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2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 07-05-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 2ème Episode</span><!--/sizec-->
Coq 401



Le monde du crime<!--/sizec-->


Samurai


<span style="color:#008000">1er chapitre : Le pot d'un million de kokus<!--sizec--></span><!--/sizec-->

Le pont près du lavoir, dans le quartier des potiers, était encombré par le passage d'un chariot à bœufs, chargé de troncs, qui tentait de traverser, en même temps que des porteurs de vases en terre, qui tiraient des planches à roulettes, entendaient s'accorder la priorité.
- Ils en ont pour l'après-midi, commentaient les vieux du quartier, en fumant leurs longues pipes et en crachant dans l'eau.
- M'est avis que ça va mal finir, cette affaire, et que les hommes du clan de Toshikondo vont venir y mettre bon ordre...
- Toshikondo fait profil bas, ces derniers temps, disait un troisième larron, plus bas. Depuis la réunion des clans, on a accusé Toshikondo d'avoir voulu livrer les rônins au Gouverneur... Avec la complicité de Rintaro.
- Ridicule. Pourquoi deux chefs de clans iraient faire cela ?
- Je ne sais pas, mais le bruit court.
Un des potiers renversa tout son chargement, et hurla de désespoir, avant de s'en prendre au conducteur du char à bœufs.
- Belle pagaille en perspective... Toshikondo va quand même devoir intervenir.
- Au fait, on parlait de Rintaro... Il héberge toujours l'autre petite traînée du shinsen-gumi ?
- Taisez-vous ! Plus bas ! On pourrait nous entendre...
- Vous en savez plus à ce sujet ?
- Le shinsen-gumi a quitté la ville il y a trois jours. Ils sont partis sans tambours ni trompettes. Je le sais, par le cousin de mon beau-frère, qui travaille aux cuisines du palais. Au dernière nouvelle, la petite favorite du capitaine Jukeï serait restée en ville.
- Bah tiens, pour une fois que c'est une femme qui se fait plaquer !
- Oh tu sais, des comme celle-là, il doit en avoir une ou deux par semaine, cet homme-là ! Si les dieux avaient voulu faire de moi un officier impérial, j'en profiterais aussi !
- Attention, voilà les hommes du clan !
Ce n'était pas des samuraï, mais des hommes armés du clan de Toshikondo, qui venaient dégager le pont de force. Il y eut un potier jeté à l'eau avec son chargement et on fit faire demi-tour au char, en lui confisquant une partie de sa marchandise, comme amende de stationnement sur le pont !
Car, déjà en ce temps-là, Toshikondo avait des idées fort modernes sur la taxation des marchandises passant par son quartier !

Les yakuzas repartirent alors que la circulation reprenait sur le pont près du lavoir. Au passage, ils bousculèrent un très grand homme, bâti comme une armoire, un daisho à la ceinture. L'imposant personnage allait dans la direction opposée.
- Tu le connais celui-là ?
- Jamais vu dans le coin. Faudra le surveiller. Tu as vu la montagne de muscles que c'est !

L'étranger avait le visage rude et la carrure des gens du Sud. Des guerriers ayant combattu sur la Muraille.
Cet étranger se nommait Mamoru. C'était son nom depuis qu'il avait été déchu de son clan. Son errance à travers l'Empire l'avait amené à remonter peu à peu vers le Nord. Il avait erré sans but pendant de nombreux mois. Il avait fini par entendre des rumeurs sur le clan du Lion, disant qu'on y embauchait les hommes en état de se battre.
Mamoru avait donc suivi cette rumeur et pour le moment, elle l'avait mené à la Cité du Cri Perdu, dont il ne connaissait rien, ni rue, ni habitant.

Il s'arrêta dans une auberge, après avoir consulté sa bourse, qui était presque vide. Il pourrait encore payer un toit pour ce soir. La petite salle était vide. Ce n'était pas le palais de l'élégance. Cinq tatamis usés, avec des tables pleines de tâches, au pied d'un petit escalier. Une atmosphère humide, aux relents de cuisine qui ne devaient jamais s'évacuer de ce recoin et y coller en permanence.
Mamoru se commanda à boire. Le patron n'avait pas l'air enchanté de voir un client. Il l'assit dans un coin de la salle, loin du rideau fermant la cuisine, et il prit son temps pour venir le servir.

Il déposa devant lui une bouteille poussiéreuse. Mamoru se servit : c'était du mauvais saké, un fond de tonneau. Il s'en contenterait. Alors que le rônin essayait de déguster la boisson, on entendit du monde entrer par la porte de la cuisine. Le patron salua quelques personnes, leur sortit à boire, les servit et leur demanda des nouvelles. D'instinct, Mamoru s'était mis à écouter attentivement. Il devait se trafiquer de sales affaires dans ce boui-boui. Le rônin se demanda s'il faisait bien de rester ici.
- Alors du nouveau ? demandait le patron en allumant une pipe.
- Peut-être bien...
- Un chargement de prévu ?
- Mieux que ça... Un pot d'un million de kokus !
On entendit le patron tirer sur sa pipe, et l'air siffler.
- Un million de kokus !
- Tu te rends compte...
Le patron dut faire signe de baisser d'un ton : il y eut un silence, puis la conversation reprit à voix basse.
- Oui mon vieux. C'est incroyable mais "ça" va arriver.
- Il faudra se tenir au courant.
Le reste de la conversation fut plus vague, mais Mamoru n'avait rien perdu de l'essentiel.
Un million de kokus !
Le clan du Lion était-il si riche que ses yakuzas pouvaient penser à de pareilles sommes ?
Le rônin décida ne de pas dormir dans cette auberge. Il laissa de la monnaie sur la table et ressortit. Il entendit qu'on murmurait sur lui, depuis la cuisine.
Il marcha dans les rues, à la recherche d'un autre toit. Il entendit des gens courir et il vit deux des yakuzas se poster devant lui, et deux autres derrière.
- Alors, on écoute les conversations ?
- Je ne sais pas de quoi vous parlez...
Les quatre hommes sortirent des couteaux.
- Tu vas nous redire ce que tu as entendu...
Mamoru mit la main sur son sabre.
- Je n'ai rien à vous dire.
- Ne fais pas ton mariole. Ou on va te refaire le portrait. Tu ferais mieux d'être bavard avec nous.
- Je suis sûr qu'il en a trop entendu, de toute façon...
- Bien d'accord avec toi... On va te montrer qu'on ne craint pas les fouinards dans ton genre, même quand ils font deux têtes de plus que tout le monde.
- Arrêtez, ordonna Mamoru.
Il ne s'attira que le ricanement des quatre hommes de main. Ceux-ci avancèrent sur lui.
La suite fut très confuse. Mamoru dégaina son sabre ; une oreille de yakuza vola dans les airs, puis le rônin se prit un coup de couteau ; il mordit la poussière, et se fit tabasser longtemps, très longtemps. Des images de sang, de boue, d'alcool, de visages haineux. Il s'évanouit dans ce quartier sordide, la figure tuméfiée.

Samurai

C'était bien vrai que Maya s'était fait plaquer !
Quelques jours après la fin de l'affaire des kokus volés, Otomo Jukeï l'avait fait convoquer au palais. Il l'avait reçue en privé, dans sa chambre.
- Ton travail dans la basse-ville est fini.
- Oui, on a retrouvé les kokus.
- C'était ce patron chez qui tu logeais qui les avait volés ?
- Non, on parlait d'un autre gang, très mystérieux, le Lotus Noir.
- Tiens donc...
Jukeï semblait ne pas en croire un mot.
En fait, il s'en fichait un peu.
- Quoi qu'il en soit, je vais repartir... Ma mission dans cette ville est terminée, Maya.
- Je comprends.
- Tu dois surtout comprendre que je repars seul.
- Je m'en serais doutée, capitaine...
- J'ai passé du bon temps avec toi, mais je ne peux pas t'emmener partout... Tu es trop spéciale... Tu sais te comporter comme une femme du monde, et parfois comme la dernière des filles de trottoir... Et tu te dis novice d'un ordre monastique... Franchement, parfois, je me suis demandé si tu n'étais pas un peu folle...
Il s'était approché d'elle et la serrait contre lui.
- Hein, qu'en dis-tu ?
- Je ne sais pas. Qui c'est ce qu'est la folie ?...
- Ceux qui ne sont pas fous savent la reconnaître, Maya. Tu le saurais si tu ne l'étais pas... Mais ce que je crains, c'est que moi, je devienne fou en restant avec toi.
Il la repoussa gentiment.
- Prends ceci.
Il lui lança une bourse remplie de piécettes.
- Tu as de quoi passer l'hiver avec ça. Je m'en voudrais que tu meures de froid. Tu m'as aidé avec les kokus, c'est normal que je te remercie...
- Toi aussi, en un sens, tu m'as été utile...
Il l'avait toisée, goguenard, et l'avait laissée partir.
Elle était revenue loger chez Patron-san. Dans le doute, ce dernier n'avait pas osé la mettre dehors. Et si le shinsen-gumi revenait un jour et apprenait qu'on ne traitait pas bien une de ses protégées ?...
Elle avait vu Yojiro revenir, pour expliquer ce qui s'était passé chez les Hotori. Après son départ, Manji et Katon s'étaient concertés, inquiets.
- S'il a quitté le Lotus Noir, "ils" ne l'auront pas oublié et il risque d'y avoir des représailles contre lui...
- J'en ai bien peur, dit Katon.
- Il ne faudrait pas que ça nous retombe dessus, dit Rintaro.
- Et elle, qu'est-ce qu'on va en faire ? avaient-ils dit, une fois que Maya était montée se coucher.
- Pour le moment, je suis bien obligé de la garder ici ! Que les Fortunes nous protègent !

Samurai

Maya sortit de sa couche et sentit l'air frais du petit matin. Fujio passait dans le couloir en bâillant et se rendait aux latrines, où il fit ses affaires avec tous les bruits possibles en cette matière. Il en ressortit satisfait, et salua Maya.
Manji sortait de sa chambre : il irait respirer dans le jardin, pour se sentir en harmonie avec le jour qui se lève, puis il ferait quelques exercices et irait à la cuisine manger son riz du matin. Katon allumait le feu dans la salle commune, en récitant une brève prière aux kamis. Rintaro se levait, en se grattant de partout et en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Un début de journée normal à la Fleur du secret. Ensuite, Patron-san donnerait le signal du début de repas, et donnerait ses ordres pour la journée :
- Aujourd'hui, les enfants...

Maya s'habilla, alla se laver, récita quelques prières matinales et eut une pensée pour son temple, si loin là-bas dans les montagnes du nord. Elle descendit à la cuisine et se mit en bout de table. On ne la rejetait pas, mais on ne l'accueillait avec de franches déclarations d'amitié...
Rintaro donna un premier coup de baguettes et toute la maisonnée se mit à manger. Katon y allait de bon appétit. Fujio finirait son bol avec les doigts. Manji mangeait avec distinction. Patron-san en mettait régulièrement à côté. Maya, elle, mangeait presque grain par grain.
- Aujourd'hui, les enfants, dit Patron-san, il va y avoir du nouveau...
On écouta, car le nouveau était souvent synonyme d'ennuis.
- Oui, je vais m'agrandir... Héhé...
Il avait son air malin, de margoulin prêt à réaliser une affaire juteuse.
- Je vais me payer une maison de jeu !
Fujio et les deux rônins gardèrent leurs baguettes suspendues au-dessus de leur bol un moment. Rintaro était content de son effet.
- Oui, une vraie maison de jeux ! Avec des dés, des joueurs, des serveurs... et des gains plutôt appréciables !
Il s'en frottait déjà les mains.
- Vous avez gagné à la loterie des fileurs de laine, patron ?
- Non, mon bon et gros Fujio, non... Les jeux de hasard, c'est pour les autres... Je vais vous expliquer...
Rintaro regarda si personne d'autre dans la rue, encore déserte, n'écoutait et il exposa son idée géniale.

Samurai

Mamoru fut pris d'envie de vomir et se réveilla brusquement. Il fut surpris de ne plus être dans la rue. Il se retint. Il voulut se lever mais la douleur l'en empêcha. Les images de haine, de sang et de boue lui revinrent. Là où il était, il faisait bien chaud. Il entendait de l'eau bouillir. Il se rallongea, et se trouva incapable d'ouvrir les yeux.
- Dors encore, lui dit une voix rugueuse, tu es trop fatigué.
Mamoru se dit que cette voix avait l'accent de son pays mais il se rendormit vite, emporté dans un tunnel de cauchemars.

Samurai

L'établissement nommé La divine chance avait eu pendant des années la réputation d'être la maison de jeux la plus animée de la Cité du Cri Perdu. On murmurait même que des membres de la famille Ikoma y venaient, en se déguisant, pour y passer des soirées, et y perdaient des fortunes. Ces dernières années, cette maison avait vu sa réputation se rabaisser. Le lieu était réputé violent, de nombreux gangs y réglant leurs comptes de façon régulière. Le patron était débordé par les évènements mais il avait toujours refusé de rejoindre un des groupes de yakuzas qui lui offraient très cher pour reprendre son commerce. Depuis, les bagarres étaient monnaie courante. Les trafics en tous genres également. Parfois, les clients qui y rencontraient une fille ne prenaient plus la peine de sortir dans la rue avec elle...
La chance divine avait ainsi acquis le surnom de "Poisse noire". Certains comptaient aller trouver le Gouverneur, pour faire murer ce lieu de débauche.

Voilà donc le sympathique endroit sur lequel Rintaro lorgnait depuis des semaines !
Il fit son entrée, dans l'atmosphère tumultueuse. Les vigiles étaient débordés, entre les bagarreurs, les tricheurs et les trafiquants. Ils faisaient de leur mieux pour garder une image de calme mais personne ne s'y trompait. On reconnut "Patron-san", avec ses gardes du corps... et Maya !
Rintaro se fit asseoir à une table à l'écart et commanda du saké.
Manji et Katon étaient un peu dubitatifs : c'était vraiment cet endroit qu'il comptait reprendre ?...
- Du calme, les enfants, du calme, fit Rintaro, le sourire aux lèvres... Vous allez voir...
On prit l'apéritif, puis Rintaro commanda à manger.
Les serveurs, énervés couraient dans la pièce en évitant les gobelets qui volaient régulièrement à travers la pièce.
Maya avala un bol de riz sur le pouce, puis se leva et alla s'asseoir... au milieu des joueurs de dés !
Rintaro se rongea un ongle, déjà plus nerveux :
- Maintenant, on va voir ce qu'on va voir...

Maya s'assit entre deux soudards. Sa silhouette n'échappa à personne, d'autant qu'elle était vraiment court vêtue. Les croupiers, agenouillés torse nu de l'autre côté de la planche de jeux, essayaient de ne pas se laisser distraire.
Maya sortit des pièces et se mit dans la partie.
- Pair !
- Pair ?... Perdu !
L'argent circulait, les mains s'agitaient, se crispaient, se serraient... Maya eut un peu de chance. Son voisin se serra bien contre elle et lui proposa de s'associer avec elle pour faire des mises communes.
- Pourquoi pas ?... dit Maya, d'une voix irrésistiblement aguicheuse.
Elle aurait pu demander en échange à son voisin de grimper au plafond, il l'aurait fait !
Autour d'elle, les provocations devinrent de plus en plus égrillardes. Alors que l'ambiance s'échauffait, son voisin finit par se faire sortir, et un bellâtre, avec des tatouages d'un des gangs les plus importants de la ville, vint s'asseoir à côté d'elle, et dit qu'il prenait la place de son prédécesseur, comme "partenaire" de jeu. Maya se montra tout aussi gentille avec lui, son regard promettant pour bientôt d'autres jeux encore plus excitants. Le gang sifflait et se rapprochait de Maya, mais leur chef, le bellâtre, les écarta rudement, leur ordonnant de continuer à jouer de leur côté.
Il commençait à y avoir des débordements. Un des vigiles fut jeté à terre, et roué de coups. On repoussa dehors tant bien que mal plusieurs soulards et on parvint à traîner jusqu'aux cuisines le blessé. A la table de jeu, un des hommes du bellâtre accusa carrément un des croupiers d'avoir triché. Le croupier quitta la table, et les yakuzas en profitèrent pour rafler une belle somme. Une bagarre débutait près des cuisines.

A la table de Rintaro était venu s'asseoir un petit homme aux cheveux rares, le visage tendu. Patron-san mangeait, insouciant de l'ambiance.
- Alors, tu es satisfait de ton établissement ?
- Tu es une crapule, Rintaro...
- Tss, ne sois pas mauvaise langue, mon ami. Mes hommes sont auprès de moi, et ils se tiennent sages comme des images... Ce n'est pas moi qui suis responsable de ce tout ce bordel...
- Je sais ce que tu vas me demander...
- Tu sais, je ne te chasse pas de chez toi. Tu resteras le patron... Un patron respecté, enfin.
On entendit une droite partir, et un poivrot finit sa chute la tête dans l'assiette de Rintaro ! Manji l'attrapa par les cheveux et le repoussa. Le soulard grogna, attrapa une bouteille vide et repartit à l'attaque...
C'est à peine si on s'entendait parler à la table de Patron-san.
- Je veux connaître tes conditions, Rintaro...
- Il n'y a pas de conditions mon ami, cria Patron-san pour couvrir le bruit, je te promets juste le retour du calme chez toi.

A la table de jeu, Maya racontait qu'elle avait de grands talents en arts martiaux. Les hommes du gang hurlèrent de rire et lui dire de faire une démonstration. On lui apporta une petite table et elle dit qu'elle serait capable de la briser à poings nus. On s'esclaffa et on la regarda faire. Maya se concentra et frappa violemment du poing dessus.
Rien ne se passa.
On attendait.
Elle se dépêcha de porter un deuxième coup, comme si le premier n'était qu'une préparation. Mais elle se fit encore plus mal au poing et gémit de douleur. Rigolade générale !
Maya se dépêcha de partir.
Manji et Katon étaient rouges de honte ! Rintaro fit comme s'il n'avait pas vu.

Les deux vigiles de l'entrée furent repoussés par une autre bande de yakuzas, ennemie de celle du bellâtre, qui venait en découdre.
Effrayé, le patron constata ce qu'était devenu son établissement : un champ de bataille !

- Ça va, dit le petit homme, humilié, tu as gagné, Rintaro.
- C'est vrai ? Tu me laisses La divine chance ?
- Oui...
- Bien alors, maintenant je suis entre mes murs, si je comprends bien !
- Oui, Rintaro...
- Manji, Katon ! J'ai l'impression qu'il y a des emmerdeurs dans ma maison de jeux !
- On s'en occupe patron !
Les deux rônins se levèrent et s'interposèrent entre les deux gangs qui s'apprêtaient à repeindre les murs de leur sang.
- Messieurs, vous ne semblez pas ici pour jouer, dit poliment Manji. Veuillez vous rendre à une table, ou bien quitter ces lieux...
- Qui c'est cet abruti ! Dégage, tafiole, avant que je te refasse le portrait !
- Messieurs, vous ne comprenez pas... Vous êtes dans une maison de jeux ici...
Le yakuza, excité par l'alcool et ses camarades s'avança vers Manji. Le rônin avait dégainé le premier et lui trancha la main.
Ce fut la curée ! Les autres se lancèrent sur le rônin ! Le pauvre Manji fut vite débordé : il dut reculer, non sans s'être fait taillader le bras !
Katon, affolé, invoqua son katana de feu mais la bande du bellâtre s'y mit à son tour ! Les deux rônins étaient pris entre les deux groupes !
Manji prit un coup dans l'épaule.
- Assez, hurla Katon. Assez !
Il fit disparaître son sabre, se jeta sur le côté, et, en quelques mouvements de main, prépara une invocation : du doigt, il visa le bellâtre. L'instant d'après, la foudre, éblouissante, assourdissante, s'abattait sur lui !

Le bellâtre fut rôti comme un poulet !
La stupeur, l'étonnement... Des dizaines de paires d'yeux exhorbités contemplaient Katon, qui haletait.
- Allez, dehors ! Tous ! ordonna Manji.

Inutile de préciser qu'en peu de temps, l'établissement fut vidé !
Déjà, les domestiques lançaient des seaux d'eau vers le plafond, qui avait pris feu. L'incendie fut circonscrit.
Du dehors, on pouvait déjà admirer l'énorme trou qui avait fait dans le toit. Les hommes de son gang eurent le droit de venir récupérer le cadavre calciné du bellâtre...
Katon fit craquer ses doigts et sortit dans la rue. Effrayé, tout le monde s'enfuit.
- Et tu espères faire revenir la clientèle après ça ? dit l'ancien patron.
- Mais oui, ne t'inquiète pas, dit Rintaro. Regarde cette fille, Maya, elle va en attirer du monde ! Elle n'est pas si habile que ça en arts martiaux, mais les clients ne viennent pas pour ça ! Non, fais-moi confiance, les gens que je recrute sont tous du tonnerre !

Deux jours plus tard, La divine chance rouvrait et, après des débuts timides, fit rapidement salle comble.

A suivre...Samurai


2ème Episode : Le monde du crime - sdm - 09-05-2008

Quelle fine équipe quand mêmelol

Bravo Gronico tu rattrapes ton retardwink


2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 17-05-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE


Mamoru s’éveilla péniblement.
Il faisait bien chaud. L’endroit sentait la soupe et le thé. Dans la cheminée, du bois craquait.

- Tu as dormi presque une journée… Ces truands t’ont rossé. Si je n’étais pas arrivé…
Mamoru voulut remercier son hôte, mais il n’avait pas encore la force de bouger. Il put ouvrir les yeux. Un homme, qui devait approcher la trentaine. Les cheveux longs, filasses et grisonnants. Une solide carrure. Il parlait avec un accent du sud, comme Mamoru.
- Tiens, bois ce bouillon… Je tiens la recette de ma mère…
Mamoru colla ses épaules au mur et en plusieurs fois, réussit à s’asseoir. Il avait pris une dérouillée comme jamais encore ! Pourtant, sur le Mur, et au-delà, il en avait vu, bien des choses innommables.
- Tu es encore fatigué. Continue de te reposer. Rien ne presse.
Mamoru se rallongea. Il voulut remercier mais il avait sombré dans le sommeil avant de pouvoir articuler un mot.

Samurai

A la Divine chance, certains ne manquaient pas de chance, et ce n’était pas seulement des joueurs !
C’était l’heure de la pause pour les deux nouveaux vigiles de la maison de jeux.
- Excellent, ce poisson…
Katon en reprenait pour la troisième fois. Il avait lancé un défi sashimi à Manji, qui était en passe de le perdre.
- Bon, on recommande ? dit le jeune homme.
- Pour moi, ça ira, dit Manji. Je suis plein comme une outre !
- Moi je vais reprendre un menu Hida. Un bateau full sashimi !
Il y avait trois serveurs rien que pour les deux samuraï. A la table de jeux, quelques clients et les habituels poivrots, accoudés au comptoir, qui avaient à peine prêté attention au changement d’enseigne.

Katon arrosa son poisson de quelques verres de soshu maison.
- Y en a qui vivent, grommelait Rintaro, y en a qui survivent…
- Il a une descente phénoménale, admit Fujio.
Patron-san et son bras droit passaient la journée dans l’établissement, pour s’assurer que tout allait bien et faire passer clairement le message : la maison avait changé de propriétaire !

Katon arrivait à peine à se lever. Manji se désespérait de cette jeunesse, incapable de contenir ses appétits. Rintaro faisait le tour de la pièce et saluait les clients les plus importants. Il dirigeait d’une main de fer le petit personnel, qui courait du matin au soir. Il était partout à la fois, à se demander s’il n’avait pas trois ou quatre frères jumeaux pour surveiller les cuisines, la salle, les salles de jeux privées et les alentours de l’établissement.
- Pressons, les clients ont soif… C’est quoi cette cuisine ? Une cuisine ou une porcherie ?... Où sont les comptes d’hier ?...
Katon somnolait maintenant à la porte, gardant un petit œil pour les gens qui rentraient.
- Debout là-dedans, vint lui dire Rintaro, d’un ton aigre. Tu crois que je te paye à bâfrer ?...
- Non, patron !
- Bon, alors, tu vas aller me voir le groupe de joueurs là-bas… Ils font circuler des drôles de sachets, je n’aime pas trop ça.

Katon se leva avec peine et alla faire le tour de la salle. Il repéré quatre ou cinq joueurs, plutôt jeunes, qui se passaient lesdits sachets et s’échangeaient de l’argent. Katon en attrapa brusquement un en lui faisant une clef de bras.
- Lâche ça... lâche ça !
L’autre laissa tomber son sachet, que Katon prit et ouvrit.
- Tiens, tiens… Mais ce ne sont pas des dés à jouer il me semble…
C’était de la résine marron, gluante.
- C’est un porte-bonheur, dit la petite frappe, je l’ai sur moi pour-
- On n'aime pas trop ce genre de choses dans la maison...
- Mais attendez, je peux peut-être vous refiler-
Il n’eut pas le temps de finir que le gros Fujio l’empoignait et le jetait dehors.
- Dégage de là ! Saleté !... Tu iras vendre tes saloperies ailleurs !
Rintaro fit le tour de la salle et regarda l'assistance, intimidée, qui avait assisté au nettoyage express de plancher.

Le nez dans la boue, le vendeur se releva et cracha. Katon fit deux pas dehors et l’autre prit la poudre d’escampette. Il se cassa la figure deux fois, se releva et courut dans une ruelle.
- C’est mort, lança-t-il, essoufflé, à ses complices… ils ont changé là-bas… plus moyen d'y aller...
- Comment ça ?
- Il a raison !
Katon venait d’entrer dans l’impasse.
Il s’avança vers le groupe de fines crapules. Ils étaient trois.
- Vos trafics, vous irez les faire ailleurs. On ne veut plus de ça chez nous…
- C’est lui, trembla un des vendeurs, c’est lui qui a invoqué le tonnerre l’autre jour !
Farouches, les autres déguerpirent sans demander leur reste.

Katon retourna à la salle de jeux, et dit à Rintaro qu’il ne reverrait plus ces gêneurs.
- Tant mieux…
A la table de jeux, Maya était au milieu des clients. Elle se faisait offrir des petits verres et demandait aux clients de jouer pour elle. Les sommes montaient à mesure qu’elle dénudait un peu plus ses épaules. Rintaro était content d’elle : elle rapportait beaucoup et elle mangeait pour rien.
- Si ça, c'est pas la voie de la sagesse ! concluait-il.
Patron-san la regarda, satisfait, puis aperçut un client au comportement singulier.
- Dis, Manji !
Le rônin s’approcha de Rintaro, qui s’était mis derrière une poutre.
- Tu le vois, lui là-bas, à la table du go… Je dirais qu’il a les manches un peu trop lourdes…
- Je vais voir.
- Tu me l’amènes en douceur vers l’arrière-salle…
Manji s’approcha du suspect. Maya avait perçu le manège et s’approchait également.
- Excusez-moi…
Le type jouait rapidement, devant un adversaire très concentré et qui était largement en train de perdre. Le joueur suspecté leva les yeux et vit juste le sabre de Manji lui entailler la manche. Quatre pièces de jeu en tombèrent.
- Tiens, tiens, tiens… dit Manji.
- Hmm, dit Maya, après mûre réflexion, j’ai l’impression que c’est un tricheur !
« Tricheur » ? Le mot fit le tour de la salle !...
C’était gagné pour être discret ! On pouvait compter sur Maya.

Rintaro s’était retiré dans son bureau. Ne voyant pas venir son « tricheur », il passa la tête par la porte : il vit sa pulpeuse employée empoigner ledit tricheur à bras le corps et, par une prise effectuée avec un cri qui tue, le projeter à travers la salle !
Le malheureux la traversa en hurlant, et atterrit sur le tatami des joueurs de dés !
Il voulut se relever et s’enfuir. Trop tard, Manji lui pointait sa lame sous la gorge.
- Suis-moi.
Le rônin le poussa dans le bureau de Rintaro.
L’autre s’assit, perclus de douleur.
- Oh, Patron-san ! Misère de moi !...
- Il avait des jetons pleins les manches ! lança Manji.
- Grâce à Maya, tout le monde sait maintenant qui tu es, dit Rintaro.
- Par Daikoku, je veux bien vous aider, Patron, mais plus dans ces conditions ! Déjà que la vie pour les gens comme moi n’est pas facile… Alors je veux bien jouer la comédie, mais il y a des limites ! Et je vous rappelle que les informations fraîches sont une denrée rare !

Manji faillit pouffer de rire. La condition d’indic était bien ingrate !

Rintaro soupira. Par un trou dans le mur, il jeta un œil dans la salle : Maya avait repris sa place parmi les clients. On lui payait à boire pour la féliciter de ses pirouettes. Les blagues les plus graveleuses couraient déjà sur elle, sur sa souplesse et ses réflexes de tigresse !

- Bon, revenons à nous, dit Rintaro à son pauvre indic perclus de douleur. Qu’as-tu à m’apprendre ?
- Vous m’excuserez si je demande aujourd’hui un petit supplément… Je vais devoir aller chez mon cousin, qui est masseur, pour me remettre l’épaule en place…
- Tu vas me tirer les larmes, tiens, dit Rintaro, que rien ne pouvait émouvoir, sinon un gros gain –ou une grosse perte !
Il lui jeta quelques piécettes.
- Je t’écoute…

Samurai

Mamoru avala un nouveau bouillon. Des heures durant, dans un demi-sommeil, il avait vu les flammes de la cheminée danser, rapetisser, se raviver et le bercer de leurs charmes.
- Tu as fait une longue route.
- Oui, admit Mamoru.
Il dépassait son hôte de plus d’une tête. On s’était souvent moqué de lui pour sa taille. Il avait l’air d’un géant bien piteux, aujourd’hui.
- Je pense qu’on vient du même coin, toi et moi. Je m’appelle Yojiro.
- Comment te remercier ?...
- On verra les remerciements plus tard. C’est normal d’aider quelqu’un avec qui j’aurais pu combattre, il y a peu encore…
- Merci.
- Pourquoi ils s’en sont pris à toi ?
- Je ne sais plus bien… J’ai bu un verre dans la taverne… En sortant, ils m’attendaient…
- Tu ne les connaissais pas ?
- Non. J’ai entendu une discussion. Ils parlaient d’un truc bizarre… Un pot d’un million de kokus… Oui, c’est ça…
- Un million de kokus ? Tu as bien entendu ?...
Un million ! Le monde aurait disparu quand un homme aurait fini de dépenser cette somme !
- Oui, ils ont dit cette somme.
- Toi et moi, on va les retrouver, tu sais. Et leur faire payer…
- Oui.
- Tu te sens d'attaque ?
- Je crois bien, oui. Je ne vais pas rester allongé pendant des jours encore...

Voici donc nos deux acolytes sur les traces des agresseurs de Mamoru. Un tour en ville leur permit de repérer un des membres de la bande.
- C’est le gang du requin, dit Yojiro. Des teigneux…
Il avait entendu parler d’eux en travaillant pour le Lotus Noir. Le Lotus Noir qui était très bien renseigné sur la plupart des groupes de la basse ville.
Le truand que les rônins avaient repéré quittait un sordide établissement éclairé d’une lanterne rouge : une maison de passe. Il se rendait vers la place du marché. Il manipulait, nerveux, un sachet.
- Il commence bien sa journée, lui, maugréa Yojiro. Viens, on va s’assurer qu’elle se continue bien…
Les deux rônins se mirent sur les traces du truand et le pistèrent le long du chemin qui menait à la place du marché. Là, ils l’observèrent passer d’un étal à l’autre, pour essayer de refiler sa marchandise aux clients. Aucun commerçant n’osait le chasser, dès qu’on avait aperçu son tatouage de requin à l’épaule.
Les deux rônins approchèrent, de façon à être bien vu de lui. Le truand les aperçut et remit le sachet dans sa poche. Yojiro le frôla dans la foule et le bouscula. L'autre lâcha sa marchandise et se dépêcha de la ramasser avant qu'elle ne soit piétinée. Puis il quitta à la hâte la place du marché. Mamoru l’attendait à la sortie, et se mit sur ses pas. L’autre essayait de revenir vers la maison de son gang. Trop tard, à un coin de rue, il fut violemment saisi par l’épaule, jeté en l’air et il retomba dans une flaque d’eau. C’est Yojiro qui venait de le jeter comme un vieux sac d’ordures ! Mamoru approcha. Il dégaina son sabre.
- Laissez-moi… Qu’est-ce que vous voulez !... Vous allez voir si mes copains rappliquent !
- Donne ton sachet, fit Yojiro d’une voix rogue.
- Non !
Il reçut un violent coup de poing derrière le crâne, de la part de Mamoru.
- Donne le sachet !
- Pitié…
Yojiro lui prit des mains. Les deux rônins le tabassèrent ensuite gentiment et ils repartirent.
De retour chez Yojiro, ils ouvrirent le sachet : en anciens Crabes, nos rônins ne pouvaient s’y tromper. Il contenait de la résine d’opium, semblable à celle distribuée aux combattants du Mur pour qu’ils se soulagent de leurs douleurs.
- Bien, on va se remettre à flots avec ça, dit Yojiro.
Le tabassage avait permis de venger un peu Mamoru, en même temps qu'il avait permis d'obtenir l'adresse où le sachet allait être vendu le soir, au cas où il n'y aurait pas eu d'acheteurs "au détail" sur le marché.

Samurai

Le lendemain soir, sur un petit port à la sortie de la ville, à l’heure où une nappe de brouillard recouvrait l’eau et la jetée, et avançait doucement vers les ruelles, deux silhouettes perçaient la grisaille humide.
Les deux Crabes observèrent les enseignes des tavernes de marin. Ils s’arrêtèrent devant celle appelée Les dents de la mer : ils descendirent une volée de marches et pénétrèrent dans une pièce enfumée, étroite, remplie par une dizaine de buveurs. On ne manqua pas de remarquer les deux nouveaux venus.
- Deux bières, dit Yojiro.
Mamoru ne pouvait se tenir debout dans cette petite pièce.

Dehors, dans la brume qui s'épaississait, arrivait une fine silhouette aux formes généreuses. Ce n’était pas une fille à marins, c’était Maya. Envoyée par Patron-san, d’après les informations données par l’indic, elle avait pour mission de trouver un sachet de drogue qui allait être vendu le soir même. Ce n'était pas par souci humain que Rintaro se lançait pas contre les vendeurs de drogue... mais parce qu’il voulait faire place nette dans le quartier entourant la Divine chance.
Dans la taverne, l’acheteur, un petit marin aux yeux farouches, prit peur en voyant les deux costauds qui venaient d’entrer et il sortit en vitesse. Les deux Crabes le suivirent. Ils le retrouvèrent dans la brume, au bord de l’eau.
- Vous, on ne peut pas dire que vous soyez discrets !
- Bon, tu as l’argent ou pas ? dit Yojiro.
- Faites voir votre marchandise.
Mamoru ouvrit le sachet.
- Donnez vite, voilà l’argent.
- Merci…
Le marin s’en alla précipitamment. Les deux rônins laissèrent le quai pour les petites ruelles. Deux pas plus tard, passait Maya, qui avait aperçu les silhouettes dans le brouillard, sans les reconnaître. Au coin du port, le marin se heurtait à une patrouille de soldats du Gouverneur, qui le plaquèrent au mur et le fouillèrent.
- Tiens donc… Ce sont des plantes aromatiques ?
- Attendez, je vais vous expliquer…
- Oui, bien sûr…
Ils le ceinturèrent et l’attachèrent. Depuis leur ruelle, les deux anciens Crabes virent la patrouille emmener leur acheteur !
- Ne nous attardons pas, dit Yojiro.
Maya se retourna : elle vit à son tour les deux soldats emmener un marin. Elle tourna en rond et finit par repartir, bredouille… A son tour, l'indic de Patron-san ressortait des Dents de la mer...
- Il y en a du monde, ce soir, dit l'un des vieux du port, depuis le banc où il passait ses journées.
- La mer est haute, les mouettes volent bas, prophétisa son voisin édenté.

Maya revint à la Fleur du secret et dit qu'elle n'avait pas pu intercepter les vendeurs.
- Tant pis, fit Rintaro… L’essentiel, c’est déjà que ce trafic ne se passe pas chez moi.
- Justement, toussota l’indic, qui était de retour et s’était invité à dîner…
- Quoi justement ?
- Je voulais vous dire…
- Me dire quoi ?...
- A propos de la drogue…
- Quoi la drogue ?
- C’est à propos de vos entrepôts…
- Quoi mes entrepôts ?
- Sur le port…
- Oui j'y possède des entrepôts de marchandises, et alors ?...
- J’ai appris un truc déplaisant…
- Déplaisant ?
- Oui, déplaisant…
- Par exemple, déplaisant comment ?
- Déplaisant comme qui dirait que certains utiliseraient vos entrepôts pour y stocker leurs marchandises à eux et que ces marchandises ne sont pas franchement légales !...
- Déplaisant comme qui dirait que quoi !...
- Vous avez bien entendu…
- Pour y stocker quoi ?
- … de l’opium.
- De l’opium !... Manji, Katon, vous entendez ça… On utilise mes entrepôts, mes entrepôts sur le port, pour y stocker de l’opium !
- Ce n’est pas très gentil de le faire sans vous demander, concéda Katon.
- L’opium est un poison, dit Manji sentencieusement. C’est une drogue réservée aux plus dépravés.
- Qui se sert de mes entrepôts ? rugit Patron-san.
- Je ne sais pas, ce sont des bruits qui courent sur le port…
- Ah, on va voir ça, tiens ! Manji, Katon ! Ce soir, vous irez surveiller les entrepôts !
- Ce soir ?...
- Vous ne croyez pas que je vous paye pour goûter mon riz et mon poisson !
- Non, patron…
- Bien.

De l’opium dans ses entrepôts ! S’il trouvait les coupables !

De retour chez Yojiro, les rônins cachèrent l’argent récolté.
- Tiens, tu sais quoi, on va aller boire un verre pour fêter ça !
- Bonne idée, dit Mamoru.
Avec la chance qu’ils avaient, ils trouveraient peut-être le pot d’un million de kokus sous les pas d’un âne !

Ils allèrent dans une auberge pas trop mal famée et se payèrent un copieux repas. Yojiro était content d’avoir trouvé un congénère, et Mamoru pas mécontent d’avoir trouvé de l’aide dans cette ville mal famée.
- Tavernier, sers-nous du saké, et du meilleur !
Les deux rônins vidèrent quelques coupes, heureux d’avoir réussi à gagner leur vie comme de vrais bons commerçants ! Ils n’étaient pas plus bêtes que d’autres, pour s’adapter à la vie des gens du peuple !
Ils finissaient de s’humecter le gosier quand ils virent arriver plusieurs yakuzas armés. Yojiro jeta un œil vers les cuisines : ils y en avaient d’autres qui attendaient par cette sortie.
Cinq hommes s’assirent dans la pièce, et firent sortir les les autres clients. Les deux rônins étaient piégés.
Un homme corpulent, en habits soignés aux teintes ciel et émeraude, entra dans la pièce et vint s’asseoir à leur table, accompagné de deux gardes du corps.
- Salutations, braves guerriers… Mon nom est Horiu. J’ai entendu parler de vous…
- Moi aussi, dit Yojiro.
Il savait que Horiu était un concurrent de Rintaro, qu’il avait moins de scrupules que lui et une fortune personnelle plus importante.
- Je sais que vous venez de vous frotter au gang du requin… Ce sont des gens que je n’apprécie guère… Vous avez dû gagner un peu d’argent mais ce n’est qu’une fois. Grâce à moi, vous pourriez en gagner plus, régulièrement.
- Tiens, et comment ? demanda Mamoru.
- Il faudrait, dans un premier temps, aider mes hommes, qui ont un travail de nuit à faire…
- Les aider ?
- Ils doivent aller dans un entrepôt, sur le quai des Oiseleurs. Vous auriez juste à faire le gué dehors. Rien de bien sorcier…
- Pourquoi pas, dit Yojiro.
- Je vous payerai un bu. Et ce ne sera qu’un début.
- Juste pour surveiller ?
- Juste pour surveiller. Et intervenir s’il y a du grabuge. Vous voyez, je joue franc jeu avec vous…
- Je pense que c’est correct, dit Yojiro.

C’est ainsi que le lendemain soir, on ne dormit pas tellement, chez les hommes de main de Horiu… ni chez ceux de Rintaro !
Manji et Katon s’étaient postés à l’intérieur de l’entrepôt que les hommes de Horiu venaient « visiter » pendant que Mamoru et Yojiro faisaient le gué dehors.

A suivre...Samurai


2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 17-05-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE


<span style="color:#008000">2ème chapitre : Contrebande, opium et katanas<!--sizec--></span><!--/sizec-->

Manji et Katon étaient cachés dans un coin du grand entrepôt, parmi les caisses de marchandise de Patron-san. Ils attendaient depuis une heure quand ils entendirent la petite porte de derrière grincer. Par le filet de lumière de seigneur Lune qui entrait, ils virent deux silhouettes pénétrer à pas de velours, sans faire grincer le parquet. L'une d'elle s'approcha d'une caisse et la déplaça doucement. Il révéla ce faisant un passage entre cet entrepôt et celui d'à côté, qui appartenait aussi à Rintaro. Il se mit à quatre pattes et s'engagea dans le passage. Alors qu'il se relevait pour étudier les lieux, il se fit attraper par le col et vit une grande flamme jaillir, qui venait des mains d'un jeune homme. Elle s'élevait en une torche ; le bandit hurla et recula.
- Ne bouge plus !
Dans l'entrepôt d'à côté, Manji attrapait l'autre en lui collant sa lame sur la gorge.

Le cri du premier sonna l'alerte : les deux complices qui attendaient à l'extérieure prirent leurs jambes à leurs cous... Ils entendirent alors un cri qui les pétrifia sur place, le célèbre cri qui tue, et le moment d'après, Maya leur sautait dessus comme une enragée, puis les envoya au tapis en quelques coups bien placés.
En retrait, Mamoru et Yojiro hésitaient à intervenir.
- On est censés couvrir leur fuite, non ?
- Ça doit être ça... dit Yojiro.
Ils ne disaient même pas ça par peur des coups mais par discipline : ils voulaient suivre scrupuleusement les ordres reçus et ne pas gêner les infiltrés.
Ceux-ci passèrent le plus mauvais quart d'heure de leur vie dans l'entrepôt, exposés aux hommes de main de Rintaro. L'un d'eux se fit rosser par Maya, et traîner dehors. Maya aperçut alors deux silhouettes, les mêmes que celles vues dans le brouillard, sans davantage les reconnaître. De son côté, Yojiro reconnut bien Maya et ses formes inoubliables.
- Elle a l'air de tenir la forme ce soir, se dit Yojiro.
Sur ce, les deux anciens Crabes se dirent qu'il était l'heure d'aller boire un verre.

- Alors, disait Maya en baffant le yakuza, tu venais chercher quoi ici ? De la drugs, c'est ça ??...
Elle aurait fait sourire son interlocuteur s'il avait encore eu une lèvre pas trop gonflée pour ça...

Samurai

Le lendemain, Horiu retrouva les deux Crabes, qui se promenaient tranquillement dans la rue.
Il les fit entrer dans la même taverne que la veille :
- Qu'est-ce qui s'est passé hier ? Vous n'êtes pas intervenus ?
- On avait compris qu'on devait couvrir une éventuelle retraite...
- Mais pas du tout ! Je vous ai dit d'intervenir s'il y avait du grabuge...
- On a mal compris...
Et ils ne paraissaient pas peureux en le disant, juste un peu "épais"... Ils avaient vraiment mal compris !
- J'ai quatre hommes qui se sont fait attraper comme des chiens galeux... Ils ont dû parler et Rintaro va savoir !
- Ah, c'était un entrepôt de Patron-san ?...
- Oui !
- Parce qu'on connaît des samuraï qui sont à son service...
- Il va falloir vous rattraper, dit vertement Horiu. Je ne vais pas tolérer un nouvel échec.
- On est désolés si on a mal compris, dit Yojiro.
C'était comme ça : les Crabes avaient des moments d'absence...
Un des hommes de main entra dans la taverne en courant :
- Chef, voilà la bande à Rintaro !
- Ils n'ont pas perdu de temps !

Patron-san arrivait, suivi par ses désormais célèbres acolytes, Manji, Maya et Katon.
- Horiu ! Sors de là, j'ai à te parler !
Pour essayer de se rattraper, Yojiro et Mamoru sortirent se poster devant l'entrée.
- Tiens, qui voilà ? dit Katon.
- Konnichi-wa, dit Yojiro, de son air le plus sérieux.
- Bon, suffit, dit Rintaro, conduisez-moi à votre chef ! On a des choses à se dire là !
Un homme de main s'approcha de l'entrée :
- C'est bon, ils peuvent passer. Horiu accepte de les voir.
Katon fit signe que de toute façon, il avait intérêt à bien vouloir !
Rintaro passa et dit à sa suite d'aller s'asseoir à une table, boire aux frais de leur hôte.
- Pas d'inquiétude, les enfants, on va discuter à part.
- On sera juste à côté, s'il y a un problème, dit Manji.

Les deux patrons se retirèrent. Du coup, les samuraï eurent le temps de boire un verre ensemble, comme de vieux amis. Yojiro présenta Mamoru.
- Tu m'as tiré d'un mauvais pas, Yojiro. Heureusement que tu étais là.
- Ce n'était rien, voyons.
Ils eurent le temps de descendre quelques bouteilles avant la fin de la réunion au sommet. A la fin, l'ambiance était des plus joyeuses. Les Crabes se tapaient sur les cuisses et même Manji, pourtant le plus modéré de la bande, avait le rouge aux joues.
Le rideau se rouvrit : Horiu et Rintaro sortirent et se saluèrent.
- C'est entendu ainsi. Je suis sûr que cet accord sera mutuellement profitable.

Rintaro se frottait les mains en repartant :
- Cette fripouille de Horiu a encore essayé de m'amadouer, mais ça ne prend pas ! Quel culot monstre, aussi, de se servir de mes entrepôts pour y stocker ses saloperies ! Qu'il se les garde !
Manji et Katon étaient rassurés de voir que Rintaro se refusait à donner dans le trafic de l'opium. Ils en concevaient du coup une estime plus grande pour leur chef.
- J'ai obtenu un accord très avantageux... C'était bien le moins qu'il puisse accepter pour se faire pardonner !

A la taverne, Horiu n'était pas mécontent non plus.
- Cette crapule de Rintaro s'est laisser faire, une fois de plus. Il était en mesure de me demander bien plus comme dédommagement et il s'est contenté de trois grains de riz... Décidément, il ne changera jamais. Avec son petit cœur tendre, il n'a pas la carrure pour mener des affaires sérieuses.
Horiu but son verre et dit aux rônins qu'ils allaient devoir sérieusement se mettre au travail pour lui, s'ils voulaient faire oublier leurs erreurs !
Yojiro promit qu'ils feraient de leur mieux.
- N'essayez pas, faites-le, un point c'est tout.

Samurai

Le lendemain, de bon matin, Manji, Maya et Katon étaient au port du sud de la ville. Celui qui était envahi par les brumes à la nuit et qui, ce matin, resplendissait sous le beau soleil d'automne. Des pécheurs réparaient leurs filets. La vente à la criée se terminait déjà. Une patrouille du Gouverneur buvait un verre à la taverne du port. Des gouttes blanches brillaient au loin sur l'eau cristalline.
Nos samuraï entrèrent dans la taverne Les dents de la mer et y rencontrèrent, au fond de la salle, un épais marin, qui respirait très fort et avait déjà entamé une bouteille de saké, de bon matin. C'était le contact que Rintaro les envoyait rencontrer : le capitaine Vert.
- Nous venons vous voir de la part de Patron-san, dit Katon, en faisant signe au tavernier de resservir une bouteille.
C'était le saké du port, le saké des marins, âpre et rugueux.
- Nous avons appris que vous convoyez des plantes médicinales, depuis le sud.
Vert fit un petit signe d'assentiment grognon.
- Nous serions intéressé par l'achat d'une partie de votre cargaison.
Le capitaine grogna que ces plantes étaient pour les moines :
- Plantes médicinales... soignent la douleur... décoctions...
- Rintaro est prêt à y mettre le prix.
Manji n'aimait pas trop ce commerce : Patron-san avait juré ne pas mettre les mains dans le trafic d'opium, contrairement à Horiu. Il voulait pourtant acheter des "plantes médicinales".
- Elle vienne d'où, ces plantes ?
- Ryoko Owari...
De mieux en mieux ! La Cité des Mensonges ! Le meilleur nid de l'Empire pour les criminels de la pire espèce !
Pas le genre d'endroit où Manji aurait envie de mettre les pieds.
Katon négocia un tarif acceptable et resservit une tournée au capitaine, qui finirait seul d'attendre les brumes du soir en contemplant le fond de sa bouteille.
A la sortie de la taverne, nos héros croisèrent l'indic de Patron-san.
- Ah, vous tombez bien...
Et voilà le groupe parti dans la taverne d'à côté, Le miroir de la mer, pour discuter le coup.
- Alors ? demanda Katon.
- J'avais du nouveau pour votre chef... Comme vous êtes là, je vais vous le dire...
- Tiens, patron, une bouteille de prune...
- C'est pas de refus, ma foi...
Katon était bien à l'aise pour faire parler comme ça les gens du demi-peuple. Manji voyait cela avec un mélange d'étonnement et de consternation. Si jeune, prendre de telles habitudes de parler à la canaille... Maya semblait ailleurs, l'esprit navigant sur son petit nuage doré.
- Alors voilà l'affaire... Il paraîtrait que le Gouverneur s'est lourdement endetté auprès des Scorpions... Pourquoi ? Parce que la famille Bayushi lui a rappelé un devoir qu'il avait envers les Ancêtres...
- Venant de la famille Bayushi, dit Manji, il faut s'attendre au pire.
- Ils ont dit au seigneur Mondô qu'il avait l'obligation de bâtir un temple pour un Ancêtre ayant remporté une bataille dans le coin, voici trois générations... Quelque chose comme ça... La construction du temple va coûter des milliers de kokus au Gouverneur... Bien sûr, le clan du Scorpion s'est aussitôt montré disponible pour prêter l'argent...
- Ils ne leur ont pas emprunté quand même !
- Hé si... Le Gouverneur avait peur de perdre la face devant sa famille, son clan... Donc il a négocié en sous-main avec les Scorpions... Il leur a emprunté l'argent ; à un taux soi-disant très avantageux... Tu parles !
- Il a mis la main dans le nid de vipères, dit Manji.
- Bref, maintenant, il s'apprête à recevoir les kokus... Il a préféré attendre que le shinsen-gumi ait quitté la ville pour cette transaction.
- Oui, c'est plus prudent.
- Donc il va recevoir l'argent... Hmm, pas mauvaise cette prune... L'argent, dans un vase précieux, vraisemblablement... Un pot contenant plus d'un millier de kokus... Nul doute que si quelqu'un met la main dessus...
- Attendez, qui va oser voler les biens du Gouverneur ?
- Il y en a bien eu pour voler des kokus impériaux, fit l'indic.
- C'est vrai...
- Je voulais juste vous prévenir. Que Rintaro sache qu'un tel vase est sur le point d'arriver en ville.
- Bon, merci. On lui dira.
L'indic reprit un verre et s'en alla, titubant, sous le beau ciel bleu, déambuler dans les rues qui sentaient le poisson.

De l'autre côté du bassin du port, Mamoru et Yojiro sortaient d'une taverne, Les travailleurs de la mer, où ils avaient pris des renseignements sur l'acheminement des plantes médicinales depuis les villes du sud. Ils rentrèrent voir Horiu :
- Alors, ces plantes ?
- Nous avons parlé à un capitaine qui transporte ces marchandises, dit Yojiro. Il est d'accord pour nous laisser une partie de la cargaison. Mais si j'ai bien compris, ce ne sera pas donné.
- Je peux payer, ce n'est pas le problème, dit Horiu.
- Entendu.
- Bon, puisque la journée commence sous de bons augures, vous allez retourner en ville. J'ai entendu parler de vases précieux, ces temps-ci...
Il toussota, remit ses manches et reprit :
- Enfin, bref, je désire acquérir des vases précieux... Voilà, c'est tout. Rien de bien compliqué... Trouvez-moi des marchands en possédant. Renseignez-vous sur les prix.
- Bien, patron.

Samurai

Les deux Crabes se séparèrent pour mener les recherches. Ils prirent l'après-midi pour se renseigner sur les vases. Mamoru trouva un informateur, en la personne d'un pilier de comptoir et joueur de go, dans une taverne cachée au fond d'une ruelle du quartier des potiers. Mamoru joua avec lui, le temps d'apprendre quelques bonnes adresses dans le coin. L'ancien Crabe perdit la partie et paya à boire. Il retrouva Yojiro, qui avait visité quelques boutiques, sans y trouver d'objets luxueux.
- Allons voir l'endroit qu'on t'a indiqué.
Les deux Crabes visitèrent une grande boutique, tenue par un petit homme inquiet des désirs du client, obséquieux dans ses petits gestes. Rien qui atteignait les deux masses musculaires armées, qui étaient aussi fins connaisseurs en poterie qu'un bœuf en origami.
Ils revinrent, les bras ballants, chez Horiu :
- On a quelques adresses. Des potiers... Il y en a un qui a des marchandises intéressantes...
- Bien, bien, dit Horiu. Écoutez, je vais vous laisser libres pour ce soir. Demain, vous surveillerez la maison. Demain soir, vous irez voir mes entrepôts.
- Vous attendez de la visite là-bas ?
- Peut-être bien...
- Les gens de Rintaro qui viendraient se venger ?
- Non, Rintaro est trop gentil pour ça... Je pensais au gang du requin. Ceux-là sont de sacrés rancuniers. Et j'ai en ce moment des marchandises précieuses stockées là-bas.
- On veillera dessus, patron, pas d'inquiétude.

Les deux Crabes sortirent boire un verre.
- J'espère qu'on aura de la visite aux entrepôts, dit Yojiro en s'étirant. Je commence à me rouiller !
Yojiro rentra chez lui : grâce à la protection de Horiu, il avait une servante qui venait s'occuper de son abri. Elle avait préparé la soupe quand il arriva. Mamoru dormait dans une bicoque juste à côté, qui était aussi la propriété de Horiu. Ce n'était pas encore le confort fourni par un clan de samuraï mais nos deux Crabes n'étaient pas trop à plaindre.

A suivre...Samurai


2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 26-05-2008

CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE

Mamoru et Yojiro prirent leur garde de nuit dans l'entrepôt de Horiu. Ils s'étaient amenés quelques provisions pour la nuit.
Ils s'assoupissaient contre une caisse quand ils entendirent des pas sur le toit.
Ils virent une trappe s'ouvrir et une corde descendre. Mamoru donna un coup de coude à Yojiro. On n'y voyait qu'à la clarté de la lune.
Une silhouette descendit à la corde et arrima un grappin à une caisse. Il tira deux fois sur la corde et ses complices commencèrent à remonter la caisse.
- Les salauds, murmura Yojiro, ils sont bien organisés.
Ni une ni deux, Mamoru prit l'échelle qui montait aux rayons. Le complice finissait de remonter sur le toit. Il aidait ses complices à remonter le chargement. Mamoru se glissa sur la caisse au moment où elle passait devant lui. Il y avait une dizaine de mètres du sol au plafond.

Les hommes du gang du requin sentirent que le chargement pesait plus lourd que prévu. Occupés à tirer ensemble, ils ne regardèrent pas par l'ouverture.
- Elle va bientôt être là...
Au lieu de la caisse, ils virent d'abord apparaître une grosse tête de rônin, puis de solides épaules. Avant qu'ils aient eu le temps de dire "ouf", l'un d'eux prit un coup de tetsubo sur le crâne. Les autres lâchèrent. Mamoru s'accrocha au toit. Les toits avaient reculé.
La caisse tomba en chute libre et s'écrasa au sol en faisant un vacarme épouvantable. Yojiro montait à son tour pendant que, sur le toit, les intrus se faisaient chasser à coups de tetsubo. On entendit deux cris dans la nuit, deux hommes qui venaient de tomber du toit comme des fruits mûrs.
Mamoru en garda un en se contentant de l'assommer. Yojiro le ligota.
- Parfait, dit-il. Cette fois, on va aller rendre une petite visite aux commanditaires...
On n'avait pas idée d'aller voler dans les entrepôts des honnêtes gens !

Les deux rônins coururent avec leur otage à travers les rues silencieuses de la Cité. Habitués aux patrouilles dans l'Outremonde, ils savaient ce que c'était que de s'infiltrer. Ils arrivèrent devant le bâtiment où claquait un étendard de requin. Un vigile somnolait devant l'entrée.
- Allez, va, dit Yojiro à l'otage. Et ne dis pas un mot de travers, sinon...
Le yakuza avança. Le garde se réveilla.
- Que fais-tu là ?
- Je reviens de la mission...
- Où sont les autres ?
- Ils sont là ! lança Yojiro.
Il avait couru depuis la ruelle jusque derrière le complice, silencieux et agile comme un félin.
Le garde tira un poignard mais il eut la main tranchée avant de s'en servir. Deux gardes sortirent. Ils furent reçus par Yojiro, qui se débarrassa d'eux en trois coups de katana.
Ils regarda les corps s'effondrer, écarta le piteux complice qu'ils avaient capturés, et il entra dans le repaire, rejoint par Mamoru.
A l'intérieur, c'était la panique. Le chef du gang était en train de ramasser ses affaires et ses kokus quand les deux rônins entrèrent.
- Ne bouge plus. Tu vas nous suivre, toi.
C'est ainsi que les deux rônins mirent fin au gang du requin. Ils ramenèrent son chef à Horiu, qui ne s'attendait pas à un tel exploit de la part de ses deux hommes de main.

Samurai

L’heure de la collation matinale s’éternisait. Pour Rintaro, elle menaçait de se prolonger directement dans le repas du midi.
- Vous mangez trop. Bientôt, c’est à peine si on pourra vous soulever. Si ça continue, je vous inscris aux compétitions de sumos !
- Mais, patron, on va dépérir de faim ! lança Katon.
Manji trouvait que son ami en faisait trop. Rintaro passa et alla vers sa chambre :
- A propos, j’ai fait préparer vos provisions de voyage…
- Nos provisions ?
- Oui, vous partez vers le sud. Je veux que vous alliez à la rencontre du navire qui transporte mes plantes médicinales. La rivière n’est pas sûr et j’ai payé suffisamment cher pour prendre certaines précautions.
- Ça va nous faire de l’exercice, dit Manji.
Maya approuva tacitement. La peau du ventre bien tendue, Katon se leva et se mit en route.
En milieu de journée, nos héros quittaient la Cité à dos de poneys. Ils s’engagèrent sur le chemin de la rive du grand fleuve descendant des Montagnes du Toit du Monde. Depuis cette province du clan du Lion, on ne distinguait que dans une brume légère les contreforts des plus hauts sommets de Rokugan, ces géants de pierre vivant une existence sans commune mesure avec celle des mortels.
Sous le ciel de traîne, nos héros partirent. Les sabots de leurs montures crissaient sur les feuilles mortes, que les paysans entassaient, en chantonnant : « Oui, je voudrais tant que tu te souviennes… Les feuilles mortes se ramassent à la pelle etc. »
Sur la berge, des pécheurs regardaient passer les navires marchands. Des familles passaient la journée, courbées en deux dans leur rizière, et des buffles paissaient près des canaux irrigués.

Le soir, la troupe fit halte au hameau de l’esprit de la grenouille, et profita d’une excellente auberge.
- Je te rappelle que Patron-san nous a confiés une provision de riz pour le voyage, dit Manji.
- Allons, allons, on ne va pas se contenter d’un repas pour les gueux, dit Katon en lui versant à boire, avec tous les kokus que l’on a gagnés !
Manji trouvait que le shugenja se mettait à parler comme un marchand de la Cité. Maya avala quelques grains de riz et faillit en faire une indigestion. Katon ne se priva pas des délicieuses soupes et des brochettes de poissons. Il monta dans sa chambre et ronfla bien vite. Manji fit sa prière du soir et s’endormit sagement.
Le lendemain, à la première heure, nos trois samuraï montaient en selle.
- Nous aurions déjà dû apercevoir le navire du capitaine Vert, dit Katon.
- … s’il ne s’est pas noyé dans sa bouteille, celui-là…
- Il en serait bien capable !
- C’est quand même inquiétant, dit Manji.
Nos héros pressèrent leurs montures et demandèrent au village suivant si on n’avait aperçu le capitaine Vert. Le tavernier du coin le connaissait et avouait qu’il devait beaucoup à ce saint homme qui savait tant vénérer les fortunes de l’alcool.
Mais non, il ne l’avait pas aperçu.
- Ça, c’est mauvais signe, fit-il, la mine basse en s’essuyant sur son tablier, c’est mauvais signe… C’est la morte saison… L’hiver sera précoce cette année…
- L’hiver, dit Katon, on a besoin de bon saké pour se réchauffer ! Je suis sûr qu'il va bientôt revenir !
- C’est vrai, concéda le tavernier, qui reprenait espoir.

Ils découvrirent quatre lis plus loin que Vert ne s’était pas noyé, ni dans la bouteille ni dans la rivière. Son bateau était échoué sur la rive. Son équipage finissait d’éteindre les flammes au pied du mât.
Nos héros accoururent au bas du navire.
- Oh, capitaine, que s’est-il passé !
Ils montèrent sur le pont ! Vert était dans tous ses états :
- Ah, misère ! une catastrophe !...
- Quoi donc ?
- Les pillards ! Ils sont arrivés en barque ! Ils ont pillé ma cargaison ! Ils m’ont tué deux hommes !
Manji et Katon allèrent à la cale :
- Ils ont pris quelles caisses ?
- Celles qui étaient là, dans le gaillard arrière.
- Les caisses de Patron-san, conclut Katon… Je me souviens qu’il avait demandé à ce qu’elles soient mises à part.
- Ne perdons pas de temps, dit Manji. Quand ont-ils attaqué ?
- A l’aube…
- Bon, ils ne doivent pas être loin. Et nous avons des montures.
- Eux aussi en ont… Je les ai vus passer les ballots à leurs complices. Ils ont détalé dans la campagne.
- Raison de plus pour nous mettre en route sans tarder !
Nos héros redescendirent et sautèrent à dos de poneys. Ils partirent au galop dans la direction de l’ouest.
- Quelles sont les villes par là-bas ?
- Je ne sais pas, dit Manji. Je n’ai pas entendu parler de grosses cités dans cette région. C’est justement l’endroit idéal pour les pillards. Dès qu’on s’éloigne des coins habités…

Il fallut à nos héros une heure de chevauchée, avant de trouver les caisses volées, éventrées, vidées.
- Et la nuit tombe, dit Manji… Il faut nous arrêter.
- Nous sommes sur la bonne piste. Eux aussi vont devoir s’arrêter…
- Pas si sûr, dit Manji en mettant le riz à cuire au-dessus du feu. Ces chiens seraient capables de voyager de nuit pour se mettre à l’abri.

Katon prit le premier tour de garde. Il s’assura que le feu ne mourrait pas.
Nos héros étaient entourés de grands bois noirs, qui rappelaient que Rokugan était largement désert, que les Cités bâties par les descendants des dieux étaient des points isolés sur la carte. Que le reste était abandonné aux pillards, aux bêtes, aux démons.
Katon s’endormit, Manji prenant le relais.
Le rônin raviva les flammes. Il entendit de l’agitation dans les fourrées. Plus distinctement, des pas dans la terre humide. Il secoua Maya et Katon et prit son katana. Nos trois attendirent. Soudain, une flèche vint se planter dans le feu, puis une seconde juste à côté de Maya. Manji courut vers les herbes hautes. Il trancha dans de la chair et reçut un coup de lame à l’épaule. Une grosse éraflure. Maya se lançait à l’attaque en poussant un de ses cris guerriers, et mit un des adversaires par terre mais il y en eut deux autres pour lui sauter dessus et la rosser proprement !
Katon arriva, son katana de feu à la main, qui éclaira les lieux de ses ombres ardentes. Il blessa à mort deux des attaquants, avant que les autres ne détalent comme des lapins.
Haletants, nos héros regardèrent autour d’eux : leurs ennemis avaient l’avantage du terrain. En un rien de temps, ils s’étaient éclipsés. Manji se rassit, l’épaule douloureuse :
- Maintenant, je ne dormirai plus…
Il s’allongea après avoir passé de l’eau sur sa plaie. Il retrouva brièvement le sommeil, de même que Maya, qui avait les côtes endolories.
Au matin, seul Katon était en forme.
- Nous allons prendre du retard sur eux, dit Manji.
- Je me propose pour partir en avance, dit Katon. Je me fais fort de les rattraper et de leur infliger la correction qu’ils méritent !
- Va, répondit Manji.
Le bushi ne doutait pas des capacités d’un tel shugenja à tenir ses promesses en la matière !

Katon revint une demi-journée plus tard, à dos de poneys, avec deux autres montures attachées derrière la sienne. Et sur ces montures, des sacs bien remplis. Ils avaient retrouvé les bandits après une brève course dans la campagne.
Ils étaient quatre, dans un village désert. Katon avait mis pied à terre. L'instant d'après, il invoquait deux boules de feu qui carbonisèrent deux des bandits. Notre shugenja avait négocié avec les deux autres : leur vie contre le chargement volé.
Manji, Maya et Katon repartirent vers le fleuve. Ils payèrent les paysans qui avaient ramassé le contenu des caisses brisées de Patron-san. Le capitaine Vert avait fini de circonscrire l'incendie. Il était prêt à repartir.

Samurai

Nos héros étaient de retour à la Cité du Cri Perdu deux jours plus tard. Rintaro se frottait les mains à se les chauffer à blanc. Il avait un beau stock de plantes médicinales à écouler. Manji n'était pas bien sûr que ce soit à des fins uniquement médicales...
- Nous allons soulager bien des douleurs, déclara Patron-san, qui se donnait comme ça, de temps en temps, des airs de bienfaiteur.
Patron-san offrit à ses employés une grande soirée à la Divine chance. Le saké coula à flots, spécialement dans le gosier de Katon. Au milieu de la soirée, on frappa à la porte.
C'était les deux rônins de Horiu, qui venaient de toucher leurs kokus.
- Entrez, entrez, dit Rintaro.
Il leur servit généreusement à boire et à manger et leur dit de revenir dès qu'ils voudraient !
Car un homme avec les poches pleines est nécessairement un ami de Patron-san !




<span style="color:#006400">SamuraiFORCE ET HONNEUR, SAMURAÏ !Samurai<!--sizec--></span><!--/sizec-->



2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 28-05-2008

Ajout du morceau de récit manquant : le capitaine Vert, la cargaison perdue, les pillards brûlés.

"L’heure de la collation matinale s’éternisait..."


2ème Episode : Le monde du crime - sdm - 28-05-2008

Des plantes médicinales ? A d'autres, vous tentez de pervertir de nobles samurais monsieur Patron-san, votre Kharma sera souillé !


2ème Episode : Le monde du crime - Gaeriel - 01-06-2008

souillé souillé... Si tu le purifies avec assez de saké ca irabiggrin


2ème Episode : Le monde du crime - Darth Nico - 01-06-2008

Si Ayame était si obscure, c'est qu'elle ne buvait jamais une goutte de saké... Elle aurait bu un peu, ça aurait nettoyé ses points d'ombre.Spamafote


2ème Episode : Le monde du crime - sdm - 01-06-2008

Ah c'était ça le grand secret des LicornesWhistle