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26ème Episode : La colère de Mitsurugi
#21
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE


Cette armée, semblable depuis des heures à des statues, reprenait peu à peu vie. Le souffle des hommes se mêlait à celui des chevaux et ce qui ne ressemblait qu’à une vaste troupe avachie dans la prairie redevint la plus formidable armée que l’Empire ait connue. Comme Kokatsu donnait l’ordre de repartir, que les étendards de nouveau claquaient dans le vent matinal et que les armures brillaient face au soleil levant, d’autres troupes arrivèrent du nord pour rejoindre le général. C’était d’autres seigneurs qui se joignaient à ce mouvement irrépressible qui allait déferler sur l’Empire comme la tempête.
Combien étaient-ils, quand ils firent le dernier pas avant la frontière des Phénix ? Ils semblaient plus nombreux que les herbes sur la prairie. De par leurs couleurs mordorées, ils ressemblaient à un grand incendie. Derrière son masque de gueule de fauve, Kokatsu avait la gorge serrée.
- C’est ici le seuil de ta vie, avait dit Shingon lors de leur dernier entretien. J’ai deviné tes intentions. Rassure-toi, je resterai muet comme une tombe. J’ai pourtant compris que tu voulais faire trembler l’Ordre Céleste.
- Je veux le remettre à l’endroit.
- Jusqu’où peux-tu aller pour cela ? Et n’est-ce pas faire preuve de présomption de croire que tu peux y arriver ?
- Si ce n’est pas moi, qui le fera ? Le senseï de notre dojo disait que le mal est dans l’œil de celui qui voit le mal. Cela signifie : si tu vois le mal, c’est que les dieux t’ont désigné pour le corriger. L’harmonie céleste est menacée et il semblerait que je sois le seul à le voir. Ou à le dire. Et ma voix porte celles de tous ceux qui le voient mais préfèrent se taire. Je ne demande qu’à rallier tous ceux qui ont compris que le Gozoku est une bande d’usurpateurs.
- N’ont-ils pas la bénédiction du Fils du Ciel ?
- Je compte aller le lui demander.
- Qui es-tu pour te permettre de poser une question à l’Empereur ?
- Je me présenterai face à lui vêtu d’un simple kimono et de mon wakisashi. Que le Fils du Ciel l’ordonne et je me le passerai aussitôt dans le ventre.

L’armée s’était immobilisée de nouveau. On aurait pu croire qu’ils s’étaient encore changé en statues de sel. Kokatsu prit dans sa selle l’éventail de commandement, le leva bien haut et, sans trembler, l’agita trois fois. Aussitôt, un cri de rage monta dans toute l’armée car le général venait de donner l’ordre de la charge de bataille. C’est ainsi que, comme un le fleuve qui déborde, l’armée du Lion pénétra sur les terres du Phénix. Dans la foulée, un fragile village fut presque balayé, d’abord par le tremblement terrifiant du sol sous le coup des sabots, puis par la déferlante qui s’ensuivit. Les bâtiments de bois et de chaume volèrent en éclats ; les habitants n’eurent que le temps de se mettre à l’abri avant que les fantassins ne terminent de piétiner ces demeures aussi facilement que s’il s’agissait d’un champ de blé. Le tonnerre s’éloignait que les dernières poutres tombaient et que les paysans, éberlués, osaient s’approcher des ruines.

L’incursion dans les terres des Phénix fut brève. Elle suffit à propager la panique dans tout le clan. Les premières tours de guet avaient aperçu l’armée bien avant qu’elle ne franchisse la frontière. Les Shiba furent prévenus les premiers et transmirent la nouvelle aux Isawa. Dès lors, les messagers se relayèrent toutes les heures à la capitale pour prévenir de l’avancée. Au conseil élémentaire, le stupéfaction régnait devant l’incroyable audace dont faisait preuve Kokatsu. Quand un nouveau messager arriva pour dire que cette fois, les Lions étaient entrés, l’état martial fut décrété dans toutes les villes.
Par devers-lui, Isawa Masaakira ricanait de ces Phénix qui s’imaginaient que le plus puissant général de l’Empire pouvait s’intéresser à un clan de sorciers, quand il était évident qu’il marchait sur la capitale !
A peine les messagers avaient-ils fini de rendre compte du passage des Lions que ceux-ci avaient bifurqué vers le sud et étaient entrés en territoire Grue !
Un poste frontière fut détruit pour commencer, sans véritable ordre d’attaquer, mais par la seule puissance de l’armée lancée au galop. La force titanesque des Lions leur faisait ignorer tous ces fragiles obstacles, qui paraissaient insignifiants comme des cailloux ou des fourmis. L’ouragan qui souffle ne fait que passer, sans se soucier de ce qu’il emporte sur son passage. Il en alla de même de plusieurs postes de garde des Grues, qui furent fracassés au passage. L’alerte générale se répandait pour de bon et cette fois, elle alla dans tout l’Empire. Des messagers furent envoyés sur l’heure. Même les Crabes ne tarderaient pas à être avertis. Peut-être même les Dragons…

Quant aux Scorpions, à la stupeur de la nouvelle se mêla un autre sentiment plus fort, celui de la honte de n’avoir rien vu venir, alors même que les Scorpions prétendent tout voir et tout entendre. Et ils n’avaient rien vu venir du plus incroyable et du plus incertain soulèvement de l’histoire de Rokugan. Si on avait une idée du nombre de soldats engagés, on ignorait tout des intentions de Kokatsu. Et c’est cette incertitude, bien plus que la masse menaçante de son armée, qui souleva toutes les craintes. Il était certain que des têtes allaient tomber parmi les services de renseignement…

A la Cité Interdite, Hanteï Tokan, dès qu’il eut vent de la nouvelle, voulut envoyer un message à Mitsurugi. Quand on lui apprit que le diplomate de Kokatsu avait été capturé, Tokan sut qu’il n’y avait plus personne dans l’Empire pour modérer le général. Il ne pouvait en effet compter sur Sasuke pour apaiser les ardeurs du Lion…
Il fut vite évident que le général se rendait à la Capitale.
- Que veut-il ? martelait Hanteï Tokan.
Ses conseillers se regardaient, gênés. Personne ne pouvait rien lui répondre.
- Où ont-ils emmené Mitsurugi ?
- Il a séjourné chez le seigneur Shiba Takeo mais les Phénix nous disent que le shinsen-gumi l’a emmené.
- Le quartier général du shinsen-gumi est à la Cité stratégique ouest, dit Tokan. Kokatsu s’arrêtera t-il là ?
Cette cité était l’une des trois, avec celle du sud et du nord, qui gardait les abords de la capitale.
- Cela parait improbable, seigneur. Kokatsu est ici pour en découdre avec le Gozoku. Il les a vaincus à la Cité des Apparences. Maintenant, il veut profiter de son avantage et les chasser définitivement.
- Qui sont nos espions dans son entourage ? cria Tokan, excédé.
Les conseillers, de nouveau, ne savaient quoi répondre.
- Le général seul sait ce qu’il veut faire…
- Il a été longuement eu auprès de lui le moine Shingon.
Tokan baissa d’un ton :
- Je ne vais pas passer le chef de l’église de Shinsei à la question tout de même…
- Qui sait quelles idées folles ce moine exalté a mis dans la tête du général ? soupira Tokan.

Lui-même s’était toujours hautement méfié des moines, de leurs idées tortueuses et abstraites, ainsi que des savoirs ésotériques des savants Phénix et autres connaissances occultes. Il lui semblait qu’un samuraï n’a qu’un devoir, servir l’Empereur, et qu’il doit garder une ligne de conduite simple et claire. Toutes ces spéculations ne pouvaient amener selon lui que des complications inutiles, détournant le guerrier de l’accomplissement de son devoir, quand elles n’auraient pas pour effet de l’égarer sur diverses voies hérétiques. Il en avait assez vu à la cour d’hiver. En privé, il ne craignait pas de répéter que les religieux et savants ne devaient servir qu’à édifier les esprits par leurs discours, certainement pas à se mêler d’affaires sérieuses. Servir l’Empereur tant qu’il le devait, s’amuser dès qu’il le pouvait, était désormais sa ligne de conduite, bon compromis entre les excès de sa jeunesse et les austères enseignements du vieux Norio.
Face à la gravité de la situation, la garde fut aussitôt doublée dans la Cité Interdite.


Samurai


Chez les Phénix, on était soulagé de voir le calme revenir. Isawa Masaakira dit qu’il devait se retirer pour interroger les fortunes sur l’avenir. En réalité, il partit au temple secret, érigé, il y a quatre cents ans de cela, dans les montagnes isolées du nord, à proximité des terres barbares Yobanjin, dans une vallée très difficile d’accès. Le maître nommé Acier, qui était lui-même un Yobanjin, était chargé de protéger le repaire des conspirateurs.
Nuage alla dans la grande salle de l’Œil de l’Oni et demanda à parler à Cristal. Le gouverneur de la Cité des Mensonges lui dit que l’armée de Kokatsu pourchassait toujours les pillards :
- Je leur ai ordonné de faire route vers Bakufu, qu’ils seraient en sécurité là-bas.
- Un choix on ne peut plus judicieux, sourit Nuage. Mon ancien élève sera enchanté d’y passer.

Comme les deux maîtres discutaient, l’armée des Lions n’était plus qu’à quelques lis de la capitale du Gozoku. Et c’était désormais Sasuke qui faisait office de porte-parole pour le général Kokatsu. Il fut envoyé aux portes de Bakufu pour négocier. Le ton ne fut pas celui qu’il aurait été avec Mitsurugi.
- Nous avons toutes les raisons de penser que Matsu Mitsurugi est détenu dans votre Cité. Le général Kokatsu exige qu’il soit libéré sur l’heure. Faites ce qu’il vous dit, ou subissez-en les conséquences.
Les officiels de Bakufu nièrent détenir Mitsurugi.
- Ils disent qu’il est entre les mains du shinsen-gumi, dit Sasuke, de retour sous la tente du général.
- A la Cité Stratégique ouest, hein ? D’accord, ce sera notre prochaine étape.
Depuis qu’ils avaient quitté le territoire des Lions, Kokatsu n’avait peut-être pas prononcé dix phrases. Il n’était plus utile de parler quand c’est le destin lui-même qui était en marche. Chacune de ces phrases suffisait d’ailleurs à provoquer une nouvelle secousse dans l’Empire.
L’approche de l’armée des Lions avait engendré un vent de panique dans Bakufu, dont les murailles et les bâtiments étaient à peine terminées. Les trois dirigeants, Doji Raigu, Bayushi Atsuki et Shiba Gaijushiko, furent discrètement exfiltrés de la Cité et partirent vers la Cité Interdite. Les Lions ne ratèrent pas le départ de leur cortège.
- Leur heure viendra, dit Kokatsu.
Bientôt, le désordre prit le dessus dans la nouvelle capitale. La foule s’amassa aux portes. Les gardes qui voulaient les contenir furent renversés et piétinés. Les portes ouvertes, le peuple se déversa au-dehors. Beaucoup de nobles avaient déjà fui eux aussi. Le gouverneur de Bakufu avait vu venir les pillards et, quand il avait compris que c’était après eux que Kokatsu en avait, il prit soin de les arrêter, d’en faire pendre quelques-uns et livrer les autres. Peine perdue : dès qu’ils virent les soldats Grue sortir de la Cité avec les prisonniers, une troupe de cavaliers Lion chargea. Les Grues rentrèrent précipitamment en abandonnant les condamnés. S’ils n’avaient pas couru de toutes leurs jambes, ils auraient été piétinés comme les pillards par les impitoyables cavaliers.

Ce ne fut pas assez pour calmer la colère de Kokatsu –colère que Sasuke entretenait à plaisir. Le tensaï avait pris en grippe cette capitale d’usurpateurs. La Cité était déjà presque déserte quand, au crépuscule, Sasuke s’avança et invoqua sur elle toute la fureur aveugle des esprits du feu. Alors que les flammes jaillissaient de partout, comme vomies par chaque pouce de terre, ravageant en quelques minutes ce qui avait été érigé pendant des mois, le gouverneur de la Cité, resté seul dans son palais dérisoire, se passa un sabre en travers du ventre. Il n’était que temps : son corps fut dévoré juste après et enseveli dans la fournaise qui s’ensuivit. Vision infernale pour les uns, spectacle ravissant pour les Lions, de voir Bakufu l’impie, brûler comme une sorcière sur son bûcher. Les cavaliers passaient comme des esprits furieux, lançant leurs flèches et leurs torches enflammées sur chaque coin de rue.
L’armée du Lion, par cette froide nuit, vint se réchauffer près des amas de cendres rougeoyantes, semblables à mille yeux de démons palpitant dans les ténèbres.
Tous les Lions étaient conscients qu’après ce qu’ils venaient de faire, aucune négociation ne serait plus possible avec le Gozoku. Sasuke, qui mirait les dernières flammèches s’éteindre, l’entendait bien ainsi. La destruction de Bakufu était comme un message de fumée qu’il envoyait à Masaakira : au cœur de l’armée des Lions brûlait la colère du plus flamboyant des Phénix déchus, le tensaï du feu en personne.


Samurai


L’armée de Kokatsu n’était pas encore assez proche des cités stratégiques pour entendre les gémissements des prisonniers tombés entre les mains des interrogateurs du shinsen-gumi. Les cris des gorges qui hurlaient en permanence semblaient ne jamais retourner au silence. Lorsque vint le tour de Mitsurugi, amené par deux brutes sans âme, de passer dans le sous-sol des tortures, Otomo Jukeï, jubilant de cette joie mauvaise qui était chez lui l’état d’âme le plus élevé, retroussa ses manches. Dans ce lieu qu’on aurait pris pour l’antichambre du monde des morts, les distinctions entre porteurs de sabres et assistants n’avaient plus de sens. Tous se vautraient dans le déshonneur le plus complet, et avec un plaisir non dissimulé. Il n’était plus question d’arracher des aveux mais de faire dire ce qu’on voulait entendre. Bien qu’on ne fut qu’à quelques portées de lance de la capitale, on n’aurait pas pu se sentir plus loin du trône d’émeraude, cet écrin d’où rayonnait toutes vertus sur tout l’Empire. C’était comme si l’honneur subissait en permanence une éclipse…
Mitsurugi se retrouva vite jeté par terre, dans le sable gorgé de sang. Jukeï attendait ce moment depuis presque deux ans :
- J’ai tenu sous mon talon le misérable Manji et aujourd’hui, je tiens l’encore plus misérable Mitsurugi. Un imposteur, un vagabond, un usurpateur qui n’est au fond qu’un chien sans honneur ; pas même un loup comme ces samuraï sans maître, un gibier de potence.
Notre héros serrait les dents. Les coups pouvaient l’atteindre mais pas les paroles de son tortionnaire qui, en parlant des chiens sans honneur, faisait sans s’en rendre compte, le portrait des porte-lames sans honneur qui composaient sa brigade de terreur. Déjà tabassé et frappé, Mitsurugi ne pouvait opposer aucune résistance. Comme, de plus, Jukeï n’avait aucun secret à lui arracher, le Griffon savait que c’était de la pure cruauté. Un bien mauvais moment à passer. La seule chose qui l’inquiétait encore était de savoir si Kokatsu réussirait dans sa folle entreprise. Jukeï tenta bien de lui faire dire quelles étaient les intentions du général ; il comprit vite que Mitsurugi n’en savait rien.
- Ton général sera bientôt accusé de félonie. Tous les clans vont se dresser contre son armée et il subira le plus cuisant déshonneur qui soit.
- Le déshonneur, tu sais bien ce que c’est, articula Mitsurugi. Et c’est pour toi que je tremblerais si je te devais de la compassion, Jukeï, parce que je sais que les clans ne bougeront pas le petit doigt pour ta troupe d’assassins. Vous êtes craints mais nullement respectés. Personne ne se fait d’illusion sur votre dépravation. Vous n’êtes que le ramassis des rebuts de notre caste, une imitation grossière des samuraï… Tu ne sais pas, Jukeï, que ce n’est pas le sabre qui fait le samuraï…
Un si beau discours valut à Mitsurugi une séance spéciale menée par le capitaine félon. Il fut immergé plusieurs fois ; on lui brisa plusieurs articulations, pendant de très longues heures.

Quand il fut ramené dans son cachot, ses dernières pensées avant de perdre connaissance furent finalement pour la belle Ikue. C’est pour elle qu’il eut peur. Il ignorait ce qu’il adviendrait d’elle. S’il l’avait pu, il aurait pris la tête de l’armée de Kokatsu pour aller la délivrer. Il ignorait qu’en ce moment, elle était en sécurité chez le Bouffon et serait bientôt amenée à la Cité Interdite, où Hanteï Tokan veillerait à la protéger de toute atteinte. A vrai dire, il ne regrettait qu’une chose, c’était de devoir bientôt mourir sans la revoir une dernière fois. Kokatsu accomplirait son destin ou pas, le Gozoku durerait encore une décennie ou deux, mais ce qui restait d’inaltérable dans le flot tumultueux de la vie de Mitsurugi, c’était le sourire simple et ravissant d’Ikue quand elle détournait le regard pour ne pas trahir ses sentiments, ce soir-là dans les jardins de la cour d’hiver.


Samurai


Alors que les Lions laissaient derrière eux les cendres de Bakufu, Sasuke fut assailli par des visions de Mitsurugi dans les geôles du shinsen-gumi. Depuis qu’il avait regardé dans le second œil de l’Oni avec Rêve, il avait ouvert un arcane secret qui le liait au pouvoir de ce nemuramaï géant qui faisait la puissance du Kolat. Aussi, des visions pouvaient sans prévenir l’assaillir. Ce fut le cas ce soir-là ; or, il ne parvenait pas à voir clairement où Mitsurugi était détenu. Il savait que le quartier général des chiens de guerre du Gozoku était à la Cité stratégique ouest, mais il commençait à croire à une ruse de Jukeï. Celui-ci, aussi lâche que rusé, avait très bien pu changer de Cité. L’armée des Lions pouvait encore se permettre d’en assaillir une, mais Kokatsu n’irait pas s’attaquer aux trois pour délivrer Mitsurugi ! C’eut été suicidaire, tant chaque cité était une forteresse précisément conçue pour repousser le genre d’armées qui se dirigeait vers la capitale…

C’est pourquoi Sasuke fit venir Yasashiro. Le Crabe, remis de ses blessures, ne demandait qu’à servir la cause des Lions. Quand il entendit qu’il devait retrouver Mitsurugi, et que Sasuke ne regarderait pas aux moyens employés, il sut ce qui lui restait à faire.
- Je te donne trois jours, dit le tensaï. Pars en avance sur nous. Hâte-toi, car c’est dans trois jours que nous serons en vue des cités. Nous pourrons en attaquer une seule. J’ai l’oreille de Kokatsu. Il attaquera celle que je lui conseillerai, car il en suffit d’une pour ouvrir la route vers la capitale. A toi de nous dire dans laquelle se trouve Mitsurugi. Et si possible, de le tirer de là.

Yasashiro s’isola dans les bois et ouvrit le sac dans lequel il gardait le costume noir et le masque de la fortune des Secrets. Revêtu du costume de Geki, le frappeur nocturne, il partit, avec une souplesse que sa carrure ne laissait pas soupçonner, en direction des cités stratégiques. Il commença par la cité nord, se disant que le shinsen-gumi, pour donner le change, ne serait pas à celle de l’ouest. Il s’infiltra par les toits à la faveur d’un gros nuage qui masqua la lune. Silencieux et discret comme une ombre, il entra dans l’étage des cellules, invisible, à peine plus perceptible qu’un courant d’air. Comme une patrouille passait, il marcha au mur et s’étendit dos au plafond, bras et jambes en extension. Il redescendit, toujours aussi silencieux. A peine s’il faisait tressaillir les flammes des bougies en passant. Plusieurs fois, il se jeta derrière une colonne pour échapper à la vigilance d’un domestique. Il trouva l’escalier qui menait vers les cachots. Un colosse torse nu vidait un seau de restes infâmes et puants dans un trou. En trois pas, Geki fut sur lui. Il le plaqua contre un mur, sa main sur sa bouche, les lames de son autre bras pressées contre sa gorge :
- Où est Mitsurugi ?
Le colosse grogna qu’il ne connaissait pas ce nom. Geki lui tapa derrière le genou, le fit plier, lui tordit le bras :
- Où est Otomo Jukeï ?
- A… la cité sud, souffla le géant.
Geki l’assomma d’un coup à la nuque. Il se retourna et vit deux soldats, qui allaient crier. Il lança un poignard, qui alla se ficher entre les yeux du premier. L’autre le vit bondir comme une panthère noire sur lui et le plaquer à terre :
- Où est Otomo Jukeï ?
Le soldat, presque étranglé, souffla aussi qu’il était à la cité sud. Geki lui brisa le cou et s’enfuit par un escalier en colimaçon. Il regagna les toits. Un guetteur était dos à lui. Comme il allait se retourner, Geki courut en dégainant son sabre et lui trancha proprement la tête. Il se laissa glisser à plat ventre sur les tuiles pour rattraper la tête qui allait tomber dans la cour, juste au pied de deux autres gardes. Il atteignit le mur d’enceinte et partit dans la campagne.

Epuisé, il s’endormit dans les bois, au chaud sous ses habits. Il allait dormir toute la journée pour se remettre de la fatigue provoquée par le sortilège de la Fortune des secrets.

A suivre... Samurai
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RE: 26ème Episode : Le général de l'armée de tous les lions - by Darth Nico - 21-07-2013, 07:27 PM

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