06-11-2005, 06:43 PM
(This post was last modified: 07-11-2005, 01:42 PM by Darth Nico.)
* NICOLASARTS *
Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Les méga-usines d'assemblage recevaient les pièces détachées venues d'autres usines clandestines, disséminées dans d'autres recoins de la galaxie.
Le Complexe, alimenté par l'énergie tiré du gaz de la nébuleuse géante de Vinovo, travaillait maintenant à flux tendu depuis trois mois. Il avait été entièrement automatisé : les machines produisaient des droïdes capables de les réparer en temps voulu et étaient elles-mêmes capables d'assurer la maintenance des divers droïds ; des K4 et des K5 de combat sortaient d'une chaîne bien protégée par d'autres K5. Certains secteurs ronronnaient lourdement : les accumulateurs, les transformateurs et les centrales. D'autres produisaient des bruits d'enfer, un vacarme assourdissant qu'aucune des machines ne pouvaient percevoir. Et ces fracas continuels, monstrueux, gigantesques, tournaient quelque part au milieu du vide spatial.
Le Complexe de Vinovo était maintenant auto-suffisant : il accomplissait la plupart des fonctions nécessaires aux êtres vivants. D'immenses cuves récupéraient les déchets des différents secteurs. Ces déchets étaient broyés, incinérés, fondus, recyclés et renvoyés comme matières premières vers des usines de construction, situées à des années lumière de là. Ce qui était définitivement impossible à réutiliser était recraché dans le vide spatial, avant de tomber dans la nébuleuse.
Le Complexe était formé de six lunes artificielles, avec autour d'elles un important trafic qui allait de l'une à l'autre en permanence. C'était sur la cinquième lune qu'étaient entreposés les bâtiments assemblés. Flambant neuf, ils n'attendaient plus que leur équipage pour devenir des terreurs de la galaxie.
C'est sur cette cinquième lune que venaient d'arriver les seuls vivants du Complexe. Une corvette blindée, aux couleurs des Séparatistes, s'était à peine posée, que douze Sardaukars en descendirent au pas de course et s'alignèrent le long de la rampe de descente. Ils restèrent parfaitement immobiles quand le Duc Lepto, suivi d' l'amiral Mohc, passèrent devant eux.
Le Duc se campa fermement sur des deux pieds, au bas de la rampe et observa avec attention le spectacle qui s'offrait à lui, des vaisseaux de guerre soigneusement alignés dans la pénombre. Derrière lui, l'amiral Mohc, resté sur la rampe, en léger déséquilibre, fit allumer les lumières.
Le Duc avança de quelques pas, un instant ébloui par la soudaine luminosité. Les engins de guerre apparaissaient dans leur splendeur métallique.
- Voici donc le fer de lance de votre flotte, amiral...
- Votre flotte, seigneur... Elle a dû sortir des chaînes d'assemblage dans les derniers jours. Les modèles ont été construits selon vos désirs, selon l'armement, les défenses, les performances convenues.
Le Duc croisait les bras derrière le dos. L'amiral Mohc n'osait pas bouger.
- Très bien. J'aime le sur-mesure. Venez donc, montrez-moi un peu vos merveilles.
- A vos ordres, Seigneur !
Suivis à distance respectueuse par quatre Sardaukars, les deux hommes avancèrent dans le vaste hangar. D'abord intimidé, Mohc prenait de l'assurance en voyant la satisfaction peinte sur le visage du duc Lepto. Il devenait le guide qui fait découvrir les perles de sa collection.
- Ici, des Corvettes d'assaut lourdes. Deux groupes de vingt, pour des assauts directs. Armement réduit, vitesse de croisière modeste mais coque doublement renforcée et des merveilles de boucliers, selon vos désirs.
- Elles nous serviront pour percer les champs de mines, voire pour passer en force au travers d'un nuage de chasseurs ennemis un peu génants.
- Pour cela, soyez sans crainte. Nous avons fait des tests en situation réelle. Nous avons activé les boucliers et précipité des Tie-Fighters dessus : elles sont parfaitement tenu le coup.
- Activez la construction de vingt autres encore. Elles me plaisent beaucoup.
- Vous avez ensuite, au deuxième étage, là-haut, les stations d'assaut terrestres. Polyvalentes, elles se défendent en combat aérien. Disons qu'elles ont de quoi résister pendant qu'elles descendent se poser. C'est au sol qu'elles déploient leur potentiel. Soixante canons, pour des tirs circulaires tournants, deux canons lourds, quatre canons à ions, les mêmes coques renforcées que les Corvettes... De vrais bunkers volants.
Le Duc regardait et admirait, hochant la tête. Il essayait de se représenter ces bijoux en situation de combat.
- Ensuite, les speeders d'assaut, les tanks super-lourds, les Dreadnaughts et Juggernaughts (pour les sièges de forteresse), les tanks à canons électromagnétiques ; ici quelques modèles, encore prototypaux, de canons plasmatiques... Ensuite, les missiles interplanétaires, les fusées anti-stations, les vaisseaux-boucliers solaires et, bien sûr, ce qui concerne l'armement bactériologique et chimique...
- Très bien. toutefois, ce genre d'armement ne sera utilisé qu'en dernier recours, notre but étant de conquérir, pas de détruire.
- Bien entendu, Seigneur...

- Je vois que votre Complexe tient ses promesses, amiral Mohc. J'en référerai à notre Grand Maître, qui sera satisfait.
- Je vous remercie.
- Vous contacterez l'amiral Vansler, qu'il organise l'acheminement des armements conventionnels jusqu'à la porte de Farfax.
- Farfax, Seigneur ? Mais, si vous me permettez, cela risque de prendre du temps... Nous faisons un grand détour.
- C'est ainsi, amiral, trancha Lepto. Nous attaquerons par la Perlemienne et Farfax est notre point le plus avancé sur cette route.
- Bien, Seigneur. Et pour ce qui est de l'armement disons non-conventionnel ?...
- Où est-il, à propos ?
- Pas ici, Seigneur. Nous l'avons stocké sur la 4e lune. La plus protégée.
- Pour ce qui est de cette flotte, vous la gardez ici jusqu'à nouvel ordre. Laissez Vansler en dehors de cela. C'est vous qui, le moment venu, vous en occuperez.
Les yeux de Mohc brillèrent.
- Merci, merci, Seigneur...
- A chacun ses compétences. Vansler dirige à merveille nos flottes conventionnelles. A vous notre matériel plus... avant-gardiste. C'est votre domaine...
- Vous ne regretterez pas de m'avoir confié cette tâche.
Mohc se courbait en avant. Le Duc avait fait quelques pas en avant. Il semblait chercher quelque chose. Ou plutôt, il tendait l'oreille. Mohc se releva et n'osa aller sur ses talons, de peur d'être trop pressés de bien faire.
- Vous désirez voir quelque chose en particulier, Seigneur ?
Le Duc pointa un endroit devant lui, à deux heures, qui n'indiquait rien en particulier.
- Qui ya t-il par là, Amiral ?
- Par là ?... ma foi, Seigneur, ce ne sont que des engins d'entretiens...
- Non, coupa Lepto, les yeux fermés, concentré sur autre chose. Laquelle de vos lunes ?
- Par là ?
Mohc se gratta la tête. Qu'avait-donc le Duc en tête ?
- Par là, je pense que ce doit être la deuxième lune. Oui, la 2e, car elle est alignée avec la chaîne de montage qui-
- Bien, allons voir là-bas.
- Sur la 2e ? Mais sauf votre respect, Seigneur, il n'y a là-bas que les chaînes de montage de droïds de construction...
- C'est votre lune la moins gardée, je suppose ?
- En effet...
Mohc comprenait à moitié, mais il emboîta vite le pas de Lepto quand celui-ci tourna les talons pour remonter dans la navette. Les Sardaukars se précipitèrent à sa suite.

Un court vol emmena la Corvette ducale d'une lune à l'autre. Elle se posa brusquement et, les moteurs tournaient encore, que le Duc descendait, hâtant le pas.
- Formation n°4 !
Aussitôt, les Sardaukars se déployèrent dans le hangar, où se trouvaient stockés des centaines de droïds dévoués aux tâches de construction. Quelques K5 patrouillaient dans le secteur. Le capitaine des Sardaukars prit sous son commandement les K5 et les fit se déployer en coordination avec ses hommes. En trois minutes, l'endroit était bouclé : les points stratégiques surveillés, les issues gardées.
Nerveux, Mohc constata que le Duc avait la main à portée de son sabre. Les soldats étaient en alerte rouge.
- Que cherchons-nous exactement, Amiral ? cria le capitaine à Mohc. Indirectement, il s'adressait bien sûr au Duc. Ce fut lui qui répondit :
- Un intrus, capitaine !
Le sang de Mohc ne fit qu'un tour et il devint pâle.
- Un intrus, Seigneur ?... mais enfin, c'est impossible...
Le Duc s'approchait de gros containers, pleins d'huiles où baignaient des droïds. Au-dessus, des centaines d'ouvriers mécaniques, pendus comme du linge, sur plus de dix étages. A chaque étage, une passerelle métallique. Et des sondes de surveillance rôdaient dans la zone.
- Un intrus, ici...
Mohc avait une grosse boule dans la gorge. Il espérait de tout son coeur que le Duc se trompait. Celui-ci marchait à pas rapides. Mohc se mordit la lèvre quand il entendit un bruit métallique dans les étages. Comme si quelqu'un s'y déplaçait, dans l'ombre, entre deux rangées de droïds. Le Duc suivait des yeux le prétendu intrus. On entendit plusieurs pas, très nets, dans les hauteurs.
- Eclairage !
Deux Sardaukars s'approchèrent et braquèrent leurs tiges lumineuses. On vit une fraction de secondes une paire de jambes passer et disparaître derrière le corps d'un droïd.
Deux autres Sardaukars s'approchèrent, mirent genoux à terre et visèrent.
Le Duc se retourna un instant vers Mohc, la cruauté peinte dans ses yeux et sur ses lèvres :
- Voyez-vous, Amiral, quand le fruit est mûr, il faut savoir le cueillir !

Le Duc prit son sabre en main, alluma sa longue lame rouge et le lança vivement vers la passerelle du cinquième étage. L'arme tourna en l'air, fracassa la passerelle, découpa plusieurs corps de droïd, dans une giclée et une pluie d'étincelles. Pas précipités au dessus ; le sabre ralentit et commença à retomber, tranchant sans pitié ce qui se trouvait dans sa chute. D'un balayage de la main, le Duc le renvoya en l'air aussi sec. L'arme remonta en chandelle et plusieurs corps de droïds chutèrent sur leurs voisins du dessus. Le long sabre, bourdonnant, remonta jusqu'au sixième étage.
Mohc se précipita vers les Sardaukars :
- Feu ! feu !
Il était ivre de rage, soudain, rendu tel par l'affront qu'il venait de subir, de la part de cet intrus. Les soldats ouvrirent le feu. Les lasers rejoignirent le sabre, qui continuait à tourbillonner, à l'horizontal, guidé par Treides.
- Feu ! feu je vous dis !
Les autres Sardaukars tirèrent aussi. Alors que la plupart des tirs s'écrasaient contre du métal, le Duc continuait à guider son arme qui se transformait ainsi en missile à tête chercheuse. Soudain, on vit jaillir une lame bleue au milieu de l'obscurité.
Treides jubila :
- Enfin je t'ai eu !
Les tirs rebondirent contre la lame, repartant d'où ils venaient ou allant se perdre dans l'amas de droïds.
Brusquement, le Duc courut trois pas en avant puis sauta en l'air, propulsé par la Force. Il atterrit sur le troisième étage et fit revenir son sabre en main. Les Sardaukars avaient cessé le feu aussitôt. Treides éteignit son sabre, sauta à nouveau, parmi le désordre des corps métalliques et arriva cette fois au septième étage. Là, il ralluma brusquement son sabre, qui jeta une crue lumière rouge sur les lieux. Il fit quelques pas en avant, très concentré, traquant sa proie. Elle atterrit derrière lui, tombée de l'étage d'au-dessus. Un humain, vêtu d'une combinaison noire intégrale, cagoule sur le visage. Il était accroupi, un sabre bleu à chaque main, en garde les lames croisées. Le Duc se retourna à la vitesse de l'éclair et frappa dans le même coup. Sa lame vint s'écraser sur la défense de son adversaire.
- Devenir Jedi, sourit méchamment Treides, ne t'a rien enlevé de ton audace, Nello...
- C'est ainsi que j'ai été formé. El Daoud m'a fait comprendre que celui qui marche dans la lumière, marche sans peur.
- La peur... Ne crois pas trop vite l'avoir oubliée... Tu vas la redécouvrir...
Treides dégagea sa lame et l'abattit à nouveau. Nello se remit de debout, en équilibre précaire sur la plateforme et recula, parant d'un sabre après l'autre. Confiant, le Duc avançait sur lui.
- C'est le début de la fin, Duc... Je me suis défait de l'emprise d'Orcus. Grâce à Merwyn. Et c'est moi qui suit allé le sauver de la vôtre !
- Tu te trompes, gronda Treides, il ne sera plus jamais un Jedi. Le côté obscur est sans retour. Tu n'as fait que retarder l'accomplissement de son destin. Il reviendra vers moi, puis vers le Grand Maître et se pliera à ce que nous avons décidé pour lui. Tu regretteras de lui avoir fait confiance...
Les coups partirent, violents, inconséquents, tranchant autour dans les droïds. Nello reculait de deux pas pour un qu'il faisait en avant. Treides se battait avec une assurance consommée : il ne faisait pas un geste de trop, canalisant parfaitement sa puissance. Alors que Nello, dans ce lieu étroit, voyait son style de combat très contrarié. Il se mit bien en défense. Il jeta un bref coup d'oeil vers le bas. Il y avait beaucoup de Sardaukars. Le Duc l'attaqua de plus belle. Désarçonné, il sentit que la fin était proche s'il n'utilisait pas mieux le terrain. Il dut prendre un risque fou : d'un sabre, il attaqua rapidement et de l'autre, il trancha les liens de plusieurs droïds qui partirent s'écraser à terre. Il para un dernier coup de ses deux lames et sauta dans le vide.
Les corps s'écrasèrent juste avant lui. Les Sardaukars avaient dû dégager le terrain. Nello atterrit à ce moment et enchaîna aussitôt sur une roulade. Les tirs fusèrent vers lui. L'heure était venue de décrocher. Accroupi, il se mit en défense et stoppa les lasers qui lui étaient adressés. Il exécuta un salto arrière et arriva dos au sas du hangar. Il souleva violemment les corps de droïd de terre et les tirs vinrent s'écraser dessus. Les corps retombèrent et Nello puisa largement dans la Force pour soulever de terre des Sardaukars et les envoyer culbuter leurs camarades. Mohc était fou de rage.
- Debout ! et tirez ! bande d'incapables !
Dans ces moments-là, Nello ne pouvait s'empêcher d'avoir des regrets : s'il avait encore pu utiliser le côté obscur, les choses auraient été bien plus rapides. Il envoya un bon coup de lame dans la sécurité de la porte, qui s'ouvrit en grand. A ce moment, Treides atterrissait, hui mètres devant lui. Nello voulut baisser la porte, mais, de l'autre côté, Treides l'en empêcha. Il y eut un bref duel entre les deux hommes, mais c'était perdu d'avance pour Nello. Il laissa la porte se rouvrir, puis fit en l'air le geste de tirer un objet. Les morceaux de droïd filèrent vers lui, frappant Treides au passage. Celui-ci dut jouer du sabre pour les dégager.
Nello se trouvait dans couloir hermétique : au-dehors, ce devait être le vide spatial. Il se précipita à l'autre bout, tandis que Treides entrait à son tour, enjambant la pile de droïds. Alors que le Duc se mettait à courir, le sabre haut, sur Nello, celui-ci se retint de paniquer, trancha posément la sécurité de la porte et la passa. Elle s'ouvrait par le haut : il l'arrêta quand elle s'était soulevée de moins d'un demi-mètre. Propulsé par la Force, il roula dessous et se releva de l'autre côté. Il sauta vivement, pour éviter le sabre de Treides, qui venait de passer en tournant par l'ouverture. L'arme tourna dans la pièce et revint, comme un boomerang passer sous la porte, pendant que Treides ouvrait celle-ci.
Nello puisa encore dans la Force pour accélérer sa course et bondir vers son Reiterpallasch. La verrière s'ouvrit avant qu'il n'atterrisse. Il fit feu vers l'embrasure de la porte : et les tirs d'un canon stellaire étaient un peu gros pour être habilement renvoyés, même par un Jedi Noir entraîné. Treides dut faire rapidement une roulade pour éviter le tir de barrage. Plusieurs Sardaukars y restèrent, grillés vif par le tir brûlant.
Le chasseur décolla à l'horizontale, pendant que Nello continuait à ouvrir le feu sur le Duc et activait les boucliers. Celui-ci, furieux, ne parvenait pas à les renvoyer vers la cible. Les Sardaukars tirèrent, mais en vain. Le Reiterpallasch s'éleva à quatre mètres au-dessus du sol. Nello tourna les réacteurs vers ses ennemis et les fit rugir à plein régime. Tous durent reculer, même Treides qui put toutefois abosrber la fournaise autour de lui.
Nello parcourut à vitesse grandissante la longueur du hangar, passa dans le couloir de décollage, passa deux sas (qu'il dut ouvrir à coups de canons) et enfin émergea dans le vide spatial. La chasse était donnée mais, activant le système d'invisibilité de l'engin, il leur échappa sans peine.
Il rallia le point de départ hyperspatial et poussa l'hyperpropulsion à fond. Il espérait que Treides enrageait bien de le voir partir ainsi (et, impuissant, qu'il se jurait de le retrouver bientôt et de se venger
). Il avait rentré "Sagnaring" dans l'astronavigateur : les choses se précipitaient. Il était temps de retrouver la Source Lumineuse et de savoir si Merwyn allait mieux...
Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Les méga-usines d'assemblage recevaient les pièces détachées venues d'autres usines clandestines, disséminées dans d'autres recoins de la galaxie.
Le Complexe, alimenté par l'énergie tiré du gaz de la nébuleuse géante de Vinovo, travaillait maintenant à flux tendu depuis trois mois. Il avait été entièrement automatisé : les machines produisaient des droïdes capables de les réparer en temps voulu et étaient elles-mêmes capables d'assurer la maintenance des divers droïds ; des K4 et des K5 de combat sortaient d'une chaîne bien protégée par d'autres K5. Certains secteurs ronronnaient lourdement : les accumulateurs, les transformateurs et les centrales. D'autres produisaient des bruits d'enfer, un vacarme assourdissant qu'aucune des machines ne pouvaient percevoir. Et ces fracas continuels, monstrueux, gigantesques, tournaient quelque part au milieu du vide spatial.
Le Complexe de Vinovo était maintenant auto-suffisant : il accomplissait la plupart des fonctions nécessaires aux êtres vivants. D'immenses cuves récupéraient les déchets des différents secteurs. Ces déchets étaient broyés, incinérés, fondus, recyclés et renvoyés comme matières premières vers des usines de construction, situées à des années lumière de là. Ce qui était définitivement impossible à réutiliser était recraché dans le vide spatial, avant de tomber dans la nébuleuse.
Le Complexe était formé de six lunes artificielles, avec autour d'elles un important trafic qui allait de l'une à l'autre en permanence. C'était sur la cinquième lune qu'étaient entreposés les bâtiments assemblés. Flambant neuf, ils n'attendaient plus que leur équipage pour devenir des terreurs de la galaxie.
C'est sur cette cinquième lune que venaient d'arriver les seuls vivants du Complexe. Une corvette blindée, aux couleurs des Séparatistes, s'était à peine posée, que douze Sardaukars en descendirent au pas de course et s'alignèrent le long de la rampe de descente. Ils restèrent parfaitement immobiles quand le Duc Lepto, suivi d' l'amiral Mohc, passèrent devant eux.
Le Duc se campa fermement sur des deux pieds, au bas de la rampe et observa avec attention le spectacle qui s'offrait à lui, des vaisseaux de guerre soigneusement alignés dans la pénombre. Derrière lui, l'amiral Mohc, resté sur la rampe, en léger déséquilibre, fit allumer les lumières.
Le Duc avança de quelques pas, un instant ébloui par la soudaine luminosité. Les engins de guerre apparaissaient dans leur splendeur métallique.
- Voici donc le fer de lance de votre flotte, amiral...
- Votre flotte, seigneur... Elle a dû sortir des chaînes d'assemblage dans les derniers jours. Les modèles ont été construits selon vos désirs, selon l'armement, les défenses, les performances convenues.
Le Duc croisait les bras derrière le dos. L'amiral Mohc n'osait pas bouger.
- Très bien. J'aime le sur-mesure. Venez donc, montrez-moi un peu vos merveilles.
- A vos ordres, Seigneur !

Suivis à distance respectueuse par quatre Sardaukars, les deux hommes avancèrent dans le vaste hangar. D'abord intimidé, Mohc prenait de l'assurance en voyant la satisfaction peinte sur le visage du duc Lepto. Il devenait le guide qui fait découvrir les perles de sa collection.
- Ici, des Corvettes d'assaut lourdes. Deux groupes de vingt, pour des assauts directs. Armement réduit, vitesse de croisière modeste mais coque doublement renforcée et des merveilles de boucliers, selon vos désirs.
- Elles nous serviront pour percer les champs de mines, voire pour passer en force au travers d'un nuage de chasseurs ennemis un peu génants.
- Pour cela, soyez sans crainte. Nous avons fait des tests en situation réelle. Nous avons activé les boucliers et précipité des Tie-Fighters dessus : elles sont parfaitement tenu le coup.
- Activez la construction de vingt autres encore. Elles me plaisent beaucoup.
- Vous avez ensuite, au deuxième étage, là-haut, les stations d'assaut terrestres. Polyvalentes, elles se défendent en combat aérien. Disons qu'elles ont de quoi résister pendant qu'elles descendent se poser. C'est au sol qu'elles déploient leur potentiel. Soixante canons, pour des tirs circulaires tournants, deux canons lourds, quatre canons à ions, les mêmes coques renforcées que les Corvettes... De vrais bunkers volants.
Le Duc regardait et admirait, hochant la tête. Il essayait de se représenter ces bijoux en situation de combat.
- Ensuite, les speeders d'assaut, les tanks super-lourds, les Dreadnaughts et Juggernaughts (pour les sièges de forteresse), les tanks à canons électromagnétiques ; ici quelques modèles, encore prototypaux, de canons plasmatiques... Ensuite, les missiles interplanétaires, les fusées anti-stations, les vaisseaux-boucliers solaires et, bien sûr, ce qui concerne l'armement bactériologique et chimique...
- Très bien. toutefois, ce genre d'armement ne sera utilisé qu'en dernier recours, notre but étant de conquérir, pas de détruire.
- Bien entendu, Seigneur...

- Je vois que votre Complexe tient ses promesses, amiral Mohc. J'en référerai à notre Grand Maître, qui sera satisfait.
- Je vous remercie.
- Vous contacterez l'amiral Vansler, qu'il organise l'acheminement des armements conventionnels jusqu'à la porte de Farfax.
- Farfax, Seigneur ? Mais, si vous me permettez, cela risque de prendre du temps... Nous faisons un grand détour.
- C'est ainsi, amiral, trancha Lepto. Nous attaquerons par la Perlemienne et Farfax est notre point le plus avancé sur cette route.
- Bien, Seigneur. Et pour ce qui est de l'armement disons non-conventionnel ?...
- Où est-il, à propos ?
- Pas ici, Seigneur. Nous l'avons stocké sur la 4e lune. La plus protégée.
- Pour ce qui est de cette flotte, vous la gardez ici jusqu'à nouvel ordre. Laissez Vansler en dehors de cela. C'est vous qui, le moment venu, vous en occuperez.
Les yeux de Mohc brillèrent.
- Merci, merci, Seigneur...
- A chacun ses compétences. Vansler dirige à merveille nos flottes conventionnelles. A vous notre matériel plus... avant-gardiste. C'est votre domaine...
- Vous ne regretterez pas de m'avoir confié cette tâche.
Mohc se courbait en avant. Le Duc avait fait quelques pas en avant. Il semblait chercher quelque chose. Ou plutôt, il tendait l'oreille. Mohc se releva et n'osa aller sur ses talons, de peur d'être trop pressés de bien faire.
- Vous désirez voir quelque chose en particulier, Seigneur ?
Le Duc pointa un endroit devant lui, à deux heures, qui n'indiquait rien en particulier.
- Qui ya t-il par là, Amiral ?
- Par là ?... ma foi, Seigneur, ce ne sont que des engins d'entretiens...
- Non, coupa Lepto, les yeux fermés, concentré sur autre chose. Laquelle de vos lunes ?
- Par là ?
Mohc se gratta la tête. Qu'avait-donc le Duc en tête ?
- Par là, je pense que ce doit être la deuxième lune. Oui, la 2e, car elle est alignée avec la chaîne de montage qui-
- Bien, allons voir là-bas.
- Sur la 2e ? Mais sauf votre respect, Seigneur, il n'y a là-bas que les chaînes de montage de droïds de construction...
- C'est votre lune la moins gardée, je suppose ?
- En effet...
Mohc comprenait à moitié, mais il emboîta vite le pas de Lepto quand celui-ci tourna les talons pour remonter dans la navette. Les Sardaukars se précipitèrent à sa suite.

Un court vol emmena la Corvette ducale d'une lune à l'autre. Elle se posa brusquement et, les moteurs tournaient encore, que le Duc descendait, hâtant le pas.
- Formation n°4 !
Aussitôt, les Sardaukars se déployèrent dans le hangar, où se trouvaient stockés des centaines de droïds dévoués aux tâches de construction. Quelques K5 patrouillaient dans le secteur. Le capitaine des Sardaukars prit sous son commandement les K5 et les fit se déployer en coordination avec ses hommes. En trois minutes, l'endroit était bouclé : les points stratégiques surveillés, les issues gardées.
Nerveux, Mohc constata que le Duc avait la main à portée de son sabre. Les soldats étaient en alerte rouge.
- Que cherchons-nous exactement, Amiral ? cria le capitaine à Mohc. Indirectement, il s'adressait bien sûr au Duc. Ce fut lui qui répondit :
- Un intrus, capitaine !
Le sang de Mohc ne fit qu'un tour et il devint pâle.
- Un intrus, Seigneur ?... mais enfin, c'est impossible...
Le Duc s'approchait de gros containers, pleins d'huiles où baignaient des droïds. Au-dessus, des centaines d'ouvriers mécaniques, pendus comme du linge, sur plus de dix étages. A chaque étage, une passerelle métallique. Et des sondes de surveillance rôdaient dans la zone.
- Un intrus, ici...
Mohc avait une grosse boule dans la gorge. Il espérait de tout son coeur que le Duc se trompait. Celui-ci marchait à pas rapides. Mohc se mordit la lèvre quand il entendit un bruit métallique dans les étages. Comme si quelqu'un s'y déplaçait, dans l'ombre, entre deux rangées de droïds. Le Duc suivait des yeux le prétendu intrus. On entendit plusieurs pas, très nets, dans les hauteurs.
- Eclairage !
Deux Sardaukars s'approchèrent et braquèrent leurs tiges lumineuses. On vit une fraction de secondes une paire de jambes passer et disparaître derrière le corps d'un droïd.
Deux autres Sardaukars s'approchèrent, mirent genoux à terre et visèrent.
Le Duc se retourna un instant vers Mohc, la cruauté peinte dans ses yeux et sur ses lèvres :
- Voyez-vous, Amiral, quand le fruit est mûr, il faut savoir le cueillir !

Le Duc prit son sabre en main, alluma sa longue lame rouge et le lança vivement vers la passerelle du cinquième étage. L'arme tourna en l'air, fracassa la passerelle, découpa plusieurs corps de droïd, dans une giclée et une pluie d'étincelles. Pas précipités au dessus ; le sabre ralentit et commença à retomber, tranchant sans pitié ce qui se trouvait dans sa chute. D'un balayage de la main, le Duc le renvoya en l'air aussi sec. L'arme remonta en chandelle et plusieurs corps de droïds chutèrent sur leurs voisins du dessus. Le long sabre, bourdonnant, remonta jusqu'au sixième étage.
Mohc se précipita vers les Sardaukars :
- Feu ! feu !
Il était ivre de rage, soudain, rendu tel par l'affront qu'il venait de subir, de la part de cet intrus. Les soldats ouvrirent le feu. Les lasers rejoignirent le sabre, qui continuait à tourbillonner, à l'horizontal, guidé par Treides.
- Feu ! feu je vous dis !
Les autres Sardaukars tirèrent aussi. Alors que la plupart des tirs s'écrasaient contre du métal, le Duc continuait à guider son arme qui se transformait ainsi en missile à tête chercheuse. Soudain, on vit jaillir une lame bleue au milieu de l'obscurité.
Treides jubila :
- Enfin je t'ai eu !
Les tirs rebondirent contre la lame, repartant d'où ils venaient ou allant se perdre dans l'amas de droïds.
Brusquement, le Duc courut trois pas en avant puis sauta en l'air, propulsé par la Force. Il atterrit sur le troisième étage et fit revenir son sabre en main. Les Sardaukars avaient cessé le feu aussitôt. Treides éteignit son sabre, sauta à nouveau, parmi le désordre des corps métalliques et arriva cette fois au septième étage. Là, il ralluma brusquement son sabre, qui jeta une crue lumière rouge sur les lieux. Il fit quelques pas en avant, très concentré, traquant sa proie. Elle atterrit derrière lui, tombée de l'étage d'au-dessus. Un humain, vêtu d'une combinaison noire intégrale, cagoule sur le visage. Il était accroupi, un sabre bleu à chaque main, en garde les lames croisées. Le Duc se retourna à la vitesse de l'éclair et frappa dans le même coup. Sa lame vint s'écraser sur la défense de son adversaire.
- Devenir Jedi, sourit méchamment Treides, ne t'a rien enlevé de ton audace, Nello...
- C'est ainsi que j'ai été formé. El Daoud m'a fait comprendre que celui qui marche dans la lumière, marche sans peur.
- La peur... Ne crois pas trop vite l'avoir oubliée... Tu vas la redécouvrir...
Treides dégagea sa lame et l'abattit à nouveau. Nello se remit de debout, en équilibre précaire sur la plateforme et recula, parant d'un sabre après l'autre. Confiant, le Duc avançait sur lui.
- C'est le début de la fin, Duc... Je me suis défait de l'emprise d'Orcus. Grâce à Merwyn. Et c'est moi qui suit allé le sauver de la vôtre !
- Tu te trompes, gronda Treides, il ne sera plus jamais un Jedi. Le côté obscur est sans retour. Tu n'as fait que retarder l'accomplissement de son destin. Il reviendra vers moi, puis vers le Grand Maître et se pliera à ce que nous avons décidé pour lui. Tu regretteras de lui avoir fait confiance...
Les coups partirent, violents, inconséquents, tranchant autour dans les droïds. Nello reculait de deux pas pour un qu'il faisait en avant. Treides se battait avec une assurance consommée : il ne faisait pas un geste de trop, canalisant parfaitement sa puissance. Alors que Nello, dans ce lieu étroit, voyait son style de combat très contrarié. Il se mit bien en défense. Il jeta un bref coup d'oeil vers le bas. Il y avait beaucoup de Sardaukars. Le Duc l'attaqua de plus belle. Désarçonné, il sentit que la fin était proche s'il n'utilisait pas mieux le terrain. Il dut prendre un risque fou : d'un sabre, il attaqua rapidement et de l'autre, il trancha les liens de plusieurs droïds qui partirent s'écraser à terre. Il para un dernier coup de ses deux lames et sauta dans le vide.
Les corps s'écrasèrent juste avant lui. Les Sardaukars avaient dû dégager le terrain. Nello atterrit à ce moment et enchaîna aussitôt sur une roulade. Les tirs fusèrent vers lui. L'heure était venue de décrocher. Accroupi, il se mit en défense et stoppa les lasers qui lui étaient adressés. Il exécuta un salto arrière et arriva dos au sas du hangar. Il souleva violemment les corps de droïd de terre et les tirs vinrent s'écraser dessus. Les corps retombèrent et Nello puisa largement dans la Force pour soulever de terre des Sardaukars et les envoyer culbuter leurs camarades. Mohc était fou de rage.
- Debout ! et tirez ! bande d'incapables !
Dans ces moments-là, Nello ne pouvait s'empêcher d'avoir des regrets : s'il avait encore pu utiliser le côté obscur, les choses auraient été bien plus rapides. Il envoya un bon coup de lame dans la sécurité de la porte, qui s'ouvrit en grand. A ce moment, Treides atterrissait, hui mètres devant lui. Nello voulut baisser la porte, mais, de l'autre côté, Treides l'en empêcha. Il y eut un bref duel entre les deux hommes, mais c'était perdu d'avance pour Nello. Il laissa la porte se rouvrir, puis fit en l'air le geste de tirer un objet. Les morceaux de droïd filèrent vers lui, frappant Treides au passage. Celui-ci dut jouer du sabre pour les dégager.
Nello se trouvait dans couloir hermétique : au-dehors, ce devait être le vide spatial. Il se précipita à l'autre bout, tandis que Treides entrait à son tour, enjambant la pile de droïds. Alors que le Duc se mettait à courir, le sabre haut, sur Nello, celui-ci se retint de paniquer, trancha posément la sécurité de la porte et la passa. Elle s'ouvrait par le haut : il l'arrêta quand elle s'était soulevée de moins d'un demi-mètre. Propulsé par la Force, il roula dessous et se releva de l'autre côté. Il sauta vivement, pour éviter le sabre de Treides, qui venait de passer en tournant par l'ouverture. L'arme tourna dans la pièce et revint, comme un boomerang passer sous la porte, pendant que Treides ouvrait celle-ci.
Nello puisa encore dans la Force pour accélérer sa course et bondir vers son Reiterpallasch. La verrière s'ouvrit avant qu'il n'atterrisse. Il fit feu vers l'embrasure de la porte : et les tirs d'un canon stellaire étaient un peu gros pour être habilement renvoyés, même par un Jedi Noir entraîné. Treides dut faire rapidement une roulade pour éviter le tir de barrage. Plusieurs Sardaukars y restèrent, grillés vif par le tir brûlant.
Le chasseur décolla à l'horizontale, pendant que Nello continuait à ouvrir le feu sur le Duc et activait les boucliers. Celui-ci, furieux, ne parvenait pas à les renvoyer vers la cible. Les Sardaukars tirèrent, mais en vain. Le Reiterpallasch s'éleva à quatre mètres au-dessus du sol. Nello tourna les réacteurs vers ses ennemis et les fit rugir à plein régime. Tous durent reculer, même Treides qui put toutefois abosrber la fournaise autour de lui.
Nello parcourut à vitesse grandissante la longueur du hangar, passa dans le couloir de décollage, passa deux sas (qu'il dut ouvrir à coups de canons) et enfin émergea dans le vide spatial. La chasse était donnée mais, activant le système d'invisibilité de l'engin, il leur échappa sans peine.
Il rallia le point de départ hyperspatial et poussa l'hyperpropulsion à fond. Il espérait que Treides enrageait bien de le voir partir ainsi (et, impuissant, qu'il se jurait de le retrouver bientôt et de se venger

