20-04-2004, 01:11 PM
Journal d'Aladax Lucinius : Bals sanglants pour les Tzymisce
Sire Tropovitch a raison. Je dois m’émanciper, me trouver un autre repaire que le manoir Tropovitch. Soit dit en passant, ce serait déjà accompli s’il un Kuei-Jin n’avait posé une bombe dans mon repaire du Louvre… Mais passons. En une petite semaine, j’ai trouvé un pavillon charmant et discret à Sceaux.
La pendaison de crémaillère promet d’être animée. Au pire des cas, les voisins croiront à une fête un peu tumultueuse entre jeunes gens de bonne famille… En anglais, pour dire « faire une foire de tous les diables », on dit « to paint the town red ». Expression qui risque de prendre son sens littéral ce soir...
Il a fallu que Corso arrive avec Kara en mauvais état sur l’épaule, l’autre soir, au manoir de Montmarte, et suivi de cette gamine récemment Etreinte. Et ce n’était pas n’importe quelle gamine. Une fois requinquée par plusieurs poches de plasma, Kara a pu me fournir des explications, malgré la rugosité de son langage. La gamine était apeurée, comme une petite princesse, une petite Cendrillon parmi les grands seigneurs méchants hommes.
Corso avait trouvé les deux femelles à son repaire de Vincennes. Une chance pour elles qu’il y soit repassé plutôt que d’aller tout de suite à son bureau de l'est parisien.
Kara a repris ses esprits. Allongée sur le beau tapis de mon Sire, elle grogne de temps à autre. Elle a reçu de sévères blessures, mais elle en a vu d’autres, et des vertes et des pas mures. Après avoir avalé goûlement des poches de plasma, elle nous fournit des explications à Corso et moi. Il se trouve que mademoiselle par le passé s’était acoquiné avec le sieur Krugger. Je ne suis pas surpris outre mesure que ces deux créatures se connaissent. Et le Sire de Corso a organisé une meute pour s’attaquer au château des Tzymisce, à Fontainebleau. Il en voulait manifestement à des gens réfugiés là-bas. Parmi ces gens, j’ai de bonnes raisons de croire que se trouvent Héléna et Constance Bathory. Que du beau linge.
L’attaque a envoyé dans la mort ultime sept des sculpteurs de chair –bonne journée pour notre pays et pour la Camarilla. Plusieurs Gangrel ont succombé lors du combat. Kara a réussi à s’échapper avec la gamine apeurée, une jeune Tremere nommée Mélinda. Kara avait déjà vu Corso, elle a fait le lien et a trouvé refuge à son repaire de Vincennes.
J'ai dit que Mélinda a du sang Tremere dans les veines. Nous ne faisons que le supposer. Car il se trouve que notre Cendrillon est l’Infant d’Héléna en personne ! Malheureuse jeunette, si elle a de la souillure Tzymisce dans les veines !… Autre point peu enviable à mettre à son passif : c’est elle qui va nous servir d’appât pour attirer Héléna.
Corso et moi sommes allés en reconnaissance à Fontainebleau. Le Sabbat a bien fait les choses : il ne restait plus de trace de la tuerie provoquée par la bande à Krugger. Juché sur un monticule, nous observons à distance raisonnable la cour du château : des soldats, lourdement armés, des Caïnites férocement sur leurs gardes, secondés certainement par des Gargouilles. Pas possible de s’infiltrer dedans pour y dénicher Héléna. Non, décidément, c’est Mélinda qui servira de chèvre...
Et Morgane va nous y aider. Nous n’avons pas été surpris de trouver la Tremere sorbonnarde elle aussi en observation sur les lieux. Après quelques phrases pour nous flairer mutuellement, Corso et moi face à elle, nous décidons d’agir en personnes responsables. Nous allons nous associer, car Morgane a été chargée par son clan de trouver la traîtresse Héléna et de l’amener à Vienne, au tribunal des sorciers. Et Corso veut juste glisser quelques mots à Héléna avant son transfert… Petite discussion officieuse.

Apprenant ma décision de changer de repaire, Sire Tropovitch n’a pas eu de difficulté à me trouver 150.000 euros. Il sait ce que parler veut dire, comme disent les banquiers. Une belle somme, pour une location qui ne risque pas de s’étendre sur des mois... Mais ça, Tropovitch n’est pas censé être au courant… Je trouverai moi-même le prochain repaire avec l’argent qui me reste. Et j'irai chercher loin de Sceaux...
Morgane a laissé traîner dans les oreilles d’un Tremere la rumeur qu’un certain Lucinius héberge chez lui une jeune fille depuis peu de temps… Troublante coïncidence. L’histoire a dû passer par un certain Angélus, Nosfératu de son état, et remonter ainsi vers la douce Héléna.
L’heure approche. Je passe un chiffon sur mon Magnum 357, j’époussete l’intérieur du canon, je finis de mettre les balles dans le barillet, je le fais tourner, j'observe son fuselage. Morgane est avec moi, concentrée. Elle a fini à temps ses révisions. Interrogation orale dans peu de temps. :P Corso, transformé en hyène, s’est tapi dans un coin de la pièce, prêt à bondir. Mélinda est à la cave.
On sonne à la porte. Je regarde Corso, Morgane... Je vais ouvrir.
Héléna est là, charmante comme un redressement fiscal. Insultante, méprisante, mais mal à l’aise la garce, elle me toise. Je l’invite à rentrer. Elle s’attendait à trouver François Loren et Benedict. Elle tombe nez à nez avec Morgane. Discussion frappée comme un double whisky entre les deux. La bonne fée est décidée à emmener la sorcière devant le tribunal de Vienne.
S’il est vrai que Héléna était invitée, en revanche ses amis les goules et les gargouilles ne sont pas vraiment autorisés à passer le pas de la porte. Ces malpolis ne s'essuieraient même pas les semelles en rentrant. Deux goules qui s’essayent à passer le pas de la porte se tordent soudain de douleur, comme si un poing d'acier commençait à les broyer...
Système d’alarme breveté Tremere®, installé par Morgane il y a quelques heures. Une puissante glyphe de pouvoir attaque toute goule et la neutralise impitoyablement. Même topo pour celles qui se croient intelligentes à passer par la fenêtre. Les linteaux ont été sécurisés aussi.

Et je crois que de toute façon, les deux magiciennes ne voulaient pas vraiment se parler. Et Corso a perdu une belle occasion. Dire que je me souviens de ce qui s’est passé avec clarté, ce serait mentir. Je sais que les deux Gangrel (oui Kara était aussi de la fête) ont bondi sur deux Gargouilles qui venaient de rentrer. Les goules se sont vite enfuis, emmenant leurs blessés. Héléna était venue avec deux gardes du corps. Littéralement, Morgane en a pris un pour taper sur l’autre : d’un geste impérieux, elle a pris le contrôle de l’esprit d’un des deux Tzymisce, qui s’est mis à attaquer son confrère.
J’ai ouvert le feu sur une des Gargouilles, puis sur Héléna, puis sur l’un des gorilles. Détonations d’enfer, mais beaucoup de bruit pour rien. Mes balles n’écorchent même pas mes cibles. Pourtant, ma précision au tir augmente, indubitablement.
Morgane a ordonné à une des Gargouilles d’attaquer ses deux consœurs, restées au-dehors. Un bannissement en règle. Les deux gardes du corps Tzymisce ont succombé à la fureur animale de Kara et Corso. Le lâcher de fauves a encore une fois démontré son efficacité. Héléna, qui venait pour Mélinda, s’est changée en brume pour descendre à la cave. Morgane s’est précipitée à sa poursuite, précédée de Corso. Kara a encore mordu une Gargouille avant que celle-ci ne s'enfuie.
La Gangrel et moi sommes descendus aussitôt après. A la cave, c’était l’enfer… Une tuerie abominable. J’ai entendu Corso rugir comme jamais je ne l’avais entendu… Je ne savais même pas qu’un animal pouvait pousser un tel cri. C’était hideux, c’était le cri du réprouvé, du sombre, du haineux. Sa haine était palpable, poisseuse. D’un coup de gueule monstrueux, Corso venait d’arracher la tête d’Héléna, avant de répandre reste de son corps dans la cave.
Je ne savais pas que cinq litres de sang prenaient une telle surface, une fois étalés… Oui, on venait de me repeindre les murs ! Corso, en tuant Héléna, était tombée dans une transe de rage inédite. Ces derniers jours, il était pourtant calme, pondérée. Je crois que la bête sauvage, préhistorique, venait de se réveiller en lui, et de très mauvaise humeur.
La pauvre Mélinda en a fait les frais : Corso l’a mordue profondément, enfonçant ses crocs dans sa chair à vif, sa chair tendre et appétissante… La gamine avait de fait essayé de lui enfoncer un pieu dans le cœur. J’ai tiré dans la tête de Corso. Le coup est parti avant que j’en prenne vraiment conscience. C’est l’instinct qui s’est déclenché en moi. Peine perdue, je ne sais même pas si la hyène a senti la balle qui l’a frappée.
Morgane a voulu protéger Mélinda avec une barrière de feu magique. Corso s’est mis à trembler, frénétique, face aux flammes qui lui léchaient le museau. Il avait des crocs comme des sabres, tous les muscles tendus, le poil hérissé, électrisé. Face au feu, il s’est changé en brume et a disparu de la cave en jouant le passe-muraille.
Morgane s’est précipitée pour aider Mélinda. Il restait encore quelques poches de sang.
Kara a ramassé les cadavres de goules. Les Gargouilles avaient disparu. Ma pendaison de crémaillère a ainsi duré moins de cinq minutes, le temps d’expédier encore trois Tzymisce, soit 10 membres du Sabbat en moins.
Journée faste pour la Mascarade. Moins pour Corso. Il s’est enfui dans la ville de Sceaux. Dans quel état vais-je le retrouver ?
Morgane s’est bien occupé de Mélinda. Elle l’a liée par le sang, se créant de fait une Infante, puisque Héléna tapisse maintenant le sol et les murs (et le plafond) de la cave…
Je change de veste, car celle-ci est tâchée de sang. Je me recoiffe. Je remplis à nouveau le barillet de mon Magnum. Kara va venir avec moi. Nous partons à la recherche de Corso. En espérant que nous n’en viendrons pas à la chasse à la courre. Mais dans l’état où il doit être, il ne menace que trop la Mascarade. Quant à moi, j’ai rempli la part du contrat promis : il a retrouvé Héléna. Maintenant, mon allié pour retrouver Lisbeth se nomme Krugger. Que je sois rôti au soleil si j'ai jamais pensé me retrouver dans cette situation. Mais les faits parlent d’eux-mêmes. Si Corso s’obstine à vouloir affronter son Sire, il va devenir un obstacle pour moi.
J’ai promis à Alexandre de l’aider en le prévenant quant ses pulsions se déclenchent. Mais j’ai bien peur de devoir remédier radicalement à sa brutalité.
A cette heure-ci, les gens dorment. Je m’aventure dans Sceaux endormie. Ses rond points fleuris, ses jolies maisons bourgeoises, ses bâtiments officiels tout proprets… son parc verdoyant et son Gangrel en liberté dedans…
Sire Tropovitch a raison. Je dois m’émanciper, me trouver un autre repaire que le manoir Tropovitch. Soit dit en passant, ce serait déjà accompli s’il un Kuei-Jin n’avait posé une bombe dans mon repaire du Louvre… Mais passons. En une petite semaine, j’ai trouvé un pavillon charmant et discret à Sceaux.
La pendaison de crémaillère promet d’être animée. Au pire des cas, les voisins croiront à une fête un peu tumultueuse entre jeunes gens de bonne famille… En anglais, pour dire « faire une foire de tous les diables », on dit « to paint the town red ». Expression qui risque de prendre son sens littéral ce soir...
Il a fallu que Corso arrive avec Kara en mauvais état sur l’épaule, l’autre soir, au manoir de Montmarte, et suivi de cette gamine récemment Etreinte. Et ce n’était pas n’importe quelle gamine. Une fois requinquée par plusieurs poches de plasma, Kara a pu me fournir des explications, malgré la rugosité de son langage. La gamine était apeurée, comme une petite princesse, une petite Cendrillon parmi les grands seigneurs méchants hommes.
Corso avait trouvé les deux femelles à son repaire de Vincennes. Une chance pour elles qu’il y soit repassé plutôt que d’aller tout de suite à son bureau de l'est parisien.
Kara a repris ses esprits. Allongée sur le beau tapis de mon Sire, elle grogne de temps à autre. Elle a reçu de sévères blessures, mais elle en a vu d’autres, et des vertes et des pas mures. Après avoir avalé goûlement des poches de plasma, elle nous fournit des explications à Corso et moi. Il se trouve que mademoiselle par le passé s’était acoquiné avec le sieur Krugger. Je ne suis pas surpris outre mesure que ces deux créatures se connaissent. Et le Sire de Corso a organisé une meute pour s’attaquer au château des Tzymisce, à Fontainebleau. Il en voulait manifestement à des gens réfugiés là-bas. Parmi ces gens, j’ai de bonnes raisons de croire que se trouvent Héléna et Constance Bathory. Que du beau linge.
L’attaque a envoyé dans la mort ultime sept des sculpteurs de chair –bonne journée pour notre pays et pour la Camarilla. Plusieurs Gangrel ont succombé lors du combat. Kara a réussi à s’échapper avec la gamine apeurée, une jeune Tremere nommée Mélinda. Kara avait déjà vu Corso, elle a fait le lien et a trouvé refuge à son repaire de Vincennes.
J'ai dit que Mélinda a du sang Tremere dans les veines. Nous ne faisons que le supposer. Car il se trouve que notre Cendrillon est l’Infant d’Héléna en personne ! Malheureuse jeunette, si elle a de la souillure Tzymisce dans les veines !… Autre point peu enviable à mettre à son passif : c’est elle qui va nous servir d’appât pour attirer Héléna.
Corso et moi sommes allés en reconnaissance à Fontainebleau. Le Sabbat a bien fait les choses : il ne restait plus de trace de la tuerie provoquée par la bande à Krugger. Juché sur un monticule, nous observons à distance raisonnable la cour du château : des soldats, lourdement armés, des Caïnites férocement sur leurs gardes, secondés certainement par des Gargouilles. Pas possible de s’infiltrer dedans pour y dénicher Héléna. Non, décidément, c’est Mélinda qui servira de chèvre...
Et Morgane va nous y aider. Nous n’avons pas été surpris de trouver la Tremere sorbonnarde elle aussi en observation sur les lieux. Après quelques phrases pour nous flairer mutuellement, Corso et moi face à elle, nous décidons d’agir en personnes responsables. Nous allons nous associer, car Morgane a été chargée par son clan de trouver la traîtresse Héléna et de l’amener à Vienne, au tribunal des sorciers. Et Corso veut juste glisser quelques mots à Héléna avant son transfert… Petite discussion officieuse.

Apprenant ma décision de changer de repaire, Sire Tropovitch n’a pas eu de difficulté à me trouver 150.000 euros. Il sait ce que parler veut dire, comme disent les banquiers. Une belle somme, pour une location qui ne risque pas de s’étendre sur des mois... Mais ça, Tropovitch n’est pas censé être au courant… Je trouverai moi-même le prochain repaire avec l’argent qui me reste. Et j'irai chercher loin de Sceaux...
Morgane a laissé traîner dans les oreilles d’un Tremere la rumeur qu’un certain Lucinius héberge chez lui une jeune fille depuis peu de temps… Troublante coïncidence. L’histoire a dû passer par un certain Angélus, Nosfératu de son état, et remonter ainsi vers la douce Héléna.
L’heure approche. Je passe un chiffon sur mon Magnum 357, j’époussete l’intérieur du canon, je finis de mettre les balles dans le barillet, je le fais tourner, j'observe son fuselage. Morgane est avec moi, concentrée. Elle a fini à temps ses révisions. Interrogation orale dans peu de temps. :P Corso, transformé en hyène, s’est tapi dans un coin de la pièce, prêt à bondir. Mélinda est à la cave.
On sonne à la porte. Je regarde Corso, Morgane... Je vais ouvrir.
Héléna est là, charmante comme un redressement fiscal. Insultante, méprisante, mais mal à l’aise la garce, elle me toise. Je l’invite à rentrer. Elle s’attendait à trouver François Loren et Benedict. Elle tombe nez à nez avec Morgane. Discussion frappée comme un double whisky entre les deux. La bonne fée est décidée à emmener la sorcière devant le tribunal de Vienne.
S’il est vrai que Héléna était invitée, en revanche ses amis les goules et les gargouilles ne sont pas vraiment autorisés à passer le pas de la porte. Ces malpolis ne s'essuieraient même pas les semelles en rentrant. Deux goules qui s’essayent à passer le pas de la porte se tordent soudain de douleur, comme si un poing d'acier commençait à les broyer...
Système d’alarme breveté Tremere®, installé par Morgane il y a quelques heures. Une puissante glyphe de pouvoir attaque toute goule et la neutralise impitoyablement. Même topo pour celles qui se croient intelligentes à passer par la fenêtre. Les linteaux ont été sécurisés aussi.

Et je crois que de toute façon, les deux magiciennes ne voulaient pas vraiment se parler. Et Corso a perdu une belle occasion. Dire que je me souviens de ce qui s’est passé avec clarté, ce serait mentir. Je sais que les deux Gangrel (oui Kara était aussi de la fête) ont bondi sur deux Gargouilles qui venaient de rentrer. Les goules se sont vite enfuis, emmenant leurs blessés. Héléna était venue avec deux gardes du corps. Littéralement, Morgane en a pris un pour taper sur l’autre : d’un geste impérieux, elle a pris le contrôle de l’esprit d’un des deux Tzymisce, qui s’est mis à attaquer son confrère.
J’ai ouvert le feu sur une des Gargouilles, puis sur Héléna, puis sur l’un des gorilles. Détonations d’enfer, mais beaucoup de bruit pour rien. Mes balles n’écorchent même pas mes cibles. Pourtant, ma précision au tir augmente, indubitablement.
Morgane a ordonné à une des Gargouilles d’attaquer ses deux consœurs, restées au-dehors. Un bannissement en règle. Les deux gardes du corps Tzymisce ont succombé à la fureur animale de Kara et Corso. Le lâcher de fauves a encore une fois démontré son efficacité. Héléna, qui venait pour Mélinda, s’est changée en brume pour descendre à la cave. Morgane s’est précipitée à sa poursuite, précédée de Corso. Kara a encore mordu une Gargouille avant que celle-ci ne s'enfuie.
La Gangrel et moi sommes descendus aussitôt après. A la cave, c’était l’enfer… Une tuerie abominable. J’ai entendu Corso rugir comme jamais je ne l’avais entendu… Je ne savais même pas qu’un animal pouvait pousser un tel cri. C’était hideux, c’était le cri du réprouvé, du sombre, du haineux. Sa haine était palpable, poisseuse. D’un coup de gueule monstrueux, Corso venait d’arracher la tête d’Héléna, avant de répandre reste de son corps dans la cave.
Je ne savais pas que cinq litres de sang prenaient une telle surface, une fois étalés… Oui, on venait de me repeindre les murs ! Corso, en tuant Héléna, était tombée dans une transe de rage inédite. Ces derniers jours, il était pourtant calme, pondérée. Je crois que la bête sauvage, préhistorique, venait de se réveiller en lui, et de très mauvaise humeur.
La pauvre Mélinda en a fait les frais : Corso l’a mordue profondément, enfonçant ses crocs dans sa chair à vif, sa chair tendre et appétissante… La gamine avait de fait essayé de lui enfoncer un pieu dans le cœur. J’ai tiré dans la tête de Corso. Le coup est parti avant que j’en prenne vraiment conscience. C’est l’instinct qui s’est déclenché en moi. Peine perdue, je ne sais même pas si la hyène a senti la balle qui l’a frappée.
Morgane a voulu protéger Mélinda avec une barrière de feu magique. Corso s’est mis à trembler, frénétique, face aux flammes qui lui léchaient le museau. Il avait des crocs comme des sabres, tous les muscles tendus, le poil hérissé, électrisé. Face au feu, il s’est changé en brume et a disparu de la cave en jouant le passe-muraille.

Morgane s’est précipitée pour aider Mélinda. Il restait encore quelques poches de sang.
Kara a ramassé les cadavres de goules. Les Gargouilles avaient disparu. Ma pendaison de crémaillère a ainsi duré moins de cinq minutes, le temps d’expédier encore trois Tzymisce, soit 10 membres du Sabbat en moins.
Journée faste pour la Mascarade. Moins pour Corso. Il s’est enfui dans la ville de Sceaux. Dans quel état vais-je le retrouver ?
Morgane s’est bien occupé de Mélinda. Elle l’a liée par le sang, se créant de fait une Infante, puisque Héléna tapisse maintenant le sol et les murs (et le plafond) de la cave…
Je change de veste, car celle-ci est tâchée de sang. Je me recoiffe. Je remplis à nouveau le barillet de mon Magnum. Kara va venir avec moi. Nous partons à la recherche de Corso. En espérant que nous n’en viendrons pas à la chasse à la courre. Mais dans l’état où il doit être, il ne menace que trop la Mascarade. Quant à moi, j’ai rempli la part du contrat promis : il a retrouvé Héléna. Maintenant, mon allié pour retrouver Lisbeth se nomme Krugger. Que je sois rôti au soleil si j'ai jamais pensé me retrouver dans cette situation. Mais les faits parlent d’eux-mêmes. Si Corso s’obstine à vouloir affronter son Sire, il va devenir un obstacle pour moi.
J’ai promis à Alexandre de l’aider en le prévenant quant ses pulsions se déclenchent. Mais j’ai bien peur de devoir remédier radicalement à sa brutalité.
A cette heure-ci, les gens dorment. Je m’aventure dans Sceaux endormie. Ses rond points fleuris, ses jolies maisons bourgeoises, ses bâtiments officiels tout proprets… son parc verdoyant et son Gangrel en liberté dedans…
