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Dossier #21 : Les ruines
#7
DOSSIER #21

Nelly sursauta quand Maréchal ouvrit la porte en grand.
- Tu m'as fait peur, j'ai cru que c'était le vent !
Il entrait, de fait, comme une bourrasque. Il ne posa ni son manteau, ni son chapeau, tourna en rond et fit un effort pour s'asseoir. Nelly, intimidée, finit sa vaisselle. Elle vit qu'Antonin l'attendait, solennel, assis dans son fauteuil.
- Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
- Assieds-toi, je vais te raconter.
Il fallait que ce soit exceptionnellement grave, car il évitait autant que possible de parler du travail chez lui.
- A midi, l'inspecteur Faivre a invité notre secrétaire à déjeuner. Devant la moitié des fonctionnaires du quai, il s'est proprement saoulé et l'a ensuite insultée, avant de partir en trombe.
- Faivre ? Mais qu'est-ce qui lui arrive ?
- Faivre est un dur, c'est indéniable, mais c'est pour mieux cacher des faiblesses terribles, dont je n'avais pas pris la mesure jusqu'à aujourd'hui.
"Je continue mon histoire. Je me suis lancé à la poursuite de Faivre avec un collègue. Nous avons appris que l'inspecteur avait rendez-vous avec des truands...
Nelly écarquilla les yeux. Maréchal raconta le désir de venger Sélène, puis l'échange de coups de feu dans le hangar.
- Tu... lui as tiré dessus ?
- Oui, juste après avoir évité la balle qu'il me destinait.
- C'est terrible !
- Assez, oui.
Maréchal alluma la cigarette suivante avec la fin de l'actuelle.
- Pour attirer Fabio Vicari, Faivre se faisait passer pour un receleur. Et la marchandise choisie, en l'occurrence, était un plein sac de bijoux de grande valeur...
Nelly pâlit. Maréchal acheva :
- Des bijoux volés avant-guerre au Bazar Moderne.
- Eugène de Mouplin !...
Nelly porta les mains à la bouche, plus blanche que jamais. Elle s'était trahie ! Maréchal écrasa posément sa cigarette :
- J'ignorais que c'était le nom qu'il utilisait. Merci de me le donner.
Il écrasa son paquet vide et alla s'en chercher un qui lui restait dans le tiroir.
- Quand nous avons décidé d'habiter ensemble, tu m'avais promis d'arrêter tes activités parallèles. La Cité n'entendrait plus parler de Penthésilée. Les yeux dans les yeux, Nelly, tu m'as menti.
"Tu as accepté de rencontrer ce... Mouplin, qui, même si tu ignorais qu'il était Faivre, se présentait comme un receleur de bijoux. Et qui allait revendre sa camelote à des criminels sanguinaires !
- Mais enfin, Antonin, j'ignorais avec qui ce Mouplin faisait affaires ! Et puis je l'ai fait pour nous ! Pour nous tu entends ! Avec cet argent, nous pourrions partir ! Tu n'aurais plus besoin de travailler... Qui me disait encore l'autre jour que le système est corrompu, que cette ville est foutu, qu'il se salit les mains à faire le flic ?... Je voulais réaliser notre rêve, car moi, je ne l'ai pas oublié. Je ne me suis pas résignée à une petite vie pépère. Pour moi, tout ça, c'est provisoire. Nous avons aussi droit à notre part de bonheur, nous avons payé cher à cette Cité, notre jeunesse ! Je ne veux pas non plus lui abandonner mes espoirs !...
- Parce que tu crois qu'on est plus libre et plus heureux quand on est riches ? Tu crois que tous ces gros corpolitains sont au-dessus des duretés de la vie ?...
- Tu m'accuses de te mentir, mais c'est pour être à la hauteur de notre serment...
- Nous ne nous faisons plus confiance, Nelly. Tu m'as menti, et tu estimes que j'ai trahi ta confiance.
Un écart venait de se créer entre eux, pas plus large que la distance du canapé au fauteuil, mais désormais infranchissable. Nelly eut une moue haineuse, en réaction à cette scène humiliante.
- Et toi, inspecteur Maréchal, tu ne tiens pas tes hommes. Ils font visiblement ce qu'ils veulent quand tu as le dos tourné. Les flics ne sont pas toujours si différents des voyous.
Elle avait voulu lui faire le plus mal possible. Elle y avait bien réussi
Jamais Maréchal n'avait levé la main sur elle. Il dut s'agripper aux bras du fauteuil pour se contenir.
- Jamais on ne m'a parlé comme ça, Nelly.
Celle-ci se leva, courut à la chambre, ouvrit en grand l'armoire et jeta en désordre des affaires dans une valise. Elle s'enferma dans la salle de bains et en ressortit longtemps après, trop maquillée, le visage encore rouge. Très grande dame outragée, elle dit juste :
- Je vais dormir quelques jours chez ma tante.
Maréchal ne répondit rien. Il se servait à boire.
Elle partit en claquant la porte.
Il y avait encore de la lumière chez Gronski.
Nelly ne prit pas par le quai mais par les ruelles. Elle ne passerait ainsi pas devant le bistrot où étaient attablés Lanvin et les deux détectives. Maréchal ne savait pas si elle l'avait fait pour elle ou pour lui, mais il lui en fut reconnaissant.

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Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 26-04-2012, 11:13 AM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by vengeur77 - 26-04-2012, 02:44 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 26-04-2012, 06:19 PM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 22-05-2012, 03:30 PM
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RE: Dossier #21 : Les ruines - by Darth Nico - 17-07-2012, 11:55 AM
RE: Dossier #21 : Les ruines - by sdm - 19-07-2012, 11:51 PM
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RE: Dossier #21 : Les ruines - by sdm - 28-10-2012, 08:07 PM

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