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[AFFAIRE] - Dossier COPS Z128-F "Le madre de Dios"
#71
C'est l'arme de secours du Crash8)
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#72
C'est pour ce gun qu'Alecto a changé de carrièreaime
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#73
J'espère juste qu'on ne t'as pas refilé le gun qui a servi pour le sénateur:ahah:
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#74
COPS #8<!--/sizec-->


- Tu appelleras ce gars, il te filera le matos nécessaire pour chez Forrest...
Je vois bien que Sanchez se méfie toujours. Il ne se doute pas du feu d'artifice que ça va être, ce soir chez le flic corrompu de la NADIV.
- Des pains de plastic, ça ira...
J'écrase ma cigarette et j'appelle le contact de Sanchez. Nous passons chez lui récupérer les explosifs et nous partons chez Forrest, à Gardena.

Petit quartier résidentiel tranquille, avec ses alignements de maisons identiques et leurs carrés de jardin, pour un bonheur facile et standardisé. Ce pot de colle de Sanchez a voulu venir avec moi.
Il fait le guet pendant que je rentre chez Forrest. Je crochète la porte ; personne. Un salon mal rangé. Je scotche la bombe sous le canapé et je ressors.
Il m'a fallu moins de cinq minutes.
- Y a rien à signaler ?
- Ben non, hein, Billy, sinon tu penses que je ne serai plus là !...
Les familles rentrent à la maison et passent à table. Nous partons sans précipitation.
- On part en vacances, Billy. Moi je ne te fais pas confiance, mais le Vieux a demandé à te voir... Et il y a cette grosse commande à livrer.
Il parle de ce marché conclu dans le dustland de South Central, avec ces gars tatoués de deux serpents. Du gros matériel, une bombe d'un calibre exceptionnel. Nous traversons L.A. par la voie expresse, dans le trafic de fin de journée. Les lumières s'estompent dans la grisaille : la météo annonce du gob pour la soirée. Quand nous arrivons dans le sud, les lumières virent au rouge.
- Je me demande pourquoi le Vieux te fait confiance comme ça, Billy...
- J'ai travaillé pour lui, quand j'étais jeune...

L'énorme brouillard s'empare de la ville. Les lumières de phares et de réverbères poudroient, toute crayeuses ; nous sommes dans les bouchons, dans les files ronronnantes interminables, au milieu des échangeurs. Les phares sanglants percent dans la soupe verdâtre du gob. Je manœuvre pour sortir plus tôt et finir par les petites rues.
Nous traversons les ghettos ; il y a des gangsters équipés de masques à gaz qui cassent des vitrines, des carcasses fantomatiques de voitures.
Nous passons dans un tunnel, sous la voie désaffectée où dort un métro recouvert de tags grotesques et dont l'intérieur est carbonisé. Le gob s'épaissit encore ; nous repassons dans les rues où j'ai usé mes baskets d'adolescent, à faire des courses pour Juan. Le petit immeuble où je vivais avec ma mère a été détruit il y a quelques années. Ils devaient reconstruire mais le promoteur a coulé ; maintenant, il reste un terrain vague et ce soir, le gob y stagne, étouffant. Je roule au pas. Des silhouettes traversent la route et courent d'un immeuble troué à un autre. Nous ressortons du ghetto par une avenue déserte, rouge et verte dans le soir qui tombe.

Nous ressortons du gob brusquement, comme d'un mauvais rêve et nous sommes au bord de l'océan.
La mer est vitreuse, il y a mille miroirs brisés qui brillent. Je laisse la voiture à Sanchez. Il me dit à demain.
Je fume une cigarette sur les quais, puis je rejoins mon hangar aménagé. J'entends un hélicoptère de l'Hydra passer dans le ciel et s'éloigner.
Dans le hangar, il fait poisseux ; j'y suis comme dans un aquarium. Ce soir, la température ne va pas descendre.

La jungle. La piste surchauffée en cette fin de soirée, et dix hélicoptères de l'armée colombienne qui tournent au-dessus de nos têtes. Sanchez est le dernier à sortir du jet privé, entouré de deux hôtesses aussi égayées que lui. De l'intérieur sort encore la mauvaise musique latina qui m'a abruti tout le voyage. Les militaires au garde-à-vous nous attendent. Sanchez leur tape sur l'épaule, rigole et balance sa bouteille de whisky sur la piste. Les filles remontent dans l'appareil et remettent leur corsage à peu près droit. Je suis ivre de ces femmes, du vol, de la musique et de l'air épais.
La limousine blindée nous accueille. Encore à boire ; du champagne et du whisky. D'autres filles.
La végétation qui nous entoure vit, meurt, pourrit, renaît avec une force inquiétante. La nuit va être lourde sur Bogota.


Le Cartel<!--/sizec-->

J'ai fini par m'assoupir sur le siège de la limousine, lassé par le voyage et l'alcool. Sanchez a le nez dans le corsage des filles. Il n'aura pas le temps de conclure : nous avons traversé Bogota et nous sommes dans la grande banlieue. Une immense villa surveillée par des gardes armés de AK-47.
Les pneus crissent sur le gravier rose. Les bêtes de nuits chantent dans les buissons. Un domestique recouvre la piscine. Nous sortons fourbus de la limousine.
Deux hommes nous accueillent : je reconnais Carlos et Felipe, les deux fils du "Vieux", alias Juan Vargas Ciudad.
Je les ai croisés rapidement au Mexique, il y a quinze jours environ, pour mon entrée dans le cartel. Carlos est relativement distant : il est professionnel en affaires et ne demande qu'à aider son père. Felipe, lui, m'est assez franchement hostile. Il ne voit pas du tout d'un bon œil mon entrée à Ciudad. La vérité est qu'il est instable, facilement violent.
La porte de la ville s'ouvre : il en sort un petit homme courbé, en costume blanc et chapeau Panama, appuyé sur une canne. Il est soutenu par une jeune femme, Maria, qui est sa fille adoptive. Elle est court vêtue, d'une robe rouge moulante.
- Ha, William, William... Tu es là...
Felipe me jette un regard farouche et Carlos s'approche de son père pour l'aider à marcher.
- Allons, allons, rentrons...
Je suis gêné : on croirait que le Vieux ne s'est déplacé que pour moi.
Nous entrons et nous passons au salon, où d'immenses canapés en cuir nous attendent, et une table basse couverte de tapas.
- Prenez des cigares, les garçons...
Felipe est furieux qu'on me mette dans le même groupe que lui. Maria aide son père à s'asseoir et prend aussi un cigare, avec un whisky. Je remarque qu'elle ne cesse de me regarder du coin de l'oeil, et ça continue toute la soirée.
- Maintenant que tu es là, William, je suis content... Comment va ta maman ?
Etonné, je réponds :
- Bien, Juan... Elle est en maison de repos.
- Je lui écrirai, William. J'ai beaucoup de respect pour ta mère.

A ma connaissance, ce n'est pas réciproque. A la mort de mon père, tué par accident lors d'un drive-by shooting, Juan s'est assuré que ma mère ne manquerait de rien. Elle s'est tenue à distance et elle est restée dans son petit appartement de South Central, alors qu'elle aurait pu espérer un palace si elle avait accepté les avances de Juan. Et moi, parce que je devais me chercher un père de substitution, je suis entré au service de Juan. A l'époque, il était chef d'un gang qui montait. C'était il y a vingt ans. J'ai fait des petits boulots pour lui, des courses bonnes pour un gamin, et je suis monté en même temps que je grandissais. Quand j'ai eu 18 ans, Juan a quitté le ghetto, et ma vie a bifurqué ; j'ai fini par entrer dans la police et une tête brûlée comme moi, on l'a envoyée chez les COPS.

Maria n'arrête pas de me reluquer et je sens que Felipe ne le supporte pas. Et Juan me fête comme si j'étais le fils prodigue. Après les apéritifs, on passe aux affaires sérieuses. Juan est contrarié :
- Un travailleur de la plantation est parti avec la paye de la semaine. Tu peux croire ça, William ?...
- C'est suicidaire de sa part.
- On va aller le chercher, grogne Felipe. Il va comprendre sa douleur, papa, tu peux me croire.
- Oui, il faut lui faire comprendre qu'on ne vole pas un vieil homme comme moi.
- D'ailleurs, dit Carlos en tapotant sur son ordinateur personnel, nous avons son adresse, à cet imbécile. Il habite un village ouvrier à deux pas d'ici.
- Il va peut-être quitter la région ce soir ?
- Non, Billy, dit Juan. Où voudrais-tu qu'il aille ? L'argent qu'il a volé n'est pas bien important. Mais c'est pour le principe, tu comprends ?
Plus tard dans la soirée, des officiels colombiens arrivent : des gradés médaillés jusqu'au cou, des industriels, des ministres, tous au mieux avec leur vieil ami Juan, qui leur sort ses meilleures bouteilles et demandent des nouvelles de la famille à chacun.
Je fais ainsi connaissance, en une petite soirée, avec la nomenklatura du pays. Ils rigolent et sirotent leurs cocktails, fatigués de leurs journées et heureux d'être les maîtres du pays. Fatigué moi aussi, je ne tarde pourtant pas à rejoindre ma chambre. Felipe et Carlos restent avec leur père. Moi, je commençais à me sentir de trop.

J'ai une chambre dans l'aile de la maison : très grande, climatisée, avec un grand écran au mur. Un mini-bar et un drôle de lit à baldaquin cramoisi, entouré d'une grande moustiquaire. Je me jette sur le lit, épuisé.
Je fixe longuement le plafond. A peine si j'ai le courage de me déshabiller. Ma respiration devient profonde, mais je ne dors pas encore.
Après un temps indéterminé, on frappe à la porte. Je me rassieds, on frappe encore.
- Oui, entrez, entrez...
Je me sens vaseux. Je me gratte les cheveux et en relevant les yeux, je vois Maria dans l'embrasure de la porte. J'ai l'impression que sa robe est encore plus courte et plus moulante que tout à l'heure, ses jambes encore plus longues et sa poitrine plus bombante.
- Bonsoir, Billy...
- Salut... Entre. Je te sers un verre ?
Je ne serais personnellement pas contre une petite bière... Elle ne m'en laisse pas le temps : elle se jette sur moi et nous tombons sur le lit. Elle est prête à une chevauchée sauvage :
- Petit salaud, Juan m'a tant parlé de toi... Tu es exactement comme je l'avais rêvé !
- Écoute, Maria, je ne sais pas ce qu'il t'a dit, mais c'est bien possible qu'il ait exagéré...
- Modeste en plus, hein... Tais-toi, maintenant, et montre-moi qui tu es !
Je la renverse et c'est moi qui me retrouve au-dessus d'elle. Elle aime ça... Elle rugit. Elle m'arrache ma chemise et m'embrasse à l'étouffée. Elle me griffe dans le dos et me dit qu'elle va me montrer ce que c'est que l'amour, comme les gringos ne l'ont jamais connu !
La nuit est longue est c'est la jungle tropicale sous la moustiquaire !
Je m'effondre comme une masse, pendant qu'elle se relève fumer une cigarette. Au petit matin, elle remet ça, violemment.

Je me relève, étourdi, pour aller à mon tour à la fenêtre, fumer, en profitant du lever de soleil derrière la piscine et le grand parc où l'arrosage automatique vient de démarrer.
Je me frotte le visage. Je crois que depuis le départ de LA, je n'ai pas encore atterri !
- Maria, tu devrais peut-être retourner dans ta chambre. Au moins, pour garder un semblant d'apparence.

Je passe sous une douche glacée et j'arrive, rasé de frais pour le petit-déjeuner au bord de la piscine. La chaleur est encore supportable. Carlos finit ses longueurs de dos crawlé, en parlant dans son oreillette water-proof. Felipe mange, énervé par mon arrivée. Juan m'accueille chaleureusement et me dit de manger solidement.
- La journée va être sportive, les garçons ! Carlos et William, vous allez récupérer la caisse de la plantation. Felipe, tu restes avec moi : nous avons le rendez-vous de demain à préparer.
- D'accord, papa.
- Je vous ai préparé tous les dossiers, dit Carlos.

Maria arrive et fait quelques longueurs de piscine, vêtue au minimum. Elle fait un massage à son père et vient nous embrasser, Carlos, Felipe et moi en nous souhaitant bon courage. Je me demande si les autres savent.
Trois hommes finissent de charger la jeep et font signe qu'ils sont prêts. Nous enfilons des vestes renforcées et nous soupesons des fusils.
Juan arrive, un cigare à la main :
- Faites-leur sentir ce qu'il en coûte de me nuire.
- Ne t'inquiète pas, papa, dit Carlos. Ils vont le sentir passer.
Notre véhicule démarre sur la piste : nous roulons une heure, pendant laquelle la chaleur monte sensiblement. Nous passons les immenses plantations de Juan, où les ouvriers triment déjà depuis l'aube, surveillés par des hommes en armes.


Règlements de compte<!--sizec--><!--/sizec-->

Le village où nous arrivons, comme une bande de mercenaires que nous sommes, est misérable. Je ne suis pas sûr que Juan ait fait installé des sanitaires et de l'eau chaude. Des gamins jouent dans la boue et on entend de mauvais postes de télé crachoter les programmes. Quand notre jeep se gare, les mères ramassent leurs progénitures en vitesse et disparaissent dans leurs habitations croulantes.
Carlos trempe ses grosses rangeos dans la boue et arme son fusil. Deux soudards, lunettes noires à la Pinochet, allument une cigarette et le suivent. Nous traversons le village sur lequel s'est abattu un silence de mort. Un chat décampe d'une poubelle. Nous nous postons devant la maison du voleur, un certain Marco Pacheco.
Carlos passe le premier en défonçant la porte. Nous trouvons une famille terrifiée. Je rentre avec les deux soldats. Ils étaient en train de regarder la télévision.
- Pitié, senior Carlos... pitié, ce n'est pas moi !
- Ferme-la ! hurle Carlos. Ferme-la !
Il le braque.
- Qu'est-ce que tu as cru, imbécile ?...
- Ce n'est pas moi... pas moi qui...
- Pauvre loser... Le pire, c'est que Juan se fiche pas mal des quelques milliers de dollars que tu lui as pris... Mais il y a des principes, Marco. Et des sanctions pour ceux qui les transgressent.
Je grogne à la femme qui a ses deux enfants dans les bras :
- Allez, tirez-vous !
Carlos fait un petit signe que non.
- Haha, mon ami, tu as le cœur bien trop tendre. Tu penses encore en flic.
Les deux hommes de main de Carlos attrapent sa bonne femme et l'emmène, hurlante, dehors. Carlos décharge son arme sur Marco, qui finit étalé sur son canapé. Il me dit d'attendre dehors.
Il balance un gros jerrycan dans le salon et y met le feu. Tout va flamber en moins de deux.
Les deux hommes de Carlos ont jeté les gamins dans la boue et violent la mère sous leurs yeux. Le feu prend à la maison.
Carlos ressort, hilare et me tape sur l'épaule.
Et lui, Carlos, il faut se rappeler que c'est le plus mesuré ! Il se serait passé quoi, si Felipe était venu ?...
- Allez, on rentre. On va boire un verre pour fêter cette petite sauterie.

Deux grosses jeeps arrivent en trombe dans le village, avec à bord d'autres mercenaires. Nous voyons leurs lunettes et leurs armes briller. Nous n'avons pas le temps de respirer qu'ils ouvrent le feu sur nous !
Nous nous jetons derrière la porte du véhicule. Les balles fusent. Elles frappent la porte, la trouent, rebondissent. Les vitres éclatent et nous sommes assourdis par la mitraille. Je me relève et lâche une rafale, et je me remets à couvert. Carlos court à l'autre porte, aidé par ses hommes. L'un d'eux se met à la place passager et démarre le véhicule. Je lance une autre rafale et j'abats deux des tueurs d'en face. Les balles fracassent tout ; des poubelles volent, des vitres de maisons éclatent, une jeep d'en face prend feu, de grandes éclaboussures boueuses nous aspergent. Je prends deux balles en fin de course : elles me frappent à la poitrine, et m'envoient dans une flaque, le souffle coupé. Le gilet m'a protégé mais je reste paralysé quelques secondes.
- C'était bien un piège, me lance Carlos au passage. Ce crétin de Marco n'était qu'un appât pour nous ! Ça paraissait trop stupide de prendre la caisse !
Merci pour l'information ! La prochaine fois, on essaiera d'y réfléchir avant de foncer tête baissée !
Je me relève et avance vers une bicoque qui m'offre un abri provisoire. Les tirs éclatent comme le tonnerre dans la grande rue. On entend des gens hurler à la mort, touchés alors qu'ils étaient terrés chez eux.
Dernière rafale pour moi, meurtrière : encore un sicario qui tombe. Nous décrochons : Carlos et moi sautons à l'arrière de la jeep et le conducteur fait marche arrière. Je cours vers le véhicule. En face, cinq victimes, et deux autres qui prennent la fuite. Demi-tour serré et nous quittons le village, plein gaz.
- Tu les connais au moins, ceux d'en face ?
- Ne t'inquiète pas, Billy. C'est un cartel rival.
- Alors, on n'a plus qu'à aller leur faire la peau !
Carlos éclate de rire.
- Tu n'es vraiment pas acclimaté, toi !... Les règlements de compte, c'est courant ici. On vit, on meurt, c'est tout. Là, ils venaient se venger pour leur plantation qu'on a fait brûler le mois dernier... C'était de bonne guerre en somme !
J'enlève mon gilet pare-balles. J'ai récolté trois des plus beaux hématomes de ma carrière.

*

La jeep file à tombeau ouvert et se gare, une heure plus tard, épuisée, sur le gravier devant la piscine de Juan. Carlos est encore bien hilare de notre promenade. Juan arrive, aussi vite que lui permettent ses jambes :
- Mon fils, mon fils, que se passe-t-il ?
- Ceux du sudeste nous attendaient, papa... C'était un piège. On avait à peine fait la peau à Marco qu'ils nous tombaient dessus.
Felipe est fou de rage :
- On ira tous les crever jusqu'au dernier !
- Non, dit Juan. Nous avons plus urgent !... Il tousse et se racle la gorge. Carlos et William sont en vie, c'est l'essentiel.
- Ouais, fait Carlos, et d'ailleurs, Billy s'est battu comme un chef. Vous auriez dû le voir en action !
- Je le savais, dit Juan, admiratif. Je le savais...
Maria est tout autant en pâmoison. Comme disent ceux du CRASH (l'anti-gang du LAPD), elle est chaude comme un trottoir de South Central ! Trempé, j'enlève mon gilet et ma veste et je soupire en vidant un grand verre de jus de banane.
- Venez, venez vous remettre à l'intérieur.
- Tu es blessée ? me dit Maria en touchant mes pectoraux bleuis.
- Rien de grave.

Nous finissons l'après-midi sur les canapés, à siroter des pina coladas et des mojitos.
- Oublions ce petit incident, dit Juan. Nous avons vraiment plus urgent à faire.
J'apprécie le "petit incident". J'attends de voir ce qu'est un "gros incident". Et, je l'ignore encore à ce moment, mais j'aurai la réponse dès demain.
- Nous avons une rencontre très importante, pour la commande que Sanchez et William ont prise à Los Angeles. C'est une très très grosse commande, et nous devons l'honorer.
Carlos diffuse des données militaires sur l'écran mural :
- Une bombe de type... non-conventionnel. D'après les documents fournis par les Serpents-Jumeaux (c'est le nom de notre client), il faudra du matériel militaire et civil de pointe. De celui qu'on peut acheter, à prix d'or et en toute discrétion, dans notre beau pays.
- Je vais rencontrer le livreur demain, dit Juan. Vous m'accompagnerez tous, même Maria, car ce sont des gens importants.

Le soir, je croise Felipe dans l'escalier. Il me fait comprendre qu'il se méfie toujours de moi, et qu'il voit bien notre petit jeu avec Maria.
S'il savait que nous avons déjà dépassé le stade du "petit jeu" !
N'empêche qu'il ne me fait pas trop confiance, même après la fusillade au village. Il me remercie quand même d'avoir bien aidé Carlos. Je sens le gars instable. Il est en rébellion quasi-ouverte contre son père et le contrarie dès qu'il peut. J'ai pitié du vieux Juan, malmené par ce fils trop impatient. C'est vrai qu'à L.A., dans le temps, le Vieux me considérait comme son fils. A l'époque, je délivrais des paquets à ses hommes, un peu partout dans les ghettos, alors que Felipe et Carlos ne volaient pas encore des bonbons à la boulangerie. Du coup, implicitement, je suis l'aîné.
Maria me dit que j'ai été formidable etc. Je pense qu'elle est carrément nympho. Mais elle a des arguments pour le faire oublier. Elle pourrait jouer Carmen ; elle me fait penser à cette actrice du début du siècle, Penelope Cruz. Elle me prend carrément pour son bel hidalgo !

*

Le lendemain matin, je passe devant la chambre de Felipe. Il est au téléphone et détourne visiblement la tête en me voyant passer. Il y a déjà du remue-ménage, tôt le matin, car Juan emmène tout son Etat-Major pour la rencontre de cette après-midi. Finalement, Carlos va rester ici.
Par la télévision, je prends quelques nouvelles de L.A. Jade et Reito enquêtent sur des tentatives d'assassinat d'un sénateur favorable aux xeno-greffes. Pour le moment, ce sont ses sosies, fournies par une société spécialisée, qui lui ont dégusté. Mais il continue à soutenir son projet. Les médias donnent la piste d'éco-terrroristes hostiles aux manipulations du corps humain. Jade et Reito, sur la piste des écolos extrêmistes, ont été pris à partie par le service de sécurité du sénateur. Ils ont failli se faire descendre ; hier soir, Jade a mené une descente en règle au siège de la société, où ils ont raflé le personnel.
J'apprends aussi que la soeur de l'agent Akechi est accusée de meurtre. Elle est en détention pour le moment et il n'y a pas grand-chose qui joue en sa faveur.

En fin de mâtinée, c'est Felipe qui distribue le matériel. Des fusils derniers modèles, des prototypes militaires. Le genre de jouets dont rêverait tout COPS normalement constitué. Vision laser, plusieurs chargeurs tournants, stabilisateurs etc. Il ne manque que la radio et la machine à café.
Je soupèse la bête.
- Bel engin...
- Je ne sais pas si tu sauras t'en servir, me dit Felipe, méprisant.
- Au contraire, je sens que je vais m'amuser comme un fou.
J'épaule le fusil et je vise un oiseau sur une branche. Le laser lui touche l'aile et il s'envole. Je tire et un gros clac retentit. Pas de chargeur.
- Tu veux jouer à ça, hein ? dit Felipe, haineux. Viens avec moi.
Nous descendons au stand de tir. Nous enfilons le casque et les lunettes de sécurité. Felipe règle une cible à cinquante mètres. Il épaule et tire une rafale : il ramène le carton ; il n'y a qu'un seul gros trou.
- A ton tour.
J'épaule, je vise et je tire.
Le carton revient, avec quatre trous plus ou moins au centre.
- Ça, c'était l'échauffement. Maintenant, on va tester la portée de ce bijou, Billy.
Il envoie les cibles à cent mètres. Il épaule, toujours assuré, tire : carton plein ! On ne voit qu'un seul impact. Goguenard, il règle ma cible à la même distance. Je tire et cette fois, on ne voit qu'un seul trou !
- Et en plus, tu te fous de moi, hein...
Rageux, il enlève son casque et s'en va.
Je souris et je joue avec la sécurité de l'arme, puis je remonte m'équiper.

La piste est sombre sous le couvert végétal. Nous roulons depuis deux heures quand nous arrivons en vue d'un fortin militaire. Notre convoi de trois limousines blindées pénètre dans la base, gardée par quatre miradors. Carlos vient aider son père à descendre. Nous sommes accueillis par trois hommes en treillis, des fournisseurs qui profitent des équipements de l'armée. Ils vont s'isoler dans une cahute blindée pour parler affaires, pendant que nous attendons dehors, en buvant une bière avec les sous-offs.
On discute le bout de gras et on s'offre des cigarettes, au frais devant le corps de garde. Depuis leur cahute au fond de la cour, quelques filles nous font des clins d'œil.

La chaleur devient vraiment étouffante. Des points apparaissent au loin dans le ciel bleu. Trois opérateurs, inquiets, rejoignent leur poste radar. Les points grossissent : des hélicoptères ! J'entends un soldat crier qu'ils ne sont pas identifiés !
Ils foncent sur nous, maintenant, c'est sûr. Branle-bas de combat : nous courons chercher Juan pendant que les autres gardes du corps s'occupent de leurs patrons.
Un des opérateurs sort et crie que ce sont des engins de l'Union ! Ils s'apprêtent à nous lancer dans un bel ensemble leurs tomahawks dernière génération. Des soldats ouvrent le feu pendant que nous courons aux limousines. Felipe monte dans le premier véhicule. Je lui propose de monter avec lui pour ouvrir la route mais il me dit de rester à l'arrière avec son père et Maria. C'était une folie de l'emmener, elle, dans cette opération ; elle n'avait rien à faire avec nous !

*

Nous démarrons en trombe, alors que les missiles fracassent le camp. Les prostituées se font rôtir, et une grosse couche de napalm s'abat pour finir la tournée. Les hélicos passent en rase-mottes et mitraillent les derniers survivants. Ils partent, remontent et s'apprêtent à repasser, puis nous poursuivre. Nous avons le temps d'atteindre la jungle, où nous sommes provisoirement à l'abri. Felipe est parti dans la jeep ; soudain, par la radio, nous l'entendons nous alerter. L'instant d'après, la communication est coupée. Le convoi s'arrête : nous voyons sa jeep renversée, la porte éventrée. Je me précipite dehors, en ordonnant à Juan et Maria ne de pas sortir.
Je cours, en suant dans mon armure de combat, mon lourd fusil dans les bras. J'approche de la jeep en braquant mon arme. Plus personne à l'intérieur. Pas de dégâts apparents, pas de trace de sang. Les occupants ont dû en sortir indemne. Le rotor des hélices envahit la jungle et couvre les hurlements des animaux. Toute la végétation tremble au passage des engins, qui rasent le couvert végétal. Ils nous cherchent, ils nous ont sûrement déjà trouvés.
Etourdi, j'étudie le terrain tout autour de moi, au-dessus. Je suis seul. Je me retourne vers le convoi. Un des gardes du corps est sorti, et braque son arme lui aussi.
Des tirs partent et je vois sa tête exploser. Secoué par la rafale, il s'effondre par terre. Le deuxième véhicule est détruit ; le second garde du corps prend une balle dans la tête et s'abat sur le siège, à côté de Maria et Juan. J'entends Maria hurler.
J'entends un grognement derrière moi. Je me retourne et je vois un énorme chien cybernétique. Imaginez le chien des Baskerville, mais en version robotisé ! Ses gros yeux rouges me fixent, des lames sortent de ses pattes. Des soldats sortent des fourrées et me braquent. Felipe sort à son tour :
- Ha, Billy, Billy...
Il jubile.
- L'heure de la vengeance est arrivée !
Juan est sortie du véhicule. Il doit s'appuyer sur le toit :
- Felipe, que se passe-t-il ?
Je crie à Juan de rentrer dans la voiture.
- Ça suffit, papa, c'est la fin pour toi ! Il est temps que je prenne la relève ! Sinon, c'est lui, Billy ton chéri, qui va prendre ma place !
- Felipe, je ne comprends pas...
Il devient drôlement gâteux, pour le coup, le Vieux... Il aurait dû se souvenir que les successions se font rarement pacifiquement, dans ce genre de dynasties.
- Tais-toi, papa... Je prends la suite. Toi, tu es fini !
Les soldats braquent Juan. J'ai le malheur de faire un mouvement et le chien me saute dessus !
J'ai juste le temps de lui tirer une rafale, mais cela ne suffit pas. Il mord dans mon épaule et nous roulons dans la poussière. Felipe rigole du combat. Je me débats contre l'horrible molosse ; je le repousse d'un coup de crosse et je lui tire encore une balle, dans la tête. Il est secoué, hésite ; je me relève et je l'achève en finissant mon chargeur sur lui. Je le transforme en grosse passoire d'acier.
Les soldats me pointent leurs lasers sur le nez :
- Lâche ton arme !
J'obéis et je lève les bras.
Felipe s'approche, goguenard :
- C'est terminé, ton petit numéro, Billy.
Il m'envoie un bon coup de grosse dans la mâchoire. Je tombe dans la poussière et je fais le mort.
- C'est terminé pour nous, monsieur, disent les soldats.
Ils envoient un signal et "décrochent".
Felipe savoure sa victoire. Il braque son pistolet sur son père ; Maria prend Juan dans ses bras. J'ai la tête qui tourne. Je l'entends proférer les pires insultes de l'Amérique latine. Mon fusil est trop loin de moi. Tant pis, il va falloir la jouer gangsta, comme au bon vieux temps des streets fights de ma jeunesse !
Je me relève et je bondis comme un chien cybernétisé sur Felipe, et je l'entraîne avec moi dans la poussière. A la rixe façon ivrognes, il ne fera pas le poids ! Il se débat, hystérique, et tente de m'envoyer un pain, mais je lui en colle deux-trois rien que pour le plaisir de lui abîmer sa jolie figure bronzée. Je lui en fais morfler ; je le relève enfin à l'état de chiffe molle et je le plaque sur le capot de la voiture, avec une bonne clef de bras pour finir. Une bonne derrouillée pour se remettre les idées en place !
- Je te déteste ! Je te déteste !
Juan a les larmes aux yeux :
- Arrête, Felipe, arrête...
- Vas-y, Billy , bute-moi pour de bon ! Qu'on en finisse !
J'ai sorti mon pistolet de l'étui de ma botte et je lui plaque sur la nuque. Ce n'est pas l'envie qui me manque.
- Hahaha, Billy par-ci, Billy par-là ! Dis-lui donc, Juan !
- Tais-toi, Felipe, je t'en prie...
Le Vieux se décompose comme une fleur fanée.
- Non mais il n'y a jamais eu que pour toi, Billy ! Le grand, le beau, le valeureux ! Qui est meilleur que Carlos et moi !
- Tais-toi, Felipe, par pitié...
Juan est effondré.
- Dis-lui, papa, dis-lui donc !...
Je pourrais lui casser le bras qu'il ne se tairait pas.
- Dis-lui, hein, comment tu as baisé sa putain de mère !
Je frappe sa sale gueule contre le capot :
- Ose encore insulter ma mère et je te fais sauter la cervelle, mauviette !
- Haha, ta mère, ta mère qui s'est fait sauter par Juan !... Allez, un petit effort, Billy ! Tu ne comprends pas ! Tu ne comprends pas qui est vraiment ton père !
Terrifié, je relâche mon étreinte. Je fixe Juan, qui me regarde, lamentable.
- Tu en dis quoi, William, hein ! Hé oui, c'est Juan qui est passé le premier, avant monsieur Costigan ! Pourquoi tu crois que le Vieux aimait tant ta putain de mère !
- Juan, dis quelque chose !
Je ne sais plus quoi penser. Juan ne déments pas.
- William, arrête, me dit-il, on va s'expliquer.
Maria, à bout de nerfs sort alors un pistolet et braque Felipe.
- Je vais le finir ! Je vais le finir !
La situation se complique.
Je crie à Maria de baisser son arme et de rentrer dans la voiture.
- Je t'aime, Billy. Elle pleure à chaudes larmes. Je t'aime et je ne veux pas le laisser tout gâcher, ce fumier...
- Maria, baisse ton arme !
Elle ne va pas obéir. Je tiens toujours Felipe sur la voiture et je braque mon arme sur Maria :
- Baisse cette arme, maintenant, ou je te loge une balle dans le bras !
Ses lèvres et son visage paraissent prêts à s'effondrer.
- Non, Billy, tu ne ferais pas ça...
Je balance Felipe de l'autre côté de la voiture et j'approche de Maria. Elle jette son pistolet et tombe dans mes bras. Je l'assois dans le véhicule et j'aide Juan à s'y installer à son tour.

*

Les hélicos se sont éloignés. Les singes hurleurs reprennent leur cacophonie. La jungle est si lourde que les feuilles ont l'air de peser des kilos chacune. Juan dit qu'il est désolé, qu'il s'excuse.
J'attrape Felipe par le cou et je le boucle dans le coffre. Je prends le volant et je pars à toute allure. Je conduis les doigts crispés sur le volant, comme si la vitesse allait m'éloigner plus vite du passé.
La route est longue. Maria s'endort dans les bras de son père. J'ai entendu Felipe cogner à l'arrière mais il a renoncé. Je roule plus doucement et je vois la jungle nous avaler. Nous formons une belle petite-famille. Le retour du fils prodigue, la vengeance du second fils... Juan, trois femmes, quatre enfant, dont une fille adoptive et un fils caché. Juan qui prenait tant soin de ma mère... Juan qui m'avoue, dans la voiture, que la mort de mon "père" n'était pas un accident.
- J'étais fasciné par ta mère, William... Des hommes à moi n'en pouvaient plus. Ils sont allés voir ton père, enfin monsieur Costigan...
- Mon père, Juan... L'homme qui m'a élevé...
- Je pensais qu'ils voulaient l'effrayer... Je ne savais pas qu'ils voulaient le supprimer.
- Tu me donneras le nom de ces hommes, Juan.

Nous arrivons à la villa. Carlos nous accueille, interdit. Un seul des trois véhicules est de retour.
- Que s'est-il passé ?
Je boucle Felipe dans une cellule. Juan va dans ses appartements. Carlos a couché Maria, qui est à bout de nerfs. Il lui a donné un calmant.
Je m'assois dans les canapés et j'ouvre une bière. Carlos arrive :
- Tu vas enfin me dire ce qui s'est passé ?
Je soupire et j'avale d'une traite la canette.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Felipe nous a trahis... Il voulait la place de ton père. Il s'est allié avec l'Union.
Je n'aurai pas le courage d'en dire plus ce soir. J'ai la gorge serrée. Carlos, pragmatique, comprend qu'il vaut mieux attendre et qu'on en reparlera demain. Le soir, Juan, dans son lit, me souffle qu'il va livrer Felipe à l'armée colombienne. Il me serre la main et me répète qu'il est désolé.
Je ressors ; depuis la piscine, j'aperçois la silhouette de Maria derrière ses stores vénitiens.
"Billy, dis-moi que tu ne m'aurais pas tiré dessus, dis-le moi..."

Il faudra que j'aille lui parler.
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#75
Suiteredaface2
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#76
' Wrote:Suiteredaface2

je kiffesmile
Trop bon
:clap:
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#77
C'est trop bon l'histoire d'Alecto en Colombie. Franchement j'avais l'impression de regarder un film.

Bon Nico, je compte sur toi pour régler ce 'problème' de bombe à la racine. Hein parce que les petits trafics, les cocktails et les filles c'est bien gentil, mais il faut redescendre sur terre. Il faut leur péter la geule, quoiOuimaisnonEt ça, c'est dans nos cordessmile
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#78
' Wrote:C'est trop bon l'histoire d'Alecto en Colombie. Franchement j'avais l'impression de regarder un film.

Bon Nico, je compte sur toi pour régler ce 'problème' de bombe à la racine. Hein parce que les petits trafics, les cocktails et les filles c'est bien gentil, mais il faut redescendre sur terre. Il faut leur péter la geule, quoiOuimaisnonEt ça, c'est dans nos cordessmile


HahahaSwannje vais lancer un ultimatum à cette bonne ville de L.A. moi-même :jmekiffe:
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#79
Suite et fin.Guns
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#80
COPS #9



Carlos se ressert une pina colada, les jambes sur la table basse en marbre. Je le rejoins et je m'affale à mon tour dans les immenses canapés en cuir de Juan.
- Le général Jamon est venu chercher Felipe, Billy... Ils vont l'emmener pour l'interroger en ville.

Jamon est un grand ami de Juan. Il ne peut rien lui refuser.

Carlos s'allume un bon barreau de chaise cubain et m'en offre un. Il me tend la flamme de son Zippo en or :
- Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
Je prends une copieuse bouffée et je recrache des grosses boules de fumée.
- Je te l'ai dit. Felipe nous a trahis. Il s'est allié à la CIA, qui a débarqué avec des hélicos, des cyborgs de combat... Ils veulent reprendre le cartel en main et mettre leur pion à la tête.
- Comment Felipe a pu nous trahir ?...
Je ne réponds pas à sa question. Je lui demande :
- Comment va Juan ?
- Le docteur lui a donné un sédatif. Il s'est endormi.
Il écrase son cigare à moitié consommé dans un cendrier en ivoire.
- Demain, nous avons du travail, Billy. Il y a eu une attaque contre un de nos laboratoires. Une dizaine d'hommes, solidement armés. L'un d'eux a été arrêté.
- D'accord. Si tu veux, je l'interrogerai.
- Tu ne te refais pas, Billy. Tu es bien un flic.
- C'est terminé ça...
Comme pour appuyer mes dires, on voit à ce moment à la télévision mon portrait qui apparaît dans les infos de dernière minute. Le LAPD diffuse le portrait du tueur présumé de Carl Forrest : mes empreintes ont été retrouvées sur la bombe qui a soufflé sa maison, et le corps retrouvé dedans a été identifié comme étant le sien.
- Te voilà devenu une vedette, Billy.
- Oui...
Si je retourne à L.A., tous les services de police, tous les agents du LAPD seront après moi, prêt à m'abattre au premier coin de rue !
- J'ai parlé un peu avec père, Billy. Il m'a dit que tu cherchais des informations. Je n'ai pas bien compris sur quoi.
Je toussote.
- C'est une vieille histoire. Quand j'avais dix ans, des hommes de Juan ont fait abattre mon père... Enfin, mon père adoptif, monsieur Costigan. J'ai toujours cru que c'était Juan. Et j'ai appris qu'en fait, c'était des associés de Juan qui l'ont fait sans lui dire, en déguisant le meurtre en accident... Ils sentaient que Juan leur échappait, se laissait fasciner par ma mère... Je veux les retrouver.
- Haha, je comprends pourquoi tu as quitté la Californie, alors. Pourquoi tu as voulu revoir Juan... Tu es venu te venger.
Il sourit, il le dit sans méchanceté.
Je suis embarrassé. Je lui concède que c'est pour cela, mais pas que.
- Je n'aurais pas plaqué toute ma vie rien que pour une vengeance... Mais j'avais besoin... Enfin, je devais... Il fallait que je rompe...
Je m'embrouille. Il sourit toujours. La télévision continue de diffuser mon portrait en boucle.

*

J'écrase mon mégot.
Je me lève, je traverse le jardin et je toque à la porte de Maria. Les stores sont baissées et j'aperçois par les rideaux une silhouette allongée sur le lit. Elle se lève, enfile un peignoir et m'ouvre. Elle tient une boîte de cachets.
- Je n'arrive pas à dormir, Billy.
- Je peux rentrer ?
Elle me laisse le passage et s'allume une cigarette. Elle veut se donner une constance mais elle craque rapidement.
- Dis-moi, dis-moi que tu ne m'aurais pas tiré dessus !...
Je m'assois sur le bord du lit.
- Écoute, je suis un ancien flic. J'ai déjà vécu ce genre de situation de combats. Dans ces cas-là, je suis habitué à donner des ordres et à ce qu'on m'obéisse... Tu peux comprendre qu'entre l'attaque à la roquette, la fuite, ce chien, la trahison de Felipe et les révélations de Juan, j'étais un peu à cran... En plus, si je te disais de rentrer dans la voiture, c'était pour te protéger...
- Dis-moi que tu ne m'aurais pas tiré dessus !
- Mais non, bien sûr... J'étais à bout de nerfs... Mais pas au point de...
Elle me prend dans ses bras.
- Il faut que tu te reposes maintenant. Tout le monde est éprouvé.
- C'était trop pour moi... Cette attaque, cette trahison...
- Oui, bien sûr. Je ne sais pas pourquoi Juan a voulu t'emmener... C'était une mauvaise idée. Désormais, on fera en sorte de t'éviter ça, d'accord ?
Je lui caresse la joue. Elle m'enlace.
- William, qu'est-ce que tu dirais de partir d'ici ?... Loin... Tous les deux...
- Écoute, Maria...
Elle me supplie par ses étreintes et son regard. Je suis pris de court.
- D'accord, oui... Mais je ne peux pas partir comme ça...
- Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu veux faire ta vie avec moi ?
- Mais oui, bien sûr, mais il ne faut pas se précipiter... D'abord, pour partir, il faut de l'argent. Le cartel en a, et après ce que Juan m'a dit... j'ai droit à ma part.
- De l'argent, j'en ai aussi...
- On partira loin. A Kingston ou à la Havane, je ne sais pas.
- Oui, oui, comme tu veux. On pourra avoir un enfant...
J'ai des suées !
- Oui bien sûr...
- Tous les trois, on sera bien...
- Dors maintenant.
Je la sens qui tombe. Je l'allonge sur le lit et je la couvre d'un drap. Je lui serre la main et j'entends sa respiration devenir plus régulière et plus douce, et son corps se réchauffer.
Je quitte la chambre sans bruit.
Les bêtes de nuit criaillent et la lune trempe dans le chlore de la piscine.

*

Le soleil est à peine levé sur les frondaisons du parc qu'on frappe à ma porte. Allongé de travers sur le lit, je me dépêtre des draps avec lesquels j'ai passé une partie de la nuit à me battre.
- Entrez.
Une accorte hôtesse entre avec un portant roulant où sont accrochés une dizaine de costumes.
- Le petit-déjeuner est servi au bord de la piscine, monsieur Costigan. Et monsieur Vargas vous fait envoyer ses meilleurs costumes.
- Comment t'appelles-tu ?
- Marisol, monsieur.
Je me gratte les cheveux :
- Dis-moi, Marisol, tu crois que tu pourrais me monter un grand verre de jus d'orange ?
Elle sourit et ressort.
Je vais m'asperger le visage d'eau et je fais un brin de toilette. Marisol me rapporte un grand verre, que j'avale en trois gorgées. Je soupire de satisfaction.
- Merci beaucoup.
Je vais derrière un paravent enfiler un short de bain.
- Pour le costume, je prendrai le crème, là. Avec le panama blanc et les pompes en croco.
Avec ma carrure de pilier de football, ça va m'aller à ravir !

Juan est déjà attablé avec Carlos et Maria. Je pique une tête dans la piscine et je me frictionne vigoureusement la tête en ressortant. J'ai une faim de loup.
Tout le monde a l'air d'aller mieux. Je me fais une grosse tartine et je prends deux bonnes saucisses et des œufs.
- Prends des forces, Billy, dit Juan.
Il est très heureux de sa petite famille.
- La journée va être longue, alors mange bien.
Juan a mis ses plus belles bagouses, la Rolex offerte par le Presidiente-General, le Panama acheté à Panama et son costume taillé à Palerme. Maria sourit, parle beaucoup et ne se prive pas de yaourt à la banane et au miel.
- Maria, lui dit Carlos, arrête de t'empiffrer. Tu as envie de ressembler à une paysanne à gros cul ?
Elle l'envoie chier sèchement.
- Allez, arrêter de vous disputer mes enfants.

Il y a un rayon de soleil radieux sur la piscine. Je me sers un grand café, frais moulu de la veille. Carlos finit de ranger des papiers dans sa valise blindée.
- Nous partons, camarade ?

Les grosses limousines nous emmènent sur la piste à l'est de Bogota, précédée d'une jeep armée d'une gatling. Carlos me passe des documents relatifs au laboratoire.
- C'est là que nous raffinons la coca, mais pas seulement. Nous avons surtout une équipe de scientifiques qui expérimentent de nouveaux produits de synthèse. L'équipe qui a attaqué a dérobé des plants d'ayahiline, une base pour plusieurs drogues comme le quetzacoalt, le Mojo 17 et l'ayabuchca.

J'ai entendu parler du "quetz" à L.A. C'est la drogue vendue par l'Aztec Mafia. Carlos me confirme qu'ils traitent avec eux. Les "Aztèques" vendent leur produit à un groupe appelé la "Pyramide". C'est une secte où se retrouvent de nombreuses personnalités du gratin de L.A. (vedettes, politiciens, hommes d'affaires...), qui ingèrent le "quetz" pour trouver en eux l'instinct d'un totem animal.
C'est ce que va confirmer l'interrogatoire du prisonnier.
- Cette sombre merde est un mercenaire engagé par un groupe de chez toi, Billy -de L.A.. Ils s'appellent Genson Biotech. Ils sont en concurrence avec les "Aztèques". Nous, nous refusons de traiter avec eux. Ils veulent nos prototypes. Ceci dit, on ne comprend pas pourquoi ils ont pris le risque de nous attaquer.
La limousine entre dans un grand hangar où des portes blindées se referment. Nous passons ensuite dans un ascenseur, et nous arrivons devant un laboratoire hermétiquement fermé. Des scientifiques en blouses blanches avec respirateurs travaillent sur des échantillons végétaux. Le chef du labo doit passer à travers un sas et se laver soigneusement les mains avant de venir nous saluer.

Nous passons ensuite dans un second ascenseur qui est plutôt un monte-charge. Carlos referme la grille en fer forgé et nous descendons dans ce qui ressemble aux entrailles de chez Vulcain. Le point lumineux du laboratoire finit par disparaître et nous arrivons dans les sous-sols de la base. L'étage est construit comme un pénitencier. Des gardes armés de fusils mitrailleurs surveillent depuis une coursive des cellules. Dedans, des hommes affamés, hagards, faméliques. Certains ressemblent à des lépreux, d'autres à des victimes du "gob" de L.A. Ils sont rachitiques, terrorisés.
- C'est ici que nous expérimentons des produits. Nous avons beaucoup de cobayes.
Nous traversons cette cour des miracles et nous arrêtons devant la cellule du fond. Il y a un type attaché, fou de peur, qui se débat en nous voyant arriver.
- C'est lui, ce fils de pute vérolée, que nous avons capturer.
"Ils étaient dix. Nous en avons tué trois et six autres se sont enfuis. Lui payera pour les autres.
Le type hurle à la mort.
J'allume une cigarette.
- Je vais l'interroger, si tu veux.
- Si tu peux lui faire cracher d'autres informations, Billy, ce sera bienvenue.
Une voix féminine dit, derrière nous :
- Après la nuit qu'il a passée, ça m'étonnerait.

Je me retourne et là, je dois faire un violent effort pour cacher ma surprise. Je revois l'image de la tueuse qui abat sous mes yeux un flic, lors de la capture des prisonniers de droit commun.
Elle est là, juste devant moi. Elle ne peut pas me reconnaître, car je portais mon masque de COPS ce jour-là.
- Billy, je te présente Eve. Elle travaille pour nous.
Une Asiatique, la trentaine, en tenue de combat, avec le pantalon moulant, les rangeos. Et le wakizashi à la ceinture, entre deux flingues de bon calibre.
- Enchantée. J'ai l'impression de vous avoir déjà vu, non ?
- Vous n'avez qu'à allumer la télé. Je suis une vedette ces jours-ci...
C'est elle qui a interrogé le prisonnier, toute la nuit. Il est terrifié rien qu'à la voir. Elle l'a brisé mentalement et physiquement, cette petite Khmer rouge... J'apprends qu'elle est plutôt Chinoise d'ailleurs. Je ne sais pas si l'agent Jade apprécierait cette compatriote...
Je demande à Carlos et Ève de me laisser avec le prisonnier.

J'entre dans sa cellule, dans laquelle sont diffusées en boucle des images insoutenables de camps, de génocides et de tortures en tous genres.
Je commence par éteindre les écrans. Le type tremble moins fort mais s'abat par terre.
- Tu as de la chance, je lui dis en lui tendant une cigarette, le bon flic est arrivé.
- Vous êtes en retard...
- Comment tu t'appelles ?
Je lui tends mon briquet.
- Tito...
Il tire une longue bouffée. Il parvient à se rasseoir, adossé au mur.
- Écoute, Tito, tu ferais mieux d'être loquace, si tu veux avoir la moindre petite chance de t'en sortir.
- J'ai déjà tout dit...
- Tu as été engagé par qui ?
- Genson Biotech. Je leur ai dit.
- Vous aviez pour objectif le vol des plants expérimentaux ?
- Oui.
- Vous connaissiez les lieux avant même d'entrer. Qui vous a renseignés ?
- Ha, écoutez, il y a une taupe de chez vous qui nous l'a dit...
- Qui c'est ?
- Je ne sais pas, je vous jure...
- Il faut que tu le saches...
- Je peux vous proposer un marché... Laissez-moi sortir d'ici et passer un coup de téléphone et je l'apprendrai...
J'allume une cigarette.
- Tu comprends bien que je n'ai rien à perdre avec toi, Tito. Au pire, tu ne m'apprends rien et je te tue, ou je te remets entre les mains de ta tortionnaire de cette nuit.
Il me supplie.
- D'accord, on va te sortir. Si tu me files le nom de la taupe, tu sortiras.

*

William ChadWell Sendford : nous a vendu la Mangouste. Également intermédiaire pour la Bombe des SJ.
La clef de décodage de Juan : HYL
La Californie a fourni des cobayes jusqu'à il y a 1 an et demi
Sénateur Emfield, drogué de la Pyramide ; lié à Genson<!--sizec-->
<!--/sizec-->
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