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Iron Rokugan - Teasers et infos sur l'Empire en 1325
#71
Epilogue : Pire que la mort

Le matin du départ, les PJ quittent le palais Shiba. Handen n'est pas mécontent de s'en aller, car il a entendu le pire sur les sociétés secrètes Nambiwa : ils sont capables de relever les morts, ils ont des loups-garous, ils peuvent tuer d'un regard... Légendes ou réalités, dans tous les cas, il se sentira mieux à Bakufu !
Feiyan a de la fièvre, mais parvient à se lever.
En traversant la ville, on s'aperçoit que l'enfant aussi a beaucoup de fièvre. Sarutobi voit que les Nambiwa l'ont vu et surveillent les PJ. Sur le chemin, l'enfant parvient à peine à marcher et il est de plus en plus mal. Les processions du Moine Fou continuent.
Sarutobi décide d'emmener l'enfant se faire soigner : avec la nourrice, ils le ramènent à une échoppe de guérisseur Nambiwa. Feiyan aurait totalement désapprouvé : déjà quand elle a appris que les sociétés secrètes ont approuvé le départ de l'enfant, elle a été indignée que S traite avec ces bandits.
Les Nambiwa allongent l'enfant et lui font avaler un remède, lui passent des onguents sur le corps.

Pendant ce temps, Feiyan, toujours fébrile, continue le chemin avec Handen. Soudain un coup de feu : ils attaqués par deux Merenae. Feiyan plaque Handen sur le côté de la route et fonce sur les assaillants. Elle dégaine son sabre et fait face aux deux tueurs armés de machettes. Elle jette toutes ses forces et parvient à en blesser un. Handen arrive alors, aussi le sabre au clair, attaque et du premier coup, étend raide mort son assaillant ! Lui-même n'y croit pas ! Lui le paisible (et un peu fainéant) responsable des cartes maritimes, vient de se battre comme un vrai bushi !

*

En ville, les Nambiwa disent que l'enfant a été empoisonné avec un venin mortel, celui du serpent corail. L'enfant va survivre car il a été soigné à temps. Feiyan aussi a ingéré ce poison : elle pourra tenir plus longtemps mais si elle ne prend pas de remède, elle ne passera pas la nuit. Ils confient à Sarutobi une bouteille contenant l'anti-poison.
Sarutobi se dit que si les Nambiwa avaient voulu empêcher l'enfant de partir, ou s'ils avaient voulu le tuer, ils l'auraient déjà fait. Il choisit donc de leur faire confiance et part en courant pour sauver Feiyan. En chemin, il est lui aussi attaqué par deux Merenae équipés de fusils. Ils lui tirent dessus, Sarutobi continue sa course mais les Merenae gagnent sur lui et Sarutobi doit se battre. Il parvient à tuer les deux hommes.

A bout de forces, Feiyan arrive en vue de l'aéronef, soutenue par Handen. Jamal et son équipage ont abattu trois Merenae qui tentaient de prendre d'assaut le navire. Jamal et Handen allongent Feiyan.
En fin de journée, Sarutobi arrive avec le remède et en fait boire à Feiyan qui, délirant à cause de la fièvre, n'a pas le temps de comprendre que cette potion a été fabriquée par les Nambiwa.
Ceux-ci ont dit à Sarutobi qu'il était trop dangereux de passer la nuit sur l'île. Ils peuvent décoller avant que la nuit ne soit complètement tombée, et aller sur une petite île au sud-ouest. C'est leur île, ils peuvent atterrir au sud, l'endroit est dégagé.
Jamal met en route les moteurs, fait une manœuvre de contournement pour éviter de survoler la cité Merenae, au sud de l'île du Rubis et atterrit chez les Nambiwa.
Sarutobi met en place la défense pour une nuit qui s'annonce longue. Déjà, sous le clair de lune, il voit que les Merenae ont mis deux barques à l'eau. Sarutobi prend alors deux flèches inflammables et tire sur les barques : touchées, coulées ! Les Merenae vont finir à la nage.
Jamal et ses hommes ont pris leurs fusils et tirent sur les mercenaires. La nuit est tombée et alors que les Merenae donnent l'assaut en nombre, on entend des grognements bestiaux dans la forêt, des cris et bientôt des râles d'agonie : manifestement, un prédateur s'est attaqué aux Merenae !
Sarutobi et les autres abattent ceux qui s'approchent.

Feiyan se sent un peu mieux. Elle se relève, fait mettre l'enfant et sa nourrice au fond de la cale et s'assoit devant : quiconque veut entrer devra lui passer sur le corps. Alors que les tirs s'arrêtent au-dessus dans le navire, elle entend l'escalier de la cale grincer et distingue une silhouette à peine visible. Elle dégaine son sabre et se bat contre un tueur équipé d'un wakisashi. Il est furtif comme un courant d'air. Alors que les tirs s'arrêtent, Sarutobi entend le bruit du combat et dévale l'escalier. A bout de forces, dos au mur, le mystérieux tueur voit le Guêpe et, se voyant perdu, s'enfonce le wakisashi dans le ventre. A l'agonie, il redevient visible. Sarutobi reconnaît alors un shugenja Isawa du palais de l'île. Il lui crache son mépris à la tête et lui tranche la gorge.
On entend dans la forêt les tam-tam caractéristiques des Nambiwa. Ceux-ci s'approchent. Feiyan dit qu'on ne peut pas laisser ces bandits s'approcher. Sarutobi lui explique alors ce que ces soi-disant criminels ont fait pour eux : accepter le départ de l'enfant, puis le soigner et sauver aussi la vie de Feiyan. Celle-ci doit alors admettre qu'elle s'est trompée.
Un des responsables Nambiwa répète à Sarutobi ce qu'il lui a dit le matin : sur les îles, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.
Pour Sarutobi, il est probable que tous les Phénix de l'île (sauf Handen tout de même) sont corrompus. Les Nambiwas n'en sont pas sûrs, et Feiyan proteste contre cette idée : il est certain que le shugenja a agi seul !
Les Nambiwa restent une partie de la nuit, et disent que des bouleversements se préparent sur l'île. Sarutobi les remercie encore pour leur aide, et reconnaît sa dette envers eux : s'ils ont besoin de ses services, il viendra les aider. De son côté, Feiyan va remercier sincèrement les Nambiwa pour leur aide.

*

Le lendemain matin, enfin le départ, avec escale à l'île de l'Espoir. Feiyan et l'enfant se remettent des fatigues. Arrivée à Maravila : Feiyan se sent remise. Handen a du mal à "atterrir" : sur cette île lointaine, il a vraiment étalé raide mort son adversaire ! Sarutobi et Jamal partent faire la fête toute la nuit. Handen hésite un peu : d'un côté, il y a Feiyan qui, toujours sérieuse et dévouée, va rester avec la nourrice et l'enfant. Honorable mais ennuyeux. Et ce ne sera pas le moment de lui conter fleurette. De l'autre, Jamal et Sarutobi qui vont s'en mettre "jusque là". Handen choisit finalement... la fête ! Pour la romance, on verra plus tard.

En fait, Feiyan profite quand même de la soirée pour se renseigner à l'hôtel Mante : sa sœur n'a donné aucune nouvelle. Elle laisse à nouveau une somme extravagante pour qu'on surveille un éventuel retour de Xulian et qu'on transmette son message. Feiyan veut au moins savoir si Xulian veut lui donner rendez-vous ou au contraire ne plus entendre parler d'elle. De son côté, Sarutobi retrouve son indicateur, Hugi les bons tuyaux, qui lui révèle que Meikudo aurait été vue parmi les "frères de la côte", une organisation informelle de flibustiers, contrebandiers, boucaniers etc. Mais cela reste vague, car les "frères de la côte" ne désignent pas un groupe particulier de bandits des mers. Sarutobi dit que si Meikudo revient à Maravila, il faut que Hugi organise un rendez-vous entre elle et Sarutobi. Et pour le moment, Sarutobi ne dit rien de ses recherches à Feiyan.

*

Le lendemain, retour à Bakufu.

Genichi attendait impatiemment ses assistants. Yugure est toujours au palais Miya, même si officiellement, après l'attaque de son dojo, il est parti pour un temps dans ses terres ancestrales.
Sarutobi et Feiyan racontent brièvement ce qui s'est passé sur l'île, la rencontre avec cette "secte du Moine Fou", leurs pouvoirs mystérieux et surtout l'attaque de ce shugenja traître.

Genichi raconte que des événements graves ont eu lieu dans l'Harmonie : des villages Lièvres ont été attaqués. Si les Usagi ont soutenu le Moine Fou à un certain moment, il est évident que la secte s'est retournée contre ses alliés.
De plus, le soulèvement des Poings de Justice prend de l'ampleur dans la région de l'Expansion. Les Poings ont attaqué les Renards, mais aussi les Moineaux. Le magistrat Miya Sekawa en a arrêté certains.

La dernière nuit à bord de l'aéronef, les Nambiwa ont dit que le shugenja avait réussi à gagner leur confiance, puis avait transmis certains secrets nambiwas à des Rokuganis, pour être utilisés à des fins personnelles. Ce crime est considéré comme le pire qui soit par les Nambiwa : s'ils avaient attrapé le shugenja vivant, ils lui auraient réservé un sort "pire que la mort". Ce qui explique sans doute qu'il ait préféré se suicider plutôt que de passer devant le tribunal secret.
Des Rokuganis ont donc détourné les rituels et pouvoirs nambiwas pour monter leur propre culte du Moine Fou, à des fins obscures.

Le responsable a ajouté qu'un autre Rokugani, un médecin, avait en revanche partagé ses connaissances médicales avec eux, et qu'il avait eu droit d'assister à certaines de leurs cérémonies : le docteur Rijin.
Le fameux chirurgien Daidoji Rijin dont Feiyan entend parler pour la troisième fois : Rijin, l'auteur du code de navigation, Rijin qui a rencontré Xulian avant son départ pour Maravila, et maintenant Rijin qui a été initié aux rituels Nambiwas.

Genichi dit qu'il faut amener Rijin au palais de la magistrature : il sait sans doute des choses qui permettront de traquer la secte du Moine Fou, mais cela le met en danger. Feiyan est donc chargée d'aller le chercher poliment. Comme Sarutobi propose de l'accompagner, Feiyan lui dit qu'elle peut y aller seule. Sarutobi en profite pour passer au Nid, revoir sa fille et prendre des nouvelles d'une enquête qu'il a commencée avant de partir : il voulait que les Guêpes mettent gentiment la pression sur Daigotsu Kappon, le responsable du trafic de poudre pour les Araignées. Les Guêpes disent que Kappon a accepté, de bonne grâce, de collaborer, et a donné les noms de quelques commanditaires du Moine Fou. Un responsable de l'ambassade Grue, un Phénix etc.
Mais Genichi ne veut pas lancer son coup de filet avant d'être sûr d'attraper le maximum de monde, dont le Moine Fou en personne, si ce personnage existe vraiment. Il veut donc se laisser le temps de mener l'enquête à bien.

Feiyan est accueillie chez Rijin, alors que le médecin retraité, un petit homme grassouillet, avec des petites lunettes gaijin, est occupé à tailler ses bonsaïs. Le plus poliment possible, elle l'invite à le suivre pour parler à Genichi. Elle lui conseille de prendre des affaires pour quelques jours. Le docteur accepte, compréhensif et fait appeler un pousse-pousse. Sur le chemin du retour, Feiyan prend sur elle de lui demander ce qu'il sait de sa soeur. Rijin sourit tandis qu'il fume sa pipe et lui dit ce qu'il sait : Xulian avait des ennuis avec son clan, mais elle n'a pas tout dit au médecin. Elle venait le voir pour savoir si elle était enceinte ; elle ne l'était pas. Rijin a seulement compris que Xulian a fui son clan parce qu'elle était promise à un mariage qu'elle détestait.
Feiyan la remercie. Ils arrivent au palais, où Rijin dit ce qu'il sait sur les rituels nambiwas. Genichi a fait venir Yugure.

*

- Quand j'étais chirurgien de marine, explique le docteur, j'ai rencontré ces sociétés secrètes. Je ne connais pas l'étendue de leurs pouvoirs, mais il faut comprendre que dans ces îles, les sociétés secrètes sont aussi craintes que respectées. Là-bas, la mort est présente au quotidien, les esprits marchent avec les vivants, les dieux de la mort conseillent les hommes, ou les emportent ; un culte comme celui du "moine fou" est célébré presque quotidiennement. Ils disent qu'ils peuvent rendre quelqu'un invisible, mais cela se voit aussi à Rokugan.
J'ai entendu parler de leurs techniques pour droguer les coupables, leur faisant perdre toute volonté propre. Ces gens deviennent des esclaves, et sont employés dans leurs plantations par exemple ou dans leurs maisons, et sont appelés des "zombis". Les sociétés infligent ces peines à des criminels qui échappent à la justice, qui a bien du mal à se faire respecter sur ces îles isolées, entre lesquelles, dès la saison des tempêtes, la navigation devient difficile.
Le secret pour transformer les gens en "zombis" relève de la magie, selon les Nambiwa.
"Mais, ajoute le docteur avec une pointe de fierté, j'ai fini par comprendre que leur technique tient plutôt de la botanique, et si j'ose dire, de l'art culinaire. En effet, ils se servent d'un poison pour "zombifier" l'individu, et j'ai compris certains ingrédients qui entrent dans cette préparation. Le principal vient d'un poisson appelé "fufu" là-bas, et que nous connaissons chez nous sous le nom de fugu, ou poisson-globe. Ils mélangent le poison du fugu avec certaines plantes urticantes, et par exemple, en imprègnent le vêtement de la victime. Celles-ci va être prise de démangeaisons, et comme elle va se gratter, le poison va pénétrer sous sa peau. Bientôt, elle va perdre conscience, sera incapable de réfléchir, elle sera devenue un "zombi".
"Une fois dans cet état, le zombi ne peut exécuter que des tâches assez simples. Il ne peut assumer aucune responsabilité, par exemple. Certains sont employés pour tuer. On les maintient dans cet état avec un régime sans sel pour provoquer un affaiblissement des facultés. Cette nourriture pauvre leur sert de chaînes.
"On peut redonner une nourriture riche à un zombi, et cela lui rendra en partie l'esprit, mais il ne pourra jamais redevenir un individu normal. Le poison du fugu est tellement puissant qu'on ne s'en remet jamais. Il faut de plus le doser correctement : trop peu, et il excite juste ; trop, il tue en quelques heures.

Feiyan se souvient alors que des samouraïs comme la bande de l'Ambassadeur participent à des dîners au fugu dans des restaurants chics : le cuisinier doit goûter son plat avant de le servir aux invités. Le but est, en mangeant le plat, de ressentir une légère excitation, de jouer avec la mort... à petite dose.
Rijin ajoute que le fugu n'est pas un délice, et qu'au restaurant de monsieur Jan, le Thranois, on mange des choses bien meilleures, et sans danger pour la santé.

Sarutobi demande alors s'il existe des remèdes. Rijin dit qu'il y a certaines plantes qui peuvent aider. L'idée de Sarutobi est de voir s'il y a des "zombis" parmi les Poings de Justice et de les amener.

L'arrière-pensée de Sarutobi est aussi que ce docteur Rijin est très suspect. Il sait beaucoup de choses. Les Daidoji ont déjà la réputation d'être fourbes, et en plus, Rijin disserte à l'aise sur les zombis !
Genichi fait envoyer un message à Suzume Kiohage pour qu'il amène des prisonniers des Poings de Justice. Kiohage confirmera qu'ils ont trouvé plusieurs lieux d'endoctrinement : des cabanes, des grottes, des villages abandonnés, où les futurs "zombis" sont amenés et où leurs tortionnaires, déguisés, masqués, leur font subir un rituel d'asservissement.

*

Genichi se tourne alors vers Yugure, silencieux jusqu'ici et dit, d'un ton joueur :
- Je me demande qui est ce moine fou. Avez-vous une idée, senseï ? Et si c'était Shosuro Shoda ? Un acteur de nô, maître des masques, des déguisements et des mises en scènes ?
Yugure ricane :
- Non, Shoda n'est pas votre homme, j'en suis sûr. Pourtant, vous pouvez vous douter de ce que je pense de ce personnage et comme j'aimerais le voir condamné par la justice. Mais je suis sûr d'une chose : il n'a pas assez de volonté ni d'intelligence pour être un tel conspirateur.
Genichi continue, toujours enjoué :
- Et pourquoi pas Daigotsu Kappon ? Un trafiquant de poudre, un manipulateur, habitué des opérations secrètes au nez et à la barbe des autorités ?
Dans son coin, Sarutobi hoche la tête de déni : non, cela n'irait pas du tout à Kappon d'être un comploteur. Kappon est un patron du crime certes, mais pas un fanatique voué à la destruction de l'Harmonie. Et Yugure ricane encore :
- Vous vous trompez, magistrat, ou vous vous moquez. Daigotsu Kappon a tous les défauts que vous voudrez mais c'est avant tout un commerçant, et il aime l'Harmonie pour les contacts avec les gaijins. Sur le fond, soyez assuré qu'il soutient profondément le régime. A sa façon, ajoute Yugure, c'est un patriote.
Genichi ne perd pas son sourire, et fait servir du thé à tout le monde.
- Tiens au fait, dit-il, et si vous nous disiez où est Torii ?

Et c'est vrai, tout le monde l'oubliait !
Yugure boit une gorgée de thé et lâche :
- Il est dans mon dojo.
Genichi perd son sourire :
- Pardon ?
- Nous l'avons arrêté dans la campagne, il y a quelques jours. Depuis, nous le gardons en cellule, en sécurité. Et bien nourri.
- Vous vous moquez de moi ?
- Je respecte mon premier engagement, seigneur magistrat. Vous vouliez Torii, je vous le livre.
"Vous n'avez qu'à passer le chercher, il est à vous. Nous l'avons traité correctement, mais il est dans un état qui peut faire penser qu'il est devenu lui aussi un "zombi".

Genichi dit à Sarutobi de partir sur cette piste du fugu : autant il y a beaucoup de gens (trop même !) qui achètent de la poudre au marché noir, autant le fugu ne doit pas être un produit si répandu, même en contrebande. Sarutobi se met au travail, sur le terrain où il est le plus à l'aise : le Port des Brumes ! Il parcourt de long en large le quartier et remue tous ses indics, secoue les passeurs, interroge les contrebandiers, prend des contacts chez les Araignées etc. Il met tout le port en ébullition pour trouver la trace du fameux fugu !

Au palais, on amène un paysan révolté des Poings de Justice. Rijin examine l'homme et affirme reconnaître l'effet du fugu : regard vide, souffle court, quasi incapacité de parler. Rijin ajoute que certaines plantes, peu communes mais sans intérêt culinaire, entrent dans la préparation du fugu. Il en sort une, qui vient de son cabinet médical, et en la respirant, Feiyan se souvient soudain d'avoir déjà respiré cette plante quelque part ! Mais où ?...

Sur le port, Sarutobi découvre quel personnage louche a acheté du fugu aux contrebandiers. Il demande alors à deux Guêpes d'aller l'arrêter.

Depuis le début de cette enquête, une idée revient dans les conversations entre Genichi et Sarutobi : plus l'enquête avance, plus on creuse dans les bas-fonds de l'Harmonie.
Et cette fois-ci, Sarutobi en est sûr : il vient de toucher le fond.
Dans le quartier des Tanneurs, ses collègues Guêpes ont trouvé une bicoque branlante. A l'intérieur, des animaux empaillés, des peaux de bêtes clouées au mur. Sur une table, des morceaux d'animaux disséqués, diverses préparations à l'odeur fétide. Et le personnage qui vit dans cette antre de la pestilence est répugnant. Crasseux, pouilleux, les yeux jaunes, les chicots noirs, il est connu comme l'Herboriste, et fournit des poisons à toutes sortes de gens, y compris des samouraïs honorables.
Les Guêpes ont l'habitude des mauvais garçons du port, ils ont interrogé plus d'un truand endurci et ils savent entendre sans sourciller les confessions les plus sordides. Mais jamais ils n'ont ressenti cette répugnance physique qu'inspire l'Herboriste. Même pour les cellules d'interrogatoire du Nid, il est trop dégoûtant.
- Ah merci du cadeau, Sarutobi !

*

Tandis qu'au Nid, on met les fers sur le feu, Genichi se lève, les mains sur son bureau et dit à Yugure, droit dans les yeux :
- Vous ne me dites pas tout, senseï. Depuis le début, vous me donnez des informations au compte-goutte.
"Vous savez qui est le Moine Fou. Vous le savez et vous ne voulez pas le dire. Pourquoi ?
Yugure a un petit hochement de tête mais il ne fait presque plus semblant.
Feiyan se souvient soudain : cette plante que Rijin vient de lui montrer, elle l'a déjà sentie dans le jardin de l'église cachée de Shinsei ! Elle reste un moment pensive, imaginant l'implication des moines... ou du moins, veut-elle croire, de certains moines. Certainement pas de tous, non...
Elle prend la parole et demande à aller à l'église. A ce moment, elle surprend un regard presque complice de Yugure. Comme s'il était fière d'elle ! Yugure regrette déjà et baisse la tête, mais Genichi et Feiyan ont compris. Genichi attrape un document officiel et le signe en vitesse.
- Venez, ordonne-t-il
Il accompagne son assistante jusqu'à la sortie du palais, et lui tend le parchemin :
- Ce document vous confère les pleins pouvoirs de la magistrature. Il vous donner le droit d'entrer chez n'importe qui, sans justification, et si l'on tarde à vous ouvrir, de forcer la porte. Il vous donne enfin le droit de réquisitionner n'importe quel homme en armes et valide. Faites-en bon usage.

Accompagné de deux samouraïs, Feiyan part dans la nuit de Bakufu. Au Nid, l'Herboriste a donné le nom de ses clients, et parmi eux : l'église cachée de Shinsei !
Feiyan passe devant le Nid au moment où Sarutobi en sort avec deux de ses collègues. Et Sarutobi regrette que Feiyan soit là avec un document officiel !

Au palais, Yugure finit son thé :
- Vous avez deux assistants remarquables, Genichi-sama. Intelligents, dévoués, perspicaces, courageux... A l'époque de la Cité des Mensonges, j'aurais aimé en avoir deux comme eux.
Genichi ne peut s'empêcher de rétorquer :
- Ils ont un petit quelque chose en plus que les Araignées n'ont pas. Pardonnez-moi de vous le dire, senseï.
Yugure ne relève pas :
- Pourquoi vous salir les mains avec ces conspirateurs, Genichi-sama ? Laissez-nous faire.
- Que voulez-vous dire ?
- Je veux dire qu'il est trop tard, magistrat. Mes hommes sont déjà en route.
Genichi blêmit :
- Vous ne pouvez pas faire cela...
Yugure, les poings serrés, souffle :
- Ces conspirateurs n'ont pas hésité à empoisonner mon enfant, mon fils.
Genichi comprend alors que Yugure a entendu ce qui s'est passé sur l'île de la Tortue. Yugure avoue sans détour que ses hommes ont interrogé Shiba Handen, qui s'épanchait volontiers sur ses exploits là-bas.
- Ils tuent sans distinction, continue Yugure, ils n'ont aucune pitié envers quiconque, ils veulent la destruction de l'Harmonie. Laissez-nous faire, Genichi-sama. Souvenez-vous de ce que Hantei a dit à Bayushi : "Tu seras mon méchant".

Le ton de Yugure se fait presque suppliant, comme si c'était une question d'honneur pour lui -ou de ce qui en tient lieu chez les Araignées :
- Laissez-moi être votre méchant, magistrat.
- Nous ne sommes plus à la Cité des Mensonges, senseï ! Nous sommes dans l'Harmonie !
- J'ai appris moi aussi ce qu'ils font dans ces sociétés secrètes. C'est Torii qui nous en a parlé. Changer quelqu'un en zombi est le pire des châtiments, il est considéré comme pire que la mort. Hé bien, pour leur crime, les moines ont mérité eux aussi un châtiment pire que la mort.
- C'est monstrueux, Yugure ! Vous ne pouvez pas faire cela ! Vous ne pouvez pas vous substituer à la loi !
- De toute façon, c'est trop tard, Genichi-sama.
Genichi est révulsé, mais il a un sursaut d'orgueil :
- Non, senseï, il n'est pas trop tard.
"Mes assistants sont en route, et ils vont arriver à temps.

Feiyan et Sarutobi entrent dans le quartier ouest de la ville. Des moines de Shinsei courent dans les rues, affolés, et plusieurs ont été accueillis par les Mirumoto de l'ambassadeur Dragon, juste à côté.
Devant la maison où se cache l'église, des Araignées montent la garde. Sarutobi, enflammé, parvient tout de même à les saluer brièvement, regarde un instant s'ils vont opposer une résistance. Les Daigotsu n'en font rien, et Sarutobi les écarte pour passer.
Lui et Feiyan fouillent le temple, quand ils entendent du bruit du côté des jardins, que Feiyan a déjà fouillés. Elle se souvient alors du muret au fond, et de la sortie discrète derrière le feuillage. Elle y va : des traces de pas. Derrière, la rive du fleuve, un endroit discret, à l'écart.
Les Araignées sont là, avec des Bayushi également. Parmi eux, Bayushi Ojun, l'informateur. A terre, deux moines égorgés. Des serviteurs finissent de creuser un trou et les Daigotsu tiennent le père supérieur, ligoté et bâillonné. Ils sont prêts à le jeter dedans.
- Savez-vous ce que font les sociétés secrètes, dit Bayushi Ojun, quand elles condamnent quelqu'un à devenir un zombi ? Elle le drogue avec le poisson-globe. La personne respire à peine, son coeur ne bat presque plus, mais elle est encore consciente. Ils la mettent ensuite dans un cercueil. La victime, même si elle est paralysée physiquement, voit et entend tout ce qui se passe. Elle se voit descendre sous terre, elle voit les pelletées qu'on jette sur la vitre de la boîte, et la lumière qui disparaît. Elle vit sa propre mort, les yeux grand ouverts. Et quand elle ressort, elle est devenue un mort-vivant !
"C'est ce châtiment que cette ordure a mérité.
- Désolé, dit Sarutobi pressé, mais cet homme appartient à la justice.
Du reste, Sarutobi lui ferait bien subir le même châtiment qu'à l'Herboriste !

Les Araignées se résignent et laissent le "moine fou" aux magistrats. En repartant, Feiyan s'assure que le quartier est bien bouclé et qu'aucun autre religieux n'a pu le quitter. Et il faudra demander aux amis Dragon de bien vouloir faire sortir ceux qu'ils ont accueillis !

*

Au palais Miya, le silence est revenu. Il fait nuit noire. Genichi et Yugure finissent leur thé, sans mot dire. L'attente n'en finit pas.

Soudain, on entend le remue-ménage habituel des magistrats qui rentrent d'un gros coup de filet ; l'agitation dans le palais, les panneaux qui s'ouvrent, les pas dans tous les couloirs, les ordres lancés... Yugure et Genichi se lèvent en même temps, n'y tenant plus.
Le père supérieur, au grand regret de Sarutobi, est emmené au cachot. Il va y rester un certain temps avant qu'on vienne l'interroger.

Feiyan et Sarutobi arrivent dans le bureau de Genichi, triomphants :
- Nous l'avons !

Yugure soupire de dépit, pour son échec bien sûr, mais aussi parce qu'il ne comprend pas cet idéalisme inflexible chez Genichi.
- Je ne vous retiendrai pas plus longtemps, dit alors le magistrat, aux anges. Je vous remercie de votre aide précieuse, senseï. Soyez assuré que j'ai été honoré de vous recevoir.
Dans le palais, il n'y a plus que quelques bougies allumées. C'est maintenant le silence d'avant le sommeil qui s'est installé.

Yugure se lève et, passant près du magistrat, se retrouve presque nez à nez avec lui.

- Pourquoi faites-vous tout cela, Genichi ?
Genichi se laisse un temps avant de répondre et fixe le senseï :
- Je suis magistrat. J'applique la loi écrite dans le code de l'Harmonie.
Et comme il sait que cette réponse va décevoir le senseï, que c'est insulter son intelligence d'en rester là, il ajoute :
- Mais être un homme de loi ne m'empêche pas d'agir selon une conviction profonde :
"C'est qu'il y a un sort pire que la mort, c'est de vivre dans une cité injuste.


FIN
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Messages In This Thread
RE: Teasers - by sdm - 08-06-2020, 06:11 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 08-06-2020, 06:58 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 08-06-2020, 08:31 PM
RE: Teasers - by Gaeriel - 08-06-2020, 09:07 PM
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RE: Teasers - by Gaeriel - 08-06-2020, 10:47 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 09-06-2020, 07:24 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 09-06-2020, 09:33 PM
RE: Teasers - by sdm - 09-06-2020, 09:34 PM
RE: Teasers - by sdm - 09-06-2020, 09:40 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 09-06-2020, 09:49 PM
RE: Teasers - by Gaeriel - 10-06-2020, 06:25 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 10-06-2020, 07:22 PM
RE: Teasers - by Darth Nico - 11-06-2020, 06:02 PM
RE: Teasers - by sdm - 11-06-2020, 06:45 PM
RE: Iron Rokugan - Teasers et infos sur l'Empire en 1325 - by Darth Nico - 11-11-2020, 07:32 PM

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