16-11-2012, 11:17 PM
(This post was last modified: 17-11-2012, 12:00 AM by Darth Nico.)
[GUARDIAN OF ETERNITY]
Le Galaxian Explosion de Gaeriel survolait Port-au-Gouffre. La dernière fois qu'elle était venue, avec Sadim, elle avait pris le temps d'enquêter auprès des Rodiens qui trainaient dans les cantinas. Aujourd'hui, ce n'était plus nécessaire. Non seulement, elle savait où aller après ce rocher misérable, mais de plus, Skywalker avait laissé certaines indications à Ruusan. Il était parti à Néréidès, une planète reculée qui -cela avait mis la puce à l'oreille à Gaeriel - se trouvait sur une ancienne route commerciale dont le bout était précisément Port-au-Gouffre. Tout cela se tenait. Officiellement, Skywalker était parti à la recherche de nouveaux élèves. En réalité, Gaeriel commençait à comprendre ce qui se passait vraiment. Elle assemblait les pièces du puzzle.
Après le rocher, on entrait dans une zone de l'espace où dérivaient d'immenses murailles noires gravées d'une écriture archaïque. Quelques recherches faites par Sadim avaient permis de découvrir que c'était les restes d'un bâtiment ayant appartenu à la race éteinte des Rakata. Peut-être même que les Rakata avaient récupéré ces pièces gigantesques d'une race les ayant encore précédés : les Architectes, les mythiques fondateurs de Centerpoint, il y a plus de dix mille ans. Après ces plaques, on arrivait en vue d'un tourbillon qui déformait l'espace et le temps. Gaeriel et Sadim avaient découvert que c'était un passage vers une dimension parallèle où se trouvait la planète artificielle de D-Tronic. C'est Merwyn qui avait appris, à ses dépends, que cette dimension était l'oeuvre d'une entité venue d'ailleurs, ayant pris possession de Cronal, le chef des Renseignements impériaux.
Tout se tenait donc : Skywalker, averti de l'existence de Cronal, était parti l'affronter. Devant l'ampleur du danger, il n'avait pas voulu risquer la vie des autres Jedi, quand il y avait déjà l'Empire Barhugam pour menacer la République.
Gaeriel se demandait s'il y avait un lien entre Cronal et Konen. S'il existait, il devait être assez ténu. Konen n'était pas du genre à employer les méthodes retorses du voyage inter-planaire...
Elle aperçut le tourbillon, qui était en train d'avaler une ceinture d'astéroïde. Elle coupa au maximum l'électronique à bord du vaisseau. En manoeuvrant manuellement son transport, elle se laissa absorber en douceur dans le vortex. Elle avait fait la manoeuvre une première fois, plus violemment. Cette fois-ci, ce fut presque sans heurt. Quand elle fut arrivée dans l'Autrespace, elle ralluma l'électronique de bord. Elle n'était plus du tout en contact avec l'holoréseau de la galaxie normale. Elle était arrivée dans l'enfer de Cronal : une dimension de poche créée par cette entité très-puissante, qui était comme une version amoindrie, repoussante, de la réalité. Gaeriel savait à quoi s'attendre d'après les descriptions faites par Merwyn.
Elle survola une morne plaine où passaient des troupeaux d'animaux maigres, aux yeux aveugles. Elle passa au-dessus d'abruptes montagnes frappés en permanence par des orages d'une violence inouïe. Elle trouva enfin une métropole sous un dôme. Elle se posa sur le petit astroport. Il n'y avait pratiquement pas de contrôles. L'endroit était malsain, car on n'y sentait pas la vie, mais une simple imitation de celle-ci. Les humanoïdes ne marchaient pas vraiment, ils déambulaient. A première vue, ils donnaient l'impression de savoir où ils allaient, mais en réalité, ils tournaient en rond, juste pour faire illusion. Elle traversa les quais d'une gare où stationnaient des trains maglev. Sur le quai ou dans les rames, les passagers attendaient, immobiles, un départ qui ne viendrait jamais. Gaeriel traversa l'espace désert des rails et des quais. Personne n'essaya de l'arrêter. Dans le grand hall, elle fut au coude à coude avec une foule qui remuait à peine. Il y avait juste un murmure qui n'était pas crédible pour imiter le bruit que feraient tant de gens. Elle n'en pouvait plus de se heurter seulement à des zombies. Que Cronal vienne et l'affronte directement !
Elle parcourut la métropole pendant des kilomètres. Des speeders étaient pris dans un éternel embouteillage. Les feux passaient au rouge ou au vert, sans que cela ne crée de mouvements. Pas de démarrage, à peine quelques coups de klaxons. Gaeriel ne se sentait pas bien. Elle ignorait depuis combien de temps Skywalker était dans cet univers poisseux mais il y avait de quoi devenir fou ! Elle traversa un centre commercial qui n'était pas plus animé. C'était plutôt des ombres et des spectres dans les boutiques, entre les rayons de vêtements. Gaeriel percevait faiblement dans la Force la présence du maître Jedi. Elle le traquait comme elle pouvait, perdue dans une ville d'épouvante. Elle monta au dernier étage et trouva un escalier menant au toit. Skywalker était là, assis sur un banc, hébété face à la pelouse.
- On peut dire que vous m'aurez fait courir, dit Gaeriel avec un entrain forcé.
- Gaeriel...
Il avait répondu d'une voix douce, très faible.
- Qu'êtes-vous venu faire ici, chère Gaeriel ?
- Vous chercher. On s'inquiète de votre disparition.
Elle s'assit :
- Vous allez bien ?
- Très bien et vous ?
- Pas mal, merci. Konen attaque Gondwana. Le Sénat ne réagit, Borsk Fey'lya étouffe l'affaire par carriérisme. Bref, la galaxie suit son petit bout de chemin. Et vous ? Avez-vous trouvé Cronal ?
- Non, pas réellement... Je dirais qu'en réalité, il est là, partout, autour de nous...
- Ce n'est pas très précis. Il doit bien se matérialiser quelque part plus précisément, non ?
- Je ne sais pas.... Il est comme le maître ici.
- Allons le chercher, Skywalker !
- Je ne sais pas si c'est bien utile, Gaeriel... Je vous avoue que je suis un peu résigné...
- Résigné ? Voilà qui ne vous ressemble pas !
Gaeriel se sentait confusément envahie, insidieusement, par l'ambiance morbide du lieu. Comme si un gaz la contaminait peu à peu, l'air malsain s'insinuait en elle et commençait à lui miner le moral. Encore quelques heures et elle serait réduite à l'état de chiffe molle, comme le pauvre Skywalker. Finir dans cet état, cela lui paraissait monstrueux, entièrement contraire à tout ce qu'elle avait toujours été : vaillante, fougueuse, impétueuse !... Plutôt repasser du côté obscur que finir dans cette sous-dimension grise !
- Allez, venez, suivez-moi, de la volonté, j'en ai pour deux, Luke... Oubliez ce mot de résignation, il ne fait pas partie de notre vocabulaire, vous le savez aussi bien que moi.
- Non, non...
Il la repoussa, pas méchamment, mais sans équivoque. Gaeriel était inquiète. Si Luke s'énervait, elle ne serait pas de taille. Dans l'état où il était, c'était peu probable qu'il pique un coup de sang, mais sait-on jamais...
- On va avoir besoin de nous sur Gondwana, Luke. Kyle, Ixxos, Jaggar, ils y sont déjà tous...
- Et Nello ?...
- Nello ? Il va bientôt nous rejoindre.
C'était un mensonge carabiné. La dernière fois que Gaeriel l'avait vu, dans un bar miteux d'astéroïde, Nello était ivre, ne savait plus qui il était et menait une vendetta personnelle. Il n'était pas précisément sur la voie des Jedi.
- La garde Avalon, tous nos amis sont là-bas, Luke ! Si vous ne venez pas, croyez-moi, vous allez manquer à l'appel !...
Elle mit le bras du Jedi autour de son cou et le souleva. Il pesait son poids, d'autant qu'il ne faisait pas d'effort pour marcher.
- Allez, en avant !
Ils allaient mettre des jours à ressortir s'ils se traînaient comme ça. Elle le descendit à travers tout le centre et, quand elle déboucha dans la rue, elle sortit avec une poigne ferme un pilote de son speeder, et monta Luke dedans. Elle commençait à avoir la nausée. Les gens prenaient un aspect de plus en plus décharné. Certains se tordaient grotesquement, cela devenait un vrai cauchemar.
- Allez, on met les bouts !
Elle démarra à fond et se faufila dans le trafic. Quand elle fut sortie de la métropole, ce fut déjà un soulagement. Elle en avait des hauts-le-coeur... Le paysage de la plaine était sans gaieté, mais il avait l'avantage d'être désert. Luke semblait réagir :
- Nous sommes sortis ?
- Presque.
- Vous savez comment nous sortir de cette dimension ?
- Facile, par où je suis venue...
- Merci, Gaeriel...
Il luttait pour reprendre conscience. Il était engourdi, comme en torpeur.
- Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
- Cronal vous a tendu un piège...
Il se frottait les yeux.
- Et vous êtes venu vous jeter dans la gueule du monstre.
- C'est mon modus operandi habituel, vous savez bien.
- Ce n'est pas aujourd'hui que nous le vaincrons.
- Il est plus urgent de s'occuper de Barhugam... A propos, vous croyez qu'ils sont liés à ce Cronal ?
- Pas directement, Gaeriel. Celui qui fait le lien est Sirius Ranfeust, qui est une créature de D-Tronic. Il a été éveillé au côté obscur dans le cadre du projet Sabre-Noir, mais il est bien plus puissant que les Khommites.
- Vous en savez plus sur ce qui se cache derrière Sabre-Noir ?
Luke reprenait peu à peu vie. Parler l'aidait à se concentrer, à revenir de son état quasi-somnambulique.
- J'ai discuté avec McRye. Nos sources d'informations pensent que Konen se méfie de ce projet secret. Il a aidé à le faire financer avec l'argent des Hutts, pour obtenir aussi le soutien du Soleil Noir. Il a dû faire des concessions aux marottes technologiques de tous ces gens-là, mais il ne compte vraiment pas sur Sabre-Noir pour assurer sa victoire.
"Quant à savoir au juste ce qu'est ce projet, je dirais que c'est une version améliorée des anneaux d'accélération de D-Tronic. Peut-être que cela peut aller jusqu'à la téléportation, en passant par une dimension de poche comme celle-ci...
- Effrayant... Mais remercions l'ami Konen de ne pas faire confiance à ces technologies pour apprentis-sorciers.
Ils arrivaient en vue du Galaxian Explosion.
- Je suis impatiente de mettre quelques parsecs entre ce cloaque et nous... Je vous invite à un séjour de rêve sur Gondwana. Forêt tropicale, chaleur humide, indigènes exotiques, Barabels en folie, guerilla de jour et de nuit... Voilà de quoi nous changer les idées, maître Skywalker !...
A suivre...
