22-05-2010, 11:52 PM
(This post was last modified: 23-05-2010, 11:19 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE
<span style="color:#2F4F4F">Les 5 Rônins : 17ème Episode</span><!--/sizec-->
Rat 402
<span style="color:#696969">L'ennemi de mon ennemi</span><!--/sizec-->
2ème partie :
"... il faut trouver ses alliés dans les ombres" (Shinsei)<!--sizec--><!--/sizec-->
![[Image: Samurai_by_BrennenGeist.gif]](http://i103.photobucket.com/albums/m125/KamikazeShinobi/Samurai_by_BrennenGeist.gif)
<span style="color:#2F4F4F">Les 5 Rônins : 17ème Episode</span><!--/sizec-->
Rat 402
<span style="color:#696969">L'ennemi de mon ennemi</span><!--/sizec-->
2ème partie :
"... il faut trouver ses alliés dans les ombres" (Shinsei)<!--sizec--><!--/sizec-->
![[Image: Samurai_by_BrennenGeist.gif]](http://i103.photobucket.com/albums/m125/KamikazeShinobi/Samurai_by_BrennenGeist.gif)
Mitsurugi ne s’était pas levé avant le milieu de la matinée. Il avait délicieusement paressé au lit après une soirée bien arrosée en compagnie de la famille Hida. Alors qu’il s’habillait, on l’informa qu’un message venait de lui arriver de la part de son collègue et ami, Ikoma Noyuki. L’ambassadeur le lut distraitement et ouvrit les yeux plus grand, surpris, en voyant le cachet du clan du Dragon au bas du message.
En substance, Ikoma Noyuki et Togashi Ojoshi avaient l’honneur de lui annoncer qu’ils montaient ensemble une pièce de théâtre.
Mitsurugi en avait vaguement entendu parler mais son intérêt pour l’art dramatique équivalant à peu près celui qu’il avait pour la broderie, il pensait seulement devoir un jour assister à une représentation.
En plus, une pièce faite par un Ikoma et un Ize-Zumi… on imaginait un mélange d’intrigues politiques compliquées et de sentences ésotériques, pendant cinq heures…
En fait, Noyuki lui annonçait qu’il voulait Doji Ikue pour décorer la scène avec de grandes origamis. Mitsurugi était poliment sollicité pour servir d’intermédiaire. Il était invité pour le jour même à venir assister aux premières répétitions. Notre héros bailla mais se dit qu’il avait connu pire dans sa vie. Il ferait semblant de se passionner, pour ne pas vexer son ami Noyuki. Il était diplomate après tout, non ? C’était son métier de faire plaisir…
Comme l’avait dit Noyuki un soir d’ivresse : « on est comme ces geishas, finalement… On sert de beaux discours aux gens et on les flatte en leur faisant sentir qu’ils ont raison quoi qu’ils disent… »
Mitsurugi prit son repas avec son conseiller Sasuke, et lui dit, entre deux bouchées de riz : « Nous allons au théâtre tout à l’heure… »
Sasuke crut à une plaisanterie. Le goût du shugenja pour la scène théâtrale étant comparable à celui qu’il avait pour la composition florale, il se demandait déjà comment échapper à cette corvée. Mais Mitsurugi fut inflexible, comme savent l’être les grands dirigeants quand il le faut !
En traînant des sandales, Sasuke suivit son supérieur, son sac plein de parchemins qu’il comptait lire assis au fond de la salle. Salutations d’usage avec les deux auteurs de la pièce et les principaux acteurs. Mitsurugi avait envoyé un message à sa future belle-famille. Sasuke qui s’ennuyait dit à Mitsurugi que c’était bien qu’il s’habitue au kabuki : quand il serait marié à Ikue, il deviendrait un membre du clan de la Grue et il y aurait droit tous les jours !
Mitsurugi me broncha pas, mais intérieurement, il était agacé : Sasuke avait raison, et il n’avait aucune envie d’aller faire le mariole chez la famille Doji. Pour un Matsu, c’était vraiment déchoir… C'était pourtant la tradition : un Matsu doit rejoindre la famille de son épouse.
Togashi Ojoshi remercia chaleureusement les Lions pour leur visite ; Noyuki surveillait fébrilement les essais de costume, la disposition des bougies, les décors…
- Allons, en place, en place !
Les acteurs faisaient leur vocalise et répétaient des mouvements.
- Où est passée la deuxième costumière ? Quand va-t-on nous livrer le panneau de fond de scène ?... On prend du retard…
Mitsurugi souriait avec condescendance de ces tracas. Sasuke faisait semblant de lire le shintao. Ces papiers dissimulaient en fait des récits de prières élémentaires pour invoquer des typhons enflammés. Les yeux de Sasuke brillaient en imaginant les possibilités d’usage de ces sorts.
Quand Ikue arriva, Mitsurugi vint faire les présentations et alla se rasseoir pour ne pas importuner les artistes dans leur création. Ikue examina la scène, gênée d’abord, puis visiblement impatiente de commencer ses pliages.
- Je vous présenterai des modèles réduits, et nous en réaliserons ensuite des copies agrandies dix fois pour la scène du ballet floral.
Elle parlait avec assurance et autorité. Elle avait une vue d’ensemble, elle prenait la décoration en main !
Mitsurugi, attendri, charmé, regardait Ikue et souriait en pensant à un « ballet floral »… Il imaginait des Kakita et des Doji en train de danser en récitant des haïkus sur le printemps.
Les répétitions duraient depuis une heure, l’ambassadeur et son conseiller faisaient semblant de temps en temps de s’intéresser. Mitsurugi saluait Ikue, un petit signe amoureux ; celle-ci avait plié une trentaine de modèles en un rien de temps. Ses assistantes arrivaient et se mettaient au travail avec célérité. Ikue ne connaissait rien de la piècle matin : on aurait maintenant cru qu’elle y travaillait depuis des mois ! Elle donnait ses directives, elle voyait déjà parfaitement ce qu'elle voulait.
Mitsurugi tiqua quand il entendit deux lignes de texte dans lesquelles un mot avait attiré son attention. Il avait en gros compris que c’était un récit historique, au temps des exploits de Hida Osano-Wo (héros de la guerre contre l’Outremonde, devenu après sa mort la fortune protectrice des samurai et le symbole du tonnerre). Or, un des récitants venait de faire allusion à une « Novice ». Le mot revenait plusieurs fois.
Manifestement, cette « Novice » avait approché Osano-Wo pour le conseiller au moment d’une bataille décisive contre les démons. Elle venait avec les parchemins du shintao et demandait à l’armée Crabe de prier avec elle sur la Muraille. Les samurai riaient au début, puis acceptaient, convaincus de remporter la victoire grâce à elle…
Mitsurugi tira la manche de Sasuke, qui crut que c’était la fin de la pièce. Il leva le nez de ses parchemins de déluge de feu inextinguible. Il entendit à son tour le mot de Novice et tendit l’oreille.
Nos héros savaient par Maya que la conspiration du Lotus avait tenté d’enlever Togashi Ojoshi à cause de cette « Novice », morte il y a plus de deux siècles… Mitsurugi surprit alors grandement Ikoma Noyuki en demandant à lire le texte entier de la pièce !... Il chercha les passages sur la Novice et ne trouva rien de bien déroutant, rien de plus que ce qu’il avait entendu. La Novice, Osano-wo, la sagesse, la victoire sur l’Outremonde…
- J’irai faire des recherches en bibliothèque en fin d’après-midi, glissa Sasuke.

- Tu crois que c’est une manière d’en apprendre plus ? Cela ne me serait jamais venu à l’idée…
Comme si on pouvait découvrir quoi que ce soit d’instructif dans des rayonnages de vieux papiers !
- J’irai voir, dit Sasuke. On ne sait jamais.

Sasuke profita de l’occasion pour partir plus tôt du théatre. Excité, il alla dans ses appartements. On lui dit que Yojiro l’attendait, au sous-sol… Le conseiller de Mitsurugi n’avait pas perdu de temps depuis son arrivée à Kyuden Hida. Il s’était fait installer un quartier réservé, pour les interrogatoires ! Il y descendit, pressé d’entendre ce que le rônin avait à lui dire.
Sasuke eut un choc en entrant dans la salle de « déliage de langue ». Yojiro était venu avec deux autres « Loups » fidèles : ils tenaient enchaînée une vieille femme en haillon, qui regardait autour d'elle de ses yeux globuleux et fous.
- Petite Vérité…
Il sourit, impatient de lui faire cracher ses secrets.
- Vous avez bien travaillé… Laissez-moi avec elle…
Sasuke se frottait les mains intérieurement.
Les deux rônins saluèrent et allèrent voir à la cuisine ce qui s’y passait (les serviteurs dégustaient les restes du plantureux repas de Matsu Kokatsu et ils n’arriveraient pas seuls à finir).

- Un esprit comme toi ne se serait pas laissé attraper si facilement, alors que tu peux disparaître comme un courant d’air si tu le veux.
Sasuke faisait face seul à Petite Vérité.
- Je suis venu te conjurer d’arrêter tes recherches…
C’était comme vouloir arrêter des flammes en y jetant de l’huile ! Sasuke s’approcha, les poings entourés de flammèches.
- Tu vas au contraire finir de me dire ce que tu sais… Ton nom est ta malédiction. Tu ne peux pas garder tes secrets…
- Mes secrets sont du poison.
- J’ai l’estomac solide.
- Tu mourrais rien que de les entendre.
- Un risque mortel ne suffit pas à décourager un samurai.
Cette fois, elle en dit un peu plus, sur le périple de Yogo dans le désert. Sasuke écouta puis la laissa pour rejoindre la bibliothèque. Il était inutile de la faire surveiller car elle se serait échappée de n’importe quelles chaînes.
Elle avait dit que Yogo avait été châtié après sa mort pour ses ambitions délirantes et ses blasphèmes. Il avait réussi, dans les Sables Brûlants, à découvrir une magie si puissante, qu'il avait fini par se prendre pour un dieu et qu'il avait prétendu pouvoir renversé les cieux. Pour montrer qu'il était bien un dieu, il avait fait construire une forteresse gigantesque, avec des murs hauts comme des montagnes, pour la construction desquels des milliers d'esclaves s'étaient tués au travail.
Sasuke n’eut pas de mal à se faire admettre dans la bibliothèque de la famille Kuni. Il appartenait à l’ambassade et il pouvait se recommander de l’Inquisiteur Tadao.
Il se mit dans un coin ; comme les assistants ne pouvaient pas ne pas le servir, il les envoya chercher des documents sans importance et il fureta pendant ce temps dans les rapports de l’Inquisition et les archives des temples de la région. Ce n'était pas non plus les documents les plus secrets du lieu ; ils suffiraient.
Il lui faudrait peut-être aller voir dans les monastères eux-mêmes pour découvrir à quel ordre avait appartenu cette Novice. Sasuke parcourut rapidement les textes rapportés par les assistants. Il savait que la tâche officieuse de ces derniers était de surveiller les visiteurs. Les Inquisiteurs pouvaient ainsi savoir quels documents avaient été consultés.
Sasuke utilisa la technique éprouvée de dissimulation de parchemins pour cacher l’objet de ses recherches. Il mélangea les feuilles et bientôt, les assistants lui fichèrent la paix. Les parchemins lui brûlaient les doigts. La Novice avait approché Osano-Wo en l’assurant qu’il pouvait lui faire remporter la victoire. Le général, d’abord réticent, avait accepté. La Novice avait chanté pour les soldats une complainte qu’elle disait venue d’un lointain pays. Beaucoup étaient restés indifférents. Quelques-uns avaient été charmés. Or, il semblait que ces soldats (une poignée parmi plusieurs centaines d’hommes) avaient disparu après la bataille, alors qu’ils avaient survécu à des combats décrits comme paroxystiques, même pour des Crabes !
Sasuke comprenait de moins en moins mais il savait qu’il venait de lever un lièvre énorme !
Il jetait des coups d’œil furtifs autour de lui. Les assistants bavardaient dans leur coin, trois vieux samuraï lisaient pieusement des récits de la vie de saints. Et Sasuke avait les doigts dans une sorte de mélasse épaisse. L’encre lui collait aux mains. Il feuilleta fébrilement les papiers trouvés, et en aperçut un qu’il ne se souvenait pas avoir pris. Il frissonna en le lisant : il était presque blanc, si ce n’était pour une phrase, écrite comme un titre : « Les secrets de Sasuke ».
Le tensaï regarda autour de lui. Son coeur faisait des bonds. Qui l’avait découvert ? Qui lui faisait cette farce de mauvais goût ?
Là-bas, dans la pièce d'à côté, les assistants bavardaient, étouffaient un rire, les vieux samurai les regardaient d’un air sévère et reprenaient leur lecture.
Qui avait pu glisser ce parchemin ? Qui pouvait savoir que Sasuke allait prendre ces rouleaux ?...
Sasuke se sentait très loin des autres lecteurs, qui n’étaient pourtant qu’à quelques rayons de lui. Il entendit des pas s’approcher. Une présence dans son dos. Il se retourna et sentit que la présence était encore derrière lui. Il fit brusquement volte-face, ses papiers tombèrent. Personne n’avait entendu. Les étagères étaient bien plus grandes et le reste de la bibliothèque s’éloignait peu à peu. Il était toujours seul, apparemment, mais avec quelqu'un qui restait systématiquement dans son dos. Sasuke se leva, marcha, bouscula la table.
La lumière baissait, Sasuke était au centre d’un temple sombre avec des rayonnages immenses, dont on n’apercevait plus le sommet.
Il aperçut une silhouette noire, furtive, qui glissait entre les étagères comme les ombres sur les murs.
Sasuke se leva. Le décor autour de lui ne ressemblait plus en rien à Kyuden Hida.
- Qui es-tu ?
- Je te suis, fidèlement, Sasuke, à l’écoute de tes moindres secrets…
- Qui es-tu ?
- Un juge, qui sait ? Ou un simple témoin ?... Toi, shugenja, pourquoi n’écrirais-tu pas ce que tu caches par devers-toi, sur ce parchemin vierge ? Tu soulagerais ta conscience…
- Ecrire mes secrets, hein ?... Ils tiendraient en peu de lignes…
Sasuke cligna des yeux. La lumière pâle de fin de journée. Par la fenêtre, la pluie et le ciel gris, lourd, sur les murailles grises.
Il était revenu à la bibliothèque. Les assistants rangeaient des rouleaux et les vieux lecteurs discutaient à voix basse. Le shugenja fit signe qu’il avait fini. On se précipita pour ranger ses parchemins. Sasuke avait pris soin de glisser ceux qu’il fallait dans sa manche.
A suivre...
