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Vampire 2006 - #8 : Bienvenue en Birmanie !
#1
Il faisait complètement noir et ça secouait. Des chocs sur la paroi métallique, et une sensation de chute. A l'extérieur, un grondement continu.
Graziella était recroquevillée, mains et chevilles ligotées, dans ce qui devait être une caisse ou un container, et qui était emporté à grande vitesse. Des coups en tous sens, puis un choc plus fort, qui aurait pu faire éclater la chose dans laquelle la Lasombra était enfermée.
Elle sentit que dehors, il faisait jour. Elle était à moitié en torpeur, mais une peur de plus en plus vive la sortait de son sommeil artificiel. Maintenant, c'était stable. Toujours le grondement continu.

Que s'était-il passé depuis cette soirée dans Rangoon ?... C'était forcément ce traître de Haqim !...
Graziella se tourna. Ses yeux s'habituant à l'obscurité, elle vit qu'elle était dans un gros bidon métallique. Elle écouta plus attentivement : le grondement était celui d'un fleuve. Elle avait été entraînée par des rapides, et le choc contre des pierres avait cabossé son abri.
Les coups reprirent. On tapait ! Quelqu'un tapait comme un sourd. Graziella banda ses muscles : elle parvint à user ses liens mais ils ne craquaient pas tout à fait. Des hurlements maintenant, des cris d'hystérie.
Elle reconnut alors que c'était des cris d'animaux, des chimpanzés ou quelque primate comme ça ! On l'avait balancée sur un fleuve ! Dans un vulgaire bidon !
Où étaient Loren et Anatole ?...
Les coups reprenaient. Les saletés de singe devaient trépigner sur le dessus du container. Soudain, elle sentit que les primates commençaient à dévisser le couvercle. Ils frappaient dessus, ils allaient le déceler avant peu ! Ils allaient la rôtir ! Et elle allait finir, elle une noble de pur sang italien, sur un fleuve quelque part en Birmanie !
La chaleur moite rentrait, avec un timide rayon de lumière. Elle vit une patte de singe rentrer et lui attraper le mollet ! Elle commença à se débattre, prise de peur panique face au soleil...


...






Virus

Vampire 2006

#8 : Bienvenue en Birmanie !<!--sizec-->
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C'était Lucinius, bien sûr, en sa qualité de Sénéchal, qui avait signé les autorisations de quitter le territoire de la Camarilla française.
Il recevait Loren dans son bureau. Les deux notables n'avaient échangé que quelques mots de politesse convenue. Ils savaient tous les deux ce que signifiaient ces papiers. C'était un visa pour l'enfer de la jungle birmane. L'aller-simple pour les territoires des Kuei-Jin, où un Caïnite faisait partie des espèces en danger. Un endroit où seuls les tueurs les plus aguerris du Sabbat avaient une chance de survivre.
- Donc je signe pour vous, dit Lucinius, pour Graziella de Valori, pour Anatole alias "Lapin de Garenne"... Ce sera tout ?...
- Oui, soupira Loren, mal-aimable, je pense que ce sera déjà beaucoup...

C'est au Ventrue que revenait la charge de diriger cette improbable expédition, regroupant les maudits !
Graziella, condamnée pour son association avec Sire Cosimo Santi dans un projet terroriste contre la Mascarade ! Anatole, de même, pour son association avec des ennemis de la Camarilla !
Cosimo Santi condamné pour longtemps au cachot, de même que Camille.
La Justice du Préfet Jérémie avait fait son œuvre. Le complot Lasombra était démontré, et leur alliance avec le terroriste "virtuel" Shrek était établie. Pour ne rien arranger, l'identité de Shrek, grâce aux patientes recherches de Loren, avait été découverte : Bernard de Latréaumont, aventurier Malkavien, qui avait par sa folie, contaminé Paris. Les services de renseignements Nosferatu avaient localisé Latréaumont dans un pénitencier birman, où il était retenu depuis des décennies. Indirectement, Latréaumont avait transmis ses dérangements mentaux, par plusieurs passeurs, et la contagion était remontée jusqu'à la capitale française.

Il était dans les usages de la Camarilla de bannir certains sujets dangereux, mais tout de même pas en Asie, chez les Kuei-Jin. Même ça, c'était trop.
C'était pourtant ce qui arrivait à "l'expédition Loren", comme on l'appelait déjà dans les salons de l'Elysium, en hommage aux expéditions coloniales. On ajoutait à l'imagerie tropicale et coloniale des visions de films de guerre sur le Vietnam ou de voyages extrêmes vers le bout de l'enfer et des ténèbres. Cela amusait beaucoup, et effrayait en même. Excellent sujet de ragots, donc !
Loren, lui, s'était vu confier cette tâche délicate. Jérémie avait demandé si gentiment !...

Lucinius faisait une petite mine en apposant son dernier cachet au bas des papiers de voyage de son ami. Il aurait aussi bien pu lui signifier son arrêt de mort. Il n'osa pas demander qu'on lui envoie une carte postale, ni ne conseilla d'emporter une moustiquaire.

Pour Graziella et Anatole, c'était une chance qu'on leur laissait, de racheter leurs fautes, mais on ne leur laissait pas le choix. Qu'ils aillent se faire dévorer chez les Asiatiques, et à titre posthume, on célébrerait leurs mérites !
Et s'ils en revenaient pas trop exsangues, ils auraient le droit de se tenir à carreau pour les prochains siècles.
- J'espère, avait dit Jérémie, en visitant Graziella dans sa cellule, que vous goûtez la générosité de notre Justice.

Il n'était pas exclu que Montano soit intervenu en faveur de cette solution. Loren avait entendu quelque chose de ce goût-là. ll enrageait sur ce satané Roméo de Montaigu, dont il cherchait l'identité depuis si longtemps, sans savoir que c'était le fondateur des Antitribus Lasombra.
Graziella avait reçu la nouvelle stoïquement.
Depuis que, quelques semaines plus tôt, Cosimo Santi lui avait appris la vérité sur son clan, elle se sentait investie d'une énergie nouvelle. La véritable histoire des Antitribus... L'épreuve lancée à travers les siècles par Lasombra en personne pour reconnaître les fidèles d'entre les siens.
Graziella était au bout de cette lignée d'élite. Et maintenant, elle allait prouver en Birmanie ce que c'était d'avoir le sang de la Nuit dans les veines !

Quant à l'ignoble Anatole, il avait accepté après avoir été passé à la Question plusieurs fois. Son clan avait tenu à ce qu'il paye pour son infamie et les interrogateurs Brujah de Sergio s'étaient fait un plaisir de satisfaire leurs amis Nosferatu.

Le conseil Primogène avait approuvé l'idée de l'expédition.
Cette nuit-là, un jet d'affaire avançait sur la piste d'Orly, et trois passagers approchaient, bagages en main. Loren marchait en tête. Il n'avait même pas voulu que son majordome l'accompagne.
- Ce sera entre vous et la grande jungle birmane ! avait déclaré Jérémie dans un moment de lyrisme.
Car le pénitencier où était enfermé Latréaumont était un camp de travail mis en place par la junte, dans une région atroce.

Loren ne voulait pas qu'on lui parle. Point.
Il aurait égorgé le premier qui aurait osé. Surtout Anatole. Cet ignoble personnage.
Ou même Graziella, avec son complot minable.
Oui, le lamentable complot de ces Lasombra qui avaient cru... qui avaient cru quoi ?... Qu'ils renverseraient la Camarilla à l'aide d'un terroriste psychopathe !...

Bref, il ne fallait pas lui parler. Il avait son couteau en poche, prêt à dégainer, au moindre emmerdeur !

Lucinius avait dit à Loren que Paris n'avait aucune relation diplomatique avec Rangoon. Il ne fallait pas espérer un consulat de l'Elysium, une cellule de rapatriement ou quoi que ce soit. Il fallait trouver Latréaumont, le ramener en France et si ce n'était pas possible, le détruire.

Les hublots furent scellés et les passagers s'endormirent. Quand ils se réveillèrent, le pilote, une goule de Sergio, leur signala qu'ils survolaient le golfe du Bengale. C'était juste une grande mare sombre, avec quelques lumières.
Loren était d'une humeur exécrable. L'avion se posa sur un aérodrome. Il avait à peine fini de rouler qu'on venait toquer à la porte. Le pilote ouvrit. Un aimable grand personnage, qu'on aurait pris pour une vedette de Bollywood, très grand sourire brillant, costume crème, gros turban, entra et salua Loren d'une ferme poignée de mains :
- Bienvenue à vous. Je me nomme Haqim, je serai votre conseiller culturel au Myanmar. Aussi je vous souhaite la bienvenue à Rangoon, monsieur Loren.

Il parlait faux, souriait faux. Mais c'était comme ça. Ils respiraient l'air asiatique. La moitié des Kuei-Jin du pays avait déjà dû sentir la présence de ces Caïnites, ils devaient s'en pourlécher les babines.
C'est une phrase qui resta, "bienvenue à Rangoon, monsieur Loren", car le "bienvenue" ne pouvait pas être plus faux.
Très prévenant, Haqim signala qu'il avait retenu une suite dans le meilleur hôtel de la ville.


Virus

Il fallut suivre pendant des heures, dans une jeep, une mauvaise piste. Il n'aurait pas été possible d'atterrir à l'aéroport de la capitale. Nos héros auraient certainement fini dans l'incinérateur à bagages suspects...
C'est ce que disait Haqim en riant de ses belles dents blanches. Il avait un chauffeur pour sa jeep, habillé avec la veste kakis pleine de poches et un chapeau de parfait braconnier. A la place du mort, Haqim bavardait de tout et de rien. A l'arrière, les trois Caïnites devaient subir son bavardage.
- Vous auriez attendu rien qu'un an de plus, continuait le beau prince Hindou, et vous auriez pu arriver à Yangon directement. Figurez-vous que les maîtres du pays vont migrer vers Naypyidaw ! Du coup, ils emmènent le troupeau de la junte avec eux. Mais c'est flatteur de savoir que vous étiez pressés de visiter notre beau pays... Dès que j'ai eu le mot de votre... comment vous dites ?... oui, votre Sénéchal, je me suis empressé d'organiser votre arrivée !
Les trois Parisiens enrageaient encore davantage : on pouvait compter sur Lucinius pour dégotter le plus insupportable des "attachés culturels" ! Cet idiot devait être un Toréador en disgrâce, qui avait trouvé refuge chez les Cathéens. Caïn sait comment, il avait réussi à se faire accepter d'eux. Il disait "Yangon" au lieu de "Rangoon", il insistait pour dire "Myanmar" au lieu de "Birmanie", il était dans les petits papiers de la junte...

- Vous verrez, je vous ai trouvé un petit hôtel, très calme, au bord du lac Kandawgyi. Un des plus beaux sites de la capitale.
Anatole connaissait bien ses classiques, et il se faisait l'effet de Tintin et Haddock, poliment emmenés dans leurs chambres d'hôtels par les deux hommes de la police politique de Plekszy-Gladz !
C'était Haqim et son chauffeur, une brute de Philippin ou quelque chose comme ça, qui officiaient et qui conduisaient nos héros dans leur cage dorée.
- La chambre de mademoiselle de Valori est ici, celle de monsieur Loren est à côté, celle de monsieur Anatole au bout du couloir.
Sur la vingtaine de chambres de l'hôtel, on en imaginait facilement dix occupés par des équipes, le casque à l'oreille, espionnant les dix autres !
Dans un dernier sourire "Colgate blancheur", Haqim souhaita une bonne journée à ses invités.
- Demain, nous irons visiter le palais Karaweik, vous verrez : une merveille !

"Vous verrez : une merveille !"
No héros l'entendirent plusieurs fois par jour, cette exclamation, dans la semaine qui suivit.
D'abord, comme promis, le palais Karaweik, puis quelques bâtiments de l'époque anglaise et la pagode Sule (qui servirait, lors des émeutes de l'année suivante, de lieu de rendez-vous aux manifestants, moines bouddhistes et autres). Le lendemain, excursion le long des fleuves, puis, les deux jours suivants, visite des temples de Pagan, dans la brume.
Anatole trouvait ça joli, mais il piaffait d'impatience d'aller mordre quelqu'un. Loren regardait poliment. Une autre fois, il se serait intéressé à l'histoire mais là, il ne pensait qu'à Latréaumont. Quant à Graziella, elle trouvait ce style birman vraiment trop tape à l'oeil. Des gros bâtiments, du doré partout. Pour une habitante de la Sérénissime, cet art était barbare. Au mieux, les temples de Pagan était une Venise dans la jungle...

Bref, ce fut une semaine de perdue. Nos invités parisiens n'osaient pas réagir. Ils se sentaient en petite forme. Anatole avait une petite mine en plus de sa sale gueule. Graziella se sentait lasse et Loren en avait marre. C'était sûrement dû au mauvais sang qu'on leur donnait.
Ils n'avaient que Haqim et son chauffeur pour le moment. Aucune autorité. On ne servait pas à Loren le sang qu'il lui fallait. Et pendant que nos héros essayaient de se sortir de leur abattement, les visites touristiques continuaient. Haqim pouvait leur faire visiter le pays entier. Il avait même parlé d'une excursion à Bangkok puis Phnom Penh !
On pouvait faire toute l'Asie du Sud-Est à ce train là.
- J'ai un ami très cher qui a un petit appareil de tourisme. Ho, certainement pas un bel engin comme l'appareil avec lequel vous êtes venus, bien sûr...
Dame, c'était le Falcon du clan Ventrue, quand même ! Affrété spécialement sur demande de Jérémie.
Graziella tapait Loren du coude :
- Demandez-lui donc s'il n'a pas un petit pénitencier touristique à nous faire visiter...:baton:

C'est le huitième soir que Loren, qui reprenait du poil de la bête, parvint à poser la question directement :
- Monsieur Haqim, avez-vous entendu parler d'un Caïnite nommé Bernard de Latréaumont ?

A suivre...Virus
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#2
Vampire 2006 - #8

Haqim avait paru attristé de cette question. Il avait caché pour cette fois ses belles dents. C'était dans le salon du petit hôtel, où il y avait quelques tables de billard et un vieil ordinateur.
- Nous ne sommes pas venus faire du tourisme, monsieur Haqim, et je pense que vous le savez. Nous sommes en mission pour la justice parisienne.
- Ha ha, très bien, monsieur Loren ! Vous êtes policiers, alors !
- 'm'f'rait mal au cul d'être flic, ricana Anatole.
- Nous venons chercher un ressortissant parisien, actuellement détenu dans un pénitencier de ce pays. Nous avons les moyens d'en négocier avec les autorités compétentes.
Loren avait un numéro de compte en banque avec ce qu'il fallait pour décider les plus hésitants.
- Les autorités de ce pays, monsieur Loren... Qui voulez-vous dire, au juste ?
- Monsieur Haqim, l'attaché culturel, c'est vous. Faites-nous rencontrer les personnes habilitées. Je négocierai la libération de Latréaumont et nous repartirons dans l'heure.
- Pas si simple, monsieur Loren, pas si simple...
Le sang du Ventrue se mettait à bouillir. Il allait lui montrer, à cet imbécile de comédie musicale, si tout ne devenait pas plus simple avec un coup de couteau ancestral !
- Pas si simple, répéta, désolé, Haqim. Et maintenant, je suis sûr que vous n'allez pas vouloir de ce voyage que j'avais préparé pour vous au Laos...
- Une autre fois, peut-être...

Lors d'une dernière soirée organisée par le chef Ravnos de Paris, Le Duc, Loren avait entendu parler du Laos.
- J'ai un très bon ami qui habite là-bas, avait déclaré le sémillant gitan. Lum Khan, il s'appelle. Le maître de l'Asie du sud-est, le maître de l'Océanie... Un grand seigneur !
- Quelqu'un avec qui faire des affaires ! avait lancé Loren.
Aujourd'hui, Loren se demandait s'il n'aurait pas été plus simple de contacter ce Lum Khan. Il devait être plus efficace que cet idiot de Haqim.
- Je vais voir ce que je peux faire, dit ce dernier, mais je ne suis pas sûr que ce soit un sujet facile à aborder...
Haqim était vraiment désolé.
Anatole s'emmerdait dans ce pays où il ne pouvait pas trafiquer de l'informatique ni participer à un complot. Quant à Graziella, elle se lassait de l'architecture birmane. A tout prendre, elle serait bien allé prendre un petit verre chez sa voisine de quartier, Clémentine la Brujah. Parce qu'à ce moment-là, la Lasombra ignorait encore que le lendemain, elle se retrouverait dans un bidon, bringuebalée sur un fleuve et bientôt menacée par une bande de chimpanzés furieux.

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Le drame fut vite joué.
En fin de journée, juste avant l'heure du réveil, Graziella fut réveillée par une forte odeur de brûlé. Elle sortit de son cercueil et vit des flammes qui léchaient le dessous de sa porte !
Une grosse fumée entrait déjà dans sa chambre ! Elle releva les volets métalliques : dehors, le crépuscule finissait de noircir. Aucune autre solution que de bondir par la fenêtre, et de préférer la brûlure du soleil mourant aux flammes qui emportaient le bâtiment !
Elle courut se mettre à l'abri des arbres, tandis que l'incendie dévorait le petit bâtiment. Elle aperçut la silhouette de Loren, qui courait lui aussi se mettre à l'abri. Elle allait lui faire signe quand une dizaine de motards surgirent en brisant la porte en bois de la propriété. Elle aperçut nettement leurs Uzis. Ils ouvrirent le feu sur le Ventrue : tailladé par les rafales, Loren s'effondra dans une mare de sang et son corps fut emporté par un des tueurs, qui l'attacha à l'arrière de sa puissante Yahama.
Graziella recula et courut vers le lac quand elle vit que les autres arrivaient dans sa direction. Elle aperçut la chambre d'Anatole, et vit la silhouette du Nosferatu, enfermé, qui ne pouvait échapper aux flammes. C'était cauchemardesque. Elle entendit un hurlement pathétique, et le bâtiment s'écroula comme un château de cartes. Des tirs d'Uzis partaient. La Lasombra se changea en ombres et disparut sur la rive du lac. Elle glissa à toute allure vers le centre-ville, et reprit sa forme humaine dans une ruelle minable du quartier des prostituées. Exsangue, elle se précipita sur un groupe de gras touristes qui sortaient d'un bordel et en captura deux, pendant que les autres s'enfuyaient en hurlant. Elle leur pompa une bonne dose de sang et s'enfuit.

Haqim ! Ce traître de Haqim !... Elle se cacha dans les petites rues, pour ne pas se faire voir des patrouilles de police. Elle entra dans un vilain établissement de jeux et s'assit à la table du fond, au beau milieu de touristes Occidentaux, qui jouaient avec des prostituées pendues à leurs cous.

Virus

Loren fut emmené par la bande dans un hangar où un gros camion bâché attendait. Il fut chargé à l'arrière, inerte, dans une caisse. Le camion démarra, quitta Rangoon et roula toute la nuit et une partie de la journée.
Quand Loren se réveilla, il était nu, attaché à une chaise dans une pièce lugubre. Des cris résonnaient et deux Cathéens patibulaires le regardaient. Le Ventrue reprit conscience quand une porte en acier s'ouvrit à grands fracas. Il sentit alors une odeur de Caïnite, odeur qu'il n'avait pas senti depuis longtemps. Il releva la tête et vit devant lui un grand roux aux yeux fous.
- Vous veniez me chercher...
Il comprit alors, qu'il ne pouvait s'agir que de Bernard de Latréaumont.
- Bienvenue dans mon pénitencier, monsieur Loren.
- Enchanté, Shrek, cracha le Ventrue.
- Shrek n'est qu'une des formes que je prends. Qu'une des formes géniales engendrées par mon esprit polymorphe...
- Vous m'en direz tant...
- L'esprit de Shrek est puissant sur le réseau des esprits... Moi, je ne suis qu'une des identités que Shrek a revêtue pour parler aux immortels.
- Je ne comprends rien.
- Je suis Shrek mais Shrek n'est pas que moi. Voilà une logique que nous autres pouvons saisir, mais pas les Ventrue trop raisonnables...
- Je ne suis pas venu entendre vos histoires, gémit Loren. La Camarilla veut vous parler.
- Vous êtes un chien de guerre, mais je vous ai passé le collier autour du cou. A présent, vous pourriez être mon toutou domestique.
- Plutôt crever !
- Vous pourriez être mon gardien fidèle.
- Vous feriez mieux de me suivre, Latréaumont.
- Vous vous croyez en état d'exiger quelque chose ?
Le grand roux éclata de rire. Dans ses pupilles dilatées, on apercevait la folie intrinsèque au clan Malkavien.
- Je ne quitterai pas ce pays sans vous ramener, cracha Loren, ni sans avoir fait la peau à ce salopard de Haqim !
Latréaumont rit encore.
- Comment va cette bonne ville de Paris ? A-t-elle suffisamment peur ? Ou bien la folie de Shrek l'a-t-elle laissée encore trop en torpeur ?
- Je crois qu'on a eu notre dose, ça ira...
- Si vous ne voulez pas rester avec moi, Loren, je vous livrerai aux autorités de ce pays.
- Faites donc.
Le Malkavien tourna plusieurs fois sur lui-même, pris de transe, et ressortit en titubant.
Loren aimait ce genre de discussions constructives !

A suivre...Virus
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#3
J'ai pas encore lu mais si on se moque des Ventru ça va être bienVirus
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#4
on va surtout se moquer des rénégatsbiggrin
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#5
Ah ah:ahah:nos héros sont au top de leur formesmile

Va y avoir brochette de singe au dinerVirus
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#6
Vampire 2006 - #8

Graziella passa un moment dans le café. Elle garda à l'œil les gros touristes américains qui venaient se détendre après leur journée de travail. Ils avaient des allures de cadres supérieurs. Leur sang d'Occidentaux bien nourris serait un régal.
Graziella en suça deux goulûment. Leur sang avait quand même le goût vulgaire du commerce... Notre Lasombra ressortit des toilettes où elle laissait ses deux victimes ronfler tranquillement.
Elle vit alors entrer trois jeunes Asiatiques en combinaison de motards, cigarettes à la bouche et Ray-ban (imitation) sur le nez.
En fait, ce n'étaient pas des humains. Ils sentaient le Cathéen !
Graziella ne connaissait rien aux races et aux clans des immortels d'Est mais elle préférait largement ne pas avoir à leur parler. Seulement, son odeur de fille de Caïn imprégnait abondamment la pièce, et ils la regardaient, amusés. Dans la lumière rouge, ils avancèrent vers elle. Notre Lasombra recula et sauta derrière le comptoir. Elle se changea aussitôt en ombre et sortit du café. Elle reprit forme dans la rue, pendant que les affreux Asiatiques se précipitaient derrière elle. Elle arrivait sur une grande avenue, pleine de trafic. Graziella traversa et se fit copieusement klaxonner. Elle en vit sortir d'autres, des Cathéens ! Des autres bâtiments ! C'était l'image parfaitement raciste de la fourmilière qui s'agite. Il en venait de partout !
A un feu rouge, elle se précipita sur un jeune motard et le jeta par terre. Elle bondit sur l'engin et démarra plein gaz. Faire de la moto sans casque dans Rangoon ! Si on lui avait dit un jour que...

Au fait, combien de fois s'était-elle dit cela : "si un jour, on m'avait dit que..." Trop de fois depuis son arrivée à Paris !

Elle partit droit devant elle, prise en chasse par un escadron de Cathéens sur les mêmes Yamaha que celles des ravisseurs de Loren. Elle vit en un éclair un panneau : "University Avenue", puis elle bifurqua à droite, en plein carrefour, klaxonnée par des dizaines de chauffeurs. Derrière elle, le gros nuage de motards suivait !
On voyait facilement le parti-pris que la firme aurait pu en tirer, pour une gigantesque campagne d'affichage : "Pour votre chasse au vampire, choisissez Yahama !"

Graziella longeait maintenant un grand lac, montré deux jours plus tôt par Haqim, l'Inya. Des coups de feu partirent ; son rétroviseur éclata. Les autres se rapprochaient. Elle distingua un panneau indiquant l'aéroport, 5 kilomètres !
C'était de la folie, jamais elle n'y arriverait... Et quand bien même ?... L'avion de Loren n'y était plus... Pas le choix, elle prit cette direction. D'autres tirs d'Uzis la frôlèrent et touchèrent bientôt la roue arrière. Elle dérapa, et partit en vrille sur la route. Elle fit plusieurs tonneaux, glissa longtemps, et termina contre un arbre. Les gens hurlèrent en voyant pareille cascade ! "Si un jour !..."
Elle se releva et courut dans le parc, talonnée par les Cathéens qui rentraient carrément avec leurs véhicules. Elle entendait les moteurs vrombir. Elle se retourna et fit face au premier. Elle sentait son sang battre partout, non seulement dans ses tempes mais de la tête au pied. Désarmée, elle se jeta sur le côté pour éviter la puissante moto.

Elle se releva alors qu'un autre arrivait. Il lui fallait une arme, n'importe quoi !... Il n'y avait que quelques brindilles ridicules... Soudain, prise par la fureur de la Bête, elle sauta sur son assaillant, qui arrivait l'Uzi pointé sur elle, et l'empala sur une lame !
Elle retomba et vit le Cathéen empalé allait s'écraser sur un arbre. Graziella se remit à courir... Elle lui avait planté une lame... Mais elle n'avait pas d'épée sur elle !
Elle courait, traquée à nouveau, et arrivait au bord du lac. Des tirs partaient, plusieurs rafales, qui tapaient dans le sable. Elle voulut plonger dans l'eau mais les motards arrivaient et ouvrirent le feu en même temps. Il y eut des dizaines d'éclairs, des centaines de balles la frappèrent et l'envoyèrent dans l'eau du lac Inya.
Remplie de plomb, elle ne pouvait plus bouger. Elle vit ses poursuivants s'approcher, narquois, en rechargeant leurs armes. Ils prirent le temps d'allumer une cigarette et de ricaner de leur exploit. Ils se tapaient dans les mains et s'échangèrent des billets. Graziella fit quelques mouvements, gémit, mais comprit qu'un Lasombra ne s'abaisserait pas à ramper devant le Jaune ! Les autres avaient fini de remettre des chargeurs et la pointèrent tous ensemble.

Quand elle se réveilla, après un temps indéterminé, ce fut déjà donc une surprise pour elle de se réveiller tout court. Elle était dans un container, jetée sur un fleuve, et des saletés de chimpanzés étaient en train d'ouvrir son abri comme une boîte de conserve.
Elle ne comprenait pas comment elle avait pu survivre au lac Inya, mais elle n'avait pas le temps de se le demander. Elle sentait la brûlure du soleil. Si c'était une farce des Cathéens, ce n'était pas drôle... C'était juste encore plus humiliant de mourir à cause de saletés de primates ! Si c'était ça la farce, c'était réussi...
Deux chimpanzés sautaient, enragés, sur le container, d'autres donnaient des coups de bâtons. Graziella, rendue à moitié folle par la peur, donna un grand coup de poing sur le couvercle, qui sauta d'un coup !
Elle hurla et se jeta dehors, en plein soleil, dans la belle jungle birmane ! Elle était dans l'eau, impitoyablement ravagée par les rayons de la lumière. Les chimpanzés se précipitèrent après cette créature qui prenait feu comme une torche, ivre de fureur. Graziella, rôtie au troisième degré, presque dépecée entièrement, s'effondra dans les sous-bois, où la lumière était moins vive. Elle pissait le sang par tous les pores de la peau. Elle aurait eu ses entrées dans un bal de Samedi tant elle était défigurée ! Semblable plutôt à ses Succubes des légendes ou à une démone japonaise, elle sentait sa Bête qui ressortait en hurlant de ses entrailles. C'est là que les chimpanzés, tout enragés qu'ils étaient, hésitèrent un instant face à ce monstre de sang et d'ombre !
De l'ombre, il en coulait aussi plein autour d'elle, à flot même. Graziella n'avait jamais fait ça et néanmoins, cela lui paraissait naturel. Les alentours devenaient de plus en plus sombre, comme une éclipse dans les sous-bois. Les primates durent avoir un aperçu de ce que peut être la terreur mystique et partirent en hurlant.

Bientôt, ils étaient poursuivis par une épaisse coulée d'ombre, comme de la lave noire, qui se jeta sur eux et d'où émergea la silhouette difforme de Graziella ! Elle avait des griffes comme des couteaux et deux fois plus de dents qu'à l'habitude, et des dizaines de pseudopodes frétillants qui attrapaient les saletés de singes ! Ils ressemblaient maintenant à de gentils ouistitis à côté d'elle ! Elle les égorgea proprement et pompa leur sang jusqu'à la dernière goutte, puis elle s'enfuit dans la jungle et trouva un abri au creux d'un arbre.

Quand elle reprit conscience, il faisait nuit. Graziella avait retrouvé forme humaine. Elle avait un vague souvenir de ce qui s'était passé, comme si elle avait fait un coma éthylique. Le fait est qu'elle avait la gueule de bois, comme si elle s'était saoulée au vin de table. En l'occurrence, c'était au sang de chimpanzé et ce n'était pas mieux.
"On n'est que ce qu'on boit", affirmait le dicton ancestral. A l'heure qu'il était, elle en était à se demander si elle n'allait pas se transformer en Cheetah !
Elle chassa cette vision d'horreur, se concentra sur les soirées mondaines, les gondoles vénitiennes, les intrigues d'alcôve. Elle repensa à cette pimbêche de chanteuse dont Lucinius s'était amouraché depuis quelques mois. Elle se jura, rien que pour ça, de revenir à Paris pour détruire sa réputation !

Virus

Le sort de Loren n'était pas plus enviable. Il évoluait lui aussi au milieu d'une épaisse végétation, traqué.
Au pénitencier, il avait eu une seconde visite de Latréaumont qui lui conseillait d'accepter son offre.
- C'est à vous d'accepter mon offre, avait dit Loren. Rentrez avec moi à Paris et vous serez jugé.
Il le disait sur son ton habituel de celui qui ne doute de rien.
- Savez-vous bien ce que vous dites, mon cher Loren ?... J'en doute !
Latréaumont tournait dans la pièce, exalté.
- Figurez-vous que les gens qui sont prêts à vous dévorer ou vous mettre à mort de mille autres façons sont ici fort nombreux. Et vous êtes un mets de choix. Je leur ai dit ce que vous étiez : un puissant Ventrue, qui a déjà dévoré plusieurs personnes de qualité ; en particulier, cette bonne comtesse Bathory, n'est-il pas ?
- Puisque vous savez tout...
- Tout ! Tout, c'est le mot. Nous sommes comme cela, nous autres Malkaviens. Pas besoin de renseignement comme les Nosfératu. Nous lisons dans les esprits, nous y voyons clair comme dans de l'eau de roche.
- Alors lisez dans mon esprit et dites-moi si j'ai tort.
- Ha pardon ! Je vous arrête !...
Loren était las de ces discours. Il perdait son temps.
- Savez-vous, cher Loren, qu'en plus d'éminents membres du Sabbat, nous avons dans les parages la crème des assassins Cathéens en tous genres... Des fils de l'Est assoiffés de sang occidental !
- Je ne suis pas un morceau de choix, Latréaumont. Je suis difficile à digérer.
- Ha, merveilleux ! Merveilleux esprit parisien !... Mais vous savez ce qui vous attend...
- Finissons-en sur le champ !

Latréaumont était peut-être fou mais il n'avait pas idée de l'obstination dont savait faire preuve Loren.

Le lendemain, au crépuscule, Loren était conduit aux portes du pénitencier, sans armes.
- Vous avez une heure d'avance, susurra Latréaumont. Ensuite, vous aurez sur vos traces les assoiffés de sang les plus redoutables du pays.
- Trop d'honneur...
- Vous devriez partir. Le compte à rebours a déjà commencé.
Loren fit quelques pas en avant, et se retourna pour lancer au Malkavien :
- Pour vous aussi, Latréaumont, le compte à rebours a commencé. Profitez bien du temps qu'il vous reste avant que je ne revienne vous chercher...
Latréaumont éclata de rire et le Ventrue partit dans la jungle.

Quelques heures après, il était encore de ce monde. Il entendait des hélicoptères qui patrouillaient à sa recherche. Il y avait plusieurs pisteurs qui le suivaient dans les taillis. Loren avançait droit devant lui, sans aucun moyen de se repérer.

Sans le savoir, Graziella n'était pas si loin de lui. Elle avançait à la recherche d'un village, d'une ville, de n'importe quoi... Elle entendait des rafales de tirs. Par endroit, des arbres prenaient feu. Elle entendait aussi les hélicoptères. Des bombes tombaient. Elle ignorait que ce déploiement de force avait Loren pour cible.
Elle vit enfin un village. Il était envahi de créatures en treillis. Graziella reconnut une odeur familière : le Sabbat. Ils puaient le Lasombra à plein nez. Il y avait aussi ces Caïnites de la race des Frères de Sang, dont la force croît selon le nombre qu'ils sont.
Graziella s'approcha doucement. Elle ne savait pas si les serviteurs du Sabbat seraient capable de déceler son odeur. Elle repensait au lac Inya, au motard qu'elle avait empalé. Elle comprenait un peu mieux. Bien que désarmée, elle avait réussi à l'empaler....
Comment ?
C'était simple en fait, très simple, très Lasombra. Elle avait saisi un morceau d'ombre et l'avait planté dans la poitrine du Cathéen. Sur le moment, elle avait obtenu une arme grossière, comme un pieu, pas bien taillé. Accroupi, elle saisit une ombre et le prit entre ses mains. Elle coulait, visqueuse. Patiemment, Graziella la modela, poussant des petits ricanements méchants de plus en plus irrépressibles. C'était trop jouissif... Elle affûta une lame, forma un manche... Puis elle attrapa une grande fougère et enveloppa son arme dedans, et l'attacha dans son dos grâce à une solide liane. C'était rustique mais c'était dans l'ambiance...Swann
Elle s'approcha encore de quelques pas. Ils ne pourraient plus longtemps ignorer sa présence. Notre Lasombra s'enroba d'un manteau d'obscurité où brillaient ses yeux rouges. Elle fit craquer quelques branches et entra dans le village.
Les soldats virent sa silhouette. Ils prirent leurs armes et la visèrent. Graziella laissait faire...ayame
Ils ouvrirent le feu. Trop tard, elle avait déjà disparu derrière un bâtiment.
Les imbéciles de Frères de Sang, qui additionnaient leurs forces mais devaient diviser leur intelligence, coururent la chercher. Les autres Lasombra s'enveloppèrent d'ombres, plus méfiants.
- Ça sent l'un des nôtres, dit l'un d'eux.
Les Frères de Sang serraient leurs AK-47, fébriles. Ils entendaient des petits ricanements... C'était indistinct, quelque part autour d'eux. L'un d'eux entra brusquement dans une des paillotes où il avait vu quelqu'un rentrer. A l'intérieur, une misérable pièce. Les paysans avaient été réunis dans la grande maison du chef où les Sabbatiques les avaient vidés de leur sang jusqu'à la mort.
Le Frère de Sang avança sur le parquet qui grinçait. Il ne voyait pas, derrière lui, une coulée d'ombre qui remontait entre les lattes depuis le sol et formait une silhouette féminine. Deux autres entrèrent en lui chuchotant de faire attention.
- Mais je fais attention, gémit l'autre.
Soudain, une lame lui passa au travers du visage, le tranchant en deux au niveau de la mâchoire. Le haut partit dans les airs et le bas, de la mâchoire inférieure aux pieds, s'effondra. Les deux autres braquèrent leurs armes mais ils subirent un sort identique. Tranchés avec force et précision, ils tombèrent dans des geysers de sang.
Prise d'un ricanement nerveux, Graziella sortit doucement de la paillote, son arme à la main. Elle ne s'était pas forgée une claymore de barbare Brujah, ni un épée pour Toréador escrimeurs de salons. Elle avait trouvé mieux : le katana !
Un beau katana à la lame noir de jais reluisante dans la nuit !

Elle avança dans le village désert, pas à pas. Deux Frères de Sang surgirent derrière elle et firent feu. Elle bondit en l'air, en un beau salto arrière, retomba derrière eux et mit fin à leur incompétence congénitale par deux coups précis dans la gorge. Puis elle avança vers le centre du village, d'où elle aperçut les cadavres des villageois, entassés dans la grande maison. Elle savait que ses ennemis jurés étaient là. Les fidèles de Gratiano l'observaient, cachés... Le sabre de Graziella dégoulinait encore de sang. Notre héroïne fit le tour du village. Elle sentait la rage qui devait animer ses ennemis, qui n'y tenaient plus de leur envie de la dévorer, elle la suivante de Montano.
Mais ce soir-là, ils n'osèrent pas passer à l'attaque. La peur au ventre, ils partirent. Graziella le sentit et partit de son côté, son arme enrobée dans la fougère sur son dos.

A suivre...Virus
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#7
Vampire 2006 - #8

Les tirs et les explosions se rapprochaient.
Loren courait de plus en plus vite, et pourtant, ses poursuivants gagnaient sur lui. Il voyait leurs silhouettes presque invisibles se déplacer derrière lui. Il bondit pour attraper une branche et se hissa dessus, et il grimpa encore plusieurs étages comme cela. De là, il avait une meilleure vue. Il voyait une dizaine de créatures approcher, autant d'Asiatiques que d'Occidentaux. Et il y avait deux hélicoptères là-haut, de bons vieux modèles russes à ce qu'il lui sembla. Il tenta le tout pour le tout. Il se hissa en haut de l'arbre et sortit clairement à découvert. Les deux engins piquèrent sur lui et ouvrirent le feu. Loren se baissa et évita la mitraille qui déchira le haut de l'arbre. Des communications étaient passées : Les suiveurs à pied agrippaient le tronc d'arbre et commençaient à monter. Accroupi sur une branche, Loren fixa le pilote dans les yeux. C'était quitte ou double. Il le regarda de son regard le plus perçant et sentit qu'il prenait le contrôle de son esprit. Il lui intima alors violemment l'ordre de tirer sur l'autre appareil.
L'hélico passa juste au-dessus de lui, à quelques centimètres de lui raser les cheveux, et vira à 180°. L'autre pilote hurlait dans son appareil. Il n'eut pas le temps de comprendre que l'autre lui expédiait une roquette dans la verrière !
L'hélicoptère explosa en un beau feu d'artifice de pétrole, d'acier et de verre, tandis que Loren ordonnait à l'autre de revenir. Il s'accrocha au train d'atterrissage et se hissa à bord. Subjugué, le pilote ne pouvait rien faire. Il était temps car cinq assoiffés arrivaient en haut de l'arbre. Loren s'assit et ordonna à l'autre de prendre de l'altitude, puis de faire encore demi-tour et d'ouvrir le feu sur les poursuivants. Ceux-ci furent fauchés par les rafales et retombèrent au sol. A l'arrière, Loren vit plusieurs armes et une caisse de grenades. Il s'empressa d'en dégoupiller et d'envoyer des cadeaux explosifs à ses ennemis !
Les explosions brisèrent plusieurs arbres, qui s'effondrèrent et prirent feu. D'autres appareils arrivaient, guidés par les flammes.

Au sol, Graziella observaient les mercenaires passer non loin d'elle. Tapie dans les fourrées, elle les suivait à distance. Elle en entendit plusieurs parler et crier dans leurs téléphones et reconnut le nom de Loren. Elle vit alors passer en courant un Caïnite qu'elle crut reconnaître.
Elle ne pouvait pas y croire !...
Elle courut derrière lui, au risque de se faire découvrir. Haletante, elle n'attendait qu'une confirmation de ce qu'elle avait vu. Elle vit un Cathéen qui trainait la jambe. Graziella sortit son arme, lui sauta dessus et l'exécuta proprement. Puis elle enfila en vitesse sa casquette et son pardessus et suivit le groupe.

Les Cathéens hurlaient des ordres, tandis que des goules se répartissaient dans la forêt. On entendait un hélicoptère qui faisait un passage, plusieurs grenades qui explosaient. Un groupe de Sabbatiques s'arrêta dans une étroite clairière. Graziella restait en retrait du groupe, la tête penchée. Elle osa un coup d'œil et le reconnut !
C'était bien lui ! Malgré un masque physique qui améliorait un peu ses traits difformes, elle sut que c'était lui : Anatole, le Lapin de Garenne !
Le lapin qui était censé avoir rôti dans l'hôtel de Rangoon et qui était passé à l'ennemi !
Graziella ne pouvait pas l'attaquer car elle se serait fait tailler en pièce par les autres, mais elle dut faire un effort violent pour s'en empêcher. Elle repartit en arrière. C'est alors qu'on cria dans sa direction. Elle n'attendit pas pour prendre les jambes à son cou. Elle en avait entendu un s'étrangler de rage en affirmant que Loren avait réussi à s'emparer de l'hélico !
Du coup, les autres se retrouvaient trop couillons !...
Graziella courut sans s'arrêter, jusqu'au moment où une forme lui sauta dessus ! Elle sentit une lame lui traverser la cuisse, alors qu'elle était renversée. Elle vit un Lasombra, assis sur elle, se matérialiser. Lui utilisait plutôt une épée du genre Viking ! Quel manque de raffinement...
Il murmura en vieil italien qu'elle serait un mets de choix et qu'il serait délicieusement récompensé par Gratiano pour une prise si précieuse. Le katana de notre héroïne n'était plus à portée de main. Celle-ci se débattait encore, écrasée sous le poids de son ennemi. Celui-ci commença à faire entrer doucement sa lame dans sa poitrine. Paralysée, en proie à une douleur intenable, Graziella ne put même pas crier. Soudain, une grenade tomba du ciel et éclata sur la tête du Lasombra !
Celui-ci hurla de douleur et se roula par terre, le haut du corps recouvert d'éclats incandescents !
Graziella s'arracha l'épée en hurlant, se redressa, tituba, s'appuya sur un tronc d'arbre, pendant que l'autre se consumait affreusement, la tête en feu. Notre Vénitienne attrapa son arme et mit fin à ses souffrances. Puis, la poitrine en sang, elle se releva.
Elle fut alors prise d'une horrible envie de dévorer la chair de son ennemi, de se repaître de lui et d'absorber ses forces. La tentation était énorme, la Bête en elle lui criait de le faire. Le Lasombra gémissait encore, au seuil de la mort ultime.





...







Si vous voulez que Graziella vampirise le Lasombra, allez au 1.diablotinSi vous voulez qu'elle se retienne de le faire, allez au 2.Merwyn




[Image: icon14.gif]

1

C'était trop tentant et elle l'avait bien mérité ! Graziella se jeta, vorace, sur le Lasombra et le but jusqu'à la dernière goutte. C'est comme si elle venait de vider une bouteille de vodka. Une brûlure insoutenable, bientôt suivie d'un plaisir immense, orgasmique. Elle sentit couler en elle une puissance inouïe.
Il fallait bien ça pour survivre au Myanmar !


2

Non, ce n'était pas élégant. Elle avait entendu dire que Loren avait cédé à cette folie une fois, et elle ne voulait pas se rabaisser à son niveau. Elle fit donc poliment taire la Bête et lui rappela que ces choses ne se font pas parmi les gens du monde.nonOuimaisnon
Drapée dans sa dignitée, et déjà mortifiée de regret, elle tourna le dos au Lasombra.


[Image: icon14.gif]



Graziella courut vers un arbre auquel elle grimpa à toute vitesse.
C'est bien ce qu'elle craignait : elle grimpait comme un chimpanzé !TotozSes pires prédictions se réalisaient : elle allait se transformer en cheetah !

N'empêche qu'il fallait bien retrouver cet animal de Loren et quitter cette jungle détestable !
Elle arriva au sommet de l'arbre et fit des grands signes. Le Ventrue s'apprêtait à partir quand il aperçut son "amie". Il fit mine d'hésiter, alors que des Sabbatiques grimpaient à leur tour à l'arbre !
Loren fit s'approcher l'hélicoptère et Graziella sauta dedans, Loren l'aidant à se hisser à bord. L'engin prit aussitôt de l'altitude.
- Vous aussi vous passiez par là ? dit Loren.
- Une amoureuse de la nature comme moi, vous pensez bien, je ne pouvais pas rater une telle excursion...
- En attendant, nous ne sommes pas tirés d'affaire, dit le pilote. Ils nous envoient la chasse !

On voyait déjà des avions de chasse arriver des nuages.
- Des Mig-23, dit Loren. Décidément, le fonds de l'armée Rouge n'a pas été perdu...


A suivre...Virus
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#8
Quote:Elle repensa à cette pimbêche de chanteuse dont Lucinius s'était amouraché depuis quelques mois. Elle se jura, rien que pour ça, de revenir à Paris pour détruire sa réputation !

Tellement vraibravo2


Et je vais au 2.Ouimaisnon
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#9
Vampire 2006 - #8

L'hélicoptère rasait les frondaisons des arbres au risque de partir dans le décor, tandis que les Mig-23 "Flogger G" se rapprochaient. Les pilotes préparaient déjà leur système de visée : dans quelques secondes, ils enverraient au bout à coup sûr deux missiles...
- Des Vympel R-60, cria le pilote, qui ne pouvait pas descendre son hélico plus bas.
Graziella était bien heureuse d'apprendre le nom des missiles qui allaient la réduire en cendres ! Les instruments de bord s'affolaient : ils venaient de détecter qu'ils étaient pris pour cible. Plusieurs alarmes retentissaient en même temps.
Les Russes se positionnaient derrière leur cible sans se presser. Graziella ne pouvait qu'imaginer de gros Russes cruels et hilares, en train de rire grassement et de se parier une bouteille de vodka à qui abattrait la cible !
On entendait les branches taper le ventre de l'appareil.
Les Russes décrochèrent brusquement, chacun dans une direction, une seconde avant qu'un missile ne vienne exploser là où il se trouvaient !
Deux autres traînées tombèrent des nuages et poursuivirent les Mig-23. Le pilote remonta son appareil, et vit arriver, face à lui, deux "Phantom" !
Loren les avait vus aussi :
- Des Ricains !
Mig contre Phantom, c'était un scénario de guerre froide !
Les deux McDonnell croisèrent nos héros et partirent après les Russes. Sur le radar, on vit que ceux-ci abandonnaient la partie, car deux autres avions américains faisaient leur apparition. Bientôt, les quatre appareils se remettaient en formation et entouraient l'hélicoptère.
Le pilote cria plusieurs phrases dans une langue asiatique et finit, hilare, par crier :
- Nous sommes sauvés ! Sauvés !...
Il reprit de l'altitude et suivit la trajectoire imposée par les "Phantom".
- Ils nous emmènent où, comme ça ? demanda Loren.
- Je ne sais pas, mais nous sommes sauvés !

L'appareil à gauche de l'hélicoptère fit un salut des ailes. Le navigateur retirait son casque et fit un grand signe amical à nos héros : c'était Haqim !
Loren et Graziella n'en revenaient pas.

Une heure après, l'hélicoptère, à bout de carburant, se posait sur un mauvais aérodrome, dans un plateau montagneux au coeur d'une vallée encaissée. Les quatre Phantom "touchèrent" peu après et on vit Haqim descendre en treillis de son appareil.
- Quel baptême de l'air, grogna Graziella.
- Oh, moi, j'en ai vu d'autres, soupira Loren.
Il comptait que près de la moitié des vols qu'il avait faits s'étaient mal passés !
Haqim, tout sourire, arrivait avec son casque sous le bras.
- Bienvenue dans le Triangle d'Or, mes amis !
- C'est quoi ça, le "Triangle d'Or", murmura Graziella. Une secte suicidaire ?
- Mais non, rit Haqim à belles dents, c'est le nom que les Occidentaux ont donné à cette région ! Venez !
Nonchalant, plein de prestance, il emmena ses deux invités au mess des officiers où il commanda trois pochettes de sang.
- Tenez, mes amis, buvez !
Nos héros ne se le firent pas dirent deux fois.
Les quatre pilotes des Phantom étaient des Cathéens. Ils étaient partis s'asseoir à une table et sirotait leur hémoglobine sans plus se préoccuper des Caïnites.
- Vous voudriez nous expliquer ce qui se passe ? fit Loren, impatient.
- Ce n'est pas compliqué, dit Haqim. Je vous ai sauvé d'une mort certaine ! Ces gens-là sont furieux, car ils s'étaient promis une belle chasse à courre. Heureusement, ici, vous êtes en sécurité !
- Nous sommes dans le Triangle d'Or ? dit Graziella.
- Le Triangle d'Or, chère demoiselle, est le nom que vous autres Occidentaux donnez à cette région aux confins de la Thaïlande, du Myanmar et du Laos.
- C'est ici surtout, ajouta Loren, qu'est produit une bonne partie de l'opium mondial. Et depuis quarante ans, de l'héroïne...
- Monsieur est un vrai connaisseur !
- C'est un marché intéressant, fit Loren, et je ne néglige aucun commerce juteux.
Graziella pensait que rien qu'à Paris, il y avait suffisamment d'artistes ratés Toréador pour avoir besoin de se poudrer le nez dans leurs salons de prétentieux !:ahah:
- Si vous nous racontiez comment vous nous avez retrouvé, dit Loren.
- Mon cher ami, vous êtes un homme moderne. Vous êtes pressé. Vous ne savez pas prendre le temps, ce qui est pourtant le début de la sagesse.
- Vous aurez remarqué que je ne suis pas venu chez vous chercher l'illumination, Haqim...
- Certes, sourit leur hôte. Néanmoins, je vous dois bien une explication.
"Si je vous ai fait tourner en rond pendant une semaine, ce n'était pas pour le plaisir du tourisme. C'est que j'avais besoin de temps pour savoir comment vous faire rencontrer ce Bernard de Latréaumont. Je m'étais en effet renseigné sur le pourquoi de votre visite avant votre arrivée. Or, il m'aurait fallu encore quelques jours... Malheureusement, vos ennemis sont passés à l'attaque avant. Vraisemblablement avertis par ce vilain traître qui était venu avec vous...
- Anatole, fit Loren, celui-là, quand on va le retrouver...
- Allons, allons, il ne sera pas le dernier à tourner casaque. Il était en contact avec ce Latréaumont, qui a usé de ses pouvoirs psychiques pour le convaincre de rejoindre sa cause. Je pense qu'il n'a pas hésite longtemps. Cet homme-là connaît son intérêt.
- Son intérêt, je n'en suis pas certain, dit Loren. Il va apprendre que ce n'est dans l'intérêt de personne de me trahir.
- Certes, certes... Mais l'heure n'est pas encore venue... Quoiqu'il en soit, quand j'ai vu que votre hôtel était attaqué, j'ai réuni quelques amis à moi. J'ai d'ailleurs vu cet Anatole sortir de l'hôtel, secouru des flammes par vos ennemis. Et ensuite, j'ai vu qu'ils vous emmenaient, monsieur Loren, et qu'ils poursuivaient mademoiselle de Valori. C'est donc vous que j'ai suivie, chère Graziella, et au lac Inya, j'ai juste eu le temps de vous secourir, avant que vous ne receviez une dose mortelle de plomb...
- Vos amis devaient être très fort, car j'avais une dizaine de tueurs après moi.
- Ce fut une belle bagarre, sourit Haqim, je dois le concéder. Longtemps que l'on n'avait pas vu cela...
- Ce qui ne m'explique pas comment je me suis retrouvée dans un tonneau...
- Simple, très simple... Nous vous avons emmenée, inerte, poursuivis à notre tour par nos ennemis...
- Attendez, dit Loren, qui sont nos ennemis ?
- J'y viendrai plus tard, si vous le voulez bien... Je continue. Nous vous emmenons, inconsciente, et nous vous cachons dans des containers. Malheureusement, nos ennemis repèrent le navire et entreprennent de fouiller à bord. Le jour va se lever. Nous n'avons d'autre choix que de vous jeter à l'eau et d'aller nous abriter. Rapidement, vous êtes emportée par le courant et vous passez, j'en suis certain, un bien mauvais moment...
Graziella ne mentionna pas les singes et se contenta d'approuver.
- Pendant ce temps, terminait Haqim, monsieur Loren est emmené dans le pénitencier où séjournait Bernard de Latréaumont et où il était devenu une sorte d'éminence grise. Il faut en effet savoir que ce personnage, du fait de ses facultés mentales surdéveloppées, a su plier à sa volonté plusieurs seigneurs du crime et de la guerre de la région du Mandalay... Et il est à craindre qu'il n'étende bientôt son influence sur des zones plus vastes.
- Comment un Européen pourrait réussir un coup de force pareil ? dit Loren. Les immortels d'Orient détestent les gens comme nous. Normalement, ils auraient dû dévorer Latréaumont dès qu'il mettait le pied chez eux.
- Certes encore, mais ce fou n'est pas un fou ordinaire. Il est animé d'un esprit sauvage, sanguinaire, qui a forcé le respect des immortels du pays. C'est cet esprit qui a frappé chez vous en prenant le nom de "Shrek".
- C'est quoi exactement, cet esprit ?
- Une entité Malkavienne collective, qui s'est éveillée peu à peu dans l'esprit de Latréaumont...
- Je ne comprends pas bien, dit Loren. Une entité collective ?...
- Je ne sais pas bien, pour vous le dire franchement. En revanche, je sais que les Cathéens, comme vous dites, ont reconnu en lui une divinité de la destruction. C'est pourquoi ils sont tellement fascinés.
Le Ventrue pensa qu'ils n'avaient qu'à attendre de le voir à l'œuvre, lui François Loren, et qu'on reparlerait alors de divinités destructrices !

- Et chez qui sommes-nous ? demanda Graziella. Chez vous ?
- Par le Huitième Voie, certainement pas ! Ne dites pas cela, fit Haqim qui souriait pour cacher sa gêne. Ne redites pas cela. Vous êtes chez l'un des plus grands sages de notre monde. Je dis "sage" pour que vous compreniez. Dans notre langage, nous dirions "bodhisattva", mais je ne pense pas que cela vous parle tellement.
- J'ai déjà vaguement entendu le nom, dit Graziella. C'est en rapport avec le bouddhisme.
- Les bodhisattva sont des créatures exceptionnelles pour nous, un peu comme vos saints. Ils ont atteint l'illumination mais au lieu de disparaître dans le Nirvana, ils ont choisi de redescendre dans notre monde pour aider d'autres à s'élever vers la sagesse. Vous comprenez ?
Loren comprenait que ce n'était pas le chemin qu'il s'était tracé ! Il demanda juste :
- Comment s'appelle donc ce grand personnage ?
- Lum-Khan, cher monsieur Loren.
Haqim prononçait le nom respectueusement.
- Lum-Khan ?...
- Oui, le maître de l'Océanie et des Sept Voies. Le maître du Triangle d'Or. Je pense que si quelqu'un peut vous aider désormais, c'est lui. Il règne sur un Empire qui s'étend d'ici jusqu'aux confins de la Micronésie. Rien ne peut échapper à sa vigilance. S'il le veut, demain, il peut surgir devant Latréaumont et l'écraser comme un insecte sous ses pieds.
- Quand pourrons-nous le voir ?
- Dès qu'il le voudra.
- C'est à dire ?
Haqim haussa les épaules et sourit encore :
- Demain ? Ou l'année prochaine ? Ou dans trois siècles ! Qui sait ! ses voies sont impénétrables !


Virus

Un grand temple à l'abandon, rongé par la jungle.

La toiture effondrée, la lumière lunaire rentre dans la grande salle de méditation.

Un homme en robe de bonze, sans un poil sur le corps, ni cheveux, ni sourcils, médite seul, face à un petit bol d'eau pur, au centre d'un grand motif complexe en sable coloré.

Son visage est presque androgyne, ses traits lisses, et son regard est fascinant comme celui d'un pharaon. Un immortel averti verrait
aussitôt qu'il a déjà contemplé plusieurs millénaires et qu'il est sûrement assis dans ce lieu sacré depuis des années.

Il trempe le bout de son doigt dans le bol et dépose une goutte sur sa langue. C'est son premier mouvement depuis des jours. Il retrempe son doigt dans le bol puis examine la goutte qui glisse sur son doigt, lentement, et tombe à terre, sur le marbre tiède. Les effluves de la jungle et les cris nocturnes alourdissent l'atmosphère qui devrait être plus pure. Le sable frissonne sous le vent nocturne et la créature méditative prononce du bout des lèvres :
- Que se passe-t-il, Œil ? Tu m'observes depuis le début de mon séjour ici, et ce n'est que maintenant que tu te manifestes.
Le vent souffle encore et brouille les motifs à terre.
- Qui sont les étrangers qui ont pénétré sur mon territoire ? Tu me dis qu'ils m'apportent un trésor indispensable à mon cœur ? J'ai du mal à le croire, Œil. Sais-tu que j'entrerai bientôt dans ma millième et dernière vie ? Qu'est-ce que de chétifs petits Caïnites pourraient m'apporter ? Pourquoi ne m'ont-ils jamais rien appris dans les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres et que m'apprendraient-ils aujourd'hui ?... Que dis-tu, Œil ? Que je dois rencontrer ce fou qu'ils sont venus chercher ?... Que c'est lui qui peut me dévorer ?... Je suis surpris, Œil. Et donc encore plus impatient d'entrer dans cette millième vie.

La créature jeta dédaigneusement le bol et se leva, puis s'en alla dans la jungle.

A suivre...
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#10
Dieu m'est témoin qu'il me coute d'être du même avis que Loren mais le jour où nous attraperons Anatole ça sera une boucherieVirus
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