14-11-2020, 02:38 PM
(This post was last modified: 19-11-2020, 10:52 AM by Darth Nico.)
Le soir même de l'arrestation des moines de Shinsei : l'entrevue entre Genichi et Yugure se termine. Genichi dit à Feiyan et Sarutobi d'aller se reposer.
Feiyan rentre à l'ambassade. Dans le grand hall, Moto Kohei est là, avec le maître des écuries et les Vierges de Bataille en grandes tenues. Elles courent sur Feiyan, l'attrapent et la font sauter en l'air avec des grands hourrahs !
Feiyan remercie ses "soeurs" pour cet accueil chaleureux.
Moto Kohei annonce qu'il a réservé pour le lendemain soir une grande maison dans le Monde Flottant. Il faut fêter dignement le retour de la fille prodigue de l'ambassade !
Benjiro, l'ambassadeur, a réussi à incruster dans la soirée sa bande d'amis.
Pour l'heure, Feiyan, qui ressent le contre-coup des fatigues du voyage, et du poison du serpent corail, va se coucher.
Le lendemain, la délégation Licorne (Kohei, l'ambassadeur et les Utakus) part donc en grande pompe le lendemain soir, à cheval à travers les rues de la ville. Un spectacle qu'on ne voit pas tous les jours !
Ils font étape devant le Nid. Sarutobi les accueille. Kohei lui dit que les chevaux ont soif... et leurs cavaliers aussi !
Les Licornes entrent dans le Nid pour déguster un petit rhum que Sarutobi a ramené des îles. Ils racontent un peu leurs histoires là-bas, en taisant les éléments les plus désagréables : l'empoisonnement de Feiyan et de l'enfant, la trahison du shugenja Isawa.
Tout le monde part ensuite dans le Monde Flottant. Shiba Handen est là, avec ses amis, et supplie Feiyan de venir l'aider : personne ne veut le croire quand il raconte comment il a abattu d'un coup ce bandit Merenae !
- Feiyan a couru sabre au clair sur ces crapules ! Elle tourbillonnait autour d'eux, on aurait l'esprit des quatre vents, et elle les a combattus vaillamment. Et je suis arrivé ensuite pour lui venir en aide.
Le Daigotsu de la bande ricane :
- Nous croyons tout à fait la première partie du récit... C'est la suite sur laquelle on a quelques doutes !
Mais Feiyan confirme que Handen s'est montré héroïque.
Mais malgré cela, Handen se sent accablé :
- Maintenant, mon daimyo veut m'assigner à la garde du palais !
Ses amis éclatent de rire.
*
Plus tard dans la soirée, le même Daigotsu vient dire à Feiyan que Bayushi Ojun voudrait la voir un de ces jours. Feiyan n'est pas pressée de revoir cet intrigant, surtout si aucune enquête ne l'exige.
En fin de nuit, elle se décide à aller parler à Moto Kohei. Elle lui raconte comment elle a cherché sa soeur dans Porto Maravila, comment elle a appris par le docteur Rijin l'affaire du mariage forcé avec ce Kitsuki. Elle demande à en savoir plus
Kohei l'invite à sortir avec lui, et lui dit ce qu'il sait : Xulian a été fiancée à un shugenja Kitsu avant même de l'avoir rencontré. Elle n'était pas opposée à l'idée d'un mariage, mais quand elle a rencontré le Kitsu, elle l'a tout de suite détesté.
Les Kitsu, connus pour communiquer directement avec les esprits des ancêtres grâce à leurs shugenjas sodan-senzo, sont devenus la famille la plus traditionaliste des Lions, qui sont déjà le clan le plus conservateur, le plus opposé à l'Harmonie.
Or, Xulian avait commencé à prendre goût à Bakufu. Après avoir regretté de quitter la muraille de l'ouest, elle avait fini par trouver du charme à cette ville cosmopolite et pleine de rencontres inattendues. L'idée de devoir finir comme femme au foyer, dans une région inconnue, presque sans liberté autre que s'occuper des enfants, lui répugnait profondément. Elle s'en est ouvert à Moto Kohei, qui la comprenait sur le fond, mais ne pouvait pas intercéder dans cette affaire.
Les relations entre Xulian et sa famille se sont dégradées rapidement, et la soeur de Feiyan a commencé à sombrer dans le désespoir. C'est à cette époque qu'elle fréquentait Togashi Korimi dans le Monde Flottant. A la fin, Xulian était prête à demander le sacrifice honorable pour échapper à ce mariage arrangé.
Kohei ne pouvait pas accepter une chose pareille : il ne voulait pas voir une jeune femme vaillante comme elle sacrifier sa vie.
Feiyan comprend Kohei et reconnaît bien là son sens de la compassion.
L'engagement étant pris vis-à-vis des Kitsu, il devenait impossible de rompre les fiançailles. Xulian a alors honnêtement déclaré à Kohei qu'elle préférait quitter le clan. Ses soeurs Utakus pleuraient, faisaient tout pour la retenir, mais la décision de Xulian était prise : le déshonneur valait encore mieux qu'une vie sacrifiée pour un mari qu'elle détesterait.
Un jour, elle est donc partie. Feiyan dit qu'elle remercie Kohei pour ses éclaircissements. Elle ajoute qu'elle comprend que ce mariage ait déplu à Xulian, mais elle désapprouve évidemment sa décision de partir.
Mais est-elle devenue une rônin ?
Kohei reste évasif : un samuraï qui abandonne son poste et disparaît perd son honneur et son rang. Kohei a donc dû la déclarer disparue. Il a dû dire la vérité aux Utaku et aux Kitsu... ou du moins une partie. Comme Xulian fréquentait quelques gaijins dans Bakufu, il n'a pas eu de mal à raconter qu'elle était partie avec un étranger. Il fallait gagner du temps. Depuis, cette affaire honteuse a été passée sous silence. Rechercher Xulian et la ramener de force n'aurait rien arrangé. Kohei ne sait pas comment les Utakus se sont excusés de cet affront. Ils ont seulement envoyé Feiyan remplacer sa soeur.
La déchéance de Xulian est-elle irreversible ? Par le passé, Kohei aurait dit oui : quand il était jeune, un samuraï qui perd son honneur ne peut jamais le retrouver. Aucun clan ne reprend un rônin. Mais aujourd'hui, à Bakufu, à une époque où les règles traditionnelles perdent de leur force, qui sait ? Il reste peut-être un espoir pour Xulian.
Après cette discussion, Feiyan reste un moment dehors à contempler le ciel étoilé, à réfléchir à sa vie et sa place dans cet Empire.
*
Le lendemain, Genichi reçoit Sarutobi dans son bureau. L'enquête sur Torii est terminée, les "moines fous" ont été arrêtés : les premiers interrogatoires montrent que seuls certains, dont le père supérieur, étaient vraiment corrompus.
Dans toute la ville et dans l'Harmoie, des descentes, rafles et interrogatoires se déroulent pour mettre à bas conspiration. Mais ce travail appartient désormais à d'autres.
Pourtant, il n'est pas sûr que l'Harmonie en ait fini avec le Moine Fou.
- Il se pourrait, dit Genichi, que nous ayons encore du travail pour nous débarrasser d'eux. Je m'avance un peu, mais il se peut que je reçoive de nouvelles attributions, et que j'ai à m'occuper de menaces à plus grande échelle.
Genichi propose donc à Sarutobi de continuer à travailler pour lui, mais cette fois-ci avec un statut plus officiel : Sarutobi intégrerait pour de bon la magistrature Miya avec le rang d'assistant. Aussitôt, Sarutobi accepte l'offre. Genichi n'en doutait pas. Il demande ensuite à Sarutobi de jauger si Feiyan serait prête à sauter le pas, elle aussi.
Mais autant la situation de Sarutobi est simple, puisque les Guêpes sont déjà des magistrats, autant celle de Feiyan est compliquée, car elle devra choisir nettement entre son clan et l'Harmonie.
*
Les fêtes du printemps commencent : toute l'Harmonie va fêter la fin de l'hiver avec des célébrations qui dureront plusieurs jours. Sarutobi invite Feiyan à passer la journée avec lui dans Bakufu pour assister aux manifestations... et l'éblouir avec ce que la ville peut offrir de plus prestigieux.
Chaque clan qui a une ambassade doit organiser des parades dans les rues. Feiyan et Sarutobi assiste aux défilés des bunrakus de théâtre, puis des bunrakus militaires de l'armée de la Tortue. Dans les Naseaux du Buffle, des aéronefs décollent pour une grande parade aérienne, tandis que, depuis le fort militaire, on tire à blanc vers l'océan. Les grands kantetsuken (les tortues de fer) sont de sortie sur la mer, et la foule se presse sur la côte pour les admirer.
Dans la rue, des défilés, des feux d'artifices. En fin de journée, nos héros prennent un thé et Sarutobi demande à Feiyan ce qu'elle pense de Bakufu. Elle avoue s'y sentir plus attirée qu'elle ne l'était au début. En revanche, le dénouement de l'affaire Torii lui laisse un arrière-goût amer : ce sont les Araignées qui ont arrêté le coupable au nez et à la barbe de la magistrature. Et elle n'aurait pas cru les moines de Shinsei coupables, alors qu'ils bénéficiaient de l'indulgence de Genichi.
Sarutobi lui répond que, dans l'ancien temps, les gens étaient peut-être conformes à l'idée qu'on s'en faisait en les voyant. Mais aujourd'hui, les choses ont changé : pour connaître quelqu'un, il faut le fréquenter et voir derrière les apparences. Les gens ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être.
Ils vont ensuite à l'école d'instruction où la fille de Sarutobi a un spectacle avec sa classe, et le soir, Sarutobi révèle à Feiyan la proposition de Genichi.
*
Le lendemain, Genichi invite F et S à déjeuner chez monsieur Jan, le célèbre restaurateur thranois (dont le poisson a été recommandé par le docteur Rijin !). Un grand restaurant à trois étages. Genichi a réservé la salle tout en haut, d'où on a une vue plongeante magnifique sur les Naseaux du Buffle, la plage et l'océan. Monsieur Jan se vante que par temps dégagé, on peut apercevoir les îles de la Mante... ce qui est peut-être survendu !
Repas délicieux. Genichi remercie ses assistants pour leur travail. C'est grâce à eux qu'il a pu faire face au senseï Yugure, car pendant que Genichi lui faisait face, eux ont agi rapidement pour aller arrêter les moines.
Genichi dit qu'il devrait recevoir sous peu des attributions plus importantes, et propose à nos héros de continuer à travailler avec lui.
Comme elle le disait la veille à Sarutobi, Feiyan préférerait, idéalement, retourner vivre dans les grandes plaines de l'ouest. Elle sent que sa vraie place est là. Mais si elle doit rester à Bakufu, il est vrai qu'elle préfère encore être une magistrate que de vivre la vie monotone de la garde Utaku. Elle va choisir, mais il lui faudra de toute façon l'accord de Moto Kohei pour quitter le service de l'ambassade.
Genichi ajoute que le lendemain auront lieu les voeux de printemps du Guide, et il propose à F et S d'y assister. Nos héros sont secoués : c'est un immense honneur pour eux. Ils n'ont jamais vu le Guide et être là serait faire partie de l'élite de Bakufu. Ils ne peuvent évidemment pas refuser. Sarutobi n'aura aucun mal à obtenir l'autorisation de son clan : chez les Guêpes, les deux seuls qui sont conviés habituellement sont Tsuruchi Masako, la Reine et Bakin, alias la Flèche, le doyen du Nid.
Dans l'après-midi, Sarutobi se rend à l'ambassade pour rencontrer Kohei et lui parler de la proposition de Genichi concernant Feiyan.
Ce soir-là, nos héros vont se coucher tôt, car les voeux du Guide ont lieu tôt le matin, à l'heure où l'aurore apparaît sur l'océan.
*
Il fait encore nuit noire quand Feiyan se lève, deux heures plus tôt que d'habitude, pour ses prières matinales et pour se préparer. Dans l'ambassade, les dignitaires se pomponnent aussi. Sont invités aux voeux du Guide : Moto Kohei, comme tous les daimyo d'ambassade ; Ide Benjiro en sa qualité d'ambassadeur ; Utaku Oda, le maître des écuries et Utaku Aoshi, capitaine de la garde Utaku.
La nuit s'achève à peine quand les invités arrivent au palais du Guide. Il faut déjà du temps pour entrer dans le palais, selon un ordre protocole. Puis les invités ont eu collation dans une antichambre, et entrent chacun à leur tour dans la grande salle de l'Harmonie, en commençant par les rangs du fond. C'est là que nos héros sont placés. Sarutobi est visiblement mal à l'aise dans ce genre de cours. Comme tous les premiers participant, nos héros reçoivent un petit livret avec les rituels à suivre pendant la cérémonie.
Dans la salle, ils reconnaissent la plupart des personnages en vue dans Bakufu : le senseï Yugure, le docteur Rijin. Bayushi Ojun, dans les derniers rangs aussi, a sa place. Parmi les autres dignitaires de l'Araignée, Daigotsu Kappon. Les ambassadeurs gaijin de Merenae et Thrane. Le marchand Yasuki Wasutsubo (dit Wasu) est là aussi. Que du beau monde !
Un gong retentit quelque part dans le palais, et au fond de la salle, un grand et lourd rideau s'ouvre. Derrière, un bureau tout en largeur. Le maître de cérémonie annonce :
- Les conseillers de l'Harmonie.
Tout le monde s'incline très bas dans la salle, et neuf personnages viennent s'asseoir : les ministres du Guide. Une majorité de Miya, mais aussi des Daidoji et un Asahina.
Les conseillers s'inclinent devant la salle, puis le gong retentit, et on annonce :
- Le Guide Radieux, maître de l'Harmonie, préside !
Entre dans le plus grand silence un petit homme, l'air très martial, des petites lunettes gaijin sur le nez, portant un éventail. Il salue la salle, et tout le monde s'incline front à terre. Puis le Guide ouvre d'un claquement son éventail, où est dessiné en fil d'or un motif de soleil se levant sur l'océan. Il s'asseoit et dit :
- Citoyens,
l'hiver s'est achevé et nous formons tous le vœu que le printemps soit radieux pour l'Harmonie et pour tous ses habitants.
De grands projets nous attendent et vont requérir dès à présent toute notre énergie. Voici les trois principaux qu'il nous faut aborder aujourd'hui :
Nos routes commerciales maritimes sont menacées par les attaques de pirates qui écument l'archipel. Nous avons rencontré nos amis Yoritomo pour mettre au point un système de défense commune, plus efficace et mieux concerté, afin de protéger nos navires et aéronefs, ainsi que tous les bateaux des nations qui commercent avec nous. A l'heure où je vous parle, cinq kantetsuken flambant neuf sortent des chantiers des Naseaux du Buffle, dotés des équipements les plus modernes contre tous ceux qui voudraient s'attaquer à nos intérêts sur la mer.
Une lutte acharnée contre la contrebande et la piraterie s'engage, qui va nous occuper jusqu'à l'hiver. Notre conseiller à l'Harmonie extérieure a d'ores et déjà mis en branle d'importantes opérations de répression, qui, avant l'été, auront rendu les mers entre nous et l'archipel Yoritomo plus sûr.
Notre front de lutte s'engage avec autant d'ardeur sur terre. Nous avons face à nous la recrudescence d'une insurrection rebelle qui, malgré leur défaite il y a une décennie, viennent à nouveau répandre la terreur dans nos campagnes, et jusqu'au pied des murailles de Bakufu. Avec la collaboration de plusieurs familles amies, nous avons entrepris de pourchasser ces insurgés. Des massacres ont eu lieu à l'ouest de notre capitale, et les coupables vont devoir répondre de ces crimes abominables.
Tout récemment, nous avons mis au jour une conspiration odieuse, dans les murs même de Bakufu. Celle-ci a été promptement défaite et en ce moment même, les conjurés sont interrogés au palais de la magistrature. Nous devons ici saluer l'action de la magistrature Miya, qui a conduit l'enquête sur cette conspiration. Nous savons que nous pourrons compter sur son action, et celle de toute la magistrature pour éradiquer cette menace.
Enfin, cette année sera celle du chantier de notre projet le plus ambitieux, celui qui nous tient le plus à cœur : celui du chemin de fer. Désormais, l'extension du progrès vers l'ouest n'est plus une chimère, mais une réalité. Nos ingénieurs Daidoji et Kaiu achèvent de mettre au point le Dragon de Fer, le premier train qui, bientôt, nous conduira des rives de l'est jusqu'à la grande muraille de l'ouest.
Nous avons demandé à notre armée de la Tortue d'assurer la sécurité du chantier, afin que la pose des rails avance à grande vitesse, et que bientôt, le Dragon de Fer nous transporte encore plus vite jusqu'aux frontières de l'Harmonie.
Le Guide se lève alors :
- Citoyens, je sais pouvoir compter sur votre dévouement, et en ce premier jour du printemps, je vous renouvelle mes meilleurs vœux de santé et de prospérité, à vous tous ainsi qu'à vos familles.
Pour l'aurore d'un monde nouveau, dans l'ordre, et pour le progrès.
La salle se lève et reprend en chœur :
- Pour l'aurore d'un monde nouveau, dans l'ordre, et pour le progrès.
Puis elle ajoute :
- Louanges à toi, Guide Radieux, pour ces paroles qui nous éclairent.
Le Guide referme d'un claquement son éventail, salue et sort.
A leur tour, les neuf conseillers saluent la salle et sortent. Le rideau se referme et, comme à la fin d'une représentation, la salle commence à se lever. Les invités des trois premiers rangs restent pour une réception, tandis que les autres sont libérés pour vaquer à leurs occupations... car il est évident qu'ils ont de travail à abattre pour le Guide ! L'Harmonie en marche !
(Bientôt le niveau de productivité de Vinovo !

En partant, Feiyan et Sarutobi voient qu'un grand nombre de personnes viennent saluer respectueusement Miya Genichi.
De son côté, Feiyan a noté que le Guide a mentionné l'ordre et le progrès, mais pas l'honneur. Elle s'abstient évidemment de le dire.
*
Sarutobi et Feiyan vont boire un verre, encore impressionnés de ce qu'ils ont vu. Ils commentent les décisions du Guide, admiratifs de la reconnaissance que Genichi a reçu, le Guide ayant nommément cité l'action de la magistrature. Feiyan remarque aussi que le Guide a parlé de la menace des insurgés au présent. On peut donc s'attendre à ce que le combat continue sur ce terrain.
Feiyan a besoin de réfléchir, de redescendre sur terre, avant de donner sa réponse à Genichi. On n'est qu'en milieu de matinée, elle descend au Port des Brumes pour aller prendre un thé chez Korimi. Celle-ci finit de s'occuper du tatouage d'un marin, et l'éconduit rapidement une fois qu'elle a fini. Elle tourne le panneau de sa boutique du côté "fermé" et sert du thé à Feiyan : cette fois-ci, elle a pris soin d'acheter une sélection de boîtes différentes pour que Feiyan choisisse celui qu'elle préfère !
Feiyan souffle sur son thé brûlant et l'air de rien, laisse tomber :
- Vous ne devinerez jamais où j'étais ce matin... A la cérémonie des voeux de printemps du Guide.
Korimi manque de s'étouffer. Elle félicite Feiyan pour cet honneur immense.
Les deux amies discutent de choses et d'autres. Feiyan la met au courant de la proposition de Miya Genichi, puis des recherches concernant sa sœur. Elle parle aussi de sa rencontre avec le docteur Rijin pour qui elle a eu tout de suite beaucoup d'estime. Korimi confirme que c'est un personnage honnête, qui fait mentir la réputation de la famille Daidoji.
Feiyan dit qu'elle a appris que sa soeur était promise en mariage à un Kitsu traditionaliste. Feiyan comprend donc pourquoi Xulian est partie, mais elle condamne une décision aussi déshonorable. Korimi, à ce moment, regarde sa tasse de thé et, poliment lui répond :
- Mettez-vous à la place de votre soeur. Qu'auriez-vous fait ?
Pour Feiyan, ce mariage devait être décidé dans l'intérêt supérieur du clan et un samouraï, même s'il ne comprend pas ou désapprouve, doit obéir. Korimi ne dit rien mais son silence en dit long. Feiyan ajoute qu'à la place de Xulian, elle se serait fait une raison et aurait accepté ce mariage.
Korimi s'abstient alors de lui dire : Vous le dites, mais voilà que la magistrature de l'Harmonie vous offre de sortir de la vie répétitive à l'ambassade, et vous en voulez à votre soeur d'avoir échappé à un destin bien plus étouffant que celui de la garde Utaku. Car chez les Kitsu, elle n'aurait même plus eu l'occasion de monter à cheval. Elle aurait été enfermée à vie à s'occuper du ménage et des enfants !
Feiyan, pour ne pas contrarier son amie, propose de changer de sujet. Les deux femmes parlent de choses et d'autres. Les Araignées ont profité des débuts de reconquête sur l'Outremonde pour accéder aux lointains Royaumes d'Ivoire, au sud-ouest de l'Empire, via un étroit couloir qui passe à l'ouest des terres souillés. Les Royaumes d'Ivoire sont un peuple exotique, qui disposent d'énormes animaux, les éléphants. Ils vénèrent des millions de dieux qui se métamorphosent, dont une avec huit bras, un autre avec une tête d'éléphant. Korimi en fait exprès pour voir la réaction de Feiyan, qui s'exclame :
- Barbarie que tout cela ! Les gaijins peuvent être des gens intéressants, mais c'est Rokugan qui reste la terre la plus civilisée et la plus raffinée du monde, celle vers qui tout le monde se tourne avec admiration.
Encore une fois, Korimi ne cherche pas à heurter les préjugés de son amie, mais il est évident qu'elle n'en croit rien. Elle se contente de dire que, même si les gens du Royaume d'Ivoire ne sont pas à Bakufu, on peut trouver certains de leurs produits chez Wasu. Korimi évoque brièvement les lointains royaumes de Thrane et Merenae, les deux nations rivales sur la mer.
Feiyan la remercie encore pour son thé.
Elle a rendez-vous le lendemain avec Genichi pour donner sa réponse. Dans la journée, Sarutobi accepte la proposition et signe les papiers qu'il faut (première fois de sa vie qu'il signe des papiers !) puis s'installe dans un bureau attenant au grand bureau de Genichi. Le voilà désormais magistrat de l'Harmonie !
Pour fêter cela, il va offrir la tournée à ses camarades du Nid.
Le soir, Feiyan va voir Moto Kohei et lui dit qu'elle est prête à accepter la décision de Genichi.
- Je serai loyale envers la magistrature mais je resterai toujours fidèle à mon clan. Et je ne finirai pas mes jours à Bakufu, je ferai tout pour revenir un jour dans les terres de l'Ouest.
A cet instant, Kohei a le même air sceptique que Korimi. Il tient honnêtement à l'avertir que cette solution du "en même temps" ne tient pas :
- Si vous jurez loyauté à la magistrature, alors cette loyauté passera avant celle à votre clan. Ce qui veut dire que, dans le pire des cas, vous pourriez avoir à enquêter sur nous.
La résolution de Feiyan est douchée : elle n'avait pas envisagé les choses sous cet angle. Elle reconnaît pourtant que Kohei a raison. Un samouraï ne peut pas avoir de loyauté envers deux clans, ne peut pas partager son honneur. Elle doit donc choisir résolument une seule voie.
Pour finir de vider les sujets pénibles, Kohei ajoute :
- Comme votre soeur, vous avez ce besoin d'aventure et d'imprévu. Je la reconnais dans le ton que vous employez. Mais contrairement à elle, vous avez la chance de quitter le clan par le haut.
Feiyan encaisse la remarque, qui est juste. Elle remercie Kohei pour ses paroles. Celui-ci ajoute que Feiyan sera évidemment toujours la bienvenue à l'ambassade et qu'il sera toujours heureux de l'aider quand elle en aura besoin. Feiyan demande la permission de laisser sa monture aux écuries et de pouvoir venir s'en occuper régulièrement. Kohei accepte volontiers, et dit qu'il va demander une remplaçante pour la délégation Utaku :
- Vous en serez quitte, Feiyan pour offrir un cadeau de départ à vos soeurs Utaku.
Feiyan passe donc une dernière soirée avec les Utaku, et le lendemain, se rend au bureau de Genichi. Sarutobi est là. Feiyan accepte de rejoindre la magistrature de l'Harmonie. Tandis qu'elle signe à son tour, un bruit strident retentit dans le bureau de Genichi. Sous le regard éberlué de ses assistants, il décroche le combiné d'un appareil moderne et dit dedans :
- Oui, seigneur conseiller de l'Harmonie intérieure, mes premiers assistants sont là. Je m'occupe de les accueillir parmi nous et je continue à réfléchir aux autres personnes que je souhaite recruter.
Genichi raccroche le téléphone, satisfait :
- Vous avez entendu notre Guide, nous avons quantité de travail qui nous attend !
A suivre dans le premier épisode de ce deuxième chapitre de L5R - 1325...