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26ème Episode : La colère de Mitsurugi
#27
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE



La respiration continue de l'océan s'amplifiait, alors que la nuit s'étendait peu à peu, conquérant son Empire sur tout le ciel au-dessus de Rokugan. Les reflets orangés des vagues noircissaient et la lune, décomposée dans l'eau en une myriade de lucioles, montait rejoindre le point le plus haut du ciel. Les vagues inlassables s'écrasaient contre la falaise de l'Oubli ; celle-ci s'effritait à chaque heurt. La chute du moindre caillou était comme la prémonition qu'un jour, cette falaise terrifiante, apparemment indestructible, finirait elle aussi par rejoindre les abysses.

Surgi d'un tourbillon dévoreur, recraché par les Limbes, revenu des parages les plus mortelles de l'immortelle mer des souterrains, des chutes infinies des abysses qui mènent aux mers d'étoiles et des latitudes tourmentées par les tempêtes des Titans, un navire, recouvert d'algues, de moisissures et de coquillages, ses voiles déchirées, faites de tentures fantomatiques, approchait de la falaise !
- Souquez, mais souquez donc, bande de mollusques !

Les marins difformes qui tenaient les rames criaient à chaque coup une nouvelle injure contre leur vénéré capitaine, charivari interminable qui permettait de découvrir le vocabulaire le plus fleuri des voyageurs du grand océan. Et le tempêtueux Masasue, de derrière sa barbe d'algues et de pseudopodes, n'était jamais en reste de plaintes et râles contre le sort qui lui était fait.
- Une chose est de se retrouver avec la gueule d'un poulpe du fait des caprices d'un dieu barbare, une autre est d'avoir à commander le pire équipage de bras-cassés, traîne-savates et détrousseurs de ce côté du monde. J'ai navigué sur bien des mers, vu bien des choses répugnantes, mais jamais cette clique d'innénarrables fainéants qui prétendent faire avancer mon bâtiment ! J'accepterais bien d'attraper mille verrues et maladies honteuses entre les bras de la plus affreuse fille des bas-fonds de la Cité des Mensonges, si seulement je pouvais être débarrassé de la vue de vous tous, tas de cloportes baveux ! Captain

A la proue du navire, Ayame, inquiète, se rongeait les sangs. Elle regrettait d'avoir fait appel à ces pendards de marins. Qu'ils fussent des Réprouvés ressortis des Limbes, cela ne la gênait pas tellement. C'est simplement que, à titre personnel, elle détestait la mer, ne pouvait pas supporter la navigation et avait des boutons rien qu'en voyant un bateau.
D'ailleurs, au cours de ses voyages dans les mondes étranges, elle avait appris qu'un de ses très lointains cousins, une sorte de fonctionnaire de la justice habitant dans une cité d'acier sur une lune appelée Exil, détestait lui aussi la mer et les marins. Ce devait donc être de famille.

Elle se tourna vers le second du navire pour prendre des nouvelles. Le second, qui se faisait appeler maître Puk, n'était pas le plus difforme de la bande. Il avait simplement hérité d'une pince de crabe à la place du bras droit et sa peau était squameuse comme celle d'un poisson. Des branchies apparentes et quelques algues à la place des cheveux, faisait de lui un des plus agréables hommes du bord.
- Le capitaine a l'air content. Plus il tonne, plus il est content. Et plus les hommes l'injurient, plus ils ont de coeur à l'ouvrage.
Le plus désagréable pour la shugenja était de penser qu'elle faisait cela pour secourir l'Ancêtre du détesté Kakita Hiruya.
- Les dieux te pardonneront beaucoup pour ce que tu fais, lui disait Sasuke.
Elle se fichait éperdument du pardon des dieux. Elle était secrètement contente de faire plaisir à son aïeul ! Devant lui, elle se retrouvait comme une petite fille timide. Ikky l'avait remarqué ; Ayame l'aurait précipité dans les profondeurs les plus inaccessibles si jamais elle l'avait dit à qui que ce soit.

- Souquez, souquez, donc !
Yasashiro était monté au mât dans la corbeille de la vigie. Il fut le premier à apercevoir Mitsurugi, à quelques pas du vide, prêt à faire le grand saut.
Ayame, qui n'y tenait plus, cria à Masasue :
- Pressez donc !
Sasuke, qui avait compris comment ça marchait à bord de ce navires de fous, cria :
- Souquez, tas de moules anémiées, ou bien je vous promets de vous rôtir un par un et de vous expédier au royaume des ancêtres vengeurs pour y expier votre paresse !
- Ouais ! répondirent tous les marins en choeur.
- Vous avez entendu tonnerre de mille chaloupes !
- Oui capitaine !
- Allez-vous enfin faire ce qu'on vous demande ou dois-je faire donner le fouet ?
- Oui capitaine, non capitaine !

Masasue fit signe de ne pas s'inquiéter : on serait dans les temps. Ikky retint un cri : Mitsurugi venait de sauter.
Ayame eut juste le temps de sortir son parchemin et d'invoquer les puissances de l'Air. Le samuraï allait percuter un promontoire rocheux juste au-dessus des récifs, quand il fut soudain attrapé par une grande main d'air et déposé, pas tout à fait en douceur, sur le pont !
A ce moment, une grosse vague souleva le navire et Mitsurugi roula les quatre fers en l'air, dégringola de l'escalier et s'arrêta aux pieds des rameurs
Il se mit sur son séant, estourbi et vit descendre posément vers lui l'imposant Masasue :
- Bienvenue à bord, garçon !... Tu prends déjà ton tour parmi la marmaille ?
C'est le surnom que donnait le capitaine à ses rameurs.
Ces derniers éclatèrent de rire.
Etonné, incapable de comprendre ce qui venait de lui arriver, Mitsurugi dit :
- Je vous ai pris pour le gardien des enfers...
Masasue regarda son équipage, bourra sa pipe, l'alluma et dit :
- J'aurais voulu l'être, garçon, mais ils m'ont trouvé trop sévère !

Tout l'équipage acclama le capitaine. Ce dernier, très cabotin, passa entre les rangées en levant les mains, puis coupa court à ces plaisanteries :
- Arrêtez-donc la parlotte et gardez votre souffle pour la manoeuvre ! Nous partons plein nord-est, la direction par où viennent les démons. Alors redoublez d'efforts, garçons, et amenez-nous à l'horizon ! Au premier qui voit les nouvelles terres, une bouteille de rhum de Merenae ! En attendant, priez donc les dieux qu'ils ne nous lâchent pas le kraken aux fesses et que la grande araignée des océans ne viennent pas nous mordiller la coque !


Samurai


Alors même que deux forts Bayushi la tenaient, la petite fille se débattait comme une furie.
- Laissez-moi ! Ma mère viendra vous étriper ! Vous entendez !
Les deux soldats s'inclinèrent quand le gouverneur Tangen entra dans la pièce. Yutsuko allait s'enfuir, profitant que les soudards avaient relâché leur prise, mais elle s'arrêta net devant l'inquiétant personnage masqué qui se tenait entre elle et la porte.
- Qui êtes-vous ? Vous devez me laisser partir ! Je veux m'en aller !
- Tu es bien comme ta mère...
Le sang monta à la tête de la petite fille :
- Sale vilain monstre ! Je vais vous arracher les yeux.
Les soldats, en sueur, reprirent la fille. Tangen leur ordonna de l'emmener. Quand le panneau fut refermé, il sortit son amulette en diamant :
- Nuage ? Je détiens enfin la Novice.
- C'est parfait... Je vais prévenir le Grand Maître, il sera satisfait.


Samurai


C'est un soleil radieux qui promettait de se lever, une fois encore, sur le grand océan. Les nuages même semblaient rire de bonheur d'être portées par le grand vent du matin. L'azur était radieux, exempt de tous les tourments amenés par les dernières tempêtes.
Suzume regardait Ikue. Elle marchait au bord de l'eau, la tête basse. Elle chantonnait, mais parfois, retenait une larme.
- Viens, rentrons, tu vas prendre froid. Même en cette saison, le mal est vite arrivé.
Il mit doucement son bras autour de ses épaules. Ikue laissa tomber les coquillages qu'elle venait de ramasser. Elle ne voulait pas partir tout de suite : elle fixait intensément l'horizon.
- Tu dois te changer les idées. Tout le monde ne demande qu'à t'aider. Le conseiller Tokan est entièrement prêt à t'accueillir, aussi longtemps que tu le voudras. Moi aussi, si tu le désires, je pourrai t'héberger, même si, bien sûr, ce ne sera pas aussi luxueux.
- Vous êtes tous très bons avec moi. Mais je dois rester seule encore longtemps. Je me sens comme veuve. Je sais bien que j'ai tort pourtant.
- Vous n'étiez pas mariés, Ikue...
- Non, Suzume, tu ne comprends pas...
Elle fixait une voile qui disparaissait sur la mer dorée.
- Je dis cela parce que je sais qu'il reviendra.








La_classe FORCE ET HONNEUR, SAMURAÏ ! La_classe
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RE: 26ème Episode : La colère de Mitsurugi - by Darth Nico - 27-07-2013, 07:44 PM

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