17-11-2014, 10:55 PM
(This post was last modified: 17-11-2014, 11:15 PM by Darth Nico.)



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La Gronico

présentent
* NICOLASARTS *
Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
REPUBLIC STRIKES BACK
[GUARDIAN OF ETERNITY]
EPISODE III
A LAST HOPE (preview)
...
Le vieux soleil couleur de rouille se levait sur le palais barbare et ses reflets venaient frapper la peau écarlate des Barabels qui faisaient leur ronde.
Sur la plus haute terrasse, l’Empereur de Barhugam, réveillé plus tôt que d’habitude par un sombre pressentiment, grattait nerveusement le rebord de vieille pierre et fixait le ciel, inquiet. Les dernières étoiles disparaissaient dans la lumière de sang de l’aurore, et il ne put manquer de voir la traînée lumineuse qui passait entre les gros nuages en suspension. Il eut un feulement de haine et de joie mêlée, de soulagement aussi, de savoir que l’heure était enfin venue. C'était comme le prédateur qui voit enfin la proie venir à lui. Il pouvait maintenant accepter ce fait, qu'il ne s'était jamais avoué avant, que toute la guerre qu’il avait déclenchée, toutes ces batailles cosmiques, ces morts par millions, ces souffrances provoquées sur des milliers de monde, n’avaient été qu’une mascarade pour ne pas en venir là tout de suite : affronter enfin son ancien élève.
Au bout du compte pour un Sith, conquérir la galaxie ne compte pour rien, car il n’y affrontera jamais d’adversaires à la hauteur. L’Empire Barhugam tout entier n’était en fait qu’une énorme provocation pour obliger l’ancien seigneur Revan à sortir au grand jour et à assumer sa trahison.
Tout avait commencé quand le jeune initié était arrivé dans les marécages de Loondernagg, et qu’il avait sans hésiter tuer l’autre candidat, pour devenir le nouvel élève du seigneur Tréides. C’était à la mémoire de ce dernier que Konen dédiait le combat à venir, puisqu’au fond, il n’avait respiré depuis toutes ces années que pour venger son maître. Défier la République n’était presque rien pour lui. Les Sith sont au-dessus du sort des mortels ordinaires. Massacrer ces derniers n’est qu’un divertissement, une façon de passer le temps avant d’en venir au moment capital de l’affrontement sabre en main.
Konen savait de plus qu’il n’aurait jamais dû devenir un personnage si important. Il aurait dû rester le serviteur fidèle, l’exécutant des basses œuvres, le chien de guerre qui tire sur la laisse de son maître. Son destin n’était pas de continuer l’œuvre de son maître, mais de mourir pour le défendre. Aussi, l’Empereur dde Barhugam, vénéré par son peuple, craint par ces gros imbéciles de Hutts et de Gamoréens, redouté par ces sinistres gens du Soleil Noir, était le dernier à croire à son pouvoir et à ses chances de réussite. Il savait que tout cela n'était que poudre aux yeux. Depuis la mort de Tréidès, il avait vécu entouré d’une cour d’admirateurs, de flatteurs, haï de ses ennemis, mais en réalité, sa solitude était immense. Il ne pouvait confier à quiconque les vraies raisons de son combat. Il devait apparaître aux yeux de tous comme un chef de guerre sûr de lui, et pourtant, il n’y avait jamais cru. Ironie du sort : le seul qui pouvait le comprendre était dans ce vaisseau qui allait atterrir au pied de son palais, et qui venait pour le tuer. Oui, c'est comme s'ils n'étaient que deux dans l'univers.
Du reste, l’issue du combat importait peu à Konen. Il se demandait seulement si Revan, ou Merwyn peu importe, serait à la hauteur. La haine qu’il lui portait était devenue sa seule raison de vivre. Dès lors, il redoutait par-dessus tout le moment où il l’aurait tué, car alors, s’en serait fini pour de bon de sa vengeance et du passé, et il ne vaudrait plus la peine de vivre. Il ne pouvait chasser cette pensée angoissante... Sans son ancien élève, il en serait réduit à jouer son rôle. Plus personne ne connaîtrait le vrai Konen, ni ne mériterait de se battre contre lui – ce qui pour un Barabel revient au même. Mais surtout, ce qu’il pensait en ce matin sinistre, c'était à la mascarade qui se jouait autour de Revan/Merwyn. Il y avait une vraie différence : c’était que Revan devait mourir car c’était un traître alors que Mervyn ne méritait pas de vivre, car c’était un faible. Or, si la trahison est pour ainsi dire dans le sang des Sith, la faiblesse est le crime capital. Les deux se payent par la mort, mais à la faiblesse, on ajoute le mépris.

Ils avaient atterri maintenant. Le soleil rouge, enrobé de nuages, semblait malade, fragile, comme s’il expirait ses derniers rayons. Et d’un coup, tout s’écroulait sur Barab. Aucun des guerriers Barabels n’osait approcher des deux humains qui, leurs armes déjà à la main, gravissaient les marches du palais. La garde avait de toute façon été réduite au minimum, Konen y avait veillé. Un vent de panique soufflait dans le grand édifice, une ambiance de fin de monde. Le général descendit de la terrasse et alla dans la salle du trône, où il prit le double sabre accroché au mur. Il était temps, Merwyn et Gaeriel entraient déjà, sans avoir eu à combattre quiconque, ni à dire un mot.
Et de fait, il n’y avait plus rien à se dire. Konen alluma les deux lames rouges de son sabre, qui projetèrent leurs lumières mortelles sur les murs, des traits sanglants qui semblaient capable de trancher l’édifice. Konen bondit, comme tous ses ancêtres avaient bondi sur leurs proies depuis les temps les plus immémoriaux, et atterrit juste devant ses deux ennemis jurés. Merwyn et Gaeriel attaquèrent ensemble. A la coordination parfaite de leurs mouvements, Konen sentit qu’ils étaient comme les deux doigts de la main, et c’est alors qu’il voulut au moins les séparer à jamais, en tuer un des deux pour que l’autre le regrette toute sa vie. Il y aurait là une vengeance encore plus belle, plus cruelle, plus digne du code d’honneur des Barabels, qui est d’infliger à l’ennemi dix fois ce qu’on a subi. En tuer un seul serait presque plus beau que de tuer les deux...
En s’entrecroisant, les lames formaient un ballet mortel, où la mort sifflait à chaque mouvement, où chaque coup semblait suffisamment puissant pour abattre une armée, pour terrasser le vieux soleil rouge et plonger ce monde dans les ténèbres. Ce moment tant attendu, le général Konen eut à peine le temps d’en profiter, même si c’est avec allégresse qu’il s’était jeté dans le combat.
C’est à peine si Merwyn et Gaeriel étaient reconnaissables. Ils puisaient dans le côté obscur de la Force comme jamais auparavant, risquant de s'y enfoncer bien plus que lorsqu’ils avaient été soumis à Orcus et Tréidès. Cette fois-ci, c’était à la vie, à la mort. Il y avait en eux comme une fontaine d’eau noire qui jaillissait abondamment et c’était bien les forces du mal qui guidaient leurs gestes. Ils laissaient libre cours à la puissance sauvage dont tout le code Jedi apprenait à se méfier. S’ils n’avaient puisé au fond de l’obscurité, ils auraient été morts avant même de croiser leurs lasers avec Konen. Merwyn, au bout de quelques passes, comprit que l’entraînement de Thembee serait encore à peine suffisant pour venir à bout de cette terreur galactique qu’était Konen. Chaque cellule du corps du Barabel hurlait de rage, il n’était plus animé que de cette énergie maléfique qui peut ravager des systèmes solaires. Ils sentaient qu’ils étaient tous emportés dans un tourbillon démoniaque qui pourrait détruire à jamais leurs esprits, qu’ils pourraient ressortir de ce combat comme des monstres pires que tout ceux qu’ils avaient abattus jusque là. Ce duel ultime était ponctué de cris d’agonies de la Force...
C’était comme si la galaxie allait basculer sur son axe et plonger pour toujours dans les ténèbres. Rien ne venait à bout de Konen ; les coups les plus rapides, les plus violents et les mieux placés, il les arrêtait encore. Il s’était mué en une divinité barbare face à laquelle tout mortel doit périr de terreur rien qu’à l’approcher. Dans ses yeux, il y avait des millénaires de peur et de solitude, des promesses immédiates de destruction, le rêve enfin des serviteurs du côté obscur d’embraser d’un bout à l’autre l’univers. Gaeriel avait presque fini de décharger son arme, et Merwyn, jouant de ses deux sabres avec une virtuosité inégalable, ne trouvaient toujours pas la faille, bien qu’ils aient ouvert en grand les portes de l’enfer et laissé s’écouler comme jamais le côté obscur. Konen était comme un brasier, prêt à dévorer tout autour de lui et c’était comme s’il se nourrissait de l’énergie dépensée par ses ennemis, qu’il ressortait plus fort de chaque passe d’arme parce qu’il en aspirait la puissance. Merwyn s'était entraîné des mois contre Depa Billaba, dont la rapidité faisait d'elle l'équivalent de six ou sept Jedi bien entraînés. Au début, il était totalement débordé. A la fin, il parvenait à repousser ses assauts, et quelques fois, il avait réussi à la mettre en difficulté. Mais Konen était encore bien pire. Il était moins rapide mais sa puissance semblait invincible. Merwyn sentait le vertige du côté obscur le prendre. Il pouvait basculer, de rage, dans la folie, car il ne mettait plus de limite à la violence de ses coups. Il avait repoussé toutes les limites, même celles que Thembee lui avait imposées. Il était possible qu'il ressorte de ce combat encore plus dangereux que ce qu'était Konen... Et d'une certaine façon, c'est cela que le général aurait voulu : achever la formation de Revan par ce duel et que ressorte du palais de Barhugam un seigneur Sith tout-puissant, entièrement voué aux ténèbres...
Gaeriel, soudain, trébucha ; Merwyn eut le souffle coupé. Konen, emporté par son élan, ne réussit pas à l’atteindre, ni Gaeriel, mais au prochain coup, Merwyn serait seul face à lui, et il était au bout de ses moyens. Gaeriel trembla. L'instant se figea pour elle, et elle prit une décision terrible. Elle serra le poing et fit appel au pouvoir le plus puissant que lui avait appris Orcus, celui qui pouvait la faire basculer à jamais dans les ténèbres car il vient des antiques sorciers Siths qui n’ont jamais vécu dans la lumière. Son poing se mit à crépiter et elle envoya une sphère d’énergie crépitante sur Konen. Celui-ci l'esquiva, par pur réflexe. Cet instinct de survie aguerri, propre à tout Barabel, lui fut fatal. Il réussit à éviter la sphère d'énergie, mais quand il se remit face à Merwyn, effrayé, il vit ce dernier, les traits déformés par la colère, qui fondait sur lui comme un ange exterminateur, le destructeur des mondes.
Le coup qui suivit, le dernier, envoya une onde de choc qui lézarda les murs de la salle, qui résonna dans tout le palais, qui stupéfia tous les Barabels et fit frissonner le soleil à l’agonie. Ce fut un coup sourd, énorme, foudroyant, qui immobilisa un instant la nature, et fit s’envoler de grands groupes d’oiseaux noirs dans l’aurore inquiétante.

Il fallut longtemps pour que l’écho cesse de résonner. Gaeriel se relevait à peine et Merwyn, haletant, avait les deux bras paralysés par la brutalité du coup qu’il venait d’asséner. Konen gisait à ses pieds. Tué net, il avait à peine vu la mort arriver.
Merwyn éteignit ses sabres et les rengaina. Epuisé, il fut retenu par Gaeriel et, en se soutenant mutuellement, ils ressortirent de la salle, puis, par le grand escalier, du palais, aussi silencieux que s’il était désert. Personne ne les approcha à moins de cinq mètres. Il ne fallut aucune annonce pour savoir que Konen était mort. Cela se sentait dans la moindre vibration de l’air, que le grand général était mort, que tous les espoirs de conquête et de grandeurs des Barabels venaient de disparaître et que cette planète était condamnée sous peu à régresser vers la pire barbarie – les guerres perpétuelles entre clans, les souffrances inutiles et les campagnes de vengeance permanentes, tout cela recommençait déjà. Ce qui aurait pu être la capitale d’un empire galactique allait redevenir une planète éloignée de tout, lugubre et repoussante.
Merwyn avait de la sueur et des larmes mêlées. Gaeriel descendit les marches du palais au ralenti. Merwyn jeta un dernier regard vers cet édifice grotesque. Les Barabels restaient là, muets de stupeur, ou bien rejoignaient déjà les taillis. C'était fini. Le soleil douloureux achevait de se hisser au-dessus de la jungle. Les rayons de l'aurore enrober la végétation dans un grand nuage de flammes. Des nuages à l'horizon ressemblaient à des vagues figées dans l'air malsain. Un fleuve ressemblait à une grande veine et ce monde retournait à son chaos primitif.
Quand Merwyn et Gaeriel eurent décollé et enregistré les coordonnées automatiques de vol, ils prirent enfin conscience de ce qui s’était passé, et c’était comme revenir à la vie après un très long séjour au pays des morts.
...