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Vampire 2006 - #6 : Kyasids, Kin-Jin & Myanmar
#1
VAMPIRE 2006


VI - KYASIDS, KIN-JIN & MYANMAR



Kiasyds : lignée des Lasombra, fondée par Marconius dans la nuit des temps, quand lui et deux autres membres du clan prirent contact avec des fées nocturnes et burent de leur sang. Les Kiasyds ("Kyasid" en anglais) manient le pouvoir des ombres, l'Obténébration et celui des fées, la Mythercellerie. La lignée regroupe des érudits solitaires, généralement affiliés au Sabbat.
Kin-Jin : surnom donné par les Kuei-Jin aux Vampires d'Occident.
Myanmar : nom officiel de la Birmanie depuis 1988.


Paris, 22 janvier 2006

Virus

Graziella s'éveilla, comme au lendemain d'une orgie sanglante. Et à vrai dire, c'était mieux qu'une comparaison : c'était exactement ce qui s'était passé. Tout Paris frissonnait encore de l'attaque de la secte diabolique du Sabbat, de ses créatures inhumaines, sorties des cauchemars d'Europe de l'Est et de lignées vouées à tous les démons des Carpates !
L'atmosphère dans le loft de Valori était des plus étranges : on aurait pu se croire au lendemain d'une fête à tout casser, quand l'excitation est encore présente au réveil mais que la fatigue vient accabler ceux qui se sont excités sans compter la veille. DJ Wildblood dirigeait les goules qui déménageaient la sono, ses platines, les projecteurs et les enceintes dernier cri de chez Bang & Olufsen. D'autres goules nettoyaient les lieux, mais ils n'enlevaient pas que des tâches d'alcool : ils enlevaient le sang sur les murs, changeaient la moquette aspergés de matières organiques à moitié décomposées, remettaient du mastic sur les murs où les coups de katana de Graziella avaient frappé et extrayaient les balles des meubles.
Sire Santi, stoïque, contemplait ce remue-ménage. Désastre le Nosferatu portait son matériel informatique dans sa camionnette. Cette agitation banale cachait à moitié que la nuit d'avant s'était terminée par une attaque en règle de Lasombra décidés à perpétrer un massacre parmi les invités du quai de Bercy.

La première pensée de la maîtresse des lieux fut pour Camille : cette fois, il n'allait pas s'en sortir comme ça, le gentil prétendu Lasombra aux beaux yeux bleus. Il allait passer aux explications !
- Camille est parti avant votre réveil, dit posément Santi. Je lui ai demandé de raccompagner Béatrice l'Angou à son hôtel. Et Mégane a tenu à les accompagner.
Graziella sourit en repensant que c'était d'abord pour la Harpie Toreador qu'elle avait organisé cette soirée. Et la pauvre n'avait pas pu approcher Camille de la soirée. C'était l'occasion ou jamais. Mais Graziella enrageait de ne pas pouvoir encore mettre la main sur Camille.
Santi lui fit signe de la suivre sur la terrasse.
- Je pense que certains membres du clan Ventrue, parmi les amis de Sire Vircenko, étaient, d'une manière ou d'une autre, au courant que cette attaque aurait lieu. Pierre-Emmanuel de Pompignan et son infant, le général de la Roche-Beaumont, étaient présents dès le début de l'attaque, bien en position. Mais pas la police Brujah. Aussi faut-il en conclure que les Ventrue nous ont délibérement utilisés comme appâts ! C'est un prix bien cher à payer pour l'hospitalité qu'ils nous accordent. Et je ne pense pas que François Loren était au courant.
"Nous allons être convoqués au Louvre sous peu pour témoigner. Il faut que vous rencontriez Loren d'ici là. Il ne sera pas mauvais qu'il comprenne que son clan l'a tenu dans l'ignorance.
Graziella s'inclina. Elle allait encore passer son temps avec le Ventrue : dur service que celui du clan des Vrais Lasombra ! :?

Virus

Tôt dans la nuit, Loren, mécaniquement, se mettait déjà au travail. Il tremblait encore de la fureur des combats de la veille, mais son sang-bleu lui interdisait de perdre le contrôle de lui-même, bien qu'ils aient décapité proprement la veille trois Tzymisce dans les friches du 12e. Il buvait des poches de sang, pendant que James lui plantait une aiguille dans le bras, pour distribuer son sang à ses goules. Puis le Ventrue rédigeait un mémo-personnel, pour organiser son emploi du temps :
"- Rencontrer Puysségur --> Latréaumont
- Parler à Sergio --> concernant Shrek.
- Rencontrer Kuei-Jin (relations diplomatiques)"
Il n'allait pas manquer d'occupations avant un moment. Il eut rapidement au téléphone Graziella de Valori, qui lui proposait un rendez-vous dans un restaurant de l'île de la Cité.
Peu après, James annonça que Sire Sergio attendait à la porte. Loren sourit et alla accueillir son visiteur :
- Sergio, je voulais justement te parler !
Le Brujah (imper, rangers, charpente immobile, carrure de bûcheron, mine des mauvais jours) était accompagné de son acolyte Terrence (imper, rangers, front néanderthalien, regard obtus, carrure d'haltérophile, mine des mauvais jours).
- Bonne nuit, Sire Loren. Nous désirons vous parler au sujet d'une affaire ayant eu cours nuitamment la nuit passée dans le quartier des Tours, sise au quai de Bercy, chez la ci-devant nommée Graziella de Valori.

Loren ravala son sourire : il avait affaire à un fonctionnaire de police au travail.
- Bien, entrez, je vous en prie.
Sergio et Terrence s'assirent dans les fauteuils en cuir du Ventrue. Ils y prirent corps, comme s'ils ne devaient faire plus qu'un avec. Solidement calés, ils grognèrent de mécontentement : Sergio sortit un petit carnet et un crayon, tandis que Terrence sortait un cahier (grands carreaux, 96 pages) et un stylo bille, modèle standard agrée par l'intendance du quai des Orfèvres. L'acolyte s'efforçait d'avoir les mêmes mimiques que son patron, de tout bien faire comme lui : c'était le métier qui rentrait et un flic de la police Brujah, envoyé spécialement par le Fléau de Paris, n'était pas censé être la personne la plus agréable du monde.
C'était le grand numéro dit du "mauvais flic, mauvais flic."

Sergio mena l'interrogatoire, pendant que Terrence notait conscienseument. L'acolyte regrettait seulement de ne pas pouvoir s'asseoir à cheval sur la chaise, pour cuisiner le Ventrue en le tutoyant et en le toisant comme s'il s'adressait à un futur coupable.
- Etiez-vous au courant d'une attaque à venir de la secte du Sabbat ?
- Non pas du tout. J'avais des soupçons quant à un danger pesant sur Paris, mais pas pour la nuit dernière.
Sergio posa ensuite quelques questions d'usage sur les rapports de Loren avec les invités de la soirée, avec la Valori, puis se leva presque d'un coup, comme un ressort qui se détend. En remettant son imper, il remercia Loren officiellement, puis maugréa :
- Moi je te dis, mon vieux, que ton ami Vircenko et d'autres étaient au courant que le Sabbat tramait des saloperies et qu'ils ne nous ont pas mis au courant. A bientôt.
Terrence jeta un regard agréable comme un pontage coronarien à Loren puis les deux Brujah quittèrent le repaire en claquant la porte.

Sale début de nuit.
- James, tu vas appeler Sire Puysségur, le Primogène Malkavien et m'obtenir un rendez-vous avec lui.

A suivre... Virus
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#2
Des gens pas comme nous tout ça Sarko
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#3
C'est à cause des gens différents comme ça que la Camarilla va mal. Spamafote
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#4
Hop hop sans papier, hop hop expulsé !
Sarko
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#5
Début arrivé. Virus
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#6
Tain, à chaque fois que je vois ce titre je lis mamar...

C'était un message à caractère informatif redaface2
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#7
sdm,21/11/2005 à 00:57 Wrote:Tain, à chaque fois que je vois ce titre je lis mamar...
Moi aussi. lol
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#8
Vampire 2006 - #6

Graziella se faisait habiller par sa servante. Elle tendait le bras, sans y penser, l'air songeuse. Camille-les-yeux-bleus, dont le reflet apparaissait dans les vitres, de clan était-il s'il n'était pas Lasombra ? Mais comment Santi aurait-il accepté un imposteur ? Et comment se serait-il laissé berner ?
On sonna à la porte. La servante dut abandonner Graziella, bras gauche tendue, au milieu de la pièce. Blasée, la signora resta dans cette posture de mannequin. Elle entendit le pas lourd de deux hommes.
La porte de sa chambre s'ouvrit.
- Deux messieurs de la police, murmura la servante.
- C'est bien, je vais les recevoir, lança Graziella, d'un air de cantatrice qui va recevoir des hommages dans sa loge. redaface2 Mais avant, siffla t-elle, venez finir d'attacher cette robe ! twisted

La signora entra encore dans son living-room, à peu près propre après une journée de nettoyage. Sergio et Terrence Brujah, chapeau à la main, étaient plantés au milieu, comme deux gros chênes qu'on est pas près de déraciner. A l'invitation de Valori, ils s'assirent dans les fauteuils, de toute leur masse. Sergio sortit son calepin et Terrence son carnet. L'assistant du chef de la police se sentait bien seul, depuis que l'inspecteur Bud faisait une rechute, suite à l'agression mentale de Shrek dans la tour chinoise.
- Hé bien, messieurs, je suis disposé à répondre à vos questions.
Sergio fit craquer ses doigts. Il était l'heure de "cuisiner".
- Pouvez-vous me préciser vos rapports avec plusieurs de vos invités de la nuit dernière, comme le Duc ou le Sénéchal ?
Graziella dit aimablement la vérité : elle connaissait le Duc depuis quelques jours seulement et entretenait une bonne relation avec le Sénéchal.
- Peut-on considérer que votre soirée, quai de Bercy, était d'ordre politique ? Un Club de la Régence en quelque sorte ?
Graziella fut surprise : elle ne s'attendait pas à ce qu'on l'interroge quant à ses motivations politiques. Pour qu'un policier Brujah parle politique et non de faits, il devait y avoir une intention bien définie derrière. C'est à peine si Sergio évoqua la tuerie de la nuit d'avant. La signora se fit bien cuisiner : le Brujah cherchait à lui faire avouer qu'elle montait un groupe dissident, quai de Bercy. Terrence intervenait par insinuations grosses comme le poing et Sergio reprenait, avec une méthode qui semblait fine en comparaison. Au bout du compte, Graziella se faisait tailler un costume d'activiste politique.
Elle vit repartir les deux Brujah aussi vite qu'ils étaient arrivés. D'un même mouvement, Sergio s'était levé, avait enfilé son chapeau et son imper puis avait passé le seuil de la maison.

C'était le comble. Graziella, restée seule dans le grand salon, n'en croyait pas ses oreilles.
- Ma demoiselle, le Sénéchal à l'appareil.
La signora prit le combiné :
- Allo, monsieur Lucinius ? smile Quel plaisir que vous preniez sur votre emploi du temps, sans doute bien chargé :ahah: , pour m'appeler.
- Quelle soirée, hier, Graziella ! Elle ne sera pas oubliée de sitôt ! Vous savez faire les choses.
- Je ne suis pas mécontente de ma soirée, bien que la fin ne fût pas prévue. Dans l'ensemble, vos invités sont contents. Je pense que la chasse au sang, quoiqu'il en dise, leur a plus. De temps à autre, c'est malheureux à dire, mais les Caïnites doivent satisfaire leurs instincts sanguinaires. C'est une sorte de catharsis, après parfois des décennies de continence...
On comprenait que le Sénéchal était bien compréhensif envers les malheureux vampires qui n'avaient même pas le droit, habituellement, d'égorger quelques-uns de leurs semblables. C'était presque s'il ne remerciait pas le Sabbat.
- Seule ombre au tableau, si je puis dire : Brigitte Cellier vous en veut à mort. Même dame D'Orval semble seulement froide envers vous : c'est dire s'il y a de l'espoir, car c'est une Tremere.
- Brigitte Cellier a fait une erreur, trancha Graziella. Elle a quitté le terrain au moment où les choses devenaient intéressantes. Sa réputation de meilleure harpie de la capitale va en prendre un coup. Bientôt, on parlera d'elle au passé.
- Toujours est-il qu'à présent, votre réputation prend un tour nettement politique. Je ne sais pas jusqu'où vont vos ambitions en la matière mais vous n'avez qu'un geste à faire pour constituer une grosse coterie d'opposants aux Ventrue.
- Le pouvoir, sussura vénéneusement Graziella, n'est-ce pas à cela que nous aspirons tous ?
A ce sujet, Lucinius ne savait plus quoi penser.
- Bon, mademoiselle de Valori, je vais vous laisser. Bonne nuit et à très bientôt j'espère. smile
- A bientôt, monsieur le Sénéchal. Vos nuits doivent être encore plus occupées que les miennes. :ahah:
- Evidemment ! :jmekiffe:
Lucinius raccrocha et bailla en voyant la page vierge de son agenda du jour. Qui allait-il appeler maintenant pour l'embêter ? Tired

Virus

Quand il vit Graziella arriver dans ce restaurant de l'île de la Cité, en ayant fait exprès d'arriver une demie-heure en retard, Loren fit semblant de travailler pour respecter l'image du Ventrue bourreau de travail, dévoué à la politique et aux affaires Camarilla. Mais Graziella avait bien repéré, sur les papiers du Ventrue, les grilles de sudoku noircies de chiffre. :ahah: C'était peut-être grâce à ce jeu asiatique, nouvellement arrivé en France, qu'il comptait découvrir la culture kuei-jin. :ahah:
La signora s'assit ; elle échangea avec Loren un coup d'oeil pour lui signaler qu'elle avait repéré un type louche, qui faisait semblant de lire son journal au comptoir et la regardait depuis son arrivée. Loren sourit de son air d'assurance implacable, qui disait "je gère la situation". Manifestement, il était lui aussi au courant. Son absence d'inquiétude agaça Graziella. :na_tac:
Ils se rencontraient dans une petite salle discrête du restaurant, où ils étaient seuls, à l'écart de l'animation joyeuse de la pièce principale, où, à cette heure de fin de repas, les convives avaient bien bu et mangé et fumaient le cigare en discutant politique, affaires, sports et femmes.
Les deux Caïnites reparlèrent de la soirée précédente. Loren assura qu'il n'était au courant de rien ; il savait bien qu'on ne tarderait pas à faire le rapprochement avec Shrek : mais en découvrirait-on des preuves ? Ils parlaient de choses et d'autres, quand le téléphone de Graziella sonna :
- Mademoiselle de Valori, je m'excuse de vous déranger. Ici maître Octave. Si la chose est possible, j'aurais souhaité vous rencontrer cette nuit, pour que je puisse enfin vous parler, à vous et à Sire Loren.
- Ma foi, il se trouve que le maire-adjoint à la sécurité des Tours :ahah: est non loin de moi. Nous allons voir s'il est disponible et je vous rappelle.
Loren était bien sûr d'accord : il ne demandait qu'à savoir enfin ce que maître Octave avait de si urgent à dire. Pour la forme, Graziella attendit un quart d'heure avant de rappeler le notaire.
- Maître Octavio ? par chance, il se trouve que Sire Loren est disponible.
- Parfait ! Je peux vous proposer de me retrouver à côté de la place de la Bastille, impasse du Cheval-Blanc. Je connais une petite gargotte pas piquée des hannetons là-bas.
Graziella était chaque fois désagréablement surprise, autant que Loren, par le ton volontier lourd, vulgaire, employé par le notable de Lyon. Tired Elle accepta le rendez-vous. James attendait dans sa voiture : Loren et Graziella montèrent à l'arrière. L'infant s'engagea dans le trafic nocturne de la rue de Rivoli. Dans le pare-brise, les passagers avaient repéré qu'ils étaient suivis : Sergio avait pris soin de mettre une "nounou" à disposition de ses deux amis.
- Quelle escorte, soupira Loren. Tired
- D'une discrétion raffinée. Tired
Les rues de la Cour brillaient de mille feux, aux abords de l'imposant palais du Louvre, puis du Marais, en pleines festivités nocturnes. Place de la Bastille, de gros embouteillages s'étaient formés devant l'opéra et le tintamarre des klaxons montaient aux oreilles du génie perché sur sa colonne.

A suivre... Virus
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#9
Vampire 2006 - #6

Graziella et Loren se quittèrent vers quatre heures du matin, après le restaurant avec maître Octave. Loren se fit raccompagner chez lui par James, pendant que Graziella se rendait chez Santi, pour une réunion plénipotentiaire du clan Lasombra, avec maître Octavio et Béatrice l'Angou en invités d'honneur.
Assis à l'arrière, Loren repensait aux propos du notaire de Lyon.
- Je suis en contact avec Béatrice l'Angou, de Strasbourg, depuis quelques décennies. Elle a eu recours à mes services pour des affaires immobilières diverses. Récemment, elle a eu vent que le Sabbat préparait un sale coup : comme vous le savez, l'Archêveque de l'Est, Alfredo, habite non loin de chez elle. Elle m'en a averti. Le Sabbat a dû être mis au courant, car j'ai reçu des menaces chez moi. J'ai vu des ombres rôder autour de mon appartement et j'ai constaté qu'on avait coupé ma ligne. Je me suis précipité à Paris.
"C'est quand le train ralentissait, avant d'entrer en gare, qu'on m'a sauté dessus. On m'a pieuté mais je ne suis pas tombé complétement inconscient : j'ai dû être agité de spasmes spectaculaires et j'ai vécu les cauchemards les plus terrifiants de mon existence !... J'ai appris que vous aviez essayé de sonder mon esprit, Sire Loren et que vous avez perdu le contrôle de vous-mêmes à votre tour.
"S'il s'agit bien de ce Shrek, il a rendu le Sabbat complétement fou. Il les a décidés à s'attaquer à Paris, alors que c'était du suicide. Et si j'ai bien écouté ce que m'a dit Sire Santi, la folie de Shrek est contagieuse. Le Lasombra qui m'a attaqué me l'a transmise et je l'ai refilée à Sire Loren ! Heureusement que nous sommes costauds, tous les deux : nous n'en gardons pas de séquelle, mais sur des sujets plus fragiles...

L'idée d'une panique collective dans Paris avait imposé le silence autour de la table. On n'osait pas y penser, ni se regarder pour découvrir que son voisin y pensait aussi.
- Le mieux maintenant, avait dit maître Octave en serrant la main à Loren devant le restaurant, serait que vous parliez à dame L'Angou. C'est ce que j'ai dit à ces messieurs de la police. Un type de la meilleure trempe, ce Sergio. Il nous en faudrait des comme lui, à Lyon.
" A propos, j'allais oublier l'essentiel, Sire Loren, dit le notaire, un ton plus bas. Sachez que Sire de Montaigu est prévenu que vous cherchez à le rencontrer. Il sait où vous en êtes de votre enquête et il est au courant de vos inquiétudes concernant la Main Noire... Dès que j'aurai une réponse de lui, je vous préviendrai.
- Merci, maître. Je savais que je pouvais compter sur vous.
Entre Ventrue, les deux hommes se comprenaient, même si le notaire était tenue à la discrétion, conformément au voeu de Sire Montaigu.

James garait la limousine devant la tour au sous-sol de laquelle habitait Loren.
- Des nouvelles de Sire Puysségur ?
- Non, Sire. Le conseil Primogène siège sans interruption depuis le début de la nuit, ai-je appris. En revanche, monsieur Oh Yoonseuk a demandé à vous rencontrer.
- Ah oui ? très bien. Rappelle-le et dit lui qu'il peut venir maintenant s'il veut. Il nous reste encore deux petites heures de nuit.

Virus

Arrivée au manoir derrière Montparnasse, Graziella retrouva dans la salle de réception, assis en cercle, qui l'attendaient, le maître des lieux, le maître ténébreux du clan, Sire Santi, avec Condottiere sur ses genoux ; à sa gauche, Camille, qui sourit poliment à Graziella, l'air de rien ; et maître Octave, alias Octavio pour les Lasombra, que de Valori avait quitté vingt minutes avant à Bastille. Restait un siège vide, où Béatrice l'Angou aurait dû être assise.
- Elle ne devrait pas tarder, dit Camille, pas si sûr de lui.
Graziella fit un compte rendu de sa discussion avec Loren : c'était sûr que le Ventrue n'avait pas été tenu au courant par la clique de Vircenko.
- Bientôt, nous serons convoqués au Louvre officiellement, murmura Santi. Loren sera félicité pour sa bravoure au combat. Il se pourrait qu'avant peu, il prenne la place de la Bourgmestre Satomé, qui n'a pas brillé dans cette affaire... Bien évidemment, nous faisons partie de ses plus ardents "supporters"...
Condottiere ronronna de plaisir, tandis que Santi, Camille et Graziella ricanaient de plaisir. Maître Octave écoutait poliment, content d'observer cette petite conspiration (une parmi tant d'autres à Paris) mais tiraillé entre sa fidélité envers Sire "Montaigu" et celle envers la Famille.

- Bien, dit Santi en consultant sa montre, maintenant, nous n'attendons plus que Béatrice l'Angou.
Quatre paires d'yeux, dont une de chat, se tournèrent vers Camille, qui essayait de se faire petit petit petit, dans son siège.
- Elle ne devrait pas tarder, je vous assure. En début de nuit, j'ai conduit dame l'Angou à son hôtel de Saint-Germain-des-Près. Je pensais aller boire une coupe après avec Mégane, mais il s'est trouvé que la Toreador a manifesté le désir de rester avec Béatrice. J'ai donc laissé les deux femmes à l'hôtel. Elles y sont peut-être encore. Des goules les surveille...
L'argumentation de Camille était bien pauvre : si des gens du Sabbat rôdait encore, quelques goules ne suffiraient pas à les arrêter.
Agacé, Santi consulta encore sa montre :
- Camille, vous allez partir sur l'heure à l'hôtel de dame l'Angou. Graziella, accompagnez-le et revenez avec elle !
L'ordre avait claqué comme un coup de fouet. Les deux jeunes Lasombra se levèrent sans discuter.
Camille prit le volant. Assis à côté de lui, Graziella remarqua que son reflet apparaissait bien dans le rétroviseur. Elle se renfrogna dans son siège. Pendant le trajet, elle lança quelques petites piques sur ses déambulations nocturnes et les créatures qu'on rencontre au village suisse. Camille prétexta qu'il devait se concentrer sur la route et qu'il fallait se dépêcher.
- Tu ne perds rien pour attendre mon bonhomme, pensa Graziella. Maintenant, je ne te lâcherai plus tant que tu n'auras pas tout avoué. twisted

Virus

Camille se gara à côté du café de Flore. En deux minutes, les Lasombra arrivaient au pied du chic petit hôtel où résidait l'Angou. Au premier étage, ils virent une lumière phosphorescente bleutée irradier fortement. Un couple de curieux s'était arrêté pour observer le phénomène. Graziella se inça les lèvres : Camille s'était déjà précipité dans l'hôtel. Il jeta un regard magique qui cloua de stupeur la réceptionniste de nuit et le vigile. Hypnotisés, ils oublièrent l'entrée précipitée des deux jeunes gens.
Après avoir monté les marches quatre à quatre, ils coururent à la porte de la chambre. La lumière passait par dessous la porte et nimbait le couloir. D'un ferme, mais néanmoins élégant Aloy , coup d'épaule, Graziella enfonça la porte, pendant que Camille allait calmer une voisine qui venait d'apparaître sur le pas de sa porte.

L'intérieur de la chambre était illuminée par des taches lumineuses qui flottaient dans l'atmosphère. La fenêtre qui donnait sur la rue était celle de la salle de bains. Il faisait tout bleu à l'intérieur, tandis que dans la chambre, c'était multicolore. Graziella sentit qu'elle allait chavirer, comme quand elle était entrée, la veille, dans la boutique de Camille. Elle posa la main contre un meuble et parvint à garder son équilibre. Elle entendait des rires malicieux de fillettes, elle voyait des arc-en-ciel apparaître et disparaître autour d'elle, des tourbillons de lumière, des éclairs phosphorescents silencieusement apparaître... Le lit était défait, les couvertures jetées à terre, avec des vêtements par terre. Une femme nue dormait dedans. Graziella avança en faisant de son mieux pour ne pas se laisser éblouir par les fantasmagories qui dansaient dans la pièce. Elle reconnu alors que c'était Mégane qui se trouvait là. Elle dormait, un sourire béat sur le visage.
- Mégane, Mégane ?...
La Toreador se réveilla brusquement. Elle poussa une exclamation stupéfaite en voyant Graziella et attrapa à la hâte quelques draps, dans lesquels elle s'enroula maladroitement. La signora avait détourné un instant le regard pour ne pas désobliger davantage son amie Harpie.
- Graziella ! oh mon Dieu ! que faites-vous là !... Combien de temps ai-je dormi ?
- Il est plus de 5h du matin, Mégane...
- 5h du matin !
- A quelle heure est partie Béatrice l'Angou ?
- Béatrice ?
Mégane, à mesure qu'elle parlait, se ressouvenait des dernières heures avant son endormissement.
- Oh, Béatrice !... J'ignore à quelle heure elle est partie.
L'attitude de Mégane indiquait assez clairement à quels ébats les deux femmes s'étaient livrés... Graziella aurait trouvé cela plutôt charmant, si elle n'avait pas eu un besoin urgent de retrouver l'Angou. Les lumières magiques s'étaient peu à peu dissipé, comme un parfum.
Mégane courut dans la salle de bain, en ramassant au passage ses habits, qu'elle avait fiévreusement jeté en l'air en entrant dans le lit avec Béatrice. Culcul
Graziella ne put s'empêcher un instant de rire de la Toreador, qui avait fini par tomber dans les bras de Béatrice alors qu'elle désirait tellement Camille. Si on avait pu prévoir ça !
Mais Graziella revint vite à des considérations moins affriolantes : elle n'avait pas piste pour trouver l'Angou et le soleil n'allait pas tarder à se lever. Elle se demandait si elle n'allait pas étrangler Camille pour de bon (surtout depuis que Mégane ne le désirait plus), mais elle dut admettre que ça n'arrangerait rien... Spamafote

Virus

Pendant une heure, Loren s'entretint à son repaire avec Oh Yoonseuk le Kuei-Jin. Ayant une mémoire approximative des patronymes coréens, Loren avait décidé de l'appeler Monsieur O, ou O Youn, à la limite.
Le Kuei-Jin faisait honneur à la politesse raffinée, nacrée, de l'Orient. Loren ne manqua pas de louer les talents de combattants des Cathéens.
- Les disciplinces ancestrales du Shintai sont redoutables, quand on les utilise bien. Mais les fils de Caïn sont aussi de redoutables prédateurs. Leur sang n'est pas moins furieux que le nôtre quand vient le temps de la guerre.
Loren fut très satisfait de cet entretien : bientôt, il pourrait y avoir des rencontres plus officielles avec les Cathéens. Le Ventrue fit raccompagner monsieur O par James et alla se coucher. La nuit avait été bien rempli et la suivante ne le serait pas moins.

Virus

D'une humeur à décorner les boeufs ( Boidleau ), Graziella rentra chez elle, conduite par Camille.
- Ecoutez, Graziella, je sais pertinemment ce que vous vous dites. Vous avez besoin que j'explique ce qui s'est passé. Ma disparition, le village suisse, ces choses-là, le fait que j'apparaisse sur les caméras...
- Oui, effectivement.
- Cela va me prendre du temps de vous expliquer. Si cela vous convient, je dors chez vous et demain, à la première heure, je vous explique tout.
Le ciel commençait déjà à bleuir à l'horizon. Graziella dut brider une fois de plus son impatience.
- Très bien, Camille. J'attendrai une journée de plus. Mais demain, je vous prends au réveil pour m'expliquer tout.
- Je vous le promets.

En cette fin de nuit, les choses n'allaient pas fort. Béatrice l'Angou avait disparu, alors qu'elle avait des révélations très importantes à faire au clan Lasombra. Santi, au téléphone, avait contenu sa colère, mais exigé que l'Angou soit retrouvé avant vingt-quatre heures, pour qu'il y ait enfin réunion. C'était un ultimatum pour de Valori et Camille. A la fin de la nuit prochaine, l'Angou devrait se présenter au manoir Santi, sans faute. Sans quoi... Graziella n'osait pas penser aux représailles en cas d'échec... Roll_fast

A suivre... Virus
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#10
Vampire 2006 - #6

23 janvier 2006

Tôt dans la nuit, Loren arriva devant un hôtel de la porte de Bagnolet, dans le 20e. La Bourgmestre Satomé lui avait demandé de s'y rendre en quatrième vitesse, car une goule y avait signalé une infraction à la Mascarade.
Loren s'était juré que c'était la dernière fois que Satomé lui donnait un ordre.
L'hôtel de Bagnolet avait un confort et une fraîcheur conforme à des standards Nosferatu : défraîchi, crasseux, se détachant à peine de l'ennui de cette portion de ville coincée entre des HLM et le périphérique, il n'évoquait rien d'autre qu'un dimanche d'ennui à traîner en ville avant d'y échouer par desespoir : certaines chambres étaient louées à l'année à un Gangrel qui y faisait travailler quelques filles. Loren entra sans tarder dans l'établissement. Une goule l'avait rapidement mis au courant des faits : en début de nuit, une Caïnite identifiée comme étant la Lasombra Strasbourgeoise Béatrice l'Angou s'y était rendu, en compagnie du Ventrue George Leblond. Loren n'avait aucune envie d'avoir de nouveau affaire à ce rejeton de la branche des Parvenus, à ses combines minables et à ses travailleurs clandestins.
L'adjoint de Satomé le trouva au lit, dormant profondément.
- Debout, Leblond !
L'endroit suintait l'humidité et la grisaille. Le Parvenu se réveilla brusquement. Il était nu comme un ver. Loren se retourna le temps qu'il s'habille en vitesse, humilié d'être découvert dans un boui-boui pareil.
En débardeur, Leblond s'assit au bord du lit.
- J'ai soif, feula t-il, la tête dans les mains.
- Que s'est-il passé ? Elle t'a emmené ici ?
- Je ne la connaissais pas, maugréa Leblond. Je l'ai croisé chez la Valori. Elle m'avait jeté des regards aguicheurs, plusieurs fois. En début de nuit, elle m'a appelé et m'a donné rendez-vous ici... Des années que je n'avais pas connu ça...
Loren se demandait ce qu'on pouvait bien trouver à un type comme Leblond.
- Où est-elle, maintenant ?
- Je n'en sais rien. Quand j'étais avec elle, j'ai eu des hallucinations. Pourtant, j'ai rien sniffé ou fumé... Mais il y avait des flash de lumière, des créatures qui dansaient dans l'air, c'était la folie... Et maintenant, j'ai tellement soif.
- Une dernière question et je te laisse partir en chasse. Tu as son numéro de téléphone ?
Leblond fouilla dans la poche de sa veste, alluma son téléphone et envoya le numéro de l'Angou sur le portable de Loren.
- Bien. Tu peux y aller maintenant. Tu t'es rendu complice d'une infraction mineure à la Mascarade. Je passe pour cette fois, avec ce qui s'est passé la nuit dernière. Mais maintenant, c'est terminé. Tout rentre dans l'ordre, compris ?
Leblond se leva et partit, furieux et assoiffé. Loren le toisa pendant qu'il s'éloignait. Il jeta un coup d'oeil à la chambre, puis sortit à son tour. Il décrocha son propre portable et composa un numéro.
- Allô, monsieur le Lapin de Garenne ? Comment allez-vous ? Vous me raconterez comment s'est passé la nuit dernière pour vous... Pour moi ? Bien. J'ai décapité quelques vilains Tzymisce... Oui, dites-moi, mon cher Anatole, un petit service à vous demander... Me localiser un portable. Une broutille pour vous... Je vous envoie le numéro... C'est ça, j'attends votre coup de fil.
Loren raccrocha et alla à sa voiture. Il monta à l'arrière et dit à James :
- Roule, vers n'importe où pour le moment, mais je ne reste pas une minute de plus dans ce quartier...
Au coin d'une rue, il aperçut Leblond mordre au cou une fille en mini-jupe de cuir. A côté, le Gangrel comptait ses billets, pendant que la fille tombait doucement dans les pommes.
Le téléphone sonna :
- Allô, Anatole ? Vous avez la localisation ?... Oui ? parfait. Où se trouve l'appareil ?... Là-bas, vous êtes sûrs ? Certain ?... Entendu... Vous verrez avec James pour votre paiement, bien sûr... Bonne nuit, merci.
Loren n'en revenait pas. Il sourit, à la fois très amusé et excité dans sa méchanceté : si le Lapin de Garenne ne s'était pas trompé, à l'heure actuelle, Béatrice l'Angou (ou au moins son téléphone) se trouvait près des Buttes-Chaumont, dans un des manoirs de Pierre-Emmanuel de Pompignan, l'ennemi intime de Loren, le grand seigneur qui avait été l'adversaire de Villon, avant que le jeune Loren ne lui prenne sa place au Primogène.
- Aux Buttes-Chaumont, James ! Nous allons dans le monde !
Lui qui pensait commencer sa nuit en pistant une délinquante vis-à-vis des lois de la Mascarade, il allait pénétrer dans le repaire de cet Ancêtre de Pompignan : on allait bien rire !

Virus

Graziella avait demandé à se faire réveiller dès le coucher du soleil. Pas une minute à perdre, sachant qu'à 5h30 dernier carat, elle devait avoir retrouvé Béatrice l'Angou et l'avoir amené chez Santi. Peut-être trouverait-elle à la contacter rapidement, mais dans le doute, mieux valait prévoir la nuit entière. Et avant ça, il y avait Camille.
Aussitôt qu'elle fut habillée, de Valori alla frapper à la porte de la chambre de son hôte.
- Je m'inquiétais de savoir si vous étiez réveillé. Nous avons une longue nuit devant nous.
- Entrez !
Graziella poussa la porte.
- Je suis dans la salle de bains, j'arrive.
Elle perçut une détresse profonde dans la voix de Camille, qu'il avait essayé de masquer par une formule banale. Elle savait que c'était peut-être dur, qu'il allait sans doute avouer des choses pénibles, mais c'était ainsi : il ne pouvait plus se dérober.
- Je vous en prie, Camille, prenez le temps de finir de vous préparer.
- Graziella, écoutez...
Il y avait dans sa voix un accent déchirant, une tristesse à vous froisser le coeur.
- Qui y a t-il ?
- Ecoutez, Graziella, je vais sortir vous voir, mais vous feriez mieux de vous asseoir. J'ai peur de vous causer un choc.
Incrédule, l'Italienne fut piquée dans sa curiosité. Elle s'approcha de la salle de bains pour y jeter un oeil. Elle se rejeta en arrière brusquement, stupéfaite, prise par la fascination et une peur inexplicable face à la créature qui sortit devant elle : c'était le grand échalas haut de plus de deux mètres, à l'apparence fantastique, qu'elle avait poursuivi avec Loren, au village suisse. Sa peau était fine, presque transparente, son visage allongé, blême et ses yeux d'un bleu très profond, comme s'ils pouvaient regarder sur une galaxie lointaine et abandonnée. Graziella avait porté la main à sa bouche. La créature se planta devant elle, ses grands bras ballants, comme gênée par ce corps trop grand dont elle ne savait que faire. Elle voulut faire un pas vers Graziella mais celle-ci recula, de peur d'être touchée par ces grandes mains maigres.
- C'est moi, Camille... Vous me voyez sous ma vraie forme... C'est moi qui était au village suisse hier... J'étais mort de peur, à cause de la folie de Shrek...
Cet épouvantail lunaire, cet être surnaturel, semblable à un humain grotesquement étiré et amaigri, c'était la vraie apparence de Camille, le gentil jeune érudit aux yeux bleus, le gendre idéal ?
- Je crois qu'il serait préférable que je reprenne l'apparence que vous me connaissez habituellement...
- Oui, j'aimerais bien, si la chose est possible.
Graziella se sentait chavirer, comme dans la chambre de l'Angou, comme dans la boutique de déguisement.
La créature repartit dans la salle de bains, en avalant une potion de couleur violacée. Graziella grimaça en entendant des bruits de craquements d'os et de déglutitions répugnants. Dans quel état allait-elle retrouver Camille ?
C'est soulagée qu'elle le vit revenir, avec sa taille habituelle, son physique avantageux sans être si remarquable, sa peau normalement rose et son regard doucement bleuté.
- Je suis vraiment désolé Graziella. Il fallait bien qu'un jour ou l'autre nous en arrivions à ça... Mon histoire remonte à loin dans le temps. Il faut partir de l'époque du Haut Moyen-Age, peut-être même avant, dans les derniers temps de l'Empire romain, quand les Barbares piétinaient les ruines bâties par les empereurs, quand les forêts repoussaient...
Stupéfaite, de Valori toisait Camille.
- Mais je tiens à vous dire, sourit ce dernier, que je n'ai pas été Etreint à cette époque. Pas du tout. J'ai rejoint le monde de la nuit en 1982. Non, je vous parle des origines de ma lignée... Donc, dans ces temps oubliés, un Lasombra du nom de Marconius étudiait les créatures de la nuit. C'était un érudit, solitaire, initié à de nombreux mystères qui ont peut-être disparu avec les profondes forêts de cette époque. On dit que Marconius avait appris le langage des lupins et d'autres créatures dont notre monde moderne ne soupçonne pas l'existence. Lui et deux membres de son clan étaient en fait parvenus à entrer en contact avec les fées.
"Vous avez vu chez moi des volumes consacrés à ces êtres mystérieux. Marconius avait affaire à des Fées de la Cour Unseelie. Pour vous décrire rapidement, ce sont des fées nocturnes, taciturnes, en rapport avec les ombres et la lune, contrairement à leurs cousines, du royaume des étoiles et du jour, de la fête et de la gaieté. Quoiqu'il en soit, Marconius finit un jour par diaboliser une de ces fées.
- J'ignorais qu'une telle chose était possible, murmura Graziella.
- Possible, certainement. Recommandable, je ne sais pas. Le sang de la Fée nocturne, une Sidhe, passa dans le sang de Marconius. Au bout d'un certain, celui-ci reprit ses esprits, après avoir été assailli par des hallucinations fantasmagoriques délirantes ! Et Marconius avait acquis un nouveau don de vision : il pouvait apercevoir, dans certaines conditions, le monde des Fées !
- Le monde des fées ?
- Les fées entretiennent avec notre monde un rapport conflictuel. Elles qui sont merveilleuses, elles dépérissent vite dans un environnement banal, prosaïque comme nos villes. Elles peuvent survivre dans des environnements privilégiés. Parmi les Toreador par exemple, qui exercent un art, ou dans les lieux de pratiques magiques des Tremere. Bref, dans des lieux séduisants, dédiés à la beauté ou à l'extraordinaire.
Et Graziella pensa automatiquement :
- Donc pas chez François Loren :ahah: .
- En outre, Marconius subit des déformations physiques importantes. Il devint... enfin comme vous m'avez vu. Bien plus grand que la normale, les yeux bleus, la peau blanche... Et, en plus de savoir manipuler les Ombres, il avait accès à une partie du pouvoir des Fées. Il était devenu un Kyasid : littéralement, un tueur de Sidhe. La lignée disparut pendant des siècles, avant de réapparaître à Strasbourg, au 14e siècle, où ils prirent le pouvoir aux Ventrue.
- Une bonne chose, ça. :ahah:
- Depuis, les Kyasid sont connus, quand ils sont connus, pour être des solitaires érudits, un peu comme moi... sourit Camille. A ceci près qu'ils ont généralement rejoint le Sabbat. Ils sont passionnés par des connaissances si ténébreuses qu'ils finissent par renoncer à leur humanité pour la conquérir. Béatrice l'Angou fait partie de la même lignée. La plupart du temps, elle se comporte en humaine, mais je la soupçonne de fricoter avec l'Archêveque Alfredo...
Graziella prenait le temps de "digérer" ce qu'elle venait d'entendre. Elle n'en perdait pas complétement le nord : elle savait quand c'était l'occasion de se moquer de Loren, mais pour le reste, elle n'en croyait pas ses oreilles.
Etourdie, elle murmura :
- Allons boire une coupe de sang.
- Volontiers, sourit Camille.
Il était encore gêné d'avouer ce qu'il était mais fier de son récit, plein de mystère et d'occultisme comme on l'aime chez les fins connaisseurs. Aloy Et maintenant Graziella allait courir après une nymphomane !

A suivre... Virus
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