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Les Contes de la Canine #6 : Histoire de P.Y. de Saint-Huant
#17
Résumé : Saint-Huant le Toréador et Fraundon le Gangrel viennent d'arriver en banlieue est, devant le loft que la comtesse Bathory leur a donnés. Ils n'auront pas le temps de faire le tour du propriétaire : ils sont attaqués simultanément par des Gangrels et par des hommes cagoulés et armés. Ces derniers neutralisent les Gangrels, puis capturent nos deux héros.

Elégie à deux rats de cave

Groggy, les deux Caïnites furent emmenés dans une grande cave à vin, au sous-sol d’une demeure vidée de ses meubles.
- Saloperie de créature vampirique de merde ! je vais te défoncer moi ! je vais défoncer, t’entends ! tu vas en baver avec moi !… ah ouais, je te jure tu vas en baver comme on en a bavé à cause de vous ! saloperie ! je vais te foutre ça dans une rôtissoire, moi !
- Du calme ! du calme, bordel !… Et lâche ce fusil pour commencer ! C’est pas le moment de flancher. Allez plutôt chercher les deux Gangrel qu’on a abattus. Et téléphonez à la police, qu’ils cernent la maison, avant que les flics n’arrivent. Vous deux, emmenez les deux créatures à la cave, et surveillez-les de près. Tant que le jour n’est pas levé, elles sont capables de nous faire un sale coup. Et toi, tu vas prélever du sang sur les Gangrels, puis en donner à ces deux salopards : on les a salement amochés, il ne faudrait pas qu’ils nous claquent entre les doigts.
Fraundon entendit cet échange d’aboiement, se sentit traîner vigoureusement, il but le sang qu’on lui donnait et tomba dans l’inconscience pour de bon.

diablotin

Le Gangrel se réveilla le lendemain soir, allongé sur le sol froid d’une cave à vin. Engourdi, il sentit le besoin de sang monter en lui. Il était toujours ligoté des pieds à la tête. Il se débattit violemment, se secoua, gigota. Rien n’y fit.
- Te fatigue pas. Tes liens sont solides. Conçus pour les horreurs de ton espèce.
Fraundon releva la tête. A trois mètres de lui, un des cagoulards était assis sur un tabouret, qui le surveillait, fusil sur les genoux, une cigarette à la main. Saint-Huant était allongé, encore en torpeur. Il avait un bandeau sur les yeux.
- Hé ouais. On les connaît, nous les Toréadors. On sait qu’avec leur regard, ils peuvent hypnotiser un homme. Alors on se protège.
Fraundon ne répondit rien.
- Tiens, bois ça, sale hyène de mes deux, dit le type en lançant une poche d’hémoglobine devant Fraundon.
Appâté, le Gangrel dut exécuter des mouvements de ver de terre pour arriver assez près de la poche, et l’attraper d’un coup de mâchoire. Il la perça de ses canines, en absorba goulûment le contenu.
- Encore !…
C’était la bête en lui qui avait parlé.
- Tu déconnes ! c’est tout pour aujourd’hui, dit le type au fusil. Remarque, y’en a une deuxième, mais elle était prévue pour ton pote. J’ai remarqué qu’il dort encore, insinua t-il.. Tu peux la garder pour toi, qu’est-ce que t’en penses ? Tiens !…
Le type lança la poche à égale distance de Fraundon et de Saint-Huant, toujours endormi.
- Ah ah ah ! alors, qu’est-ce que tu vas faire ? Ton pote va avoir soif au réveil. Mais toi aussi tu crèves d’envie de boire encore une bonne gorgée de sang !…

Saint-Huant poussa alors un grognement, remua, sentit que des liens l’entravait, en éprouva la solidité, remua encore pour regarder autour de lui. Son flair lui désigna immédiatement la poche d’hémoglobine. Fraundon salivait d’envie devant ce sang, et, instinctivement, considéra le Toréador comme un rival pour cette nourriture. Saint-Huant ressentit immédiatement cette hostilité. Avec le bandeau sur les yeux, il faudrait s’emparer du sang au jugé.
- Hé hé hé ! ricana l’humain. Ton pote le Gangrel en a déjà eu une, mais j’ai l’impression qu’il va vouloir garder ta part pour lui ! hé hé hé !

diablotin

Submergés à ce moment par leur soif féroce, les deux Caïnites rampaient vers la poche, enragés par la concurrence pour cette belle poche bien pleine de bonne hémoglobine.
- Héhéhé ! putain ! ricanait l’humain en fumant sa cigarette. Oh ! dis ! viens voir ça ! c’est un truc à pas rater !
Un comparse entra dans la pièce.
- Mate-moi ça : y a deux gros vers de terre qui se disputent la ration du jour !
Le deuxième cagoulard prit part au spectacle et se mit à ricaner lui aussi.
Les deux Caïnites, s’ils n’avaient pas été submergés par leur désir de sang, auraient éprouvé en ce moment une intense haine pour leurs gardiens. Les deux humains y allaient maintenant de leurs encouragements, comme s’ils soutenaient leur candidat favori dans un jeu télévisé !
Fraundon, plus agile et plus robuste physiquement, était sur le point de saisir la poche de sang. A ses yeux, le liquide rouge brillait d’une irrésistible aura de pierre précieuse.
- Fraundon ! gémit le Toréador, vous pouvez pas me faire ça !…
- Chacun pour sa peau ! Vous deviez m’aider, vous m’avez foutu dans la merde, sale artiste à la con ! si vous n’étiez pas là, je vous prendrais déjà pour un traître !… cette poche est pour moi !
Le Toréador accusa le choc : il ne serait pas le plus fort sur ce coup-là. Il renonça à poursuivre son effort. Il cessa son effort.
- Ha ! j’ai l’impression que y’en a un qui craque ! lança le premier cagoulard.
- Ouais, la loi de la jungle a fait son œuvre : c’est le prédateur qui l’emporte ! continua l’autre.
- C’est comme ça que je les aime moi, ces saloperies de vampire. En train de se battre en eux !…
- Ouais, faudrait les mettre dans des zoos spéciaux ! les foutre en cage, et organiser des combats !
- Ah ouais ! ah ah ah ! pour les familles, le dimanche !
- Même les Amerloques ont pas encore eu l’idée, alors !…
Et les deux de partir de rire mauvais, de recommencer leurs acclamations d’encouragement.
Fraundon saisit la poche entre les deux, sous les hourrahs des deux gardiens. Vaincu, Saint-Huant se recroquevilla, pour s’enfermer en lui-même, pour étouffer la soif tenace qui le possédait.

diablotin

- Allez ! buvez-vous cette putain de poche avant que je change d’avis !
Le Toréador avait nettement entendu le Gangrel, qui tenait la poche entre ses poches, grogner cette phrase à son intention. Illusion causée par la soif ?
- Quoi ?
Surpris, le Toréador avait relevé la tête.
- Buvez-moi ce putain de sang et fermez-la ! répéta Fraundon. Je vais le regretter, alors grouillez-vous !
D’un mouvement de tête, Fraundon lança la poche devant Saint-Huant. Impulsivement, le Toréador s’en empara et la vida d’un trait, avant de pousser un profond soupir de soulagement. Fraundon serrait très fort la mâchoire, se contractait de tout son corps, pour avaler son regret. Le sentiment d’humiliation avait pris un instant le dessus sur son appétit.
La satisfaction morale liée à ce geste altruiste ne le consolait guère…
- Oh bah merde alors ! s’exclama un des cagoulards, le Gangrel joue la bonne sœur des pauvres ! Il affectait un ton plaintif.
- Tu m’étonnes ! il lâche sa proie ! c’est pas courant comme attitude !
- Je savais pas que ça existait la solidarité entre fauves !
Une voix, qui venait de plus loin dans la cave, retentit :
- Vous avez pas bientôt fini, merde ! arrêtez de gueuler un peu ! arrêtez vos conneries, et toi, retourne à votre poste, compris !
Les deux hommes cessèrent de rire. Celui qui était venu assister à l’affrontement ressortit de la pièce. L’autre alluma une autre cigarette et prit fermement son fusil en main. Il pointa ses deux prisonniers.
- Bon, fini de rire maintenant les deux bestiaux. L’heure du repas est terminé. Maintenant, vous allez vous tenir sage jusqu’au lever du jour. Et le premier qui fait mine de remuer… compris ? et interdiction de vous parler.
Fraundon et Saint-Huant s’allongèrent sur le dos. Ils cherchaient la position la moins inconfortable pour passer les prochaines heures.

Diablo

[i]A suivre... violent
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Les Contes de la Canine #6 : Histoire de P.Y. de Saint-Huant - by Darth Nico - 10-12-2003, 05:40 PM

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