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Dossier #21 : Les ruines
#4
DOSSIER #21

Ils parlèrent de choses et d'autres. Maréchal essayait de garder un air détaché mais après la deuxième bouteille, il se confia plus que d'habitude sur la brigade. Morand, ce satané Scientiste, pas le mauvais bougre dans le fond... Maréchal n'aimait pas cette caste sinistre et arrogante, avec leurs fichues "fondations" dont on était bien en peine de comprendre les recherches...
- Psychologie, biologie, architecture... Tu parles... Je me demande quelles expérimentations bizarres ils conduisent là-dedans...
Il en souriait dans le fond. Morand se donnait des airs importants mais il ne devait pas connaître grand'chose... Pas encore ! Il avait le temps avant de devenir tortionnaire en chef ! Pour le moment, il bossait sur le terrain, il n'était pas encore dans les laboratoires à la pointe de la connaissance sur la souffrance humaine...
- Tu caricatures un peu là, dit gentiment Nelly.
- On verra bien... Mais ce garçon est brillant, indéniablement. Il ira loin. Mais loin dans quelle direction, ça reste à voir !
- Et Turov ?
- Oh, lui, il est inamovible... A croire qu'il fait partie du paysage depuis toujours... Tu sais, c'est notre Léviathan. Il résiste à toutes les tempêtes...
Il avait même résisté à la noyade dans une épave ! Il était carrément insubmersible !
- Et l'inspecteur Faivre ?
- Oh lui...
Maréchal était mal à l'aise pour en parler.
- Lui, il file un mauvais coton. Tu pourras me citer. Oui, il file le mauvais coton et je ne sais pas comment l'aider...
Maréchal était vaguement au courant que son amie était à l'hôpital, depuis qu'elle s'était fait taillader par des truands. Une autre fille était morte ce soir-là...
- Heureusement, vous avez la secrétaire...
- Ah, Clarine !
Maréchal recommanda une bouteille.
- Tiens, buvons à sa santé !
- Aux femmes libérées, dit Nelly, qui savait que cela agaçait Maréchal.
- C'est ça ! Au droit de vote pour le sexe faible ! Tiens !...
Il avala son verre et se resservit. Les serveurs regardaient sa table du coin de l'oeil. Il s'en fichait royalement !
- Cette chère Clarine, l'épine dorsale de la brigade !
- Tu m'as dit qu'elle était veuve...
- Oui, son mari est tombé au champ d'honneur...
Maréchal ne pouvait pas le dire sans une pointe d'ironie acide. Le champ d'honneur, c'était la plaine boueuse de Kargal ! Tué avant guerre lors d'une opération désastreuse de ces balourds de la marine pour établir une colonie côtière... On donnait des médailles aux victimes des irresponsables de l'état-major !
- Oui, heureusement qu'elle est là, elle.
Pauvre Clarine, toujours droite dans ses escarpins, qui maintenait un peu de droiture parmi ces policiers mal dégrossis, individualistes et maniaques de la Brigade Spéciale !
- Bande de dingues, murmura Maréchal, songeur.
- Tu t'inclues dans le lot ?
Au lieu de répondre, il commanda l'addition !

Quand ils ressortirent, bras-dessus, bras-dessous, une ondée se mit à tomber et ils durent courir s'abriter sous un porche, avec d'autres passants. Ils attendirent la fin de l'averse, rieurs, ivre comme il faut sous un ciel liquide et chargé d'orage. Maréchal eut une pensée pour Faivre, une pensée lourde et noire. Et à cette même heure, Faivre, depuis la réception d'un hôtel miteux où il avait pris ses quartiers, était au parlophone. Il avait montré sa plaque au gardien de nuit. Celui-ci était parti au bistrot d'en face prendre un verre à ses frais. Faivre entendait la pluie tomber sur le toit du bâtiment au toit crevé. Des gouttes frappaient l'escalier.
Le parlophone avait sonné dans un des bureaux de la Brigade des rues presque déserte à cette heure creuse de la nuit. C'était l'obscur petit détective Grigoriev qui avait décroché.
- Ici, Faivre...
Ce coup de fil, le détective l'avait redouté depuis des semaines, des mois. Depuis avant la guerre, quand il avait obtenu de Faivre un certificat médical qui lui avait évité de partir sur Forge.
- Je ne t'ai jamais rien demandé, Grigoriev, mais ce soir, j'ai besoin de toi. Ecoute-moi bien...
L'inspecteur s'interrompit. Un petit monsieur en pardessus descendait de l'escalier, la tête basse. Peu après, la porte s'ouvrit de nouveau au second et une grosse femme aux cheveux mauves, outrageusement maquillée, descendait en s'allumant une cigarette. Elle fit un petit signe à Faivre et alla fumer sur le perron.
L'inspecteur se tourna vers le mur de la loge qui sentait le chien mouillé.
- Ecoute-moi, tu connais les entrepôts des marchandises confisquées ? L'entrepôt 22, tu vois où il est ?...
- Oui, souffla Grigoriev.
- Demain, à onze heures, j'ai besoin que le planton prenne une pause, pendant une demi-heure environ. Je te laisse le soin de trouver un prétexte.
- L'entrepôt 22 ?
- Grigoriev, c'est la première et la dernière fois que je te demande un service...
- Non mais j'avais mal entendu...
- Tu as retenu l'heure ?
- Oui.
- Je peux compter sur toi ?
- Oui, évidemment... Je te rappelle ?
- Non, je veux juste être sûr de disposer d'une demi-heure demain, tu as compris ? C'est moi qui te rappellerai quand j'aurai fini... Je te paierai même un verre !
- Non, Faivre, j'aime mieux en rester là... Mais je veux juste avoir la certitude que...
- Que quoi ?... Est-ce que je t'ai demandé quoi que ce soit quand tu es venu me trouver ? Est-ce que je me suis inquiété de savoir si on manquerait d'hommes dans la troupe ?
- Non, bien sûr...
- Alors ne t'en fais pas. Je serai réglo avec toi.
Un autre client tournait devant l'hôtel. Il se décida et monta avec la grosse fille. Faivre ne dit rien avant d'avoir entendu la porte se refermer à l'étage.
- Faivre, tu es là ?
- Oui... Donc c'est conclu ?
- Tu n'abuses pas de moi en me demandant cela ?
- Pas le moins du monde.
- Après, ce sera fini ?
- Si tu veux, tu n'entendras plus parler de moi.
- Oui, je préfère comme ça.

Ils raccrochèrent en même temps. Faivre monta dans sa chambre. Il fixa le plafond pendant de longues heures, de ses yeux farouches. Il partit dans un court et mauvais sommeil et se réveilla dans le jour incertain. Il passa sous la douche et partit au bureau, les poings serrés dans les poches. Quand il arriva en haut du petit escalier en colimaçon, il perçut une agitation fébrile, inhabituelle. Turov déplaçait de lourds cartons, Morand triait des papiers et Clarine était à la manoeuvre !
- Ah, inspecteur ! On manquait justement de bras !
La secrétaire avait décidé de ranger les vieux dossiers. Classer, trier, jeter ! Certains dossiers étaient si vieux que les rats rongeurs avaient eu le temps de crever entre les étagères !
Faivre retroussa ses manches. Il allait superviser le tri fait par Morand ! Embêter, une dernière fois, le détective...

Enfermé dans son bureau, Maréchal pianotait, nerveux, occupé à ses habituelles recherches sur les Scientistes et autres groupes occultes de la Cité !
La veille, il avait dit à Nelly qu'il allait bientôt tout plaquer... Rendre son badge, avant de se faire bouffer par le Système... Nelly avait évoqué ses oeuvres d'art, qu'elle "collectionnait" depuis des années.
- Je pourrais les vendre.,. En tirer une fortune, tu sais.
Maréchal ne voulait pas en entendre parler. Il ne voulait plus de Penthésilée.
- Je ne veux pas vivre avec une androïde, Nelly...
- Mais ça n'a rien à voir... C'est juste un masque...
Maréchal, qui avait beaucoup bu à ce moment, repensait aux paroles de Jonson : "Vous n'êtes qu'un rouage, inspecteur".
Maréchal ne voulait pas savoir d'où venait cette armure, ni tout ce qu'elle avait accumulé comme oeuvres.
- Tu sais, j'ai peut-être trouvé un acheteur en plus...
Il avait essayé de rester calme. Elle avait des yeux de jeune fille qui vient de trouver le prince charmant.
- Tu crois peut-être que ces oeuvres se revendent comme on met des bijoux de famille au mont-de-piété ?... Pas si simple !
- Même en revendant une partie, nous serions riches.
- Si tu crois que ça suffit pour échapper à ADMINISTRATION... J'ai bien vu certaines grandes familles, elles ne sont pas plus heureuses dans leurs gros manoirs...
- Mais tu veux faire quoi ? Quitter la Cité ?
- Et aller vivre chez ces barbares de Forgiens ? Pas question !
- Ou sur les îles... On ouvrirait un commerce, je ne sais pas moi...
- Les îles...
Pour Maréchal, elles étaient habités par des ploucs, des rustauds à peine plus civilisés que des Kargarliens. Et puis il n'aimait pas l'océan ! Alors le voir tous les jours depuis sa fenêtre !
- Toute cette flotte, quel gâchis, dit-il en finissant de vider la bouteille.

Il avait besoin d'en savoir plus sur les Scientistes, sur cette quatrième fondation dont il avait parlé avec Vinsler... Il devait se couvrir, pour ne pas avoir ces dingues sur le dos jusqu'à la fin de ses jours... Il dut se boucher les oreilles pour se concentrer, à cause du raffut qu'il percevait confusément au travers de la maigre porte de son bureau. Il avait mal au cou, la gorge sèche. L'air était bleu de fumée. N'y tenant plus, alors qu'on venait de donner un nouveau coup par mégarde sur sa porte, il sortit et trouva sa brigade en ébullition. Il fut pris à la gorge par le nuage de poussière administrative...
- Qu'est-ce que c'est que...
Clarine, bras croisés, surveillaient ses trois collaborateurs. Elle le regarda, fière, presque effrontée.
- Mais qui vous a ordonné de... ?
Il dut se frotter les yeux en voyant Turov porter trois cartons de la salle des archives et les déverser dans le bureau des détectives.
- Bon, attendez... Clarine, venez dans mon bureau.
Maréchal la fit entrer et claqua la porte.
- Continuez, Morand, dit Faivre.
Le pauvre détective dut poursuivre sa tâche de rangement.
- Ecoutez, Clarine, dit Maréchal, rien ne vous permet de...
Il s'ensuivit un échange assez vif. La secrétaire était à bout devant ces armoires croulantes.
- Vous avez vu le capharnaüm que vous avez mis ? Et si nous avions une visite de contrôle ?...
Elle était trop contente d'elle, elle ne voulait rien entendre.
Maréchal lui ordonna de cesser... On verrait plus tard pour le chambardement !
- Cette brigade est déjà suffisamment sens-dessus-dessous pour ne pas en rajouter !
Clarine ressortie, vexée, mais en fait, pas si mécontente d'avoir remué ces gros paresseux du rangement !
- Brigade de dingues, dit Maréchal en se remettant à son clavier.
Le silence était revenu, à peine troublé par le cliquetis rassurant de la machine de Clarine. Elle s'était remise à sa paperasse habituelle !
Faivre s'assoupit un moment. A l'heure du déjeuner, il toqua à la porte de la secrétaire :
- Je vous invite à manger un bout ?
La secrétaire fut surprise de cette invitation. D'habitude, il se contentait de jouer le dragueur, d'un air mi-sérieux, mi-blagueur. Aujourd'hui, il paraissait tout à fait sérieux. Clarine se dit qu'il devait avoir quelque chose sur le coeur. Tout le monde sentait que Faivre était aux abois depuis des jours.
- D'accord, allons-y...
Il ne l'emmena pas chez Gronski. Ils prirent le funiculaire et allèrent dans une grande brasserie où la moitié du quai des Oiseleurs venait manger.


*

- Alors, Clarine, parlez-moi un peu de vous ?
- De moi ?
Elle fit mine de consulter de près le menu.
- Quel regard portez-vous sur notre brigade ?
- Avant d'y être affectée, j'ai été pendant huit ans secrétaire militaire. Je suis donc habituée à une certaine discrétion, qui me paraît tout à fait essentielle au vu des dossiers que notre brigade doit traiter.
- Vous me faites une réponse de fonctionnaire, Clarine. Moi, je vous demande en tant que citoyenne, en tant que femme, ce que vous pensez de nous...
- Mais voyons, je n'ai pas à avoir d'avis personnel. Et si j'en avais un, j'invoquerais mon devoir de réserve pour...
- Allons, allons... Tout cela n'est qu'un masque bien commode. Je ne vous fais pas subir un interrogatoire. Nous discutons juste entre collègues, cela n'a rien d'officiel.
- Que voulez-vous me faire dire ?
- Non, non, pas de diversion, Clarine. Je ne vous lâcherai pas.
Ils essayaient chacun de le prendre à la légère.
- Si c'est pour me faire dire que nous sommes tous un peu particuliers dans cette brigade... Vous voyez, je m'inclus dans le lot...
- Cela ne doit pas être facile pour vous... Veuve de guerre...
Elle baissa les yeux.
- Je bénéficie bien sûr d'une pension. Mais je ne souhaite pas rester une femme au foyer. Je veux me rendre utile pour la Cité, pour mes concitoyens.
- Pourquoi n'être pas resté à l'armée alors ?
- Ce n'était plus vraiment souhaitable pour moi...
Elle n'avait déjà plus faim. Elle était agacé par l'indiscrétion de Faivre. Il était largement capable de comprendre qu'après la mort de son mari, elle avait voulu prendre un nouveau départ... Elle ne pouvait pas rester la même secrétaire, qu'on aurait regardé avec compassion tous les jours... En plus de cet agacement, elle s'inquiétait de l'atittude de Faivre, qui buvait plus qu'il ne mangeait.
- J'essaie de jouer franc-jeu avec vous, Clarine, mais vous vous dérobez.
- Je trouve ce reproche bien étrange, venant de vous...
Elle regrettait déjà cette dernière phrase au moment de la prononcer. Faivre prit un air intrigué :
- Que voulez-vous dire par là ?
- Je veux dire, je veux dire...
- Allez-y, je suis prêt à entendre la vérité, vous savez.
- Je veux dire que nous sommes plusieurs à nous inquiéter à votre sujet, et vous n'en parlez pas. Alors que, comme vous disiez, entre collègues, il faut apprendre à se faire confiance.
- Mais enfin, Clarine, ne comprenez-vous pas que tout cela est du masque social ?
- Non, ce n'est pas si simple...
- Nous nous enfermons dans un rôle, un métier, mais à quoi tout cela sert-il au fond ?... Hein, qu'en retirons-nous au bout du compte ?
- Je suis désolée mais je ne partage pas votre point de vue.
- Vous trouvez que c'est un but dans la vie, d'aller au boulot tous les jours, accomplir les mêmes tâches répétitives ?
- Excusez-moi, mais je crois, en effet, que servir ses concitoyens est une tâche respectable et qui peut suffire dans une vie. La conscience professionnelle...
- Allons ! Votre belle conscience ! La vérité, c'est que vous êtes prisonnière de votre rôle, de femme, de secrétaire, de veuve ! Je vois d'ici votre famille, qui vous a modelée pour entrer dans ce carcan...
- Je ne vois pas ce que ma famille a à voir là-dedans...
Elle était suffoquée. Et elle l'aurait été encore plus si elle n'avait été, à ce moment, franchement inquiète de l'état de Faivre.
- Les parents nous dressent pour faire de nous des bons citoyens, des robots ! Nous sommes tous à notre façon des androïdes ! Nous nous comportons comme des machines ! Osez me dire que votre famille ne vous a pas inculqué tous les bons principes de l'épouse modèle, c'est à dire soumise à son petit mari ?
- Pardonnez-moi, inspecteur, mais vous ne connaissez pas ma famille. Et quand bien même, je ne vous permettrais pas de la juger !
Elle avait élevé la voix. Les collègues alentours parlaient à voix basse. Plusieurs les écoutaient l'air de rien.
- Tout cela est factice !
Faivre renversa son verre. On en était qu'à l'entrée et il avait déjà trop bu.
- Quand cesserez-vous, Clarine, de vivre dans l'ombre de votre mari ! Il faut oublier les morts ! Quand penserez-vous à vous rendre disponible pour un autre homme, hein ?
Il se penchait sur elle, venait trop près. Il la fixait d'un regard embué, qui se voulait inquisiteur.
Elle rougit jusqu'aux oreilles et dut se retenir pour ne pas le gifler. Comme il avait presque hurlé, toute la salle était tournée vers eux. D'un coup, comme un ressort, elle se leva, regarda Faivre, les larmes aux yeux, la lèvre tremblante. Elle jeta sa serviette, attrapa son manteau et son sac et partit. Lorsqu'elle fut dehors, elle éclata en sanglots.

Faivre resta, goguenard, à sa table, seul devant son verre.
- Je vais tout payer, ne vous inquiétez pas !
Il voulut se lever mais retomba sur sa chaise.
- Ouh, on dirait qu'il était costaud ce petit rouge...
Un collègue de la Brigade des rues, qui connaissait un peu Faivre, prit sur lui de se lever. Tout le monde l'encourageait du regard.
- Tout va bien, Gustave ?
- Fous-moi la paix.
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait, cette pauvre veuve, pour que tu lui parles comme ça ?
- Fous-moi la paix je te dis. Patron, un digeo !
Son collègue s'assit et lui dit, plus bas :
- Viens avec moi à la "maison"... Tu as besoin de parler à quelqu'un, Gustave...
- Ne m'appelle-plus "Gustave"... Tu me prends pour un gugusse ?
Il éclata d'un grand rire sonore. C'était le scandale. Heureusement qu'il n'y avait presque que des flics dans le restaurant.
- Tu m'en veux parce que je me donne en spectacle devant quelques imbéciles, c'est ça ?
- Faivre, tu parles de tes collègues... Je te rappelle le Règlement...
- Je m'en fous du Règlement, tiens !
Il jeta de l'argent sur la table, toute une liasse, se leva et tituba jusqu'à la porte.
- Du large ! cria t-il quand les vigiles voulurent accélérer sa sortie.
- Je peux marcher tout seul. Non mais sans blague...
Il était déjà dans la rue et ne parlait qu'à lui-même.Tout le restaurant le regardait partir. Le funiculaire que prenait Clarine sonnait le départ.


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Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 26-04-2012, 11:13 AM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by vengeur77 - 26-04-2012, 02:44 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 26-04-2012, 06:19 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 22-05-2012, 03:30 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 23-05-2012, 01:21 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 14-07-2012, 12:55 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 17-07-2012, 11:55 AM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by sdm - 19-07-2012, 11:51 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 20-07-2012, 03:57 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 21-07-2012, 04:40 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 22-10-2012, 04:58 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 24-10-2012, 10:30 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 26-10-2012, 04:05 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by sdm - 28-10-2012, 08:07 PM

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