14-03-2004, 01:23 AM
(pas encore eu le temps de relire ce post ni celui d'avant)
FIGHT LIKE A CAT, DIE LIKE A DOG
- Il était trop tard pour fuir, de toute façon...
- Vous avez bien fait de descendre, Frédéric.
Le ronronnement de la chaudière de l'immeuble. La veilleuse orange sur l'interrupteur, qui brille dans la pénombre fraîche sous-sol. Et ce magnétisme animal qui se dégage du dénommé Mathias.
Le souvenir d'une après-midi au zoo, quand Frédéric était enfant : ce félin qu'il excitait avec un bout de bois, à travers les barreaux de la cage, qui griffait, de plus en plus énervé, l'objet. Les agathes folles, le coup de patte de plus en plus précis, et Frédéric qui s'approche. Il a échappé à la vigilance de ses parents.
Du félin excité à l'enfant passe un souffle animal, et le félin bondit de plus en plus rapidement. Frédéric s'est trop approché : un coup de patte passe la grille, et lui griffe le visage. Un moment de flottement, de stupeur, puis les cris, la douleur, les pleurs, l'angoisse mortelle des parents. L'infirmerie, la plaie est rapidement soigné. Il n'en restera pas de trace.
Le coup de patte a été superficiel.
Et maintenant, c'est ce même félin à peau d'homme qui se tient devant Frédéric. Il doit savoir porter des coups précis, et viser juste. Du premier coup. Son visage n'exprime pas d'émotions. Il est mince, alerte. Il paraît souple comme un chat.
- Vous auriez pu choisir la police, Frédéric. Choisir de vous enfuir vers le commissariat le plus proche. Vous avez préféré cette cave. J'y suis enfermé depuis la nuit dernière. Je vous y ai attendu. Je ne savais pas si vous appelleriez.
Frédéric renifle, comme un môme qui a trop pleuré. Il a les yeux irrités. Il tremble encore.
- Vous êtes prêt à suivre ce que je vous dirai ?
- J'ai choisi la cave et son rat...
- Je ne suis pas un rat, Frédéric. Je suis un félin.
- Où est Elisabeth ?
- Au musée Grévin. Ou du moins, elle ne tardera pas à y être.
- Alors allons-y.
- Non. Vous, vous irez. Moi j'ai d'autres comptes à régler. Vous connaissez Jérôme Saint-Luc ?
- Vous avez dit qu'il en a après moi.
- Ecoutez-moi, maintenant que vous là. Vous voulez une cigarette.
- Non, merci.
"J'aurais pu fuir, très loin, très vite, se répétait Frédéric. Mais j'ai choisi la cage et le félin. Maintenant, son magnétisme me possède ; sa voix tremble pour moi, ses gestes seront les miens.
Frédéric écouta ce que ce Mathias avait à lui dire. Ce félin aux mots de cendres, aux gestes de cougar aux aguets finissait par le subjuguer. D'où lui venait cette voix ? D'où venaient ces gestes graciles et légers ?...
- Le musée Grévin, c'est ça ?... A 22h30 ?
- C'est ça. Après le coucher du soleil. Avant, vous ne trouverez rien. Tout sera fermé.
- C'est la fête de la musique ce soir...
- Mêlez-vous la fête jusqu'à 22h...
- Et vous, ce soir ? Vous ne serez pas de la partie ?
- Non. J'aurais voulu sauver un collègue, il y a quelques temps. Hélas, je l'ai prévenu trop tard. En fait, je ne l'ai pas prévenu du tout. Maintenant, il y a une sale bête qui rôde au zoo de Vincennes, et à qui j'aimerais régler son compte.
- Le zoo de Vincennes ? Je n'y suis pas allé depuis que j'étais gamin...
- La journée, c'est très fréquentable...
Frédéric voulait lui aussi apprendre à se mouvoir avec ces gestes lents et graciles. Des gestes qui paraissent fragiles comme le temps où ils s'exécutent. Fragiles, mais lents aussi. Mais des gestes qui laissent pressentir une force soudaine, comme un coup de patte, ou le bond du félin sur sa proie.
- Et ce collègue que vous vouliez aider... il est mort ?
- Pas tout à fait. Mathias eut un mauvais sourire. D'ailleurs, si vous avez des problèmes dans les années à venir, contactez-le. Je pense que c'est un très bon détective. A cause de moi, il file un mauvais coton. Mais entre gens comme nous, on a pas le temps l'habitude de s'excuser... J'ignore ce que vous pouvez faire pour aider Elisabeth. Mais croyez-moi, elle aura besoin de vous, ce soir.
Frédéric ne dit rien. Il ignorait absolument ce qui allait lui arriver.
- J'ai eut l'occasion d'observer Elisabeth. Je pense que c'est une fille bien. Mais Bathory et ses complices en ont décidé autrement. Les salopards...
Frédéric transpirait. Il transpirait abondamment.
- Vous ne vous sentez pas bien.
- J'ignore ce que je vais faire...
Il était à nouveau secoué de sanglots. Il s'assit par terre, plié en deux par la douleur.
- Debout, Frédéric ! Débout. Ce n'est plus temps de reculer. Allez, debout.
Mathias l'empoigna par l'avant-bras, essaya de le relever. Frédéric résistait, s'enroulait dans sa coquille. Il tremblait, se mordait les doigts, une lame de folie lui passait dans les yeux.
- Debout ! debout !... Vous avez juste le temps de vous préparer ! Debout ! La nuit sera bientôt là.
- Laissez-moi !... laissez-moi...
- Ne m'obligez pas à en venir à des extrêmités...
Mathias releva de force Frédéric, le plaqua contre le mur, l'obligea à se tenir droit.
- Du courage, des tripes !... ça suffit !... relève-toi, allez ! tiens-toi droit. Elisabeth a besoin d'un homme, pas d'une lopette...
- Laissez-moi, laissez-moi...
Il se débattait, s'agitait. Mathias le maitrisait solidement.
- Très bien, Frédéric. Je sens que vous ne vous en sortirez pas avec le jus de navet qui vous coule dans les veines.
Mathias s'était approché. Frédéric ne sentait pas son haleine. Rien que la fraîcheur de la cave. Mais il était fasciné par ses yeux magnétiques, forts comme des aimants, étranges comme de gros calots.
Mathias plaque fermement la tête de Frédéric contre le mur, en plaquant sa paume sur sa gorge.
- Ne bouge plus, garçon. Ca va faire un peu mal, mais c'est plus efficace que des vitamines.
A moitié étranglé, Frédéric ne respirait plus. Mathias arracha le haut de son pull et de sa chemise, découvrant sa gorge. Frédéric gigotait. Mais la main de l'autre, forte comme un étau, le paralysait.
- Arrête de gesticuler, gamin.
Il avait bien la voix feulante de ce félin de l'enfance. Il découvrit deux canines pointues. Frédéric retint sa respiration. Mathias mordit à pleines dents dans sa gorge. Une intense douleur envahit Frédéric, lui vrillant les tympans, lui contractant tous les muscles, du crâne jusqu'aux pieds.
Mathias retira ses dents. Il regarda, la bouche ensanglantée, sa victime. Mais il ne souriait d'un contentement sadique. Il desserra son étreinte. Il soutint Frédéric, qui serait tombé sous le coup de l'atroce douleur.
- Allez, tiens bon. C'est douloureux, mais ça ne fait que s'apaiser à chaque seconde... C'est pour ton bien... tiens bon...
Frédéric haletait. Il avait soudain très chaud. Le sang lui montait à la tête, il étouffait, envahi par une vigueur inconnue. Le sang affluait dans toutes ses veines...
Mathias eut un petit rire satisfait :
- Allez mon gars, t'as autant de vigueur qu'un pendu maintenant. T'es déjà moins mollasson, tu te raidis.
Il rit à belles dents, pendant que Frédéric voyait tout tourner autour de lui.
- Debout, allez. C'est un électrochoc nécessaire. Maintenant, tu as autre chose que du navet dans les artères. T'inquiète pas pour les palpitations, ça va passer.
Frédéric respirait à fond. De minces filets de sang coulèrent une seconde, par ses narines, ses oreilles, ses yeux, sa bouche. De courts spasmes le secouaient.
Après avoir lentement respiré, il sentit une agressivité nouvelle courir en lui. Ses mains, son visage se crispèrent. Il voulait griffer ce mur. Il voulait mordre à son tour.
- Allez, petit félin... J'ignore comment tu vas faire, mais je sens que tu es doué !...
Mathias riait de bon coeur. Ca ne lui était jamais arrivé. Il remit en ordre les vêtements de Frédéric, encore stupide du choc qu'il subissait.
Il tapa dans le dos du jeune homme, lui serra la main franchement. Frédéric sourit, à moitié inconscient de ce qui lui arrivait.
- Allez, file maintenant. Musée Grévin, 22h30. File et ne te retourne pas.
Frédéric partit en titubant vers l'ascenseur. Il y entra, appuya pour son étage. Les portes se refermèrent.
Mathias, resté seul, regarda sa montre : encore quelques heures à attendre avant la nuit. Le boulevard Max Elskamp, Houlgate, la banlieue sud, le métro, le zoo de Vincennes...
Le Gangrel prit son briquet dans sa main, et essaya, avec une nervosité croissante, d'en tirer une flamme...
A suivre...
FIGHT LIKE A CAT, DIE LIKE A DOG
- Il était trop tard pour fuir, de toute façon...
- Vous avez bien fait de descendre, Frédéric.
Le ronronnement de la chaudière de l'immeuble. La veilleuse orange sur l'interrupteur, qui brille dans la pénombre fraîche sous-sol. Et ce magnétisme animal qui se dégage du dénommé Mathias.
Le souvenir d'une après-midi au zoo, quand Frédéric était enfant : ce félin qu'il excitait avec un bout de bois, à travers les barreaux de la cage, qui griffait, de plus en plus énervé, l'objet. Les agathes folles, le coup de patte de plus en plus précis, et Frédéric qui s'approche. Il a échappé à la vigilance de ses parents.
Du félin excité à l'enfant passe un souffle animal, et le félin bondit de plus en plus rapidement. Frédéric s'est trop approché : un coup de patte passe la grille, et lui griffe le visage. Un moment de flottement, de stupeur, puis les cris, la douleur, les pleurs, l'angoisse mortelle des parents. L'infirmerie, la plaie est rapidement soigné. Il n'en restera pas de trace.
Le coup de patte a été superficiel.
Et maintenant, c'est ce même félin à peau d'homme qui se tient devant Frédéric. Il doit savoir porter des coups précis, et viser juste. Du premier coup. Son visage n'exprime pas d'émotions. Il est mince, alerte. Il paraît souple comme un chat.
- Vous auriez pu choisir la police, Frédéric. Choisir de vous enfuir vers le commissariat le plus proche. Vous avez préféré cette cave. J'y suis enfermé depuis la nuit dernière. Je vous y ai attendu. Je ne savais pas si vous appelleriez.
Frédéric renifle, comme un môme qui a trop pleuré. Il a les yeux irrités. Il tremble encore.
- Vous êtes prêt à suivre ce que je vous dirai ?
- J'ai choisi la cave et son rat...
- Je ne suis pas un rat, Frédéric. Je suis un félin.
- Où est Elisabeth ?
- Au musée Grévin. Ou du moins, elle ne tardera pas à y être.
- Alors allons-y.
- Non. Vous, vous irez. Moi j'ai d'autres comptes à régler. Vous connaissez Jérôme Saint-Luc ?
- Vous avez dit qu'il en a après moi.
- Ecoutez-moi, maintenant que vous là. Vous voulez une cigarette.
- Non, merci.
"J'aurais pu fuir, très loin, très vite, se répétait Frédéric. Mais j'ai choisi la cage et le félin. Maintenant, son magnétisme me possède ; sa voix tremble pour moi, ses gestes seront les miens.

Frédéric écouta ce que ce Mathias avait à lui dire. Ce félin aux mots de cendres, aux gestes de cougar aux aguets finissait par le subjuguer. D'où lui venait cette voix ? D'où venaient ces gestes graciles et légers ?...
- Le musée Grévin, c'est ça ?... A 22h30 ?
- C'est ça. Après le coucher du soleil. Avant, vous ne trouverez rien. Tout sera fermé.
- C'est la fête de la musique ce soir...
- Mêlez-vous la fête jusqu'à 22h...
- Et vous, ce soir ? Vous ne serez pas de la partie ?
- Non. J'aurais voulu sauver un collègue, il y a quelques temps. Hélas, je l'ai prévenu trop tard. En fait, je ne l'ai pas prévenu du tout. Maintenant, il y a une sale bête qui rôde au zoo de Vincennes, et à qui j'aimerais régler son compte.
- Le zoo de Vincennes ? Je n'y suis pas allé depuis que j'étais gamin...
- La journée, c'est très fréquentable...
Frédéric voulait lui aussi apprendre à se mouvoir avec ces gestes lents et graciles. Des gestes qui paraissent fragiles comme le temps où ils s'exécutent. Fragiles, mais lents aussi. Mais des gestes qui laissent pressentir une force soudaine, comme un coup de patte, ou le bond du félin sur sa proie.
- Et ce collègue que vous vouliez aider... il est mort ?
- Pas tout à fait. Mathias eut un mauvais sourire. D'ailleurs, si vous avez des problèmes dans les années à venir, contactez-le. Je pense que c'est un très bon détective. A cause de moi, il file un mauvais coton. Mais entre gens comme nous, on a pas le temps l'habitude de s'excuser... J'ignore ce que vous pouvez faire pour aider Elisabeth. Mais croyez-moi, elle aura besoin de vous, ce soir.
Frédéric ne dit rien. Il ignorait absolument ce qui allait lui arriver.
- J'ai eut l'occasion d'observer Elisabeth. Je pense que c'est une fille bien. Mais Bathory et ses complices en ont décidé autrement. Les salopards...
Frédéric transpirait. Il transpirait abondamment.
- Vous ne vous sentez pas bien.
- J'ignore ce que je vais faire...
Il était à nouveau secoué de sanglots. Il s'assit par terre, plié en deux par la douleur.
- Debout, Frédéric ! Débout. Ce n'est plus temps de reculer. Allez, debout.
Mathias l'empoigna par l'avant-bras, essaya de le relever. Frédéric résistait, s'enroulait dans sa coquille. Il tremblait, se mordait les doigts, une lame de folie lui passait dans les yeux.
- Debout ! debout !... Vous avez juste le temps de vous préparer ! Debout ! La nuit sera bientôt là.
- Laissez-moi !... laissez-moi...
- Ne m'obligez pas à en venir à des extrêmités...
Mathias releva de force Frédéric, le plaqua contre le mur, l'obligea à se tenir droit.
- Du courage, des tripes !... ça suffit !... relève-toi, allez ! tiens-toi droit. Elisabeth a besoin d'un homme, pas d'une lopette...
- Laissez-moi, laissez-moi...
Il se débattait, s'agitait. Mathias le maitrisait solidement.
- Très bien, Frédéric. Je sens que vous ne vous en sortirez pas avec le jus de navet qui vous coule dans les veines.

Mathias s'était approché. Frédéric ne sentait pas son haleine. Rien que la fraîcheur de la cave. Mais il était fasciné par ses yeux magnétiques, forts comme des aimants, étranges comme de gros calots.
Mathias plaque fermement la tête de Frédéric contre le mur, en plaquant sa paume sur sa gorge.
- Ne bouge plus, garçon. Ca va faire un peu mal, mais c'est plus efficace que des vitamines.
A moitié étranglé, Frédéric ne respirait plus. Mathias arracha le haut de son pull et de sa chemise, découvrant sa gorge. Frédéric gigotait. Mais la main de l'autre, forte comme un étau, le paralysait.
- Arrête de gesticuler, gamin.
Il avait bien la voix feulante de ce félin de l'enfance. Il découvrit deux canines pointues. Frédéric retint sa respiration. Mathias mordit à pleines dents dans sa gorge. Une intense douleur envahit Frédéric, lui vrillant les tympans, lui contractant tous les muscles, du crâne jusqu'aux pieds.
Mathias retira ses dents. Il regarda, la bouche ensanglantée, sa victime. Mais il ne souriait d'un contentement sadique. Il desserra son étreinte. Il soutint Frédéric, qui serait tombé sous le coup de l'atroce douleur.
- Allez, tiens bon. C'est douloureux, mais ça ne fait que s'apaiser à chaque seconde... C'est pour ton bien... tiens bon...
Frédéric haletait. Il avait soudain très chaud. Le sang lui montait à la tête, il étouffait, envahi par une vigueur inconnue. Le sang affluait dans toutes ses veines...
Mathias eut un petit rire satisfait :
- Allez mon gars, t'as autant de vigueur qu'un pendu maintenant. T'es déjà moins mollasson, tu te raidis.
Il rit à belles dents, pendant que Frédéric voyait tout tourner autour de lui.
- Debout, allez. C'est un électrochoc nécessaire. Maintenant, tu as autre chose que du navet dans les artères. T'inquiète pas pour les palpitations, ça va passer.

Frédéric respirait à fond. De minces filets de sang coulèrent une seconde, par ses narines, ses oreilles, ses yeux, sa bouche. De courts spasmes le secouaient.
Après avoir lentement respiré, il sentit une agressivité nouvelle courir en lui. Ses mains, son visage se crispèrent. Il voulait griffer ce mur. Il voulait mordre à son tour.
- Allez, petit félin... J'ignore comment tu vas faire, mais je sens que tu es doué !...
Mathias riait de bon coeur. Ca ne lui était jamais arrivé. Il remit en ordre les vêtements de Frédéric, encore stupide du choc qu'il subissait.
Il tapa dans le dos du jeune homme, lui serra la main franchement. Frédéric sourit, à moitié inconscient de ce qui lui arrivait.
- Allez, file maintenant. Musée Grévin, 22h30. File et ne te retourne pas.
Frédéric partit en titubant vers l'ascenseur. Il y entra, appuya pour son étage. Les portes se refermèrent.
Mathias, resté seul, regarda sa montre : encore quelques heures à attendre avant la nuit. Le boulevard Max Elskamp, Houlgate, la banlieue sud, le métro, le zoo de Vincennes...
Le Gangrel prit son briquet dans sa main, et essaya, avec une nervosité croissante, d'en tirer une flamme...
A suivre...
