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16e Episode : La Cité des Mensonges
#1
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:green">La 5e Réincarnation : 16e Episode</span><!--/sizec-->
Coq 1127


La Cité des Mensonges<!--/sizec-->


<span style="color:#993300">L'auberge du Pehen-Ji</span><!--/sizec-->

Mise à jour 25e épisode.

<span style="color:darkgreen">Crabe</span><!--/sizec-->
† Kuni Isao : patron de marchands, dont plusieurs souillés. S'est pendu chez lui (16). S'était associé avec Daidoji Dajan et Matsu Bashô. (17).

<span style="color:green">Dragon</span><!--/sizec-->
arrow*©Kitsuki Jotomon : senseï ; a ouvert son dojo à des gens du peuple. Y accueille Ryu. (16) Aiguille l'enquête de Ryu vers un groupe de yakuzas dont le chef fréquente son dojo. (17) Accueille la délégation des samuraï de Mirumoto Daini. (18) Voit son dojo profané par la marque du Condor. (19) Renseigne Hiruya sur Kakita Kagetoki (20b) Accompagne Hiruya dans Shinomen Mori (20c) et en repart avec lui et Kagetoki. (21a) Combat les zombies. (22) Renseigne Hiruya sur Tsuyoshi (23) et Ryu sur Kaagi. (24) Meurt au combat face aux Gardes Noirs. (25)
arrow*Mirumoto Daini : Frère de Mirumoto Hitomi ; allié à Toturi et aux Nagas. Combat les Crabes dans la province sud de la Cité et rallie le palais Shosuro. (18) Accueille Ryu et aide nos héros, furieux que Goshiu veuille négocier avec les Crabes. (22) Attaque les Crabes à la tour Shinomen (23) et à la Bataille de la Cité des Histoires. (24) Quitte la Cité des Histoires. (25)

<span style="color:blue">Grue</span><!--/sizec-->
*Achidaka Michitaka : frère du magistrat d'Emeraude tué, il portera le deuil jusqu'à ce que l'assassin soit retrouvé. Honoré que nos héros promettent de retrouver l'assasin. (16) Renseigne Hiruya sur Kakita Kagetoki (20b)
† *Achidaka Noritoki : magistrat d'Emeraude, assassiné ; avait tenté de combattre les cartels de l'opium.
*Doji Sukemara : patron de marchands, qu'il oblige à se plier à des règles morales strictes. Depuis la mort du magistrat, s'est tourné plus vers la religion. Offre un ikebana à nos héros et renseigne Hiruya sur Kuni Isao, (16) puis sur Daidoji Dajan. (17)

<span style="color:indigo">Licorne</span><!--/sizec-->
*Ide Baranato : chef du clan de la Licorne dans la Cité ; son fils a été tué par l'opium. Reçoit les deux Phénix en qualités de magistrates. (16) Renseigne nos héros au sujet des poupées gaijin de Dajan (17). On apprend que son fils a en fait été assassiné par le Condor. (19) Informe Ryu sur le trafic d'opium mené par les Scorpions. (20) Cède son cristal à la Magistrature. (21b) Ryu lui demande d'envoie par coursier à cheval un message à son daimyo, Togashi Yokuni. (24)

*Iuchi Sadako : pipelette, experte en ragots et théories du complot. Apprends à Ayame que Shonagon a couché avec Jocho et accuse les Scorpions de tous les maux. (16) Soigne Miya Katsu. (17) Soigne les blessés de guerre. (19) Soigne en vitesse la foulure de Ryu. (20b)

<span style="color:orange">Lion</span><!--/sizec-->
*Matsu Shigeko : successeur d'Achidaka Noritoki ; s'est heurtée aux Scorpions et le Gouverneur a obtenu son départ de la Cité. Avait voulu lever des taxes extraordinaires contre les etas. (20)

<span style="color:red">Phénix</span><!--/sizec-->
*Asako Kinto : vieux samuraï paisible, endeuillé par la mort de sa nièce, Shiba Shonagon. Renseigne Ayame sur la guerre des Licornes contre les Scorpions (16) et sur Asako Nakiro. Nie que sa nièce Shonagon soit l'auteur des Mémoires (17) Renseigne Hiruya sur les Dix Mondes et sur Sakkaku en particulier. (20c)
† *Shiba Shonagon : artiste habituée de l'île de la larme ; nièce d'Asako Kinto ; soupçonnée d'être l'auteur des Mémoires d'une opiomane ; tuée par l'opium. Avait fréquenté le poète Matsu Bashô (17) et l'avait repoussé. (18) Avait eu recours aux services de Sourcils. (20)

<span style="color:darkblue">Scorpion</span><!--/sizec-->

arrow*Bayushi Goshiu : Maître des secrets, redoutable manipulateur et maître chanteur, l'un des trois Scorpions (avec Kachiko et Yojiro) à avoir conservé son nom pendant la déchéance du clan. (cf. L'ère du Vide ) Accuse Iuchi Kumanosuke de pratiquer la magie du sang. (13) Se proclame Gouverneur de la Cité des Mensonges ; insulté par Ryu, prend en otage les Magistrats d'Emeraude. (21b) Annonce qu'il va négocier avec les Crabes. (22) Envoie une armée contre les Crabes ayant attaqué Shiro Shosuro. (23) Arrête et interroge Tsuyoshi et le Ninja. (24) Prend Hiruya comme yojimbo. Reste Gouverneur des ruines de la Cité. (25)

arrow*©Bayushi Korechika : maître de la famille Bayushi de la Cité des Mensonges ; soupçonné d'être à la tête d'un cartel de l'opium (16) et d'être le dernier membre de la secte du Condor. (17) Combat l'Outremonde et reçoit nos héros, qui lui parlent de la secte du Condor. (19) Se rallie à Bayushi Goshiu. (21b) Second du général Tomaru lors de la bataille. (24) Combat l'Outremonde et fait tirer les archers sur Tsuyoshi. (25)

Bayushi Mito : complice du dernier membre Condor, garde à la tour Nihai. Arrêté par nos héros, torturé et livré à sa famille. (19)

*Bayushi Otado : fils de Korechika. S'entretient avec Ayame à propos du comportement de Ryu dans la maison de jeu qu'il protège. (17) Rend son daisho à Ikky, alors qu'elle est désarmée dans le palais Scorpion. (19) Convoqué par Ryu pour parler de Sourcils. (20)

arrow*Bayushi Tangen III : Senseï du Dojo de la Sombre Epée des Mensonges Amers. Reçoit Ayame et l'autorise à chercher dans sa bibliothèque. (24) Lui permet de pénétrer dans la Bibliothèque Interdite du palais du Gouverneur. (25)

*Shosuro Hyobu : Gouverneur de la Cité des Mensonges. Reçoit Hiruya, Ryu et Shigeru. (16) Prépare la ville à la guerre contre les Crabes. (18) Organise la défense de la ville contre l'Outremonde ; doit accepter la destruction de la famille Soshi. (19) Grièvement blessée, se réfugie avec son fils au palais d'Emeraude (20c) et se remet de ses blessures. (21b) Raconte l'arrivée de Goshiu à Ayame. (22)

*Shosuro Jocho : fils du Gouverneur, commandant de la Garde du Tonnerre. Invite Hiruya et Shigeru sur l'île de la Larme, puis les aide à détruire un camp de bandits. (16) Fait la fête sur l'Ile de la Larme avec Hiruya. (17) Prépare la garde du Tonnerre à la guerre contre les Crabes. (18) Sévèrement réprimandé en public pour la mauvaise défense de la ville, combat au Vallon qui Chante et soutient Hiruya lors de la révolte de la famille Soshi. (19) Essaie de séduire Ayame. (20) Protège sa mère pour l'accompagner au palais de la Magistrature. (20c) Fait sortir Kimi du palais du Gouverneur, refuse de la laisser y revenir mais doit repartir avec les Bayushi. (21b) Prépare la défense de la Cité. (24) Tué par le Coeur de l'Enfer du général Gorodaï. (25)

Shosuro Kimi : soeur de Jocho ; hôte d'Ayame sur l'ïle de la larme ; consommatrice d'opium. Hôte d'Ayame dans le Monde Flottant, (16) lui fait lire une version des Mémoires d'une opiomane (17). Discute chiffons avec Ayame. (18) Soutient son frère, qui n'a pas vu venir l'ennemi. (19) Ne rencontre plus Ayame dans le monde flottant. (20) Sort du palais du Gouverneur grâce à son frère et va veiller sa mère. (21b)

† *Soshi Seiryoku : maitresse de la famille Soshi ; patronne d'anciens marchands de Kuni Isao. Proteste quand Hiruya fait arrêter ses marchands, porteurs de la Souillure. (16) Interrogée au sujet de ses affaires commerciales avec Dajan (17), se révèle être le 8e membre du Condor, en possession de la poupée Discrétion. Attaque au sabre les samuraï venus l'arrêter ; tuée par Hiruya. (19)

Yogo Jinnai : Historien et conteur ; a servi à Otosan Uchi et à Ryoko Owari. Cynique et blasé à cause de ce qu'il sait sur les secrets des familles et des clans ; en séjour forcé au temple de Daikoku. Parle histoire avec Ayame, (20b) du Gozoku, de la Novice et de la Grue Noire. (20c) Devient conseiller de Bayushi Goshiu. (22) Rencontre nos héros en tant que diplomate, pour organiser l'attaque contre les Crabes. (23) Informe Ryu sur Bayushi Kishidayu. (24)

† *Yogo Osako : magistrate du Gouverneur. Soigne Miya Katsu et enquête sur l'incendie de la rue de la Moutarde (17) Brûlée par un coeur de l'enfer lancé par le dernier membre du Condor. (19)

<span style="color:gray">Autres</span><!--/sizec-->
Jin : Marchand des fleuves de Rokugan. Renseigne Ayame sur le Condor. (19)
Edenté : Vieillard rhumatisant, édenté. Assistant de Sourcils. Renseigne Ayame sur son patron. (20)
Heiji : Ancien Licorne, moine de Daikoku. Solide gaillard qui veille sur les dépendants à l'opium, donc sur Ayame. (20b) Félicite Ayame, lors de sa sortie du tempe. (21b)
*Jirohei : moine du temple de Daikoku ; renseigne Hiruya sur Kuni Isao (16) et sur la guerre de Dajan contre les familles Scorpions (17). Renseigne Ryu sur Sourcils. (20)
*Kiiro : "le capitaine Jaune". Capitaine d'un bateau marchand, cette femme borgne est au service de Shosuro Gobei. Renseigne Ayame sur Sourcils. (20)
*Mâchoire : Rônin à la mâchoire tordue. Soupçonné d'avoir exécuté un assassinat pour le Condor, interrogé puis relâché. (17)
*Magda : Patronne de la Maison des Histoires Etranges. Renseigne nos héros [à compléter]. Cède son cristal à la Magistrature. (21b) Renseigne Hiruya sur la forge de l'Epée de Cristal. (23)
*Okawa : abbé du temple de Daikoku ; accueille des malades. Avoue à demi-mot avoir accueilli des heimin souillés (16) Mène la cérémonie de célébration à Daikoku. (20)
† *Parole d'Honneur : rônin, homme de confiance d'Ashidaka Noritoki, tué en même temps que lui.
*Pitoyable : interrogateur eta du palais de la Magistrature. Interroge les marchands de Kuni Isao (16) et Mâchoire. (17) Interroge Bayushi Mito. (19) Interroge les trois marchands trafiquants d'opium. (20)
*Sourcils : Eta herboriste. Fournissait les courtisans du monde flottant en potions, crêmes de beauté etc. Assassiné par celui qui l'accuse d'être l'assasin du magistrat Naritoki. (20)

Samurai

<span style="color:#993300">Chronologie Cité des Mensonges</span><!--/sizec-->

Calendrier rokugani

Mise à jour 25e épisode.

~250<!--/sizec-->
Le Gouverneur de la Cité des Mensonges, de la famille Goju, est disgrâcié.

1117<!--/sizec-->
Arrivée de Daidoji Dajan à la Cité des Mensonges.
L'eta Sourcils devient herboriste. (20)

1118<!--/sizec-->
Le Ninja et Kitsuki Kaagi sont à la Cité. (24)

1120<!--/sizec-->
Daidoji Dajan passe des accords avec Kuni Isao. Ce dernier emménage dans la maison de la rue de la Moutarde. (17) Le Crabe, sans appartenir au Condor, est souillé par l'Outremonde, donc doit se plier aux chantages de Dajan. (19)

1121<!--/sizec-->
Sourcils devient l'herboriste attitré de nombreux courtisans de l'île de la Larme. (20)

1122<!--/sizec-->
Séjour d'Asako Nakiro à la Cité, sur l'invitation de Daidoji Dajan. (17) Dajan fait ajouter des pierres précieuses aux poupées, après
quoi il oblige Soshi Seiryoku à les maudire avec la maho-tsukaï. (19)
Séjour de Kakita Kagetoki dans la Cité ; s'aventure dans Sakkaku, le monde de l'Espiéglerie. (20c)

1123<!--/sizec-->
Lièvre
Destruction du clan du Lièvre.

Dragon
Mort du fils d'Ide Baranato, tué par l'opium. (17) Assassiné en réalité par le Condor, pour pousser les Licornes à la guerre contre les Scorpions. (19)

Dragon-Chien
L'échoppe du joaillier de la rue du Saphir reste fermée pendant sept mois. (18) Sa cave sert de salle de torture pour le Condor. (19)

Cheval
Association entre Matsu Bashô et Daidoji Dajan, par l'intermédiaire de Kuni Isao.

Cheval-Rat
Guerre de l'opium entre les familles du clan du Scorpion.

Coq
Coup d'Etat du clan du Scorpion.

Sanglier
Assassinat du magistrat d'Emeraude, Ashidaka Naritoki. Le Condor n'est pas impliqué. (19)
Mort de Shiba Shonagon et publication anonyme des Mémoires d'une opiomane.

Rat
Ruine des Soshi, montée en puissance des Shosuro. Soshi Seiryoku s'est fait ruiner par Dajan, qui va se servir de son argent pour sa secte. (19)

Boeuf
Daidoji Dajan quitte la Cité des Mensonges en secret, aidé par Bayushi Mito. (19)
Sourcils cesse d'être admis sur l'île de la Larme. (20)

1124<!--/sizec-->
Le moutardier reprend l'échoppe de son prédecesseur. (17)

1126<!--/sizec-->
Rat
Réhabilitation du clan du Scorpion

1127<!--/sizec-->
Serpent
Suicide de Kuni Isao par pendaison.

Singe
Miya Katsu est nommé Magistrat d'Emeraude de la Cité.

Coq
Hiruya, Ayame, Ikky, Shigeru et Ryu sont nommés assistants de Miya Katsu.
Enquête sur les marchands de Kuni Isao. (16)
Enquête sur l'incendie de l'échoppe du moutardier. (17)
Attaque des Crabes, alliés à l'Outremonde, dans la province sud de la ville. (18)

Chien
Bataille des champs de la Cité ; bataille du Vallon qui chante ; destruction de la famille Soshi. (19)

Sanglier
Enquête sur l'eta herboriste Sourcils. Rétablissement du clan du Lièvre. Rencontre entre Otaku Tetsuko et la délégation de Toturi à Kyuden Miya. Arrestation de marchands trafiquants d'opium. Scandale pour Ikky et Ayame, surprises publiquement à boire et fumer de l'opium. (20)

Rat
Ayame et Ikky enfermées au temple de Daikoku. Assassinats de heimin au nord-est de la Cité. Recherche du Ninja Blanc. Arrivée du Moine Tadakune à la Cité. (20b)

Boeuf
Mort présumée d'Akodo Kage.
Kakita Hiruya, Kitsuki Jotomon et Tsuyoshi pénétrent dans Shinomen Mori. Hiruya entre dans le monde des Kenkus.
Ayame surmonte sa dépendance à l'opium.
Retour du gouverneur maudit de la Cité des Mensonges, Goju. (20c)

Aventures de Hiruya et Kagetoki dans le monde de Sakkaku : retrouvent l'Epée de Cristal. (21a) Bayushi Goshiu se proclame Gouverneur de la Cité ; insulte de Ryu ; prise d'otage des Magistrats d'Emeraude. (21b)
Menace zombie sur le palais Shosuro. (22)

Tigre
Le gouverneur Bayushi Goshiu ordonne une attaque contre les Crabes. (23)

1128<!--sizec--><!--/sizec-->
Lièvre
Bataille de la Cité des Histoires. (24)
Destruction de la Cité. (25)
Reply
#2
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:green">La 5e Réincarnation : 16e Episode</span><!--/sizec-->
Coq 1127


La Cité des Mensonges<!--/sizec-->

Miya Katsu s'épongea le front rapidement et fit signe à son serviteur d'agiter plus vite l'éventail. Par la fenêtre entrait un beau soleil de matin d'automne. Un de ces matins qui annonce la puissance du jour, quand l'été est encore proche et l'hiver paraît encore bien lointain ; quand la nature a tout juste fini de verdir et s'apprête seulement à déployer ses mille rougeoiements.

Le magistrat toussota, relut un morceau du parchemin étalé devant lui, le roula et le fit disparaître dans les plis de son kimono. Il s'assura que l'on avait fait disposer de l'eau et des fruits dans la salle.

Puis il fit signe de faire entrer.

Entrèrent alors Kakita Hiruya, Isawa Ayame, Shiba Ikky, Hida Shigeru et Mirumoto Ryu, qui vinrent s'asseoir devant lui et s'inclinèrent respectueusement.
- Konnichi-wa, samuraï, dit Katsu-sama. Soyez les bienvenus à Ryoko Owari Toshi, la Cité des Histoires !
"Par la volonté de l'Empereur, nous voici à nouveau réunis. Et cette fois sans doute pour longtemps. Puisque j'ai eu l'honneur de recevoir cette charge de Magistrat d'Emeraude dans cette cité, je n'ai pas manqué de faire appeler auprès de moi mes assistants.
"Hiruya-san, j'ai reçu et lu votre rapport concernant cette petite affaire dont j'avais souhaité que vous vous occupassiez..."

Katsu-sama maniait la litote avec une maîtrise confirmée : l'affaire en question, le procès Ozaki, lui avait coûté plus de quatre ans d'efforts et il s'était rongé d'angoisses en attendant de voir si nos héros pourraient la résoudre. Et quand il avait appris que ladite "petite" affaire s'était terminée par une bataille rangée contre une armée de l'Outremonde...
- J'espère que votre séjour à la cour d'été du vénérable Champion d'Emeraude a été pour vous période de réjouissance et de gloire.
- Tout à fait, affirma Hiruya.
- Réjouissons-nous également du départ de Shinjo Kohei et Bayushi Bokkai à la guerre. Car nous savons combien ces guerriers font honneur à l'Empire. Puissent-ils y combattre et y magnifier les vertus du bushido, tout en couvrant leurs clans de gloire.
- Nous le souhaitons, Katsu-sama.
- La tâche qui nous attend, samuraï, est parmi les plus nobles et les plus dignes qu'on puisse confier à des hommes. Elle exige des samuraï accomplis, sûrs d'eux-mêmes, fiers et humbles à la fois, prêts à se dévouer de toutes leurs forces, fermes dans leurs décisions et attentifs dans leurs choix. Ceci est dans l'ordre des choses et ce n'est qu'à des samuraï de haute naissance comme vous que peuvent échoir ces tâches.
- Nous en serons dignes, affirma Hiruya.

Le Magistrat se fit apporter un parchemin, toussota et lut à nos héros la charte de la magistrature d'Emeraude, qui détaillait la juridiction, les devoirs, les droits et les limites de leurs pouvoirs.
- L'autre autorité en ville est celle du Gouverneur. Traditionnellement, elle est assumée par le clan du Scorpion, le plus puissant en ville. L'actuel Gouverneur est Shosuro Hyobu, veuve du précédent Gouverneur. Son fils, Shosuro Jocho, n'a pas encore formulé le voeu de la remplacer à ce poste ; il commanda la Garde du Tonnerre, l'élite des soldats de la ville. Le second clan le plus important est celui de la Licorne, que dirige Ide Baranato. Les autres clans sont moins importants politiquement.
"Mon prédécesseur au poste de Magistrat d'Emeraude fut l'honorable Matsu Shigeko. A la suite de désaccords profonds avec le Gouverneur, elle fut appelée à d'autres responsabilités.
"Avant elle, le poste fut occupé par Ashidaka Naritoki, du clan de la Grue... qui fut assassiné... Et le coupable n'a pas été trouvé. Autrement dit, le retrouver est une tâche primordiale : il en va de la réputation de la magistrature.
"L'autre tâche qui nous concerne au premier chef est la question de l'opium...

Ayame fit alors un gros effort pour avoir l'air parfaitement neutre sur cette question.Whistle

- L'opium est cultivé parfaitement légalement, autour de la Cité, à des fins médicinales. Elle calme en effet les douleurs. Ce n'est qu'une fois qu'elle est traitée et modifiée par des techniques infâmes qu'elle se transforme en poison et devient une drogue, l'un des pires fléaux de l'Empire. La Magistrature a toujours essayé d'endiguer ce mal, mais rien n'y fait. Evidemment, un tel commerce ne pourrait se faire sans le soutien de personnages bien placées. Mais on n'a jamais trouvé de témoins assez puissants pour que leur témoignage soit suffisants.
"Mais avant de vous attaquer à ces tâches redoutables, samuraï, vous êtes dès ce soir invités par les dignitaires de la ville. A savoir le clan de la Licorne et le clan du Scorpion. Les deux invitations viennent d'arriver séparément. Aussi ce sera une première tâche pour vous, Hiruya-san, de savoir comment vous y répondrez. Irez-vous tous chez l'un ou l'autre, refuserez-vous les deux ou bien vous partagerez-vous les invitations ? A vous de décider... Et ce n'est pas une moindre décision, car souvenez-vous : on n'a pas deux fois l'occasion de faire une première bonne impression !"

Samurai

Le palais de la famille Shosuro était la plus imposante bâtisse des quartiers nobles de la ville : il projetait son ombre sur les rues et les bâtisses alentours et on le voyait de presque partout en ville, solide et robuste.
L'intérieur était tortueux, étroit, inquiétant.
Kakita Hiruya, Hida Shigeru et Mirumoto Ryu avançaient, suivis et précédés de samuraï qui marchaient à pas feutrés dans cette antre qu'ils avaient l'air de connaître si bien et qui étaient labyrinthique pour nos héros. On n'entrait de cet endroit, et surtout on n'en sortait !, que si les Scorpions le voulaient bien. Les hôtes ne manquèrent pas de montrer cet humour si grinçant qui fait leur réputation : des serviteurs en habits noirs, rappelant les fameux ninjas s'esquivaient au coin d'un couloir ; d'autres semblaient sortir d'un panneau dérobé ou surgir brusquement d'un coin de pénombre...
Quand le panneau en bois s'ouvrit sur la salle de réception, nos héros sentirent une grosse boule leur remonter dans la gorge. Une dizaine de membres du clan se trouvait là, vêtue des habits bleus nuits et des masques sinistres, souriant en tentant d'être aimables, mais avec une pointe de rictus qui vous faisait plutôt frissonner.
Le Gouverneur Shosuro Hyobu, une femme d'une cinquantaine d'années, un voile sur le bas du visage, agitait un éventail en toisant les visiteurs d'un regard sévère.
Autour d'elle, les trois chefs de famille du clan.
Shosuro Jocho, son fils, beau brun ténébreux au regard perçant et au sourire ironique.
Bayushi Korechika, homme dans la force de l'âge, au masque finement travaillé, respirant l'assurance relevée d'une pointe de menace.
Soshi Seiryoku, femme d'une trentaine d'années, au masque lui couvrant tout le visage, aux doigts fins légérement crispés et aux ongles longs, peints en violet foncés et taillés en pointe.
Nos héros avaient beau se répéter que ceci n'était qu'une mascarade habituelle des Scorpions, destinée à épater et effrayer les nouveaux arrivants, ils n'en éprouvaient pas moins, devant cette scène théâtrale sur laquelle il entrait, une appréhension dont leurs hôtes devaient se délecter.

La soirée fut pourtant agréable, les Scorpions étant maîtres dans l'art de paraître agréables et sournois à la fois, de façon à ce que leurs invités n'aient aucune raison tangible de se plaindre de leurs manières sans pouvoir se défaire d'un sentiment de menace imminente. Le Gouverneur ne manqua pas de faire remarquer qu'elle s'attendait à recevoir également deux honorables Phénix. Kakita Hiruya dut expliquer franchement qu'il avait dû répondre aussi à l'invitation des Licornes. Occasion en or pour les Scorpions de ricaner sur le compte des fils de Shinjo et reprocher tacitement à Hiruya sa politique de la poire coupée en deux.
Le saké était excellent, même pas additionné à du curare ou autre poison du genre et les plats très fins, servis par des domestiques, qui n'étaient pas vêtus de noir et qui ne tentaient pas de vous étrangler entre chaque plat.

En fin de repas, Shoruo Jocho proposa de faire visiter la ville le lendemain aux magistrats, accompagnés de la Garde du Tonnerre. Kakita Hiruya se déclara honoré par cette proposition. Jocho-san et lui avaient à peu près le même âge : le Grue sentait qu'il pourrait peut-être s'entendre avec lui...
C'est encore Jocho qui raccompagna les visiteurs à la porte, et il leur sembla bien que le chemin pris pour sortir n'était pas le même que celui de l'allée...
Il faisait nuit noire quand nos héros rentrèrent au palais de la magistrature, à quelques rues de là, et le bâtiment Shosuro apparaissait encore plus comme une antre de cauchemar, vouée aux malédictions, aux complots et aux ombres...

Samurai

Isawa Ayame et Shiba Ikky arrivèrent dans le palais de la Licorne, étrange bâtisse qui se distinguait de toutes les autres, avec sa haute tour et son mirador bombé et pointu au sommet, ses briques de couleur marron, ses étoffes attachées au mur, gaijin et ses fresques de récits de batailles à cheval. D'un coup, c'était comme avoir voyagé de centaines de lis et se retrouver au coeur des grandes plaines de l'Ouest.
Plusieurs membres du clan, en grande tenue, à côté des superbes destriers du clan, accueillirent les deux visiteuses, qui furent à peu près certaines que certains garçons d'écuries étaient des gaijins...
Aux regards qu'on lui jeta, Ikky comprit que ses yeux verts n'avaient échappé à personne et que ses origines étrangères étaient bien vues ici.
Ide Baranato, chef du clan dans la Cité, allait sur la cinquantaine. L'air d'un grand-père protecteur, aimable mais préocuppé, il se déclara honoré de la visite des deux Phénix, représentantes d'un clan ami du leur, mais ne manqua pas de signifier sa déception de ne recevoir que deux assistants du Magistrat d'Emeraude sur les cinq attendus ! Belle manière de lui confirmer que les Licornes passaient en second derrière les Scorpions...
Ayame, connaissant un peu les Licornes, laissa passer l'orage, car ce clan n'a pas l'habitude de laisser aigrir les rancoeurs et préfère dire une fois ce qu'il a sur le coeur, puis passer à autre chose.
Il y avait là tous les membres du clan. Les deux Phénix n'auraient pas pu affirmer qu'elles se trouvaient chez des amis, car les Licornes y avaient mis les formes de façon très strictes, mais en pensant à Hiruya et aux autres, en plein dans le nid des Scorpions, elles se dirent qu'elles étaient en bonne compagnie.
Rapidement, la conversation en vint à tourner autour du clan des traîtres. Ide Baranato prenait sur lui d'insinuer à mots à peines couverts que les Scorpions dirigeaient le trafic d'opium dans la ville et empoisonnaient ainsi quotidiennement la Cité et l'Empire entier. Il comptait bien sur la Magistrature d'Emeraude pour mettre fin à un si abominable commerce !
Les deux Phénix durent bien s'engager, au nom de Miya Katsu, à réprimer ce commerce.
Elles apprirent également à cette occasion que nombres de samuraï de la cité patronnaient des commerçants, leur assurant protection et des ressources en cas de besoin, en échange d'une dîme, s'élevant au dixième de leurs bénéfices. Les Scorpions étaient les patrons les plus puissants ; les Licornes eux aussi avaient ces accords, grâce aux produits de leurs caravanes venues de loin.
Et comme, selon eux, les manières du clan protecteur déteignaient sur le commerçant, les marchands du Scorpions étaient de fieffés escrocs et ceux de la Licorne de braves vendeurs des caravanes de l'Ouest !

Les deux Phénix remercièrent les Licornes pour leur accueil.
En repartant, elles furent approchées en vitesse par une jeune femme au regard pénétrant, au visage exprimant la certitude parfaite, nommée Iuchi Sadako, qui vint leur assurer que les Scorpions tissaient des dizaines de conspirations en ville et qu'elle serait heureuse de mettre la magistrature au courant de ses idées à ce sujet.
Isawa Ayame la remercia, par pure formalité, puis elle prit congé de ses hôtes avec Ikky.
Le soir, tous nos héros se réunirent et se racontèrent leur soirée. Shigeru buvait un coup pour se remettre de ses heures passées parmi les plus perfides samuraï de Rokugan, pendant qu'Ikky buvait pour saluer le bon saké offert par les Licornes !

Samurai

Le lendemain, Shosuro Jocho se présentait en armure à la porte du palais de la Magistrature, escorté de la Garde du Tonnerre au grand complet : une cinquantaine de bushis d'élite, avec leurs naginatas, leurs masques et leurs grandes plumes rouges.
La visite commença par les quartiers nobles : le palais Shosuro, merveilleux endroit d'hospitalité et d'honneur ; le palais du Gouverneur, symbole de justice et d'harmonie ; les jardins Shosuro, incarnations de la grâce et de la beauté ; le palais des Licornes, sans intérêt.
Puis les quartiers des temples, avec celui de la Déesse du Soleil, petit, humble mais radieux ; le temple de Daikoku, Fortune de la Richesse, très grand, imposant, très riche, abritant un ordre de moines ayant fait voeu de pauvreté.
Les quartiers marchands, avec le jardin de Daikoku puis ses rues bruyantes et animées.

[Ikky, lunettes de soleil et short, mâchait un chewing-gum et prenait des photos : "Très sympas, ces échoppes traditionnelles. Ca rappelle un peu la Cité du Repos Confiant. Faut que j'achète des timbres pour écrire à Akitoki. Je me demande si on peut acheter des statuettes de Daikoku. Si je demandais aux moines ? Ils doivent bien vendre des bibelots dans leur boutique de souvenirs...
Des vendeurs passaient, panier à la main : "Bonbons, poisons, amulettes, onis !..."]

Puis vint le quartier des pêcheurs, de l'autre côté de la Baie de l'Honneur Noyé, qui sentait la marée, avec ses grands pontons, ses hommes de peines qui chargeaient et déchargeaient ses navires, sa vente à la criée et ses petites rues étroites, plus calmes que dans le quartier marchand.
Partout où ils passaient, nos samuraï voyaient le peuple tomber à genoux, front à terre. Ils rencontrèrent rapidement les chefs des syndicats de pompiers, qui luttaient vaillamment contre le feu et, au jour le jour, se chargeaient de la petite justice de rue afin de décharger les samuraï de ces tâches ingrates.
A chaque fois qu'il le pouvait, Jocho soulignait avec fierté la puissance, la force, de la Cité, que ce soit pour les remparts, les soldats la protégeant, la noblesse de ses habitants, qui recevaient l'excellent exemple du clan du Scorpion, bref combien la Cité était la plus illustre de l'Empire -après la capitale toutefois !
La troupe évita les quartiers etas, en bordure de ville, sans intérêt et au coucher du soleil, rejoignit l'embarcadère qui menait sur l'Ile de la Larme, le Monde Flottant qui avait fait la réputation de la Cité.

Le crépuscule dorait le Quartier Réservé, quand nos héros arrivèrent dans une bâtisse fortifiée, où un solide personnage, appelé Kado, torse nu, musclé, tatoué, les accueillit, bras croisés, menton fier, et leur demanda poliment s'il pouvait garder leur sabre pendant le temps de leur séjour sur l'île. Il était de tradition de venir désarmé dans ce lieu.
Dans cet endroit, les samuraï pouvaient se décharger du fardeau d'être des membres de l'Ordre Céleste : montrer ses émotions, oublier les différences de rangs, boire à l'excès, s'amuser avec des geishas... étaient choses permises.
Les hommes furent invités par Jocho dans la Maison de l'Etoile du Matin, le plus grand établissement du lieu pendant que les femmes étaient conduites par Kimi (la soeur de Jocho) dans l'établissement appelé la Fleur Envoûtante.
Hiruya passa une bonne soirée, qui lui permit de s'assurer qu'il pouvait bien s'entendre avec Jocho lui-même, soldat fier, guerrier sans rudesse, malin et pénétrant. Shigeru aidant, ils burent copieusement et plaisantèrent, entraînés par les geishas qui dansaient et jouaient de la musique pour les seigneurs de la ville !

Pendant ce temps, les femmes passaient une soirée très bonne aussi, mais dans une autre atmosphère. Ryu, ascète rigoriste, ne se mêla à aucun des plaisirs et resta dans son coin, droite, stoïque, impassible. Ikky, elle, buvait sans se priver, pendant que Kimi et Ayame, déjà très complices, allumaient des pipes remplies de tabac, puis bientôt passaient dans une arrière-salle, où elles bourrèrent le culot d'une autre plante, qui ne tarda pas à dégager des vapeurs narcotiques en brûlant, plongeant les deux femmes dans une torpeur épaisse, dans laquelle on entendait le rythme entêtant de guitares et de tambours...

Au petit matin, Jocho et nos héros quittèrent l'Île et revinrent dans le monde commun, chacun, encore titubant, s'apprêtant à reprendre sa place dans l'Ordre Céleste.


Samurai

Ce jour-là, dans l'après-midi, après avoir récupéré de sa nuit blanche, la Magistrature d'Emeraude se mettait au travail, emmenée par l'énergie de Ryu, qui s'était précipitée vers les archives du palais. Elle cherchait les dossiers les plus récents, grâce à la technique du Nazodo consistant à chercher lesquels étaient les moins poussiéreux. Et comme on était à Ryoko Owari Toshi, elle chercha aussi si des dossiers n'avaient pas disparu. Elle était persuadée que des ninjas s'étaient introduits pour en dérober, soit en se faisant passer pour des serviteurs, soit en passant à travers les murs, soit par corruption ou autre piège du même genre.
Ayame trouvait que Ryu allait un peu vite en besogne : elle n'avait pas de preuve concrête, pour le coup, de ses assertions...
Quoiqu'il en soit, Ryu sortit plusieurs piles de dossiers, rédigés sur la demande des précédents magistrats. Il lui semblait que les plus importants concernaient le trafic d'opium, l'assassinat d'Ashidaka Naritoki-sama, les duels entre samurai (mais autoriser ou refuser ces duels ne concernaient pas la Magistrature), les accusations de maho-tsukaï et enfin les "exploits" d'un Ninja, qui aurait tué des pêcheurs et volé des samuraï.
- Intéressants, tout cela, dit Hiruya. Nous allons nous répartir les tâches pour voir de quoi il retourne, concernant ces différentes affaires.
Il avait l'accord de Miya Katsu pour débroussailler ces sujets.
Ayame était déjà en bibliothèque, plus encore en manque de secrets que de drogue ; Hida Shigeru allait visiter le quartier des pêcheurs ; Mirumoto Ryu se renseigner sur la mort du magistrat et Kakita Hiruya rencontrer les membres de son clan.

Samurai

L'enquête de Ryu la ramena à l'embarcadère des bateaux qui menaient sur l'île de la Larme. C'était là en effet que le Magistrat Ashidaka Naritoki avait été assassiné, en même temps que son homme de confiance, le rônin Parole d'Honneur. Ryu put apprendre auprès du clan Doji que le Magistrat s'apprêtait à partir vers le Monde Flottant, quand son bateau avait pris feu. Ni lui ni Parole d'Honneur n'avait pu en réchapper ; pourtant, selon le frère du magistrat, ce dernier savait nager. Alors pourquoi n'avait-il pas sauté à l'eau ? Ryu pensait qu'il était peut-être déjà mort, car d'autres témoins parlaient de tirs de flèches vers le bateau. Ces flèches (enflammées ?) avait-elles seulement mis le feu au bateau ou bien avaient-elles aussi tué le Magistrat ?
Après réunion avec les autres assistants de Miya Katsu, Ryu exposa ce qu'elle avait découvert ; nos héros soupçonnaient fortement l'opium d'être responsable de cet assassinat.

En effet, Kakita Hiruya, en visite chez les membres de son clan dans la ville, apprit que Naritoki-sama avait entrepris de lutter contre les cartels de l'opium.
Hiruya rencontra Doji Sukemara, honorable Grue dans la force de l'âge. Longtemps il avait été fasciné par le pouvoir de l'argent et avait parrainé de nombreux marchands. Mais depuis l'assassinat du Magistrat, quatre ans auparavant, il avait compris la vanité de ces biens, qui souillaient son karma et le détournaient de l'illumination.
Lors d'une première visite de nos héros, il leur offrit une belle composition d'ikebana, exprimant l'harmonie et la paix. Puis, quand Kakita Hiruya revint le voir, cette fois précisément pour les besoins de l'enquête, il assura qu'il ferait tout pour l'aider à retrouver l'assassin.
Ashidaka Michitaka, le frère de Naritoki-sama, était un bushi ventru, avec de grosses moustaches ; vêtu de blanc, il avait juré de porter le deuil jusqu'à ce qu'on mette la main sur l'assassin. Lui aussi, le jour de la mort de son frère, avait compris que la gloire ne lui permettrait pas de s'avancer sur la voie de la purification. Car lorsqu'il était encore le frère d'un Magistrat d'Emeraude, il était courtisé et reconnu ; du jour où Naritoki était mort, il était redevenu un petit samuraï dont personne ne s'occupe. Il faisait des dons importants au temple de Daikoku, car il savait que les moines là-bas ne l'utilisaient pas pour eux et ainsi cet argent servirait-il à la Gloire des Fortunes et pas au profit personnel d'un marchand.

Isawa Ayame ne tarda pas à s'enfermer dans la bibliothèque de la Magistrature. Elle passa une après-midi à chercher des traces du passage de Hagetaka-sama [Maitre Condor] à Ryoko Owari. Elle savait en effet que Matsu Bashô avait pris ici sous son chantage le général Bayushi Tomaru. Or, Bashô ayant été certainement le bras droit de Condor... Mais elle fit chou-blanc. Du reste, elle ignorait qui était vraiment ce Condor. Kakita Hiruya ne lui avait en effet rien dit de ce qu'il avait appris : que Condor s'était appelé Daidoji Dajan ; qu'il avait été un ami de son père, Kakita Takaaki ; que c'était lui qui avait envoyé le gaki tuer le père de Hiruya, après avoir été reconnu comme la Grue Noire, tueur de la Péninsule du clan. Déchu de son nom, Dajan s'était associé avec le tsukaï Asako Nakiro, qui l'aida à déployer la puissance du Shimushigaki.
Ayame savait, par le rapport officiel remis par Hiruya, que Daidoji Unoko était la soeur de Daidoji Dajan et que c'est ce dernier qui s'était fait appelé Maître Condor. Hiruya, ayant appris cela, était alors persuadé que l'homme qu'il avait combattu à Heibetsu était Dajan.
L'histoire retiendrait que c'était Hiruya qui avait combattu et tué Condor. Point.

Les recherches quant aux cas signalés de Souillure furent plus intéressantes : des marchands ayant été patronnés par un certain Kuni Isao avaient été soupçonnés d'être contaminés par la marque de l'Outremonde. Le samuraï Crabe avait été retrouvé pendu chez lui, quelques mois auparavant, au printemps -mort deshonorable s'il en était, puisqu'au lieu de s'élever vers Dame Soleil, il serait au contraire condamner à errer parmi le monde des vivants, comme un Yorei [fantôme].
Les marchands qu'il avait patronnés se trouvaient dans le quartier des pêcheurs, rue du Wasabi. Hida Shigeru proposa d'enquêter sur les lieux. C'est ainsi qu'il commença à explorer méthodiquement les tavernes du coin, à payer des coups aux uns et autres, à faire exprès de perdre au go et à faire ami-ami avec les membres des syndicats de pompiers, yakuzas qui s'occupaient des surveillances de voisinage.

A suivre...Samurai
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#3
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Tôt le matin, Shigeru venait s'asseoir sur le port et contemplait la Baie de l'Honneur Noyé.
Les bateaux navigant sur le fleuve de nuit étaient taxés jusqu'à cinq fois plus cher que ceux voyageant de jour, si bien que ceux qu'on voyait arriver à l'aube dans Ryoko Owari Toshi étaient des bâtiments affretés par les clans les plus riches, celui de la Grue surtout, tandis que les bateaux descendant les voiles dans le port après l'heure de Doji avaient fait escale dans une cité proche la veille au soir.
Shigeru avait pris l'habitude de s'asseoir sur les marches des quais rongés par l'humidité. C'était sa place. Le premier jour, il effrayait les marchands et les manouvriers qui s'affairaient près des navires : qui était donc ce Crabe qui venait se planter au beau milieu du trajet habituel des marchandises et des provisions ?
Le second jour, on le regardait encore du coin de l'oeil, pour s'assurer qu'il ne mordait pas.
Le troisième, il faisait déjà partie du paysage, tant le peuple prend vite ses habitudes et a tendance à tout contempler comme si les choses étaient éternelles. C'est tout juste si ce n'était pas une tradition ancestrale qu'un Crabe vienne s'asseoir là. D'un petit geste de main et d'un sourire, il disait aux porteurs chargés de ballots que ce n'était pas la peine de s'incliner devant lui, tant ils étaient déjà chargés comme des mules.

Shigeru aimait écouter les pêcheurs parler de leurs prises du jour, comparer le prix des marchandises, se disputer en s'envoyant leurs morues à la tête... Il avait un budget illimité pour offrir du saké aux gens du quartier. Du reste, les prix n'étaient pas élevés dans le coin.
Avant d'avoir à se renseigner sur la rue du Wasabi, Shigeru avait été chargé par Hiruya de se renseigner sur les bandes de pillards signalées dans la région.
Très à l'aise dans ce milieu, Shigeru, du haut de son mètre quatre-vingt et de ses quarante ans, entra vite en contact avec des rônins, qui louaient leur service aux yakuzas, qui eux-mêmes respectaient beaucoup "le puissant seigneur Crabe". Les yaks sentaient en Shigeru une force brute bien contrôlée, une sorte d'idéal impossible à atteindre, pour eux destinés à jouer les petits caïds et à s'élever dans leur hiérarchie calquée sur celle des samuraï.
Shigeru les regardait avec une certaine condescendance, ces soldats de guerriers qui souffraient le martyr pour se faire tatouer d'immenses dessins dans le dos. Il les aimait bien au fond. Ils auraient peut-être fait de bons ptits gars sur la muraille.
- Alors, dis-moi, tu n'as pas entendu parler de ces gens qui auraient établi un campement, à une journée d'ici, près des bois ?
Shigeru resservait généreusement un samuraï sans clan, déjà eméché, le visage défiguré par plusieurs cicatrices.
- Tu vois, je ne te demande même pas si tu te serais un jour acoquiné avec eux. Non, je veux juste savoir si tu sais où ils se trouvent.
Avant de piquer du nez, le rônin balbutia quelques informations bonnes à prendre. Après avoir traité trois autres rônins à ce régime là, Shigeru avait ce qu'il voulait.
Le soir-même, il rendait compte de son enquête.
- Excellent, dit Hiruya, qui voyait que Miya Katsu était satisfait. Demain, nous monterons une expédition pour les déloger par surprise. Que la Cité sache que la Magistrature d'Emeraude prend les choses en main !Sarko

Et à l'heure de Lune, le lendemain, nos héros s'équipaient pour le combat et virent arriver devant leur palais Shosuro Jocho, en armure lourde, avec quatre de ses gardes. Ils venaient participer à l'expédition. Hiruya les accueillit avec plaisir.
C'est ainsi que ce jour-là, un camp de bandit eut la vilaine surprise de voir arriver des samuraï aux couleurs du Scorpion et de la Magistrature d'Emeraude.
Lançant leurs poneys au galop, Jocho et ses hommes frappèrent par l'avant, pendant que Shigeru et Ikky prenaient l'ennemi à revers ; Hiruya et Ryu attaquaient par les côtés et Ayame, assise à l'ombre d'un chêne, observait le spectacle d'un oeil distrait, le nez dans un parchemin en grignotant une pomme. Elle essayait de se concentrer, en dépit du bruit alentours. Comem si elle était encore en bibliothèque, elle avait envie de leur dire d'hurler moins fort en mourant ! Ikky l'avait dérangée au prétexte que ça lui ferait du bien de prendre l'air, alors elle n'avait pas l'intention de rester sans rien faire, fût-elle en pleine cambrousse !
Au bout de quelques minutes de douleurs, fracas, charges et casses, Ayame vit revenir Ikky, essoufflée et contente.
- Ca y est, vous avez fini ?

Du camp des bandits ne restaient que des ruines et des cadavres. La Garde du Tonnerre était rentrée au galop et avait empalé deux bandits au bout de ses naginatas. Ikky et Shigeru coupaient la retraite aux malheureux apeurés, tandis que Ryu et Hiruya découpaient chacun trois de ces malandrins. Notre Grue reçut une blessure légère. Juste de quoi pavoiser à son retour et en rajouter sur le nombre des opposants.
Jocho avait organisé un triomphe spontané pour les vainqueurs, avec liesse populaire pour les nobles protecteurs de l'Ordre Céleste.
Tout à fait ce qui plaisait à Hiruya : le bon peuple heureux, à fêter les samuraï nobles courageux vertueux beaux glorieux et honorables. Décidément, il y avait moyen de s'entendre avec ce Jocho !biggrin

Samurai

Les jours suivants, Kakita Hiruya visita les moines du temple de Daikoku. L'abbé Okawa était un brave vieil homme, dont on avait bien besoin à Rokugan, en ces périodes troublées. Seulement, lorsque Hiruya, informé par Doji Sukemara, aborda le sujet des marchands souillés, que le temple aurait accueillis, le vieil Abbé fut de suite bien moins souriant et admit à demi-mots qu'il en savait plus qu'il ne voulait dire. Hiruya sentit que c'était un homme honorable et il ne voulut pas l'accabler.
En revanche, quand l'un des moines, Jirohei, s'approcha de Hiruya pour lui dire qu'il en savait plus, notre Grue fut bien plus intéressé et sut qu'il pouvait en tirer plus sans remords.
Jirohei devait approcher la cinquantaine, comme Okawa, mais n'avait pas du tout l'air sage ou illuminé. Il affichait un esprit pratique, terre à terre : bien sûr, il y mit les formes, disant qu'il souhaitait offrir à Hiruya ces plantes, cultivées par les moines qui chassaient les mauvais esprits. Toutefois, il baissa d'un ton, pendant que l'abbé avait le dos tourné, et c'est lui qui indiqua l'adresse de la rue du Wasabi à notre Magistrat.
Information transmise le soir à Shigeru, content de pouvoir rester chez les pêcheurs.

Samurai

La journée du lendemain de l'expédition chez les bandits fut marquée par des affrontements entre deux gangs rivaux de yakuzas, qui se battaient pour des partages de territoires. Shigeru n'assista pas aux affrontements, mais quand il revint le lendemain, il toisa d'un air sévère les quelques-uns qu'il connaissait, bien amochés par les échanges de coups de couteaux la veille. Il les regardait comme des garnements qui n'avaient pas su régler leurs rivalités sans en venir aux coups.
Son enquête reprenait déjà, alors que la Garde du Tonnerre patrouillait les rues pour assurer le calme. Des descentes de marchands avaient abouti à des incendies de pontons et les pêcheurs avaient pris leurs revanches en enflammant des convois dans les rues étroites du quartier d'en face : les pauvres poneys qui tiraient les attelages étaient devenus fous et certains s'étaient jetés dans la Baie, entraînant avec eux leur chargement et plusieurs marchands. On pleurait et on se desespérait et on les secourait, tandis que, sur l'autre rive ou depuis leur bateau, les pêcheurs rigolaient tant qu'ils pouvaient ; et tout le monde rentra chez lui ventre à terre, quand la milice de Jocho déboula dans les rues en tenue de guerre !

- La ville était agitée aujourd'hui, mais cela arrive quand il y a du nouveau, disait Kimi, en allumant la pipe d'Ayame. C'est presque un rituel, quand une nouvelle magistrature est nommée. Maintenant, ils vont être calmes... Mon frère y veillera de près.
- Hiruya l'apprécie, dit Ayame, en aspirant la fumée, mais il le tient à l'oeil.
- Tel que je connais Jocho, il voit déjà en Hiruya son rival potentiel.
- Tel que je connais Hiruya, ce sentiment est réciproque.
La Fleur Envoûtante était presque vide ce soir. Ayame avait encore eu droit dans la journée à la visite de Iuchi Sadako, la pipelette experte en théories du complot : elle lui avait dit que les Scorpions n'étaient rien que des buveurs de sang. Ayame l'avait alors rappelé à l'Ordre : on n'insulte pas un clan majeur, descendant d'un kami !
A chaque fois que Sadako-san venait offrir à Ayame la primeur de ses nouvelles inventions, elle se faisait rappeler à l'ordre par un solide Licorne, sabre épais à la ceinture et voix de stentor ; Sadako-san s'enfuyait vite en promettant de revenir vite, obnubilée qu'elle était par ses idées fantasques.
- Vous a t-on dit que vous nous faisiez penser à Shonagon ?...
Ayame sourit. Le jour même, elle avait visité le vieil Asako Kinto, dans sa petite maison avec jardin du quartier noble ; le vieil homme, à la voix usée, courbée en deux par le poids de l'âge, lui avait appris que sa nièce, Shiba Shonagon, était morte quelques années plus tôt, tuée par l'opium. Elle était depuis plusieurs années une hôte régulière du Monde Flottant et avait flirté avec toutes la noblesse de la ville. De Kimi, Ayame apprit que cette Shonagon était soupçonnée d'être l'auteur d'un ouvrage appelé Mémoires d'une opiomane, où se trouvaient compilés nombre de ragots et d'informations compromettantes sur des personnages aux pseudonymes transparents. La publication, sous le manteau, de ce recueil, avait fait des vagues dans le milieu de la noblesse et fait rire le peuple, qui s'amusait à y retrouver les figures emblématiques de la Cité. Les moulins à paroles de la Cité y trouvaient des ressources inépuisables de ragots et de rumeurs.
Jocho avait eu la même idée, la première fois qu'il avait vu Ayame : elle ressemblait tant à Shonagon... Et selon cette médisante d'Iuchi Sadako, Shonagon avait fini dans le lit de Jocho.

Samurai

Ayame ne s'intéressait sincérement pas à ce genre de ragots. Elle avait sur l'île de la Larme non pas pour parler chiffons, mais pour l'opium. Et Sadako ne l'intéresserait que le jour où elle aurait des secrets dignes de ce nom à lui révéler !
Notre shugenja continuait à farfouiller dans les bibliothèques. Par Asako Kinto, elle avait appris nombres de choses intéressantes : un conflit interne aux familles du Scorpion avait provoqué ce qu'on appelait officieusement la guerre de l'opium. C'était quatre ans auparavant.
Et comme Ayame l'avait appris, il ne fallait pas croire aux coïncidences... La même année, à quelques mois près, Shiba Shonagon mourait d'un excès de prise d'opium sous forme liquide (dilué dans l'alcool) ; le magistrat Naritoki était assassiné et avant cela, le fils du chef des Licornes, Ide Baranato, était retrouvé mort chez lui ! Ayame ignorait cette affaire. Et selon le vieil Asako Kinto, la mort du fils Licorne n'était pas pour rien dans le déclenchement de la guerre des cartels. Les Licornes n'étaient peut-être pas si innocents qu'on le croirait dans cette affaire. On avait soupçonné Ide Baranato d'envenimer le conflit entre Scorpions, pour venger son fils.
Après plusieurs mois de conflits larvés, la famille Soshi avait été saignée à blanc et perdait son pouvoir au profit des Shosuro. Et les Bayushi assuraient leur base, grâce à l'intelligence politique de Bayushi Korechika, leur maître.
Oui, décidément, ces morts puaient l'opium. Les Licornes trempaient-ils aussi dans ce commerce ? Jusqu'où Ide Baranato était-il allé pour venger son fils ? Quels moyens auraient-il eu pour s'attaquer aux Scorpions ?
Quand Ayame retourna le voir, l'affable vieil homme, qui n'avait pas émis de protestations si vives pour l'absence des autres Magistrats le premier soir, se raidit vivement : on sentait qu'il ne pouvait cacher sa haine pour les Scorpions. Ayame-san lui promit que la Magistrature d'Emeraude venait pour lutter contre le trafic d'opium.

Samurai

Shigeru s'étira de tout son long et baîlla. Son bon ami du jour se décidait enfin à parler. Bon père de famille, il ne voulait pas d'ennuis mais détestait depuis longtemps ceux de la rue du Wasabi. Ces marchands qui avaient été au service de Kuni Isao étaient maintenant pour la plupart au service de Soshi Seiryuko.
- Si Crabe-sama n'a plus rien à me dire, je vais retourner à mon échoppe.
- C'est ça, mon vieux et bien le bonjour à la petite famille !
Shigeru avait ce qu'il voulait : la liste des anciens marchands parrainés par Kuni Isao. Il lui était pénible d'enquêter ainsi sur un ancien membre de son clan, mais c'était tout de même un suicidé !
Quelques jours auparavant, Kakita Hiruya avait fait amener aux palais les anciens marchands que patronnaient le sinistre Matsu Bashô. On en attendait quatre, selon les registres officiels, mais un seul avait été amené : les autres étaient morts. Le pauvre marchand avait craché ce qu'il savait du commerce de "plantes médicinales" dont Bashô-sama l'avait chargé. Il disait que les bateaux partaient vers le sud, peut-être bien jusqu'aux terres du clan du Crabe. Le clan de la Muraille consommait en effet beaucoup de plantes pour calmer les douleurs. Et le marchand avait donné une autre adresse, plus proche : Shutai.
Shutai, le trou à misère gouverné par l'ancien général Bayushi Tomaru, témoin du procès Ozaki. Pris sous le chantage de la secte du Condor par l'intermédiaire de Matsu Bashô, après un désastre militaire face à l'alliance des Guêpes, des Moineaux et des Renards.
Kakita Hiruya fit envoyer par le fleuve une missive à Shutaï, pour demander à Tomaru les détails de ses accords avec Bashô. Il faudrait au moins une journée pour que la missive arrive et plus pour que la réponse remonte le fleuve.

Maintenant, il s'agissait des marchands d'un Crabe soupçonné de porter la Souillure ! Shigeru arriva dans la rue du Wasabi et réunit dans la rue les quatre anciens protégés de Kuni Isao. Les pauvres commerçants tremblaient comme des feuilles. Satisfait, Shigeru considéra cette belle compagnie, pendant que les habitants passaient l'oeil par le panneau de leur échoppe, terrifiés par ce Crabe qui tapotait son tetsubo contre sa main.
- Besoin d'aide, honorable Magistrat ?
Deux Gardes du Tonnerre passaient par là et s'inquiétaient de cette agitation.
- Non merci, ça ira, sourit Shigeru en continuant à toiser ses lascars. Allez, ouste, en avant ! On va aller visiter les quartiers nobles ! Quelle chance pas vrai ! En rang par deux et que je ne vois pas dépasser une tête !...

La petite troupe arriva au palais de la Magistrature, attendue par nos autres héros. Les marchands furent emmenés dans les sous-sols, où l'interrogateur eta, Pitoyable, mettait ses fers aux charbons. Il se nommait Pitoyable non parce qu'il l'était lui-même, pitoyable, mais parce qu'il passait pour avoir beaucoup de pitié pour ceux qu'il était chargé de supplicier. Qualité qui, selon certains, expliquait les succès qu'il obtenait lors de ses interrogatoires spéciaux. Il est vrai qu'il avait une expression de lassitude profonde sur le visage ; une moue de pitié vaguement dégoûtée de ce métier, fatiguée de haïr et souhaitant en finir au plus vite quand il s'agissait de manier la pince chauffée à blanc.
Nos magistrats étaient réunis pour recevoir les suspects. Ils leur annoncèrent sans détour la raison de leur présence.
- Vous êtes accusés de porter sur vous la Souillure de l'Outremonde, comme votre ancien patron, Kuni Isao.
Les marchands se mirent à trembler, effrayés de découvrir qu'ils étaient peut-être non des êtres normaux mais des monstres, rongés dans leur chair par un mal abominable ! Ils se représentaient confusément le démon des démons, le Dieu Déchu, prenant possession de leur âme pour la dévorer au festin du Puits Suppurant !Terreur

Samurai

Ayame traçait patiemment à terre une glyphe circulaire, comme elle l'avait fait lors de la bataille du village thermal. Composé de signes entrelacés, mystiques, magiques, elle servait de protection contre les créatures souillées. Quiconque étant porteur de la marque de Fu-Leng, rien qu'un peu, y pénétrant était sur le champ victime des kami du feu.
- A vous de voir, dit la shugenja. Soit vous avouez la vérité, soit il faut en passer par Pitoyable. Ou encore, si vous vous estimez sincérement innocents, vous n'avez qu'à passer cette ordalie : si vous êtes purs, vous n'avez rien à craindre.
Pitoyable passa dans le cercle sans hésiter. Entre la certitude de se voir tordre les boyaux par l'eta et le risque d'une attaque des Fortunes, un des marchands, un peu plus téméraire, dit qu'il préferait cette dernière solution.
Les autres avaient déjà fait sous eux. A ce moment, un garde du palais vint murmurer à l'oreille de Hiruya qu'un émissaire de la famille Soshi demandait à lui parler d'urgence. Agacé, notre Grue ordonna qu'on le fasse attendre.
- Je t'en prie, vas-y, dit Pitoyable au marchand.
Celui-ci avançait dans la glyphe. Il ne se passa rien. Malgré son courage, la peur prit le dessus et il ressortit en poussant un cri. Mais rien ne s'était produit.
- Très bien, dit Ayame.
Pitoyable lui dit d'aller s'asseoir à l'autre bout de la pièce. Il était repassé du bon côté de la barrière. Maintenant, aux autres d'y passer !

Le garde revint murmurer à Hiruya que l'émissaire Soshi s'impatientait. Hiruya, énervé, remonta et alla rencontrer l'envoyé, en montrant bien à l'importun qu'on ne dérangeait pas un Magistrat d'Emeraude ainsi !
Le Scorpion prit son ton le plus doucereux, le plus mielleux, s'inclina très bas et dit :
- Ma maîtresse, Soshi Seiryoku, proteste vivement pour cette arrestation. Elle n'en a pas été prévenue et voudrait savoir sur quel chef d'accusation elle se fonde.
Hiruya sentit qu'il devait répondre, par diplomatie. Il ne savait comment s'y prendre, car il savait qu'il avait agi sans précaution. C'est alors qu'on entendit, monté du sous-sol, le souffle brusque d'un bûcher qui s'embrase et un cri de douleur extrême retentir. Le second volontaire avait préjugé de sa pureté...
Paralysé l'émissaire attendait une réponse :
- Tu diras à ta maîtresse, sourit Hiruya, qu'elle peut s'attendre à recevoir bientôt la magistrature d'Emeraude chez elle....
L'émissaire, pris de panique, repartit sans demander son reste.

A suivre...rouge
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#4
2 petites corrections :

- la première, l'arrestation était non pas imprudente mais purement volontaire.
- la seconde, je n'ai pas dit à l'émissaire qu'un de ses marchands était porteur de la souillure mais qu'elle devait s'appreter à recevoir la magistrature d'Emeraude au plus tôt.

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#5
Moi j'ai retenu juste 2 erreurs dans le texte
- "Or aucune Ayame ignorait cette histoire" vers la fin du 1er texte
- "souhaitant en finir au plus haut quand il s'agissait de manier la pince chauffer à blanc." dans la description de Pitoyable
Sinon rien de plus à ajouter, c'est très biensmile
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#6
Les sanctions sont tombées, Otomo Ban a rendu son jugement^^
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#7
Ok, je fais seppuku.Guillotine

Mes dernières volontés :

- Philou, reprends la suite des raysumay
- Mamar, joue à 40k et reprends SR
- Willo, joue l'Empereur à L5R
- Mathieu, crée une armée de Vader montés sur Mushu noirs pour SW
- Fredo, fais MJ à 40k

:jmekiffe:
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#8
arf, je crois que j'ai hérité du gros jackpot là^^
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#9
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Les assistants de Pitoyable sortaient le corps carbonisé du marchand trop certain de sa pureté.
Devant ce spectacle effrayant des esprits du Feu jaillissant de nulle part pour le dévorer, les autres boutiquiers de la rue du Wasabi dirent ce qu'ils savaient.
Plusieurs fois, leur ancien patron Kuni Isao les avait invités chez lui, à quelques-uns ou tous ensemble, pour sceller leur union. Il leur avait demandé de verser chacun du sang dans une coupe, afin de s'unir symboliquement dans la confrérie du Crabe.
Les marchands étaient fiers de pratiquer ce rite, car il ressemblait aux cérémonies d'intronisation chez les yakuzas, où les frères doivent partager le même sang. Nos héros comprirent qu'Isao avait usé de ce sang pour en appeler aux démons de l'Outremonde. De ce fait, certains des marchands avaient contracté la souillure, sans le savoir, sans penser à mal au moment de s'ouvrir les veines... Il n'en demeurait pas moins qu'ils étaient coupables.

Le lendemain, comme promis à l'émissaire, la Magistrature d'Emeraude se rendait chez la famille Soshi.
Seiryoku-sama, de derrière son masque noir, laissa pointer son vif mécontentement. Mais quand Hiruya lui parla des rituels pratiqués par ses marchands avec Kuni Isao, quand il dit qu'ils étaient touchés par le Dieu Sombre, leur hôte dut ravaler ses protestations.
Elle se permit toutefois de dire qu'elle comprenait parfaitement l'action de nos héros.
- Mais les honorables magistrats auraient dû me prévenir auparavant, afin que je puisse assister à leur arrestation. Croyez-moi, nous avons, nous autres Scorpions, les moyens de faire parler ce genre de coupables. Nos shugenja savent reconnaître un possédé du Dieu Sombre quand ils l'interrogent...
Les doigts de Seiryoku-sama se crispaient et froissaient le bas de son kimono. Elle remercia pourtant les Magistrats de lui avoir évité le deshonneur, en n'ayant pas ébruité cette affaire.

Samurai

En fin de journée, Miya Katsu réunissait ses assistants.
- Je me suis rendu au palais du Gouverneur, pour discuter de cette affaire. Hyobu-sama m'a dit son mécontentement mais m'a laissé entendre qu'il était de bonne guerre que pour vos débuts, vous vous permettiez quelques coups d'éclats. D'autant que la faute revient entièrement à Kuni Isao. Les marchands souillés se rendront au temple de Daikoku, où on jugera du meilleur endroit où les envoyer, loin du monde. Les autres ont déjà retrouvé leur commerce.
Kakita Hiruya était content du déroulement de cette affaire. Il se rendit le lendemain au temple de la Richesse : les marchands avaient été accueillis dans un bâtiment à l'écart. L'abbé Okawa s'occupait d'eux en personne. Hiruya nota que le vieux moine Jirohei voulait lui parler.
- Désormais, la rue du Wasabi sera maintenant bien moins sordide, Hiruya-sama.
- Comme tu dis, vieil homme.
Jirohei toussota et baissa d'un ton, en faisant mine de cueillir des feuilles de menthe.
- L'ancienne maison de Kuni Isao n'est pas loin de là-bas. Le Crabe habitait près de ses marchands. Le soir où il s'est pendu, les voisins disent avoir entendu des cris bestiaux à l'intérieur. Plusieurs prétendent avoir aperçu un démon s'enfuyant par les toits, alors que le corps du Crabe venait d'être découvert, se balançant au bout de la corde.
"Evidemment, depuis, plus personne ne vit dans cette maison. Plus personne ne veut y pénétrer.
Kakita Hiruya fixa le moine, stupéfait, le temps de prendre la mesure de ces paroles.
- Je te remercie, Jirohei.

L'heure de Doji venait de se terminer. Le soleil était haut dans le ciel. Hiruya s'empressa de retourner au palais de la Magistrature et mit nos héros sur le pied de guerre.
- Shigeru, Ikky, Ayame, Ryu ! Nous partons visiter l'ancienne demeure de Kuni Isao ! Mettez vos armures et Ayame, prépare tes sorts d'attaque, il y a peut-être des kansen qui nous attendent à l'intérieur !



Samurai<span style="color:green">FORCE ET HONNEUR, SAMURAI !<!--sizec--><!--/sizec--></span>Samurai
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#10
On va leur péter les dents !! [Image: spid0.gif]
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