, neuf étages à fouiller, c'était trop long. Maréchal remonta à la réception, passa devant la secrétaire et signa son départ. Il pleuvait très fort sur le parc, le vent soufflait, ployant les arbres inlassablement. Maréchal jeta un oeil à la secrétaire, qui s'était replongée dans la lecture de son magasine. Il sortit sous la pluie épaisse, qui crépitait sur l'herbe. Il contourna le pavillon du directeur, s'accroupit sous la fenêtre à guillotine. Pas de lumière dans le bureau. Il prit la crosse de son arme et, comme le vent mugissait particulièrement fort, frappa sur un petit carreau. Il serra les dents, ferma les yeux. La secrétaire n'avait rien entendu.
Il ouvrit la fenêtre, enjamba le rebord et referma la fenêtre. Il mit un gros volume devant le carreau cassé. Il faisait tiède dans le bureau. Les rayons de bibliothèque, les gros fauteuils en cuir, les beaux meubles en bois, composaient un décor rassurant. Maréchal alluma le chromato : la connexion était aussi rapide que dans la 219. Maréchal vit que le directeur avait des dossiers sur la branche 4 !
L'inspecteur débrancha l'engin, enleva le pavillon, l'écran et ne garda que le clavier dans lequel était insérée la mémoire. Il le prit sous le bras, passa par la fenêtre et s'enfuit en courant. Le vent hurlait contre lui. Il entendit des chiens aboyer. Il crut entendre des vigiles lancés à sa poursuite. Il serrait le chromato contre lui, avançait obstinément. La tempête approchait d'Exil... La violence du vent devenait intenable. Il courut avec le vent de côté vers la grille. Il entendit un coup de feu, se retourna, et prit à ce moment une branche en pleine tête. Il tomba, assommé. Le parc tremblait, oscillait. Maréchal se leva, agressé par une lumière crue. Il se releva, aveuglé, dans une étroite cage blanche.

C'était un ascenseur. Quelqu'un à côté de lui dévissait le panneau des boutons. Maréchal tenta de se relever. Il vit alors une des créatures en combinaison intégrale. Choqué, il retomba et s'évanouit.


¤


- Calme-toi, calme-toi...
- Non, je ne me calme pas !
Faivre essayait vainement d'arracher les barreaux ! Un flic en cellule, ça ne manquait pas d'ironie !
- Calme-toi, dit Turov, qui était dans la cellule voisine -Faivre venait de s'en apercevoir et il en était à peine surprisµ.
- Toi, tu vas m'expliquer qui tu es, cria Faivre à son voisin d'en face, qui lui disait aussi de se calmer. Tu vas me dire qui tu es vraiment, Antiphon !
- D'accord, d'accord, mais ne hurle pas, tu vas ameuter tous les matons !
- Je m'en fous des matons ! Qu'ils viennent !
Faivre n'avait pas fini sa phrase qu'un coup de sifflet retentit du bout du couloir et que dix gardiens armés arrivaient au pas de course :
- Au fond de vos cellules ! Reculez !
Faivre restait accroché aux barreaux :
- Je suis policier ! Inspecteur ! C'est une erreur !
Un gardien lui tapa sur les doigts. Faivre, meurtri, tomba par terre. On ouvrait sa cellule et trois gardiens entèrent : ils le rossèrent copieusement.
Les autres prisonniers, au fond de leurs cellules, mains sur la tête, souffraient pour le nouveau, qui ne connaissait pas encore les règles !
- Ça suffit, il a son compte... Le petit fumier.
Un gardien cracha sur le lit de Faivre avant de refermer la grille.
- Et si ça recommence, tout le monde y passe ! Douche glacée générale !

Le silence revint peu à peu, interrompu seulement par les gémissements de Faivre, qui se relevait, juste un peu moins misérable qu'après la pire cuite de sa vie.
- Ils t'ont sacrément derrouillé, dit Turov qui, de la cellule d'à côté, ne pouvait voir mais avait bien entendu.
- Tu parles qu'ils l'ont dérrouillé, dit le prisonnier d'en face en allumant une cigarette que son voisin lui passait.
- Et toi, tu es qui d'abord ? gémit Faivre.
Faivre n'en avait encore pas assez !
- Ah non, cette fois, ferme vraiment ta grande gueule ! Sinon, on va y passer tous ! Et là, c'est nous qui te ferons ta fête !
- Ouais, qu'il la ferme le nouveau ! dit un autre.
- Écrase, sinon je viens te crever dans ton sommeil !
Devant l'hostilité générale, Faivre accepta de se calmer. Mauvais, vengeur, sournois, il s'étendit sur son lit. Le sang lui battait dans chaque veine, des douleurs l'assaillaient des pieds à la tête. Ils ne perdaient rien pour attendre...
- Ça va ? demanda Turov.
- Je n'ai plus un seul os intact... Le crâne qui va exploser...
L'inspecteur se recroquevilla pour être dans la position la moins douloureuse pour lui. Il cracha du sang, une dent.
- Ils t'ont mis ta ration de purée, toi...
- Ils ont dû attraper des crampes à lui taper dessus comme ça.
- Sûr qu'ils y sont pas allés avec le dos de la cuillère à pot.
- Ils l'ont habillé pour la saison...
- Ça va, foutez-lui la paix, dit Turov qui, de par sa carrure, en imposait naturellement.

Quand Faivre put à peu près se relever, raide comme un mât, il s'assit, adossé aux barreaux de sa cellule et dit :
- Bon, allez, dis-moi qui tu es vraiment, Antiphon...
Le prisonnier d'en face ricana :
- Tu n'y es pas tout à fait. Je ne suis qu'Antisthène Phonos, "faux" frère du vrai Antiphon, mauvais fils de bonne famille...
- Explique-toi plus clairement...
- Je suis un sosie, inspecteur. Payé très cher par la famille Phonos pour remplacer le vrai Antisthène, alias Antiphon, alias le Prince Paon. Pour sauver la face, tu comprends ? J'ai même été opéré pour être encore plus ressemblant.
- Un sosie, je vois, dit Faivre...
- Ils m'ont mis là parce que je menaçais de tout révéler. Je ne suis pas encore passé au trépanage mais Turov ici-présent y a déjà eu le droit. C'est pour cela qu'il ne se souvient de rien.
- Merde, Andréï, réagis ! dit Faivre. Grâce à toi, on peut faire tomber cette famille de pourrie ! Ils t'ont charcuté le cerveau pour que tu oublies leurs vilains secrets !
- Oh, c'est ta faute tout ça ! dit Turov. Moi j'étais bien tranquillement marin ! Et il a fallu que tu m'enrôles comme flic !
- Mais attends, je ne t'ai pas forcé ! Et sans moi, tu n'aurais jamais découvert la vérité !
- Je me demande si ce ne serait pas mieux ! A l'heure qu'il est, je serais en train de travailler avec mes gars au calfatage, au lieu de me retrouver dans un asile de dingues !
- Hé, arrêtez de vous engueuler, dit le faux Antisthène. On ne va pas recommencer hein... Ce qui s'est passé, c'est que le personnel de la Recouvrance est complice. Ils vous ont repéré en entrant. Ils ont vu Turov, ont compris que ça allait être dangereux pour eux. Alors pendant que vous étiez au neuvième, ils vous ont balancé un gaz hallucinogène, et vous ont emmenés ici.
- On est à quel étage ? demanda Faivre.
- On doit être au cinquième sous-sol. Mais les cellules n'ont pas de numéro ici. En fait, officiellement, l'étage est fermé.
- Les ordures ! cracha Faivre, ils cachent des prisonniers trop dangereux ici. Ceux qui savent la vérité sur cet asile.
- C'est ça, dit "Antisthène". Mais attends, il y a un espoir. Vous êtes justement dans deux cellules d'où "ça" peut marcher.
- Explique-toi.

Le faux Antisthène sourit :
- Pour commencer, vos deux cellules peuvent communiquer. Turov, tu peux retirer une pierre de votre mur mitoyen.
Andréï s'agenouilla, tâta les pierres, trouva celle dont il parlait.
- Voilà tu la retires... Toi, tu seras trop large d'épaules, mais Faivre pourra passer dans ta cellule.
- Il y en a une autre qui "vient", dit Turov.
- Je t'aide, dit l'inspecteur.
Ils purent enlever une seconde pierre. Faivre passa de justesse chez son voisin.
- Soyez prêts à remettre tout ça en place pour la prochaine ronde !
- Sois tranquille !
- Bon, maintenant, écoutez-moi bien pour la suite, car le chemin pour sortir est un vrai labyrinthe...
- Un chemin pour sortir ?
- Oui, murmura le faux Antisthène. Un chemin ouvert par l'occupant précédent, qui n'a pas eu l'occasion de s'en servir...
- Tu penses qu'on va s'évader d'ici ?
- Oui mais écoutez-moi...

Un sifflotement au bout du couloir. Un gardien arrivait. Faivre retourna en vitesse dans sa cellule. Turov remit les deux pierres. Les prisonniers firent semblant de dormir. Faivre gémissait comme un chien battu. Le gardien ouvrit la grosse porte blindée du couloir et passa dans la section suivante.
- Bon, maintenant, vous allez bien m'écouter, dit "Antisthène". Au fond de la cellule de Turov, derrière le chiotte, il y a une pierre qui s'enlève, qui permet d'accéder à un puits d'aération.
Turov la trouva et l'enleva. En se mettant à quatre pattes, il put regarder dans le conduit :
- Et il est allé loin le dernier qui est parti par là ?
- Il n'a pas eu le temps de s'échapper. Il avait repéré tout le parcours, mais il a été changé de cellule la veille de son "départ" ! Le pauvre vieux !... Je ne sais même pas ce qu'il est devenu. Comme il m'a raconté un peu le trajet, je vais vous redire de mémoire, en espérant que ça vous serve.
Faivre prévoyait, dès sa sortie, de courir au quai des Oiseleurs, prévenir Lanvin, et faire donner l'assaut !
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Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 15-01-2011, 11:17 AM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 04-09-2011, 04:14 PM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 05-09-2011, 10:52 AM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by sdm - 08-09-2011, 08:40 PM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 09-09-2011, 06:25 PM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 10-09-2011, 03:36 PM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by vengeur77 - 15-10-2011, 12:45 AM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by sdm - 20-10-2011, 10:58 PM
RE: Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 21-10-2011, 02:03 PM
Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 15-01-2011, 11:18 AM
Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 15-01-2011, 12:10 PM
Dossier #18 : Les prisonniers - by Darth Nico - 21-04-2011, 09:43 PM

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