02-08-2010, 09:33 PM
C'est mamar qui t'as mis la pression pour sortir du résumé sans quoi il t'attendra avec ses potes De Jong et Van Bommel à la sortie de l'aéroport ?

#11 : La cité de la mémoire
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02-08-2010, 09:33 PM
C'est mamar qui t'as mis la pression pour sortir du résumé sans quoi il t'attendra avec ses potes De Jong et Van Bommel à la sortie de l'aéroport ?
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Always remember
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02-08-2010, 09:58 PM
Thorax pax romanax
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03-08-2010, 01:26 PM
EXIL #11<!--sizec--><!--/sizec-->
Maréchal fut réveillé par des bruits de vaisselle dans la cuisine. Il s’était endormi sur le canapé. Nelly lui avait mis une couverture. La cendre était encore tiède dans la cheminée. Il restait des bouteilles et des verres vides sur le sol. Maréchal attrapa son paquet de cigarettes et ses allumettes. Il s’assit et se gratta les cheveux. Il toussa. Une bonne odeur de café qui chauffait dans la cuisine. Il écrasa sa cigarette et réunit ses affaires éparpillées. Des tasses et une carafe qu’on pose sur un plateau, des talons sur le parquet. Maréchal vit alors une grosse domestique tirée à quatre épingles. Il s’enroula dans ses draps en vitesse. - Ne vous inquiétez, mon bon monsieur, j’en ai vu d’autres dans cette maison. Tenez, elle m’a dit que vous aimiez votre café avec deux sucres. Antonin prit la tasse, éberlué. Il se frotta les yeux. Il dit juste : - Il est délicieux. - Merci. Elle a laissé un message pour vous, qu’elle serait partie à votre réveil, de ne pas l’attendre. - Ah bon, d’accord… Euh, je vais y aller alors… - Vous utilisez la salle d’eau ou pas ? - Ce serait peut-être mieux que… - Dites-moi. Si vous y allez, je vais ranger un peu ici pour commencer. Maréchal secouait la tête. Il se demandait s’il rêvait. Des petits oiseaux chantaient dans le parc. - Tenez, je vais refaire du feu si vous voulez. Il fait frisquet ce matin… Elle prit de grosses bûches et en un tournemain, ce fut une belle flambée. - N’est-ce pas mieux ainsi ? - Ah oui, oui… Elle ne se dérangeait pas pour lui. Elle débarrassait et nettoyait posément. Elle sifflotait un vieil air. - Dites, je vais aller me laver, hein… - Oh, prenez votre temps. Après la cuisine, j’irai au marché. Maréchal alla en caleçon dans la salle et se fit couler un bain brûlant. Il se coulait bientôt dans l’eau mousseuse, dans laquelle il versait toutes sortes de parfums et de lotions. La mousse montait, débordait, grosse et colorée. Il s’assoupit un moment et se réveilla en sursaut. Quelle heure était-il ? Un chat le regardait par la vitre, assis sur le rebord. - Pcchtt, dégage ! Il prit tout son temps pour se raser, se pomponner. Une belle boîte nacrée se trouvait dans l’armoire à pharmacie. Des cigares ! Il en prit un, comme un enfant qui plonge les doigts dans la confiture. Il sortit en peignoir de bains dans le salon et alla admirer le jardin. La servante revenait, les bras chargés de provisions. - J’ai évité de peu une averse tout à l’heure… Je suis restée dans la halle, finalement, à discuter avec le fromager. J’ai plein de fruit si vous voulez. Je vais préparer une tarte. Il n’osait pas poser de questions. Il ne voulait pas briser le sentiment d’apesanteur magique, irréelle de cette matinée. Il la regardait faire, comme il suivrait une pièce de théâtre. Il fuma son cigare devant la cheminée, en feuilletant d’un air important Propriétés et jardins. L’horloge sonna neuf heures. Cela le tira de ses rêves. - Dites, je vais y aller… Une odeur de tarte bien appétissante. - D’accord. Moi, j’ai encore la poussière dans le fumoir et l’argenterie au premier, pendant que ça finit de cuire. Elle était heureuse de ces occupations à venir. Maréchal prit une de ses cigarettes, se peigna devant le grand miroir d’une chambre d’amis et revissa son chapeau. Il prit quelques cigares dans la salle de bains et les mit dans sa poche. Il sortit et sifflota dans la rue, comme un financier qui vient de voir ses courbes grimper. Les familles passaient en voiture dorées, des domestiques promenaient les chiens. Quand aurait-il des nouvelles de Nelly ? Elle était si douée pour jouer la fille de l’air. Il prit son temps pour rentrer chez lui, en face du quai. Il avait une visite médicale l’après-midi. Le docteur lui signa sa reprise de travail : - On peut dire que vous êtes un miraculé, vous… - Il faut, pour travailler à SÛRETÉ ! Il fanfaronnait mais en attendant, il avait du pain sur la planche. Il était à compter de ce jour le commissaire officieux de la Brigade Spéciale ! Il passa sa fin d’après-midi à chercher des adresses d’artisans. Le lendemain matin, il descendit tôt dans Névise. Il faisait très froid. La lumière des réverbères flottait dans le grand canal. Les plantes grimpantes aux murs frissonnaient. Des bulles de poissons venaient remuer à la surface ; dans l’air clair et cassant, l’immense vue sur les palais en ruine était encore plus saisissante. Maréchal entra dans le bistrot dont il devinait qu’il allait devenir son quartier général ! - Pas chaud ce matin ! - Non, mais il va falloir que je m’y habitue !... - Vous venez habiter ici ? - Habiter et travailler… Maréchal alla faire un tour dans les locaux calcinés de la brigade. Une concierge fut étonnée que quelqu’un revienne par ici. - La brigade est de retour, madame… - Et ce monsieur Weid ? - Il a été muté. C’est moi qui reprends sa place. - Vous êtes jeune pour un commissaire… Maréchal ne s’occupa plus d’elle. Il prit des notes, arpenta l'étage calciné, où des insectes avaient élu domicile. C'était humide et triste comme un vieux grenier. Il retourna au bistrot et y commanda un repas solide. - Je vais en avoir pour un moment avec votre parlophone. - Aucun problème, il y a rarement la foule ici. Maréchal s’installa sur la table du fond, avec un annuaire, un calepin et des plans. - Les services de SANITATION ?... Oui, pour des réfections de locaux… Une visite d’hygiène, oui… Il nota la date et l’heure. - Allô, mademoiselle ? Passez-moi les services du cadastre de VOIRIE… Bâtiments de SÛRETÉ… Puis les services comptables de TRIBUNAL. - Oui, je vous appelle de la part du commissaire Ballin. Pour des réparations dans nos locaux… Névise. Ca marchait ! On exécutait ses demandes ! On lui demandait s’il avait déjà contacté des ouvriers agrées ! - Vous me fournissez une liste pour des électriciens ?... Et un couvreur ?... Des meubles ? Oui, j’ai besoin de meubles… Incroyable ! Quelques appels, des demandes et la grosse machine administrative se mettait en branle ! On se pliait en quatre pour lui complaire. Il se rendit compte qu’il ne s’en sortirait pas seul. Le patron du bistrot lisait son journal, écoutant d’une oreille ses démarches. Après trois heures au parlophone, Maréchal fit une pause. - Vous me servez une pression ? - Tenez, c’est pour la maison… Pour le courageux maitre d’œuvre !... Quand je vois comment c’est compliqué pour faire venir le plombier chez moi… Alors, vous, qui faites tout refaire… - ADMINISTRATION rime avec organisation ! - Je vois ça. Il se souvint que Weid lui avait laissé un dossier pour une secrétaire. Il termina par elle. Il dut appeler les bureaux de la marine nationale, car elle était encore rattachée à leurs services. Ce fut compliqué, long, car dès qu’on sut que Maréchal était de SÛRETÉ, il sentit qu’il devrait attendre. Les imbéciles de galonnés ! Pour faire perdre leur temps à un honnête policier, ils étaient doués ! Plus doués que pour retrouver l'assassin de leur amiral, tiens ! - Vous me l’enverrez demain ?... - Nos bureaux vont fermer, fit une secrétaire aimable comme une journée au mitard. - Je vous demande juste si elle peut venir demain pour que je la rencontre ? - Nous l’appellerons et nous vous le ferons savoir. Maréchal raccrocha, rageur : - La vieille bique ! Il bailla. Il n’avait plus qu’à commander un dîner. - J’ai de la soupe de champignon et des côtelettes avec des topinambours à l’ail. Le brave homme ! Maréchal se promit d’appeler son cousin pour qu’on offre d’urgence à ce bistrot le tonneau de bière Maréchal qu’il méritait ! Il prit une chambre à l’hôtel pour la semaine, le temps de se trouver un logement. * Maréchal avait maintenant sa table et son rond de serviette au bistrot ! Il rencontra la secrétaire conseillée par Weid : - Vous vous appelez Alenka Zupancik ? - C’est exact. On m'appelle généralement mademoiselle Clarine. C'est mon second prénom, c'est plus joli. Elle devait avoir une trentaine d’années. Elle était venue dans son uniforme de la marine. Elle portait à la boutonnière un petit point noir, symbole des veuves. Maréchal avait lu dans son dossier qu’elle avait perdu son fiancé, tué en mer, deux mois avant leur mariage. Il ne fit pas de remarque à ce sujet. Cela expliquait sûrement qu’elle ait voulu changer de corps administratif. Elle ne devait pas avoir terminé son deuil. L'aurait-elle jamais terminé ? - Je suppose qu’en tant que secrétaire militaire, vous êtes habituée à rester discrète sur ce que vous entendez ? - Tout à fait. Elle s’était mise au travail sans attendre. Portzamparc revint de vacances. Ils ne furent pas trop de deux pour remettre sur pied la brigade. Le détective avait la poigne et la manière pour faire accélérer les démarches administratives ! Les corps de métier arrivaient peu à peu dans Névise. Autant de monde qui venait consommer au bistrot. - On fait repartir l’économie de ce quartier ! Portzamparc avait appelé Corben pour lui proposer de s’installer dans Névise : - Nous allons avoir besoin d’un pilote à plein temps… - C’est vous qui payez la note, patron. Maréchal rappela Linus : - Je vous engage ! Même avec l’arrestation du Somnambule, vous n’êtes peut-être pas en sécurité ! Vous serez mieux avec nous…
05-08-2010, 12:28 PM
' Wrote:Tain mais c'est pas possible, tu visites plus, tu tapes des résumés dans ta chambre d'hôtels
05-08-2010, 03:38 PM
surtout n'arrête pas
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06-08-2010, 01:22 AM
(This post was last modified: 06-08-2010, 01:23 AM by Darth Nico.)
EXIL #11<!--sizec--><!--/sizec-->
Avec l’avancement des travaux, Maréchal put se mettre au travail sérieusement. La brigade prenait vie. Linus et Corben avaient une chambre dans le quartier. Ils avaient l’air très contents de travailler pour cette branche pas comme les autres de SÛRETÉ. Maréchal s’était installé dans le bureau du commissaire Ballin, qui n’y viendrait peut-être jamais. Il venait de passer première classe, et Portzamparc avait reçu le grade d’inspecteur. - D’abord, nous allons retrouver Herbert. C’est notre piste pour retrouver Heindrich. Premier trajet en note de frais avec Corben ! Pour arriver dans le quartier biscornu et presque désert où vivait le petit chauve. - Coucou, c’est nous… Herbert faisait la tête sur le seuil de sa bicoque. - Nous n’avons pas de mandat de perquisition, nous venons seulement prendre un verre… Herbert les fit s’asseoir autour d’une vilaine table. Il faisait humide chez lui. - Vous n’ouvrez pas les fenêtres parfois ? - Vous travaillez à SANITATION maintenant ? Les deux policiers allumèrent une cigarette : - Où est le professeur Heindrich ? Maréchal n’avait pas pu cacher une haine rentrée contre cet homme qui l’avait séquestré. (Dans ces moments, il avait une certaine sympathie pour le Somnambule…) - Je ne sais pas… Il a dû m’injecter un produit qui vous détraque la mémoire… Ca a dû se passer le soir où nous nous sommes vus pour la première fois… - Dans le tramway, oui… [Voir dossier #2] Et depuis ? - Depuis, aucune nouvelle… - Vous faisiez quoi exactement, Herbert, pour le professeur ? Les deux policiers étaient durs et tendus. Le petit chauve n’avait pas intérêt à tricher : - J’étais… assistant, Maréchal… Forcé… - Vous étiez là, Herbert, il y a treize ans ?... Vers 194 ? Vous étiez déjà à son service ? - Non. Croyez-moi, non. - Vous savez pourquoi je vous demande pour cette date ? - Le professeur m’en a parlé… Je m’en suis souvenu. Le sens de ces quelques phrases échappa à Portzamparc. Il sentit Maréchal plus mauvais, plus cassant que jamais. - La mémoire a intérêt à continuer à vous revenir… Comment êtes-vous entré au service de Heindrich ? - Je voulais faire partie de la Caste… - Des Scientistes vous voulez dire ? D’autres fois, Maréchal l’avait dit en plaisantant –petit jeu pour agacer Herbert. Cette fois, il ne riait pas. Herbert répondit, aussi sinistre : - Ne prononcez pas trop ce mot, Maréchal. « Ils » ne l’apprécieront pas. - Parce qu’ils nous écoutent en ce moment ? Alors, qu’ils sachent que je demande qu’à rencontrer Heindrich ! Et vous, répondez ! - Je voulais entrer dans leur Caste… On m’a dit oui, si j’acceptais de servir ce professeur réputé très dur. Je n’en sais pas plus. Je devais être en train de « travailler » sur le Passe-Muraille quand j’ai perdu la mémoire… [voir dossier #3] - Pourquoi Heindrich vous aurait-il fait perdre la mémoire ? - Je l’ignore… Pour disparaître ? - Un jour, j’arriverai à voir clair dans vos mensonges, Herbert… Soyez prêt pour être bavard ce jour-là, ou bien courir très vite ! - Je vous ai fait parvenir la montre ! J’ai voulu vous aider ! - Je me demande si ce n’est pas Heindrich lui-même qui voulait que je l’obtienne… [voir dossier #3] Vous n’avez rien d’autre à me dire ? - Si… A propos de mémoire… Je me suis souvenu où Heindrich stockait ses informations… Dans la Cité de la Mémoire. Maréchal ralluma une cigarette : - Racontez-nous… - C’est une bibliothèque réservée de fait à des citoyens très riches. On ne peut en devenir membre que par cooptation. Cela permet de sauver sur des fiches des informations importantes, la voix d’un parent, des choses de ce genre. Les gens de bonne famille viennent là pour retrouver leurs disparus, disons… Pour remonter leur généalogie… - Bon, et Heindrich là-dedans ? - Il y a quarante ans, quand il avait le commissaire Weid aux trousses, il a préféré disparaître pour longtemps, le temps qu'on l'oublie. Il s’est plongé dans un bain très froid, dans une espèce de sarcophage qui l’a maintenu en hibernation. Il a attendu presque trente ans pour en ressortir. A présent, il ne peut plus récupérer ses données dans cette Cité. Elles y sont accessibles seulement par des autorités agréées. Autant dire : d’autres membres supérieurs de la Caste. - Il doit pourtant encore être chez les Scientistes, non ? Puisqu’il vous a recruté ? - Je ne sais pas… Ce n’est pas le genre de choses qu’on demande quand on est un novice… Il avait perdu son air d’idiot, Herbert… - Bon, que contiennent ces données ? - Des choses en rapport avec votre montre… Notamment, des plans pour des machines capables de terroriser Exil. Maréchal connaissait deux sigles sur trois de sa montre. SHC pour le syndrome d’hypersensibilité chronique et IEI pour intrusion extra-lunaire insolite. Il ignorait encore le sens de celui du milieu, RUS. Il avait perdu ces dernières semaines la manie de consulter sa montre. Voilà que l’envie le démangeait à nouveau. - Ce que je sais, c’est que Heindrich avait plusieurs gardiens de sa mémoire. Ainsi qu’un homme quil nommait le Passeur. Celui qui pourrait accéder à tous ses secrets et rentrer dans son repaire souterrain. - Qui est ce Passeur ? - Je ne sais pas. - Vous êtes sûr que les dossiers de Heindrich sont encore dans la Cité de la Mémoire ? - Oui. On dit que certains de la Caste peuvent transférer sur des fiches spéciales leurs souvenirs, directement, par des implants cérébraux. Ils stockent leur mémoire cérébrale… Portzamparc intervint : - Je reviens à votre engagement chez les Scientistes. Vous avez cru de bonne fois entrer chez eux. Mais vous avez rencontré ce professeur, qui est en fait un hors-caste à présent. - Comment je pouvais savoir que ce type sortait de trente d’ans d’hibernation ! Savoir qui il était vraiment ! - Bon, ça on va vite le savoir, dit Maréchal. Dès qu'on aura mis la main sur Heindrich. Et comment entre-t-on dans la Cité ? - On n’y entre pas. Même vous… - Si j’ai un mandat du juge… - Non, non… Même si vous aviez un mandat, ceux de la Caste l’apprendraient, et ils auraient le temps de faire disparaître les données. Il faut les prendre par surprise. - Pourquoi l’apprendraient-ils ? - Vous ignorez à quel point ils sont introduits dans certains milieux… - C’est une conspiration qui dirige la Cité dans l’ombre ? - Je n’ai pas dit ça… J’ai dit qu’ils ont les moyens de protéger les secrets de leur Caste. - Alors comment entre-t-on dans cette Cité ? - Je ne sais pas. Maréchal écrasa son mégot entre ses doigts : - Vous allez venir avec nous à Névise, Herbert. Qu’on reprenne tout ça tranquillement. Et qu’on étudie comment entrer dans cette Cité. Herbert baissa les yeux, pour cacher sa colère. Ils remontèrent en ballon-taxi. Maréchal dit à Linus de se renseigner sur la Cité. - C’est du gros boulot, ça… C’est le rêve des gens comme moi d’y entrer. C’est un lieu tellement mythique… - Chez nous, les rêves deviennent réalité, lança Portzamparc. Alors tu vas nous trouver une porte d’entrée ! * Le pirate travailla toute la nuit. Herbert eut droit à une cellule, pas verrouillée, pour réfléchir. Maréchal arriva dans le petit matin froid. La première vraie journée de la Brigade. La secrétaire avait préparé un bon café. Jamais on n’en buvait du comme ça au Quai ! Linus avait les traits tirés : - C’est pas possible de rentrer là-dedans par des moyens normaux, inspecteur... - Aucun accès par les entrées du personnel ? - Non, non… Je me suis bien renseigné. C’est aussi gardé qu’une caserne. Rien à faire. Et c’est vrai que si vous demandez un mandat du juge, « ils » auront le temps de détruire les données. J’ai lu des témoignages, il y a eu des précédents. Son chromatographe avait dû bien chauffer ! - Tu ne vois pas d’autre solution ? - Passer par en-dessous. - Quoi ? - Par les égoûts. - Une intrusion tu veux dire ? - C’est le seul moyen… Vous m’avez demandé… - Oui, oui, bien sûr. - Seulement, je n’ai pas de plan d’accès par en-dessous. Je sais que ça existe, mais ces plans ne sont pas disponibles sur les réseaux. Ils n’existent encore que sur le papier. - Qui détient ces plans ? - Les bureaux d’étude de VOIRIE par exemple. Les ingénieurs qui travaillent au remodelage urbain. - Eux ils pourraient nous fournir ces plans ? - Si eux ne les ont pas, je ne vois pas qui les auraient… - Les Scientistes, soupira Maréchal Il ne voulait pas penser à cette solution extrême… Aller frapper à leur porte... - Restons-en à ces ingénieurs. Nous allons les appeler. Le mieux serait même d’en embaucher un dans la brigade… Tu vas te renseigner sur eux, Linus, fouiller les dossiers et nous dire qui serait susceptible de nous aider… - C’est dangereux… Si les Intelligences-Mécaniques remontent à moi… - Tu leur barreras la route avec d’autres IM, c’est ton domaine de compétence, non ?... Je veux une entrée dans cette saloperie de Cité à Scientistes ! - Compris, inspecteur ! Maréchal alla s’allonger dans le hamac de son bureau. Il parcourut le journal. La date du procès du Somnambule venait d’être fixée, dans dix jours. Des phénomènes étranges étaient signalés dans la Cité. Un quartier entier envahi par des plantes grimpantes dorées, les « cheveux d’ange ». Des morts retrouvés avec des insectes lumineux, les Brûlesprits, nichant dans leurs narines. Du travail potentiel pour la Brigade Spéciale. Seulement, pour Maréchal, il y avait plus urgent. Il y avait la colère sourde contre le tortionnaire de son enfance, qu’il trainerait devant la justice ou ferait sortir de son repaire les pieds devant…
06-08-2010, 09:01 PM
Casse du siècle à la cité mémoire
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07-08-2010, 12:49 AM
EXIL #11<!--sizec--><!--/sizec-->
- J’ai peut-être un nom, dit Linus… Svensson. Un ingénieur au passé, hm, chargé… - Laisse-moi voir… Tiens donc, jeunesse dans le Comité Populaire de Collectivisation… Autrement dit, l’anarcho-syndicalisme. Maréchal et Portzamparc montèrent le voir le surlendemain. Ils le trouvèrent à sa pause de dix heures dans une brasserie surchargée. Il était grand, les cheveux clairs, une barbe, un profil aquilin agressif. Il était méfiant, d’un abord rebutant. - Bonjour, messieurs. Ingénieur Lenj Svensson. - Asseyez-vous donc, dit Maréchal. Que mange-t-on de bon ici ? - Le midi, je prends généralement une salade, pour ne pas somnoler l’après-midi. - Alors une salade du chef pour moi, dit Portzamparc. Le serveur apportait les boissons. - N’ayez crainte, monsieur Svensson, nous ne sommes pas venus pour vous interroger… On aurait pu jurer qu’il avait des choses à se reprocher. Ce n’était pas que la méfiance habituelle du citoyen honnête, qu’on peut toujours embêter avec des broutilles. - C’est une proposition de travail… - Je ne sais pas si j’ai envie de changer de voie… De plus, je m’excuse, mais je ne prends pas trop de temps de pause, car nous avons un travail fou ces derniers jours… - Rassurez-vous, nous ne serons pas longs… Nous recrutons en ce moment… - J’ai lu un peu des choses sur vous. Je ne connaissais pas l’existence de votre Brigade… Pourtant, je sais repérer les services d’Etat. Vous devez le savoir puisque je suppose que vous avez lu mon dossier. - Nous sommes venus en connaissance de cause, oui. Mais nous ne sommes pas les « services d’Etat », comme vous dites. Nous ne sommes pas les services secrets chargés d’infiltrer les syndicats, si c’est ce que vous pensez… - J’ai vu dans ma jeunesse comment on pourrit de l’intérieur une grève… - Nous n’avons rien à voir. Nous ne faisons pas de politique ! - Pas de vin, vraiment ? demanda Portzamparc. Leur opération de séduction démarrait mal. L’autre en face était farouche. - Nous sommes un service un peu à part… Nous nous occupons des dossiers que nos collègues du quai ne savent pas traiter. Les affaires dangereuses, qu’on ne peut traiter par des méthodes classiques. Ce n’est bien sûr pas un travail routinier que le notre, pérorait Maréchal. - J’ai tendance à me méfier des services « spéciaux »… Après qui en avez-vous au juste ? - Après personne. Nous défendons seulement la Cité contre les menaces que d’aucuns qualifient de « paranormales »… - En quoi un ingénieur comme moi… ? - Vos connaissances de la Cité. Nous savons que vous êtes l’un des meilleurs, mais que votre passé vous sera toujours reproché. Nous au contraire apprécions l’indépendance d’esprit. Il mangeait rapidement, sans avoir l’air de goûter les aliments. - Je ne sais pas si je suis intéressé. Mon travail me plait, je ne sais pas si je suis le mieux désigné pour vous aider. D’ailleurs, en quoi aurais-je une meilleure carrière en rejoignant TRIBUNAL ? - Notre métier est souvent plus excitant que de rester dans un bureau. - Ecoutez, je dois y retourner. Je vous ferai très bientôt savoir ma réponse. Il se leva, enfila son manteau, empressé, mit la main à la poche : - Laissez, dit Maréchal. Il toucha sa casquette et partit sans se retourner. - Pas commode, dit Portzamparc en finissant son assiette. - Ce n’était qu’un premier essai. Je suis sûr que Linus peut nous trouver d’autres ingénieurs qui auront le profil. - C’est vrai que voir un ancien anarchiste rejoindre la police… - Pas n’importe quelle police !... Garçon, un autre demi ! Svensson, très agité intérieurement, regagna ses bureaux d’étude, partagé entre colère, envie et mépris de la police. Quand il entra dans les bureaux, ses collègues le regardaient en coin. - Je crois que le patron voudrait te voir, Lenj… murmura un de ses collègues. Les autres essayaient de s’absorber dans leur travail. Svensson reçut comme une gifle cette atmosphère d’hostilité latente. Il avait envie de taper du poing sur un des bureaux, de prendre un de ses collègues par le col, de le sommer de dire le fond de sa pensée. Son regard était dur, ses poings tendus. Il regarda la porte du fond, celle de ce monsieur Parlot qui avait bien l’honneur d’être son supérieur. Il frappa, entra : - J’entends que vous désirez me voir, monsieur ? - Entrez et asseyez-vous. Il referma la porte. Dans le bureau, les collègues se regardaient, inquiets. L’un d’eux, assis à la table au centre de la pièce, ricana : - Je dirais qu’une fois de plus, ça va barder… Cette fois, le patron ne va pas le rater. - Ca te fait rire, toi, bien sûr, dit un autre. Dans le bureau, Svensson était rouge de honte et de fureur. - L’avocat nous a envoyé des chromatographes de cette pauvre gamine, Svensson. Non, mais regardez-donc ce que cela fait de prendre un jet de vapeur en pleine tête ! Elle est défigurée… C’est toute la réputation de notre service qui est entachée. - Je me permets de vous rappeler que c’est Noriarty qui a décidé, et lui seul, du parcours de ces tuyaux. J’ignorais qu’ils traverseraient cette zone résidentielle. - Tiens donc, c’est là votre idée de la conscience professionnelle ? Accuser un autre… Parlot cachait sa honte de dire ça sous des bravades. Parce que Noriarty était intouchable ! Le fils d’un ancien ingénieur de ce même bureau, qui avait mis au point un nouvel alliage hautement résistant aux températures et aux pressions, qui s’était mis à son compte, qui avait fait des millions ! - Quelle faute devront donc commettre certains, fit Svensson, prêt à éclater, pour se voir rappeler leurs responsabilités ? Aurait-il fallu que cette gamine y reste ? - Cela suffit comme ça ! - Il est peut-être de votre responsabilité de défendre des privilégiés, monsieur Parlot, mais pouvez-vous assumer de me prendre une fois de plus comme bouc émissaire ? - Mon ami, brisons là cette conversation, qui tourne au vinaigre. Pour le moment, je vais vous conseiller de prendre, de vous-même, un congé. Disons deux semaines. Le temps que les choses se tassent… - Vous allez proposer un arrangement à l’amiable pour les parents… Le père Noriarty doit avoir de quoi « couvrir » son fils. - Svensson, je vous prie de cesser. Sinon, en lieu et place du congé, ce sera la mise à pied, voire pire ! L’ingénieur se leva, terrible. Il mit sa casquette, ne salua pas et sortit. Il serrait les poings, décidé à supporter les regards humiliants de ses collègues… L’un d’eux le regarda avec un air de sympathie sans compassion. Svensson lui en fut gré. Il ne voulait pas être pris en pitié ! Inévitablement, il dut passer près du bureau de Noriarty junior, celui qui occupait la table centrale. - Alors, dit ce dernier, on met les voiles ? C’était trop ! Pareil, pour le coup, à un tuyau sous forte pression et sans soupape de sécurité, Svensson explosa : il se jeta sur ce sale fils à papa, le secoua vigoureusement, incapable d’articuler la moindre injure. Trois collègues intervinrent pour les séparer. - Du calme, du calme !... Ce n’est pas une salle de boxe ! Svensson dit que ça irait. Il remit sa veste, ramassa sa casquette, déglutit. L’autre n’en menait pas large. Pour la première fois, il avait senti ce que c’était que la force brute d’un homme à bout. Il avait vraiment eu peur. Il se rassit, les narines dilatées par la frousse et un début de haine. Svensson, accompagné par deux collègues, partait par l’ascenseur. - Tu as fait une erreur, vieux… C’est évidemment ce qu’il attendait ! - Tant pis ! On m’a appris à fournir aux gens ce qu’ils demandent ! Si c’est d’une correction qu’il a besoin… - Le chef… - Le chef ne va rien faire ! Il doit même être content que j’aie secoué cet incapable que lui est tenu de ménager !... Alors qu’il ne sait pas tracer un cartouche droit ! - Tu prends des vacances ? - Oui ! Et elles risquent d’être assez longues ! Ils le raccompagnèrent à la sortie et lui souhaitèrent bon courage. Ils remontèrent, pas très fiers mais soulagés de voir cette boule de nerfs loin du bureau. Svensson traversa le jardin publique et retourna vers la brasserie. Les deux policiers en sortaient : - Ho !... - Monsieur l’ingénieur ? Vous avez oublié quelque chose ? - Si vous avez un peu de temps, je vous paye un verre. - Une limonade alors, sourit de Portzamparc, parce qu’on est quand même en service ! L’ingénieur se surprit même à sourire. La tête de Noriarty ! Et ce sentiment d’évasion !... - Si je me joignais à vous, dit-il, serait-ce un détachement provisoire ou définitif ? - Il peut commencer par être provisoire… De fait, Svensson l’ignorait encore, mais il fut définitif. * Le soir, les deux policiers firent le point, sur leurs recrues et sur la Cité de la Mémoire. Portzamparc reprenait leurs notes : - Nous avons Linus, qui continue de s’informer sur les fichiers de la Cité. Svensson pour les plans d’accès souterrains. Herbert… - Herbert, dit Maréchal, pour servir de « fusible » si cette opération tourne mal ! - Tout à fait… Il va aussi nous servir pour la copie d’une carte de membre de la Cité. - Je ne lui fais pas confiance pour réussir à mener cette tractation. - Ca, dit Portzamparc d’un air filou, je m’en charge. Lui trouvera la bonne personne, et je l’accompagnerai pour négocier le prix. - Bon. Reste à se procurer la carte… Et pour ça, j’ai la personne qu’il nous faut… - Un androïde féminin adepte des promenades nocturnes dans les grands magasins ? - Ca, c’est mon affaire. C’est pour ça que je suis « première-classe » je te rappelle. - Ben voyons… Bon, je propose qu’on reprenne en entier le déroulement de notre « visite »… La secrétaire s’en allait : - Je vous ai laissé du café sur le feu. - Merci, vous êtes adorable… Maréchal sentait venir l’ambiance des longues heures de travail quand tout le monde dort, la fatigue qui vous pique les yeux, dans l'odeur du bon café des nuits sans fin.
07-08-2010, 12:50 AM
La ville s’endormait, j’en oublie le nom… Sur le fleuve en amont, un coin de ciel brulait. La ville s’endormait, j’en oublie le nom… Et la nuit peu à peu, et le temps arrêté, et mon cheval boueux, et mon corps fatigué… Il est vrai que parfois, près du soir les oiseaux ressemblent à des vagues et les vagues aux oiseaux et les hommes aux rires, et les rires aux sanglots... Il est vrai que souvent, la mer se désenchante. Je veux dire en cela qu’elle chante d’autres chants que ceux que la mer chante, dans les livres d’enfants… La ville s’endormait, j’en oublie le nom… Sur le fleuve en amont, un coin de ciel brulait… <!--sizec--><!--/sizec--> |
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