Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
14e Episode : Les créatures secrètes (1)
#1
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

<span style="color:orange">Les 5 Rônins : 14ème Episode</span><!--/sizec-->
Chien 402



Les créatures secrètes<!--/sizec-->

(1) Chez les vivants et dans les limbes<!--sizec--><!--/sizec-->



Samurai

L'automne était déjà bien avancé quand nos héros revinrent de la Vallée aux Esprits. L'Inquisiteur Tadao avait visité l'impressionnante grotte où le Shuten-Doji du Regret avait été emprisonné, vraisemblablement par Akuma, avant d'être détruit par Mitsurugi et Sasuke. Il avait purifié les lieux des émanations démoniaques qui l'empuantissaient. Il avait fait récité des prières collectives pour les esprits qui habitaient dans la vallée puis il avait déclaré que nul ne devrait plus approcher cette grotte pendant un an. Il ordonna qu'une garde vigilante se tienne à l'entrée des bois pour prévenir les moines de la Vallée si des kansen en approchaient.
L'Inquisiteur s'était contenté de dire aux pélerins de la Vallée qu'un monstre avait été détruit mais il n'en avait pas publiquement remercié Mitsurugi et Sasuke, à leur demande. Nos deux héros gardaient cette information précieuse dans la manche de leur kimono... Il savait que la cour d'hiver approchait et qu'il serait bon de lancer cette victoire sur le démon, un jour, à un adversaire un peu trop sûr de lui. Ce jour-là, il n'y aurait rien à redire à la victoire de deux samuraï contre un des pires monstres construits par Fu-Leng.
- Le Shuten-Doji était puissant, grommela Tadao en partant, mais il n'était pas moins puissant celui qui a réussi à l'emprisonner après l'avoir suffisamment affaibli. N'oublions pas que c'est ce monstre qui a détruit le clan du Serpent. Akuma a réussi à s'attirer ses faveurs sans succomber à son pouvoir. Cela devrait nous mettre suffisamment en garde contre le pouvoir de cet ancien capitaine.

De retour à la Cité de la Pieuvre, Mitsurugi organisa un grand repas pour fêter cette victoire. Officiellement, c'était seulement pour célébrer le retour du pélerinage... Les festivités durèrent deux jours et se tinrent après plusieurs réunions beaucoup moins officielles avec les différents protagonistes de ce combat. Mitsurugi écouta en particulier l'incroyable récit du voyage des deux rônins dans les Royaumes d'Ivoire. Mamoru et Yojiro racontèrent à l'ambassadeur et à l'Inquisiteur comment ils avaient atteint le palais de Marbre ; puis comment le Raja s'était entiché de Yatsume. La fuite le lendemain, l'arrivée au poste avancé des Licornes (car il y avait l'ancien clan de la Licorne là-bas, en plus des Mantes !wink, l'assaut contre la Pyramide d'Akuma, puis la capture de Mamoru. Ensuite, l'arrivée du Raja, le second assaut sur la Pyramide, la disparition d'Akuma ; le retour de Yatsume au palais de Marbre et le coup d'Etat du Fakir. Enfin, le retour : comment la BEC était revenue à bord d'un navire de la Mante, pendant que Yatsume et Avishnar, le Raja déchu, partaient vers l'ouest lointain, en direction des Sables Brûlants.
- Qu'allait-elle faire là-bas ?
- Nous l'ignorons, Sasuke-sama. Elle a dit que c'était en rapport avec sa fille. Un sage du clan de la Licorne lui a dit qu'elle trouverait la trace de celle-ci dans le désert, si nous avons bien compris. Mais elle n'en a presque rien dit.
- Il est bien peu probable qu'elle revienne jamais de là-bas... C'est déjà un miracle que vous soyez revenus de chez ces sauvages...

Yojiro repensait aux sauvages qui vivaient au poste des Licornes, à l'entrée de la jungle, et se dit qu'ils n'étaient pas si sauvages que cela. Ils avaient été accueillants, attentionnés et ils ne semblaient vouloir de mal à personne... Mais le rônin n'en dit mot. Il en restait seulement troublé. Il se disait que ces sauvages auraient été bien incapables de la cruauté et du manque de compassion qui s'observe quotidiennement à Rokugan...
- Donc Akuma est en fuite, conclut Mitsurugi. Vous avez tué la plupart de ses sbires. Mais c'était bien lui qui se trouvait là-bas... Lui qui avait pactisé avec le démon du Regret. Est-ce lui qui a lancé ce démon sur les Serpents ?
- Je ne crois pas, dit Sasuke. Je pense que les Serpents ont été corrompus de leur côté... Je pense aussi que cela venait de leur daimyo, si j'en crois Maya, qui m'a dit être allé dans leur château et avoir découvert une malédiction pesant sur la famille dirigeante du clan depuis ses origines. Je pense que le Shuten-Doji aurait un jour ou l'autre corrompu les Serpents. Et ce n'est pas Akuma qui a précipité leur chute, mais bien cet autre conspirateur dont nous retrouvons le nom régulièrement : Nuage... Celui qui a en revanche détruit l'honneur du senseï Tange Sazen, qui a fait tuer le garde de notre palais.
- Et tu nous dis, Mamoru, qu'Akuma, en plus d'être un ancien capitaine Yasuki, était le chef du Lotus en personne ?
- Oui, Mitsurugi-sama, c'est lui qui portait le titre de Lotus.
- Yasuki Kuma est arrivé dans notre clan avec sa famille de marchands, dit l'Inquisiteur, méprisant. C'est dans le clan de la Grue qu'il a été endoctriné.
- Cela montre, dit Sasuke, que la secte du Lotus venait de chez les Yasuki, et que son influence s'est répandue dans votre clan quand ceux-ci y sont arrivés, après la guerre...
- Maudite engeance, dit Tadao -sans qu'on sache s'il parlait seulement des Lotus ou des Yasuki en général.
- Le problème d'Akuma n'est pas encore réglé, dit Mitsurugi. Reste à savoir s'il retournera voir ses anciens complices, dont ce Nuage...
- Je ne pense pas, dit Mamoru. Akuma a été corrompu par l'Outremonde. Il est mort dans les terres du Dieu Maudit, il a été ramené à la vie. C'est une créature démoniaque, comme toutes celles qui sortent du Puits Suppurant. L'ancien Lotus n'est plus fidèle à la conspiration de Nuage...
- Reste à savoir s'il les ignorera, dit Sasuke, ou s'il va revenir se venger d'eux.
- Je pense qu'il voudra se venger de Rokugan dans son entier, dit Mamoru. Selon lui, l'Empire l'a envoyé à la mort quand il a été nommé pour aller dans l'Outremonde... C'est un serviteur du Dieu Maudit. Il ne pense plus qu'à ravager et détruire...
- Nous avons deux ennemis, dit Mitsurugi, et ils ne sont pas alliés entre eux... Ils pourraient même, cela nous simplifierait la tâche, s'entredétruire...
- Je crains que les choses ne se passent pas si simplement, fit Tadao.

Le soir de la fête, l'Inquisiteur ne put honorer l'invitation au palais d'Ivoire. Il emmena son garde du corps, Hida Goemon, dans une bicoque isolée du quartier des pêcheurs et lui dit, comme l'autre fois, de l'attendre dans la pièce d'entrée, pendant qu'il se rendait dans la cour intérieure pour y rencontrer de bien intrigants personnages.

Samurai

Hida Goemon s'était une fois de plus collé l'oreille à la porte...
- Je n'ai pas le choix, Lotus, disait Tadao. "Lotus", puisque c'est bien votre nom... J'ai appris qui était votre prédécesseur... Lourde charge, n'est-ce pas, de reprendre sa suite ? ironisait l'Inquisiteur.
- Ce n'est pas moi qui importe, Inquisiteur, mais ce qui doit être fait pour cet Empire...
- Pour l'Empire ou pour votre famille de marchands corrompus ?
- Que voilà de fâcheuses paroles... Je crois que le conseil de votre famille vous a ramené à la raison...
- Je les ai rencontrés à mon retour de la Vallée, oui. Ils m'ont signifié qu'il n'y aurait plus d'autres expéditions vers l'Outremonde...
- Voilà qui est plus sage, à considérer le massacre qu'a été la dernière...
- J'obéis à ma famille, les Kuni, pas à vous...
- Vous persistez à nous confondre avec les Yasuki, Inquisiteur. C'est avoir la vue bien courte. Nos projets sont plus vastes que l'enrichissement.
- Nous finirons bien par mettre au jour vos projets odieux. Nous exposerons votre hérésie...
- "Nous" ? Il semble que vous soyez bien seul... Et ne me parlez pas de vos amis du palais d'Ivoire. Ces Lions ne sont pas en mesure de nous atteindre.
- Nous n'allons pas continuer plus longtemps dans l'échange de politesses. J'obéis, mais je ne me plierai pas à vos desseins immondes...
- Nous voulons détruire mon prédécesseur, Inquisiteur. Ce n'est pas "immonde" que je sache.
- Je n'ai pas besoin de vous pour détruire un démon. Cela, c'est ma tâche, et je ne le fais pas pour vous. Il y aura d'abord l'ancien Lotus, puis ce sera votre tour.
- Nous ne sommes pas des démons, Inquisiteur. Votre magie ne vous sera d'aucune utilité pour nous trouver. Face à nous, vous êtes désarmé, car vous savez bien que l'emploi de la force brute ne vous aidera pas non plus. Il faudrait en effet que vous puissiez mettre un nom sur nos visages, et vous ne connaissez ni nos noms ni nos visages...
- L'honneur et la droiture, si ces mots ont encore un sens dans notre Empire, nous guideront, et provoqueront votre perte...
- Si ces mots ont encore un sens, oui...

Goemon entendit l'Inquisiteur tourner les talons et s'approcher de la porte. Il se recula vivement et fit semblant de surveiller l'extérieur de la maison.
- Partons, dit Tadao.

Les deux samuraï rentrèrent à la Carapace, alors que des feux d'artifices partaient des jardins du palais d'Ivoire. En sueur, l'Inquisiteur se versa un bon verre de saké dans son bureau.
- Goemon, nous n'avons plus de temps à perdre. Il va falloir que tu me trouves ce sacré bakeneko !... Il détient le secret d'une magie puissante dont je vais avoir grand besoin...

Le garde du corps s'inclina. Il était content de se l'entendre dire ! Il allait enfin s'occuper de ce matou soi-disant inoffensif qui avait trouvé refuge chez Doji Ikue après s'être enfui de la maison de geisha, et qui avait révélé ses pouvoirs dans la forêt avant la Vallée aux Esprits. Il allait falloir capturer ce félin sans que sa maîtresse s'en doute. Goemon demanda à Mamoru de l'aider dans cette tâche délicate. Et le lendemain, les deux hommes se mettaient au travail.

Hehe

L'aube pointait à peine, que les deux compères étaient déjà pied d'œuvre. Ils avaient repéré le chat, qui s'était aménagé un petit coin sur la terrasse du palais des Grues. C'était au bord de la rambarde, en surplomb d'une petite ruelle où les deux hommes de l'Inquisiteur observaient leur proie. Le yojimbo était massif, trapu, solide comme un arbre de la forêt Shinomen. Mamoru était plus svelte mais il était très grand : il dépassait le Rokugani moyen d'une bonne tête. Les deux hommes mirent un peu de temps à décider qui allait faire la courte échelle à l'autre. Finalement, on convint que c'est Goemon qui allait monter et attraper le chat.
Personne dans la rue pour les découvrir dans cette position bien peu honorable, le chat qui dormait sur la terrasse, bienheureux : le moment était idéal. Goemon mit le pied dans les paumes de Mamoru qui le souleva comme il put, pendant que le gros yojimbo s'accrochait à la rambarde. Mamoru devenait tout rouge et une veine des tempes menaçait d'éclater. Ses joues gonflées à bloc, il ne savait pas comment il supportait le poids du garde du corps.
- Y êtes-vous ? murmura-t-il, en souffrance.
- Presque, grommela Goemon, qui ne se rendait pas compte de son poids.
Le yojimbo sortait de sa poche un sac en toile et s'apprêtait à saisir d'un geste le chat. Il tirait la langue en s'approchant pouce après pouce du matou, prêt à l'enserrer. A l'étage d'en-dessous, les genoux de Mamoru flanchaient.
- Je ne tiens plus, Goemon-san...
Goemon approchait sa patte velue du chat, qui roupillait toujours paisiblement. Il allait enfin le saisir quand une voix aiguë et joyeuse se fit entendre :
- Minou minou minou !
C'était Ikue. Le chat ouvrit un oeil, aperçut les gros yeux de Goemon juste devant lui alla se réfugier entre les jambes de sa maîtresse.
Goemon tenta un mouvement en avant, Mamoru fut balancé par le poids du yojimbo, et c'est de justesse que Goemon évita la chute en s'accrochant au mur. Mamoru le reposa en vitesse par terre.
Goemon s'épongea le front :
- L'approche par là est trop difficile...
Mamoru, haletant, était plié en deux :
- Je crois, aussi, qu'on devrait, essayer, autrement...

Hehe

- Attends-moi ici et surveille le coin...
- A vos ordres, dit Mamoru.
Goemon repartit à la Carapace, pendant que le rônin faisait le guet. C'était presque le milieu de la mâtinée. Le chat avait passé la journée à se promener dans le palais, où Mamoru ne pouvait le voir. Il avait fait quelques timides réapparitions sur la terrasse, méfiant, les moustaches frémissantes, avant de repartir en courant.
Goemon revint en sifflotant, une canne à pêche à la main.
- Vous voulez l'attirer avec du poisson ? Pourquoi ne pas aller en acheter ?...
- Tu vas comprendre, fit Goemon, secrètement content de lui. Veille plutôt à ce que personne n'approche.
Le yojimbo cracha dans ses mains et se hissa au mur. Mamoru était contrit de voir ce gros Crabe accomplir des choses si déshonorantes rien que pour un stupide chat... Malgré sa corpulence, Goemon arrivait en haut du mur et ne se faisait pas voir. Il attrapait alors le rebord du toit et se hissait sur les tuiles. Mamoru le regardait en se protégeant le visage de la main. Il était drôlement agile, l'air de rien !
Le voilà qui se hissait carrément sur la cheminée ! Heureusement que personne n'avait l'idée de regarder au ciel en passant près du palais Grue, sinon ces témoins auraient vu un spectacle des plus insolites : Goemon s'asseyait en haut de la cheminée, sortait un poisson de son sac et le piquait au crochet de la canne à pêche, puis il faisait descendre l'appât dans le conduit.
Le poisson dodu descendit lentement vers l'âtre où brûlaient quelques charbons rougeâtres. Le chat dormait, bien à son aise, tièdement bercé par la chaleur rassurante.
Une délicieuse odeur de poisson grillée vint lui chatouiller les narines ; ses moustaches frémirent et il ouvrit un œil. Il voyait ce gros poisson à l'œil blanc, bouche bée, qui ne demandait qu'à se faire engloutir. Prudent, le chat le guetta comme une proie susceptible de s'enfuir. Il fit semblant de rien, referma l'œil, et se décala d'un coup vers la cheminée, puis s'immobilisa de nouveau.
Il rouvrit l'œil : le poisson n'avait pas bougé. Il commençait à cuire doucement. Le chat sortit sa patte avant et l'amena discrètement vers l'âtre en sortant peu à peu les griffes. Sa langue parcourut la longueur de sa lèvre et sa griffe tapota par terre.
Soudain, il se détendit comme un ressort et attrapa le poisson à quatre pattes, en mordant dans sa gorge, acharné. Il était tout à lui !
C'est alors que le poisson commença à remonter dans le conduit. Le chat se raccrocha à lui des deux pattes avant, pendant qu'il patinait des pattes arrières pour remonter. En haut, Goemon moulinait, moulinait et tirait tant qu'il pouvait. Le chat ne lâchait rien mais il aperçut soudain le gros menton poilu de Goemon. Un éclair de malice traversa son regard.

Goemon tirait toujours plus fort : il y avait eu un blocage mais maintenant, cela venait mieux. Il était lourd ce sacré poisson avec son chat ! Il sentait que c'était presque là ! Il donna encore une bonne secousse, le bout du fil sortit d'un coup de la cheminée et Goemon se reçut une bûche sur la tête !
Il serra les mâchoires pour ne pas crier car, de surcroît, le bois était brûlant !
Goemon descendit du toit aussi vite qu'il put. Il décrocha quelques tuiles au passage et se retrouva en bas, puis décampa avec Mamoru.
Près de l'âtre, le chat dégustait son poisson cuit à point.

Hehe

L'Inquisiteur Tadao passait à table. Il passait sa serviette, attablé à son auberge préférée, dans le quartier des Pêcheurs. Il ne disait à personne que c'était sa table favorite, car elle était tenue par des gens du peuple. La vérité, c'est qu'on ne mangeait pas à la Cité de la Pieuvre de meilleures soupes -mais, comme les champignons, c'était son coin favori et il ne le donnait à personne. En plus, il pouvait se laisser aller dans ce lieu ; il n'avait pas à faire des manières et à prendre des attitudes dignes et hypocrites. Il pouvait manger à son aise , rire et s'amuser, en sachant qu'il ne perdrait la face devant personne. A chaque fois, le personnel se mettait en quatre pour le servir, car l'Inquisiteur avait les cordons de la bourse déliée quand il venait chez eux.
- Alors, vous me mettrez d'abord de votre excellente soupe de calamar, puis de cette truite que vous faites si bien, avec la sauce au beurre, n'est-ce pas... Ensuite, je vais goûter vos filets de sabre, sur du riz aux brocolis (avec de la crème), et nous finirons par des petites crevettes, hein, à la sauce asahinienne... Voilà. Et pour patienter, je vais déguster de votre eau-de-vie que vous faites venir de la péninsule...

Ici, il se régalait, et personne ne venait lui casser les pieds avec des histoires d'envoûtement, de persécutions par des esprits frappeurs, d'ancêtres gémissants et de buffles ensorcelés. Il attaquait la soupe au calamar quand il vit entrer Goemon et Mamoru, que le personnel conduisit jusqu'à lui, dans son alcôve discrète, dans le coin de la salle.
- Que faites-vous là, bande d'incapables ? J'ai horreur qu'on vienne me déranger ici, vous le savez bien !... Vous avez ce chat, au moins ?
Les deux hommes toussotèrent, gênés.
- Vous vous rendez compte, j'espère, que vous êtes tenus en échec par un simple chat ! Quoi un bakeneko ? C'est un chat, jusqu'à preuve du contraire !... Il n'a pas utilisé de sort sur vous ? Il ne vous a pas changé en grenouille (alors que vous le méritiez) ? Bon, alors, c'est juste un chat... Écoutez, vous avez de la chance que je sois bien disposé aujourd'hui... Je vais vous aider, dans ma grande bonté.
Il prit dans son sac un talisman portant le sceau de la famille Kuni.
- Entre nous, je me doutais bien que vous ne seriez pas capable d'attraper ce chat... Alors j'avais prévu le coup... Ce talisman a le pouvoir d'attirer les créatures magiques comme ce bakeneko. Arrangez-vous pour l'attirer et capturez-le pour de bon ! Allez, ouste maintenant ! Vous allez me gâcher l'appétit !
La vérité, c'est que l'Inquisiteur était de bonne humeur, et il s'amusait de ces deux grands nigauds, qui avaient survécu à l'Outremonde mais qu'une simple petite créature tenait en échec.

- Cette fois, c'est la bonne, dit Goemon. Grâce à l'Inquisiteur, pas d'échec possible...

Hehe

C'était le début d'après-midi. Le chat faisait un tour dans les somptueux jardins du palais des Grues. Doji Suzume et des amis jouaient à la balle, les femmes cousaient à l'ombre des grands arbres au feuillages roux. Mamoru et Goemon avaient approché d'une petite entrée pas gardée. C'était une grille rouillée par laquelle ils auraient eu du mal à passer. Mais le chat n'était pas loin. Goemon avait mis le talisman au bout d'une ficelle. Il lança l'attrape-chat par la grille et imita le cri de la femelle en chaleur. Le bakeneko ouvrit un œil, se demandant quel mauvais tour ce gros Crabe allait encore lui jouer.
C'est alors qu'il aperçut la femelle la mieux roulée qu'il ait vue depuis longtemps ! Même à la maison de geisha les femmes n'étaient pas comme ça ! Il se mit à baver et ses yeux faillirent se décrocher !
Il commença à se déplacer vers elle mais voilà que la donzelle faisait sa timide mais, d'un clin d'œil, l'invitait à la suivre. Le chat, de l'amour dans les yeux et un frisson sur tout le corps, sauta vers elle. La belle s'était déjà esquivée. Elle passait la grille. Goemon tirait sur la ficelle, pendant que Mamoru attendait à l'angle du mur, le sac ouvert. Le chat s'arrêta, regarda la femelle, affamé, et bondit à travers la grille. Mamoru referma le sac sur lui et le ficela très serré.
- Filons ! souffla Goemon.
Les deux hommes décampèrent comme des voleurs. Le chat, fou, était dans le sac un tourbillon de griffes et de morsures.
Dans les jardins, Ikue l'appelait :
- Minou minou, où es-tu ? Minou ?...

Au restaurant, Tadao terminait son repas, la panse remplie, bienheureux comme Shinseï.
- Bénis soient les dieux d'avoir créé le poisson et l'alcool !
Ses deux fins limiers entraient justement. Mamoru brandit le sac percé de plusieurs coups de griffes, dans lequel le chat se débattait.
- Parfait, dit Tadao en retirant sa serviette. Nous allons avoir de quoi nous occuper cette après-midi !
L'Inquisiteur fit craquer ses doigts et dit aux deux hommes d'emmener cet animal suspect dans la chambre d'interrogatoire...

A suivre...Hehe
Reply
#2
Ah ah le Tadao a le même genre de rencontre nocturne que Mitsurugi décidementbiggrin

Bon sauf que moi je fréquente l'élite, pas la plèbe des commercantsredaface2

Bravo pour le textebiggrin
Reply
#3
Suite : Mamoru et Goemon partent à la chasse au bakenekoGarfield2
Reply
#4
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

A quelques rues de l'auberge préférée de Tadao se trouvait la maison où Maya travaillait, couverture pour espionner les activités du Lotus. C'était un restaurant très fréquentée, où notre Ize-Zumi poursuivait la voie de la sagesse en servant à boire et à manger aux pêcheurs habitués. Elle y travaillait depuis presque un mois maintenant, et s'était fait oublier du palais d'Ivoire, où Mitsurugi était bien content de ne plus entendre parler d'elle.
Elle avait gagné la confiance du patron, qui ne voyait en elle qu'une inoffensive employée qu'il avait sorti de la misère. Mais ce soir-là, Maya, qui avait laissé traîner ses oreilles, savait qu'une réunion du Lotus allait se tenir. Elle fit mine de partir en fin de journée. A la nuit tombée, elle était de retour au restaurant, dans le grenier au-dessus de la salle de réunion des conspirateurs. Les conspirateurs en robe et en cagoule se saluaient brièvement, assis sur des tatamis :
- Bien, allons à l'essentiel... Nous savons de source sûre que l'Inquisiteur Tadao ne sera pas autorisé à mener une autre expédition dans l'Outremonde. Il restera cantonné à la surveillance de cette Cité. Par contre, l'ancien capitaine Yasuki Kuma est bien vivant... Enfin, pas exactement "bien vivant"... C'est un démon, un revenant... Et il reviendra se venger de nous.
- Vous en êtes sûr ?
- Absolument, je le tiens de Lotus en personne.
- Nuage compte nous protéger au moins ?
- Notre discrétion est notre meilleure arme. Si vous n'allez pas crier sur tous les toits qui vous êtes, le démon ne devrait pas nous trouver.
- Mais si jamais ?...
- "Si jamais", Nuage, oui, pourra nous défendre. Et je vous rappelle, à vous honorables membres du Saphir, que vous savez vous défendre...
- Nous ne sommes pas des chasseurs de sorcières...
- Bien, allons à l'essentiel comme vous l'avez dit, intervint un autre conjuré qui n'avait pas encore parlé.
- J'ai une nouvelle : l'Ize-Zumi va être accueilli au palais d'Ivoire.
- Qui ça ?
- Togashi Ojoshi, il s'appelle. Il est arrivé de ses montagnes récemment... Et il va être hébergé par l'ambassadeur Ikoma Noyuki. Paraît-il qu'ils préparent une pièce de théâtre ensemble.
- Cela nous fait une belle jambe... A propos, qu'est devenue l'autre idiote d'Ize-Zumi là, qui traînait un moment avec les Lions ?
Maya ricanait sous cape.
- Pas de nouvelle... Et avec ces Dragons, difficile de savoir. Elle est peut-être repartie dans ces montagnes ?...
- Pourquoi parliez-vous de l'Ize-Zumi et de l'ambassadeur ?
- Parce que nous autres du Saphir avons été chargés de l'empêcher d'arriver au palais d'Ivoire. Ce Togashi réside dans un petit temple, au nord-ouest de la ville. Mes frères vont se charger de nous l'amener...
Le sang de Maya ne fit qu'un tour. Elle n'attendit pas la fin de la réunion pour s'esquiver. Elle courut à travers la Cité, la traversant d'est en ouest et elle partit sur la route du temple du Repos de Shinseï, où était hébergé Togashi Ojoshi.
L'aube n'était plus loin quand elle y arriva, après une marche épuisante. Elle se présenta à l'entrée, alors que le ciel rosissait. On la laissa entrer, en sa qualité d'étrangère et de femme tatouée. Elle alla frapper à la porte d'Ojoshi :
- Réveillez-vous, vite...
Le moine se frottait les yeux en ouvrant la porte :
- Que se passe-t-il, donc ?... Par les Ancêtres, Maya !...
- Vous êtes en danger ici ! Je vous emmène au palais d'Ivoire !
- Mais je comptais bien y aller... L'ambassadeur Ikoma...
- Oui, je sais, je sais... Venez, allez !
L'Ize-Zumi alla s'asperger le visage d'eau et prit quelques affaires.
- Qui m'en veut ?
- Trop long à vous expliquer...
- Que va dire l'ambassadeur s'il vient ici et ?
- Nous serons bientôt à la Cité de la Pieuvre.
- Et vous voulez en plus que je parte sans même saluer mes hôtes...
Le pauvre Ize-Zumi n'avait aucun sens de la menace qui pesait sur lui ! Il est vrai que par ailleurs, Maya n'avait plus guère de sens de l'honneur, et n'allait pas se soucier de politesse. A contre-cœur, Ojoshi suivit Maya, en prétextant qu'il partait seulement de bon matin à la Cité, qu'il ne partait pas pour de bon...

Samurai

Les deux moines marchaient d'un bon pas dans l'air frais.
- Je vais quand même exiger des explications, Maya !... Depuis que je suis descendu de nos montagnes, avec entre autres pour mission de vous retrouver, puis de vous ramener dans le droit chemin, je dois dire que je n'ai pas été déçu en matière de surprise !... Le moins que l'on puisse dire est que vous avez trouvé une étrange manière de chercher la sagesse. Je sais bien que selon Shinseï, n'importe quelle voie, si humble soit-elle, peut quand même mener...
Lassé de son bavardage, Maya avançait en surveillant les taillis, les buissons et les gros rochers. Au beau milieu du monologue interminable d'Ojoshi, des silhouettes armées de couteaux jaillirent de sous un tas de feuilles mortes. Maya réagit en un éclair et ne laissa pas l'un des assaillants finir son saut : elle lui envoya un coup de pied en plein nez alors qu'il était en l'air, l'expédiant dans les orties !
Ojoshi posa son sac à terre, et se mit en garde rituellement, comme au dojo, pendant que Maya s'essuyait le nez en observant les tueurs qui se mettaient en rond autour d'eux. Après des semaines passées à faire la cuisine et à se faire tripoter, elle avait besoin de défoulement. Un des tueurs approcha d'Ojoshi et, en une fraction de seconde, se retrouva à terre, le nez cassé. Ojoshi avait pratiqué la prise du tigre enragé, dans un cri bref et strident qui résonna dans les bois.
Les autres, apeurés, reculèrent d'un pas. Maya sourit et se jeta avec un coup de pied du dragon de feu sur sa victime la plus proche. Ojoshi ferma les yeux, pria les Ancêtres, et envoya un coup de poing de l'aigle souverain dans le menton d'un adversaire trop audacieux ! Et d'un coup, ce fut une mêlée confuse, où la violence régna en maître, un déchaînement de coups de poings et de coups de pieds. Ojoshi brisait des os comme au temple il brisait des planches de bois empilées, tandis que Maya, dans un style aussi proche du kazedo ancestral que du combat de rue à la Cité de la Pieuvre, envoyait les uns après les autres les tueurs dans la boue, dans un flot continu d'attaques et de ripostes. Il était une dizaine en face, qui s'essayèrent comme ils purent à s'approcher des deux moines guerriers. L'un des tueurs eut la mauvaise idée d'approcher armé d'une branche pointue : Ojoshi la fracassa en deux du tranchant de la main, attrapa les deux bouts et tomba à bras raccourcis sur ses deux ennemis, finissant par leur marcher sur les épaules pour bondir sur le suivant !
Bref, les hommes du Saphir furent fauchés comme les blés à l'automne. Les deux Ize-Zumi restèrent en garde, vigilants puis Maya dit qu'il fallait partir vite.
Ils laissèrent les sous-bois humides derrière eux et entrèrent dans la Cité alors que le soleil apparaissait, étincelant, derrière l'horizon. Maya emmena Togashi Ojoshi au palais d'Ivoire. L'ambassadeur Ikoma Noyuki était dans la cour avec ses hommes, et se préparait à partir au temple pour y chercher son invité. Il ne comprit pas ce qui se passait mais, pour que personne ne perde la face, il fit comme si c'était prévu et accueillit à bras ouverts son invité, qui avait de la boue jusqu'aux cuisses et quelques égratignures. Les soldats, sur un signe discret de l'ambassadeur, arrêtèrent Maya, qui se laissa faire, et ils l'emmenèrent au cachot.
C'est de là que Mitsurugi dut aller la tirer en disant qu'il s'occupait d'elle...

Samurai

Mitsurugi arrangea diplomatiquement cette intervention musclée de Maya. Quand Togashi Ojoshi témoigna qu'ils avaient été assaillis dans la forêt, Ikoma Noyuki dit que Maya avait été envoyée en avant pour repérer le chemin, et qu'elle avait fauté par excès de zèle en emmenant l'Ize-Zumi. Ensuite, Sasuke et Mitsurugi prirent l'ambassadeur Noyuki et lui demandèrent, en passant, s'il savait qui pouvait vouloir s'en prendre à un moine tatoué. Ils glissèrent au passage le nom de Lotus, auquel Noyuki ne réagit pas.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, vraiment... Togashi Ojoshi est mon invité pour que nous écrivions la pièce de kabuki que nous ferons jouer à la cour d'hiver, devant l'Empereur...
Nos héros n'insistèrent pas. Il était inutile de trop en dire.

C'était l'heure pour Mitsurugi d'aller rendre une petite visite à Doji Ikue. Quand il arriva dans l'aile de la famille de Doji Onegano, il entendit des pleurs hoquetants... Allons bon, que se passait-il encore ?
Ikue était en larmes, et Suzume était exaspéré. Il ne savait plus comment calmer sa sÅ“ur, il s'arrachait les cheveux.
- Ah, Mitsurugi-sama ! Dites-lui !... Ce sont les dieux qui vous envoient...
- Que se passe-t-il ? fit Mitsurugi d'une voix forte et protectrice.
- C'est encore son maudit chat qui a disparu !
- Oui, mon petit minou... Depuis hier, quand nous étions au jardin...
L'enthousiasme de Mitsurugi retombait et il lançait un regard complice à Suzume... Bien sûr, ce n'était pas un adversaire à aller défier... Non, un chat, qui avait disparu...
- Mais ces chats sont sauvages, disait Suzume. C'est comme ça, il est difficile de les domestiquer...
- Non, non, pas lui... Il m'adore...
- C'est la reconnaissance du ventre, ricana Suzume.
- Dis-en du mal, c'est ça ! Belle preuve de compassion de se moquer des créatures inférieures !
Le coup porta, car Suzume se considérait comme quelqu'un de très vertueux.
- Mais je n'ai rien contre ce chat, voyons...
A part soi, Mitsurugi leva les yeux au ciel : il n'était pas venu pour assister à une dispute entre le frère et la sœur...
- Mais toi tu pleures sur ce chat, alors que moi je dois me battre contre un fourbe et lâche Scorpion ! Qui m'a insulté ! Un duel qui ira peut-être à mort !
Ikue repartit dans un sanglot encore plus gros :
- Oh non, ne dis pas ça !...
- Allons, dit Mitsurugi, le duel de Suzume sera au premier sang. Et je l'ai entraîné, sur le chemin de la Vallée aux Esprits. Il est prêt.
- Et Mitsurugi, pendant qu'il était à la Vallée, dit Suzume, en a profité, je te rappelle, pour abattre un démon qui logeait là-bas !
Suzume ne croyait pas si bien dire... Il ne savait pas de quoi il parlait...
- Je vais aller voir si je peux trouver ce chat, dit Mitsurugi.
- Vous sauriez où le trouver ? dit Ikue, les larmes aux yeux.
- J'ai peut-être une piste...
Et le regard de notre héros se portait sur la "Carapace", le palais des Crabes.

Samurai

C'était bien là-bas que le bakeneko se trouvait, depuis l'après-midi de la veille. L'Inquisiteur Tadao l'avait mis dans une cellule de prisonnier, et avait commencé par l'amadouer avec la meilleure pâté pour chat, qu'il avait achetée sur les conseils de sa sœur, qui était elle-même toquée des chats et qui régalait la dizaine qu'elle possédait avec des mets rares et fins. C'est Mamoru et Goemon qui étaient chargés du service de l'invité félin.
- Viens par là, gentil minou, grondait Goemon.
- Vous lui faites peur, reprenait Mamoru.
Les deux hommes, ils n'y pouvaient rien, avaient de grosses voix pour gueuler dans la bataille et injurier des onis, pas pour amadouer un chat. Avec leurs grosses mains à étrangler des gobelins, ils ne rassuraient pas plus leur "invité".
- Gentil minou qui va finir en pâtée...
- Non, Goemon : qui va finir LA pâtée...
- Ah oui, pardon...
Ce fut long. Les deux hommes étaient adroits avec le chat comme un buffle dans un magasin de porcelaine. Le chat refusa toute la journée la nourriture qu'on lui avait laissée. Mais le soir, la faim prit le dessus et il mangea pendant que les geôliers avaient le dos tourné. Tadao avait été requis pour d'autres affaires et avait dû oublier ce chat.
Ce n'est que le lendemain, en fin de mâtinée, quand Mitsurugi demanda à être reçu, que l'Inquisiteur dut se dépêcher. D'abord, il ordonna à Goemon de recevoir l'ambassadeur Matsu et de le faire attendre dans son bureau.
Tadao descendit voir le bakeneko avec Mamoru :
- Cette fois, mon ami, ma patience est à bout... Je suis venu te demander une chose précise : je veux que tu m'ouvres une porte vers les Limbes...
Le chat frissonnait chaque fois que l'Inquisiteur disait cela.
- Je pensais, dit Tadao, que tu venais de Chikushudo, le monde des esprits-animaux, ou même de Sakkaku, le monde de la malice... Je pense que tu as dû y passer, et apprendre des Hengeyokai à te transformer... Ceci dit, si tu rechignes tant à m'ouvrir les Limbes, c'est à mon avis que tu as dû y séjourner... Et je me demande pour expier quelle faute, hein...
Le chat avait les poils qui se hérissaient.
- De toute façon, tu as des pouvoirs de télépathe, je le sais... En plus d'autres pouvoirs que tu ne voudras pas me montrer, n'est-ce-pas... Cela, je ne veux pas le savoir.
Un serviteur entrait et soufflait à l'oreille de son maître que l'ambassadeur Mitsurugi venait pour le chat...
- C'est bien ce que je pensais, dit Tadao. Ordonne à Goemon de le faire patienter...

Dans le bureau de l'Inquisiteur, Mitsurugi ne cachait pas son impatience face au solide Crabe qui faisait comme si de rien n'était.
- Alors, Goemon, est-ce pour aujourd'hui ou pour demain ? Depuis quand nos hôtes Crabes font-ils attendre un ami ?
Mitsurugi ne craignait pas l'incident diplomatique : après ce qu'il avait fait pour Tadao, ce dernier ne pouvait rien contre lui.
- Mon maître vous prie humblement de l'excuser, il sera bientôt là.
- Je l'espère bien !

Au sous-sol, Tadao répétait sa demande :
- Ouvre-moi la porte des Limbes, bakeneko... Crois-moi, j'ai fait parler des monstres plus coriaces que toi. Ce n'est pas un matou comme toi qui va me résister.
Le chat crachait et il était prêt à bondit sur Tadao mais celui-ci le regarda droit dans les yeux, ce qui mata le chat. Il parla alors dans la tête de l'Inquisiteur :
"Ça va, tu as gagné, je t'ouvrirai cette porte... Mais je n'y retournerai pas."
- A la bonne heure, cela me va.
Tadao fit signe qu'on apporte une autre gamelle au chat. Pendant que celui-ci se régalait, l'Inquisiteur prit Mamoru à part :
- Tu es toujours décidé ?
- Oui, seigneur.
- Bien. Quand le chat aura ouvert le passage, tu iras... Et là-bas, retiens bien ceci, tu tâcheras de trouver le temple de la Fortune du Secret... Nous en avons parlé hier.
- J'ai retenu. J'irai trouver cette Fortune et je lui demanderai ses faveurs.
- C'est parfait, je te laisse. Mitsurugi ne peut plus attendre.

L'Inquisiteur mit des vêtements plus cérémonieux, pas son vieux kimono d'interrogatoire, et remonta dans ses appartements.
- Ambassadeur, c'est un honneur pour moi de vous recevoir... Ce sont les Ancêtres qui vous amènent...
- Les Ancêtres, oui, fit Mitsurugi en s'inclinant brièvement, ainsi que la charmante Doji Ikue, qui est fort attristée...
- Allons donc ! Qui a osé lui faire du mal ?
- Son chat a disparu...
- Quel grand malheur !
- Oui. Et comme je sais que les Crabes ont des yeux et des oreilles partout dans cette ville, je me suis dit qu'ils auraient pu entendre parler de cette disparition.
- Mes hommes s'occupent en permanence des chats domestiques qui disparaissent. Quand ils ne combattent pas l'Outremonde.
- Je suis certain que si l'on avait trouvé ce chat, vous pourriez l'apprendre facilement.
C'était un peu ridicule d'être ainsi à couteaux tirés pour ce satané matou...
- Bon, Goemon, tu vas aller prendre quelques nouvelles dans le palais. Et si jamais quelqu'un avait mis la main sur ce chat, tu l'amènerais ici, entendu ?
- Bien seigneur.
Goemon se leva de toute sa masse et sortit.
Reply
#5
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Le chat s'agita nerveusement : il tourna en rond et gratta le sol, pour former une glyphe aux circonvolutions complexes.
Tadao revenait alors que les traits creusés par le chat dans le sol meuble de la geôle devenaient lumineux et qu'un tourbillon d'air se formait précisément à cet endroit. Un grand souffle d'air frais et humide sortait du passage. Tadao se protégeait le visage :
- Mamoru, tu es prêt ?
- Oui, seigneur.
- Bien, alors souviens-toi de ce que je t'ai dit... Tu seras seul mais le passage restera ouvert. Que les dieux te gardent...
Mamoru marcha sur la glyphe et fut happé d'un coup dans le tourbillon, qui continua à se tordre sur lui-même.
- Toi le chat, referme à moitié ce passage, que ce soit un peu plus discret. Et ensuite, tu vas me suivre : tu vas retrouver ta maîtresse...
Le chat gratta au sol et le tourbillon retomba. La glyphe continuait à briller.
- Qu'on charge ensuite Goemon de surveiller cette cellule et d'interdire quiconque d'en approcher !

L'Inquisiteur remonta une seconde fois au rez-de-chaussée, où il avait laissé Mitsurugi en compagnie de Goemon après que ce dernier avait annoncé à l'ambassadeur que le chat était retrouvé.
Mitsurugi ne comprenait pas le pourquoi ni le comment de ces manigances... Il fut rassuré quand Tadao arriva avec le chat dans une petite cage.
- Voilà, fit l'Inquisiteur, souriant. Il est farouche, celui-là... Il griffe volontiers...
Mitsurugi remercia, prit le chat et s'en alla. Dès qu'il fut sorti, il le libéra et le chat fila au palais des Grues.
- Minou !...
Mitsurugi revenait, content de lui.
- Merci pour elle, sourit Doji Onegano. Je crois qu'elle allait nous en faire une jaunisse...
- Il n'y a pas de quoi, Onegano-sama.
- Restez donc pour le repas, Mitsurugi. Et invitez votre conseiller Sasuke si vous le désirez...

A la Carapace, Tadao se servait un bon verre de liqueur.
- Le sort en est jeté. Puissent les dieux veiller sur Mamoru. Eux seuls savent où il se trouve en ce moment...

Samurai

- Ils m'ont humilié, ils m'ont poussé à bout... Et maintenant, ils ne me quitteront pas des yeux. Je suis pieds et poings liés face à eux.
C'est ce que l'Inquisiteur avait avoué à Goemon et Mamoru, de retour de sa seconde entrevue avec Lotus. Il n'avait pas dit tel quel qu'il avait rencontré le chef de la conspiration qui "tenait" la famille Yasuki, mais il avait dit que le Conseil des Hauts Inquisiteurs Kuni, sous la pression des Yasuki, l'assignait à la Cité de la Pieuvre jusqu'à nouvel ordre.
- Je n'ai plus les moyens de les combattre... Pensez qu'ils ont réussi à influencer la décision du Conseil ! Je ne pensais pas que c'était possible...
- Qu'allons-nous faire, seigneur ? demanda Goemon.
- Nous n'avons pas d'autre choix que de nous battre avec leurs armes. De leur rendre coup pour coup. Et pour cela, il nous faut les attaquer sur leur terrain : la Cité la nuit. C'est eux qui sont maîtres des ruelles sombres, des recoins, des rues désertes. Il faut les frapper là...
- Maya a déjà réussi à s'infiltrer parmi eux, dit Mamoru.
- Je le sais, mais ça ne suffit pas. Elle nous donne des informations. Nous, nous devons semer la peur dans leurs rangs. Que ces salopards se mettent à trembler. Qu'ils comprennent que la ville ne leur appartient pas. Moi, je ne peux rien faire. Mais un anonyme, masqué, comme eux, qui oserait les affronter là où ils se croient intouchables, c'est ce qu'il nous faut. J'ai pensé à toi, Mamoru...
- Moi seigneur ?
- Toi. Tu as été éclaireur pour ta famille dans le temps. Tu sais t'infiltrer, tu sais traquer, tu sais frapper vite et bien.
- Je sais combattre l'Outremonde, seigneur. Mais des espèces de "ninjas" comme eux, je ne sais pas si j'aurai l'habileté requise... Je suis prêt à tout pour vous, mais je ne sais pas si...
- Écoute-moi, je sais que seul tu ne pourras pas. Mais avec une alliée que je connais, tu deviendras leur pire cauchemar.
- Comment ?
- C'est une magie ancienne, et qui n'est plus guère pratiquée dans l'Empire. Elle est d'ailleurs mal vue par les respectables Inquisiteurs du clan du Phénix et d'ailleurs... C'est une magie qui est accordée par certaines Fortunes oubliées depuis longtemps... Je pense à l'une d'elle : la Fortune du Secret... Elle était vénérée, dans les anciens temps. Mais les hommes l'ont peu à peu oubliée. Elle a été associée aux Scorpions et par voie de conséquence, à toutes sortes de rituels immondes... C'est pourtant faux. La Fortune du Secret, jadis, accordait ses faveurs à ceux qui savent tenir leur langue. Aujourd'hui, plus aucune prière ne lui arrive. Les astrologues de notre clan m'ont affirmé qu'elle avait même été exilée par les dieux...
- Pas dans le monde du Jigoku, seigneur ?
- Non, elle n'a pas déchue au point de se retrouver entre les griffes du Dieu Maudit. Au lieu de cela, elle a été frappée d'un châtiment divin, qui la condamne à vivre dans un monde lointain, les Limbes... Ceux qui se retrouvent dans ce monde spirituel mal connu se nomment les Réprouvés. Ils expient une faute dans ce monde sans espoir, jusqu'à ce qu'on se souvienne d'eux, auquel cas ils peuvent revenir dans leur monde d'origine... La vérité, c'est que je soupçonne par exemple ce chat d'en venir... Juste une intuition...
- Vous voulez que je descende dans ces Limbes ?
- Oui, Mamoru. Tu iras trouver la Fortune du Secret et tu gagneras ses faveurs...

L'Inquisiteur avait bien insisté que la magie de cette Fortune n'avait rien à voir avec la maho. Il n'aurait pas à verser son sang ou à donner son âme à un kansen. Mamoru avait bravement accepté, pour devenir la terreur nocturne de la Cité de la Pieuvre !
Il avait sauté dans la glyphe du bakeneko et quand il arriva de l'autre côté, un pas plus loin, il était dans un temple minuscule, qui faisait à peine plus de trois pas de large et de long. Il en sortit, pour arriver sur une plage où le sable, soulevée par un vent marin, roulait en grandes vagues folles qui serpentaient sur la côte.

۩<!--/sizec-->

Mamoru fut de retour à Rokugan deux jours plus tard. La glyphe était restée en place dans la cellule. Goemon la surveillait presque en permanence et l'Inquisiteur demandait des nouvelles heure par heure. Il avait hésité à envoyer quelqu'un d'autre, mais il ne voulait pas trop de gens au courant. Pour le moment, seul Goemon était dans la confidence.
C'est tard le soir, alors que l'Inquisiteur étudiait des parchemins anciens devant le mettre sur la piste d'un culte de maho-tsukaï de la région, que Goemon vint le chercher. L'Inquisiteur descendit aussitôt et trouva Mamoru, allongé dans la cellule.
- Il a repassé la porte magique, dit Goemon, et il s'est effondré.
- Il est épuisé, dit Tadao. Allez, aide-moi à le soulever !
On porta le rônin sur un lit décent. C'est au moment de l'allonger qu'il se réveilla :
- J'ai réussi, murmura-t-il...
Il désignait son sac du doigt. L'Inquisiteur l'ouvrit et y trouva plusieurs parchemins et un masque de combat, avec des sigles étranges, ressemblant à des branches de lierre entrelacées.
- Le sigle de la Fortune du Secret, murmura Tadao, il a réussi...
Mamoru, les yeux fermés, sourit et leva le pouce.
- Bon, qu'on lui apporte à manger, qu'on le laisse se reposer, il nous racontera son périple demain.

۩<!--/sizec-->

L'aube était à peine là que Tadao, Goemon et Mamoru étaient debout, dans les quartiers réservés de l'Inquisiteur. Le rônin déplia un parchemin sur la table d'interrogatoire et prit une plume.
- Je vais vous faire grossièrement le plan de l'île...
- Une île ?
- Oui c'est une île.
Mamoru raconta son voyage dans cette contrée oubliée : pour traverser l'île d'est en ouest, il fallait bien deux heures rokugani de marche [4 heures], et du nord au sud, la moitié environ. Par convention, Mamoru dit qu'il était arrivé à la pointe sud-est de l'île, à la sortie d'un temple minuscule. Il était sur une plage, la mer était houleuse, envahie par la brume au sud, plus dégagée à l'est. Le rônin avait pris un chemin vers le nord-ouest, qui l'avait conduit à une petite cité abandonnée. Elle était vraiment déserte. En continuant dans la même direction, il avait trouvé une grande route qui continuait vers le NO : pavée, très large, elle passait entre deux grands murs, en haut desquels se trouvaient alignés des petits temples. Le ciel était nocturne, avec de nombreuses étoiles formant des constellations inconnues à Rokugan. A mi-chemin environ, Mamoru avait vu, à quelques dizaines de mètres au-desuss du sol, une grande lumière dorée, sans pouvoir discerner ce qui se cachait dans ce halo éblouissant. Il avait continué sa route. Au bout de la grande voie se tenait un grand temple en bois, très ancien, entouré d'un jardin traditionnel mal entretenu. Des mouches, des insectes, des lentilles et des mauvaises herbes proliféraient dans les bassins et les petits chemins de pierres.
Sur le fronton du temple, une inscription : Hanteï Ojime, avec l'idéogramme de Hanteï barré deux fois.
- Je ne connais pas ce Hanteï, dit Tadao. Ce n'est pas le prénom d'un des Empereurs... Peut-être un frère ?... Il faudra que je cherche...
Après le temple, Mamoru avait continué ses recherches. Il était allé vers le nord, arrivant sur une falaise s'arrêtant sur une vaste mer d'étoiles, vertigineuse. Mamoru s'était éloigné du bord et avait repris un chemin qui suivait la côte plein est. Plus loin, un chemin descendait au sud, vers la petite ville abandonnée. En chemin, il vit un arbre gigantesque, qui semblait se perdre dans le ciel, jusque plus haut que les étoiles elle-même !
Le rônin avait commencé à l'escalader. Il avait monté pendant longtemps, se reposant régulièrement sur les énormes branches. Il avait traversé une nappe de brouillard et il était encore loin de voir le sommet. Il avait alors pris une branche pour observer l'île de cette hauteur. Il avait une vue imprenable : il avait alors confirmation qu'il était sur une île. Il voyait la grande voie pavée, et il discernait mieux le halo doré. C'était en fait un temple doré, qui flottait dans les airs, entouré de météores qui tourbillonnait autour. Il n'était pas monté plus haut.
Il avait redescendu puis avait repris le chemin.
Il était de retour dans la ville abandonnée. Il avait alors fouillé et, dans une petite chapelle, cloué dans le mur, il avait trouvé un parchemin avec d'étranges signes cryptés.

[Image: cryptolimbes.gif]

Il reconnaissait le nom de Hantei Ojime et, en bas à droite, la forme du temple par où il était arrivé. Il s'était demandé si la position des cases ne correspondait pas à des localisations sur l'île. Il avait ensuite compris que son intuition était juste, même s'il ne trouva pas tous les lieux indiqués sur ce parchemin. Il reconnut sur la case à gauche de celle du temple les signes de la Fortune du Secret, que l'Inquisiteur lui avait montrés. Il quitta la ville par le chemin du sud et arriva au bord de la mer brumeuse.
Il remonta ensuite, trouva une maison abandonnée : "La maison du chat". Mamoru vit qu'il devait être chez ce "Akodo Neko". Il hésita puis entra, et vit un kimono et un daisho de la famille Akodo. Il ne s'attarda pas, reprit sa route vers l'ouest.
Il traversa une grande plaine déserte, et arriva à nouveau au bord de mer. Il devait être sur la "case" Masasue, mais ce nom ne lui disait rien. Il lui sembla voir au loin, en pleine mer, un bateau qui se balançait. Il prit la plage vers le nord, et aperçut un grand temple à moitié immergé, à plusieurs dizaines de brassées de la côte. Plus haut encore, un tourbillon bloquait le passage. Au-delà devait se trouver le temple de Hanteï Ojime.

Mamoru revint sur ses pas, à la ville abandonnée, et descendit sur la côte. Il marcha en cherchant attentivement. Il finit par trouver, sur une petite falaise, des traces de pas qui bifurquaient d'un coup vers la mer et s'arrêtaient au bord. Mamoru se pencha et vit un creux dans la paroi, à quelques mètres en-dessous. Il avait heureusement apporté du matériel d'escalade. Il fixa son grappin et descendit en rappel, atteignant l'entrée d'un boyau. Celui-ci s'enfonçait en pente douce dans la falaise. Plus loin, une grotte avec quelques trous dans le plafond qui laissaient passer la lumière. Il ne devait plus être loin de la ville, presque en dessous. Après la caverne, il avait trouvé un puits et l'avait descendu à la force des bras. Il était alors arrivé devant une chapelle en bois. A l'intérieur, une statue, elle aussi en bois, d'une femme se cachant le visage dans les mains. Il avait fouillé, et soudain une voix s'était fait entendre, lui demandant pourquoi il venait ici.
"Qui s'intéresse encore à moins, alors que les hommes m'ont oubliée ?"

Mamoru avait dit de la part de qui il venait, et pour quelle raison.
"Tu veux porter mon masque, pauvre fou ?... Tu veux combattre des conspirateurs en devenant toi-même un conspirateur ?... Alors sache que j'accepte, à la condition que personne ne soit au courant de notre pacte... Telle est la volonté de la Fortune du Secret. Si l'on te démasque, notre pacte sera rompu..."

La Fortune n'avait plus rien dit, mais la statue avait pivoté, révélant un coffret. Mamoru avait trouvé dedans un masque et un parchemin décrivant le rituel d'invocation à pratiquer.
"Mon pouvoir ne te protégera que la nuit...
Mamoru était remonté sur la falaise. Il sentait la fatigue l'accabler. Il se reposa dans la ville, avala quelques provisions, puis retourna au temple, où se trouvait la glyphe magique, qu'il repassa.

- Bien, c'est une réussite, dit Tadao. Grâce à tes indications, nous pourrons faire une carte de cette île. Je pense que c'est un document précieux pour nos archives. D'autres la compléteront à leur tour.

[Image: L5Rmbes14.gif]

۩<!--sizec--><!--/sizec-->

En l'absence de Mamoru, il s'était produit plusieurs événements dramatiques à la Cité de la Pieuvre. D'abord, le duel de Suzume avait eu lieu. Matsu Mitsurugi lui avait servi de témoin. La rencontre s'était produite au dojo des Grues. Le fils d'Onegano et l'ambassadeur Lion avaient passé les deux jours d'avant en entraînement intensif. C'est Suzume qui en avait redemandé et Mitsurugi n'avait pas ménagé ses coups pour aguerrir son élève.
- Ce n'est certainement comme ça qu'on apprend au dojo des Kakita, dit Mitsurugi, mais moi je vais t'apprendre l'agressivité nécessaire pour vaincre ce Scorpion !

Doji Ikue était au bras de son père et tremblait devant les deux adversaires immobiles. Mitsurugi regardait le terrain d'un air dominateur, bras croisés, sûr de lui. L'arbitre était un officier de l'armée Hida. Il cria d'un coup "allez !" et recula de quelques pas. Le son de sa voix résonna dans le grand dojo, à la piste entourée de samuraï de la Grue et du Scorpion. Mitsurugi et Sasuke étaient les seuls Lions de l'assemblée.
Suzume avait gagné en assurance. Il avait la plus belle volée de sa vie par Mitsurugi et il avait été obligé de sortir les griffes pour résister aux assauts pas très diplomatiques de l'ambassadeur !
Les deux coups partirent presque ensemble. Un bref cri retentit : le Scorpion recula, la joue lacérée. Il mordit un mouchoir et s'efforça de ne pas se plaindre. Suzume était immobile devant lui, le sabre levé devant lui.
Il redescendit lentement son sabre et le rengaina cérémonieusement. Son père, fier de lui, s'approcha et le prit dans ses bras. Suzume tremblait encore et s'efforçait de garder un air digne. Les Scorpions s'étaient déjà retirés, en jetant des regards noirs au vainqueur, avec l'air de dire 1) qu'il avait triché et 2) qu'ils se vengeraient bientôt.
- Ne les écoute pas, murmura Doji Onegano. Ce sont des jaloux et des aigris qui ont juré une vengeance éternelle contre les samuraï braves et courageux comme mon fils !

Il y eut une petite réception le soir pour fêter ce premier duel.
- Et la cour d'hiver n'a pas encore commencé, sourit Suzume, qui était très pâle.
Nos héros le félicitèrent encore. Ils apprirent le lendemain qu'il garderait le lit quelques jours, épuisé. Mitsurugi soupçonnait aussi le jeune Grue de n'avoir pas supporté cette épreuve. Il préféra ne pas trop en savoir à ce sujet.
Dans les jardins des Grues, Sasuke s'était arrangé pour rencontrer le bakeneko, pendant un des moments où Ikue ne s'occupait pas de lui...
- Ecoute-moi, avait dit le shugenja, je sais que tu as des pouvoirs importants... Tu n'as pas dû apprécier la manière dont les Crabes t'ont capturé. J'ignore même pour quelle raison ils l'ont fait. Ce que je veux te dire, c'est que nous devons rester alliés. Il y a un démon qui s'est échappé des Royaumes d'Ivoire et qui menace de s'attaquer à nous. C'est un ennemi commun... Tu as du flair... Si tu sens venir ce seigneur Akuma, tu dois nous prévenir, compris ?
Le chat se contenta de miauler une fois, puis s'en alla.

Samurai

Deux jours après avoir sauvé Togashi Ojoshi, Maya revenait au restaurant. Elle avait préparé une excuse pour expliquer son absence la veille. Elle parlerait des Ancêtres, de sa famille... Quand elle entra dans le restaurant, elle vit aussitôt que le regard du patron n'était plus le même. Il avait peur. Il la regardait avec de grands yeux écarquillés, de même que les autres servantes. Quelques clients détournaient la tête... Maya comprit vite...
- Je m'excuse, hein... Je crois que je vais... Enfin, dès maintenant...
Le patron ne répondait rien.
Maya salua rapidement, recula, tourna les talons et s'enfuit. Elle sut aussitôt qu'elle avait des gens en armes après elle. Elle avait très peur, elle courut dans les rues étroites du quartier des pêcheurs, crut les semer, et les retrouvait un peu plus loin à quelques pas d'elle. Elle comprit vite qu'elle tournait en rond. Elle ne parvenait plus à sortir des mêmes quelques rues, et ses suivants ne la lâchaient pas !
L'estomac noué, elle finit par se jeter dans un tonneau !... Elle referma le couvercle et ne bougea plus. Elle vit passer plusieurs hommes en habits de pêcheurs, de longs couteaux sous leurs manteaux, qui se crièrent une direction et partirent en courant. L'un d'eux bouscula même son tonneau, sans s'apercevoir du contenu !
Quand la ruelle redevint silencieuse, Maya ressortit doucement. Elle fit quelques pas et entendit un cri derrière elle : une voisine venait de la dénoncer ! Des cris, des pas précipités... Maya repartit de plus belle et trouva enfin l'entrée du quartier noble. Elle fila d'une traite à la Carapace. Les tueurs avaient renoncé à la poursuite. Maya entra par la porte des serviteurs et alla aux cuisines.
L'Inquisiteur fut prévenue de son arrivée précipitée :
- Que fais-tu là, toi ?... Suis-moi !
Il l'emmena dans ses salles d'interrogatoire. Maya, à bout de souffle, dit qu'elle avait été découverte.
- Et tu viens ici directement ! Mais tu es folle ma parole ! Tu ne veux pas aller leur crier que c'est moi qui t'envoie, non plus !
Goemon arrivait.
- Mets-la dans une cellule ! Elle reste au secret pour le moment !... Nous la relâcherons ce soir...
Le yojimbo mit Maya derrière les verrous.
- Appelle-moi Mamoru, dit Tadao. Qu'il soit prêt pour ce soir.

Samurai

La nuit était tombée quand Goemon vint libérer Maya :
- Allez, va-t-en... Et ne reviens plus ici sans prévenir, compris ?
- D'accord, fit Maya, docile.
Deux étages au-dessus, Mamoru était en prière devant le parchemin donné par la Fortune dans les Limbes. L'Inquisiteur entrouvrit le panneau de sa chambre, et continua son chemin. Il alla à la fenêtre du couloir et regarda Maya ressortir par la porte des cuisines.
- Cette idiote va au moins nous servir d'appât...
Elle repartait sans savoir où elle allait, peut-être dans les rues des marchands, peut-être vers le quartier des temples... Elle ne se savait pas observée par l'Inquisiteur.
Reply
#6
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Maya partit vers les Temples, où elle demanderait l'abri pour la nuit. Elle ne retournerait pas dans sa maison près de la rivière, où les conspirateurs étaient déjà allés fouiller et où ils l'attendraient à coup sûr.
Dans les rues, elle évita une patrouille qui veillait au couvre-feu. Alors qu'elle voyait le mur d'enceinte du quartier religieux, elle sut qu'elle était de nouveau suivie. Trois silhouettes en habits noirs serrés avançaient sur les toits, du fil dans la main et des poignards à la ceinture. Ils étaient presque à sa hauteur. L'un d'eux allait lui tomber dessus, les deux autres arriveraient, l'immobiliseraient et l'étrangleraient proprement. Maya avançait en essayant d'entendre le bruit de ses suiveurs. Elle accéléra. Son cœur battait bien trop fort. L'un des tueurs silencieux avait pris de l'avance sur les autres, sauta d'un toit à l'autre, devança Maya et attacha la corde qu'il avait à la cheville à une cheminée, prêt à plonger la tête la première pour saisir l'Ize-Zumi.
Les deux autres, occupés à surveiller leur complice et Maya, n'avaient pas entendu venir une silhouette derrière eux, qui venait de passer l'arête du toit et descendait sur eux. Les deux ninjas tiraient leur couteau, sans perdre Maya des yeux. Ils entendirent une tuile se détacher derrière eux. Ils se retournèrent pour voir une large silhouette leur cacher soudain la lune. Dans un cri bref, l'un des tueurs fut jeté du haut du toit. Il se cassa la nuque en atterrissant. L'autre se débattit et finit un poignard dans la gorge sur le toit. Le troisième, qui allait sauter, ne voyait pas venir ses soutiens. Il fit un signe à un quatrième larron, sur le toit d'en face, de venir en renfort, pour assaillir l'Ize-Zumi à deux.
Ils sautèrent derrière Maya, avancèrent en silence grâce à leurs semelles de crêpe, du fil à la main. Ils allaient sauter sur leur victime au moment où celle-ci passait dans un vilain coupe-gorge, quand ils furent saisis par une poigne irrésistible, et jetés à terre comme des paquets de vieux linges. Maya se retourna et vit juste un puissant guerrier assommer de deux coups de poings dans le nez deux ninjas qui gesticulaient à terre.
- Qui êtes-vous ?
Maya essaya de le reconnaître derrière son masque bleu nuit et sa tenue noire.
- Faites plus attention la nuit...
Et il disparut dans le soulèvement de son manteau !

Elle le vit juste bondir sur le toit et s'en aller en quelques enjambées.
A terre, il y avait quatre assassins nocturnes. Non, trois... Maya vit que son sauveur en traînait un par le col.
Le pauvre tueur, qui avait pris le plus gros poing en pleine figure de sa carrière, avait le nez cassé et tressautait sur les tuiles. Après s'être fait traîner, il se fit jeter contre un mur, et saisir à la gorge. Il vit un homme grand et fort, masqué, qui gronda :
- Tu as des choses à me dire...
- Qui êtes-vous ?...
- C'est moi qui pose les questions.
Il avait une voix sombre et étouffée.
- Où sont tes complices ? Qui t'envoie ?
- Je ne suis qu'un mercenaire...
- Où as-tu été payé pour ton sale boulot ?...
Le "ninja" refusa de répondre. Il se fit jeter par terre et tordre le bras dans le dos. Il implora pitié :
- Dans la rue du Saphir... Une maison au bout de la rue... Mais ils n'y seront pas ce soir... Ils reviennent dans deux jours...
Le tueur sentit qu'on le relâchait et s'assit, épuisé. La silhouette avait déjà disparu...

ayame

Au matin, Tadao trouva Mamoru dans sa chambre, qui dormait à poings fermés.
- Debout, paresseux, il est déjà tard !... Regarde-toi, on dirait que tu as la gueule de bois !...
- C'est tout comme...
Mamoru avait une enclume dans la tête... La Fortune du Secret l'avait prévenu qu'il ne serait bon à rien dans la journée après avoir invoqué son pouvoir.
- Tu vas te reposer aujourd'hui et ce soir, dit l'Inquisiteur.
- Ils se réunissent après-demain... Je les surprendrai, dit Mamoru.
- J'y compte bien !
L'Inquisiteur sortit en se frottant les mains. Il tenait l'instrument de sa vengeance contre les conspirateurs !

ayame

Au palais d'Ivoire, Mitsurugi venait de recevoir une invitation à une partie de chasse. La famille Hida priait le valeureux ambassadeur de se joindre à eux pour la dernière chasse avant l'hiver.
- Sûrement notre dernière excursion avant la cour d'hiver, dit Mitsurugi.
- C'est vrai, dit Sasuke, songeur. Il va falloir en profiter.
Le shugenja avait une idée en tête. Il avait oublié... Elle lui revint :
- Ah oui, il faut que je vois Yojiro...
Il ordonna à un serviteur de lui amener.
Le rônin buvait à la taverne près du palais. Il se morfondait sans Mamoru, dont il n'avait pas de nouvelles depuis quelques jours.

- Entre, Yojiro, j'ai une mission à te confier.
Le rônin s'agenouilla.
- Sais-tu retrouver le clan du Loup ?
- Oui bien sûr, Sasuke-sama. Je sais où loge un des éclaireurs de Juro, qui fait souvent l'aller-retour entre la Cité et leur repaire.
- Alors il faut que tu ailles les rejoindre... Nous savons qu'Akuma s'est échappé de sa pyramide dans les Royaumes d'Ivoire. Vraisemblablement, il n'est plus là-bas. Il veut revenir se venger. Nous devons le trouver avant qu'il ne nous trouve. Il faut battre la campagne et découvrir la moindre trace de son passage. Et pour cela, rien ne vaut les éclaireurs comme toi et ceux du Loup. Tu vas prendre cette bourse, avec une belle somme pour Juro et ses hommes. Je veux que vous fassiez le tour de la région et que vous m'informiez d'une présence démoniaque.
Yojiro s'inclina, prit l'argent et partit en fin de journée vers l'est, dans la campagne déserte, en direction du nid d'aigle où les Loups s'étaient établis.

Le surlendemain matin, Mitsurugi et Sasuke partaient à la chasse avec leurs amis Crabes. C'était une grande cérémonie, avec nombre de dignitaires de la Cité. L'Inquisiteur Tadao et Goemon accompagnèrent les deux Lions. Les groupes tirèrent au sort leur zone de chasse. Nos héros eurent droit à une parcelle en bordure de la forêt.
- Je connais bien ces lieux, dit Tadao, nous trouverons du bon gibier.
- Pour sûr, dit Goemon.

C'était le petit matin, encore frais et brumeux. Les groupes de chasseurs découvraient leur terrain. La mâtinée commença avec quelques lièvres, que Goemon tira à l'arc.
- Bon début de journée, dit le yojimbo. C'est bon signe. Je suis sûr que nous aurons bien mieux cette après-midi...
Les quatre samuraï mangèrent assis sur des rochers, dans les bois très frais, et se dépêchèrent de se remettre en chasse avant d'être transis. Leurs haleines formaient ces épais nuages qui allaient se disperser entre les branches nues et crispées.
L'après-midi, après de longues heures de recherches, Goemon fit signe qu'il venait de voir un sanglier. Nos héros se mirent après lui, et ne le lâchèrent pas pendant une heure entière. L'Inquisiteur Tadao décréta qu'il avait passé l'âge de galoper comme une biche. Il s'assit sur son rocher, fuma sa pipe en attendant le retour des courageux chasseurs. Ceux-ci revinrent alors que le soleil descendait lentement, ternissant déjà la campagne blanche. Goemon et Mitsurugi portaient une belle bête, un sanglier dans la force de l'âge. Mitsurugi l'avait entaillé à la gorge.
- Il est dodu celui-là, dit Goemon, bien nourri aux bonnes truffes ! Regardez comme il est gras ! Sa tête fera un trophée magnifique !
Des serviteurs accouraient pour décharger les samuraï et leur permettre de se nettoyer.
- Emmenez cette bête à notre campement, dit Tadao. Et dites-leur que nous rentrons très vite...
- Nous avons vu une autre bête pas loin, dit Goemon. Nous avons pensé aller la chercher avant la tombée de la nuit.
- D'accord mais dépêchez-vous !

Mitsurugi et Goemon partirent en premier, pendant que Sasuke restait à discuter avec l'Inquisiteur. Ils entendirent Goemon pousser un juron et accélérèrent. Le yojimbo et l'ambassadeur s'étaient mis en garde, alors qu'un ours, furieux, avançait sur eux, dressé sur ses pattes arrières !
L'Inquisiteur sortit un parchemin de sort de sa besace. L'ours allait charger : Sasuke fut plus rapide et lui envoya une boule de feu dans le museau ! La grosse bête s'étala par terre, Mitsurugi et Goemon coururent lui trancher la gorge !
Ils la décapitèrent prestement et reculèrent.
- Quel monstre ! C'est un grizzli ! Il vient des montagnes ! dit Goemon. J'en ai déjà vu des comme lui, mais pas ici !... Il a fait du voyage, c'est moi qui vous le dit !
- Il n'y a pas de montagnes dans la région ? demanda Mitsurugi.
- Non, c'est pour ça que je ne comprends pas ce qu'il fait là, celui-là...

Comme nos samuraï s'interrogeaient, silencieux, ils entendirent deux grognements. Ils se retournèrent et virent deux autres grizzli, tout aussi féroces, approcher, dressés eux aussi, la gueule grande ouverte !
- C'est une migration, ce n'est pas possible...

Sasuke invoqua son katana de feu et se mit en garde. Goemon prit son arc et décocha une flèche, qui atteignit l'un des ours à la patte. L'autre fonça mais nos héros purent s'écarter à temps, et la bête rentra dans un arbre, qu'il ébranla sérieusement. Étourdi, il tourna sur lui-même, oscilla ; Mitsurugi et Sasuke foncèrent et l'abattirent, pendant que Goemon avait rencoché une flèche et achevé l'autre animal.
- C'est de la sorcellerie, dit Goemon.
- Revenons au camp, il est grand temps !
Les samuraï prirent le chemin ; après avoir marché plusieurs centaines de pas, ils ne voyaient pas la sortie de la forêt, alors qu'ils auraient dû être dans les champs depuis longtemps.
- Tu parlais de sorcellerie, grommela Tadao.
La nuit tombait. Ils n'entendaient plus les autres groupes.
- Ils vont lancer des gens à notre recherche, dit l'Inquisiteur. Allons par là ! Le chemin doit mener au temple du Repos de Shinseï...
Là encore, ils se perdirent. La forêt n'en finissait pas... Les arbres se ressemblaient et s'alignaient en des rangées infinies.
- Un sort d'illusions...
- Comment le briser ? demanda Sasuke.
- Il faut attendre qu'il se dissipe...
- Les ours étaient des illusions aussi ? dit Goemon.
- Non, je ne crois pas... Avançons par là, il y a une clairière normalement.
Les samuraï se mirent en route, tandis que l'obscurité s'épaississait. Sasuke alluma des torches. Ils n'entendaient personne. Le silence surnaturel du bois devenait angoissant.
- Celui qui a lancé un tel sort est très puissant, dit Tadao.
Personne n'osa prononcer le mot, mais le nom de "Nuage" était sur les lèvres.

- Nous devons sortir d'ici...
Ils ne pourraient pas passer la nuit dans un bois gelé.
- Nous allons déjà prendre du petit bois, dit l'Inquisiteur. Nous allons attendre une heure devant un bon feu, repérer les alentours, et nous verrons bien si cette illusion continue à nous tromper longtemps.
L'horizon noir de la forêt semblait avancer par moment sur nos héros, et à d'autres moments, reculer comme s'il s'enfuyait.
Mitsurugi était parti de son côté ramasser du bois. Il entendit une branche craquer à quelques pas de lui. Il crut que c'était un de ses amis.
Non. Un homme se tenait immobile, masqué, avec un kimono bleu nuit ressemblant à celui d'un Grue. Mitsurugi frissonna. Il lâcha les fagots de bois qu'il avait ramassés et se planta sur ses deux pieds.
- La Grue Noire, hein...
Mitsurugi connaissait le personnage par la BEC : Yojiro l'avait affronté une fois le soir de la substitution, et, avec Mamoru, une seconde fois plus récemment. Il savait à quel genre d'adversaire il se mesurait... De réputation, c'était le meilleur assassin des terres du Crabe. Lui aussi avait dû arriver avec les Yasuki...

L'autre ne dit rien et se mit en garde. Il avança de quelques pas. Mitsurugi avait aussi la main sur le katana. Il avait froid aux mains, ses intérieurs tremblaient de froid et sa vue se troublait par moments. La Grue Noire n'était plus qu'à cinq pas de lui. Mitsurugi avait le souffle court.
La Grue Noire s'arrêta un bref instant, puis se jeta sur notre héros, dégainant son sabre dans le même mouvement. Mitsurugi crut mettre une éternité à sortir son sabre. Il reçut un coup dans l'épaule au moment où il dégainait. Notre héros recula, et entendit son adversaire, qui l'avait déjà dépassé, sauter sur un rocher et partir. Mitsurugi rengaina et voulut courir après l'assassin. Il trouva un message planté à un arbre :
- Ceci était le dernier avertissement. Ne vous mettez plus en travers de notre chemin.

Mitsurugi aurait pu ricaner si cela ne lui avait pas fait si mal... La Grue Noire venait de le défier et il espérait que lui, Matsu Mitsurugi allait abandonner !
Notre héros retrouva ses amis et leur annonça ce qui venait de se passer !
- Venez près du feu, dit Goemon. Venez, je vais examiner cette entaille...
Le yojimbo aida Mitsurugi à retirer sa manche :
- La blessure n'a pas l'air trop profonde, pas d'inquiétude...

Les samuraï s'assirent autour du feu allumé par Sasuke et profitèrent de cette chaleur.
- Même un shugenja puissant ne peut maintenir ce sort d'illusion indéfiniment, dit Tadao. Ils ont voulu nous effrayer et ma foi, c'est raté !... Nous n'aurons pas à passer la nuit ici... Les esprits de l'air qui maintiennent le sort vont se disperser et nous rentrerons...

Des battues étaient déjà parties pour rechercher les disparus. Des groupes de Hiruma ratissaient la forêt et revenaient régulièrement signaler qu'ils n'avaient trouvé âme qui vive. Les autres samuraï étaient rentrés à la Cité de la Pieuvre. Doji Onegano et son fils Suzume arrivaient au palais et allaient devoir annoncer à Ikue que Mitsurugi rentrerait plus tard que prévu. Ils la trouvèrent en pleurs : son petit chat adoré avait encore fugué !

L'Inquisiteur marchait pour se réchauffer.
- Allons, remettons-nous en route, il est temps.
Les samuraï ramassèrent leurs affaires. Ils entendirent du monde courir.
De sa grosse voix, Goemon appela à l'aide.
- Hé par là ! Par ici !
Ce n'étaient pas des éclaireurs Hiruma, c'était... Mamoru ! et... Maya ! Et ils étaient précédés par le bakeneko !
- Que faites-vous là ?
- C'est toute une histoire, ambassadeur !

Mamoru expliqua en deux mots qu'il avait trouvé le chat à la Cité, qui lui avait dit qu'il fallait le suivre. Yojiro étant absent, il était allé chercher Maya.
En fait, le rônin arrangeait la vérité : ce soir-là, il avait prié la Fortune du Secret et, déguisé en justicier nocturne, il était allé espionner la rue des conspirateurs rue du Saphir. Il les avait entendus parler de la partie de chasse et du piège tendu au groupe de Mitsurugi. Mamoru était alors rentré en vitesse à la Carapace, où l'attendait le chat. Et il avait raconté à Maya qu'il fallait partir à la forêt. Ils avaient couru puis, guidé par le bakeneko, avaient pu déjouer le sort d'illusion.
Le chat tourna autour des samuraï et leur parla par télépathie :
"Nous ne pouvons pas rentrer... J'ai senti la présence d'Akuma... Il n'est pas ici mais pas loin non plus. Il est dans un lieu qui se nomme les Limbes. il va y chercher des pouvoirs maudits pour exercer sa vengeance contre cet Empire. Nous devons partir sur-le-champ l'en empêcher !"
- Tu sauras ouvrir un passage vers là-bas ? demanda l'Inquisiteur.
Le chat cracha (car le chat apprécie peu l'ironie quand elle est dirigée contre lui) et fit signe de le suivre.
Nos héros partirent encore plus profondément dans la forêt. Les Hiruma, de leur côté, arrêtaient les recherches. Ikue fondait en larmes de plus belle quand elle apprit que Mitsurugi était perdu. Yojiro arrivait au camp des Loups, au sud-est de la Cité et requérait leur aide.

Le groupe du bakeneko marcha pendant une heure dans la forêt et arriva dans un terrain marécageux. Le jour était presque levé, gris et brumeux une fois de plus. Ils sortirent de la forêt, et Mamoru reconnu aussitôt le bout de la grande route pavée des Limbes, avec le temple de Hanteï Ojime à une centaine de pas de là. Il fit comme s'il ne comprenait pas plus que les autres.
- Nous sommes dans les Limbes ? demanda-t-il.
Le chat miaula. Il tourna la tête, soudain en alerte :
"Là-bas !"

Le bakeneko désignait un grand tourbillon au bord de l'eau, d'où sortaient de grandes créatures ailées, des vouivres noires, rouges ou vertes, qui montaient dans le ciel en hurlant.
- Je connais ce genre de monstres, dit l'Inquisiteurs, ce sont des prédateurs de l'Outremonde ! S'ils sont arrivés ici, c'est qu'Akuma n'est pas loin !

Les vouivres fonçaient comme un seul monstre sur nos héros en poussant des cris déchirants. Sasuke fit une courte invocation aux esprits du Feu et leur envoya quatre crépitantes boules de feu !







Samurai<span style="color:darkgreen">FORCE ET HONNEUR, SAMURAÏ !Samurai
<!--sizec--></span><!--/sizec-->
Reply
#7
Bientôt l'entrevue de Mistu avec son pote cristal.:ahah:
Reply
#8
:ahah:
Reply


Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)