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26ème Episode : La colère de Mitsurugi
#22
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE


Quand la nouvelle de la destruction de Bakufu parvint à la Cité Interdite, certains se réjouirent, d’autres partirent dans une colère noire, mais tous tremblèrent. On n’allait pas tarder à entendre le sol trembler sous les sabots des Lions.
Hanteï Tokan fut le premier prévenu qu’un messager Matsu venait d’arriver à la capitale. Il ne fut pas autorisé à entrer dans la Cité interdite. C’est un dignitaire Otomo qui se chargea de transmettre le message. Il était signé de la main du général Kokatsu. En substance, ce dernier demandait audience à l’Empereur. Il lui disait qu’il était son plus fidèle serviteur et que tout le clan du Lion venait s’agenouiller devant lui pour le débarrasser des usurpateurs.
Tokan lut la lettre à ses propres conseillers et assistants.
- Il termine en demandant qu’on lui accorde le titre de shogun pour rétablir l’ordre dans l’Empire. Il est fou… Jamais il ne l’obtiendra. Le faire shogun signifierait faire provisoirement de lui le général de toutes les armées de l’Empire. Il pourrait lever des soldats dans tous les clans à sa convenance. Cela ferait de lui directement le lieutenant de l’Empereur.

Tokan savait que même parmi les familles impériales, on était divisé sur l’attitude à tenir face au Gozoku. Du temps du précédent empereur, Hanteï V, personne ne se serait posé de questions. Le Gozoku n’aurait jamais pu exister. Mais l’Empereur actuel –nul n’osait le dire mais tout le monde le savait – était faible. Si son père l’avait vu, il aurait eu honte de lui. Or, les trois dirigeants du Gozoku étaient des hommes forts : Doji Raigu, charismatique et habile dans la parole, un vrai Champion d’Emeraude ; Bayushi Atsuki, d’une intelligence insurpassable et d’une absence de scrupules dans le service de l’Empereur ; Shiba Gaijushiko, plus en retrait, plus modéré, capable d’empêcher de part et d’autres les excès. En somme, à eux trois, ces hommes, s’ils n’en avaient fait qu’un, auraient été de la carrure de l’ancien Empereur. Hanteï VI, lui, n’était pas fait pour gouverner. Il aimait surtout la cour, les divertissements, les croisières sur les îles de la Mante, les promenades aux jardins…
- Que décidons-nous senseï ? demanda un des conseillers de Tokan.
- Après Bakufu, Kokatsu va avoir face à lui les cités stratégiques. S’il attaque la bonne, il aura face à lui les dirigeants du shinsen-gumi, qui ont toujours été les ennemis jurés des Lions.
Tokan fit un grand geste de la main, qui voulait dire « qu’ils se débrouillent entre eux ». Ce n’était pas à un conseiller impérial de lever le petit doigt pour aider les brigands en uniforme du shinsen-gumi.
- Mais s’il fait un pas au-delà des cités stratégiques à la tête de son armée, il ne pourra plus compter sur mon soutien. Je le considérerai personnellement comme une menace. Pour moi, il devra poser les armes, venir à genoux jusque devant l’Empereur et supplier ce dernier de pouvoir en finir honorablement.

Les conseillers inclinèrent la tête.
- Il est bien évident que cette missive outrée ne sera pas transmise à l’Empereur. Et je le fais dans l’intérêt des Lions ; que les folles présomptions de leur daimyo ne leur retombent pas trop dessus par la suite, quand il ne sera plus là… ce qui ne devrait pas tarder…
Tokan avait en effet appris que Doji Raigu le Champion d’Emeraude se chargeait de réunir toutes les troupes à trois jours autour de la capitale pour former un cordon défensif.
- Si Kokatsu veut en découvre avec le Gozoku, il aura sa bataille. Mais s’il le fait, ce sera la déchéance assurée pour son clan tout entier…
Resté seul, Tokan regarda par la fenêtre. Par ce beau temps, il pouvait apercevoir les trois cités stratégiques. Dans l’une d’elles se trouvait Mitsurugi, le seul homme qui aurait pu raisonner le général Kokatsu, évitant par la même une guerre affreusement déshonorante pour tous.


Samurai


A la tombée de la nuit, Yasashiro reprit sa route. Il se restaura dans l’auberge d’un relais de poste puis partit dans la campagne et revêtit l’habit de Geki. Il ne lui fallut que deux heures pour rallier la cité stratégique sud.
Si les soldats n’avaient pas menti, c’est là que se cachaient les officiels du shinsen-gumi et surtout Mitsurugi. Il escalada le mur d’enceinte et courut sur les toits à la recherche des prisons. Il comprit tout de suite que l’endroit était bien mieux gardé que le nord. C’était donc qu’il n’avait pas été trompé. Il se glissa dans la cour. Il avançait prudemment ; mais il ne vit pas venir deux soldats qui sortaient de la poterne. Ceux-ci lui crièrent de s’arrêter. Ils donnèrent l’alerte à la cloche. Geki avait bondi sur le toit, poursuivi par une rafale de flèches. Il courut mais fut surpris par un soldat en poste sur le toit. Les deux hommes s’agrippèrent, roulèrent ; nouvelle volée de flèches. Il en prit une dans la cheville. Il tomba à bas du toit. Il put se relever et repousser les deux hommes qui arrivaient sur lui. Il prit une porte, traversa un couloir ; il entendait de partout des pas se précipiter vers lui. Il entra dans une cour intérieure.

Là, d’un coup, quatre panneaux s’ouvrirent : il était cerné par une dizaine d’hommes. Un officier lui ordonna de se rendre. Valeureux, mais désespéré, il se jeta sur le groupe le plus proche de lui. Le combat fut âpre ; après avoir mis quatre hommes à terre, il ne put empêcher deux costauds de se jeter sur lui et de le plaquer à terre. Assommé, il fut ligoté.
Jukeï, qui se réveillait seulement, vint contempler cette prise.
- Vous avez cueilli un gros morceau on dirait. Regardez-moi cette carrure de colosse !
- Un véritable démon, capitaine, soupirèrent les hommes , essoufflés.
- Il va demander du travail à nos interrogateurs. Tant mieux, ils pourront faire sur lui quelques expérimentations plaisantes. Il en faudra pour venir à bout du gaillard.
Geki fut amené dans la salle d’interrogatoire, où on avait laissé dormir Mitsurugi.
- Réveille-toi ! cria Jukeï. Tu as de la compagnie.
Il vit qu’on agenouillait ce géant, pendant que les tortionnaires remettaient leurs instruments sur les braises. Quand on fut assuré qu’il ne pourrait plus bouger, car trois forts soldats le tenaient ensemble, Jukeï s’approcha avec délectation et lui arracha son masque.
- Sa tête ne me dit rien.

Mitsurugi reconnut bien sûr son compagnon Yasashiro et comprit que c’était lui qui se cachait sous le masque de Geki, ce ninja qui avait effrayé la cour d’hiver. Il se souvint qu’il s’était introduit dans sa chambre, pour le prévenir qu’Ikue était retenue dans l’aile impériale du palais [voir épisode 21]. Qui aurait pensé que le justicier nocturne était un grand Crabe ?...
Et ce soir, il était venu pour le délivrer… Notre héros pressentit que Sasuke devait être mêlé à tout cela, mais au point où il en était, il trouva touchant que le shugenja et Yasashiro aient tenté le tout pour le tour pour le délivrer.
Suffisamment épuisé, Mitsurugi feignit une grande faiblesse et dissimula qu’il connaissait le visiteur nocturne.


Samurai


Alors que ces dramatiques évènements se déroulaient, une tragédie venait déjà de se dénouer. Le Bouffon, qui hébergeait toujours Ikue, et faisait en sorte qu’elle ne manque de rien, et soit tenue à l’écart ces plus scrofuleux éclopés de sa bande, vit arriver, hagard, malade, un homme qu’il avait déjà rencontré : Yojiro.
Celui-ci paraissait n’avoir plus toute sa tête. Il répétait seulement, le regard fou :
- J’ai échoué, j’ai complètement échoué…
Ikue le vit et lui demanda juste :
- Cela concerne t-il Mitsurugi ?
- Non, répondit simplement le rônin.
Puis il supplia qu’on le laisse dormir. Il garda la chambre deux jours et reçut enfin le Bouffon pour lui expliquer ce qui s’était passé.
Un soir à la Cité des Apparences, alors qu’il était allé boire un verre avec Yatsume – qui lui racontait ses prochaines idées géniales pour aider Mitsurugi, ils avaient entendu du raffut dans le quartier où vivait la rônin. Ils s’étaient précipités dehors, pour être prévenus que des brigands avaient attaqué la maison de Yatsume.
Ils trouvent la maison dévastée, Avishnar et la petite Yutsuko disparue. Aussitôt, ils se lancent à la poursuite des ravisseurs, en prenant le minimum d’équipement. Ils pensent retrouver rapidement les ravisseurs. Morte d’inquiétude, Yatsume pense aussitôt aux écorcheurs qui écument la région. Elle ne comprend pas comment ils ont pu faire preuve d’autant d’audace en entrant dans une ville remplie de Lions. Elle n’ose en fait pas imaginer le pire… Grâce à quelques témoins, ils se dirigent par la piste du sud, en pleine nuit. Ils voient au loin des villages en feux : ce sont bien les Scorpions qui se vengent de l’humiliation de leur défaite. Mais ce ne sont sans doute pas eux qui ont enlevé la famille de Yatsume.
Dans le premier bois qu’ils traversent, ils entendent des cris : c’est Avishnar, attaché à un arbre. Il est apeuré et dit que ce sont des démons sortis des ombres. Le rajah déchu leur crie, la gorge serrée, que c’est Kokamoru qui a enlevé la petite !
Yatsume se prend la tête dans les mains. Le monstre sans visage dont elle a eu un enfant est revenu d’entre les créatures qui rampent dans la nuit !... Yojiro lui dit qu’il faut continuer ; il n’est pas trop tard. Yatsume sait qu’elle va se servir du yari serti du cristal magique par le peuple immortel du désert…
Leur course insensée dans la nuit continue. C’est comme si Kokamoru avait laissé des indices exprès pour attirer Yatsume. Celle-ci a passé depuis longtemps le stade de réfléchir. Elle ne pense qu’à la petite Yutsuko dont on l’a séparée à la naissance, qu’elle a arrachée à l’orphelinat et dont ce père sans visage voudrait la priver à tout jamais.
Ils entrent dans un bois touffu et s’arrêtent à l’entrée d’un énorme terrier, comme creusé par une armée de taupe. De ce trou se dégage un froid glacé et des murmures inquiétants en sortent, mêlés à des rires de petites filles. Yatsume dit à Yojiro et Avishnar qu’ils ne sont pas obligés de venir. Les deux hommes disent qu’ils ne l’abandonneront pas. A part eux, qui viendrait en aide à la rônin ?

Ils plongent dans ce trou et au fond, se retrouvent dans un tunnel qui s’enfonce profondément sous terre. Yatsume entend des rires moqueurs, répétés en écho, et voit des silhouettes difformes qui se meuvent, ou bien dansent, dans la pénombre rougeoyante. La course sous-terre dure un temps indéfini. Il semble aux imprudents voyageurs qu’ils sont à nouveau dans une forêt, mais renversée. Les arbres sont enracinés dans un ciel plein d’étoiles. Des mâchoires fantomatiques hurlent puis disparaissent dans l’air.
Yatsume croit rattraper les ravisseurs ; ils s’éloignent d’un coup. Elle va très vite mais se demande si elle ne fait pas du surplace. Elle se demande même si elle n’est pas en train de dormir et si ce qu’elle voit n’est pas un rêve déplaisant. Elle se méfierait même de Yojiro et Avishnar qui la suivent, qui ne sont peut-être que des envoyés des ombres eux aussi.
Elle sent soudain l’air frais au-dessus d’elle. Il fait froid. Elle se hisse au-dehors. Elle a mis les mains dans de la boue enneigée. Quand elle sort, le silence est complet. A peine si une branche craque au loin, cédant sous le poids de la neige. Il fait tout blanc dans la nuit. L’épais tapis glacée étouffe les sons. Comment peut-il neiger en plein été ?
Yatsume entend alors nettement le chant d’une vieille femme ; plaintif, angoissant, entêtant, il vient de partout à la fois. On croirait le chant d’une pleureuse pour les enterrements.
Yatsume fait quelques pas dans la neige. Elle sait où elle est. Le bois des filles mortes. Elle les perçoit déjà, tapies dans les buissons. Vêtues d’une robe blanche, elles s’approchent en silence, glissant dans les airs. Elles n’ont pas de visage, juste des cheveux noirs très raides et deux yeux au regard perçant. Elles tendent les mains vers Yatsume, pour donner ou recevoir une offrande, elle ne sait pas.

Elles sont une vingtaine autour d’elles. Leur chant est très doux. Elles approchent gentiment, mais Yatsume sait que si elles la touchent, elle sera emportée avec elles dans un monde où tout est mort et où ne vivent que les ombres. Elle se sent transie de froid et voudrait pleurer, mais c’est comme si ses larmes étaient déjà gelées, de même que son cœur.
- J’ai repris le bien qui m’appartient. La chair de ma chair.
Kokamoru s’est approché lui aussi, en silence.
- Tu n’es plus qu’un spectre.
- Je suis l’homme qui t’a aimé, que tu le veuilles ou non.
- Tu as pris les traits de mon mari ! Tu as pactisé avec cette chose sans nom pour m’atteindre.
- Le plus grand amour exige les plus grands sacrifices.
- Ce n’est pas de l’amour. Tu es un monstre qui détruit ce qu’il touche. Une fille ne peut être élevée par une créature sans âme.
- Viens avec moi et nous élèverons ensemble la petite. Elle a besoin de sa mère.
- Rends la moi et disparais. Je ne viendrai jamais avec toi.
- Préfèrerais-tu donc la voir disparaître elle aussi et rejoindre le chœur des filles sans voix qui chantent ?
Yatsume finit de perdre la raison en entendant cela. Elle dégaine le yari de son fourreau et d’un grand coup, disperse les créatures. Kokamoru a bondi en arrière, poussant un cri strident. Yatsume chancèle mais tient bon. Elle part à sa poursuite, folle de douleur. Elle court de plus en plus vite ; elle sent les ombres qui entrent en elle et elle les accepte pleinement. Plus elle se fond avec elle, plus elle court vite et bondit haut. Kokamoru rit comme un dément. Tous les deux, ils s’envolent vers les sommets des arbres morts et courent à travers les branches grêles. Les cimes craquent, cèdent, les arbres tombent. Pour se dégager un passage, Yatsume tranche à coup de yari devant elle. Sa lame lance des éclairs cristallins. Plus elle se donne à la chose sans nom, plus les bois tremblent de rire et de crainte. Elle fond sur Kokamoru, dont elle sent faiblir les forces. Elle tranche la branche sur laquelle il vient de sauter ; il saute sur la suivante mais elle fend l’air de sa lame et c’est tout l’arbre qui est coupé en deux à la moitié du tronc. Kokamoru chute à terre. Yatsume saute et se reçoit, très souple. Qui sait quelle distance ils ont parcouru dans ce bois qui doit en réalité être immense, sans fin ?...

Kokamoru, à genou, demande grâce. Yatsume ne peut plus lui accorder. Comme elle avance sur lui, elle ne voit pas que son propre visage commence à s’effacer. Celui de Kokamoru apparait tordue par la peur. Il tend la main vers elle et, hurlant, projette un éclair noir. Yatsume l’a arrêté en partie de son yari, mais elle en a reçu dans la poitrine. Elle sent un liquide noire glacé rentrer en elle et la transir jusqu’aux os.
- Je ne pouvais plus supporter la solitude, Yatsume ! lui hurle le père de sa fille. J’ai eu peur. Tu ne comprends pas que je suis seul au monde ! Comment veux-tu vivre à une distance infinie de tous les hommes, au milieu des ténèbres ! Et j’ai voulu revoir Yutsuko, qui seule pourrait me rendre une raison de vivre. J’ai eu peur pour elle car elle ne peut vivre sans son père. Et quand j’ai eu mis la main sur elle, j’ai regretté de l’avoir fait, car j’ai su que je ne pourrais jamais vraiment la retrouver.
Yatsume se tord de douleur mais parvient à se relever.
- Qu’as-tu fait d’elle ? dit-elle, froide d’une colère terrifiante.
- Elle est là, tout près, très près…
- Je la reprends, Kokamoru. Et toi, je vais te détruire.

Elle brandit son yari à nouveau. Dans un hurlement, Kokamoru se transforme en une silhouette effilée au visage difforme et bondit vers les hauteurs. Yatsume bondit à son tour, encore plus haut et le frappe au visage. Kokamoru se rattrape à une branche, son visage redevenu lisse. Il se met à saigner un sang blanc mais se change en un corps noir indistinct. Il remonte encore, Yatsume bondit aussi vite et le frappe à de nombreuses reprises. Kokamoru a dégainé un katana suppurant de noirceur. Il se bat avec l’énergie du désespoir. Leur duel aérien devient tourbillonnant. Ils se mêlent en une danse mortelle ; la blessure au visage du Scorpion était mortel. Yatsume finit par l’empaler sur son arme et Kokamoru, abandonné par toutes ses forces, expire puis se change en une répugnante matière noirâtre qui, liquéfiée, tombe à grosses gouttes sur la belle neige.
Yatsume retombe au sol. Elle entend encore Kokamoru gémir et la maudire à jamais. Il s’enfonce dans le sol et y disparaît pour de bon. La rônin voit sa fille venir à elle. Elle vient de sauter des bras d’Avishnar. Lui et Yojiro ont repoussé plusieurs pillards qui ignoraient sans doute pour qu’elle horreur innommable ils travaillaient.

Alors que Yutsuko lui saute dans les bras, Yatsume sent ses forces l’abandonner. Elle croyait que c’était vrai après s’être enfuie avec elle de l’orphelinat, mais c’est vrai seulement maintenant : elle a tout donné pour sa fille. Allongée au sol, la présence de Yutsuko ne la réchauffe même plus.
Yojiro veut l’aider à se relever. Elle lui dit que c’est inutile, que c’est la fin. Elle vient de réaliser avec quoi elle a pactisé pour détruire Kokamoru. Elle est devenue comme lui, une créature indistincte, vouée à l’horreur du néant. Elle fait jurer à Yojiro de veiller sur sa fille, de la ramener à Avishnar et de faire en sorte qu’elle ne revive pas ce qui lui est arrivée.
Yojiro sent qu’il ne peut plus rien faire. Si ce n’était que de voir une amie mourir, il aurait de la pitié mais là, il voit Yatsume s’enfoncer dans la neige peu à peu. Yojiro attrape Yutsuko, l’arrachant aux bras de sa mère avant qu’elle ne soit emportée avec elle à jamais. C’est comme si Yatsume le remerciait de lui avoir enlevée l’enfant. La petite hurle mais Yojiro la tient fermement dans ses bras. Il part en prenant soin que la petite ne voit rien de la fin de sa mère. A peine le rônin ose t-il se retourner, pour voir une main seule à lutter encore contre la neige. Un sortilège a dû être rompu par la mort de Kokamoru car lui et Avishnar ressortent du bois sans encombre. Ils sont dans la campagne au sud de la Cité des Apparences. On voit même encore des villages qui brûlent.

Seulement, il a dû se passer du temps, car ils apprennent que l’armée de Kokatsu est partie depuis plusieurs jours. Ils partent alors vers l’est, espérant rallier à temps les Lions.
- Et que s’est-il donc passé ensuite ? demanda Yoriku le bouffon.
- Alors que nous faisions étape dans une auberge, dit Yojiro, toujours faible, nous avons été attaqués par une dizaine d’hommes. Pas des Scorpions, non ; je les ai reconnues… Des assassins du Saphir… Je t’expliquerai à l’occasion. J’ai tiré mon arme et j’ai abattu l’entre d’eux, mais ils m’ont assommé ; à mon réveil, la petite avait disparu.
« J’ai échoué, Yoriku. J’ai complètement échoué… Je ne pourrai jamais me le pardonner.
Comme Yojiro disait cela, il ignorait que la petite Yutsuko était amenée en grand secret à la Cité des Mensonges par les hommes de Saphir, et introduite devant le puissant gouverneur Tangen.
- Sois la bienvenue dans ce palais, petite Yutsuko. Tu es ici car des oracles ont vu un grand avenir pour toi. C’est à moi que revient la charge de te hisser vers ton destin. Ta mère n’a fait que te mettre au monde. Moi je ferai de toi celle que tu dois être.
La petite hurlait qu’on lui rende sa maman. D’un geste, Tangen ordonna qu’on l’emmène. Resté seul, il prit à son cou son pendentif en larme d’Oni et dit à Nuage :
- La Novice est enfin arrivée chez moi. J’espère à présent que vos visions se réaliseront.
- La contemplation du grand Vide ne peut tromper, Cristal.
- Je suis plus habitué à scruter dans les ombres…



A suivre... Samurai
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RE: 26ème Episode : Le général de l'armée de tous les lions - by Darth Nico - 23-07-2013, 05:09 PM

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