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Les Contes de la Canine #6 : Histoire de P.Y. de Saint-Huant
#27
Les Contes de la Canine #6 : Histoire de Pierre-Yvon de Saint-Huant.

Résumé : Après avoir croupi deux jours dans les sous-sols, Fraundon et Saint-Huant parviennent à s'enfuir. Au rez-de-chaussée, ils tombent sur Steenwyck le Toréador, accompagné de deux cousins Nosfé, Perséphone et Désastre. Ceux-ci les convainquent que la comtesse Bathory s'est jouée d'eux, pour les vendre à une organisation de fanatiques anti-Caïnites.
Peu de temps après, le grand maître de l'opéra, Hiéronymus Lucien, fait une entrée théâtrale....
Emperor


Terreur

Dernier épisode :

[b]Fin de partie


- Comment vont-ils, Steenwyck ?
- Bien, Sire. Nous parlions justement de la comtesse Bathory. Il semble que monsieur de Saint-Huant ait des révélations importantes à nous faire sur son compte.
- Très bien, très bien. Voilà quelqu’un de précieux. Et ce cher Naundorff, il ne vous a pas causé d’ennuis ?
- Non, au contraire. Il était très calme jusqu’à votre arrivée. Comme je vous l’ai dit par téléphone, il a hâté les événements.
- Oui, intervint Désastre, j’ai pu constater qu’il n’avait pas eu de pitié pour ceux qui les ont séquestrés, lui et le Toréador. Ils sont tous à la cave.
- Je reconnais bien là les instincts Gangrel. Tu as forci, Naundorff, depuis notre dernière entrevue.
Le Gangrel s’était rassis. Il ne pouvait se résoudre à ranger ses griffes. Il regardait Lucien avec un mélange de haine et de peur.
- Tu ne devrais pas me considérer comme un ennemi, Mathias, dit Lucien. En revanche, je te serais reconnaissant de ranger tes griffes.
- Tu as entendu ce qu’on te dit, Gangrel ? dit Steenwyck.
Fraundon raccourcit lentement ses griffes, qui redevinrent des ongles.
- Bon, les deux Nosfératus, aller chercher des sièges pour tout le monde, ordonna Steenwyck. Nous avons à parler.
- Ici ? intervint Saint-Huant. Ce n’est pas très prudent…
Le cinéaste ressentait de la crainte pour Lucien : il était au service de Bathory, même s’il ne lui avait pas causé de tort en aidant Fraundon.
- Nous sommes très bien ici, dit Lucien, avec un sourire carnassier. Puisque la comtesse Bathory nous offre cette demeure, profitons-en.
Les deux Nosfératus revinrent les bras chargés de quatre chaises, qu’ils disposèrent face aux deux tabourets sur lesquels Saint-Huant et Fraundon étaient assis.
- Très bien, dit Lucien en s’asseyant. Ce sera à la bonne franquette. Cela nous changera aux pince-fesses du lundi organisés par Villon.
Il se servit un verre de sang, pendant que ses Caïnites s’asseyaient, sans quitter Fraundon et Saint-Huant du regard.

diablotin

- Bien, reprit Lucien. Il est clair que nous ne jouons pas dans le même camp, puisque vous avez décidé de servir la comtesse Bathory. De plus, il y a trois ans de cela, monsieur Naundorff ici présent, a tenté de jouer au plus malin avec moi, en me dérobant des manuscrits qui m’étaient précieux. Je me demande pourquoi je fais l’effort de traiter avec vous.
Sombre comme une bête à la merci de son prédateur, Fraundon ne disait rien. Saint-Huant osa prononcer ces mots :
- De quelle affaire voulez-vous traiter, Sire Lucien ?… Ce dont je suis c’est certain, c’est que nous sommes entre gens de la Camarilla, que nous pouvons donc nous entendre.
- J’ai connu des gens plus fidèles aux principes de la Camarilla que vous, Pierre-Yvon de Saint-Huant, répliqua Lucien avec un dédain. Votre réputation d’homme des ombres n’est plus à faire. D’après mes renseignements, vous vous cachez à peine d’être un Anarch.
- J’ignore qui vous a raconté cela, répondit avec aplomb, mais politesse, le cinéaste, mais je puis vous assurer que c’est faux.
- On est pas toujours le meilleur juge de sa personne. Peu importe du reste… ce que je veux savoir, c’est si vous êtes disposés à me dire ce que vous savez sur la comtesse que vous servez si fidèlement, Saint-Huant.
- Je me permets une nuance, Sire Lucien. J’ai été engagé ponctuellement par la comtesse Bathory. Nous ne sommes en rien liés par ailleurs. Je ne lui ai jamais prêté fidélité d’aucune manière.
- Laissez tomber, dit Fraundon, d’un ton rendu mauvais par la peur, Lucien a décidé de se payer une descente de lit avec votre peau. Vous n’y pouvez rien…
- Ferme-la, toi ! fit sourdement Steenwyck. N’interromps pas la conversation.

diablotin

- Oui, ton tour de parler viendra, dit mielleusement Lucien. Revenons à monsieur de Saint-Huant. Qu’est-ce que vous avez bien pu obtenir comme renseignements qui ont échappé aux Nosfératus, pourtant si doués en la matière ?
- Les rats… je veux dire les Nosfératus ne peuvent pas tout connaître, expliqua Saint-Huant, et je dois dire que…
- Oh, mais je ne vous demande pas vos sources de renseignement, dit Lucien. Loin de moi cette idée. Rassurez-vous. Chacun a droit à son jardin secret, c’est tout à fait naturel, et loin de moi l’idée de vouloir empiéter sur votre domaine privé. Non, moi, je veux juste savoir un peu ce qui se dit dans les ombres sur Constance Bathory. Je crois que cette comtesse trompe son monde depuis un peu trop longtemps, et je désire simplement rétablir la vérité à son sujet. C’est très simple en vérité.
- Ben voyons ! lança Fraundon.
- Encore un mot intempestif, rugit Steenwyck, et je te jure que tu vas le regretter ! Tu m'entends, espèce de minable chien galeux.
Saint-Huant toussota, puis reprit :
- Oui, pour ma part, je n’ai rien ni pour ni contre elle. Simplement, comme c’est une personne en vue dans le monde parisien, je m’en serais voulu de décliner son offre : ce loft contre la protection de Fraundon.
- Mais c’est naturel, tout naturel, fit Lucien avec assurance. Nous ne vous jugeons pas, soyez en sûr. Nous croyons juste que votre réputation dans les couloirs du Louvre est quelque peu en berne. Or, en échange de quelques informations, je suis certain de pouvoir la redorer par quelques mots bien placés. N’est-ce pas une offre aussi intéressante que celle que vous fit Constance Bathory ?
- Oui, certainement, sinon plus, dit Saint-Huant, en s’efforçant de sourire de gratitude. Mais quant à ma réputation au Louvre, je pense que c’est injustifié. Que je sois d’un tempérament individualiste, sans doute ; ça ne fait pas moi un anti-tribu ou un Anarch pour autant.
- Ce n’est pas l’avis de tout le monde, grinça Perséphone, loin de là. Vos fréquentations sont plus que sulfureuses. On dit que vous fréquentez ces asiatiques, ces kuei-jin, sans parler de rencontres avec divers cultes moyenâgeux, que le Prince désapprouve profondément.
- Je n’ai jamais en rien nui aux activités de la Camarilla, ni transgressé les règles de la Mascarade, je ne vois pas dès lors ce qu’on pourrait me reprocher. Je comprends qu’il soit séduisant d’écouter les bruits qui courent ; je ne crois pas en revanche qu’il soit raisonnable de m’accuser sur de telles bases.
- Vous insinuez que nous nous contentons de vagues rumeurs et de on-dit ? répliqua Désastre.
- De manière générale, je n’en sais rien. Sur mon compte, je dis que vos informations n’ont pas de fond solide.
- Il semble que monsieur de Saint-Huant soit quelqu’un qui ne perd pas son aplomb aisément, remarqua Lucien. Il ne faudrait pas lui en tenir rancune, chacun a droit de défendre la vérité sur son compte. Pourvu qu’après, on aille pas répandre des rumeurs infondées sur certaines personnes.

diablotin

- Je suis disposé à vous dire ce que je sais sur la comtesse Bathory, dit le cinéaste, mais pas à vous révéler mes sources. De fait, il est vrai que Paris compte un nombre non négligeable d’hôtes vampiriques qui aiment la discrétion. J’ai la chance de fréquenter plusieurs d’entre eux. C’est pourquoi il faudra me croire sur parole, ou aller recouper mon témoignage par vos moyens. Je pourrai vous mettre en contact avec plusieurs de mes connaissances, avec leur accord préalable. Est-ce que cela vous convient ?
- Tu ne manques pas d’air, Saint-Huant, dit Steenwyck. Je te conseille de baisser d’un ton, si tu veux arriver à un accord à l’amiable avec Hiéronymus Lucien !
- Mais pas du tout, je voulais…
- Vous n’avez pas à vous excuser, Saint-Huant, dit Lucien. Monsieur Steenwyck est un lieutenant très dévoué, il pêche parfois par excès de zèle. Quand aux cousins Désastre et Perséphone, ils ont à cœur de bien faire, même pour les tâches ingrates. Ce sont les hommes de votre trempe que j’apprécie. Cela se ressent dans vos films, toujours passionnés et sincères.
- Je connais la sûreté de votre jugement en matière d’art, Sire Lucien, je vous remercie de vous intéresser à mes films. Même si je fréquente peu l’Elysium, je suis au courant de vos projets, j’espère qu’ils trouveront bientôt leur achèvement.
- Sans doute, sans doute, sourit Lucien, qui commençait à apprécier le jeune cinéaste.
- Très bien, dit Steenwyck, si tu es prêt à nous parler de la Bathory, nous allons enregistrer tes propos, Saint-Huant. De toute façon, tu sais qu’ils n’ont aucune valeur légale, ils ne pourront pas être utilisés contre toi.
- Comme vous voudrez.
- Anton von Steenwyck est toujours très pressé, nota Lucien. Il ne prend pas toujours le temps de mettre les formes.
- Je m’excuse, Sire, si…
- Pas du tout, pas du tout. La nuit n’est plus très longue. Et nous avons encore à parler ensuite avec monsieur Naundorff.
Ce dernier avait gardé les bras croisés sur son siège depuis le début de la conversation. Il leva la tête à l’évocation de son nom.

Désastre remplit les verres, Steenwyck installa un dictaphone sur une table basse entre Lucien et Saint-Huant, procéda aux essais des voix, puis annonça que l’enregistrement pouvait commencer.
- Très bien, Steenwyck, je te remercie, dit Lucien. Vous allez me laisser seul avec monsieur de Saint-Huant (ce dernier trouvait d'ailleurs grotesque qu’on lui donne du « Monsieur »…) Tu vas monter à l’étage avec Naundorff, et attendre sagement que nous ayons fini. Pendant ce temps, Perséphone et Désastre vous aller chercher quelques-unes de mes goules, afin de débarrasser la cave et nettoyer les lieux.
- Entendu Sire, dit Steenwyck. Allez, Naundorff, viens avec moi !
- A plus tard, Fraundon, dit Saint-Huant.
- Ouais, fit le Gangrel en se levant, c’est ça, à la revoyure !

diablotin

Restés seuls, Lucien et Saint-Huant parlèrent de la comtesse Bathory pendant près de trois heures. Après quoi, Lucien appela Steenwyck : ce dernier avait surveillé Fraundon, qui se remettait des épreuves du début de nuit. Les goules avaient travaillé à nettoyer la cave. Le jour ne tarderait pas à poindre à l’horizon, il devait déjà avoir dépassé la flèche de la cathédrale de Strasbourg.
Tout ce monde se retrouvait dans le salon où le cinéaste avait fait ses déclarations.
- Très bien, dit Lucien à l’assistance, monsieur de Saint-Huant m’apporte une manne de renseignements précieux, qui ne manqueront pas de nous être utile pour démasquer Constance Bathory.
Steenwyck et les deux Nosfératus, qui étaient dans le secret des desseins de leur maître, sourirent avec satisfaction et cruauté.
- Naundorff et moi avons parlé, dit Steenwyck. Nous avons évoqué les sujets que vous m’aviez recommandé, Sire.
- Alors, ta décision, Naundorff ? dit Lucien.
- Vous la connaissez déjà. Je pars de mon côté. Je pense que vous devinez ce que je vais faire dans les mois à venir.
- Cela te regarde désormais. Nous n’avons plus rien à faire ensemble. Profite de ma clémence aujourd’hui. Fais en sorte que nos chemins ne se croisent plus. Va t-en maintenant.
Sans plus de cérémonie, et dans le silence général, Fraundon tourna les talons, et sortit de la maison,
- Je vais rentrer au repaire avec les deux cousins, dit Lucien. Toi Steenwyck, tu vas raccompagner Saint-Huant rue Mouffetard. Tu lui laisseras une adresse où nous joindre en cas de besoin.
- Entendu, Sire.

diablotin

Ils sortirent tous de la maison. Les frimas du matin les accueillirent au-dehors. Toujours la rue déserte, dans la blancheur bleutée qui venait teinter le ciel.
- Bien, bonne fin de nuit, Saint-Huant, dit Lucien, d’un air important. Nous aurons l’occasion, je pense, de nous revoir dans la capitale.
- Sans aucun doute, sourit le cinéaste.
Désastre arrive au volant d’une limousine. Lucien et Perséphone montèrent dans le luxueux véhicule.
- Steenwyck vous donnera une liste des gens proches de la Bathory, dit Lucien par la vitre de la portière. Vous saurez ainsi qui vous devrez éviter dans les années à venir sur la place de Paris.
- Je vous remercie encore. Je veillerai à garder mon indépendance, comme toujours.
Lucien remonta la vitre fumée, et la limousine démarra.
A l’autre bout de la rue, Fraundon s’éloignait lentement.
- Venez, dit Steenwyck. Ma voiture est garée non loin d’ici.
- Attendez, j’ai deux mots à dire au Gangrel.
- C’est un peu tard, Saint-Huant. Ce type n’a plus d’importance pour vous. Et le jour va bientôt se lever.
- Non, laissez-moi deux minutes. Je vais le rattraper. Allez prendre votre véhicule, et retrouvez-moi au bout de la rue.
- Très bien. Mais je ne vois pas quel intérêt vous portez à cette créature.
- A tout de suite, Steenwyck.
Saint-Huant partit en courant rejoindre Fraundon. Ce dernier marchait sans se retourner, quoi qu’il fût conscient que le Toréador lui courait après.
- Qu’est-ce que vous voulez, Saint-Huant ? Vous osez encore fréquenter une vicieuse créature comme moi ?…
- Ecoutez, Fraundon, j’ignore ce que Steenwyck vous a dit…
- Et moi j’ignore ce que vous avez dit à Lucien…
- Ecoutez-moi ! Vous m’avez dit vous-mêmes que nous avons nos vices cachés, pas vrai ?
- Ouais, et c’est même moi qui vais vous dire que ce sont ces vices privés qui font les vertus publiques, et ajouter que c’est Voltaire qui l’a dit. Ça vous la coupe, hein ? Une brute qui sait lire !
- Arrêtez vos conneries !… Je voulais juste vous dire : mon engagement auprès de vous tient toujours. Vous m’avez sauvé cette nuit, moi à mon tour je vous aiderai à vous planquer.
- Vous prenez le parti de la bête traquée ? Amusant, quand on croirait que vous êtes maintenant au service du super-prédateur de Paris, Hiéronymus Lucien en personne !
- C’est faux ! je n’ai pas eu le choix, mais je ne suis pas devenu une de ces créatures, comme ce Steenwyck.
- Ah tiens ? Ne le dites quand même pas trop fort, le voilà qui arrive au volant de sa bagnole !…
- Où est-ce que je peux vous contacter ?
- Cherchez Naundorff dans l’annuaire de la Camarilla. L’agence Naundorff, détective privé. Laissez un message à ma secrétaire, elle transmettra.
- Entendu, dit Saint-Huant, content de pouvoir aider (il en aurait voulu au Gangrel s’il avait refusé son aide : ne pas laisser un débiteur honorer sa dette, quelle vexation pour lui !). Je vous dirai où me joindre très bientôt.
- Merci en tout cas. Maintenant, je dois partir, et rentrer rapidement chez moi. Je vais essayer de sauver la mise à un collègue. Rapport à cette Bête qui se cache à Vincennes… Le pauvre type ! ce n’est qu’un humain, et on l’a lancé sur cette affaire. Bien sûr, il ignore dans quoi il a mis les pieds… Il vaudrait mieux lui éviter une rencontre désagréable avec ce Gangrel monté en graine…
- Bon courage pour tout ça. A bientôt.
- Salut, Saint-Huant, dit Fraundon en tournant le dos, alors que Steenwyck arrivait à hauteur des deux Caïnites.
Les deux Toréadors partirent ensemble en direction du centre de Paris. Ils dépassèrent Fraundon, qui ne les regarda pas. Saint-Huant n’eut pas de nouvelles du Gangrel pendant plus de deux ans.

Le lendemain, Saint-Huant faisait ses bagages : il quittait la capitale pour quelques temps. Officiellement, il allait chercher de l’inspiration ailleurs pour son prochain film, quelque part dans le grand nord, juste sous le cercle polaire. Il partait vers la tranquillité des désolations glacées, pour échapper à la capitale, à son Prince flamboyant, et surtout à l’intendant de ses fêtes, Hiéronymus Lucien, manipulateur de la puissance tournoyante des illusions et des mensonges.
Saint-Huant voulait profiter de quelques mois d’apaisement. Il retrouverait toujours bien assez tôt le monde des ombres parisiennes, et son cortège de créatures louches.

Diablo

FIN Emperor
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Les Contes de la Canine #6 : Histoire de P.Y. de Saint-Huant - by Darth Nico - 19-12-2003, 05:07 PM

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