16-12-2003, 08:56 PM
La trahison de la Comtesse
Saint-Huant prit le temps de réaliser cette évidence, que la Comtesse avait manigancé cette affaire.
- Il va falloir vous y faire, dit Steenwyck, si Bathory n’était pas dans le coup, elle serait venue à votre secours.
- Mais c’est dément ! c’est dément ! pourquoi en a t-elle après moi ? je ne la connaissais même pas auparavant…
- Ouais, et moi, ajouta Fraundon, j’ai trahi son pire ennemi. Elle devrait m’en être reconnaissante, non ?
- Possible, fit Steenwyck.
Saint-Huant plongea les mains dans sa tête, en essayant d’avaler toutes ces révélations. Il ne comprenait plus du tout ce qui se passait. Les deux Nosfératus allaient et venaient dans la pièce : ils surveillaient les fenêtres et les portes. Steenwyck, immobile, toisait les deux Caïnites, assis, qui essayaient de comprendre.
- Je n’en sais pas plus que vous, déclara t-il.
- Mais vous, qui êtes-vous ? Au service de qui êtes-vous ? pourquoi être venu à notre secours ? reprit Saint-Huant.
- Vous le saurez bien assez tôt. Sachez simplement ceci pour le moment : ces gangsters étaient bien de mèche avec Bathory. Vous ignorez sans doute que celle-ci a des liens avec une organisation humaine, The Sacred Life Foundation, basée dans le Dakota, qui s’est donnée pour but d’exterminer tous les êtres possédés par la Bête. Ces dernières années, Bathory a décidé de réprimer sa nature de Caïnite : elle a plus que de la sympathie pour ce mouvement. Elle a sans doute voulu vous offrir en pâture, pour prouver son engagement à la cause. La Fondation a une vitrine officielle : des bonnes œuvres religieuses, des orphelinats. Elle cache des brigades d’humains particulièrement féroces dans la chasse au Caïnite. Ils ont frappé en Europe, et même en Asie, contre des kuei-jin. Evidemment, ils sont comme culs et chemise avec l’Inquisition.
- Je vois, dit Fraundon, nous sommes deux beaux spécimens pour cette Fondation. Ils voulaient sans doute nous empailler et accrocher notre buste au mur de leur salle de réunion.
- J’ignorais parfaitement que Bathory avait parti lié avec cette Fondation. Mais pourquoi nous deux ?…
- Oh, pour vous je n’en sais rien, dit Fraundon, mais inutile de faire l’enfant de chœur : vous devez bien savoir quand la Bête est venue vous titiller. Et moi, c’est pas dur de deviner. Je commence à traîner une réputation sanglante. Bathory a dû profiter que j’étais traqué, elle s’est dit que j’étais un cadeau idéal. Que personne ne me réclamerait si je disparaissais.
- Et puis vous êtes au courant, pour une certaine Bête qui rôde à Vincennes, suggéra l’un des Nosfératus.
- Ah d’accord, je vois le genre, répliqua Fraundon. Vous voulez nous tirer les vers du nez. Vous semblez en connaître bien assez sur mon compte. Steenwyck, vous n’avez qu’à me raconter les turpitudes de monsieur de Saint-Huant, je serais curieux de les apprendre.
- En quoi ma vie vous intéresse maintenant… maugréa le Toréador
- J’ai envie de faire connaissance voilà tout.
Le Gangrel avait eu un sourire méchant.
- Ce n’est pas très compliqué, dit le deuxième Nosfératu. Monsieur Pierre-Yvon de Saint-Huant passe pour avoir des positions disons hétérodoxes sur la Mascarade. Il fréquente peu le Louvre. En revanche susurra le Nosfératu, la compagnie de certains milieux interlopes lui réussit bien. Son carnet d’adresses ne doit pas contenir beaucoup de ducs et de personnalités du gratin mondain, mais en revanche, pour ce qui est des pontes du Sabbat, voire de certains membres de clans interdits, je crois qu’on ne chercherait pas en vain…
- Mais c’est faux ! protesta le cinéaste.
- Arrêtez votre cirque, Saint-Huant, fit Fraundon, goguenard, en lui tapant sur l’épaule, on a tous nos petits vices cachées. Et c’est le boulot de ces rats d’égout de nous faire chanter grâce à ça…
- Je ne suis pas un rat d’égout, vilaine bête ! Je m’appelle Perséphone.
- Enchanté, ma belle. Appelle-moi Mathias. On ira boire un verre ensemble un de ces soirs.
- Ça suffit, intervint Steenwyck. Ecoutez ce que Perséphone veut vous dire.
- Merci, dit celle-ci en se rengorgeant, comme un juriste qui veut se donner de l’importance au moment de lire un acte de loi. Il se trouve que monsieur de Saint-Huant n’est pas tellement dans les bonnes grâces de l’Elysium. Et qu’il connaît beaucoup de chose sur ce qu’on appelle « le monde des ombres »… S’il lui arrivait malheur, il est certain que le clan Toréador ne ferait pas trop d’effort pour sauver la tête d’un anarch avéré !
- Mais c’est faux ! qu’est-ce que c’est que ce procès moscovite ! (Saint-Huant s’était levé de son tabouret.) Vous voulez pas que je signe des aveux, non plus ! Je n’ai pas de leçon de morale à recevoir d’un maître-chanteur !
- Rasseyez-vous, dit Steenwyck.
Devant la menace du revolver, le cinéaste se rassit.
- Je vous explique juste pourquoi la Comtesse Constance Bathory vous en veut, dit posément Perséphone.
- Mais bien sûr ! lança Saint-Huant, hors de lui. Qui peut ignorer que cette salope a recours aux services des Tzymisce pour se refaire une beauté de temps en temps ! L’immortalité, ça use vous savez !
Fraundon partit d’un grand rire.
- Ah, le ravalement de façade ! j’imagine ça d’ici ! tout à fait ! la chirurgie esthétique très fine, au marteau-piqueur et à la scie-sauteuse ! Ça nous change du piercing !
- S’il ne s’agissait que de ça, dit sournoisement Désastre, le deuxième Nosfératu, monsieur de Saint-Huant ne nous apprendrait pas grand-chose…
- Très bien, fit le Toréador, vous voulez connaître la vérité qui traîne dans le « monde des ombres » à propos de la Comtesse Bathory ? menaça le cinéaste. Je serais surpris que l’on ne sache pas ça dans les égouts d’ailleurs…
- Racontez-nous donc, proposa Perséphone.
- D’abord, donnez-nous donc à boire, dit Saint-Huant. C’est indécent d’avoir le gosier sec comme nous. Qu’est-ce que vous en pensez Fraundon ?
- Je suis bien d’accord avec vous ! Il y a un délicieux porto à la cave, que « monsieur de Saint-Huant » et moi avons déjà dégusté. Je ne cracherais pas sur une autre bouteille, à vrai dire.
- Mais ce n’est pas le Ritz ici ! protesta Perséphone, indignée. Où vous croyez-vous !
- Non, ils ont raison, dit Steenwyck. Désastre, va chercher quelques bonnes bouteilles à la cave. Perséphone, va chercher des verres. Je reste ici pour les surveiller.
Fraundon repartit d’un grand rire. Saint-Huant, pourtant plus réservé, ne manqua pas non plus l’occasion de ridiculiser des deux détestables Nosfératus.
Une fois ces deux derniers partis, Saint-Huant reprit son sérieux :
- Qui êtes-vous, Steenwyck ? Pourquoi êtes-vous venus ici ?
- Attendez, dit le Toréador, en allant ouvrir la fenêtre.
On entendit l’arrivée d’une grosse voiture qui se garait devant la maison.
- Voici quelqu’un qui va vous expliquer ça mieux que moi, dit Steenwyck.
Le moteur de la voiture fut coupé. Portière qui claque. Une minute après, on sonnait. Perséphone, de retour avec les verres, s’empressa d’aller ouvrir. Une forte odeur de Caïnite envahit les lieux. Désastre revenait avec du sang dans une carafe et plusieurs bouteilles d’alcool. Il servit Saint-Huant.
- Je vous remercie, dit celui-ci poliment, en savourant du regard les verres. Qu’est-ce que vous prendrez, Fraundon ? Mais… qu’est-ce qui vous arrive ?
Fraundon s’était levé, apeuré. Dos au mur, il avait sorti ses griffes. Perséphone revenait avec le nouvel arrivant vers le salon. Steenwyck pointait fermement Fraundon de son revolver :
- Rétracte tes griffes, Gangrel. D’ici, je te loge une balle entre les deux yeux à coup sûr. Rassieds-toi et calme-toi.
- Mais oui, range donc tes griffes, mon cher Naundorff. Nous sommes tous ici en bonne compagnie.
Saint-Huant se retourna pour voir qui venait d’arriver. Il blêmit à son tour : c’était Hiéronymus Lucien.
[i]A suivre...
Saint-Huant prit le temps de réaliser cette évidence, que la Comtesse avait manigancé cette affaire.
- Il va falloir vous y faire, dit Steenwyck, si Bathory n’était pas dans le coup, elle serait venue à votre secours.
- Mais c’est dément ! c’est dément ! pourquoi en a t-elle après moi ? je ne la connaissais même pas auparavant…
- Ouais, et moi, ajouta Fraundon, j’ai trahi son pire ennemi. Elle devrait m’en être reconnaissante, non ?
- Possible, fit Steenwyck.
Saint-Huant plongea les mains dans sa tête, en essayant d’avaler toutes ces révélations. Il ne comprenait plus du tout ce qui se passait. Les deux Nosfératus allaient et venaient dans la pièce : ils surveillaient les fenêtres et les portes. Steenwyck, immobile, toisait les deux Caïnites, assis, qui essayaient de comprendre.
- Je n’en sais pas plus que vous, déclara t-il.
- Mais vous, qui êtes-vous ? Au service de qui êtes-vous ? pourquoi être venu à notre secours ? reprit Saint-Huant.
- Vous le saurez bien assez tôt. Sachez simplement ceci pour le moment : ces gangsters étaient bien de mèche avec Bathory. Vous ignorez sans doute que celle-ci a des liens avec une organisation humaine, The Sacred Life Foundation, basée dans le Dakota, qui s’est donnée pour but d’exterminer tous les êtres possédés par la Bête. Ces dernières années, Bathory a décidé de réprimer sa nature de Caïnite : elle a plus que de la sympathie pour ce mouvement. Elle a sans doute voulu vous offrir en pâture, pour prouver son engagement à la cause. La Fondation a une vitrine officielle : des bonnes œuvres religieuses, des orphelinats. Elle cache des brigades d’humains particulièrement féroces dans la chasse au Caïnite. Ils ont frappé en Europe, et même en Asie, contre des kuei-jin. Evidemment, ils sont comme culs et chemise avec l’Inquisition.
- Je vois, dit Fraundon, nous sommes deux beaux spécimens pour cette Fondation. Ils voulaient sans doute nous empailler et accrocher notre buste au mur de leur salle de réunion.
- J’ignorais parfaitement que Bathory avait parti lié avec cette Fondation. Mais pourquoi nous deux ?…
- Oh, pour vous je n’en sais rien, dit Fraundon, mais inutile de faire l’enfant de chœur : vous devez bien savoir quand la Bête est venue vous titiller. Et moi, c’est pas dur de deviner. Je commence à traîner une réputation sanglante. Bathory a dû profiter que j’étais traqué, elle s’est dit que j’étais un cadeau idéal. Que personne ne me réclamerait si je disparaissais.
- Et puis vous êtes au courant, pour une certaine Bête qui rôde à Vincennes, suggéra l’un des Nosfératus.
- Ah d’accord, je vois le genre, répliqua Fraundon. Vous voulez nous tirer les vers du nez. Vous semblez en connaître bien assez sur mon compte. Steenwyck, vous n’avez qu’à me raconter les turpitudes de monsieur de Saint-Huant, je serais curieux de les apprendre.
- En quoi ma vie vous intéresse maintenant… maugréa le Toréador
- J’ai envie de faire connaissance voilà tout.
Le Gangrel avait eu un sourire méchant.

- Ce n’est pas très compliqué, dit le deuxième Nosfératu. Monsieur Pierre-Yvon de Saint-Huant passe pour avoir des positions disons hétérodoxes sur la Mascarade. Il fréquente peu le Louvre. En revanche susurra le Nosfératu, la compagnie de certains milieux interlopes lui réussit bien. Son carnet d’adresses ne doit pas contenir beaucoup de ducs et de personnalités du gratin mondain, mais en revanche, pour ce qui est des pontes du Sabbat, voire de certains membres de clans interdits, je crois qu’on ne chercherait pas en vain…
- Mais c’est faux ! protesta le cinéaste.
- Arrêtez votre cirque, Saint-Huant, fit Fraundon, goguenard, en lui tapant sur l’épaule, on a tous nos petits vices cachées. Et c’est le boulot de ces rats d’égout de nous faire chanter grâce à ça…
- Je ne suis pas un rat d’égout, vilaine bête ! Je m’appelle Perséphone.
- Enchanté, ma belle. Appelle-moi Mathias. On ira boire un verre ensemble un de ces soirs.
- Ça suffit, intervint Steenwyck. Ecoutez ce que Perséphone veut vous dire.
- Merci, dit celle-ci en se rengorgeant, comme un juriste qui veut se donner de l’importance au moment de lire un acte de loi. Il se trouve que monsieur de Saint-Huant n’est pas tellement dans les bonnes grâces de l’Elysium. Et qu’il connaît beaucoup de chose sur ce qu’on appelle « le monde des ombres »… S’il lui arrivait malheur, il est certain que le clan Toréador ne ferait pas trop d’effort pour sauver la tête d’un anarch avéré !
- Mais c’est faux ! qu’est-ce que c’est que ce procès moscovite ! (Saint-Huant s’était levé de son tabouret.) Vous voulez pas que je signe des aveux, non plus ! Je n’ai pas de leçon de morale à recevoir d’un maître-chanteur !
- Rasseyez-vous, dit Steenwyck.
Devant la menace du revolver, le cinéaste se rassit.
- Je vous explique juste pourquoi la Comtesse Constance Bathory vous en veut, dit posément Perséphone.
- Mais bien sûr ! lança Saint-Huant, hors de lui. Qui peut ignorer que cette salope a recours aux services des Tzymisce pour se refaire une beauté de temps en temps ! L’immortalité, ça use vous savez !
Fraundon partit d’un grand rire.
- Ah, le ravalement de façade ! j’imagine ça d’ici ! tout à fait ! la chirurgie esthétique très fine, au marteau-piqueur et à la scie-sauteuse ! Ça nous change du piercing !
- S’il ne s’agissait que de ça, dit sournoisement Désastre, le deuxième Nosfératu, monsieur de Saint-Huant ne nous apprendrait pas grand-chose…

- Très bien, fit le Toréador, vous voulez connaître la vérité qui traîne dans le « monde des ombres » à propos de la Comtesse Bathory ? menaça le cinéaste. Je serais surpris que l’on ne sache pas ça dans les égouts d’ailleurs…
- Racontez-nous donc, proposa Perséphone.
- D’abord, donnez-nous donc à boire, dit Saint-Huant. C’est indécent d’avoir le gosier sec comme nous. Qu’est-ce que vous en pensez Fraundon ?
- Je suis bien d’accord avec vous ! Il y a un délicieux porto à la cave, que « monsieur de Saint-Huant » et moi avons déjà dégusté. Je ne cracherais pas sur une autre bouteille, à vrai dire.
- Mais ce n’est pas le Ritz ici ! protesta Perséphone, indignée. Où vous croyez-vous !
- Non, ils ont raison, dit Steenwyck. Désastre, va chercher quelques bonnes bouteilles à la cave. Perséphone, va chercher des verres. Je reste ici pour les surveiller.
Fraundon repartit d’un grand rire. Saint-Huant, pourtant plus réservé, ne manqua pas non plus l’occasion de ridiculiser des deux détestables Nosfératus.
Une fois ces deux derniers partis, Saint-Huant reprit son sérieux :
- Qui êtes-vous, Steenwyck ? Pourquoi êtes-vous venus ici ?
- Attendez, dit le Toréador, en allant ouvrir la fenêtre.
On entendit l’arrivée d’une grosse voiture qui se garait devant la maison.
- Voici quelqu’un qui va vous expliquer ça mieux que moi, dit Steenwyck.

Le moteur de la voiture fut coupé. Portière qui claque. Une minute après, on sonnait. Perséphone, de retour avec les verres, s’empressa d’aller ouvrir. Une forte odeur de Caïnite envahit les lieux. Désastre revenait avec du sang dans une carafe et plusieurs bouteilles d’alcool. Il servit Saint-Huant.
- Je vous remercie, dit celui-ci poliment, en savourant du regard les verres. Qu’est-ce que vous prendrez, Fraundon ? Mais… qu’est-ce qui vous arrive ?
Fraundon s’était levé, apeuré. Dos au mur, il avait sorti ses griffes. Perséphone revenait avec le nouvel arrivant vers le salon. Steenwyck pointait fermement Fraundon de son revolver :
- Rétracte tes griffes, Gangrel. D’ici, je te loge une balle entre les deux yeux à coup sûr. Rassieds-toi et calme-toi.
- Mais oui, range donc tes griffes, mon cher Naundorff. Nous sommes tous ici en bonne compagnie.
Saint-Huant se retourna pour voir qui venait d’arriver. Il blêmit à son tour : c’était Hiéronymus Lucien.

[i]A suivre...
