Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
26ème Episode : La colère de Mitsurugi
#1
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Les 5 Rônins : 26ème Episode

Dragon 403




La colère de Mitsurugi



Samurai


Sasuke, empressé comme à son habitude, franchit la porte du palais de la Cité du Levant :
- Je demande à voir le gouverneur Mitsurugi !
Ce dernier, au calme dans son bureau, avait bien évidemment entendu. Son tempétueux conseiller faisait à lui seul plus de bruit que toute une armée... Sasuke ouvrit le panneau.
- Entre, soupira Mitsurugi, fais comme chez toi.
Sasuke s'assit et se fit servir à boire. Il avait toujours l'air d'être sur des charbons.
Mitsurugi ne comprenait pas ce besoin de s'agiter en tous sens. Maintenant qu'il était gouverneur de cette Cité, il comptait en profiter. La cité du Levant ressemblait un peu à sa ville natale, la Cité de l'Or bleu. Il aurait pu y couler des jours heureux, dans ce pays aux confins des terres des clans, loin de l'influence des grandes villes, donc loin des seigneurs ambitieux qui vivent et se comportent en tyrans. Hélas, la sympathique Cité qu'il avait conquise, perdue et reprise, allait bientôt être la première étape sur le passage de la plus formidable armée que l'Empire ait connu : une coalition inédite de Grues, de Phénix, de Lions et de chiens sans honneurs du shinsen-gumi, qui allaient marcher sur l'orgueilleuse Cité des Apparences, pour abattre son nom moins orgueilleux gouverneur, le puissant Matsu Kokatsu.

Mitsurugi souffla sur son thé :
- Tu as pu rencontrer les gens que tu voulais à la capitale ?
Il était inutile de demander trop de détails. Sasuke les aurait donnés, mais Mitsurugi ne voulait pas trop les connaître.
- Oui, des rencontres très enrichissantes.
- Tant mieux. Tu as des nouvelles de Yatsume ?
Mitsurugi disait cela comme en passant. En réalité, si la rônin voulait aller à la capitale, très loin de chez lui, cela lui convenait aussi bien.
- J'ai dit à Yojiro de l'attendre. Je suis sûr qu'ils vont se retrouver et revenir ici très vite. Ensuite, nous punirons ces Scorpions pour ce sale tour -un de plus !
- Bien sûr.
Le thé était vraiment trop brûlant.
Un page se présenta :
- Une missive urgente, seigneur.
- Voyons cela.
Mitsurugi n'aimait pas les missives urgentes.
Elle portait le sceau de la famille Kitsu mais elle était écrite de la main de Yasashiro. Le Crabe expliquait que les négociations se poursuivaient à Bakufu entre les deux prétendants restant. Les Kitsu, semblait-il, voulaient une résolution rapide du conflit.
- Oseraient-ils tenir tête à Tangen ? ricana Sasuke.
- Cela me paraît trop beau pour être vrai. Ce que je souhaite, c'est que nous ayons un nouveau daimyo avant la bataille...
- Si c'est pour avoir un daimyo à la botte de Tangen, et des autres conspirateurs, non merci...
- Hmmm...
Mitsurugi commençait à s'agacer de cet attentisme. Il n'aimait pas voir pourrir la situation.
Le page restait là, incliné :
- Tu as autre chose à me dire ?
- Oui, seigneur. Les représentants des cultes du Feu éternel et ceux de la Dévotion de pureté demandent toujours à te recevoir.
Deux cultes, l'un, le Feu éternel, venu du clan du Phénix, l'autre, de chez les Grues. Des ordres de samuraï très pieux, itinérants, à mi-chemin du guerrier et du moine, connus pour propager les idées du Gozoku sur la réconciliation des nobles et du peuple. Mitsurugi ne pouvait pas supporter ces fanatiques de la piété, toujours prêts à vomir des flammes par les yeux si vous ne faisiez pas preuve de la plus extrême rigueur dans votre moralité.
Il y avait plus d'une semaine qu'ils séjournaient en ville et il avait réussi jusqu'ici à retarder le moment de les recevoir. Mitsurugi fit craquer ses poings.
- D'accord, je vais les recevoir.
Sasuke n'avait pas manqué le petit sourire en coin de son ami.


Samurai

- Entrez donc, chers hôtes.
Le ton de Mitsurugi était mielleux.
Les quatre représentants étaient déjà visiblement excédés. Excédés de l'air trop décontracté de Mitsurugi, excédés qu'il n'y ait pas un moine dans chaque pièce pour en surveiller la moralité, excédés de tout, de la seule existence des Lions.
- Comptez-vous séjourner longtemps parmi nous ?
- A vrai, dit le Grue, nous sommes ici pour rendre un culte à nos ancêtres qui ont vécu dans cette ville. Nous voulons prendre le temps de communiquer avec eux afin d'attirer leur bienveillance sur nos clans pour l'année à venir. Nous ignorons encore combien de temps dureront les rituels propitiatoires.
- Naturellement.
Ils étaient donc en train de lui expliquer qu'ils venaient prier dans sa ville pour leurs ancêtres, pour remporter la bataille à venir contre son clan. Le héros se dit qu'il allait raccourcir leurs séjours drastiquement, qu'ils allaient se dépêcher de "propitiater" !
- J'espère que vous ne serez pas dérangés par les travaux.
- Pardon ?
- Non, je voulais parler, dit notre héros, des travaux de réfection des temples que je vais engager. Il ne m'est tout simplement pas possible de les garder en l'état car, vous le savez, nous autres Lions avons un culte aux Ancêtres plus direct que chez vous, si bien que je vais devoir araser plusieurs temples.
Sasuke leur sourit gentiment.
La tête consternée, puis bientôt furieuse (mais d'une fureur rentrée) des quatre religieux était un ravissement.
- Naturellement, vous pourrez rester et prier avec nous. Mais je comprendrais si vous vous sentiez indisposés par ces travaux.
Mitsurugi porta les lèvres à son thé, enfin à la bonne température.
- Encore un peu de shoyu peut-être ?... Il est délicieux. Spécialité de la région.
Les quatre religieux trouvèrent soudain très inconvenants de rester plus longtemps. Le gouverneur ne les retint pas.
- Ils vont s'en étouffer de colère, dit Sasuke.
- C'était bien le but, soupira Mitsurugi. Je ne les supporte déjà pas en temps normal. Mais là, il est indispensable d'accélérer les choses. Chaque jour qui passe, les Kitsu se font de plus en plus prendre sous la coupe de Tangen. Quoi qu'ils en disent, ils ne se déferont pas de son étreinte.
- Oh que non, dit le shugenja.
- Sasuke, nous ne pourrons pas les attendre. Nous n'avons aucune date de leur part et la coalition peut arriver d'un jour à l'autre. Nos éclaireurs les ont aperçus bien à l'ouest de la cité stratégique nord. Il se pourrait que nous les apercevions à l'horizon dès demain soir. Si nous devons négocier pour repousser la bataille, nous allons nous déshonorer.
- Les Lions ne font pas attendre pour un combat.
- Tout à fait. Le général Kokatsu ne peut pas envoyer un émissaire les prier de patienter, en attendant que les braves Kitsu se soient décidés à choisir un daimyo.
- Oui, dit Sasuke, surtout que l'émissaire, ce serait toi.
- Bref, en un mot, mon cher conseiller, nous devons accélérer le déclenchement de cette bataille tant attendue.
Mitsurugi regarda Sasuke avec insistance. Celui-ci soutint son regard, lut ce qu'il y avait à y lire, puis il baissa les yeux et dit en souriant :
- D'accord, je vais m'en occuper.
- Bien, je te remercie.


Samurai


Depuis quelques mois, Sasuke s'était entouré de toute une clique de rônins qui lui servaient d'yeux, d'oreilles et de bras armés. Ils venaient du clan du Loup et ils étaient férocement dévoués au conseiller. Trois étaient particulièrement efficaces. Sasuke les appelait sa "meute". D'entre eux, Ranto était le plus à cheval sur l'honneur. C'était Mitsurugi qui, au départ l'avait engagé. Il n'avait pas renoncé à vivre et mourir dignement. Sasuke le comprenait (ou du moins : se servait de ce fait) pour des missions de confiance. Venait ensuite Shokun, engagé par Sasuke, qui était nettement plus roublard. Il ricanait volontiers des grands airs des samuraï, de cet honneur de façade. Les scrupules ne l'avaient jamais empêchés de dormir, c'est pourquoi, à sa façon aussi, c'était un homme de confiance, quelqu'un qui croyait bien en plus Sasuke qu'en l'obéissance de manière générale.
Enfin, le troisième de la bande, Noname Tupuri, était, on peut le dire, l'âme damnée de Sasuke. Il avait été recruté dans la pègre de la Cité de la Pieuvre pour se renseigner sur les trafics de Lotus. Il était un peu à Sasuke ce que Sasuke était à Mitsurugi : l'homme à qui on confie une tâche, sans chercher à savoir par quels moyens il va s'y prendre.
C'est à lui que le shugenja fit appel ce jour-là :
- Entre Noname.
Ce n'était pas un mauvais bougre à première vue, ni quelqu'un de particulièrement violent. C'était juste que, un jour, décidément, l'honneur était mort en lui. Il avait compris qu'il n'était pas fait pour cela. Il n'en voulait pas aux gens qui voulaient bien se comporter, il ne s'en moquait pas, comme Shokun. Simplement, lui ne se sentait pas capable de suivre ces règles. Il les ignorait donc. L'idée d'épurer son âme, de préparer sa prochaine vie, cela lui était indifférent. Il ne le disait pas, n'éprouvait pas le besoin d'en faire état. Il était d'ailleurs taiseux. Il avait un regard farouche dès qu'il se concentrait pour écouter. Apathique la plupart du temps, il devenait vite alerte, comme un fauve, dès qu'il fallait se mettre en action. Il se sentait bien dans cet état, proche des animaux sauvages, qui peuvent être paisibles quand ils sont repus, mais qui tuent sans hésiter dès qu'il faut manger.
- Écoute-moi attentivement, car la mission que je vais te confier est sans doute la plus importante qui soit. Tu connais un peu la région maintenant ?
- Comme ma poche, seigneur.
- Bon. Tu vois la rivière qui serpente entre les marécages, près de la colline du levant ?
- Très bien. Je vais y pêcher régulièrement.
Sasuke déplia une carte. Il resta un long moment en compagnie de son mercenaire. Il le fit manger et boire tant qu'il voulait -ce fut peu, car Noname était un ascète à sa manière. La nourriture l'intéressait peu. Les femmes, assez, mais surtout, la chasse, le danger, l'excitaient plus que tout.
- Tu prendras deux ou trois hommes, pas plus. Des gens de confiance. Vous agirez de nuit.
Sasuke lui glissa des pièces, lui dit où ils trouveraient des armes.
- Il y a un refuge dans les bois après ce village, dit Noname, nous y dormirons quand nous aurons fini. L'endroit est très mal praticable pour qui ne connaît pas.
- C'est parfait.

Noname partit par une porte discrète. Le soir, au repas, Sasuke ne fit aucune mention de cette entrevue. Il se contenta de dire que tout allait bien. Mitsurugi n'en demanda pas plus. Il venait d'apprendre que les émissaires du Feu éternel et de la Dévotion venaient de quitter la ville, sans dire au revoir. Que demander de plus pour être heureux ?



A suivre... Samurai
Reply


Messages In This Thread
26ème Episode : La colère de Mitsurugi - by Darth Nico - 24-03-2013, 09:23 PM

Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)