03-12-2023, 10:21 PM
La foule dense gênait Dam, qui peinait à progresser au milieu des badauds. Tout le monde jouait des coudes pour avancer dans les interminables files d’attente de sécurité qu’il fallait franchir avant d’accéder aux zones d’embarquement.
- La navette GT26-72A, en direction de Sluis Van, départ Hangar 17, partira avec un retard de… 4H20min. Cela fait suite à un incident d’exploitation sur le transport. Merci de votre compréhension.
Dam soupira. Par chance son transport n’était pas retardé, mais il doutait de sa capacité à atteindre la rampe d’accès dans les temps malgré l’avance confortable avec laquelle il était arrivé à l’astroport. Il trouvait de manière générale qu’il y avait bien peu de guichets ouverts au vu de la masse de personnes souhaitant prendre un transport aujourd’hui.
- Pardon, excusez-moi, ma navette est dans 1h, il faut que je me dépêche.
Il bouscula un grand Ithorien qui lui asséna un propos incompréhensible en représailles. Dam, trop pressé, ne fit même pas l’effort de répondre. Après plusieurs minutes il parvint enfin devant le portique de sécurité qu’il franchit sans difficultés.
- Enfin, j’ai cru ne jamais y arriver !
Dam n’était néanmoins pas encore au bout de ses peines. Il lui fallait passer la douane via des files d’attente maintenant plus ordonnées. Il répondit succinctement aux questions de l’agent, précisant seulement qu’il rejoignait Eriadu pour y travailler en tant qu’ouvrier spécialisé dans la fabrication de droïds. Il était un parmi des centaines chaque jour et il passa aisément, sans éveiller le moindre soupçon. Il atteignit finalement son transport 15 minutes avant le départ. Il s’installa sur un siège lui semblant plus inconfortable que le prix du billet pouvait laisser espérer. Le voyage serait néanmoins de courte durée, ce qui l’aida à rapidement faire abstraction de l’inconfort pour dormir quelques heures avant d’atteindre Eriadu.
Pendant ce temps, le reste de l’équipe profitait du confort et de la cave de son vaisseau, malgré la longue attente en orbite d’Eriadu.
- J’espère que le trajet se passe bien pour Dam, dit Vega.
- J’ai lu sur le Seswanna Daily que l’astroport de Sullust était le premier point d’entrée du secteur, et qu’à ce titre l’astroport était le plus fréquenté de ce cadran de la galaxie, souligna Fel
- Parfait, il ne manquera pas de compagnie comme ça, rigola Kal
- Tiens, je lis aussi que l’astroport a eu la palme du nombre de retards de tous le quadrants. Ah, et il semble qu’ils soient en grève en ce moment pour protester contre les conditions de travail.
- L’Empire avait au moins ça de bon, ajouta Krouk, les gens faisaient moins grève à l’époque. C’est vrai qu’avec une escouade de stormtroopers derrière l’épaule, les gens étaient moins volontaires…
- Allez trinquons donc à ce pauvre Dam qui a choisit la voie du prolétariat ! conclut Kal.
Au bout de quelques heures, le com bippa. Le contrôle d’Eriadu demanda l’identification du vaisseau, le nombre de personnes à bord et la raison de leur visite sur Eriadu. Quelques minutes après avoir envoyé les informations, Kal reçut l’instruction de quitter la file de vaisseaux et de se préparer à une fouille réglementaire du vaisseau.
- Bien reçu contrôle, nous nous positionnons aux coordonnées indiquées et attendons la venue de votre équipe.
Kal vit un vaisseau à l’effigie de la SPE – Sécurité Planétaire d’Eriadu – approcher des coordonnées indiquées par le Contrôle central. Il ralentit à l’approche du vaisseau de nos héros, puis engagea une manœuvre d’abordage.
- Nos invités arrivent, annonça Kal dans le haut-parleur. Tout le monde devant le sas pour les accueillir.
Le vaisseau fut secoué légèrement lorsque l’engin douanier se connecta au sas. Une fois l’indicateur de pressurisation au vert, Kal enclencha l’ouverture de la porte d’accès. Trois hommes firent leur entrée sur le vaisseau, certainement un gradé accompagné de deux sbires à qui reviendrait la noble tâche de fouiller chaque recoin de l’appareil.
- Capitaine Scholes de la SPE. Merci de nous accueillir à bord.
- Enchanté Capitaine, dit Kal, je suis Edgard Richmond, Président de la société DroïdTech NBA, ravi de vous avoir à notre bord.
- Parfait. Avec votre accord, mes hommes vont opérer une fouille de votre vaisseau.
- Je vous en prie, nous n’avons rien à cacher.
- Ils disent tous ça !
Les hommes de Scholes prirent une bonne demi-heure à inspecter le vaisseau de fond en comble, ne relevant rien d’irrégulier. Pendant ce temps, Kal et l’équipe s’entraînèrent à jouer leur rôle avec le capitaine, qui ne semblait pas déceler la réelle identité de nos héros. Bredouilles, l’officier et ses hommes repartirent dans leur vaisseau, donnant au passage à Kal les coordonnées du spatioport où il pourrait stationner. Moyennant évidemment les traditionnels droits de douane, taxes d’approche et de survol, et bien sûr, le prélèvement standard d’accès à la baie de stockage pour une durée supérieure à 7 jours ! Allégés de ces quelques crédits, ils posèrent le vaisseau à l’emplacement indiqué puis trouvèrent un hôtel respectable non loin de la cantina où ils devaient rencontrer Mark Snopps.
Le Droïd Alchimiste était une cantina branchée du quartier d’affaires d’Eriadu City. Bruyante et cosmopolite, elle accueillait beaucoup de cadres d’industries environnantes en fin de journée, qui venaient se réconforter après une longue journée de travail. Dam s’était installé au fond de la cantina, sirotant son Eriadu Express en toisant la salle. La boisson était de bonne qualité, même si elle ne valait pas à ses yeux les créations de Kayla. La serveuse en revanche ne manquait pas d’attrait, et il était heureux d’être arrivé en avance pour se rincer l’œil paisiblement l’œil en attendant le début des choses sérieuses. Alors qu’il allait recommander une nouvelle tournée, il vit Krouk entrer, suivi de près par le reste de l’équipe. Dam leur fit un signe, puis chacun s’assit et passa commande, en attendant l’arrivée de leur contact, Mark Snopps. Quelques instants plus tard, nos héros le virent arriver dans la cantina, l’air méfiant. Il était assez jeune, à peine plus de vingt ans, habillé comme un riche industriel. Il jeta un œil par-dessus son épaule comme pour rechercher un éventuel poursuivant, avant de se diriger vers la table de nos héros qui portaient le signe distinctif que Rachel leur avait donné. Mark s’assit puis commanda un Eriadu Fusion avant de dire à mi-voix :
- Eh bien, il en a fallu du temps pour envoyer quelqu’un.
- Bonjour Monsieur Snopps, enchanté de faire votre connaissance, commença Vega. Et désolé pour notre retard, mais nous n’avons été mis sur cette affaire que depuis peu.
- Oui bonjour. Bon écoutez, j’ai entendu de nombreuses rumeurs concernant un possible revirement d’Eriadu. Vous voyez ce que je veux dire ?
- Vous voulez dire qu’Eriadu mettrait ses capacités industrielles à destination des ennemis de la Nouvelle République c’est bien ça ?
- Pas n’importe quel ennemi, madame, sa nemesis, l’Empire.
- Nous avions compris, répliqua Fel. Qu’avez-vous vu et entendu à ce sujet ?
Snopps se renfrogna puis baissa encore d’un ton.
- Vous avez entendu parler du conseil de la Quintad qui s’est réuni il y a 3 semaines ?
- Non, nous venons juste d’arriver sur la planète, répondit Kal.
- Ce conseil ne se réunit que très rarement, le dernier datant de plus de 5 ans. Et fait encore plus rarissime, il est annoncé un nouveau conseil dans 3 mois. Cela ne peut arriver sans une raison exceptionnelle.
- Donc vous présumez que le prochain conseil va décider du changement d’orientation économique et politique des industries d’Eriadu afin de fabriquer du matériel à destination des impériaux c’est bien ça ? demanda Fel.
- Je ne vois pas de quoi il pourrait s’agir d’autre, répondit Snopps, surpris par la naïveté de la question.
- Il ne pourrait pas s’agir de guerres de pouvoir entre les familles ? Ou bien de grandes manœuvres économiques visant à développer de nouvelles industries ? Les réunions de ce conseil ont-elles toujours été le prélude à un changement d’orientation aussi drastique ? questionna Vega.
Snopps hésita quelque peu, en réalité il n’avait jamais vraiment imaginé d’autres options.
- Je n’ai pas épluché l’historique de toutes les décisions des précédents conseils, non. Mais vous avez bien entendu les rumeurs dans la galaxie autour du retour de l’Empire.
- Certes Monsieur Snopps, nous les avons entendues, dit Kal, mais entre les rumeurs d’un retour de l’Empire à l’échelle galactique et des commandes fermes à destination d’Eriadu, il y a quand même quelques pas.
- Vous n’avez pas vu passé des mouvements d’armes ou de personnel militaire qui indiquerait une arrivée de la Fraternité Noire sur la planète ? demanda Krouk.
- Non mais j’imagine qu’ils font ce genre de choses discrètement ?
- Et vous n’avez pas eu vent de réorganisations chez certains industriels qui adapteraient leur outil de production pour répondre à de nouvelles commandes ? renchérit Dam.
- Ecoutez, c’est votre boulot d’enquêter sur ce genre de choses, il me semble. Mais j’ai effectivement eu des échos par des amis que ça bougeait dans certaines entreprises familiales.
- Vous avez des noms ? ou a minima où en avez-vous entendu parler ?
- Je ne sais plus exactement, mais c’était dans des soirées étudiantes ou ce type d’événement informel, compléta Snopps de plus en plus fouillis.
Nos héros se regardèrent, circonspects, lorsque Snopps termina son verre puis quitta la cantina. Ils avaient appris le nom des 5 familles et leur affiliation idéologique : la famille Snopps était l’une des cinq familles de la Quintad dirigeant Eriadu. Ils étaient proches de la Nouvelle République, tout comme les Valorum, famille qui avait donné à l’Ancienne République son dernier chancelier avant Palpatine. A l’inverse, les Mosbree et les Tarkin étaient affiliés à l’Empire – qui ne connaissait pas le sinistre amiral Tarkin ? Entre les deux, les Danthe avaient toujours été neutres politiquement.
Mais nos héros n’avaient pas appris grand-chose de concret quant à la possible trahison d’Eriadu au profit de l’Empire.
- Le moins que l’on puisse dire, commença Dam, c’est qu’il n’a pas le début d’une preuve de ce qu’il affirme !
- Et j’ajouterai, enchaîna Vega, que même les sources de ses rumeurs me semblent plus que légères.
- Bon écoutez, il y a l’enchaînement à court terme de ces 2 conseils qui est suspect, ajouta Fel. Je me suis renseigné pendant la fin de la discussion et il semble qu’il n’y ait effectivement jamais eu deux conseils à moins d’1 an d’intervalle avant aujourd’hui, compléta Fel.
- Moi il ne m’inspire pas confiance, coupa Krouk. Je propose de commencer à enquêter par les industries de sa famille.
Tout le monde sourit à la franchise désormais habituelle du Trandoshan, et concédèrent que ce n’était finalement pas une mauvaise idée. Il n’avait qu’à être plus convaincant après tout, ce Snopps ! Aussitôt dit aussitôt fait, nos héros décidèrent d’envoyer Dam en éclaireur chez Accutronics, propriété des Snopps, et qui possédait la plus grosse méga usine d’assemblage de Droïds de la famille. Dam se fit passer aisément pour un ouvrier en quête de travail, et fut embauché le lendemain même pour travailler sur une chaîne de montage basique, ne nécessitant que des opérations répétitives mais très simples à réaliser. Il suffit de quelques quarts à Dam pour imaginer un plan permettant de récupérer des informations, via un accès qu’il avait repéré dans le bureau du contremaître en charge de sa ligne d’assemblage. Le soir, nos héros mirent au point le plan dans la chambre d’hôtel de Krouk :
- Les accès de la zone sont assez peu gardés. Logique, on ne fabrique ici que des droïds à faible valeur ajoutée. Au changement de shift à 13h30 heure standard, je vous ferai rentrer avec ces faux badges. Vous passerez inaperçus avec ces tenues qui sont portées par tous les ouvriers.
Dam remit un carton à Vega et Kal avec les documents et les habits en question.
- Je ferai diversion au moment de rentrer pour être sûr que les gardes ne vous aperçoivent pas. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à vous planquer dans l’usine près du bureau du contremaître et attendre le moment opportun. Il y a un local technique inutilisé qui est ouvert et dans lequel personne n’est jamais allé depuis mon arrivée.
Vega et Kal acquiescèrent, le plan semblait facile. Krouk et Fel se positionneraient à l’extérieur en cas de problème, prêts à intervenir. Le plan se déroula sans encombre. Une fois Kal et Vega planqués dans le local technique, Dam cassa discrètement un cylindre à son poste qui entraîna un arrêt de la ligne quelques postes plus loin. Excédé, le contremaître alla dire sa manière de penser au pauvre Pedro qui ne comprit pas pourquoi c’était encore sur lui que la colère du contremaître tombait. Nos héros mirent à profit ce temps pour siphonner goulument la base de données accessible depuis le point d’accès du contremaître. Une fois le téléchargement terminé, ils retournèrent dans le local technique en attendant patiemment la cloche signifiant la fin du quart. Là ils rejoignirent Dam et tout le monde ressortit sans encombre.
L’analyse des données ne donna, en revanche, ne donna pas grand-chose. Ils notèrent tout de même une hausse surprenante du nombre de prototypes en cours de développement depuis quelques mois. Rien de complètement choquant néanmoins, mais c’était une piste à creuser. Dès lors Vega prit le parti d’observer depuis un toit éloigné le bâtiment dédié à la fabrication des prototypes, Dam ne possédant logiquement pas d’accréditation pour y entrer. Sans surprise, toutes les issues étaient cette fois-ci bien gardées. Plusieurs hommes armés devant chaque accès, une fouille minutieuse de tous les camions et des caméras de sécurité qui ne laissent que peu d’angles morts pour pouvoir passer discrètement.
- Une infiltration de ce bâtiment serait très risquée, confia Vega une fois retournée à l’hôtel. Tous les accès sont solidement gardés, et les véhicules fouillés. Il va nous falloir trouver un autre moyen, officiel, pour pénétrer là-bas.
- Peut-être pourrions-nous demander à visiter les lieux ? demanda Krouk. Après tout, nous pourrions être un acheteur intéressé par ce genre de prototypes.
- Oui, tu as raison, confirma Kal. Même si je ne pense pas qu’ils fassent visiter cette zone facilement à des acheteurs inconnus. Mais c’est certainement notre meilleure piste en l’état.
- Dans ce cas, je vous propose de demander un rendez-vous officiel à Accutronics pour parler affaires, conclut Fel.
Le rendez-vous était fixé en fin de semaine, ce qui laissa le temps à Kal et Vega de roder leur discours. Krouk et Fel, quant à eux, avaient moins besoin de préparation. Ils profitèrent de ces temps libres pour peaufiner leurs techniques de combat rapproché. Il s’agissait de ne pas être trop rouillé le jour où il faudrait reprendre les griffes et la vibrolame ! De son côté, Dam mettait ce temps à profit pour approcher un leader syndicaliste, Jean Fernandez, plus connu dans le milieu sous le doux sobriquet de Féfé le Fada. C’était le camarade général de la STO – Syndicat des Travailleurs Opprimés – qui était reconnu parmi les ouvriers comme le plus fervent défenseur du droit des travailleurs. Dam se doutait que ce genre de personnes ne manquerait pas d’avoir accès à des informations qui pourraient potentiellement servir à Dam plus tard. Et puis, il éprouvait de la sympathie pour ces gens qui n’avaient d’autres perspectives dans leur vie que de travailler 45 ans d’arrache-pied avant de vivre une retraite misérable dans des ghettos pollués, en touchant une pension de misère. Il était conscient que la galaxie ne pouvait être un lieu de parfaite égalité, où tout le monde profiterait de la vie au même niveau. Mais voir tous ces gens exploités par d’odieux industriels lui semblait, certains jours, insupportable, alors que les patrons amassaient des montagnes de crédits sur la sueur de ces malheureux travailleurs pour lesquels ils n’éprouvent que mépris, voire une totale indifférence. Daml participa ainsi à plusieurs réunions avant de demander officiellement d’adhérer au syndicat. Cela plu à Féfé de voir ce nouveau fraîchement arrivé et qui s’engageait tout de suite dans la lutte pour la cause ouvrière. L’éloquence de Dam finit d’en faire le nouveau chouchou du camarade général !
Les immenses gratte-ciels dépassaient très largement la couche de pollution qui pesait sur la ville d’Eriadu City, donnant l’impression de percer le ciel en de multiples endroits. Le QG d’Accutronics ne faisait pas exception. C’était une des plus grandes industries de la planète, et la numéro 1 en matière de fabrication de droïds de tout type : droïds d’assistance, de sécurité ou encore de services. Tant qu’il n’y a pas besoin d’organisme de chair, Accutronics peut répondre à n’importe lequel de vos souhaits ! Fel s’avança vers la réceptionniste, puis attendit patiemment que celle-ci termine sa communication.
- Bonjour, je m’appelle Kylie Bryant, représentante de la société DroïdTech NBA sur Coruscant. Nous avons rendez-vous avec Mr Smith pour présenter nos projets d’acquisition.
- Bonjour Madame. Entendu, je préviens Mr Smith que vous êtes arrivés. Vous pouvez monter au 113ème étage puis patienter dans la salle d’attente que l’assistante de Mr Smith vienne vous chercher.
- Très bien, merci beaucoup.
- Les ascenseurs sont sur votre gauche.
Fel fit signe à ses 3 compagnons de la rejoindre. Elle leur remit à chacun leur badge Visiteur puis ils se dirigèrent ensemble vers les ascenseurs extérieurs. Aux environs du 70ème étage, ils dépassèrent la couche de pollution et purent apprécier un ciel bleu chaleureux qui contrastait terriblement avec le gris déprimant des étages inférieurs. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et nos héros furent accueillis par une jeune femme qui se présenta comme l’assistante de Mr Smith :
- Je vous prie de bien vouloir patienter ici, il ne va pas tarder.
Ils aperçurent sur la porte du bureau de Mr Smith qu’il en était le directeur commercial. Kal se dit que la couverture devait être une entreprise solide financièrement pour que le Directeur Commercial en personne décide de les recevoir en personne. Ils ne patientèrent que quelques minutes avant de voir l’assistante leur faire signe d’entrer. Le bureau était chic mais sans excès. Plusieurs œuvres d’art étaient discrètement disposées à divers endroits de la pièce, le mobilier semblait élégant et confortable, l’ensemble parfaitement fonctionnel et apaisant. Nos héros s’installèrent puis Kal entama la discussion :
- Je vous remercie Mr Smith de nous recevoir si promptement.
- Je vous en prie Mr Richmond, c’est un plaisir pour moi, et c’est bien la moindre des choses après un si long déplacement de votre part pour venir sur Eriadu.
- En effet, nous souhaitons passer plusieurs contrats avec de nouveaux partenaires et, à ce titre, nous nous sommes dit qu’une visite à Eriadu paraissait nécessaire.
- C’est avec plaisir que nous ferions affaire avec vous, Mr Richmond. Sil vous plait, quel genre de matériel pourrait vous intéresser ?
- Eh bien, nous distribuons essentiellement des droïds de sécurité à des acteurs très variés sur Coruscant. Comme vous pouvez l’imaginer, nous avons déjà de nombreux contrats pour couvrir nos demandes basiques. Nous sommes plutôt à la recherche de modèles plus avancés, pour nos clients les plus exigeants, voyez-vous.
Smith se renfonça dans son siège, esquissa le sourire de celui qui venait de comprendre qu’on allait parler de sujets plus sérieux que de vulgaires droïds de la fédération du commerce ! Il proposa un cigare et un verre d’un excellent whisky corellien vieilli à nos héros, que tous acceptèrent sauf Krouk pour tenir son rôle de garde du corps.
- Je vois, vous cherchez du matériel un peu plus avancé donc, du matériel de type militaire ?
- C’est cela oui, mais dans des quantités limitées, précisa Kal. Nous ne sommes pas des vendeurs d’armes de masse.
- Je comprends. Tenez, vous pouvez voir dans ce fascicule un certain nombre de nos modèles les plus avancés.
Vega prit le document qu’elle scruta attentivement. On parlait là d’un matériel effectivement performant mais qui restait dans le domaine du classique. Elle murmura à l’oreille de Kal qu’il ne s’agissait certainement pas de modèles avant-gardistes. Kal reprit :
- Mon experte technique me souffle que ce sont des modèles de haut niveau. Mais nous aimerions savoir si vous disposez de modèles plus disruptifs, avec des technologies moins répandues sur le marché.
- Je vois, vous cherchez à vous différencier de la concurrence ? Nous avons un service particulier qui permet à nos meilleurs de clients de créer leur propre modèle de droïds. Néanmoins il faut acheter pour un certain volume afin d’en bénéficier.
- Je comprends, et ce n’est honnêtement pas notre intention. Nous pensions plutôt profiter de vos recherches récentes pour acquérir des modèles novateurs, potentiellement non encore sur le marché, quitte à y mettre le prix.
Smith réfléchit quelques instants aux propos de Kal puis ajouta :
- Mr Richmond, je vous propose de vous revoir d’ici quelques jours avec une proposition, qui, je l’espère, vous satisfera.
- Très bien Mr Smith, nous attendons donc de vos nouvelles.
- Mon assistante reprendra contact avec vous rapidement.
Nos héros repartirent, confiants de ne pas avoir trahi leur couverture, même s’il allait maintenant falloir passer les vérifications plus précises que ne manqueraient pas de lancer les juristes d’Accutronics.
Dam, de son côté, continuait son travail avec sérieux à l’usine. Il saisissait chaque opportunité de discuter avec Féfé dans l’espoir de pouvoir glaner des informations via les syndicats d’ouvriers. Un soir, alors qu’il participait à une réunion syndicale classique, Féfé le prit à part pour lui demander de venir avec lui à une rencontre plus sérieuse, avec des représentants d’autres industries. Surpris de cette demande, alors qu’il ne participait que depuis quelques jours aux réunions syndicales, Dam accepta. Le lendemain soir, il se rendit à l’adresse laissé par Féfé sur un papier. C’était une petite cantina ouvrière qui ne payait pas de mine. Le barman, qui semblait aussi aimable qu’un Rancor mal luné, lui demanda ce qu’il venait faire ici. Dam avoua immédiatement qu’il était ici à la demande du Fada, ce qui dérida légèrement le barman. Il lui indiqua une porte vers l’arrière :
- Tu suis le chemin derrière cette porte et tu arriveras jusqu’à lui.
Dam s’engouffra dans l’étroit passage, puis descendit une volée de marches irrégulières qui le mena sur un chemin en terre, faiblement éclairé par de vieilles ampoules qui grésillaient sur son passage. Après quelques minutes à déambuler dans les souterrains d’Eriadu, il entrevit une lumière, passant subtilement sous une porte fermée. Il s’approcha en silence et entendit plusieurs voix derrière la porte. Inquiet, il déglutit avant de frapper à la porte.
- C’est celui dont je vous ai parlé camarades, un nouvel ouvrier arrivé récemment chez nous.
La porte s’ouvrit sur Dam, qui fit un signe timide aux quatre moustachus attablés devant lui.
- Entre mon ami, je te présente mes camarades du STO qui travaillent dans les autres méga usines d’Eriadu City.
- Enchanté Messieurs, c’est un plaisir de vous rencontrer.
L’ambiance était pesante. La faible lumière, conjuguée à l’extrême sobriété du mobilier de la pièce, donnait à cette réunion secrète des airs de conseil de la résistance ! Dam s’installa sur la chaise libre, puis écouta Féfé et ses homologues discuter des actualités récentes et des mesures à prendre :
- Nous allons mettre en grève les ouvriers du secteur de l’énergie la semaine prochaine, dit un gros moustachu à gauche de Dam. J’ai l’assurance que 50% des ouvriers devraient suivre le mouvement, ce qui suffira à arrêter l’usine le temps de mener les négociations avec le Valorum.
- Quant à moi, je vais remobiliser les troupes en vue d’un mouvement d’ampleur pour interrompre la fabrication de la nouvelle série de chasseurs pour la Nouvelle République. Cela devrait nous aider à obtenir de meilleures conditions pour les départs en retraite.
- Bien, je vois que vous êtes toujours aussi impliqué camarades, conclut Féfé. Mais il nous faut maintenant parler de Darek.
Tous baissèrent la tête à l’annonce de ce nom, qui semblait annonciateur d’un sujet difficile.
- Qui est Darek ? demanda Dam pas malheureux de pouvoir enfin en placer une.
- C’est un camarade ouvrier qui a été injustement jugé et jeté en prison par la famille Mosbree, expliqua Féfé.
- Et Féfé voudrait le faire sortir mais ses visites sont surveillées, et c’est compliqué d’organiser une évasion si on ne peut pas communiquer avec lui.
- Et vous voudriez que je sois le messager ?
Féfé parut gêné mais Dam sentit que le sujet lui tenait à cœur.
- Écoutez, je vous fais confiance, reprit Dam. Si vous me dites que son emprisonnement est injustifié, je veux bien vous aider.
Dam vit le soulagement sur le visage de Féfé.
- Merci, je savais que tu étais un vrai camarade, je l’ai senti. On en reparlera rapidement. Là, il est l’heure de nous séparer, nous ne pouvons pas prendre le risque de rester trop longtemps ensemble au même endroit.
Dam repartit rapidement, soulagé tout de même de quitter cette ambiance de conspirateurs. Il ne savait pas vraiment dans quoi il s’était embarqué mais il sentait qu’il lui fallait aider Féfé. Et puis c’était un moyen de déplacer l’enquête vers les Mosbree, une des deux familles idéologiquement proches des idées impériales. Dam eut du mal à s’endormir, tiraillé entre son travail d’agent de la Nouvelle République et ce rôle d’ouvrier syndicaliste qui lui tenait à cœur !