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17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Printable Version

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17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - vengeur77 - 04-06-2010

J'adore le decalage entre le langage et la parole
"Viens, Avishnou - mon petit doudou indousmileestropions ces malandrins! "
et bien sur....
"Yatsume, de l'Empire de Rokugan, souhaite le voir !"RHOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO
OHH MY GOD!!!
Comment j'en frissonnesmile
Excellent!Applause
très bon texte encore- l'idée de faire vivre l'aventure à travers les yeux d'une tierce personne est très bonne.Applause


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Darth Nico - 06-06-2010

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE


Trois jours avaient passé. Yatume et Avishnar se morfondaient dans une cellule au sous-sol du bâtiment. C’était à se demander pourquoi ils étaient venus au bout du monde, pour terminer dans un gniouf comme Sasuke en construisait dans chaque palais où il arrivait !

- Moi avoir dit toi, Yatsume…
Avishnar parlait à peine quelques mots de Rokugani, appris pendant la traversée. Raja arrogant, il se montrait plutôt gentil garçon depuis sa déchéance.
- Moi avoir dit toi, Yatsume… Pas bon menacer grand chef chef d’ici avec lance…
Ainsi le voulaient en effet les lois du port d'El-Aqab.

Assise la tête derrière les genoux, l’ancienne Scorpionne se morfondait… Autant elle avait bien joué pour délivrer le Raja, autant elle avait manqué de finesse pour se présenter chez ces barbares…

La porte s’ouvrit ; de la mauvaise lumière entra et frappa sur les murs et la paille.
C’était le rondouillard moustachu du clan de la Ki-Rin, avec le shugenja et le capitaine du navire Mante. Ils venaient pour expliquer à Yatsume la situation…
En fait, elle devenait trop gênante, trop encombrante… Il aurait été facile de la faire empaler pour l’exemple, ou piétiner par des chameaux, ou dévorer par des fourmis rouges, ou lapidée en place publique, mais le Grand Janissaire appréciait ses amis de Rokugan. Il ne voulait pas les froisser, alors quand ils étaient venus demander la grâce de Yatsume, il avait accepté, un peu las. Avishnar pensa qu’à sa place, il n’aurait pas transigé, pour se faire un peu de distraction. On ne laisse pas passer une occasion de supplice aux Royaumes d'Ivoire ! Sinon, le peuple n'est pas content !

- Nous ne vous avons pas conduite ici pour que vous finissiez si bêtement, résuma le capitaine.
- La question est maintenant de savoir où vous voulez aller, dit le shugenja. Qu’escomptiez-vous en venant ici ?
- C’est mon affaire...
- Vous avez au moins une piste ?
- Je dois aller vers l’est…
- C’est un peu maigre, dit le capitaine, qui contenait mal son impatience.Captain
Le samourai de la Ki-Rin soupira :
- Vers l’est, il y a une caravane qui part bientôt…

Yatsume releva la tête :
- Je pars avec eux !
- Oh, ça oui ! dit le capitaine.
- Et vous ne revenez jamais par ici ! ajouta le shugenja.
- Bien sûr que non !
- Vous voulez voir les Iuchi, c’est ça ? dit le moustachu.
- Oui…
- Ils sont là-bas. Ils ont une ville stable. Des constructions en bois… Plusieurs temples.
- C’est eux que je dois voir !
Le capitaine fit aux autres un signe d’approbation.
- Vous accompagnerez une de leurs caravanes, dit-il à Yatsume. Vous gagnerez votre croûte en défendant le convoi. Vous saurez faire ça ?
- Rendez-moi juste mon naginata !
Ils avaient l’air soulagés.

Ils ressortirent dire aux soldats que la prisonnière acceptait de déguerpir sur l’heure.
- Le temps de lui apprendre à monter sur un dromadaire, dit le shugenja en riant, soulagé.


Samurai


Le soir tombait sur le port d’El-Aqab. Des milliers d’étoiles apparaissaient dans le ciel. Yatsume et Avishnar s’accrochaient désespérement au cou de ces chevaux difformes et bossus pendant que les Ki-Rin finissaient d’attacher les sangles des convois. Yatsume y était presque, le vilain animal répondait à ses ordres. Il fit quelques pas, mais il se permit une petite ruade, sa bosse trembla et Yatsume se raccrocha, griffant la bête, qui rua de plus belle, et elle valdingua, pour finir les quatre fers en l’air. Le moustachu s’approcha d’elle pendant qu’elle recrachait du sable :
- Vous voyagerez de nuit essentiellement. Ainsi font les caravanes. Le jour, c’est repos. Il faudra apprendre dès maintenant les rudiments de la vie du désert. Et apprendre vite !
- Entendu !
Yatsume empoignait férocement les rênes et repartaient à l’assaut de son dromadaire. Avishnar passait au petit trot sur le sien, tout heureux de réussir, presque, à le diriger.
- Hop, hop, hop! Hahaha !...

D’autres chevaux du désert poussaient leurs cris grotesques. Les cavaliers sifflaient, les marchands regardaient partir leurs marchandises. Le chef du convoi saluait l'envoyé du Grand Janissaire ; des mouettes hurlaient et repartaient vers la mer ; le convoi se mettait en branle.
- Vingt bêtes, cria la moustachu à Yatsume qui s’éloignait. C’est un gros convoi, vingt bêtes ! Et cela repose en partie sur vos épaules ! J’ai vanté votre courage ! Ne nous décevez pas !...

Yatsume empoignait fermement sa monture, rejoignait Avishnar et le doublait à la course. Elle partait au galop, prête à conquérir à elle seule l’immense désert qui s’enfonçait lentement dans la nuit !
Le chef de la caravane siffla, et les deux montures de nos héros ruèrent. Yatsume et son ami finirent encore le nez dans le sable !
- On vous a prêté ces montures pour que vous puissiez les chevaucher -au cas où ! Mais elles ne sont certainement pas pour des loqueteux comme vous !... Vous, vous marcherez mes gaillards !

Toute la caravane partit d’un rire général. Le chef dépassa les deux étrangers et alla à la carriole de tête.
- En avant ! Nous devons arriver au puits d’Ant-Kashbar avant l’aube !

Le port et la mer ne tardirent pas à disparaître ; Yatsume vit un gamin qui courait, qui s’arrêta avant une dune, essoufflé, et continua à saluer pendant longtemps, sautant comme un fou ; c'était le gamin du bateau ! Yatsume le salua puis courut rejoindre Avishnar ; bientôt, et il n’y eut plus qu’un silence immense, des dunes innombrables, un pays mort où ne vivaient que les insectes.


*


- L’Empereur est en difficulté, Mitsurugi…

Hanteï Tokan était venu assister aux répétitions de la pièce. Les deux auteurs, Ikoma Noyuki et Togashi Ojoshi, avaient rougi d’un tel honneur, de même que l’origamiste en chef, Doji Ikue !
En réalité, Tokan savait ce qu’il faisait. Ce n’était pas à ce théâtre-là qu’il s’intéressait.
Il avait poliment demandé à Mitsurugi s’il pouvait s’asseoir à côté de lui, au fond de la salle. Il avait engagé la conversation sur quelques mondanités, mais notre héros voyait qu’il voulait en venir à autre chose.
- La vérité est qu’en ces temps difficiles, nous avons besoin de savoir qui soutient vraiment Celui qui est assis sur le trône d’Emeraude, et qui conspire au contraire pour prendre le pouvoir en coulisses.
- Vous savez bien, Tokan-sama…
- Je sais, je sais, murmura-t-il. Je n’ai aucun doute sur votre fidélité, c’est bien pour cela que je vous en parle. Hanteï Norio sait qu’il peut compter sur vous…
- Mais je ne vois pas…
- Ce que vous pouvez faire ? Agir le moment venu, Mitsurugi…
- Un signe de vous et…
- Je n’en doute pas.

Tokan se leva et alla féliciter les comédiens. Il trouvait la pièce très à son goût et dit que de nombreux dignitaires y assisteraient au premier rang.
- Nous ne sommes pas dignes de cet honneur, Tokan-sama.
Le jeune homme était reparti, laissant Mitsurugi dubitatif. L'ambassadeur ne demandait pas mieux que de faire sortir au grand jour les conspirateurs. Il ne demandait qu’à voir venir à lui la Grue Noire et ses maîtres, pour exposer leurs plans d’attaque contre la lignée impériale.

Mitsurugi put se changer les idées, car voilà qu’un personnage haut en couleurs, le plus haut en couleurs de la cour, faisait son entrée : le Bouffon ! Il s’invitait carrément, avec quelques amis qu’il s’était fait parmi des acteurs de la famille Doji. Ils arrivaient, maquillés de façon outrancière en personnages du bas peuple.
- J’apprends qu’on va monter la plus magnifique pièce de cette cour et je n’ai pas le premier rôle !
- La plus magnifique, vous nous flattez, seigneur, répondit Ikoma Noyuki.
- Si si !... Mais sans moi, le public appréciera moins, c'est tout.... Voilà ce que je venais vous dire !... Bravo, très beaux décors ! Quels délicates origamis ! Mais j’en ai aussi de belles !
Le Bouffon lança une poignée de papiers pliés dans la salle ; Mitsurugi en ramassa une et sourit : elles représentaient grossièrement un cerf (ou un chien ?) avec un gros sexe en érection. Ikue rougit mais le public rit de la farce.
Togashi Ojoshi, stoïque, remercia Yoriku pour ces cadeaux mais dit qu’il n’en était pas digne. Il rendit l’origami au Bouffon, qui fit semblant d’être vexé et fit signe à sa flamboyante troupe qu’il était l’heure de partir.

- Bon, on reprend, lança Noyuki. La scène de la bataille ! Où sont mes lanciers ?... En place les paysans armés ! Allez me chercher vos fourches !


Samurai


Sasuke avait réussi à se faire porter pâle pour cette fois. Mitsurugi n’avait pas insisté car c’était l’Inquisiteur Tadao qui avait fait demander le shugenja. il demandait une petite réunion avec lui, et Mamoru.

Mamoru qui avait passé deux jours dans les quartiers réservés de l’Inquisiteur, pour se remettre de son éprouvante expédition nocturne. Tadao avait réussi à chasser les visions effroyables qui avaient assailli le ronin, puis qui avait continué à le torturer après son retour.
Sasuke arriva pour le thé. L’Inquisiteur lui expliqua en deux mots la menace qui régnait au château de la pointe qui caresse la lune : des réunions démoniaques. Il s’abstint bien de dire comment il l’avait découverte. Il ne parla pas non plus des secrets de Mamoru. Il pria simplement Sasuke de l’accompagner, avec autant de formules d’usage qu’en maîtrisait un Crabe aguerri (moins qu’un Doji débutant) et dit que le ronin viendrait avec eux.
- S’il le faut, nous purifierons l’endroit par le feu et par le jade !
Il n’en fallait pas tellement plus pour décider Sasuke, qui rouillait depuis trop longtemps.

A la nuit tombée, ils prirent une barque pour traverser la baie des poissons morts. Ils montèrent la falaise, s’arrêtèrent à une centaine de pas du château.
Sasuke avança et attendit devant l’entrée pendant que Mamoru et l’Inquisiteur faisaient le tour. Comme ils ne trouvèrent rien de suspect, ils entrèrent. Mamoru passa le dernier ; il frissonnait mais sut n’en rien montrer. Il y avait des draps blancs qui recouvraient les murs, le sol, la rampe d’escalier ; des tentures déchirées qui pendaient lamentablement entre les deux étages.
Ils montèrent les marches pas à pas ; ils étaient à la moitié au moment où ils entendirent des voix. Ils s’assirent en haut de l’escalier ; Sasuke, qui passait le premier, vit trois personnages sortir d’une pièce : il reconnut sans peine Petite Vérité, puis un Scorpion, et un grand samouraï de la Grue avec un kimono frappé de l’emblème des Daidoji et un masque d’acteur de no.
Il murmura leurs noms : l’Inquisiteur approuva, jeta un œil. Les trois personnages, sous la clarté lunaire qui venait du bout du couloir, discutaient.
- Le troisième est le conseiller Kokamoru, souffla l’Inquisiteur.
- Lui ?
- J’en suis sûr. Je n’ai pas le temps de vous expliquer, mais c’est bien lui !

Sasuke avança encore et saisit quelques bribes de conversation :
- Ce soir, disait le grand Asahina d’un air d’autorité, nous partons retrouver notre maître…
Le shugenja aimait ces personnages forts et sûrs d’eux, même quand c’était des ennemis !
- Par où passons-nous ? fit Petite Vérité de sa voix grinçante.
- Par le théâtre. Nous allons chercher le chat, et sa maîtresse…
Sasuke étouffa un juron. Le bakeneko ! Doji Ikue !

Les trois complices partirent au bout du couloir, où se trouvait un autre escalier. Sasuke, Tadao et Mamoru les suivirent à pas pressés. Mamoru eut la gorge serré en traversant le couloir. Il n’arriva rien. Ils revinrent au rez-de-chaussée par le même escalier. Plus de trace de Petite Vérité ni des deux autres. Ils n’avaient pu partir que par une seule porte, celle qui devait mener au cellier. Elle était verrouillée de l’intérieur. Mamoru s’acharna sur la poignée, avant de décider de l’enfoncer ! D’un coup de ses fortes épaules, il cassa les planches, arracha le loquet en acier et nos héros passèrent. Un long escalier, étroit, partait en colimaçon. Il menait manifestement bas sous terre, au cœur de la falaise.
Tadao passa le premier avec une torche que Sasuke lui alluma d’un claquement de doigts.


Samurai


Mitsurugi était resté pour les répétitions du soir. L’endroit était confortable et bien chauffé, des gens venaient, discutaient, repartaient, si bien que l’ambassadeur ne vit pas passer le temps. Ikue s’étonnait même de le voir rester si longtemps. Elle était flattée de ce qu’elle prenait pour un gout naissant du théâtre chez Mitsurugi. Comme venait l’heure d’arrêter, elle se retira dans sa loge, à côté de l’atelier où elle avait fait installer ses assistantes, qui pliaient du matin au soir des centaines de petites fleurs.
Mitsurugi se leva, des fourmis dans les jambes, réprima un baillement et se dit qu’il avait bien gagné une petite soirée dans détente avec ce fêtard d’Ikoma Noyuki (qui devenait d’ailleurs trop sérieux à son goût depuis qu’il s’occupait de la pièce !wink.

Un cri… Un cri de femme ! Tout le théâtre l'entendit ! Mitsurugi courut aux loges ; il avait reconnu la voix d’Ikue, qui avait hurlé de terreur.

Il se heurta dans le couloir aux habilleuses, maquilleuses et autres costumières qui s’enfuyaient. Il les repoussait, il se frayait un chemin, mort de peur pour sa fiancée, il bouscula trois comédiens qui essayaient des échasses et qui partirent dans un décor en papier peint.
Il arracha á moitié le panneau de la loge en l’ouvrant, et entra en dégainant son sabre. Il faillit se heurter à Ikue et celui qui la tenait contre elle ; son ravisseur recula ; un grand samouraï en kimomo de la famille Asahina avec un grand masque d’acteur. Il avait un poignard sur la gorge de la fragile Ikue. Il aurait en fait pu lui briser la nuque comme un fétu de paille.
D’une voix remplie d’une haine noire Mitsurugi lui cria de la lâcher. Il était prêt à se précipiter sur lui. L’Asahina recula lentement, resserra sa prise sur Ikue, qui allait défaillir.
- C’est après le chat que j’en ai… dit l’acteur.
Proposition qui aurait pu être comique… avec un chat ordinaire !
- La fille contre le chat…
Mitsurugi vit que le bakeneko était en haut de l’armoire. Il se planquait en jouant les matous ordinaires. Notre héros le regarda dans ses yeux à pupilles verticales.
- Que lui voulez-vous à ce chat ?
- Je veux un passage dans les limbes ! Immédiatement, ou bien elle part rejoindre ses Ancêtres !
Le chat cracha, puis descendit, la tête basse. L’acteur recula au fond de la pièce et vit d’une voix caverneuse :
- Presse-toi…
Le chat décrit plusieurs cercles entrelacés à terre ; il recula et on vit le parquet se déformer et se mettre à tourner en creusant une sorte d’entonnoir.
- Rends-la-moi sur le champ !

Mitsurugi avait déjà calculé un assaut meurtrier sur l’Asahina, au risque de prendre un coup de poignard fatal de sa part.
L’acteur desserra sa prise et lança Ikue sur le côté et sauta dans le trou. Il y disparut d’un coup, aspiré. Mitsurugi contourna le portail et prit Ikue dans ses bras. Elle avait perdu connaissance. Un placard s’ouvrit derrière lui : deux silhouettes en sortirent dans un cri strident ; une vieille femme et un homme jeune… Le passage commençait à rétrécir. Un autre placard s’ouvrit : Sasuke, Tadao et Mamoru en sortirent.
Mitsurugi, surpris, s’était remis en garde. Il crut à une ruse.
- C’est bien nous, Mitsurugi… dit l’Inquisiteur. Nous avons ouvert un passage magique car nous étions à la poursuite de ces créatures !
Tadao tordait la vérité pour rassurer Mitsurugi, car le passage entre le château sur la falaise et ce théâtre en ville n’avait pas été ouvert par une magie bienfaisante.
- Ils ont dit que ce passage mène aux limbes !

Les samouraï jaugèrent de la situation.
- Nous devons les suivre, dit Sasuke.
- J’en suis, dit Mamoru.
Tadao soupira :
- Je ne peux pas… Je ne peux pas disparaître comme ça… Il est impensable d’ébruiter cette affaire. Et ce sera le cas si on ne me trouve plus.

Le chat tournait en rond nerveusement. Il dit par télépathie que le passage ne tiendrait pas longtemps.
« Et si j’en fais un autre, il ouvrira ailleurs, vous perdrez leur trace. »
- Sasuke, tu peux partir, dit Mitsurugi. Je t’inventerai une excuse…
- Dis que je lis le Tao !
- J’essaierai plutôt une excuse crédible.
Sasuke sauta dans le passage. Tadao fit signe à Mamoru qu’il avait sa permission. Le ronin sauta. Le passage se referma juste derrière lui.
L’Inquisiteur s’approcha d’Ikue et mit sa main sur son front. Il récita un petit sort d’apaisement. Il dit que ça irait.

Mitsurugi alla rouvrir le panneau. Il vit les comédiens au bout du couloir, cachés derrière les décors.
- Ca va, le danger est passé !
C’est dans ces moments-là que l’ambassadeur dut user de son prestige et de sa capacité à baratiner pour redresser la situation.
- C’était un pervers… Il avait réussi à s’introduire dans le théâtre.
Noyuki et Ojoshi arrivaient. Ils virent que l’Inquisiteur était là ; ils ne firent pas de commentaire, ils préféraient faire profil bas.

Ikue, sous le choc, fut ramenée à sa famille par Mitsurugi. Doji Onegano et son fils Suzume furent terrifiés de ce qui était arrivé. Ils jurèrent de venir au théâtre la protéger.
Mitsurugi ne voulait pas les en empêcher. Il dit simplement qu’il enverrait plusieurs hommes au théâtre. Il rentra se coucher ; il demanderait le lendemain une entrevue avec l’Inquisiteur pour avoir, une fois de plus, quelques explications !


A suivre...Samurai


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - sdm - 06-06-2010

Hmmm toujours aussi bon, j'adorebiggrin

Ca te dit un poste de nègre pour écrire des résumés de partie dans un univers contemporain futuriste où les joueurs jouent des policiers ?wink


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Darth Nico - 07-06-2010

Haha, j'ai encore 2 résumés d'Alecto à finirTotoz


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - sdm - 07-06-2010

Et la campagne de star warsYodaloy


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Gaeriel - 08-06-2010

qui a en plus beaucoup avancé depuis ton départredaface2


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Darth Nico - 11-06-2010

CHRONIQUES DES SABLES BRÛLANTS

La tempête de sable se dispersait enfin. Elle laissait le paysage à peu près intact. Les dunes s’étaient peut-être déplacées de quelques mètres. Qu’est-ce que cela changeait ? Les bêtes grognèrent quand on leur dit de se relever. Le chef de la caravane avait encore un mouchoir sur le nez, les yeux lui piquaient comme au reste de ses hommes.
- Longtemps que nous n’avions pas été surpris comme ça par une tempête, disait un soldat en recrachant du sable tant qu’il pouvait.
Le désert était redevenu paisible. Comme si rien ne s’était passé. Le ciel était lavé, le sable épuré, le vent soufflait, serein et majestueux, sur son royaume de douceur dorée.
- Vérifiez les attaches, les sangles ! Les harnais, surtout !... Passez de l’huile sur les essieux ! Resserrez les paquetages !... Allez chercher les caisses qui ont été emportés ! Dépêchons ! Le soleil est déjà haut et nous ne sommes pas encore arrivés.

Il était prévu qu’on s’arrêterait aux abords du ravin de Naren’Lad, où de hauts monticules et d’énormes pierres fourniraient suffisamment d’ombre. Deux jours avant, la caravane trouvé le puits d’Ant-Kashbar presque à sec. Ils n’avaient pu refaire qu’à moitié les provisions d’eau. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait aux Ki-Rin, qui faisaient fréquemment le trajet ; pour la saison, c’était tout de même assez inquiétant.

- Bon, alors vous deux, comment supportez-vous le trajet ?
Le chef de la caravane traversait les Sables Brûlants depuis trente ans. C’était malgré cela la première fois qu’il emmenait avec lui des compatriotes de Rokugan, cet empire si lointain dont il ne verrait jamais la moindre parcelle.
Yatsume et Avishnar s’étaient abrités aussi vite qu’ils avaient pu derrière un des chariots quand la tempête s’était abattue sur le convoi. Ils avaient failli être étouffés ; ils avaient lutté contre le sable, vainement. Ils s’étaient enroulés dans les longues étoffes couleur terre, avaient fermé les yeux et, comme tout le monde, avaient attendu que ça se passe, recroquevillés.
- Remettez-vous à vos postes, leur dit-il sans méchanceté, de sa voix monocorde. C’est généralement dans ces moments-là que nous sommes vulnérables. Les saletés de pillards Pej’Neb pourraient bien en profiter pour nous attaquer...
Il cracha par terre.
- D’aucuns disent que ces fils de chiennes invoquent les djinns sur les caravanes qu’ils comptent attaquer.
- On sera là pour les recevoir, affirma Yatsume. Viens, Avish’, on va se mettre en position !
Le prince déchu suivit comme il put sa compagne, qui n’était jamais à bout d’énergie ; elle courait déjà comme une lionne alors que les hommes se tordaient encore de douleur et maudissaient les esprits du désert.
- Taisez-vous, ordonna leur chef, ce n’est pas en les injuriant que vous rendrez les djinns plus favorables !... Priez plutôt Shinjo qu’elle éloigne ces esprits malfaisants ! Et remuez-vous un peu ! Que vont penser nos ambassadeurs de Rokugan de votre comportement ! Qu’iront-ils raconter à l’Empereur à leur retour ?...
Yatsume regardait ailleurs…


Samurai


Les rochers de Naren’Lad offrirent l’abri esperé. Ils étaient plus ensablés d’habitude. Cependant, l’air qui soufflait du ravin aurait vite fait de les dégager. C’était un gouffre au milieu du désert, de pierres rouges, blanches, rose, orange, avec des motifs de veines qui s’entrelaçaient à perte de vue. Les grognements des chameaux résonnaient dans cette ouverture immense ; des charognards passaient en bande au-dessus de la caravane, puis repartaient dans leurs nids. C’était un monde à part là-dedans, avec au fond une vallée d’herbe qui poussait le long de petits ruisseaux. Des troupeaux de zébus bien gras broutaient paisiblement, alors qu’en haut, c’était la chaleur, l’aridité, la solitude.

Les samuraï regardaient avec envie ce pays si lointain et si proche.
- Allons, se plaignait le chef, c’est chaque fois la même chose ! Vous rêvez d’aller paresser dans ces prairies, de vivre de la cueillette et d’aller danser au clair de lunes avec les esprits de la rivière ! Croyez-vous que Shinjo nous ait emmené à la découverte du monde pour que ses serviteurs se comportent comme des paresseux, des enfants gâtés ?...
Yatsume pouffa de rire en regardant Avishnar, qui n’avait pas compris.
- Allons, remettez-vous en selle ! Poursuivons notre chemin ! Debout, paresseux, debout ! Ohlalaaaa…
La longue plainte du chef était amplifiée par l’écho. Peu à peu, les hommes, découragés un moment, se remettaient au travail. Certains se mettaient à chanter, d’autres allaient en silence. Le crépuscule tombait ; on allait suivre maintenant les ombres qui s’étiraient de plus en plus longuement vers l’est, pour continuer la route de nuit.
Les hommes de peine remontaient sur les bâches ou dans les chariots. La plupart de ceux qui prenaient leur patrouille ne rêvaient que de dormir, tous leurs membres le demandaient et pourtant, non, il fallait y retourner.
- Chantez, si vous voulez ! Ohlalaaaa… Chantez si cela vous donne du courage et ne vous épuise pas !
Les hommes hésitèrent. Certains chantaient déjà. Ils entrainèrent quelques autres ; enfin quand la nuit fut bien noire, tout le monde entonnait une vieille complainte du désert, monotone. Yatsume chantonnait et Avishnar, qui ne comprenait pas les paroles, fredonnait aussi :
- J’ai traversé le désert sur un cheval sans nom. Ca faisait du bien de ne plus être sous la pluie… Dans le désert, tu ne te souviens plus de ton nom… Car il n’y a personne qui ne te fasse pas souffrir… La laaa lalalala lalala laaa la…

Samurai

Ils avaient redouté pendant trois jours une attaque des pillards. Il n’y eut rien. Que des nuits et des nuits de paysages identiques ; l’impression décourageante de faire du surplace. Qu’est-ce que cela changeait d’être ici ou à une journée de marche plus loin ? Cette dune-ci ou les centaines qui suivaient ? Ces montagnes lointaines, nimbés de nuages, qui ne bougeaient pas. Elles ne s’approchaient ni ne s’éloignaient. Yatsume se souvenait d’avoir assisté petite à une pièce de no. Elle avait duré des heures. Une après-midi, qui avait paru des jours à la fillette. Elle retrouvait ces impressions, cette fixité mortelle, ces danses extrêmement lentes qui se distinguaient à peine de poses de statues. Les pierriers, les anciens lacs asséchés formaient ce même genre de ballets qui pourraient durer pour l’éternité. Les dieux avaient sculpté ce paysage et personne ne le changerait plus. Il était figé.

Samurai

Les tours de Berr-eg-keber apparurent d’abord comme un mirage, un de ces mirages de montagnes qui apparaissaient au milieu du désert et ces illusions de dunes comme seul horizon après une étendue plate comme la main ! Des fausses dunes se mêlant aux vraies !
- Nous y sommes enfin, soupira le chef.
Sa voix était trainante, il avait toujours l’air de se plaindre. Il avait un visage triste, des yeux las de chien battu. En réalité, c’était sa manière d’être. Ses soldats ne le prenaient pas pour quelqu’un de geignard. Simplement, il épousait les plaintes de ses hommes, il les amplifiait et c’était sa manière à lui de leur redonner du courage. Il ne riait pas beaucoup ; quand il avait un petit sourire, les soldats savaient que c’était comme s’il s’esclaffait.
- Ohlalaaa, par Shinjo, donnez-nous à boire, gémit-il aux soldats de la famille Iuchi qui arrivaient à leur rencontre. Nous mourons de soif !
On ne savait pas bien s’il caricaturait les plaintes des autres pour se moquer d’eux ou s’il était sincère. En tous cas, il fut accueilli avec plaisir par les Iuchi.
- Nous espérons que vous avez fait bon voyage.
- Ohlalalaaa, oui, ouiiii…
Il s’étira et prit la tête du convoi. Il tenait son dromadaire par la bride, dit à Yatsume de venir.
Berr-eg-keber était un village de petites maisons en pierre au pied d’une petite falaise. Il pouvait y avoir quelques centaines de personnes qui vivaient dans cette région de terre noire, de hautes herbes sèches et de marécages au bord duquel broutait un maigre bétail.
Les Iuchi avaient construit quatre tours en pierre sur le terrain le plus sec. La caravane arrivait à leur campement, un village de tentes qui accueillait les visiteurs. De jeunes novices faisaient les fous avec des fils de bergers de la région.
Le doyen accueillit le chef de la caravane.
- Attends-moi dehors, Avishnou, j’ai à parler, fit Yatsume, empressée.
Le prince faillit s’énerver d’être laissé à l’écart ; il se souvint qu’il avait promis d’être gentil et patient avec celle qui lui avait sauvé la vie... Mais quand même ! Il vit un groupe de gamins qui riaient aux éclats en jouant avec des osselets. Il se souvint qu’il y jouait quand il avait leur âge. Il se dit que ce n’était pas plus bête qu’une autre occupation, que personne ne s’occupait de lui !... Il s’approcha des gamins, baragouina comme il put qu’il voulait se joindre à eux. On le regarda, méfiant ; le plus jeune du groupe, qui devait avoir quatre ans, le regarda et se mit à pleurer. Une mère arrivait, affolée. Les autres gamins lui lançaient des regards noirs. Avishnar tapa dans un caillou, dépité. Il maudissait les dix milles avatars et réincarnations de lui réserver un sort aussi ingrat !

A suivre...Samurai


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - Darth Nico - 17-06-2010

CHRONIQUES DES SABLES BRÛLANTS



Yatsume était dans la tour principale du village des Iuchi. De l’encens parfumait la pièce en bois, très sombre, bien plus fraîche que dehors. Elle s’était assise pour écouter le doyen des shugenjas, entre quatre braseros presque éteints. D’autres parfums brûlaient ailleurs, sur de plus petits brûloirs que des servantes balançaient régulièrement. Yatsume avait soudain sommeil. La fatigue du voyage lui tombait dessus d’un coup. Elle avait peine à écouter ce que lui disait le prêtre. C’était pourtant essentiel. C’était ce qu’elle était venu chercher dans ce désert du bout du monde ; c’est là que le shugenja des Royaumes d’Ivoire lui avait dit d’aller.
- Tu veux t’aventurer dans les terres des ombres… Les ombres les plus noires, en plein milieu d’un désert éblouissant dès que le soleil se lève… Les terres où notre guide à tous, dame Shinjo, s’est perdue… Quelle folie t’emmène là-bas ? Et qui est cet étranger qui te suit ?... Qu’as-tu fait à l’Empire pour que tu doives fuir si loin ?
Yatsume peinait à discerner les mots, les questions ; encore plus à répondre. Elle voulait dormir. Elle espérait retenir les informations. Elle ne savait pas si elle commençait pas à rêver. Dehors, Avishnar jouait aux osselets ; il avait calmé la mère, réussi à s’attirer la confiance des enfants. Le prince de Golimar lançait les petits bouts d’os en l’air, dans le ciel violacé de fin de journée. Ils partaient vers les premières étoiles, retombaient, Avishnar les relançait ; il maintenait en état d’apesanteur un ballet, on aurait dit des perles blanches qui brillaient au crépuscule ; il n’en finissait pas, l’ahurissement des gamins augmentait à chaque geste du prince. Les osselets semblaient animés d’un charme propre. Avishnar les envoyait en l’air, par un, par deux, par quatre, il les rattrapait l’un après l’autre sur le plat de la main ou entre ses doigts et ils repartaient ! Puis il les gardait à la naissance des doigts, il les faisait bouger tout seuls. Yatsume avait les paupières si lourdes qu’elle n’avait plus le courage de lutter :
- Dites-moi où aller… Je veux aller… retrouver ma fille…
La silhouette du shugenja était démesurée, défigurée, allongée :
- Qu’espères-tu gagner ? Plus exactement : qu’espères-tu ne pas perdre, Yatsume ?... Quel paria, même le plus fou, irait finir de jeter sa vie en allant dans les ombres ?
Yatsume crut répondre que cela ne regardait qu’elle ; elle était allongée, elle se détendait, elle s’endormait délicieusement.
- J’irai… j’irai…
Avishnar lançait cinq osselets en l’air. Les enfants retenaient leur souffle. Le prince présentait la paume de sa main aux cinq petites étoiles qui retombaient. Il en reçut quatre, et la dernière rebondit et roula dans la poussière. Les enfants applaudirent, alors que le soleil disparaissait. Avishnar remercia son public. D’ailleurs, des villageois s’étaient approchés ; ils applaudissaient aussi. Avishnar salua ; il se retira, content de lui, mais un peu triste. Il se souvenait de ce que lui disait son père, quand il lui avait appris à jouer. Que la réussite à la dernière partie de ce jeu (rattraper les cinq osselets) était le signe d’une élection divine, d’une vie bienheureuse. Avishnar avait-il besoin d’échouer à ce jeu pour savoir qu’il avait échoué ?
- Celui qui réussit à rattraper les cinq, disait son père dans les jardin du Palais d’Emeraude, rejoue la perfection céleste. Il plait aux dieux, il sait que ceux-ci ne pourront rien lui refuser.
Avishnar regarda les gamins qui essayaient d’en faire autant que lui ; ils se disputaient pour avoir les os de moutons. Le vent du soir soulevait une poussière de sable bleu. Yatsume ressortait du temple ; le prince n’apercevait que sa silhouette mince, une ombre sur le seuil du bâtiment rustique.

Samurai

Les vautours restaient prudemment à l’entrée du village. La veille, on leur avait jeté de vieux restes de carcasse d’un mouton sacrifié et consommé rituellement. Le soleil n’avait pas encore rendu l’atmosphère bouillante quand Avishnar sortit de sa tente. Il ne fallut pas longtemps pour que les enfants se précipitent vers lui. Il leur sourit, dit qu’il n’avait pas le temps de jouer. Les mères arrivaient, attrapaient leur marmaille par l’oreille en leur donnant leurs seaux pour qu’ils aillent tirer de l’eau.
- Ce soir… ce soir ! sourit Avishnar.
Yatsume sortait à ce moment de la tente.
- Ce soir, dit-elle en se frottant les yeux, nous serons partis…
- Ah bon ?
- J’ai parlé hier, avec le chef du village… le shugenja supérieur… enfin bref…
Elle se souvenait de l’odeur envoutante, qui l’avait « achevée ». Les paroles, l’atmosphère lui revenaient par vagues. Elle rassembla ses idées. Elle se frotta le visage.
- Nous devons partir avec les… euh… il m’a dit le nom… Les Pej’Neb !
- Pej’Neb ?
Avishnar avait entendu le nom récemment. Yatsume s’éloignait pour aller se dégourdir les jambes. Avishnar la rattrapa :
- Attends ! attends !... Pej’Neb ! Je sais !
- Quoi ?
- Pillards ! pillards !
- Quoi, pillards ?
Elle était parfois fatiguée de faire des efforts pour comprendre son compagnon. Elle aurait bien aimé qu’il apprenne à parler parfaitement !
Elle se frappa le front ! Elle venait de se souvenir !... les pillards dont avait parlé le chef de la caravane. Les fils de chienne qui invoquent les djinns pour attaquer les convois !
Yatsume fit la moue. Elle crut qu’on s’était moquée d’elle… Avishnar partageait son embarras.

D’un coup, elle se reprit :
- Non, il était sérieux ! Si la seule solution est d’aller avec eux, nous irons ! Voilà !
Le lendemain, après une nuit passée chez des bergers accueillants, les deux voyageurs partirent à l’aube. Avishnar se demandait encore un peu plus dans quoi il se faisait embarquer. Yatsume partait la fleur au naginata, comme un soldat en campagne. Elle avait demandé où se trouvaient ces Pej’Neb… Les bergers l’avaient regardée avec de grands yeux ahuris. Ils avaient fini par dire qu’il y avait un chemin vers l’est qui y menait, dans une région connue d’eux seuls. Ils essayèrent de la décourager, dans leur langue Rokugani frustre. Il n’y avait bien sûr rien à faire.

Avishnar devait presser le pas pour suivre la cadence de Yatsume. Il trébuchait, pendant qu’elle avançait confiante, dans le sable rougi par le soleil levant. Ils arrivaient dans de petites collines jaunes, avec de maigres brins d’herbe. Elle descendait, montait, sans ralentir, pendant qu’Avishnar comptait ses ampoules… En fin de matinée, quand la chaleur devenait intenable, ils virent un campement de petites tentes en peaux de bêtes. Plusieurs chameaux, quelques chèvres, et des hommes à la peau très noire, aux longs cheveux noirs bouclés, qui fumaient sur le seuil de leurs abris.
Yatsume ne venait pas les mains vides. Elle avait obtenu du responsable des Iuchi un message écrit dans l’écriture rudimentaire de ces nomades.
Les Pej’Neb se levèrent comme un seul homme en voyant arriver les deux étrangers. Aussitôt, dans leurs dos surgirent quatre guetteurs, qui s’étaient camouflés prodigieusement. Il y avait cinq arcs au moins pointés sur eux, ainsi que deux lances, tenues par de solides athlètes.
Yatsume brandit son parchemin. Un homme s’approcha et lui fit signe de le lancer. Yatsume l’envoya roulé autour d’une pierre. L’autre le ramassa et alla le présenter à un homme plus âgé, mais encore très fort physiquement, qui arborait plus de tatouages circulaires rouges sur la poitrine que les autres. Celui-ci lut le message en fumant sa pipe. Puis il cracha par terre un long et épais jet de salive et fit signe aux visiteurs d’avancer.
- Nalda, nalda !...
- Ca doit vouloir dire « venez », souffla Yatsume.
- J’ai compris, dit Avishnar.
Les hommes riaient en voyant les deux approcher prudemment. Ils avaient de fines dents très blanches, des nez fins, la peau noire brillant au soleil, des yeux perçants. Ils portaient de grands arcs en bandoulière, des carquois et des lances.
Yatsume connaissait la signification du message : il demandait au chef de bien vouloir accompagner les deux étrangers aussi loin que possible vers l’est, à l’entrée du territoire des ombres…
Le chef fumait sa pipe sous la tente, pendant qu’une femme apportait un breuvage dans un récipient en terre qui avait chauffé au soleil. On entendait les chameaux blatérer (c’est leur cri !wink, des chèvres braire, des gamins s’agiter. On devinait en fait une partie du campement massé près de la tente, à écouter ce qui se dit. Les parois en peau de bête étaient alourdies par le poids des curieux. Le chef cria à l’intention de ces derniers, et on les entendit partir. Puis il rit pour lui-même, avec l’air de dire que les gens de sa tribu étaient de grands enfants. Il tendit sa pipe aux invités, qui durent tirer dessus en signe de bonne volonté.
Il ne parlait pas Rokugani mais il savait se faire comprendre. Il fit un petit discours en montrant ses cicatrices, une dizaine sur le corps. Il montra un couteau de chasse long comme un wakizashi. Yatsume fit de son mieux pour être polie et respectueuse : elle s’inclina à la manière rokugani. Le chef apprécia beaucoup.
Ils burent ensemble l’espèce de thé noir, très amer, après quoi le chef relut tranquillement le parchemin et sortit en faisant signe de le suivre.
Les hommes n’étaient pas loin de la tente. Il s’adressa à eux, un peu comme un père de famille. Les enfants arrêtaient de crier, les petits se blottissaient dans les bras de leurs mères. Les hommes écoutaient en croisant les bras, la poitrine gonflée.
Quand le chef eut fini, on amena Yatsume sur un petit terrain au pied des collines, où deux hommes traçaient un cercle avec un bout de bois. Un guerrier faisait des exercices, comme des pompes sur un bras. Il faisait craquer ses muscles, prit un grand bâton et fit de grands moulinets avec. Puis il le planta à terre et défia Yatsume.
- Yaa ! Yaaa !...

Les hommes s’étaient rassemblés ; ils se mirent à crier sur Yatsume en la poussant dans le cercle.
- Yaaa ! Yaaaaa !...
- Yatsume ! cria Avishnar.
Plusieurs hommes rirent, puis d’un coup, ce fut le silence. Trois adolescents se mirent à battre le rythme avec un tambour. Peu à peu, les hommes battirent la cadence du pied. Le guerrier faisait tournoyer son bâton de plus belle. Yatsume avait eu le droit de reprendre son naginata, qu’on lui avait pris à l’entrée du village. Elle ignorait où s’arrêterait le combat. Elle vit que l’autre en face n’avait pas de lame ; on lui laissait l’avantage d’en avoir une.
Elle se mit en garde, racla le sol pour tracer une ligne ; elle défiait ainsi l’autre de la transgresser ; son adversaire ne s’y trompa pas. Il avança en faisant tourbillonner son arme et d’un coup envoya un coup fulgurant vers le visage de notre héroïne. Elle l’évita facilement, ainsi que les trois suivants. Mais l’autre, voyant qu’elle était douée, accéléra la cadence. Yatsume évita encore les coups, mais l’autre lui fit un croche-pied, la déséquilibra et lui envoya un coup dans la joue. Elle partit en arrière, se reprit à temps. L’autre riait. Il fonça ; elle était à peine relevée qu’une grêle de coups s’abattait sur elle. Elle en prit dans la cuisse, dans la poitrine ; le souffle court, chancelant, elle sentit que le sang lui coulait du nez. C’était trop ! La lionne enragée s’était réveillée dans son cœur, ainsi que le scorpion dans toute sa fourberie et puisqu’ils avaient l’air de tolérer ici les coups en-dessous de la ceinture !...
Yatsume chargea, fit semblant de tomber et glissa son arme entre les deux chevilles, tourna et envoya l’autre à terre comme du blé mur. L’autre se releva aussitôt en exécutant un rétablissement athlétique (il se propulsa avec les deux jambes) ; il y eut alors, au son des tambourins frénétiques, plusieurs passes d’armes haletantes, scandées par les cris des deux guerriers.
La force ne venant pas à bout du Pej’Neb, Yatsume n’hésita plus à lui faire gouter aux joies des frappes traitresses de la famille Bayushi. Elle tapa dans la cuisse, puis dans les reins, puis dans la cheville et ensuite sur l’épaule. L’autre ne voyait plus rien venir. Il prit un coup sur la tête, eut les yeux qui roulèrent bêtement, prit encore une chiquenaude dans la joue ; c’était la fin. Il tomba sur le dos ; en rouvrant les yeux, il vit la lame de Yatsume, éblouissante au soleil, qui lui piquait le bout du nez.

Les tambours se turent. Le guerrier faisait une sale tête. Il avait pris une correction en règle devant tout le monde ! Yatsume et lui reprenaient leur respiration.
Le chef poussa un cri et agita les bras. Notre héroïne le regarda du coin de l’œil, recula d’un pas, puis de deux, puis sortit du cercle de combat.
Les hommes crièrent en chœur, des cris suraigus effrayants puis la portèrent en triomphe, pendant que les femmes venaient relever le vaincu.
On offrit aux invités à boire et à manger et on monta pour eux une tente.
- Ils sont accueillants pour des pillards sans foi ni loi, non ? dit Yatsume.
Avishnar se dit que les dix mille avatars ne l’avaient pas encore oublié… Ils l’avaient mis sous la protection de cette enragée à peau jaune et aux yeux bridés !


A suivre...Samurai


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - sdm - 20-06-2010

J’ai traversé le désert sur un cheval sans nomsmile


Toujours aussi bon de suivre les aventures de YatsApplause


17e Episode : L'ennemi de mon ennemi - baronpiero - 21-06-2010

La B.O. de Yats' http://www.youtube.com/watch?v=THCFi1lpy8o