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Episodes
#22
[Image: Muv6tPJ.jpg]


« Subitement, une grande clarté se fit, la pluie discontinua, les nuées se désagrégèrent, le vent venait de sauter, une sorte de haute fenêtre crépusculaire s’ouvrit au zénith, et les éclairs s’éteignirent ; on put croire à la fin. C’était le commencement. »

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, deuxième partie, livre III, ch.6

La trombe aspire à la fois la mer et le ciel, qui se retrouvent emmêlés dans cette colonne tortueuse qui danse dans les ténèbres.
Le Whidah Galley avance vers elle, toutes voiles repliées, incapable désormais d'échapper à son attraction. Le Tigre, le navire de de Graaf, a déjà disparu. Il est caché par l'espèce de mur de nuage poivrées qui s'est refermé derrière Bellamy et son équipage. On a encore vu un boulet franchir cette barrière noire, pour s'écraser, dérisoire, dans les vagues qui ressemblent maintenant à des gueules de chiens enragés.
Mais le plus étonnant a été d'entendre, quand on pouvait encore entendre quelque chose, des cloches résonner dans le mugissement qui monte des flots. Bellamy a alors éclaté de rire au moment où le navire de cette vieille fripouille de Gan Ling apparaissait dans un jaillissement d'écume. Lui aussi brave tout pour échapper à de Graaf : l'éclair, la nuit, la tempête et le trombe, tout pour semer le corsaire Thranois que l'on surnomme le diable blond. Car De Graaf est réputé pour sa cruauté et son équipage, pour sa férocité. Dans sa cabine, il collectionne les crânes de ses ennemis. Quand la maison de Kriengburg fait appel au diable blond, c'est pour châtier un ennemi d'une façon spectaculaire. Sa dernière prise, qui l'a fait entrer dans la légende, n'est autre que le fameux avalonien Edward Teatch, que tous surnommaient Barbe Noire. De Graaf a réussi à le capturer après une folle course-poursuite dans l'archipel-sous-le-vent. Le diable blond a ramené, triomphant, le plus redouté des pirates au prince-électeur de Kriengburg, qui l'a fait pendre sur la place centrale de Bewerdjick. Alors qu'il avait déjà la corde autour du cou, Teatch a accepté un dernier verre et a crié au prince de Kriengburg que dans une heure, il boirait à sa santé avec le diable. Il a éclaté d'un rire que la corde a étranglé. A cette heure, avec ses six pistolets rangés sur les poches de son torse, les mèches lentes qu'il s'entortillait dans les cheveux pour effrayer ses ennemis, Teatch doit festoyer avec tous les démons.

Si Bellamy et Gan Ling ont choisi la fuite désespérée, c'est parce que de Graaf a un navire bien supérieur aux leurs, et parce qu'il est suivi de deux sloops rapides. Or, Bellamy n'a jamais fait le vœu de combattre et son équipage ne s'est pas engagé pour cela. Ils sont venus dans le Whidah Galley pour piller des navires. Et c'est pour cela que de Graaf était après eux, depuis que Bellamy a capturé ce Thranois lors d'un abordage qui a servi de baptême de piraterie à nos héros !

C'est un spectacle ahurissant de voir le navire de Gan Ling avancer, avec sa proue démoniaque, ses belles voiles en soie et ses grosses cloches qui font ce tintamarre bien connu de ses victimes. Sarutobi a eu le temps de voir ce bâtiment qui doit venir des Mantes, et il a fait le lien avec les cloches du temple des cloches de la mort. Par quel coïncidence un pirate peut-il avoir surnommé son navire le Shimushigaki, du nom de ce démon buveur de sang qui hante le temple des cloches de la mort, au sud de Kyuden Suzume ?...
S'ils survivent au passage de la trombe, Sarutobi se promet d'aller parler à ce Gan Ling.

A présent, même les cloches ne retentissent plus assez fort pour couvrir le bruit monstrueux qui provient de la trombe. Celle-ci a un appétit d'ogre et les deux petits navires pirates ne vont pas servir à la rassasier. Au minimum, elle va les broyer et les pulvériser avant de continuer son avancée erratique sur la mer.

Petit à petit, le soleil crépusculaire a été dévoré par les nuages, les rares étoiles à leur tour sont avalés par les monstres noires qui évoluent au-dessus de la mer. A bord du Whidah Galley comme du Shimushigaki, les hommes ont tout fait pour se préparer : les voiles sont nouées, le pont est dégagé, les tonneaux d'eau douce sont coincés entre de lourdes caisses et le tout est attaché par des chaînes. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre la suite. Ils sont une bonne centaine de condamnés en sursis, attendant la condamnation ou que leur peine soit commuée.
Le ciel craque de partout, les éclairs pleuvent, la mer est percée par la grêle aussi loin qu'on puisse voir, la trombe aspire tout ce qui passe, et les nuages les plus fragiles semblent avoir disparu dans un cri d'épouvante.
Dans les cales, Bellamy fait distribuer une ration de rhum à tout le monde. Gan Ling doit faire pareil. Les deux capitaines se sont hélés de loin, se saluant en frères terribles. Ils ont hissé des pavillons pour confirmer qu'il n'y aurait pas d'attaque entre eux. Bellamy et Ling n'ont pas eu besoin de s'entendre pour savoir que chacun souhaitait bonne chance à l'autre : s'ils se revoient, ce sera après avoir passé une porte de l'enfer !

Maintenant, la mer est creusé au maximum, et le Whida oscille comme un planche minuscule. Le pont doit être balayé d'écumes, comme lavé à grandes eaux savonneuses. On imagine à peine l'enfer que cela serait de s'y trouver en ce moment.
A chaque fois qu'on a passé le sommet d'une vague, on redoute la redescente angoissante qui arrive fatalement, et c'est à chaque fois comme si on tombait dans un gouffre, sans savoir si on va remonter ou être englouti pour de bon.
Bellamy se demande s'il a eu raison. Il a pris une décision terrible et ses hommes l'ont compris. Et ils ont obéi sans sourciller. Le capitaine avalonien a confiance dans le Whida Galley, c'est un bâtiment solide et maniable, bien plus que le Tigre de de Graaf, et c'est pour cela que le Thranois n'a pas pu les suivre.

Alors que les hommes attendent, résignés, un craquement sinistre parcourt le navire, qui semble le déchirer de la proue à la poupe comme si c'était les ongles de la mort en personne. Des hommes arrivent et signalent une voie d'eau dans une soute. Deux canons sont tombés à la mer avec des caisses de boulets. Bellamy demande des volontaires pour tenter de colmater la soute avant qu'il ne soit trop tard. Korimi, Meikudo, Feiyan et Sarutobi y vont avec d'autres hommes. Ils n'auront pas le temps de sauver le contenu de la cale : ils peuvent juste voir les caisses disparaître par le trou de la coque, engloutis dans l'obscurité liquide et hurlante. Les charpentiers arrivent avec les plus lourdes planches de réserve. Certains les tiennent et d'autres se mettent à les clouer tant bien que mal. A chaque secousse, l'eau gicle par les trous. L'effort est harassant. Une planche n'a pas le temps d'être clouée qu'elle éclate, manquant d'éborgner deux hommes. Il faut tout recommencer, pendant qu'une chaîne s'organise pour écoper.

Enfin, après plusieurs minutes, la cale est colmatée, l'eau est contenu. Alors que tout le monde travaillait, on est passé au plus près de la trombe, qui, si elle pouvait, sourirait aimablement devant ces efforts touchants. Pour aujourd'hui, la démonne des eaux se montre clémente : elle épargne les hommes. Elle les regarde passer dans sa robe mousseuse, aérienne, assourdis par le hurlement des vents, et soudain, alors que le Whida ressort de sa traîne, le vent retombe et on n'entend plus rien. Le silence est stupéfiant.
Les hommes laissent éclater leur joie. Nouvelle tournée de rhum !

Maintenant, la mer est totalement plate, à peine distincte de l'épaisse poisse qui la recouvre. La brume a tout envahi et assourdit tout. Le Whida semble voler dans les limbes, entre une eau grise qui se confond avec le ciel posé sur elle. Dans le lointain, on entend retentir des cloches. Les hommes de Bellamy éclatent de rire et sortent sur le pont. On ne discerne pas le Shimushigaki mais on le devine.
Le Whida Galley avance dans une sorte de soupe d'algues orangées. On croirait pouvoir marcher sur l'eau, sur ce chemin luisant et gluant. La brume se dissipe à son tour, et c'est comme si on découvrait le soleil pour la première fois. La mer retrouve sa couleur bleue virginale, et on voit même sauter des poissons qui semblent accueillir les visiteurs.

*

Il fait un temps magnifique mais il n'y a plus un poil de vent. Après avoir traversé l'enfer, le Whida semble emprisonné au paradis. Aucune terre à l'horizon, pourtant parfaitement dégagé. Bellamy et Gan Ling collent leurs navires. C'est Bellamy qui passe sur le Shimushigaki. Ils s'embrassent avec cette vieille fripouille, qui offre le verre de bienvenue à tous les officiers du Whida Galley. Nos héros sont là aussi. Les hommes des deux navires se saluent et commencent qui à jouer aux dés, qui à improviser un concert, qui à faire des bras de fer.
Gan Ling a reconnu des compatriotes en nos héros, mais il ne semble pas ravi de les voir à son bord.
Quand Bellamy a terminé de discuter, Sarutobi échange quelques mots avec Ling. Bellamy devine qu'ils ont des choses à se dire. Il tape sur l'épaule de Sarutobi :
- You stay here, mister Wasp, and you come back on board when you're done, ok ? Take your time...
Bellamy trouve amusant de surnommer Sarutobi « monsieur Guêpe ». Après tout, c'est marqué sur ses habits.

Sarutobi prend son temps pour questionner Gan Ling sur son passé, l'air de rien. Il va le faire comme au Nid pour ses meilleurs « clients », à la chansonnette ! La cabine du capitaine du Shimushigaki est en train de se transformer en salle d'interrogatoire. Mais à l'amiable, hein !
Pourquoi Ling se sent-il obligé de répondre ? Habitude ? Il admet être déjà passé par le Nid, à l'époque où il cherchait à quitter Bakufu. C'était il y a dix ans, en fait, au moment de la première insurrection des Poings de Justice.
A l'époque, il était un simple moine au temple des cloches de la mort. Pendant des années, il a sonné quotidiennement ces fichues cloches, pour empêcher ce démon buveur de sang de revenir dévorer les vivants ! Rien d'épuisant en soi, mais il ne se plaisait guère dans cet emploi !
Il y a deux siècles, des conspirateurs ont volé une des cloches, dans le but de capter le pouvoir du gaki. Une histoire tortueuse, durant laquelle le clan du Lièvre a été accusé d'avoir pactisé avec ce démon. La famille Usagi a été déchue, mais l'héritier, Ozaki, a réussi à s'échapper. Avec l'aide d'un magistrat d'Emeraude, il a pu retrouver les vrais coupables et refonder son clan. Mais pas sans que le Shimushigaki soit venu du royaume des âmes enragées et n'ait provoqué une terrible bataille.

Sarutobi a vu l'esprit d'un samouraï Kakita qui combattait dans le temple. Sans doute ce magistrat ou un de ses assistants.
Vieilles histoires, tout cela, mais Gan Ling a des informations plus fraîches : il y a dix ans, un Dragon tatoué est venu au temple pour se renseigner sur le pouvoir du Gaki. Il avait l'allure d'un moine tatoué, donc il devait être Togashi. Il était chauve, avec un troisième oeil tatoué sur le front. Il appartenait à un ordre vénérant Onnotangu, le seigneur de la lune, et se faisait appeler l'Oeil du Tao. Et ce personnage qui a aidé les Poings de Justice à s'organiser contre l'Harmonie.
C'est à ce moment que Gan Ling a trouvé que les choses devenaient malsaines. Il a été enrôlé dans les Poings de Justice, mais il a déserté à la première occasion. Il a fui dans Bakufu, a fait son temps chez les contrebandiers du ruban bleu, a visité quelques fois le Nid, puis a trouvé une place à bord d'un navire qui partait pour l'archipel. Puis il est devenu le capitaine de son propre navire. En souvenir de son passé, il lui a donné le nom du démon gaki, et il a eu l'idée de mettre ces cloches pour effrayer ses proies. Mais il n'y a aucune magie à bord de son navire, il en serait bien incapable.

Sarutobi, stupéfait d'apprendre tout cela, ici, dans cette mer d'huile du bout du monde, mémorise soigneusement. Le soir, il fait part de ce qu'il a appris à ses amis. Cet Oeil du Tao est au minimum un responsable important de la Sainte Triade ! Un fanatique qui monte des révoltes contre l'Harmonie et qui se renseigne sur le pouvoir d'un énorme gaki et des esprits malsains qui sont apparus au temple...

Bellamy salue Gan Ling et ordonne de mettre le cap sur une cité amie, Dunwall.

*

Dunwall est la cité des brumes, de l'acier, des baleiniers qui ramènent les immenses carcasses sanglantes dans le port envahi par la vapeur. Le froid est piquant, l'eau salée ronge la basse-ville. Des bâtiments gris qui deviennent noirs sous le ciel étoilé. Partout, l'humidité, les odeurs rances. Les bâtisses d'où fument des cheminées crachotantes et qui laissent deviner la vie rude et sans joie des marins. L'aurore est argentée, avec un soleil laiteux qui darde sur les entrepôts.

Bellamy félicite tous les hommes pour ce rude voyage. Il leur donne trois jours de permission :
- Enjoy your life, go see the girls, get drunk and come back for a fresh new journey !
La plupart des hommes passeront ce congé dans les bouges du bord de mer.
Meikudo a compris que Korimi et Feiyan ne voudront pas rester dans ce quartier mal famé. Elle les emmène plus haut dans la ville. Au bout de la grande avenue qui monte du port, un grand château d'eau avec une horloge. De grandes maisons bourgeoises dont les balcons sont décorés de barrières en fer forgé. Des calèches, des dames dans de grandes robes mauves, des hommes aux chapeaux haut de forme. Des boutiques aux enseignes peintes. Un magasin de jouet devant lequel des enfants bavent d'admiration.
Rapidement, les trois femmes sont l'attraction de tous les jeunes séducteurs qui voudraient les emmener dans des virées du diable. Mais Feiyan sait tenir à l'écart les Dunwalliens trop entreprenants. Les trois femmes prennent le temps de se promener. Elles sont surprises par le sifflement qui vient d'un grand bâtiment en acier : un train, la chaudière bouillante, qui crache déjà sa fumée noire et part plus loin dans l'île. Ainsi, les Avaloniens ont déjà un chemin de fer ! Les wagons transportent du charbon, du poisson dans la glace ou encore des pouterelles en acier sorties des manufactures de l'ouest de Dunwall.
En remontant encore, elles sortent du nuage crasseux qui stagne sur la ville et découvrent un charmant quartier aux ruelles pavées. Elles entrent dans un restaurant où on leur sert des crêpes avec du jambon et des œufs, la spécialité de la région ! En boisson, du cidre dans un pichet en grès.
A ce moment, Feiyan se sent vraiment au bout du monde. Elle se demande si Rokugan n'est pas dans un autre monde.

Deux jours plus tard, Bellamy est à pied d'oeuvre : il fait réapprovisionner les soutes, réparer de fond en comble les cales, les mats, recoudre les voiles. Les hommes, qui sont revenus de leur virée de débauche, se remettent aussi au travail.
Le surlendemain, avec la marée descendante, le Whidah Galley largue les amarres et repart vers les îles de la Mante. Le navire est bientôt décrassé de toute la poussière de charbon accumulée dans le port glauque de Dunwall. En deux jours, on retrouve le beau temps, le vrai ciel bleu, la chaleur des tropiques.
Bellamy reçoit nos héros dans sa cabine et leur annonce qu'il s'est renseigné à Dunwall sur les négriers Thranois. Dans les tavernes, on trouve tous les renseignements, quand on sait s'adresser aux bonnes personnes.

Après trois jours de traversée calme, un bâtiment de la maison de Krienburg est en vue : De vrolijke visser, le pêcheur joyeux. Mais aujourd'hui, c'est le Whidah Galley qui va le hameçonner !
Le Thranois est un bâtiment négrier, les informations de Bellamy étaient bonnes. Il fait bien 90 pieds de longs, et doit contenir au moins cent cinquante esclaves. Il est peu défendu, car cette route est peu fréquentée, se trouvant loin des criques et des îles d'où les pirates ont l'habitude de faire partir leurs raids.
La veille, le Whidah a été rejoint par un navire allié, le Prince Joachim du capitaine Olivier d'Exquin, un vieux compagnon de route de Bellamy. Les deux vont s'allier pour prendre en tenaille le Thranois. Le Prince est plus rapide : il approche par l'arrière tribord et lance quelques coups de semonces, pendant que le Whidah approche par babord et lance lui aussi plusieurs boulets, qui tombent à l'eau juste avant de fracasser le Vrolijke visser !
Les hommes de Bellamy et d'Exquin se tiennent prêts pour un abordage simultané, mais le capitaine Thranois fait hisser le drapeau blanc.
- Goodness gracious, s'exclame Bellamy, that's almost too easy !
Les deux capitaines avaloniens sont accueillis à bord par le capitaine Van der Loen, qui admet sa défaite. Les pourparlers seront brefs, car Bellamy a déjà sa petite idée : il s'empare du bâtiment Thranois, d'Exquin s'empare de sa cargaison et en échange, Van der Loen peut repartir sur le Whidah Galley ! Bellamy avait une certaine attache sentimentale pour ce navire, mais dans son métier, on ne peut pas trop laisser cours à ce genre de sentiments ! Bellamy fait déplacer à bord du Visser ses canons et son matériel. Il laisse les hommes de d'Exquin s'emparer des richesses à bord. Mamballa est dans les premiers à descendre dans les soutes : quelques esclaves Nambiwa en effet, parmi la trentaine qui se trouvent là, mais aussi d'autres peuples des îles, même des Rokuganis et des Merenae. Ils vont partir avec d'Exquin, qui a promis de les déposer sur une île amie.
Pendant ce temps, Bellamy, qui a un certain sens pratique, discute avec ses charpentiers pour réaménager le Visser. Il va falloir rapetisser les quartiers du capitaine, trop luxueux, et faire de la place pour mettre plus de canons ! Ensuite, il s'agira de le rebaptiser ! Au passage, Bellamy fait fouiller les dossiers de Van der Loen, qui a ses accréditations pour entrer sur l'île du Requin. Il confie le dossier à Meikudo. Cela sera précieux pour se rendre là-bas, et retrouver où sont partis, il y a quatre ans, les Nambiwa des îles perdues.
- Good, good ! fait Bellamy en fumant sa pipe. We've done a good job, mister Wasp !

Il annonce qu'après une si belle prise, il va falloir marquer une nouvelle pause : cap sur la baie d'Along ! Là-bas, Bellamy trouvera de quoi remettre à son goût le Visser et nos héros pourront rencontrer une des plus grosses fripouilles des frères de la Côte, Seong Feng !
Feiyan se souvient de ce nom : c'est le docteur Rijin qui lui avait parlé de ce membre de la grande confrérie, qui a ses entrées sur l'île du Requin. A Porto Maravila, Jamal leur a dit qu'il a travaillé dans le temps pour Seong Feng, avant d'acheter son indépendance comme capitaine d'aéronef.

Quatre jours plus tard, le navire de Bellamy, renommé The Hungry Fisherman (le pêcheur n'est plus joyeux, il est affamé !), entre dans la somptueuse baie d'Along, glissant sur son eau turquoise, entre ses îles aux falaises recouvert de végétation. A l'entrée de la ville de Gaong-Bak, un grand marché flottant : des centaines d'embarcations où l'on vend de tout, des légumes, des oiseaux, des épices, avec des planches pour passer de l'une à l'autre.
Dans les rues, un vacarme insensé : la foule, les pousse-pousse, les cris des vendeurs à la sauvette, une vraie ruche !
Seong Feng est le seigneur redouté de la ville : il réside dans le plus grand bâtiment, dont tout le rez-de-chaussée est une vaste salle de jeu. Les gens s'y pressent avec avidité, s'entassant aux tables malgré la chaleur étouffante. Derrière des persiennes, dans une épaisse fumée, l'argent passe de mains en mains, fébrile, les dés roulent, des miséreux achèvent de tout perdre, tandis que des employés, impassibles, empochent les mises perdues.
Bellamy s'essuie le front et glisse quelques pièces ici et là, puis il dit à nos héros de suivre une stoïque vieille dame, mince comme une puce, très maquillée, avec du violet à lèvres et du fard sur le visage, qui les emmène dans un long couloir sombre, puis tout en haut d'un escalier. Elle les introduit dans une antichambre, gardée par deux énormes gaillards torse nus. Puis nos héros entrent dans un grand bureau où, derrière les rideaux tirés, on devine une vue magnifique sur toute la baie.
Seong Feng est grand, sec, de longues moustaches en lame de rasoir. Il porte une longue robe de satin orange, avec des boutons brillants qui sont sans doute des diamants. Il fait servir à boire et s'adresse à ses visiteurs dans un Rokugani assez correct.
Sarutobi lui explique qu'ils veulent entrer à l'île du Requin grâce à son aide. En échange, ils peuvent offrir de l'argent, de l'argent Thranois plus exactement.
Seong Feng affiche un large sourire puis dit que l'argent ne l'intéresse pas, car son aide leur coûterait beaucoup plus cher que ce qu'ils peuvent offrir. Il a compris en réalité qu'il n'a pas affaire à de simples pirates. Ce ne sont pas des hommes de ce vaurien de Gan Ling. Les manières et l'accent de Feiyan et Sarutobi trahissent leur origine. Sans le dire explicitement, Seong Feng leur fait comprendre que, grâce à leur origine et leur position sociale, ils peuvent lui être bien utiles autrement.
- J'ai une certaine inimitié gênante avec mon voisin de l'île des Epices, le gouverneur Yoritomo Daizu. Il a décidé de me mener une guerre sans répit, en attaquant mes navires, alors que je n'ai aucun souvenir de l'avoir agressé. Admettez que c'est incompréhensible. Il refuse de m'écouter mais vous, je suis certain qu'il vous prêtera une oreille plus attentive. Allez le voir, demandez-lui de cesser de harceler mes navires, et je vous ouvrirai les portes de l'île du Requin.
« Je sais comment sont les Rokuganis comme vous. Des gens à qui l'on peut faire confiance, n'est-ce pas ?
- Nous irons voir Daizu pour lui demander de vous laisser en paix, répond Feiyan. Chez un samouraï, les paroles et les actes ne font qu'un.
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Episodes - by Darth Nico - 08-11-2020, 02:41 PM
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RE: Episodes - by Darth Nico - 08-11-2020, 02:48 PM
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RE: Episodes - by Darth Nico - 11-02-2021, 06:40 PM
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RE: Episodes - by Gaeriel - 05-07-2021, 08:59 AM
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