¤CRISTAL AGE¤
Gaeriel et Merwyn firent le tour de l'île du Temple, pendant que Limbo s'entretenait avec les moines de Zzin.
La mer étincelait sous le soleil. Les pêcheurs faisaient la sieste à l'ombre de leurs cabanes et les villages de bord de mer dormaient paisiblement, en cette heure chaude de la journée. Quand nos deux amoureux eurent terminé leur tour, à quelques pas des vagues qui ronflaient doucement et s'alanguissaient sur la plage, le soleil était bien plus bas dans le ciel et l'ombre du grand temple s'allongeait sur une grande partie des terres.
Ils retrouvèrent le moine dans le cloître, dans le jardin duquel travaillaient plusieurs jeunes frères.
- Limbo sera bien l'Oracle. C'est lui qui a été choisi par Zzin.
- Oui, dit Merwyn, mais accepte t-il ce choix ?
- Il va vous le dire lui-même.
Limbo revenait, accompagné de deux moines encapuchonnées et silencieux.
- J'accepte, dit-il, fatigué, mais souriant. J'ai été reçu dans la salle de vérité de Zzin. J'accepte de devenir son nouvel Oracle...
Merwyn et Gaeriel regardèrent le garçon, fiers et satisfaits, parce qu'ils avaient été, avec d'autres, ses tuteurs. Il est vrai que le garçon revenait de loin et que sa joie faisait oublier le jeune adepte du côté obscur qui avait failli causer la perte de la Source Lumineuse...
Gandalf fumait sa pipe à l'extérieur, adossé à l'un des oiseaux-géants, les arnoz-hiro, et eut un sourire discret lorsque nos deux héros lui apprirent la nouvelle. Avait-il pressenti que le garçon serait bien le nouvel Oracle ?
- Rentrons au cratère, dit le vieil homme, un bon dîner nous attend. Dommage que Limbo ne puisse venir avec nous, mais les moines de Zzin passent pour avoir des moeurs pour le moins frugales... Et j'imagine que l'Oracle se doit de montrer l'exemple !
Bientôt, on annoncerait aux habitants de Zzin la nouvelle, et Limbo serait officiellement sacrée, lors d'une cérémonie publique en grande pompe : il devrait alors prononcer un discours, accueillir des nécessiteux, jurer de protéger les faibles et tous ceux qui demanderaient du secours. Puis il se retirerait dans le temple, dans le silence méditatif des allées, des cloîtres et des salles de l'ordre de Zzin, et méditerait sur sa divinité tutélaire, pour interprêter ses paroles et les transmettre aux moines.
Les arnoz-hiro décollèrent alors que le soleil plongeait dans la mer écarlate et se posèrent à l'entrée du souk à la nuit tombée, sous les étoiles. C'est vers ces étoiles que le vaisseau d'exploration repartit le lendemain à l'aube.
Le Z-10 se posa sur Ruusan après un voyage sans histoire. Les installations de l'Alliance des Planètes Libres s'étaient encore développées depuis leur départ. C'était une époque de prospérité qui s'annonçait, car chaque jour l'Empire reculait et les anciens Rebelles, à force de combat acharné, des efforts conjoints de milliards de créatures, parvenaient à libérer la galaxie du joug d'acier de l'Ordre Nouveau.
Dans la Vallée, nos héros se mirent au courant des occupations des Jedi : Cyrillis Baelun se remettait de sa captivité en hibernation ; Jaggar Jaggath étudiait les mystères des cristaux ; Kyle Katarn et sa coéquipière Jan Ors étaient repartis en mission spéciale ; Luke Skywalker était en voyage pour trouver de nouveaux disciples ; Nello Dewelden séjournait dans l'un de ses repaires secrets.
On attendait l'arrivée de la flotte de Blood et Sacratiff, de retour des parages de Libria. Mais elle n'était pas signalée. Et le lendemain de leur arrivée, Gaeriel et Merwyn reçurent une communication du prince Déménor, resté à Vinovo : il n'avait pas de nouvelles de la flotte du système, ce qui était inquiétant. Elle avait régulièrement transmis son carnet de route, et puis plus rien depuis deux jours.
Nos héros pressentirent que quelque drame se tramait. Dans une galaxie en guerre, la flotte pouvait avoir été repéré et pourquoi pas sortie brusquement de l'hyperespace par un Interdictor. Gaeriel s'informa du dernier point atteint par sa flotte et décida de se renseigner : Déménor put leur apprendre que Sacratiff avait envoyé son dernier relevé depuis les abords de Boz Pity.
Sans tarder, le gouverneur et son ministre diplomate partirent vers cette planète, avec le Z-10.
Depuis Zzin, Limbo les contacta et leur confirma qu'il ressentait que quelque chose de malsain se tramait sur cette planète. Et que cela pouvait aussi être en rapport avec les monolithes noirs, ces mystérieux artefacts spatiaux qui se trouvaient là où avaient disparu planètes et flottes...

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C'était la seconde fois que Gaeriel se rendait sur cette planète, où le chevalier Quinlan Vos avait mené l'une de ses dernières batailles. Le petit vaisseau survola bientôt les champs de ruines des grandes batailles terrestres qui avaient eu lieu là-bas à la fin de la guerre des Clones, puis survola la capitale, Gianthropy, la mégalopole anarchique, divisée entre des milliers de petites factions qui avaient morcelé cette cité inondée en une multitude de petits quartiers de guerrilleros.
Le Z-10 se posa dans un endroit reculé et nos héros commencèrent leurs investigations par l'un des centres névralgiques du lieu, à savoir la cantina locale !
Ils ne comptaient plus le nombre de débits de boissons de ce genre qu'il avaient visités. Le patron, un humanoïde ventripotent portant de profondes blessures sur ses gros bras et son visage adipeux, devait avoir fait son temps dans les légions impériales avant de tenter sa chance comme chasseur de primes. Et il avait dû être de cette fraction minoritaire de bounty hunters qui se retirent du métier avant d'accepter le contrat de trop, celui qui termine leur carrière dans un bouge sordide, la tête trouée contre un bar ou dans un coin reculé de l'espace à la poursuite d'une proie trop forte pour eux.
Merwyn posa quelques questions, l'air de rien, en se faisant passer pour un honnête petit commerçant indépendant qui cherche des opportunités dans des secteurs où la concurrence n'a pas encore saturé la marché. Pendant ce temps, Gaeriel, sûre d'elle, accoudée au comptoir, regardait la salle avec un air de satisfaction et de défi. On jouait, on buvait, on menait des tractations, on discutait, on épiait, on passait le temps, on attendait. Qui était ces deux petits nouveaux qui débarquaient, arrogants, arrivistes ?
Le patron ne put apprendre que des banalités à Merwyn mais Gaeriel avait repéré un humain qui avait la tête du parfait petit indic vaguement compétent, plutôt minable, qui attendait son contact. Celui-ci arriva, dans un large manteau sans distinction, mais à sa démarche, son port de tête, ses regards, on devinait un noble, qui n'a pas l'habitude de fréquenter le bas-peuple. Et c'était un de ces humanoïdes à deux paires d'yeux superposés, comme le prince Ixxos Sadim d'Ossus ! Immédiatement, l'attention de Gaeriel se focalisa sur ce personnage, qui échangea quelques mots brefs avec son indicateur. A l'aide de la Force, nos héros avaient tendu l'oreille : il ressortait de cette conversation à mots couverts que le personnage en question recherchait quelqu'un d'important et que l'indic avait un début de piste.
Les deux hommes se séparèrent sans tarder. Gaeriel prit en filature l'indic, et Merwyn le beau seigneur.
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Un vilain parking, gris, sale, coincé sous une branche de voie expresse. Gaeriel s'était approché d'un speeder et attendait que l'indic approche.
- Excusez-moi, monsieur, est-ce que vous vous y connaissez en mécanique ?...
Pauvre fille, elle avait l'air complétement perdue devant son moteur. Et elle était plutôt mignonne... Le type s'approcha et fut étonné de la voir dégainer en un éclair un glaive et lui pointer sous la gorge.
- Ecoute-moi, j'ai quelques informations à te demander. Si tu es loquace, tout va bien se passer et dans deux minutes j'aurai disparu.
Elle l'emmena dans un coin tranquille, mais les lieux n'étaient pas surveillées.
Gaeriel apprit que le contact recherchait une femme de la race Neti pour son maître, que cette femme comptait beaucoup pour lui et qu'elle s'était enfuie.
- Où penses-tu qu'elle se trouve ?
L'indic l'avait repérée dans une des zones industrielles de la ville et dernièrement dans un quartier que Gaeriel connaissait déjà : celui de l'ancienne légion loyaliste démobilisée et, peut-on ajoutée, très démoralisée ! L'occasion d'aller rendre visite à ces chers soldats en mal de cause à défendre.
Elle partit sans attendre, en ayant soin de prévenir Merwyn de ce qu'elle avait appris.
Notre Jedi eut la chance de suivre l'humanoïde jusqu'à un très grand hôtel, luxueux, avec casinos, piscines, centres de losiirs, salles de fêtes où se pressaient le gratin de la ville. Des speeders de luxe étaient amenés au parking par les portiers et les holoflash crépitaient à mesure que les vedettes, les acteurs, les banquiers et les officiels montaient les marches.
Merwyn parvint à s'incruster et se fit l'effet d'un pique-assiette, mais enfin, il était dans la place !
Une orgie de lumières, chandeliers, fontaines lumineuses, tableaux animées, galeries de glace et tables de jeux, où évoluaient un microcosmos de privilégiés qui se retrouvaient entre eux.
Notre Jedi ne tarda pas à retrouver le seigneur, qui s'entretenait sous une alcôve avec un personnage que Merwyn reconnut comme Ixxos Sadim en personne. Plus de doute : il devait rechercher la princesse Saa, qu'il gardait pourtant jalousement au palais de Felucia. Comment avait-elle s'enfuir, malgré la surveillance du prince, et surtout le blocus impérial mis en place par l'Inquisiteur Tremayne ?
Sur Ossus, aux dernières nouvelles, la situation était critique : la guerre menaçait d'éclater pour de bon entre les Impériaux et les gouverneurs des systèmes voisins, depuis que les services de renseignement de Ludwig von Ludwe les avait avertis d'une menace, pour rendre service à Gaeriel.
Notre Jedi attendait une occasion pour s'approcher de Sadim et savoir de quoi il retournait. Il savait que dans ce genre de situation, le culot payerait -d'autant qu'il ne pouvait faire pire, depuis que le prince l'avait surpris dans la chambre de sa captive !
Seulement, il avançait prudemment, car il y avait des Impériaux dans la place et il n'était armé que d'un blaster. Et un chevalier Jedi sans son sabre, c'est un contrebandier sans son vaisseau trafiqué, un pilote sans son chasseur amélioré, un seigneur Sith sans plan machiavélique à fourbir, un barman ou un chauffeur de camion stellaire sans avis sur la situation actuelle, bref un être privé de l'essentiel !
Gaeriel arriva dans les quartiers de la Légion Loyaliste, sur le pied de guerre. Peut-être que la plupart des hommes accoudés mollement au comptoir le sentirent, c'est à dire sentirent qu'un vent de changement commençait à souffler chez eux -et même un début de tempête ! Les plus vieux relevèrent la tête pour regarder l'ex-sénatrice Captinson, les plus jeunes eurent une lueur d'espoir dans le regard. Gaeriel les fixa tous et leur expliqua qui elle était venue chercher. Mais on pressentait qu'elle ne s'arrêterait pas là !
Elle demanda à inspecter les installations militaires des lieux, l'armement, les défenses, et elle le dit sur un ton si impérieux, qui tranchait tellement avec le relâchement et l'ennui de cette armée, qu'on lui obéit sur le champ et qu'elle passa tout ce qu'elle voulut en revue, comme si elle était un général en visite surprise !
Et on devinait sans peine quand elle se trouvait satisfaite et quand elle était très mécontente ! De jeunes sous-off se proposèrent pour l'aider dans sa recherche, admiratifs, impatients qu'elle use de sa poigne pour apporter le renouveau tant attendu !
Elle les mettait en alerte rouge, comme s'ils allaient prendre d'assaut le palais impérial de la Cité, où siégeait un potentat corrompu, lâche, qui intriguait sans cesse avec ses conseillers et ses contacts pour maintenir la division dans la ville, et s'assurer qu'on ne viendrait pas se liguer contre lui. Il asseyait sa tyrannie sur l'anarchie complète de la Cité inondée. Et les factions bataillaient, prises dans des rivalités sans fin, stériles, pendant que le gouverneur, du haut de sa terrasse supérieure, contemplait d'un air de profonde satisfaction cette agitation grouillante, et les tirs d'artilleries lancés d'un quartier à l'autre.
- Je vais avoir besoin de vous, dit enfin Gaeriel et pour un peu, les jeunes soldats auraient poussé des hourrah, pendant que les plus vieux, résignés depuis plus de vingt-cinq ans, savaient qu'une page était tournée, que le temps perdu allait être rattrapé, qu'ils allaient enfin devoir faire face aux réalités.
Maintenant, notre ex-amirale attendait des nouvelles de Merwyn.
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Le Jedi avait attendu pendant un certain temps parmi les invités de cette luxueuse réception, restant à part au moment où un grand bal commençait, pendant que les tables de jeux se couvraient de piles de jetons toujours plus épaisses et plus grosses. Pour tuer le temps, Merwyn s'assit à une table, où il joua et fit une partie sans vague : il finit par perdre, mais de peu. On le prenait vraiment pour un de ces coureurs qui s'infiltrent dans les soirées mondaines, pour y parachever une escroquerie ou y séduire une personnalité en vue. Sadim restait inaccessible et lui, Merwyn commençait à se faire remarquer. Or, avec le pedigree impérial qu'il traînait, il préférait ne pas s'attarder. Qui sait s'il n'avait pas déjà été reconnu ? L'ambiance devenait malsaine.
Il sortit en rasant les murs et personne ne regretta son départ. Déjà, on ne pensait plus à lui.
Il reprit son speeder et s'engagea sur la huit-voies expresse embouteillée, entre les enfilades de buildings hauts comme des montagnes. Il aperçut dans son rétro qu'un autre véhicule l'avait pris en filature. Il accéléra et ses suivants parvinrent à s'infiltrer dans ce trafic. Ils étaient maintenant presque à sa hauteur.
Un tir de blaster partit et frappa l'arrière du véhicule. Merwyn passa en quatrième vitesse mais le speeder ne lâcha pas prise. Notre Jedi vit un chasseur de prime à l'arrière, braquer un fusil, viser et décocher d'autres tirs. Notre héros n'était pas un as du bitume et son speeder tressauta sous les coups de laser, se mit à fumer et ses controles s'emballèrent. Merwyn ralentit avant de perdre son engin et réussit à se gara en catastrophe sur le trottoir, après avoir défoncé des stands de marchandises, des poubelles, mit en fuite une bonne dizaine de personnes et percuté enfin un autre speeder garé là. Le Jedi sauta hors de l'habitacle et courut vers une impasse, au moment où les chasseurs passaient sur la route et expédiait vers lui une rafale de tirs.
Merwyn courut et se retourna : ils ne pouvaient pas déjà être sur ses traces. Il avait connu des situations similaires des dizaines de fois, et même souvent de bien pire, mais cette fois, il était sans sabre, ce qui faisait une énorme différence !
Il commençait à comprendre ce que ça voulait dire, d'être une proie traquée par un syndicat. Il décida de rejoindre l'astroport au plus vite : il était "grillé" maintenant, et il valait mieux ne pas mettre Gaeriel en danger. Quitter Boz Pity le plus vite possible et ensuite aviser. L'impétueuse Captinson trouverait bien un autre vaisseau pour s'en aller.
Ayant réussi à voler un autre speeder, Merwyn gagna l'astroport sans difficulté. On avait perdu sa trace. Il se fondit dans le trafic nocturne, puis dans la foule qui ruisselait partout dans les halls, les terminaux, les allées commerçantes et les salles de pas perdus. A chaque minute, on entendait un appareil qui décollait dans le rugissement de ses moteurs.
L'atmosphère était agitée, mais aucun danger n'était signalé. Merwyn atteignit les hangars pour petits vaisseaux. Un tir s'écrasa près de sa nuque, sur le mur. Les chasseurs étaient là ! Ils étaient cinq, armés de fusils, grenades, piustolets, armures, casques !... Notre Jedi se précipita vers le Z-10 mais il n'eut pas le temps de l'attendre : ses ennemis étaient entrés et lâchaient une rafale de tirs. Merwyn plongea derrière le vaisseau et fit les lasers s'écraser contre le plastobéton. Il avait sorti son DL-44, qui ne suffirait pas face à des professionnels armés et compétents !
Il lança quelques tirs mais ce n'eut aucun effet. On envoya vers lui une grenade, qu'il repoussa par télékinésie, mais c'était juste un fumigène.
Il entendait les pas des chasseurs qui maneouvraient pour l'encercler.
Que faire ? Les attendre ? Courir pour atteindre l'intérieur du vaisseau ? Mais s'ils l'avaient ouvert en postant quelqu'un à l'intérieur ?...
Comme sur Ossus, notre Jedi sentit la partie perdue. Ils devaient être encore plus nombreux maintenant, pour attraper l'un des cinq criminels les plus recherchés de la Galaxie. S'ils l'attrapaient, en se partageant la prime ils gagneraient tous assez pour vivre heureux jusqu'à la fin de leurs jours.
- Rends-toi Peake ! Tu n'as plus aucune chance !
Les chasseurs, fusils braqués, virent le pistolet de Merwyn glisser à terre et le Jedi sortir, les bras en l'air.
On lâcha sur lui plusieurs rafales de tirs paralysants.
Merwyn tomba à terre et on le ficela dans des mailles en élasto-titanium, assez fortes pour enserrer un Rancor. Puis on l'emmena dans un camion speeder. Notre Jedi reprit conscience : il pensait que c'était Sadim qui les avait envoyés. Fatale erreur ! Le camion fut arrimé à l'arrière d'une station air-speeder, qui décolla de l'aéroport et Merwyn comprit qu'il venait de tomber, pour la première fois, entre les mains de l'Empire !
Cette fois, plus personne n'était là pour le secourir au dernier moment !
L'air-speeder rejoignit une base orbitale et alla dans la soute d'une frégate de surveillance. Et Merwyn était encore ligoté dans le camion. Les Impériaux ne prendraient jamais trop de précautions ! La frégate s'éloigna de l'orbite planétaire et se mit sur un circuit d'attente avant son départ en hyperespace.
Gaeriel avait senti aussitôt la capture de Merwyn. Affolée, elle lança le branle-bas de combat parmi les Loyalistes. Mais il était déjà trop tard ! L'efficace organisation impériale avait déjà refermé plusieurs épaisseurs de blindage autour de Merwyn.
Une communication holo s'activa pour ele : apparut un grand humanoïde à quatre yeux, dans une armure complète dorée et cuivre.
- Mes salutations, mademoiselle Captinson. Je suis le prince Ixxos Sadim d'Ossus. Je pense que Merwyn vous a déjà parlé de moi.
- En effet...
- Je suis au courant de la situation, donc allons au plus court. Vous savez qui je recherche et moi, je sais que vous feriez n'importe quoi pour retrouver Merwyn.
- Oui.
Gaeriel était haletante d'impatience : est-ce que ce Sadim allait pouvoir vraiment l'aider ?
- Je vous propose le marché suivant : aidez-moi à retrouver la princesse Saa et je ferai mon possible pour sortir Merwyn.
- Vous n'ignorez pas qu'ils vont l'emmener directement dans les plus profondes prisons de Coruscant !
- Je tenterai quelque chose avant.
- D'accord, j'accepte. Mais je ne vous livrerai pas la princesse Saa : je vous autoriserai à la rencontrer, si vous promettez de ne pas tenter de l'emmener de force.
Sadim accepta, à contrecoeur. Gaeriel accepta aussi ; elle n'avait rien à perdre : du reste, elle sentait que Merwyn était aussi important pour elle que l'était la princesse Saa pour ce Sadim.
La communication cessa. Gaeriel avait fait remettre en état un vieux transport par les Loyalistes. Il allait servir de soutien à Sadim, au cas où il parviendrait à extraire Merwyn. Gaeriel s'installa à bord de ce vieux YT et rejoignit aussitôt l'orbite basse de Boz Pity. Si elle approchait trop des Impériaux, elle serait repérée : or, avec ce vieux coucou, elle n'avait pas de quoi tenir la réplique face àune flotte de surveillance planétaire !
Elle fut donc là pour voir la frégate s'éloigner et partir en hyperespace.
A ce moment, un transport aux couleurs de la principauté de Félucia passa près de Gaeriel et partit à la suite de la frégate. Fallait-il que ce Sadim fût prêt à tout pour retrouver la princesse, puisqu'il s'était exilé de sa planète et qu'il allait maintenant suivre les Impériaux !
Gaeriel s'organisa avec la légion pour fouiller les alentours : et bientôt ils trouvèrent la princesse, cachée dans un bunker souterrain, dans une zone industrielle désaffectée.
Majestueuse, digne, la princesse se leva quand Gaeriel entra, comme si elle l'accueillait dans une salle de réception. La Neti était éprouvée par le voyage et ses cheveux-racines n'étaient pas aussi bien coiffées qu'au palais de Felucia et les fleurs dans ses cheveux étaient de papier. Quelles épreuves avait-elle endurées pour s'échapper d'Ossus et arriver ici ?...
- Je suis contente de vous rencontrer, mademoiselle Captinson. Merwyn Peake m'a parlé de vous et j'ai tout de suite su qu'il avait beaucoup de chance de vous avoir...
- Merwyn m'a expliqué les circonstances de votre rencontre. Mais maintenant, il est tombé pour de bon entre les mains de l'Empire. Et Sadim est parti à sa poursuite.
Elle en fut surprise :
- Mais il venait pour me chercher moi...
Gaeriel expliqua l'accord passé avec le prince.
- J'ai dit à Sadim que je vous mettrais à l'abri et qu'il ne vous approcherait pas sans votre consentement. Je connais une planète où vous serez en lieu sûr.
- La planète des Jedi...
- En quelque sorte.
- Je dis cela, car j'ai entendu l'Inquisiteur Tremayne en parler. Il sait que les Jedi se réunissent dans un lieu secret...
- C'est là-bas que je vous propose d'aller.
- Je ne peux pas être un poids pour vous.
Elle refusait une première par pure politesse car elle était aux abois : c'était vraiment de l'espoir que lui apportait Gaeriel, la seule porte de sortie.
Ainsi fut dit, ainsi fut fait : Saa partit avec un pilote dans un transport discret, à destination de Ruusan.
- Merwyn pense que Sadim n'est pas entièrement prisonnier du côté obscur, avait dit Gaeriel en accompagnant la princesse à l'astroport.
- Qu'est-ce qui vous fait croire ça ?
- Croyez-moi, nous avons connu des serviteurs du côté obscur. Nous n'en avons jamais vu chercher la femme qu'ils aiment comme Sadim.
Saa ne montra pas d'émotion. Sadim l'avait fait vivre dans une prison dorée, mais il l'avait tenue à l'écart des dangers de l'Empire : la Force était avec elle. Tremayne aurait pu la tuer, puisque Vader avait exterminé presque complétement les Neti, jadis...
- Je vous remercie Gaeriel. J'espère sincérement que Sadim pourra délivrer Merwyn.
Ne serait-ce pas une preuve que le Prince serait capable de dévouement héroïque ?
- Il le fera, dit Gaeriel, au moins pour que je le laisse vous approcher...
Et le transport décolla.
Pendant ce temps, Merwyn devait s'éloigner à la vitesse de l'hyperespace de Boz Pity, pour rejoindre le Noyau galactique et rejoindre le Point Zéro, alias la planète-mégalopole Coruscant.
A moins que Sadim...
Merwyn se réveilla, ses membres endoloris. Les liens qui l'avaient enserré pendant des heures lui avaient été enlevés, mais il sentait encore vivement leur étreinte. Grondement de moteurs. Une cellule lourdement fermée, par plusieurs portes en titanium, et surveillée sous tous les angles.
Pendant des heures, rien que la solitude et le silence. Pas même le bruit dans le couloir d'une patrouille de troopers. C'était comme se trouvait coincé dans un système oublié de tous.
La fatigue endormait l'angoisse de Merwyn. Il savait que les plus profondes prisons impériales l'attendaient, voire peut-être une exécution sommaire.
Au bout d'un temps indéfini, il sentit que le vaisseau sortait dans l'espace normal. Etait-on déjà arrivé en orbite de la capitale ?
Le trajet depuis Boz Pity était-il si court ?
Les voyants de sécurité de la porte passèrent du rouge au vert et les systèmes hydrauliques se mirent à grogner ; le sas s'ouvrit en soupirant. Merwyn releva la tête : un seul homme, dans la lumière blafarde qui venait du couloir.
- J'ai obtenu le droit d'avoir un court entretien avec vous.
Et les quatre yeux de Sadim fixaient Merwyn.
- Vous pensiez que l'Inquisiteur viendrait déjà vous voir ?...
- Où sommes-nous, fit Merwyn, las.
- A l'entrée du Noyau, dans un système dont j'ignore même le nom. On vous a transferé à bord d'une frégate-prison, à bord de laquelle vous êtes le seul prisonnier. Environ un millier de soldats impériaux sont à bord rien que pour vous surveiller et s'assurer que vous arriverez à bon port... L'Empire n'accorde pas un tel privilège à beaucoup de monde, vous vous en doutez...
- Comment avez-vous fait pour obtenir cette permission de me voir ?
Sadim parla par télépathie :
- Tremayne était furieux que vous ayez réussi à vous exfiltrer d'Ossus... Bien sûr, il ne savait rien de mon implication dans cette affaire, ni de l'accord passé avec le général Cypher. Ce n'est qu'après, qu'il a appris... Et vous lui avez encore échappé sur Libria. Tremayne aurait voulu égorger de ses mains le général Cypher, mais il a disparu après avoir croisé le sabre avec vous...
- Il est tombé des hauteurs des laboratoires Von Braun, mais il n'est sûrement pas mort...
Merwyn aussi avait parlé par télépathie.
- Quoi qu'il en soit, j'ai aidé Tremayne à vous rechercher et je l'ai mené jusqu'au pavillon de Darth Andeddu, où il a été très intéressé par les fresques qui se trouvent dans les caves... En échange de mon zèle, j'ai pu avoir la chance de vous croiser... Officiellement, pour vous narguer et pour retrouver la princesse Saa...
- J'ignore où elle est.
- Peu importe, je sais où elle se trouve maintenant. Mais je ne suis pas venu raconter ma vie.
Sadim hésita, fit quelques pas dans la pièce, pendant que Merwyn restait assis, les coudes sur les cuisses.
- C'est Tremayne qui est responsable de la fuite de Q'orianka. Il a assujetti Ossus, alors que notre indépendance était garantie jusque là. Il m'a fait déchoir de ma place de Prince, car le peuple a compris que je devais me soumettre à lui. Dès ce moment, je ne pouvais plus espérer régner à Felucia City. Je suis parti en exil...
- Vous connaissiez bien Tremayne pourtant...
- Plusieurs fois, par le passé, je me suis heurté à lui. En particulier, lorsque j'ai refusé d'exécuter Saa, préférant l'emmener avec moi.
- Et maintenant ?...
- Maintenant, fit Sadim, maintenant je n'ai plus de raison de ménager Tremayne...
- Vous allez l'affronter ?
- Moi non...
Le Prince exilé fixait Merwyn.
- Moi ?... fit notre Jedi, amusé par le dérisoire de la situation.
Sadim détacha le sabre attaché à sa ceinture dans le dos et le montra à notre Jedi. C'était le sien, celui légué par Eo Khelin.
- Lors de mes recherches pour l'Empire, j'ai mis la main dessus. Je sais que la Force est avec vous. Dans quelques heures, vous allez être transferé dans le destroyer personnel de l'Inquisiteur. Vous serez solidement encadré mais j'assisterai à votre passage. Alors, à ce moment-là...
Merwyn soupira. Ixxos Sadim n'ajouta rien et sortit. Les lourdes portes mécaniques se refermèrent derrière lui.
A suivre...:o