23-11-2020, 01:15 AM
Yori je préfère l'avoir dans notre équipe que dans celle en face

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23-11-2020, 01:15 AM
Yori je préfère l'avoir dans notre équipe que dans celle en face
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Moi aussi, surtout pour les soirées au Monde Flottant
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24-11-2020, 11:58 PM
Longue vie aux Big Black Cocks!!!
26-11-2020, 11:07 AM
(This post was last modified: 26-11-2020, 11:20 PM by Darth Nico.)
![]() Sarutobi et Kiohage arrivent à la porte ouest de Bakufu : Miya Sekawa réunit une troupe pour retrouver l'agresseur de Genichi. Des Bayushi sont déjà là, des Crabes et des Tortues, quelques Phénix, ainsi que des ashigarus. La poudre et les lames vont parler ! Mais la nuit est tombée, et en attendant le départ le lendemain, Sekawa demande un service à Sarutobi : l'enquête auprès des Lièvres ainsi que des moines a permis d'apprendre que les insurgés des Poings de Justice ont accumulé des armes et du matériel dans Bakufu. Il faut fouiller le quartier des entrepôts pour les retrouver. Sarutobi, qui connaît mal l'ouest de la ville, va demander conseil à Daigotsu Kappon : l'honorable responsable des achats de l'ambassade Araignée, et par ailleurs chef du trafic de poudre et d'opium, se fera un plaisir de renseigner la magistrature. En effet, celui-ci reçoit sans difficulté les deux magistrats. On se doute que Kappon est le genre de personnage qui travaille la nuit. Il indique l'entrepôt où Lièvres et Poings de Justice ont mis leur matériel. Mais il ajoute, en riant nerveusement : - Si vous allez là-bas, vous allez déclencher une guerre. Ce qui tombe bien, c'est l'intention de Sarutobi ! Accompagnés de volontaires du Crabe, ils se rendent aux entrepôts. Ils voient des gens s'enfuir sur le toit : Sarutobi en arrête un d'une flèche, puis ordonne aux Crabes d'enfoncer la porte. Un bon coup de marteau de guerre et les samouraïs se ruent à l'intérieur. Les Lièvres sont en train de détaler, mais plusieurs s'attaquent quand même aux samouraïs et Sarutobi en combat qui, armé d'un wakisashi et particulièrement agile, va lui donner du fil à retordre ! Sarutobi parvient à le blesser, tandis que les Crabes finissent d'investir les lieux. Des ashigarus arrivent pour garder l'entrepôt. Sarutobi et Kiohage retournent voir Miya Sekawa, et s'apprêtent à passer la nuit dans le fort de surveillance, rapidement aménagé pour accueillir tous ces magistrats. Avant de dormir, Sarutobi écrit une lettre à Feiyan : ![]() Feiyan la trouve le lendemain à son réveil, après une nuit passée au palais de la magistrature. Elle note le nom de ce Goku. Dans la matinée, elle est occupée à diriger l'enquête sur l'agression de Genichi : elle signe ordres et papiers pour poursuivre les complices. Et sans surprise, cela commencera par des descentes sur le port des brumes ! Et d'abord chez les contrebandiers du ruban bleu ! En début d'après-midi, elle se rend au Nid : Korimi semble rétablie. Feiyan lui présente à nouveau ses excuses en lui rappelant qu'elle a dû regarder son dossier à la magistrature. Korimi ne s'en offusque pas, d'autant qu'après avoir dit cela, Feiyan lui assure que cela n'entache en rien leur amitié, malgré les petits déboires de la Togashi ces dernières années. Elle lui assure aussi que si elle l'a fait, c'est pour les besoins de l'enquête de la magistrature. La vérité est que Feiyan voudrait aussi en apprendre plus sur sa soeur, par la même occasion. Mais les deux sont liés ! Korimi raconte son enfance, comment elle était promise à passer une vie à prier et à brosser le parquet du temple Togashi. Comment ensuite on a voulu la marier à ce Kitsu, chez qui elle aurait passé sa vie à s'occuper des enfants, à prier et à brosser le parquet ! La turbulente Korimi a alors dit non à ce destin et elle est partie. Elle est en veine de sarcasmes contre les Kitsu et les Togashi, ces vieilles familles engoncées dans leurs traditions, puritaines et hypocrites, détestant l'Harmonie parce qu'elles en sont en vérité jalouses. Elles voient bien que le contact avec les gaijins est devenu inévitable. Et ce qu'elles appellent décadence, Korimi appelle cela le progrès, la promesse d'une vie meilleure, un peu plus heureuse et un peu plus libre ! En réalité, pendant des siècles, les Togashi étaient fiers d'être à l'abri du monde, au sommet de leur montagne éternelle. Mais ils ont compris que l'époque de cette supériorité était finie : les samouraïs se détournent des traditions, ils ne veulent plus se soumettre aveuglément aux volontés des ancêtres et des esprits, donc en réalité au bon vouloir des religieux. Ils ne veulent plus vivre comme il y a deux siècles. Voyant leur pouvoir sur les esprits s'éroder, les Togashi ont compris qu'ils seraient bientôt des reliques. Même les Mirumoto se détournent de la vie ascétique et veulent découvrir le monde. Les Agasha sont partis chez les Phénix et veulent mettre au point une poudre explosive, progresser dans l'alchimie, et la chimie tout court. Le chef de la famille Togashi a prétendu, ces dernières années, avoir été visité par l'esprit d'un Dragon venu du royaume des esprits. Il y a quelques décennies encore, on l'aurait écouté, plein de stupeur, transmettre les paroles sacrées de cette créature. Mais aujourd'hui, cela fait plutôt ricaner les jeunes générations, qui ne se laissent plus prendre à ce genre d'éloquence pompeuse. Les Kitsu sont dans une situation similaire : leurs terres sont enclavées entre celles des Akodo et des Matsu. Ils sont coupés du monde extérieur. Cela a fait leur force pendant longtemps, mais tout comme les Togashi, cela les prive aujourd'hui des apports de la modernité. Même les Akodo et les Matsu, sous l'influence des Ikoma, commencent à moderniser leurs armées, car ils savent bien sinon que les gaijins finiront par les détruire. Or, si ce n'est plus la force spirituelle qui donne la victoire, mais les armes à feu, alors il n'y a plus de raison d'écouter les Kitsu. Ils ont donc prétendu que les esprits de mille ancêtres les ont visités, furieux que les samouraïs se détournent d'eux ! Le daimyo de la famille Kitsu a donc lancé de grandes exhortations à entendre à nouveau l'appel des Ancêtres. Ils considèrent qu'eux seuls sont purs alors que tous les samouraïs vivants sont menacés de corruption spirituelle. Ils ont alors lancé de grandes recherches pour trouver quelques femmes pures, qui auraient l'honneur de s'unir à des Kitsu pour faire des descendants capables d'affronter cette corruption généralisée. Parmi ces femmes "élues", il y a donc eu Korimi et Utaku Xulian. Mais quand Korimi a refusé ce mariage, elle a tout de suite été traitée de chienne impure et de toutes sortes d'autres noms sortis de l'imagination enfiévrée des Kitsu. Il ne fait pas bon blesser l'orgueil de ces fanatiques ! Quant aux Iuchi, Korimi les connaît moins. Elle sait juste qu'ils invoquent, de leur côté, l'influence de divinités des Sables Brûlants, qui leur commanderaient de revenir aussi aux traditions. Feiyan voit de quoi il s'agit : bien que jeune, elle a appartenu à la Horde et elle a entendu parler des cultes venus du peuple Ujik-Hai. Ceux-ci vénèrent les Shin-Tien-Yen-Wang, dix esprits à l'apparence de vieillards décharnés qui servent Emma-O, la déesse qui juge les morts. Il y a ici un syncrétisme entre le panthéon des Ujik-Hai et celui de Rokugan. Emma-O préside au royaume de l'attente, où les âmes des défunts passent avant de savoir dans quel monde elles passeront avant d'être réincarnées. Les Shin-Tien-Yen-Wang sont des divinités sombres et colériques, qui ont appelé plusieurs fois les Ujik-Hai à des expéditions meurtrières pour punir les mécréants. Korimi est persuadée que ces trois familles veulent soit détruire l'Harmonie, soit, en fait, s'emparer de ses richesses. Feiyan admet que ces religieux ont un honneur corrompu. Servir les esprits est louable mais le faire par peur et par cupidité est parfaitement méprisable. Feiyan reste toutefois convaincue que, même si les Togashi et les Kitsu sont corrompus dans leur ensemble, il ne doit y avoir que quelques Iuchi isolés qui se sont abaissés. Malgré tout, cela ne promet rien de bon, car on ne peut pas raisonner des gens qui sont persuadés d'accomplir la volonté des esprits. Qu'ils servent un Dragon élémentaire, les Ancêtres ou les esprits du désert, leur foi est devenue aveugle et contraire à l'honneur. Quand elle ressort de la chambre de Korimi, Feiyan reçoit un message d'un samouraï Miya.La suite de l'enquête dans le port des brumes et les entrepôts a permis de trouver une base d'opération des insurgés : le temple des cloches de la mort, au sud de Kyuden Suzume. Feiyan envoie sur l'heure une requête à l'ambassade Licorne pour qu'ils envoient un messager à Miya Sekawa. * La troupe de Miya Sekawa part vers l'ouest et, en milieu d'après-midi, sont assaillis par les brigades des Poings de Justice. Ces paysans armés ont une véritable organisation militaire ; ils se ruent à l'assaut en criant : "Emma-O !", la déesse de la mort dont Feiyan vient d'entendre parler. Les cavalières Utaku parviennent à briser leur organisation, mais ils reforment rapidement des pelotons qui se serrent les coudes. Leur assaut est rapide, bien mené. Sarutobi se retrouve au prise avec deux combattants armés de naginata. Il parvient avec difficulté à les abattre, après un combat féroce : les Poings de Justice ne sont pas à sous-estimer. Les Crabes enfoncent finalement les rangs des Poings, tandis que les Scorpions, dont plusieurs élèves du dojo de Yugure, abattent au fusil et au pistolet plusieurs paysans isolés. Les derniers combattants s'enfuient et plusieurs sont abattus par les archers Shinjo. Le message de Feiyan arrive à ce moment, porté par Shinjo Monaï, le messager le plus rapide de l'ambassade. Sekawa ne peut pas détourner toute sa troupe vers le sud, car ils doivent se rapprocher rapidement des terres du Lièvre au plus vite. Mais il donne plusieurs hommes à Sarutobi et Kiohage, qui vont aller voir cette base des insurgés. En chemin, Sarutobi recrute plusieurs samouraïs du Moineau, dont un shugenja qui connaît le sanctuaire des Cloches de la Mort. Un endroit assez sinistre et isolé, bien choisi en fait pour cacher du matériel. Il y a plusieurs siècles de cela, un esprits enragé, le Shimushigaki, a été vaincu et banni à cet endroit. Depuis, des cloches ont été installés aux branches d'un grand sakaki. Tant qu'elles sonnent, le shimushigaki ne peut approcher, mais si elles devenaient silencieuses... La nuit tombe, et la brume monte. En arrivant au temple, Sarutobi aperçoit trois silhouettes aux allures fantomatiques qui gardent les lieux. Le shugenja est inquiet : que des esprits rôdent aux alentours d'un sanctuaire n'est pas surprenant, mais celles-ci semblent hostiles. Et en effet, alors que nos héros avancent, les esprits poussent un cri guttural et avancent. Le shugenja sort alors un parchemin d'incantation et tente de les bannir. Les esprits reculent en sifflant, comme se tordant de douleur. Leur aura surnaturelle disparaît : ils sont maintenant présent en chair et en os. Mais plutôt en os, au vu de leur aspect déchargé. Des squelettes sur lesquelles des morceaux d'armures tiennent à peine. Mais ces revenants sont décidés à en découdre comme si le sang leur brûlait dans les veines. Sarutobi engage l'un d'eux en combat, qui est absolument enragé. Il a le temps de le percer d'une flèche mais cela n'arrêtera pas sa charge. Au temps d'un combat éprouvant, le Guêpe le tranche d'un coup de sabre ; le guerrier reprend son aspect fantomatique et, avant qu'il ne tombe en poussière, Sarutobi a le temps d'apercevoir sur son armure un mon représentant les Quêteurs de Mort de la famille Matsu ! Comment ces esprits peuvent-ils se trouver si loin de leurs terres ancestrales ! Pour le shugenja Suzume, il apparaît que les insurgés des Poings de Justice se sont servis de rituels pour faire venir ces guerriers ! On ne pouvait imaginer que c'est un tel soutien qu'ils recevaient du clan du Lion ! Sarutobi harangue alors les Suzume, un peu trop prudents à son goût, et lance une charge sur le temple. Les samouraïs investissent les lieux ; plusieurs Lièvres tentent de s'enfuir et finissent criblés de flèches. Des paysans armés finissent au bout des lances des Moineaux. Pendant que ce combat se déroule, un vent surnaturel souffle dans les branches de l'arbre, et les cloches résonnent de plus en plus fort. Sarutobi a juste le temps d'apercevoir la silhouette d'un ancêtre Kakita, qui se bat au sabre contre deux autres personnages, à peine des ombres. La brume monte toujours. La nuit est maintenant tombée, et dans le clair de lune, tandis que les cloches sonnent à toute volée, on voit de grandes grues blanches s'envoler. Une vision d'un autre monde saisit alors Sarutobi et Kiohage : deux esprits malfaisants s'adressent à eux dans un langage cryptique. Quand la vision s'arrête, que la brume reflue et que les cloches reprennent un tintement rassurant, Sarutobi et Kiohage sont abasourdis. - Peut-on imaginer des esprits plus malfaisants ? s'exclame le magistrat Moineau. Leur aspect effrayant dit déjà tout d'eux ! Et leurs paroles sont folles ! Comme s'il appartenait à un samouraï de se poser ce genre de questions ! Rien qu'une seule serait déshonorante, alors quatre ! Sarutobi, accablé lui aussi, demande au shugenja ce qu'il en pense : - Les esprits malfaisants comme les gaki ont été rendus fous par la douleur. En harcelant les hommes, ils cherchent à les entraîner dans leur folie. Ils tiennent un langage destiné à perturber l'esprit, à abattre nos certitudes. Ils ont l'air de dire des choses sensées, mais ils délirent ! Malheur à ceux qui se laissent prendre à ce bavardage ! Je pense que ces deux que nous avons vus sont des échappés du monde des Déshonorés ! Et peut-être même qu'ils ont séjourné dans je ne sais quel enfer pour être aussi repoussants ! La journée a été assez éprouvante. Il fait maintenant nuit noire sur le temple. Aux flambeaux, sous la lune ronde, la troupe quitte cet endroit, sûr que plus personne ne va y revenir, et ils se dirigent vers Kyuden Suzume. * Plus tôt dans la journée à Bakufu, Feiyan se rend au débarcadère des navettes et consulte le registre des arrivées de Porto Maravila : elle y voit plusieurs noms thranois, dont celui de Jacob Wilderbrandt. Le corsaire a donc bien débarqué en ville. En revanche, il n'y a pas celui de Meikudo. Mais elle a très bien pu voyager sous une fausse identité. Feiyan va voir Tsuruchi Goku, l'ami de Sarutobi. Celui-ci la reçoit aimablement : - Je ne peux rien refuser à une amie de ce vieux Saru ! Si vous saviez, on en a vécu des aventures ensemble ! J'ai pour vous un endroit à l'écart où vous serez bien pour recevoir. Et je ne pose aucune question, rassurez-vous. La seule personne sur qui j'exercerais un chantage, ce serait Sarutobi ! Si les Araignées savaient ce que je sais sur lui, ils pourraient le déshonorer cinq fois ! Mais entre nous, Sarutobi en sait autant sur moi ! Ça équilibre. Feiyan remercie le volubile Goku et part dans le quartier Thranois : Sarutobi lui avait parlé de Markus, le maître d'armes, et ancien amant de Korimi, qui se trouve être le frère du corsaire Jacob Wilderbrandt. Quand elle arrive, elle se rend compte qu'il y a eu du grabuge : on l'informe de coups de feux, et de pirates en fuite. On a reconstitué ce qui s'est passé : Jacob est arrivé, déjà aviné, pour voir son frère Markus. Il voulait en fait l'enrôler dans une croisade contre les Merenae. Markus a refusé, le ton est monté, Jacob a continué à boire. Il est devenu mauvais, injurieux, et à la fin, sans qu'on sache qui a tiré le premier, il y a eu des balles échangées. Markus a été blessé, Jacob s'est enfui. Feiyan trouve le maître d'armes en train de se faire mettre un bandage. Il s'excuse de recevoir la magistrature dans un bazar pareil. Des bouteilles brisées, des chaises cassées, du sang par terre... Markus s'excuse surtout que son frère ait causé un tel désordre en ville, alors que le quartier thranois est toujours calme. Bien que Thranois, Markus se considère comme un citoyen de Bakufu. Il pense la même chose que monsieur Jan par exemple. Ils n'ont pas à se plier aux demandes d'un pirate comme Jacob, même s'il a un titre de corsaire (donc officiellement employé par une maison thranoise). Feiyan lui demande de raconter plus en détails ce qui s'est passé... et surtout qui composait l'équipage. Y avait-il des non-thranois dedans, au hasard ? Markus se souvient qu'une Rokuganie était dans l'équipage, avec le titre de quartier-maître, ou quelque chose comme cela. Quand le ton a monté, que Jacob s'est mis à postillonner presque sous le nez de son frère, elle s'est interposée, en proposant au corsaire de sortir se calmer. Celui-ci a alors voulu la frapper, mais avec les quatre ou cinq verres d'eau-de-vie qu'il avait avalés, il a tapé à côté. Jacob a ordonné à cette femme de sortir et la traitant de tous les noms. Elle a obéi et a été suivie de plusieurs membres de l'équipage. Quand la magistrature est arrivée pour courir après les fuyards, elle n'était plus là. Feiyan remercie Markus pour ses informations et pour ses efforts en faveur de l'ordre de l'Harmonie. Quand elle ressort, elle s'informe auprès des Guêpes : Wilderbrandt et son équipage n'ont pas dix endroits où aller en ville. Ils sont forcément vers le sud, du côté du quartier Merenae, où les patrouilles ont été renforcées. C'est là qu'ils iront, sinon ce sera sur le port, ou encore du côté des entrepôts, eux aussi bien surveillés. La Mort Rouge est aussi gardée, les portes de la ville ont son signalement.. Donc il n'y a pas à s'inquiéter : l'arrestation du corsaire n'est qu'une question d'heures. Feiyan veut retourner au palais, réfléchir à tout ce qu'elle a appris, parler à Genichi de la candidature de Daigotsu Yori. Comme elle traverse des rues peuplées, dans l'agitation de fin de journée, elle entend soudain un air qu'elle n'a pas entendu depuis son enfance, la mélodie d'une comptine que sa nourrice lui chantait pour l'endormir, une vieille comptine du désert... Elle voit alors un grand gaillard Thranois, bien rougeaud, l'air réjoui, qui sifflote tranquillement. Il s'éloigne en reprenant les mêmes notes. Feiyan le rattrape plus loin, et il ne se laisse pas démonter. Elle va pour lui poser des questions, quand elle entend un autre Thranois qui reprend le même sifflotement. Elle lui colle aux talons, et le petit jeu se poursuit avec un troisième. Feiyan accepte de se laisser attirer là où ils veulent, vers une petite rue derrière le grand marché cosmopolite. Là, une maison de thé discrète est tenue aussi par un Thranois. Devant, deux gaillard en tenue de marins, qui se curent les ongles au couteau. L'un d'eux l'avertit, avec un accent qui râpe la gorge et vous écorche les oreilles : - Votre soeur être là, magistraat. Feiyan prend son souffle et passe les rideaux. A l'intérieur, une petite pièce mal éclairée, qui sent l'humidité. Sa soeur est là. Elle s'est levée en la voyant entrer. Les deux femmes restent un moment interdites, avant que la corsaire n'ordonne à ses hommes de sortir. Puis Feiyan rompt la glace : - Je ne sais pas si je dois t'appeler Meikudo. Elle s'assoit en face de sa soeur. Celle-ci s'attendait sans doute à toutes sortes de reproches, qui ne tardent pas à arriver. Feiyan les a sur le coeur depuis trop longtemps : - Tu as déshonoré notre famille. Nos parents ne s'en sont pas remis. A cause de toi, ma vie aussi a été brisée, j'ai dû quitter les steppes de l'ouest pour venir à Bakufu. Ma vraie place n'est pas ici. Un Thranois entre et lance quelques mots à Meikudo : les hommes de Wilderbrandt sont après elle. - Je ne te retiens pas, dit Feiyan. Elle se souvient alors de la proposition de Goku, l'ami de Sarutobi. Elle propose sa soeur de la suivre dans cet endroit discret. Meikudo semble en forme, mais farouche comme un chat sauvage, toujours sur le qui-vive. Elle dit oui sans attendre. Feiyan l'emmène dans une ruelle entre le Nid et les entrepôts. L'aimable Goku les attend là, et les conduit au fond d'une impasse, sans une question. Il enlève le verrou et entrouvre la lourde porte : - Voilà, vous êtes ici chez vous. Il y a à boire et à manger. Vous pouvez même y dormir. Quand vous avez fini, repoussez juste la porte et prévenez-moi. Et il s'éloigne, l'heure pour lui d'aller boire un verre au Nid ! * - Ils ont de bonnes réserves, constate Meikudo. Elle trouve une bouteille de vieux rhum des îles de la Chauve-Souris. Si Goku est aussi porté sur la boisson que Sarutobi, ils ont dû se constituer à eux deux, pour ce repaire secret, une sacrée cave ! - Tu n'en veux pas ? Feiyan décline poliment. Meikudo fait sauter le bouchon et avale un verre. Toujours ce comportement de félin sauvage. Elle décide vite, agite vite, n'hésite pas. Feiyan en finit avec ses reproches. Meikudo ne s'en offusque pas, mais lui rétorque posément : - A cause de moi, tu as perdu la vie dans les steppes, d'accord. Mais regarde-toi : magistrate de l'Harmonie. Il y a pire comme sort, tu ne crois pas ? En un sens, n'est-ce pas mieux qu'être dans la Horde ? Tu y as vécu quelques années, et cela te semble merveilleux avec le recul. Mais crois-moi, au bout de quelques années, à traquer toujours le même genre de Ujik-Hai puant et crasseux, tu t'en serais lassée. Toujours fréquenter les mêmes rustres, toujours le même désert, et récurer les chevaux... Ici à Bakufu, tu as la chance de pouvoir fréquenter tellement de gens différents ! Des Licornes si tu veux, mais aussi des Grues, des Merenae, des Thranes, d'autres encore... De quoi te plains-tu ? "Tu m'en veux de faire partie des Frères de la Côte. Ce nom fait peur, mais en réalité, il ne veut rien dire. Dans les îles, tout le monde est un frère ou une sœur de la côte. C'est juste un titre d'honneur. Moi j'ai vendu de la viande boucanée, et j'en suis, tout comme Wilderbrandt ou comme un marchand d'esclaves nambiwas. Tu peux me reprocher d'être devenue une corsaire, mais que veux-tu que je fasse ? Quand on arrive à Porto Maravila, qu'on est une jeune femme comme moi, pas trop mal faite, il y a des métiers plus salissants, tu ne crois pas ? Feiyan lui répond que Maravila est un endroit répugnant, plein de crapules sans honneur. - Oui, c'est vrai, reconnaît Meikudo sans détour ; mais les îles de la Mante, ce n'est pas que Maravila. Les Sept Mers, ce ne sont pas que des bouges infâmes et des repaires de truands. Il y a tellement de choses différentes, tu n'imagines même pas !... Des palais, des petites villes, des cités aussi riches que Medinat Al'Salaam, des baies immenses, comme celle d'Along, avec des flottes dix fois plus nombreuses que celle de Rokugan... Pour le coup, votre Guide a été l'un des seuls lucides en ouvrant un peu votre Empire sur la mer. Il a compris à quel point vous étiez fossilisés dans vos traditions. Mais Bakufu ne suffit pas : c'est une toute petite ville, dans un Empire qui, comparé au reste du monde, est tout petit lui aussi. Mais qui se prend pour le centre du monde ! - L'honneur devient corrompu quand il est au service des bas instincts, comme chez ces Kitsu à qui on a voulu te marier. A ce sujet, je t'en ai voulu au début, mais je dois dire que depuis que j'ai appris la vérité sur eux, je révise un peu mon jugement. Je comprends mieux ton refus. Mais tu aurais dû en parler à nos parents... - En quoi est-ce de l'honneur de me marier de force ? Et de toute façon, quand j'ai dit non, c'était trop tard, et nos parents ne pouvaient plus faire machine arrière. Alors j'ai fait comme Korimi : j'ai dit non. "J'en veux au clan pour ce qu'il m'a fait. Mais par ailleurs, je n'en veux pas à Kohei : il m'a toujours bien traitée, même quand il a appris ce qui m'arrivait. Quand il a compris que j'allais partir, il n'a rien dit. J'ai juste su qu'il le regrettait, mais qu'il comprenait. Nos sœurs, au contraire, ont tenté de me dissuader, par mille tours, reproches, petites remarques... Elles ne comprenaient. Je ne pourrais plus supporter ce conformisme aujourd'hui. Quand on a goûté à la liberté... Et puisque tu me fais tous ces reproches, attends un peu qu'on aille te marier de force, tu verras... A un vieux Togashi libidineux... Meikudo pouffe et finit son verre : - Ah mais non, maintenant que tu es magistrate, cela ne risque plus de t'arriver. Tu vas pouvoir choisir seule ton mari. - J'en reviens à ce que tu disais avant : quand tu dis que l'Empire est fossilisé, je ne suis pas d'accord. - Il veut vivre comme il y a mille ans ! - C'est la tradition. L'honneur n'est pas qu'une façade hypocrite, explique posément Feiyan. L'honneur est l'échine de l'Empire, ce qui le fait tenir debout. Ce qui nous place au-dessus des autres nations qui, malgré tout leurs mérites, n'ont pas ce code de conduite, le bushido qui nous définit. Meikudo hausse les épaules : - Je ne connais pas tous les Rokuganis, et pas tous les gaijins, mais je ne suis pas sûr que les gaijins soient pire, dans leur ensemble, que les Rokuganis. Non vraiment, il y a de tout... - Tu as passé trop de temps en mer, cela a altéré ton jugement. - Tu as toute ta vie sur terre, cela biaise tes représentations. Il devient évident que rien ne pourra les réconcilier. Et Meikudo, qui a oublié comment on cache ses réactions spontanées, se met à baîller : elle a sommeil, sincèrement ! Elle a passé une journée éreintante, elle ne sait même plus si elle doit se considérer comme une corsaire de Wilderbrandt. - La vérité, dit-elle encore, c'est que Jacob est aux abois. Il a des comptes à rendre au prince-électeur qui le paye, mais il a perdu du monde depuis des mois. Donc il doit recruter ; c'est pour cela qu'il est venu ici, en profitant de l'idée que je lui ai donné -parce que moi, j'ai appris que tu me cherchais, et j'ai voulu te revoir. - Tu peux rester ici, dit Feiyan, en essayant de ne pas se laisser troubler. Tu es quand même ma soeur. Tu peux rester ici autant que tu veux, personne ne pourra te trouver, pas même les Araignées. - Merci, dit Meikudo en commençant à se déshabiller. Dans quelques minutes, elle dormira à poings fermés. Feiyan la laisse pour ce soir et referme la porte derrière elle.
26-11-2020, 01:22 PM
La foi et l'honneur sont incompatibles, alors que la gloire et l'honneur eux le sont parfaitement...
Sarutobi 1.1 ![]()
Les esprits enragées discutent un peu comme les perso masqués de Hotline Miami
![]() La Feiyan des terres et la Meikudo des mers, les liens du sang seront-ils plus fort que le destin ![]() Toujours un plaisir ![]() Ah et la photo je mettrais ma main au feu que c'est à Koyasan, j'y suis passé, sous la pluie, grosse ambiance ![]() ![]() http://voyages.chezseb.ovh/picture.php?/2198/category/6
27-11-2020, 09:45 PM
J'ai revérifié, c'est bien Koyasan.
28-11-2020, 02:07 PM
Bon Mamar a regardé les règles de mass battle pour s’en faire une petite.
En revanche faut que tu files 2 PP en début de partie pour que je prenne 1 en commandement, j’ai envie de mener l’assaut face aux lievrasses !!!
29-11-2020, 12:18 PM
(This post was last modified: 22-12-2020, 06:40 PM by Darth Nico.)
![]() La troupe dirigée par Sarutobi revient du temple des Cloches de la Mort et passe la nuit à Kyuden Suzume. Puis ils se rendent à Kyuden Kitsune, la capitale des Renards, où ils retrouvent l'armée de Miya Sekawa et du général de la Tortue. Ceux-ci sont en train de mettre au point l'approche du château des Lièvres. Sarutobi et Daigotsu Yori sont volontaires pour partir avec les éclaireurs. Les Renards les guident sur la frontière ouest de Kitsune Mori. Ils remontent vers le nord pour observer les défenses des Usagi. Ceux-ci ont disposé des pièges et mis des troupes en embuscade : les Lièvres sont en effet connus pour leurs tactiques de guerilla. De nombreux pièges peuvent arrêter une charge de cavalerie ou faire chuter le lourd Bunraku qui sert de porte-étendard à l'armée. Des troupes des Poings de Justice font aussi route vers Kyuden Usagi : les paysans armés et fanatisés vont prêter main-forte aux Lièvres. En arrivant au nord de la forêt, les éclaireurs aperçoivent des mouvements de troupes des Doji : que viennent faire les troupes de l'Emeraude ? Conseiller les Lièvres ? A Bakufu, Genichi continue de se remettre de ses blessures, grâce aux bons soins du docteur Rijin. Genichi est convoqué par le ministre de l'Harmonie intérieure. Il ne peut s'y rendre, c'est donc Feiyan qui doit le représenter. Le ministre demande des nouvelles du Magistrat, puis fait comprendre à Feiyan qu'il est du devoir de Genichi de se rendre auprès de l'armée de Sekawa pour soutenir les troupes : - Nous connaissons le sens de la justice de Genichi, qui va toujours dans le sens de la compassion quand cela est possible. Mais rien ne peut atténuer la culpabilité du clan du Lièvre. Son agresseur a été à deux doigts de le tuer. Il devra servir d'exemple à tous. Dans le cas présent, aucune négociation n'est de mise. Ne pas les poursuivre sans relâche serait vu comme une faiblesse, et comme un désaveu de l'héroïsme de Sekawa et ses hommes, qui se battent pour l'Harmonie, mais aussi en pensant à Genichi. "Il doit donc mettre un terme définitif au conflit qui nous oppose à la famille Usagi. En sa qualité de magistrat supérieur, il lui appartiendra de rétablir la justice dans ces terres. Nous savons combien le Guide y attache d'importance. Feiyan, dans ses petits souliers, transmet le message à son supérieur, qui comprend ce qu'a voulu dire le ministre. Genichi va donc se trouver obligé d'aller contre ses convictions, dans l'intérêt supérieur de l'Harmonie. Et le Guide suivra personnellement l'issue du conflit. * Les éclaireurs étant de retour, l'armée de Sekawa se met en marche : le bunraku porte l'étendard. En première ligne, les fantassins de la Tortue. Les archers sont dirigés par Sarutobi. Sur les ailes, les troupes rapides des Araignées. La cavalerie Utaku est là aussi, venue de l'ambassade Licorne. Une petite armée disparate, mais bien dirigée par le général Hida Otondo, un vieux de la vieille qui a plus que son compte de batailles sur la Muraille. Ce ne sont pas quelques Lièvres qui vont inquiéter ce soldat qui a eu face à lui des oni à trois têtes et huit gueules ! Ils avancent dans la plaine, en repérant les pièges laissés par les Lièvres. Ils les désamorcent, tandis que les archers et la cavalerie mettent en fuite les troupes embusquées ; celles-ci refluent bientôt et vont rejoindre le gros de l'armée qui se prépare devant Kyuden Usagi. Après une journée assez harassante, où il faut avancer au ralenti pour ne pas être surpris par l'ennemi, l'armée de Sekawa arrive en vue de Kyuden Usagi. Un château peu impressionnant, mais tout de même perché sur une colline. Les Usagi sont là, en ordre de bataille, avec les Poings de Justice dans leurs armures rudimentaires, armés de lances. Le général Otondo lance l'attaque en ordonnant à ses hommes de foncer sur l'ennemi, pour briser ses rangs. Le combat s'engage, dur et sanglant, entre les premières lignes, pendant que les archers de Sarutobi font pleuvoir leurs flèches sur les Poings de Justice. Ceux-ci tentent d'attaquer les archers mais Sarutobi et les autres savent les recevoir le katana à la main. Une manoeuvre de diversion réussit à prendre de court les hommes d'Otondo, et les Lièvres, mobiles et imprévisibles, parviennent à percer les rangs. Mais la cavalerie Utaku arrive en renfort et disperse les attaquants Usagi, peu défendus. Le combat est tout de même plus difficile que prévu : les Usagi se battent vaillamment, peut-être avec l'énergie du désespoir, en donnant tout ce qu'ils ont. Mais il devient vite évident qu'ils n'ont pas l'entraînement pour une bataille rangée : Otondo parvient à resserrer les rangs. Il a essuyé de nombreuses pertes mais les Usagi finissent en déroute après une dernière charge des fantassins. Bientôt, les vaincus replient vers le château. La victoire était prévisible, mais elle a coûté plus cher que prévu. Après la bataille, Sekawa réunit les chefs d'escadres dans sa tente. C'est à lui de décider de la suite des opérations mais il veut entendre l'avis de tout le monde : faut-il ou non donner l'assaut sur le château Usagi ou tenter d'obtenir leur reddition ? Le général Otondo dit que ce serait difficile mais faisable : que Sekawa donne l'ordre, et Kyuden Usagi tombera. Les Utaku disent qu'ils pourront soutenir l'avancée des troupes, mais la prise d'une place n'est évidemment pas leur fort, encore moins des combats dans les rues. De même pour les archers. Sekawa se tourne alors vers les Araignées : leur officier en chef dit qu'il est bien sûr tout à fait apte à mener ses hommes à travers les ruelles tortueuses du château. La bataille serait âpre mais les Araignées en viendraient à bout. Il ajoute alors : - Cependant, quoi que nous soyons prêts dès maintenant, je tiens à dire que, si nous attaquons les Lièvres, d'aucuns pourraient nous reprocher d'être, comment dire ? Trop zélés, et trop acharnés. Trop cruels... On nous dirait encore que l'Harmonie repose aussi sur la justice et la compassion, vous voyez ce que je veux dire... C'en est presque drôle : les pauvres Araignées sont encore chagrinés d'avoir été grondés par Genichi ! Ils en ont assez de passer pour les méchants, et maintenant, ils prennent les devants pour que le magistrat ne leur fasse pas de reproches ! Sekawa sourit, mais ne s'y trompe pas : - Nous sommes à la guerre, honorables soldats, et il est important, en la circonstance de nous parler avec honnêteté. Or, je crois, Daigotsu-san, que votre compassion soudain n'est pas sans arrière-pensée : il est notoire que les Lièvres sont des alliés de longue date des Araignées. Est-ce que je me trompe ? L'officier Daigotsu ne se laisse pas désarçonner : - Reprochez aux Lièvres tout ce que vous voudrez, Sekawa-sama, mais vous devez admettre que ce sont des chasseurs de maho hors-pair. Ils accomplissent une tâche rude et ingrate, pour laquelle ils bénéficient en effet de notre soutien, ainsi que de celui des inquisiteurs de la famille Kuni. Cela doit compter dans la décision que vous prendrez... A la limite, Sekawa aime mieux cela : car des Araignées qui voudraient jouer les grands coeurs, cela serait presque... surnaturel ! - Entendu, dit le magistrat. Dans ce cas, nous allons proposer aux Lièvres le marché que voici : ils nous livrent le coupable et en échange, nous nous en tenons là. - Cela me semble tout à fait raisonnable, répond le Daigotsu. Tout le monde approuve également. - Bien, dit Sekawa, nous pourrions évidemment leur envoyer des diplomates pour exposer nos conditions, mais ne je leur ferai pas cet honneur. Il se tourne vers Sarutobi : - Je vais avoir besoin de vos services pour leur envoyer le message que je finis de rédiger. - Avec plaisir, répond le Guêpe. Sekawa termine d'écrire, puis enroule son parchemin autour d'une flèche. Sarutobi prend un grand arc et vise par-dessus les ramparts de Kyuden Usagi. Si en retombant, sa flèche pouvait tuer un Lièvre, ce serait encore mieux ! Elle part en sifflant et retombe alors qu'on n'entend plus son bruit. Déjà, les Araignées se gargarisent entre eux : - Cette fois, Genichi-sama ne pourra rien dire, il ne pourra pas nous reprocher d'avoir été cruels ! Je suis désolé, mais là, on a fait les choses bien ! * La journée se termine, dans un crépuscule sur la plaine morose et brumeuse. La fatigue d'après le combat tombe sur les épaules des hommes, quand les portes de Kyuden Usagi s'ouvre. Des dignitaires sortent, en faisant passer devant eux un jeune homme, les mains attachés dans le dos. Ils le poussent presque. Il avance tête baissé, trébuchant. Et quand ils arrivent à quelques mètres de Sekawa, le jeune homme tombe à genou : c'est bien lui le coupable, celui qui a attenté à la vie de Genichi. Sarutobi voudrait l'abattre sur place. Sekawa regarde le Lièvre, stoïque : sa famille, répondant à sa demande, le livre sans discussion. Le palanquin de Genichi arrive alors, escorté par Feiyan sur sa monture. Sekawa se précipite et s'incline, alors que Genichi descend avec peine. Il a le côté gauche encore paralysé : le shuriken n'est pas passé loin du coeur. Un grand silence se fait alors que le magistrat, affaibli mais tâchant de ne pas le laisser paraître, avance parmi les hommes, suivi par Feiyan. Les soldats s'inclinent respectueusement. Le soleil a déjà disparu et le jour bleuit. On n'entend plus que les bêtes nocturnes qui s'apprêtent à prendre leur place dans la nature environnante. Le jeune Lièvre est à genoux. Il hoquète et pleure doucement. Sa famille s'est inclinée devant Sekawa, et maintenant, ils regardent, stoïques, impassibles, leur progéniture qui va payer pour ses crimes. Genichi sent la douleur qui le lance. Mais il n'a pas le droit, ici et maintenant, de le montrer. Il prend sur lui, serre les dents, puis se tourne vers l'armée de Sekawa, et prononce ces quelques mots, d'une voix qui ne tremble pas : - Soyez loués, samouraïs, pour votre courage et votre dévouement. Aujourd'hui, grâce à vous, l'Harmonie triomphe. Elle se prépare à répandresa lumière vers les terres de l'ouest, apportant enfin l'espoir dans un monde cruel et injuste. "Je vois à nos pieds tous ceux qui sont tombés aujourd'hui, et c'est avec tristesse que je reconnais chacun de ces visages. Hier encore, ils marchaient à nos côtés, ils souffraient, ils riaient et sans relâche ils se battaient ; aujourd'hui, ils se sont tus à jamais. « Leur mémoire sera honorée, car ils sont tombés sur le chemin que notre Guide a tracé. Ils se sont arrêtés à une étape ; c'est à nous de poursuivre la voie jusqu'au but. Alors, à présent que le fracas de la bataille a laissé place au silence, recueillons-nous pour nos frères disparus. Tout le monde baisse la tête et prie à voix basse. Puis Genichi s'avance vers les Lièvres et la qualité de l'air elle-même semble changer. Le vent du soir fait frissonner les hommes. - C'est lui ? dit Genichi à Sekawa. - C'est lui, répond Sekawa, d'une voix qui masque à peine son mépris pour l'agresseur. Celui-ci est le visage de la pitié et de la désolation. Chaque homme de l'armée donnerait cher pour avoir l'honneur de l'abattre personnellement. Un temps : Genichi contemple son agresseur : - Comment te nommes-tu ? Le Lièvre parvient à peine à parler. - Réponds ! lui crie Sekawa. Dis ce nom, que tu as souillé ! - Usagi... Usagi Kinbo. - C'est toi qui m'as attaqué, alors que je sortais du palais ? On sent à peine une moue de mépris dans la voix de Genichi. Le Lièvre parvient à peine à parler, et fond en larmes. - Réponds ! Hurle Sekawa. Fais face à ton juge, avoue tes crimes ! Ose regarder en face tes actes odieux, à l'heure de te présenter devant tes ancêtres. - Oui, c'est moi, crie Kinbo, c'est moi ! J'ai voulu vous tuer ! J'ai voulu protéger ma famille que vous voulez détruire ! Genichi ferme un instant les yeux : - Était-ce donc cela la seule façon de les défendre ? - Je ne sais pas, je ne sais pas... Sekawa tremble de colère. Qu'attends donc Genichi ? Pourquoi lui faire l'honneur de lui parler ? Ce n'est pas dans le genre du magistrat de faire durer le plaisir ! Les Araignées, sûrs d'eux, attendent avec satisfaction le juste châtiment qui doit tomber. Ils espèrent aussi (et surtout !) que Genichi a remarqué qu'ils se sont bien comportés ! Impassible, le magistrat continue : - Que penses-tu de ce que tu as fait ? - Je ne sais pas ! cri Usagi Kinbo. Je suis seul et j'ai peur. Je ne vois déjà plus rien, j'ai froid... - Misérable lâche, crache Sekawa, qui n'ose pas dire un mot de reproche à Genichi mais voudrait lui faire signe d'en finir vite. Genichi hoche la tête négativement, regarde solennellement son agresseur et, comprenant ce que ressentent Sekawa et ses hommes, décide d'écourter cette scène pathétique. Il fait signe à Feiyan de lui passer son sabre. Feiyan, qui portait l'arme du magistrat, lui présente respectueusement. Genichi prend le temps de le soupeser puis tire lentement le sabre du fourreau. Il donne le fourreau à Feiyan, prend le katana avec une fermeté inattendue et le soulève. Un cri : la mère de Kinbo qui s'évanouit. Son père regarde intensément la scène. Les hommes retiennent leur souffle, puis clignent des yeux et, stupéfaits, n'osent pas croire ce qu'ils voient. Genichi n'a pas levé son sabre et a mis un genou à terre pour couper les liens de Kinbo. Le Lièvre tremble, il se croit mort. Puis il rouvre les yeux et affolé, rampe dans la boue et se retourne vers Genichi, qui a abaissé le sabre. Sekawa ouvre la bouche pour dire quelque chose comme : « je vais le faire pour vous, ne vous salissez pas à etc. », mais Genichi le fait taire d'un geste discret. Puis il regarde Kinbo et, son sabre baissé, il lui dit : - Usagi Kinbo, aujourd'hui que nous célébrons cette victoire, reçois mon pardon. « Sache qu'aucune vengeance ne m'anime, et je sais le respect que nous devons aux morts. Ton clan s'est battu aussi, et je le dis devant tous, tes frères d'armes sont morts dans l'honneur. « Alors en ce jour, reste en vie pour honorer leur mémoire, et ne pas refaire leurs erreurs. « Maintenant, va et réfléchis à tes actes. Sois un autre homme la prochaine fois que nous nous verrons. Je n'ai qu'une seule parole, et qu'un seul pardon. Genichi s'incline alors brièvement devant lui, reprend le fourreau et y range son arme. Il se tourne vers les Lièvres, stupéfaits. Le père va venir pour le remercier mais Genichi l'arrête d'un geste plus ferme que celui qu'il a adressé à Sekawa : - Non, reste où tu es, Usagi-san. N'approche pas plus. Sa voix se fait alors cassante : - Je ne souhaite pas parler au maître qui livre l'un des siens pour préserver son honneur ; encore moins au père qui sacrifie son fils pour sauver sa vie. Il baisse la tête, regarde Kinbo et ajoute, comme pour lui-même : - Tu n'as même pas cligné des yeux quand j'allais abattre mon sabre. Apeurés, les Lièvres se lèvent et s'en vont, d'abord lentement, en se retournant, puis en courant. Kinbo reste seul, sous la nuit qui tombe, et se jette aux pieds de Genichi en se griffant le visage : - Pardon ! Pardon seigneur ! Que la terre s'ouvre mes pieds ! Que tous les ancêtres me foudroient ! Pardon ! Genichi ne l'écoute plus, et repart à son palanquin, suivi par Sekawa et Feiyan. Là, on s'aperçoit que sa blessure s'est rouverte. Il repart, escorté par Feiyan. Sarutobi a du mal à comprendre le geste de Genichi, mais il l'accepte comme tel, de même que les hommes, qui ont du mal à réaliser ce qui s'est passé. * Genichi revient au palais de la magistrature : Rijin lui recoud sa plaie qui s'est rouverte. Il insiste pour que cette fois, le magistrat ne quitte plus sa chambre pendant une semaine. L'armée de Sekawa revient, et on apprend qu'un conseil exceptionnel de l'Harmonie va se tenir pour honorer les soldats qui ont vaincu les Lièvres. Feiyan et Sarutobi retrouvent leurs amis au Nid : Meikudo est là, avec Korimi et Mamballa. Ils racontent leur bataille à Kyuden Usagi. Feiyan prend des nouvelles de sa soeur, qui ne sait pas encore quoi faire : elle pourrait travailler un peu à Bakufu, mais il lui tarde de rentrer chez elle, dans les îles. Elle a refait sa vie sur l'île du grillon. - C'est cet endroit que tu considères comme ta maison, lui fait remarquer Feiyan. - J'ai le droit d'avoir un port d'attache quelque part, non ? Je ne suis plus une citoyenne de l'Empire... Genichi étant alité, c'est Feiyan qui va devoir le représenter au conseil de l'Harmonie : une charge honorifique, mais lourde. De plus, la rumeur court que le pardon inattendu de Genichi fait grincer des dents : ce n'est pas tout à fait ce qu'avait demandé le ministre de l'Harmonie intérieure en parlant d'une solution juste au conflit avec les Usagi. On ignore pour le moment ce qu'en pense le Guide. Sarutobi est content de savoir qu'il restera au fond de la salle et s'inclinera quand il le faut. Est-ce que Genichi ne s'est pas fait des ennemis en épargnant le jeune Kinbo ? L'essentiel est évidemment d'avoir mis au pas les Lièvres, et d'avoir repoussé les Poings de Justice. Le chemin de fer va pouvoir démarrer, les Usagi ne seront plus un obstacle. Mais ce pardon semble incompréhensible à beaucoup de gens... Quelques jours plus tard, Miya Sekawa, Hida Otondo et leurs hommes entrent dans la grande salle du conseil de l'Harmonie. Le rideau s'ouvre et les neuf conseillers apparaissent à leur large bureau, inclinés devant leurs invités. Puis le maître de cérémonie annonce l'arrivée du Guide, qui entre, l'air sec, son éventail fermé à la main. Il s'assied, s'incline brièvement, pendant que tout le monde met front à terre. Puis, en le désignat de son éventail, il dit simplement : - La parole est au conseiller de l'Harmonie intérieure. Ce dernier salue la salle et félicite les hommes de Sekawa. Tous les conseillers s'inclinent devant les vainqueurs. Le ministre s'adresse alors à Feiyan, qui a dû s'asseoir au premier rang, à la place de Genichi. Le ministre prend des nouvelles du magistrat, en soulignant que tous les conseillers se sont émus de l'attentat lâche dont il a été victime : - En s'attaquant à lui, ce criminel s'en est pris au corps de la magistrature tout entier, et à l'Harmonie. Feiyan remercie dans les formes mais elle sent que cela s'engage mal pour Genichi. Néanmoins, elle soutiendra sans faillir son supérieur, comme elle le doit de toute façon. Le ministre interroge alors Sekawa sur le déroulement de la bataille, lui donnant toute latitude pour glorifier le courage de ses hommes. Puis le ministre en revient à Feiyan et lui demande de raconter comment s'est terminé le conflit avec les Lièvres. Feiyan raconte posément ce qui s'est passé, d'un air somme toute affable, avec une maîtrise qui impressionne de la part de cette jeune samouraï. Le ministre en vient à la confrontation avec Kinbo. Feiyan sait que cela va être le moment crucial. Mais elle sent que le ministre, qui lui pose des questions précises, la soutient : il donne un cadre à ses réponses, ce qui l'aide à répondre factuellement. - Qu'a fait alors Miya Genichi ? - Voyant que les Lièvres étaient vaincus, répond Feiyan, et qu'Usagi Kinbo était à terre, livré par sa famille, au lieu de l'exécuter sur place, Genichi-sama, dans sa grande bonté, a choisi d'accorder son pardon à son agresseur. Un murmure parcourt l'assistance. - Il l'a donc laissé en vie et libre de repartir chez les siens ? reprend le ministre. - Oui, tout à fait. - Qu'en est-il de la famille de ce criminel ? - Genichi-sama n'a pas souhaité s'adresser à eux, considérant qu'ils ne méritaient pas de lui parler, pour avoir livré son propre fils. Tout un chacun ici pourra reconnaître la droiture et l'inflexibilité de Genichi-sama. Nouveau murmure dans l'assistance. Le ministre plisse les yeux, intéressé et un peu surpris de l'assurance de cette jeune Utaku. Elle a dit les choses sans ambages mais avec une simplicité qui désarmerait les critiques, sans agressivité, comme une évidence en somme. Feiyan fait bonne figure mais elle sent la pression monter. Elle a toute la salle dans son dos, et elle n'aimerait pas se retourner à ce moment-là. D'ailleurs, dans l'assistance, plusieurs personnes ont la gorge nouée, soit par inquiétude pour Feiyan, soit parce qu'ils se retiennent de protester. Pendant tout le temps où Feiyan parle, les ministres la regardent, alors que le Guide continue d'observer l'assistance, impassible. Le ministre s'incline alors, pour dire qu'il en a fini. L'assistance reprend son souffle et attend la suite. Le Guide se lève et d'un claquement, ouvre son éventail au motif d'aurore. - Soyez loués, samouraïs, dit-il pour votre bravoure. Vous avez fait votre devoir jusqu'au bout en étant inflexibles, en poursuivant sans relâche des criminels infâmes, qui ne méritaient aucun pardon. Feiyan s'incline et serre les dents : c'est comme si le sol s'ouvrait sous ses pieds. Encore un mot du Guide et le pire peut arriver. Dans la salle, certains voient déjà Genichi prier de prendre sa retraite anticipée. Le Guide marque un temps, puis reprend posément, son éventail devant la poitrine : - C'est le devoir des vainqueurs de rétablir la justice. « C'est aussi leur privilège d'aller à ce moment au-delà de leur devoir. De manifester une bonté exceptionnelle, qui rend la victoire plus belle, tout en rendant les crimes des coupables encore plus grands. Alors soyez loués pour votre bravoure, samouraïs, qu'elle serve d'exemple aux habitants de l'Harmonie. Et que cette grandeur d'âme dont vous avez été témoins, et qui dépasse encore votre bravoure, vous serve d'exemple. Feiyan se sent revivre, et on entend une détente dans une partie de l'assistance. Le Guide soutient Genichi ! Il ne pouvait pas le désavouer à ce moment ! On peut aussi penser qu'un chef ne peut pas être moins magnanime que ses subordonnés. Le Guide termine par sa formule rituelle : - Allez samouraïs, car votre tâche ne fait que commencer. « Pour l'aurore d'un monde nouveau, « Dans l'ordre, et pour le progrès. La salle se lève et répète : - Dans l'ordre, et pour le progrès. Louanges à toi, Guide Radieux, pour ta grandeur d'âme que nul ne surpasse. D'un claquement, le Guide referme son éventail et sort. L'assistance reste front à terre, puis les ministres s'inclinent et sortent à leur tour. Feiyan revit, mais elle note, une fois de plus, que le Guide n'a pas prononcé le mot "honneur".
22-12-2020, 06:41 PM
(This post was last modified: 26-12-2020, 07:34 PM by Darth Nico.)
![]() Ce matin-là, Bakufu se réveille au son des tambours militaires qui roulent sur la place publique. Tandis que la foule accourt, des soldats amènent une quinzaine de prisonniers. Plusieurs conseillers de l'Harmonie sont présents, solidement entourés par leurs gardes du corps. Il y a quelques semaines encore, les hommes qu'on devant en ce moment contre le mur auraient été condamnés à la pendaison ou à la décapitation. Mais le Guide a décidé de frapper les esprits pour l'exécution des dirigeants des Poings de Justice et de la conjuration du Moine Fou. Un peloton de soldats arrive, solennel, leur fusil en bandoulière. Alors que les roulements de tambours s'intensifient, et que les ashigarus font reculer les trop curieux qui se pressent pour avancer sur la place, un officier Miya passe devant les condamnés et leur propose un dernier verre. Plusieurs boivent, certains refusent. L'un prend le liquide et le recrache au visage de l'officier et éclate de rire. L'officier tire son wakisashi et lui passe au travers du ventre : sa mort sera bien plus douloureuse que celle des autres. On propose alors aux autres de leur passer un bandeau sur le visage. Seuls quelques-uns acceptent de voir la mort en face : les soldats qui prennent leur fusil en main et, au signal de leur supérieur, épaulent l'arme et mettent en joue. Dernier roulement de tambour et soudain, alors qu'on attend les coups de baguette suivants, le silence sur la grand-place. Les quinze coups de fusils éclatent en même temps, dans un jaillissement de fumée, et les condamnés s'effondrent. Celui qui a recraché finit d'agoniser, sans recevoir le coup de grâce qui mettrait fin à ses gémissements. Les officiels s'inclinent brièvement : justice a été rendue, les insurgés ont reçu leur châtiment. La foule commence à se disperser, car la vie quotidienne a pris du retard. Il est temps de vaquer à ses occupations. Il fait déjà chaud en ce petit matin. Sarutobi entre dans le Nid et avale une bonne bière. - Alors ? lui demande le patron. - Ces canailles ont reçu leur châtiment. Sarutobi finit son verre. Il a encore le temps avant d'aller poser son rail. Le Guide, qui ne manque pas d'imagination, a eu une seconde idée pour marquer la véritable entrée de l'Harmonie dans la modernité : le chantier du chemin de fer débute aujourd'hui, après plus de dix ans de retards en tous genres. Mais avec la reddition des Lièvres, plus rien ne s'oppose au glorieux projet du Dragon de l'Aurore ! C'est le Guide qui va symboliquement poser le premier rail, puis, par ordre descendant dans l'ordre protocolaire, des conseillers jusqu'aux plus humbles samouraïs, chacun ira à son tour planter une barre de fer dans la journée. Ensuite, les ouvriers prendront le relais. Nous sommes aux premiers jours du printemps. Avant six mois et le début de l'hiver, le Guide a dit qu'il veut pouvoir se rendre à la Cité des Mensonges en moins de deux jours. Le premier arrêt du parcours sera d'ailleurs à Kyuden Usagi, le palais des Lièvres, maintenant ralliés à l'Harmonie. Le soleil est déjà haut dans le ciel quand Feiyan et Sarutobi, accompagnés de Suzume Kiohage, se rendent au chantier. Miya Genichi n'aura pas l'honneur de planter son rail, le docteur Rijin ayant interdit tout effort physique avant plusieurs jours encore. Deux ouvriers en sueur posent le rail et le tiennent fermement, puis chaque samouraï prend le gros maillet et enfonce deux énormes clous. Moto Kohei a déjà fait le sien, mais il reste pour regarder les autres. Feiyan, qui le connaît bien, sait que le chef de l'ambassade serait volontaire pour en planter d'autres ! Il va faire une chaleur estivale et nos samouraïs sont contents de retrouver la fraîcheur du palais de la Magistrature. Miya Genichi a retrouvé son bureau, et se contente de faire remplir des papiers par un secrétaire. Il dicte et signe, tout en fumant sa pipe. Il demande ensuite à nos héros ce qu'ils pensent de Daigotsu Yori. Feiyan dit qu'elle y est favorable, tout en essayant d'oublier qu'elle le fait pour son marché avec Bayushi Ojun. Pour sa part, Sarutobi raconte comment elle a fait partie de l'expédition des éclaireurs en reconnaissance avant la bataille contre les Lièvres. Elle s'est montrée efficace et dévouée. Genichi annonce donc qu'elle rejoindra son équipe sous peu. En attendant, c'est l'heure d'aller déjeuner au Nid ! - Une bière, patron ! - Une bière pour Sarutobi ! - Il y a de la soupe de langouste à l'orange, annonce la patronne. - Elle vous gâte, dit le patron avec un clin d'œil. Mamballa est dans la salle, Korimi et Meikudo à ses côtés. Il veut parler à nos héros (on devine presque le point d'exclamation au-dessus de sa tête ! ![]() Alors que le patron sert les plats fumeux, qui font monter l'eau à la bouche, Mamballa sert à boire à tout le monde et s'explique : - Il y a quatre de cela, dans un archipel habité par mon peuple, un volcan sous-marin s'est réveillé et a provoqué un puissant séisme. Pour les savants de mon peuple, c'était la colère de Watawhairu, l'Océan. Une vague énorme, comme la gueule d'un monstre, a gonflé l'océan et s'est abattue sur des îles où vivait mon peuple. La terre et les mers ont tremblé pendant plusieurs jours, et à la fin, ces îles ont été englouties comme des navires. Heureusement, les familles qui vivaient là, averties par nos prêtres, avaient pu partir en barque sur une île voisine. Ils avaient tout perdu, mais leur malheur ne s'arrête pas là : car des Thranois arrivèrent et leur promirent de les emmener dans un lieu plus sûr. Mais aussitôt qu'ils furent revenus sur leur navire, ils capturèrent et les enchaînèrent à fond de cale. C'était en effet des esclavagistes, qui accumulent des fortunes en faisant commerce de la chair humaine. « Le chef de ces îles était absent quand la colère des eaux se déchaîna, car il assistait à une réunion d'une société secrète ailleurs. Quand il apprit la nouvelle, il crut devenir fou. Il fallut quatre hommes solides pour le contenir et l'empêcher de commettre l'irréparable, puis l'enfermer. Il resta enfermé une semaine en tapant contre les murs, tantôt priant, tantôt maudissant Watawhairu pour le sort qu'il lui faisait subit. Lorsqu'il put ressortir, c'est lui qui dut passer devant le conseil des Sociétés. Les Sages lui dirent qu'il était désormais "tabou" : il avait perdu le "mana", l'énergie primordiale qui relie les Nambiwa à la déesse de l'océan. Il perdait son statut de prince et ne pourrait vivre qu'en travaillant pour un autre. Par dérision, il fut surnommé le prince des îles perdues. Mamballa, les yeux rougis, finit son verre et ajoute : - Je suis le prince des îles perdues. Et cette famille capturée, réduite en esclavage, était la mienne. Aujourd'hui, puisque je connais votre sens de l'honneur, c'est un homme brisé qui vous demande l'impossible : retrouver ma famille. Car mon sort n'est pas loin d'être pire que la mort, et depuis quatre ans, je ne vaux guère mieux qu'un "zombi". Nos héros gardent le silence, par respect pour Mamballa. C'est Korimi qui parle la première et dit qu'elle en sera, bien évidemment. Feiyan n'hésite pas non plus, Meikudo dit qu'elle leur servira de guide dans les sept mers, et Sarutobi se joint aussi à l'expédition : il était aussi sur l'île des Larmes de l'est, et il ne peut pas laisser Feiyan partir seule. * En revenant au palais, Feiyan fait sa demande à Genichi : car elle ne peut pas partir comme une voleuse ! Mais une dette d'honneur doit être repayée à tout prix, et la demande de Mamballa est des plus honorables. Genichi en convient. Cependant, Feiyan et Sarutobi ne peuvent pas partir sur demande de la magistrature de l'Harmonie. Ils seraient prêts à un congé sans solde. Genichi dit qu'il va réfléchir. Il a besoin de prendre conseil autour de lui. Nos héros n'ont pas hésité, mais à présent, il leur faut des renseignements. Feiyan va voir le docteur Rijin, qui a une grande expérience de la mer : en tant qu'ancien chirurgien de marine, il a dû voir du monde sur les sept mers. Le bon docteur a retrouvé la quiétude de sa villa, et, comme Genichi est en voie de guérison, il peut s'occuper de ses bonsaïs sans être dérangé. Feiyan le rassure tout de suite : elle ne vient pas pour le mander urgemment. Elle prend donc le temps de déguster un thé avec lui (elle faudra qu'elle recommande à Korimi de venir le voir pour en servir du meilleur !), puis elle vient au sujet de sa visite : le commerce d'esclave dans les archipels gaijins. Feiyan ne peut pas cacher qu'elle réprouve ce trafic odieux. Le docteur Rijin serait d'accord, mais il fait remarquer au passage que les Rokuganis ont les etas, qui s'occupent des plus basses tâches et qui sont assignés à cette fonction par leur naissance. Feiyan se dit que l'air des îles lointaines tourne la tête de tous ceux qui s'y rendent, et que le docteur ne fait pas exception à la règle. - Les esclaves ont été emmenés de force et réduits à cette condition, dit Feiyan. Ils sont nés libres et on les a mis au fer. Tandis que nos etas et hinins sont à cette place pour payer les fautes de leurs ancêtres. C'est dans leur nature ! - Oui, dit Rijin en soufflant sur son thé, c'est bien commode... Mais il ne relance pas plus le sujet, et dit à Feiyan ce qu'il sait : le commerce des esclaves se déroule principalement sur l'île du Requin. A l'abri d'une forteresse armée de canons, il s'y tient un marché aux esclaves, où des individus de toutes les races sont exposés. On ne peut pas entrer comme cela dans le marché du Requin, il faut être soutenu par un des notables des frères de la Côte. Feiyan lève un sourcil : - Ah, parce qu'ils ont aussi une sorte de hiérarchie là-bas ? - Oui, en quelque sorte. Les plus puissants frères sont regroupés dans la Confrérie des Sept Mers. Ce sont, si vous voulez, des sortes de daimyos. Feiyan réprime à peine son dégoût : - Des daimyos chez les pirates, c'est intéressant. - Ils contrôlent chacun un important territoire maritime, et aucun commerce ne peut se tenir sans qu'ils ne touchent sur les transactions. Je ne connais pas tous les membres de la Confrérie, mais j'en connais un qui avait ses entrées sur l'île du Requin : Seong Feng. Il réside dans la baie d'Along. Un endroit somptueux. - Comme les gens qui y habitent, certainement... - A Rokugan, Seong Feng ne vaudrait pas la corde pour le pendre, mais dans les sept mers, c'est un seigneur redouté. Au faîte de sa gloire, il commandait une flotte de trente navires. Assez pour inquiéter les Merenae et les Thranois. Il a conclu une trêve avec les premiers et il s'est rangé des navires. - Une sorte de retraite, donc. - Une retraite de sa carrière de flibustier. Depuis, autant que je sache, il dirige l'une des plus grosses maisons de jeux des sept mers. Il a su arrêter la piraterie au bon moment, ce qui le place très haut dans l'ordre de l'intelligence, comparé au frère de la côte moyen. - Très haut dans l'honneur aussi, sans doute. - Dans les sept mers, on s'intéresse moins à l'honneur qu'à la survie. - En somme, il suffit de vivre assez vieux pour entrer dans cette confrérie. - L'âge moyen n'est pas très élevé, en effet. Donc on est vétéran assez jeune. Feiyan remercie le docteur pour tous ces bons conseils. Elle aime autant savoir à quel genre de canailles elle aura affaire. Pendant ce temps, Sarutobi se rend au quartier Thranois, où il va discuter avec le maître d'armes, Markus Wilderbrandt. Il apprend d'abord que le frère de ce dernier, le pirate Jacob, a été expulsé de Bakufu, avec interdiction d'y revenir. - Il s'en sort bien, dit Sarutobi. - Oui, dit Markus, pas fier. Au nom des bonnes relations que mon peuple entretient avec vous, vos magistrats Miya ont bien voulu lui éviter un procès. Il est donc reparti à bord de son navire... Markus sert une petite eau-de-vie de gentiane. Sarutobi le questionne aussi sur le trafic d'esclaves. Encore un sujet déplaisant. - J'appartiens à la maison de Mecklenburg, explique Wilderbrandt, comme tous les Thranois qui résident à Rokugan. Le restaurateur, monsieur Jan, a pour nom complet : Jan-Aleksander de Mecklenburg. C'est un cousin de notre Prince-Electeur, Mauritshuis III de Mecklenburg. Chez nous, il n'y a pas de commerce de chair humaine... Pour cela, il faudrait voir du côté de la maison de Kriengburg. Sarutobi a toutes les peines avec ces noms barbares. - Où peut-on trouver cette maison de Kronenbourg? - Kriengburg... Dans plusieurs archipels dont je vous donnerai la liste. Vous devez comprendre que les Thranois sont divisés en plusieurs maisons, un peu comme vos clans. - Et vos Princes-Electeurs sont nos daimyos. - Voilà. Les Kriengburg sont les rivaux éternels des Mecklenburg. Eux se livrent au trafic d'esclave de longue date. Une pratique que notre Prince réprouve, mais qui est très lucrative. Les meilleurs esclaves se vendent à prix d'or. Les Nambiwa sont connus pour avoir une grosse force de travail. - Je vois... Sarutobi reste un peu discuter, Markus lui propose à nouveau, quand il le pourra, de venir s'initier à l'escrime thranoise. - Cela me semble vraiment étrange de se battre avec l'un de vos "fleurets"... - On attaque non du tranchant mais avec la pointe. - Je viendrai à l'occasion découvrir cela. * Au palais de la magistrature, Genichi fait savoir sa réponse : il accepte que nos héros partent, mais puisque Feiyan est en dette de vie envers le Nambiwa, elle devra abandonne provisoirement son appartenance à la magistrature, et même à son clan. Elle sera musha-shagyo, un samouraï qui devient provisoirement rônin pour accomplir une quête personnelle. - J'ai consulté les textes de lois, dit Genichi, il n'est fait nulle part mention de ce statut de musha-shagyo. Mais cette tradition est, de fait, respectée dans l'Harmonie, à la discrétion des personnes concernées. Sarutobi, pour sa part, refuse d'être réduit à ce statut : il accompagne Feiyan mais il gardera son mon de clan. Après tout, il n'a pas de dette de vie envers Mamballa, et c'est au contraire lui qui a porté l'antidote à Feiyan et à l'enfant, au péril de sa vie ! Quelques jours plus tard, Feiyan abandonne donc son nom de famille et revêt des habits anonymes. Quand elle arrive à l'embarcadère du port, elle fait comprendre, par son attitude, qu'elle ne souhaite aucun commentaire. Tout le temps du voyage, elle sera seulement Feiyan. Sarutobi, Meikudo et Korimi se retiennent donc de faire des remarques. Mamballa est là aussi, en habits de marins. Korimi a revêtu des habits extravagants, à la Thranoise. Pas de risque de passer discret ! La navette du matin les emmène à Porto Maravila, où ils retrouvent la chaleur tropicale, étouffante dès la sortie de l'appareil. Le crieur public est toujours là, qui promet chance et bonheur à tous ceux qui viennent ici. Quoi de mieux qu'un repaire de mercenaires, flibustiers et truands en tous genres pour faire fortune ! Dans une taverne, nos héros retrouvent Jamal, qui se la coule douce en finissant d'écouler sa dernière paye. Sarutobi le recrute une fois de plus. Pour commencer, ils vont se rendre chez Meikudo, qui a besoin de prendre des affaires chez elle, et qui va leur trouver des contacts parmi les frères de la côte. Le lendemain matin, l'aéronef de Jamal décolle, avec pour destination l'île du grillon, à quatre heures de vols de Maravila. * Jamal a posé l'aéronef sur la plage. L'île du grillon sent fort la viande boucanée et les senteurs tropicales. Dès la plage, outre les grillons, on y est accueillis par un concert d'oiseaux exotiques et, en entrant en ville, on voit partout démabuler des singes sur les pontons, en quête de nourriture. Meikudo les emmène dans une petite ville en bois sombre, avec des bâtiments construits sur pilotis, usés par le vent, le sel et le sable. Derrière, une épaisse jungle où le concert de la nature semble assourdissant. Tout en haut de l'île, un sommet dégagé qui, à une époque reculée, devait être un volcan. Meikudo possède une petite bicoque qui ne paye pas de mine. Elle a accumulé dans l'unique pièces quelques souvenirs de ses voyages sur mers, des bricoles qui doivent avoir une valeur surtout sentimentale : des cartes, des gri-gris, des instruments de navigation. On la sent contente de retrouver son chez-soi. Feiyan a du mal à comprendre comment elle a pu si vite considérer cet endroit comme sa vraie maison. Le soir, Meikudo emmène ses compagnons dans une taverne remplie de grands gaijins à la peau claire. Les chopes de bières s'entrechoquent au comptoir, un orchestre joue un air entraînant, des filles aux jupes rouges et au maquillage criard racolent des clients. Dans la salle du fond, des groupes de marins se sont réunis autour d'une table, sur laquelle s'est perché un grand gaillard : mal rasé, les cheveux hirsutes, il porte un grand tricorne usé, une veste rouge qui a dû être une pièce d'uniforme, une grosse lanière de cuir à boucle en travers du torse, une rapière à garde dorée, et deux révolvers courbes à la ceinture. Il harangue les marins, qui le hèlent à leur tour et semblent prêts à en venir aux mains entre eux. Meikudo explique ce qui se passe : l'homme perché est le capitaine Samuel Bellamy, un Avalonien. Il est en train de recruter un équipage et les hommes discutent le contrat. C'est comme cela que font les frères de la côte : on négocie chaque terme âprement, mais une fois à bord, assure Meikudo, les marins obéissent sans discuter au capitaine et respectent un règlement très strict qu'ils signent avant le départ. Ils ont l'air de saoulards avinés mais en réalité, la discussion ne va pas dégénérer en bagarre... normalement. C'est juste une manière pour chacun de montrer combien il est déterminé. Car un frère de la côte ne se laisse jamais marcher sur les pieds, tout en étant dur à la tâche et solidaire des autres membres d'équipage. Soit, nos Rokuganis veulent bien le croire. L'Avalonien semble accorder ce qu'ils veulent aux hommes, car ceux-ci hochent la tête d'approbation. Et tout cela se termine par une tournée générale. - Bellamy, explique Meikudo, commande un petit navire, le Whidah Galley, qui ne paye pas de mine, mais qui est rapide et bien armé pour son tonnage. Il a la réputation d'être juste avec ses hommes, et il est généralement très aimé de ses équipages. Une crème, en somme ! Parmi les frères, on ne fait pas mieux, assure Meikudo. C'est pourquoi elle propose à nos héros de s'engager auprès de lui. S'il n'a même pas connaissance du mot bushido, ce n'est pas pourtant pas une fripouille qui les trahira à la première occasion. Alors que les hommes rentrent chez eux, Bellamy reste à sa table avec ses lieutenants et Meikudo, qui le connaît, va discuter avec lui, pendant que nos héros restent à la table à côté. Bellamy écoute et semble intéresser. Meikudo leur fait alors signe de venir à leur table : - Bellamy accepte de nous prendre à bord. Il est en partance pour un cimetière de navires. Il compte récupérer des trésors dans les épaves. Sarutobi fait un peu la grimace : ils veulent s'engager pour gagner de l'argent et retrouver la trace des esclaves Nambiwa. Mais jouer les pillards d'épaves ne les enchante guère. Sarutobi insiste pour que Meikudo dise à Bellamy ce qu'ils valent vraiment : des vrais guerriers. Avec eux à son bord, Bellamy va pouvoir s'attaquer à de vrais navires ! A condition, bien sûr, ajoute Feiyan, que l'on s'attaque à des pirates ou autres personnes déshonorables et qu'il n'y ait pas d'effusion de sang inutile. Bellamy écoute et sourit. Il semble prêt à lui faire confiance. Il se tourne vers les Rokugani et leur tend la main. Meikudo dit qu'il faut se serrer la main vigoureusement, c'est comme cela la politesse. Ce contact physique répugne un peu à nos héros, qui prennent sur eux pour faire comme des frères de la côte. Bellamy a-t-il vu en Sarutobi un redoutable guerrier ? Ou a-t-il été intéressé à l'idée d'accueillir à son bord trois jolies femmes ? Le code des pirates est pourtant clair à ce sujet : interdit de coucher pendant les trajets ! Les femmes seront habillées et traitées comme des hommes. Si un frère veut dormir dans le même lit qu'une femme, il doit l'épouser. Sinon lui et la femme sont condamnés à la planche ! Cela convient très bien à Feiyan et Korimi. Deux jours plus tard, nos héros sont déjà à pied d'oeuvre : ils roulent des tonneaux sur le pont du navire, aident à descendre des caisses dans les soutes et à empiler des boulets. Sarutobi, qui se fait des amis partout où il va, a réussi à sympathiser avec le cuisinier. Très important ! Et ce dernier manque de monde pour la tambouille : Feiyan, Meikudo et Korimi vont donc venir avec lui ! Voici donc les trois femmes parties au marché du grillon pour acheter quantité de légume, de viande fumée et de sel ! A bord, elles aideront à couper les légumes et préparer la soupe. Gare à elles si les hommes ne sont pas contents, les frères de la côte ne plaisantent pas avec la qualité des repas ! Feiyan estime ne pas s'en sortir trop mal à devoir découper des légumes, pendant que Meikudo dépèce des poissons et que Korimi touille les marmites. Sur le pont, Sarutobi aide à enrouler des cordages et à repriser des voiles. Il s'est tout de suite bien fait remarquer des frères, qui se méfiaient au début de ce nouveau venu à la peau jaune et aux yeux bridés. Le lendemain matin, le Whidah Galley quitte le port des grillons et part sur la mer de Kiriba. Le vent est favorable, le ciel dégagé, avec quelques immenses nuages qui dansent dans le ciel, masquant régulièrement le soleil. Les femmes s'affairent en cuisine et le soir, apportent leur premier repas. Les hommes sont attablés et regardent d'un air farouche ces nouvelles : qu'est-ce qu'elles ont pu préparer. L'un des hommes fait un clin d'oeil à ses voisins et, très content par avance d'amuser la galerie, pince une fesse de Korimi. Celle-ci lui tord aussitôt le bras dans le dos et le lance comme un gros sac à travers la table. Il finit le nez sur le parquet, les pieds en l'air. Il se relève étourdi, et tout le monde éclate de rire, à commencer par Bellamy. Le rustaud n'a plus qu'à regagner sa place, la queue entre les jambes, un mouchoir sur son nez sanglant. Et le service peut commencer ! Les femmes servent, saluent à la façon rokugani et regagnent, stoïques leur cuisine. Mais quelques minutes plus tard, Bellamy les fait revenir et tout le monde les applaudit, en faisant signe que la soupe est délicieuse. Et on les invite à s'asseoir avec tout le monde. A la santé des cuistots ! Deux jours plus tard, un sloop arborant le pavillon Thranois est en vue. Des corsaires au service de la maison de Nassanje. Un bâtiment d'abordage, rapide, très maniable, mais dépourvu de canons. Bellamy fait manoeuvrer le Whidah pour prendre le sloop par babord. Il fait tirer trois coups de semonce, mais le Thranois ne hisse pas le drapeau blanc. Le second siffle et tous les hommes se tiennent prêts à l'assaut, dans un ordre militaire. On aurait pu attendre des braillards hirsutes, le sabre entre les dents, mais on a affaire à des hommes tendus et silencieux, chacun à son poste. Alors que le Whidah est sur le point de frotter la coque du corsaire, une dizaine d'hommes lancent des grappins et se mettent à tirer les cordes à l'unisson. Les premiers coups de feu partent de chaque côte. Sarutobi abat un corsaire d'une flèche. Le second lance trois coups de sifflets et les hommes de Bellamy sautent sur le sloop. Les Thranois tentent de les repousser avec leurs lances, mais sont bientôt débordés. Ils ont à peine le temps de dégainer leurs armes que les hommes du Whidah sont sur eux et les attaquent à l'épée. Sarutobi est de la mêlée, ainsi que Feiyan. Bientôt, les Thranois refluent vers le poste du capitaine, qui agite le drapeau blanc. Bellamy tire un coup de feu en l'air et tout le monde laisse la place au capitaine de passer. Le Thranois attend les conditions de l'Avalonien. Les deux hommes discutent un moment, puis Bellamy se tourne vers ses hommes, leur lance quelques mots et tous approuvent. Les choses se passent de façon plutôt civilisée ! Les soutes sont vidées de leurs richesses mais on ne touche pas à la nourriture ni à l'eau. Pas d'exécutions sanglantes, pas d'explosion finale, tout se passe calmement. Et c'est ainsi que nos héros passèrent leur baptême de piraterie ! |
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