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Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Darth Nico - 10-09-2004

Journal d'Aladax Lucinius

Nuits du 18 au 21 septembre 2003



LES RATS DE BIBLIOTHEQUE

Après le procès Loren – Ibn-Azul, je goûte quelques jours de repos. Quatre pour être précis, avant que ça ne reparte comme en quarante, jusqu’à la conclusion j’oserais dire logique d’une affaire qui traîne depuis le début de l’année. Comme un fleuve coule vers la mer, certains être courent à leur perte, entraînés par leur propre logique, et comme contents de ce lent suicide auquel ils consacrent tout leur énergie. Comme le dit Eschyle : « Quand un mortel s’emploie à sa perte, les dieux viennent l’y aider »…
Ainsi était la comtesse de Bathory.

J’avais appris que la charmante et ombrageuse Graziella de Valori était une escrimeuse de talent, et même très certainement une fine lame. Moi qui ne suis qu’un petit amateur, je l’ai quand même invitée dans une salle d’escrime, située rue Gilles-le-Cœur, non loin de la fontaine Saint-Michel. J’ai déjà fréquenté cette salle, après sans doute bien des tireurs prestigieux, à commencer par Anton van Steenwyck, ce Toréador qui servit comme mousquetaire du roi en même temps que Louis XIII.
Autant j’ai toujours considéré la pratique des duels comme une ridicule analogie du combat de coqs, une démonstration d’un pseudo honneur chevaleresque de mâles hystériques, autant j’apprécie la discipline de l’escrime en elle-même. Rapide, précise, puissante. Un vrai jeu pour les nerfs.
La signora de Valori a accepté cette invitation, pour un duel à l’épée. Je suis déjà devant la salle quand elle arrive, conduite par Jean-Michel que j’ai obligé à porter une livrée. Il a beau se plaindre que ses chaussures grincent, et qu’il déteste l’escrime, à cause des combinaisons qui grattent et des petites lames pointues qui piquent, je le remercie, le congédie pour sa soirée.
J’accueille Graziella, toujours réservée et gracieuse comme une silhouette de danseuse. Nous montons revêtir nos tenues et nous nous retrouvons sur la piste, pendant qu’on finit de nous brancher et de vérifier le système électrique.
Nous avons fait les choses dans les formes, en nous faisant assister de témoins. Graziella a pris sa vieille servante et moi… non, je n’ai pas pris Jean-Michel. J’ai demandé à une relation à moi, Pietro, acolyte au Louvre. Il m’a tuyauté pour l’affaire Loren, et j’ai envie de rester en bons termes avec lui.
Engoncés dans nos combinaisons, l’épée à la main, nous nous saluons.
Puis commence l’affrontement. Je m’attends à ce que Graziella m’inflige une vilaine ratatouille dès le premier tiers-temps. Mais il n’en est rien. C’est la pointe de mon arme qui s’élance le plus rapidement pour la piquer, et la repiquer, et encore. Du vrai tricotage. Je prends l’avantage par 4 à zéro.
Chance de débutant me dis-je, derrière mon masque. Au deuxième tiers temps, je domine encore, quoiqu’elle commence à marquer des touches. Je crée la surprise dans l’assistance. Et je suis le premier surpris. Impossible de deviner, par-delà son masque, les impressions de cette Lasombra. Va-t-elle m’infliger des revers cinglants en dernière manche ?
Non, décidément, je poursuis dans ma lancée. Le signal retentit encore 4 fois pour moi, et je marque le 15e point. Nous saluons, nous inclinons.
Belle perdante, elle reconnaît mon grand talent, tout comme l’auditoire. Pietro vient me féliciter de mes talents encore inconnues de lui. Je ne me savais pas si bon tireur, je n’en reviens pas. Pas de fausse modestie, je me sens tout fier !
Galanterie oblige, je suis gêné d’avoir vaincu Graziella. J’aurais préféré m’incliner de bonne grâce. Je lui offrirai sa revanche très bientôt.
C’est Pietro qui m’offre alors de tirer contre lui.
- Mais je n’en suis pas digne, voyons ! Vous aurez raison de moi rapidement, vous qui êtes un maître d’armes si talentueux.
Et à vaincre sans péril, pensé-je, tu vaincras sans gloire.
Puisqu’il insiste, je me promets de lui donner du fer à retordre. Face à lui, je sens ce qu’est le poids de siècles d’expériences. Lui aussi a été mousquetaire du roy. Lui aussi a dû subir l’interdiction faite aux mousquetaires de se battre en duel, prononcée par Richelieu –si l’on en croit la mythologie inventée par Alexandre Dumas.
Nous saluons. En garde. Cette fois, je dois rester sur la défensive pendant tout le match. Je ne vois pas venir la pointe ennemie, qui frappe comme l’éclair : jamais deux fois au même endroit.
Je m’incline par 8 à 15. L’honneur est sauf.
Comble de gratitude, Pietro me propose alors de me donner quelques leçons d’escrime. J’accepte avec joie, sûr de progresser rapidement avec ce maître.

Virus

J’invite Graziella à continuer la nuit autour d’un verre. Le temps de nous changer, nous partons à la Tour d’Argent, à trois pas d’ici. Je m’enquiers de la tutelle de Loren, mais mademoiselle de Valori m’assure que le Ventrue n’abuse en rien de son autorité.
Nous discutons de choses et d’autres, des musées parisiens qu’elle voudrait visiter, des recherches en occultisme de Morgane, que nous voudrions tous les deux consulter, des coutumes de la Camarilla etc.

La ronde des casse-pieds recommence alors. Arrive dans le café un Toréador particulièrement expansif, avec son accent de personnage d’opéra lyrique italien, qui m’aperçoit et aussitôt vient vers moi, avec force démonstration de joie et d’admiration. C’est Théophile, artiste peintre d’avant-garde, qui obtient un certain succès ces derniers temps parmi les Poseurs : ceux-ci lui en veulent de parvenir vraiment à peindre, mais sentent que la médiocrité de ses œuvres ne le met pas loin au-dessus d’eux.
- Ma zé né mé trompeux pas ! C’est Loucinious en personne ! Quel joie et quel privilège dé rencontrer lé célèbre Louciniuous qui est la coquélouche dé tout Paris, qué tout lé monde admire ! Ma zé essayez dé vous joindre toute la semaine pour qué vous veniez voir mes expositions !
J’interromps son blabla assommant au bout de quelques minutes, après être arrivé à placer quatre mots, pour lui présenter Graziella de Valori. Il la salue prestement, en exécutant un baisemain d’opéra bouffe, puis m’invite à venir lundi soir prochain admirer ses peintures, à la maison des expositions de Malakoff…
Il continue son baratinage avec ses gestes de camelot des grands boulevards, puis repart comme il était venu : comme un éléphant de cirque sous cocaïne.
Il n’a même pas invité la demoiselle de Valori. Je lui propose tout de même de venir avec moi lundi prochain, en lui précisant, d’une pointe d’accent typiquement parisien utilisé pour parler de la banlieue, que « Malakoff, ce n’est tout de même pas les galeries de Beaubourg. »
Elle m’assure qu’elle est prête à découvrir tous les aspects de l’art parisien et que si sa présence n’indispose personne, elle viendra.
Nous aurons donc le plaisir d’aller admirer les peintures du sieur Théophile, lundi prochain, entre la voie de chemin de fer et le stade Lénine…

Pour nous changer les idées, je propose à Graziella d’aller nous promener le long de la Seine, qu’elle puisse découvrir un peu les rives illuminées du fleuve et le décor somptueux de la capitale de nuit. Je me sens déjà bercé au rythme des reflets de lumières qui ondulent sur l’eau, coulent et reparaissent, comme les promeneurs sur les quais, d’escaliers en trottoirs et de ponts en ponts, au gré des sinuosités de l’eau.

Virus

Je commets alors la seule erreur à ne pas faire.
Non pas que je vexe la signora par quelque parole inconvenante (c’est si vite arrivé, n’est-ce pas ?), que je commette une bourde ou quoi que ce soit du genre.
Non, j’ai juste le malheur de prendre une minute pour consulter les messages de mon téléphone portable. Un SMS de Jean-Michel me demande de rentrer rapidement à « Tokyo » (à mon appartement du palais de Tokyo, je veux dire). Je m’empresse de l’appeler. Répondeur. Je l’envoie poliment bouler : qu’il aille donc voir sur la côte grecque (chez le Boulos) si j’y suis !
Mais le destin avait décidément que ma délicieuse soirée avec mademoiselle de Valori se terminerait en queue de poisson.
Nouveau message vocal de Jean-Michel : il est très pressé, paniqué même, et me supplie de rentrer le plus vite possible.
Je prends sur moi de ne pas jeter immédiatement ce sale bidule à la flotte. Tâchant de sourire poliment, j’explique à Graziella que des impondérables indépendants de ma volonté – sorti du langage administratif : des casse-pieds – requièrent de moi que je rentre à Tokyo. Je lui promets toutefois de réserver très bientôt une soirée pour elle. Elle comprends que j’ai des impératifs et m’excuse. Nous prenons ensemble le taxi.
Je la repose à Chaillot, et je file à Tokyo.

Je suis à peine surpris qu’on ait forcé la porte de mon repaire. C’est vraiment la maison des courants d’air chez moi ! Entre feu mon repaire du Louvre et ici, je n’habite que dans des moulins ! Je devrais tenir des expos porte-ouvertes en permanence…
Pauvre Jean-Michel, je le trouve dans un sale état. Ils ne l’ont pas épargné, ces ordures. Si j’étais arrivé quelques minutes plus tôt, j’aurais pu lui éviter de perdre sa jambe.
Heureusement, c’est une goule. Un peu de mon sang coule en lui, lui assurant une énergie vitale plus puissante que celle du commun des mortels. Il ne mourra pas d’hémorragie. Je lui incise encore du sang, avant de m’intéresser avec dégoût aux cadavres de ses agresseurs. Elle tient la forme quand même, ma grande folle du Marais, pour avoir envoyé au tapis toutes ces crapules.
Mon téléphone sonne : mon interlocutrice profère, d’une voix doucereuse, des menaces de morts, très bientôt, pour moi et mes proches. Je lui rappelle tout de même ce qui est arrivé à ceux qui m’ont menacé auparavant.
Je ne me fais pas tout de suite la remarque qu’avant, Corso était là pour me protéger. Toutefois, comme ma patience est à bout, je raccroche, et j’appelle Loren.
- François ? C’est Lucinius à l’appareil. Je ne vous dérange pas ?
- Pas trop, mais faites vite je suis occupé.
- On a pénétré par effraction chez moi.
- Décidément, c’est une habitude… Un jour, je m’occuperai sérieusement de la sécurité de votre repaire.
- Mon serviteur s’est interposé. Ils étaient armés et Jean-Michel a perdu la jambe.
- Vous m’excuserez de ne pas trop considérer cela comme un grand mal…
- Ces types étaient lourdement armés : des arbalètes au phosphore, des faux à deux lames. L’armement de l’inquisition.
- C’est plus grave.
- Ils ont enlevé Lisbeth.
- Je vois…
- Et ensuite, j’ai reçu un coup de fil. Des menaces de morts… Ils ont juré d’avoir ma peau et celle de mes proches. Je tenais donc à vous mettre au courant, à supposer qu’ils vous considèrent comme un de mes proches.
- C’est une bonne chose que de m’avoir appelé, effectivement.
- François, au bout de la ligne, c’était la comtesse Bathory. Elle est à Paris, avec toute sa secte.
- Je sais. Je suis moi-même en observation autour de la bibliothèque nationale. C’est dans les sous-sols que la société de Léonard s’est installée.
- Elle m’a parlé de ses projets. Elle est complètement fanatique : elle veut s’en prendre à la Camarilla, et détrôner le Prince. Elle ne doute plus de rien…
Je lui propose de l’aider, dans la mesure de mes moyens. Il est chargé d’établir la liste des illuminés qui se terrent sous la BNF. Il nous propose, à Graziella et moi, de le retrouver dans sa planque, dans un de ces chantiers comme on en trouve partout du côté de Bercy, jusque sur les bords de Seine.

A suivre...


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Riobe - 10-09-2004

:( décidément je vais m'en vouloir d'avoir raté une partie apparamment si sympathique... Virus j'adore les scènes d'ambiance entre Lucinus et Graziella aime


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - CROM - 10-09-2004

Yaisse

J'attends la suite avec impatience.


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Darth Nico - 11-09-2004

JOURNAL DE LUCINIUS (suite)

La situation est pour le moment la suivante. La comtesse de Bathory et sa clique veulent mettre à exécution leur projet de réunir des vierges des différentes lignées Caïnites, afin d’obtenir, par fusion de leur sang, je ne sais trop quel artefact bien… sanguinolent. Loren a dégotté un agent double parmi les membres de la secte. Un Sang-Clair, un 14e génération, qui ne comprend pas grand-chose au monde des vampires, mais que le Ventrue a entièrement pris sous son influence.
Grâce à des Nosfératus, Loren a pu pirater le système de vidéosurveillance des sous-sols de la BNF. Je consulte la liste des membres de la société de Léonard qui se terrent pour le moment sous la bibliothèque : il y a du beau monde là-dessous. Lisbeth est bien sûr entre les mains de sa Dame.
Puis viennent les noms des collaborateurs eux-mêmes. A commencer par Benedict le Brujah.
Quand il nous a quittés, au Canada, nous savions, Loren, Corso et moi, qu’il était déjà sensible aux idéaux de la Toute-Vie. Il a basculé complètement.
Autre nom, que Loren à cacher à la principale intéressée : Massimo Orsini soi-même. Le Sire Lasombra avait été confié aux bons soins des Tremere, qui devaient le transférer à leur fondation de Vienne. Or, en arrivant sous la bibliothèque nationale, la Comtesse et ses acolytes ont proprement viré tous les Tremere qui y créchaient. Quatre morts au moins à compter chez les sorciers… Non pas que ça nous émeuve, mais ça en dit long sur la force de frappe de la secte. Bref, Massimo Orsini est une fois de plus soumis à une influence malsaine. Et cette fois, je me demande ce qui lui arrivera si on le sort non-vivant de là-dessous.

Le jour ne va pas tarder à se lever. Je vais aller me trouver une planque pour jusqu’à demain soir. Nous nous retrouverons au même endroit. D’ici là, j’éteins mon portable, que personne ne vienne me déranger ou m’annoncer une nouvelle catastrophe. Il sera bien assez tôt demain pour l’apprendre.
Je connais un coin bien, à Saint-Mandé, un hôtel de charme, dans la cave duquel squattent de jeunes Toréadors qui pervertissent la jeunesse doré de ce petit village propre sur lui.
Et ils me reconnaissent d’entrée de jeu, les jeunes Camaristes, quand je pose ma valise dans leur repaire. Il faut dire qu’ils m’admirent, qu’ils connaissent quelques-uns de mes exploits. Ah mais c’est que je suis tout de même le premier parmi les Toréadors de 13e génération !
Par malheur pour eux, je ne suis pas d’humeur à parler. Je vais vite aller dormir. Pas pour me reposer, nous n’en avons pas besoin. Non, juste pour oublier mes ennuis quelques heures. J’ordonne à mon fan-club de surveiller le repaire.

Virus

Le lendemain, je me réveille vers 21h. Premier réflexe (conditionné ?) : je consulte mes messages sur le portable. Graziella de Valori m’a appelé hier soir pour savoir si je pouvais lui procurer un repaire pour la nuit. Je me mors les doigts d’avoir été aux abonnés absents, d’autant plus qu’elle est allé demander ensuite à Loren. Mon orgueil de mâle en prend un coup.
Heureusement, pas d’autre mauvaise nouvelle.
J’ai à peine le temps de m’abreuver pour la journée que les jeunots m’annoncent qu’un visiteur veut me voir.

Désormais, et à compter de ce soir, je me sens prêt à suivre la doctrine du Juste Milieu de Bouddha : ne pas s’attacher au monde, ne pas nous laisser posséder par les objets extérieurs dont la possession est éphémère, ne pas se rendre malheureux en voulant pour l’éternité ce qui ne nous échoit que pour que de brefs moments. Vivre dans le monde, mais ne pas avoir besoin de lui.
Les shakras tous ouverts, un grand flux d’ondes positives et géodésiques traversant les nœuds énergétiques de mon corps.
Un vrai petit saint, quoi.

Donc je demande que ce visiteur entre.
C’est Benedict.
J’ai dit que j’étais prêt à tout, je tiens parole.
Je suis juste surpris qu’il se jette à genoux devant moi. Ca m’agace. Si ça continue, je vais monter ma propre secte.
- Lucinius, je te le demande à genoux. Je t’en supplie. Je sais que tu n’es pas comme les autres. Toi aussi tu es capable de comprendre nos idéaux. Rejoins-nous.

Allons bon, on veut débaucher la concurrence…
- Rejoins-nous, ou je serai obligé de me battre avec toi.
Hum, concurrence déloyale.
D’une part, je n’ai aucune envie de rejoindre leur groupe de tarés suicidaires ; d’autre part, Benedict est fort comme un buffle en charge. Une tonne de poussée dans chaque poing, les soirs où il n’a bu que du sang de végétarien…
Donc l’alternative est simple. Ou je me rends à eux, où je me fais démonter la tête à coups de poings par le Brujah.

Je croise les bras, je regarde Benedict et je lui dis calmement :
- Je crois plutôt que tu vas t’asseoir gentiment, me parler, et venir avec moi quand je te le dirai.
- Très bien, Lucinius. Comme tu voudras.
Pourquoi se compliquer la vie ?
J’appelle aussitôt Loren.
- Allô, François ? Figurez-vous que j’ai une bonne nouvelle. Extraordinaire, non ?
- Effectivement. Vous permettez que je vous rappelle ? Je vais passer sur une ligne sécurisée.
Pourquoi ? Il n’a pas envie de passer en direct sur toutes les radio Nosfératu de France et de Navarre ?
Loren rappelle, et entends ceci au bout du fil :
- Allô, François Loren. C’est Benedict. Je suis agenouillé face à Lucinius, car il est mon maître et j’obéis à tous ses ordres.
Un vrai gourou que je suis, je vous dis !
Mais alors même que je voudrais rire, je sens également combien il est sombre, froid, mortifère, de soumettre ainsi un être, d’en faire un sujet obéissant, docile. Scrupule moral qui n’effleurerait pas un Ventrue, certes.
- Merveilleux, Lucinius, me dit Loren. Rejoignez-moi vite au Louvre, nous avons à parler. Moi j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
- Quoi donc ?
- Votre relation au Louvre, Pietro, le mousquetaire. Il s’est précipité hier soir chez Graziella de Valori, avec des intentions de meurtre selon sa servante. Elle a réussi à lui balancer une lampe à huile dessus, et à y mettre le feu. Il n’en reste plus que des cendres…

Je raccroche, assommé par cette révélation. J’ai peine à croire ça. Pietro, membre de la Société de Léonard ? Ca ne tient pas debout. Ou alors quelqu’un a pris possession de son esprit. Mais Pietro n’est pas tombé de la dernière pluie. On a pas pu l’utiliser comme une marionnette, comme moi avec Benedict…
J’essaye de récupérer tous mes morceaux et j’intime à Benedict l’ordre de me suivre. Nous allons prendre une voiture, il va nous conduire prudemment là où je lui dirai.

Virus

Le trajet se passe bien (pas de bombe au phosphore ni de Kuei-Jin sur la route), nous arrivons au Louvre en une demi-heure.
Un PC de crise est réuni dans un petit bâtiment souterrain. Loren est là, avec des boss du service d’ordre du Prince. Un Ventrue, Sergio, et plusieurs Brujah. J’ai déjà croisé rapidement ces loustics en Turquie, me semble t-il. Taillés comme des malabars américains, costumes époque Prohibition. Il y a également Olaf, le Gangrel d’Ibn-Azul, collaborateur de Loren.
Tout ce beau monde est décidé à prendre d’assaut le repaire de la comtesse. Le Sang-Clair a apporté de nouvelles informations.
Je mène l’interrogatoire de Benedict. Rien à voir avec l’interrogatoire de Felias… Le Brujah étant soumis à ma volonté, il répond à tout ce que je lui demande. Pas besoin donc de retomber dans les méthodes moyenâgeuses…
Il en ressort que la comtesse a détruit les anciens dirigeants de la Toute-Vie, pour s’attribuer le poste suprême. Elle a pris sous son commandement Benedict, qui dirigeait tout le réseau en France. D’autres agents du même grade que Benedict coordonnait les opérations ailleurs dans le monde.
J’ai donc ferré le gros poisson en soumettant Benedict. Il ne s’attendait certainement pas à tomber sous ma domination.
L’idéologie de la Toute-Vie repose sur la lutte contre la Bête. Selon eux, en provoquant cette apocalypse de sang, ils détruiraient les Caïnites les plus dangereux, et réduiraient drastiquement le besoin de sang des non-vivants. Ce qui permettrait de vivre en bonne communauté avec les humains.
Le sang des jeunes vierges, une fois fusionné, doit aider à activer une amulette puissante, qui conférera à la Comtesse un sang d’une pureté presque parfaite. Elle a mis l’amulette en sécurité dans son estomac. Mais les Brujah n’ont pas prévu d’emmener d’anesthésiant pour l’extraction…
Parmi eux, nous retrouvons Menace, le gars du parc de Thoiry, qui avait planqué Kruegger avant son départ pour l’Australie avec Lisbeth…

J’ai écoute l’exposé de Benedict sans trop le contredire. Du reste, je n’ai pas envie de me lancer dans des arguties dialectiques stériles. Loren essaye bien de montrer à Benedict que ses idées sont irréalistes, irréalisables. Rien n’y fait.
Peu importe maintenant. Le Prince a ordonné l’ouverture d’une Chasse au Sang contre les membres de la société de Léonard. Les dés en sont jetés : aucun d’entre eux ne ressortira vivant des souterrains de la bibliothèque nationale.

Je me trouve embarqué dans leur galère, bien conscient que nous allons naviguer de Charybde en Scylla d’ici peu. Et nous n’avons aucune nouvelle de Graziella. Sait-elle déjà que son Sire est avec la comtesse ?...

Quelques heures après, nous arrivons près de la bibliothèque. Le « 14e » de Loren nous ouvre la porte, et nous pénétrons dans le repaire, Loren, Benedict, moi, deux Gangrel et une dizaine de Brujah. Or selon Benedict, il y a une cinquantaine de Caïnites là-dedans. Ca promet de faire un beau raffut d’ici peu. Le Ventrue et moi soumettons à notre pouvoir mental plusieurs humains, puis quelques Caïnites, que nous envoyons surveiller une porte sans importance. Guidé à l’oreillette par ses Nosfé, Loren nous mène directement vers une cellule où est détenue Graziella. La secte appelle ça une « chambre de réflexion ». Orsini, soumis à la comtesse, a expédié son infant dans ce cachot.
La Lasombra nous remercie de l’avoir délivré. Elle a eu la visite de Lisbeth, qui n’est pas décidé à se soumettre à la comtesse. Elles ont du caractère ces deux-là.
Dans les minutes qui suivent, la situation s’accélère plus vite que le rythme cardiaque d’un épileptique.
Des Caïnites ennemis passent à l’attaque : les Gangrel et la plupart des Brujah engagent le combat, pendant que nous décrochons vers un autre couloir.
Nous ne tardons pas à trouver la chambre de sacrifice des vierges. Elles sont toutes attachées, prêtes à subir une transfusion sanguine. Ne manquerait qu’un Alexandre Corso pour planter les aiguilles…
En pénétrant dans cette vaste pièce, une idée me traverse l’esprit : on a vraiment fait une connerie en emmenant Benedict avec nous. Mon verrou mental ne tiendra jamais face aux pouvoirs de la comtesse.
Mon intuition se confirme bientôt. La comtesse est assise sur son trône. Massimo Orsini à sa droite, Lisbeth à sa gauche.

S’ensuit une pagaille indescriptible. Graziella entre dans l’arène, et nous plonge dans le noir complet, abyssal, comme elle avait fait à l’entrée du château de Versailles. Son Sire doit en faire autant, et les deux commencent à s’affronter à coups de tentacules. Pendant ce temps, la comtesse ordonne à Benedict de me tuer. Le Brujah me saute dessus, et je me retrouve comme écrasé par un bloc de ciment. Mais c’est à ce moment-là que le noir se fait. Je sors du coltard, je me remets sur pied. Benedict s’est précipité sur Lisbeth, et commence à la boxer. Je cours vers lui, fou de rage.
Le noir se fait à nouveau, puis encore la lumière. Loren ouvre le feu avec son pistolet automatique sur la comtesse. J’en fais autant, et deux rafales viennent lui transpercer la tête. Elle s’écroule au moment où je m’apprêtais à lui en mettre en rab.
Je serre Lisbeth dans mes bras, pendant que les combats se poursuivent furieusement. Mais en quelques minutes, la secte est détruite par les Gangrel enragés.

Virus

Je partirai bien à la renverse dans les pommes, s’il n’y avait soudain une puissante odeur de sang qui se répandait dans les lieux. Je ne parle pas du sang des divers sous-fifres humains ou non.
Non, il s’agit du sang de la comtesse elle-même. Vieux comme un bon vin millésimé, rouge vif, alléchant, désirable comme milles femmes lascives… C’est une vraie torture de ne pas se jeter sur lui, et de le laper entièrement.
Lisbeth et Loren me regardent. C’est moi qui ai le sang le plus faible, et ils ont l’air prêt à me laisser ma chance. Une affreuse et délicieuse envie de plonger mes canines dans le corps et la chair gouleyante de la comtesse me remplit peu à peu. Si je la dévore, je deviendrai d’un coup beaucoup plus puissant. Mon sang acquerra une pureté nouvelle, et j’en imposerai à tout mon entourage, une fois le sang de la comtesse entièrement passé dans mon sang.
Cette flaque rouge, légèrement visqueuse, dont les formes semblent dessiner des danses de séduction, respire un fumet si appétissant… Un mortel affamé face à un festin ne serait pas autrement tenté que moi.
Loren et Lisbeth me regardent toujours, prêts à bondir.
- Ca suffit, Lisbeth, allons-nous en. J’en ai assez vu ici.

Je la prends fermement par la main. Nous tournons le dos à cette pièce, et à tous ces morts. Les vierges ont été délivrées. Graziella a planté un magnifique katana dans la poitrine de son Sire. Elle ressort en le portant sur son épaule. J’aurais dû me douter qu’elle ne maniait pas que des armes d’escrime française… Quelle race tout de même !
Sur le parvis de la bibliothèque, à la sortie du repaire souterrain maintenant dératisé, les Brujah du Prince s’agitent, alignant les cadavres, pendant que la police boucle le secteur, et que commence la ronde de la Mascarade, qui maquillera cette tuerie brève et impitoyable en accident d’une canalisation de gaz.

Virus

Alignés comme des automates qu’on repose après la représentation, les cadavres des séides de la comtesse sont encore gorgés de sang. Désirables comme des outres pour un bédouin. Je serre très fort la main de Lisbeth.
- Allez, Lucinius, mordez dedans. Ne vous dégonflez pas.
C’est Benedict. Il s’est sorti de cet enfer, lui…
- Montrez-moi donc que vous êtes un vrai vampire. Vous avez gagné. Alors ne faites pas la lopette, et videz-moi un de ces gars-là…
Il commence à sérieusement m’énerver. C’est moi en début de nuit, au Louvre, qui lui ai fait la morale : que ses principes stupides d’humanité le mettent à côté de la plaque, que ses idéaux de bien et d’harmonie dans le monde conduisent à des massacres et des cruautés sans nom, qu’il se prétend indépendant d’esprit et qu’il léchait les bottes de la Comtesse à la demande…
J’en ai assez d’être un tocard, d’être entouré d’emmerdeurs, et de me retrouver chahuté à hue et à dia, au gré des caprices des autres.
- Allez, mordez dedans…
Il m’énerve, il m’énerve…

J’en attrape un, un Toréador, qui a l’air encore frais, comme on choisit un beau fruit au marché, et je te me le vide d’un trait, et je le repose, sec comme un chardon.
Je hoquette, je m’essuie la bouche et le col, et je regarde Benedict.
- C’est bien, vous m’avez prouvé que vous n’êtes pas un dégonflé… Peut-être qu’on se reverra un jour.
- Ce n’était pas désagréable de vous avoir sous mon commandement, à mes ordres. Un moment jouissif comme j’en ai rarement !
Il me salue, et se grouille de disparaître.
Lisbeth, Graziella, François et moi sommes convoqués au Louvre. J’apprends en chemin que le repère de Morgane, sous la Sorbonne, a aussi été attaqué. J’espère qu’elle sen est bien tirée.
Loren n’est plus tout à fait le même homme. Il faut dire qu’en quelques jours, il a avalé coup sur coup Léopold Orsini, puis Constance de Bathory ! Ca doit drôlement lui chahuter les intérieurs !
Le Prince est content de nous voir. Il constate que nous nous sommes bien tirés de cette périlleuse épreuve. Il nous félicite avec une sincérité inhabituelle de notre exploit. Il constate que je me m’améliore. Après divers péripéties de « loseur », c’est lui qui emploie le mot !, je sers beaucoup mieux la Mascarade.
Du coup, distribution générale de récompenses ! Lisbeth se voit octroyé un domaine à choisir parmi le parc immobilier des fondations Toréadors –autant dire qu’elle va devenir châtelaine ma Ventrue !
Graziella est délivrée de la tutelle de Loren. Ce derner maintenant la charge de son Sang-Clair, et il se voit autorisé à créer un Infant. De même pour moi. Ce qui monte à deux mes infants potentiels. Lisbeth m’a avoué qu’elle m’avait joué la comédie pendant des mois : elle simulait l’apathie pour déjouer des espions de la comtesse. Finie la culture de racines et d’orties ! Je retrouve ma vraie Ventrue.
J'imagine déjà Corso, s'il était là, qui ricanerait de me voir dans ma belle propriété, avec mes infants qui gambadent dans le parc : une vraie petite famille modèle !

Frime


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - CROM - 11-09-2004

un grand épisode, avant lequel je ne soupçonnais pas les ressources des joueurs.

Du grand art les enfants 8)

Précision pour Matthieu : Panda a fait des jets de porc pour la Domination sur Benedict. 9-10 de moyenne biggrin
De toutes façons c'était ou ça ou Lucinius se faisait calmer par Benedict (trop defifférences en combat pour espérer voir Lucinius s'en sortir) puis emmener à la BN. Le scénar initial prévoyait que Lucinius et Graziella se retrouvent en salle de réflexion, avec un début de conditionnement, puis une arrivée en Force de Loren et des Services Spéciaux.


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Riobe - 13-09-2004

Il me semblait que les toréadors n'avaient pas domination mais présence... :baton: Heureusement pour Lucinus d'ailleurs, car présence fonctionne tout le temps tandis que domination est inefficace contre les vampires de génération suppérieur, donc innefficace contre Benedict... Virus


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Darth Nico - 13-09-2004

C'est bien Présence que j'ai utilisée. wink


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - CROM - 13-09-2004

confusion itou, c'est bien la Présence qu'il a utilisé.
Et Bénédict qui a mangé sa purée donc.


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - Riobe - 13-09-2004

lol Il a eu la révélation en te voyant ange Saint lucinus priez pour nous! Bon, il ne reste plus quà réussir le même coup contre Morgane Clever je pense cependant la chose un peu plus risquée, la sorcière Tremere :sayen: étant à mon avis bien plus dansgeureuse que le gros Brujha Troll2

C'est le triomphe de l'esprit sur le muscle Teach


Journal de Lucinius #11 : Les rats de bibliothèque - CROM - 13-09-2004

Euuu... Bénédict et Morgane ont la même volonté...
Donc si le Panda réussi les mêmes jets, Morgane...