07-05-2008, 01:50 PM
(This post was last modified: 17-05-2008, 11:28 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 2ème Episode</span><!--/sizec-->
Coq 401
Le monde du crime<!--/sizec-->

<span style="color:#008000">1er chapitre : Le pot d'un million de kokus<!--sizec--></span><!--/sizec-->
<span style="color:darkorange">Les 5 Rônins : 2ème Episode</span><!--/sizec-->
Coq 401
Le monde du crime<!--/sizec-->

<span style="color:#008000">1er chapitre : Le pot d'un million de kokus<!--sizec--></span><!--/sizec-->
Le pont près du lavoir, dans le quartier des potiers, était encombré par le passage d'un chariot à bœufs, chargé de troncs, qui tentait de traverser, en même temps que des porteurs de vases en terre, qui tiraient des planches à roulettes, entendaient s'accorder la priorité.
- Ils en ont pour l'après-midi, commentaient les vieux du quartier, en fumant leurs longues pipes et en crachant dans l'eau.
- M'est avis que ça va mal finir, cette affaire, et que les hommes du clan de Toshikondo vont venir y mettre bon ordre...
- Toshikondo fait profil bas, ces derniers temps, disait un troisième larron, plus bas. Depuis la réunion des clans, on a accusé Toshikondo d'avoir voulu livrer les rônins au Gouverneur... Avec la complicité de Rintaro.
- Ridicule. Pourquoi deux chefs de clans iraient faire cela ?
- Je ne sais pas, mais le bruit court.
Un des potiers renversa tout son chargement, et hurla de désespoir, avant de s'en prendre au conducteur du char à bœufs.
- Belle pagaille en perspective... Toshikondo va quand même devoir intervenir.
- Au fait, on parlait de Rintaro... Il héberge toujours l'autre petite traînée du shinsen-gumi ?
- Taisez-vous ! Plus bas ! On pourrait nous entendre...
- Vous en savez plus à ce sujet ?
- Le shinsen-gumi a quitté la ville il y a trois jours. Ils sont partis sans tambours ni trompettes. Je le sais, par le cousin de mon beau-frère, qui travaille aux cuisines du palais. Au dernière nouvelle, la petite favorite du capitaine Jukeï serait restée en ville.
- Bah tiens, pour une fois que c'est une femme qui se fait plaquer !
- Oh tu sais, des comme celle-là, il doit en avoir une ou deux par semaine, cet homme-là ! Si les dieux avaient voulu faire de moi un officier impérial, j'en profiterais aussi !
- Attention, voilà les hommes du clan !
Ce n'était pas des samuraï, mais des hommes armés du clan de Toshikondo, qui venaient dégager le pont de force. Il y eut un potier jeté à l'eau avec son chargement et on fit faire demi-tour au char, en lui confisquant une partie de sa marchandise, comme amende de stationnement sur le pont !
Car, déjà en ce temps-là, Toshikondo avait des idées fort modernes sur la taxation des marchandises passant par son quartier !
Les yakuzas repartirent alors que la circulation reprenait sur le pont près du lavoir. Au passage, ils bousculèrent un très grand homme, bâti comme une armoire, un daisho à la ceinture. L'imposant personnage allait dans la direction opposée.
- Tu le connais celui-là ?
- Jamais vu dans le coin. Faudra le surveiller. Tu as vu la montagne de muscles que c'est !
L'étranger avait le visage rude et la carrure des gens du Sud. Des guerriers ayant combattu sur la Muraille.
Cet étranger se nommait Mamoru. C'était son nom depuis qu'il avait été déchu de son clan. Son errance à travers l'Empire l'avait amené à remonter peu à peu vers le Nord. Il avait erré sans but pendant de nombreux mois. Il avait fini par entendre des rumeurs sur le clan du Lion, disant qu'on y embauchait les hommes en état de se battre.
Mamoru avait donc suivi cette rumeur et pour le moment, elle l'avait mené à la Cité du Cri Perdu, dont il ne connaissait rien, ni rue, ni habitant.
Il s'arrêta dans une auberge, après avoir consulté sa bourse, qui était presque vide. Il pourrait encore payer un toit pour ce soir. La petite salle était vide. Ce n'était pas le palais de l'élégance. Cinq tatamis usés, avec des tables pleines de tâches, au pied d'un petit escalier. Une atmosphère humide, aux relents de cuisine qui ne devaient jamais s'évacuer de ce recoin et y coller en permanence.
Mamoru se commanda à boire. Le patron n'avait pas l'air enchanté de voir un client. Il l'assit dans un coin de la salle, loin du rideau fermant la cuisine, et il prit son temps pour venir le servir.
Il déposa devant lui une bouteille poussiéreuse. Mamoru se servit : c'était du mauvais saké, un fond de tonneau. Il s'en contenterait. Alors que le rônin essayait de déguster la boisson, on entendit du monde entrer par la porte de la cuisine. Le patron salua quelques personnes, leur sortit à boire, les servit et leur demanda des nouvelles. D'instinct, Mamoru s'était mis à écouter attentivement. Il devait se trafiquer de sales affaires dans ce boui-boui. Le rônin se demanda s'il faisait bien de rester ici.
- Alors du nouveau ? demandait le patron en allumant une pipe.
- Peut-être bien...
- Un chargement de prévu ?
- Mieux que ça... Un pot d'un million de kokus !
On entendit le patron tirer sur sa pipe, et l'air siffler.
- Un million de kokus !
- Tu te rends compte...
Le patron dut faire signe de baisser d'un ton : il y eut un silence, puis la conversation reprit à voix basse.
- Oui mon vieux. C'est incroyable mais "ça" va arriver.
- Il faudra se tenir au courant.
Le reste de la conversation fut plus vague, mais Mamoru n'avait rien perdu de l'essentiel.
Un million de kokus !
Le clan du Lion était-il si riche que ses yakuzas pouvaient penser à de pareilles sommes ?
Le rônin décida ne de pas dormir dans cette auberge. Il laissa de la monnaie sur la table et ressortit. Il entendit qu'on murmurait sur lui, depuis la cuisine.
Il marcha dans les rues, à la recherche d'un autre toit. Il entendit des gens courir et il vit deux des yakuzas se poster devant lui, et deux autres derrière.
- Alors, on écoute les conversations ?
- Je ne sais pas de quoi vous parlez...
Les quatre hommes sortirent des couteaux.
- Tu vas nous redire ce que tu as entendu...
Mamoru mit la main sur son sabre.
- Je n'ai rien à vous dire.
- Ne fais pas ton mariole. Ou on va te refaire le portrait. Tu ferais mieux d'être bavard avec nous.
- Je suis sûr qu'il en a trop entendu, de toute façon...
- Bien d'accord avec toi... On va te montrer qu'on ne craint pas les fouinards dans ton genre, même quand ils font deux têtes de plus que tout le monde.
- Arrêtez, ordonna Mamoru.
Il ne s'attira que le ricanement des quatre hommes de main. Ceux-ci avancèrent sur lui.
La suite fut très confuse. Mamoru dégaina son sabre ; une oreille de yakuza vola dans les airs, puis le rônin se prit un coup de couteau ; il mordit la poussière, et se fit tabasser longtemps, très longtemps. Des images de sang, de boue, d'alcool, de visages haineux. Il s'évanouit dans ce quartier sordide, la figure tuméfiée.

C'était bien vrai que Maya s'était fait plaquer !
Quelques jours après la fin de l'affaire des kokus volés, Otomo Jukeï l'avait fait convoquer au palais. Il l'avait reçue en privé, dans sa chambre.
- Ton travail dans la basse-ville est fini.
- Oui, on a retrouvé les kokus.
- C'était ce patron chez qui tu logeais qui les avait volés ?
- Non, on parlait d'un autre gang, très mystérieux, le Lotus Noir.
- Tiens donc...
Jukeï semblait ne pas en croire un mot.
En fait, il s'en fichait un peu.
- Quoi qu'il en soit, je vais repartir... Ma mission dans cette ville est terminée, Maya.
- Je comprends.
- Tu dois surtout comprendre que je repars seul.
- Je m'en serais doutée, capitaine...
- J'ai passé du bon temps avec toi, mais je ne peux pas t'emmener partout... Tu es trop spéciale... Tu sais te comporter comme une femme du monde, et parfois comme la dernière des filles de trottoir... Et tu te dis novice d'un ordre monastique... Franchement, parfois, je me suis demandé si tu n'étais pas un peu folle...
Il s'était approché d'elle et la serrait contre lui.
- Hein, qu'en dis-tu ?
- Je ne sais pas. Qui c'est ce qu'est la folie ?...
- Ceux qui ne sont pas fous savent la reconnaître, Maya. Tu le saurais si tu ne l'étais pas... Mais ce que je crains, c'est que moi, je devienne fou en restant avec toi.
Il la repoussa gentiment.
- Prends ceci.
Il lui lança une bourse remplie de piécettes.
- Tu as de quoi passer l'hiver avec ça. Je m'en voudrais que tu meures de froid. Tu m'as aidé avec les kokus, c'est normal que je te remercie...
- Toi aussi, en un sens, tu m'as été utile...
Il l'avait toisée, goguenard, et l'avait laissée partir.
Elle était revenue loger chez Patron-san. Dans le doute, ce dernier n'avait pas osé la mettre dehors. Et si le shinsen-gumi revenait un jour et apprenait qu'on ne traitait pas bien une de ses protégées ?...
Elle avait vu Yojiro revenir, pour expliquer ce qui s'était passé chez les Hotori. Après son départ, Manji et Katon s'étaient concertés, inquiets.
- S'il a quitté le Lotus Noir, "ils" ne l'auront pas oublié et il risque d'y avoir des représailles contre lui...
- J'en ai bien peur, dit Katon.
- Il ne faudrait pas que ça nous retombe dessus, dit Rintaro.
- Et elle, qu'est-ce qu'on va en faire ? avaient-ils dit, une fois que Maya était montée se coucher.
- Pour le moment, je suis bien obligé de la garder ici ! Que les Fortunes nous protègent !

Maya sortit de sa couche et sentit l'air frais du petit matin. Fujio passait dans le couloir en bâillant et se rendait aux latrines, où il fit ses affaires avec tous les bruits possibles en cette matière. Il en ressortit satisfait, et salua Maya.
Manji sortait de sa chambre : il irait respirer dans le jardin, pour se sentir en harmonie avec le jour qui se lève, puis il ferait quelques exercices et irait à la cuisine manger son riz du matin. Katon allumait le feu dans la salle commune, en récitant une brève prière aux kamis. Rintaro se levait, en se grattant de partout et en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Un début de journée normal à la Fleur du secret. Ensuite, Patron-san donnerait le signal du début de repas, et donnerait ses ordres pour la journée :
- Aujourd'hui, les enfants...
Maya s'habilla, alla se laver, récita quelques prières matinales et eut une pensée pour son temple, si loin là-bas dans les montagnes du nord. Elle descendit à la cuisine et se mit en bout de table. On ne la rejetait pas, mais on ne l'accueillait avec de franches déclarations d'amitié...
Rintaro donna un premier coup de baguettes et toute la maisonnée se mit à manger. Katon y allait de bon appétit. Fujio finirait son bol avec les doigts. Manji mangeait avec distinction. Patron-san en mettait régulièrement à côté. Maya, elle, mangeait presque grain par grain.
- Aujourd'hui, les enfants, dit Patron-san, il va y avoir du nouveau...
On écouta, car le nouveau était souvent synonyme d'ennuis.
- Oui, je vais m'agrandir... Héhé...
Il avait son air malin, de margoulin prêt à réaliser une affaire juteuse.
- Je vais me payer une maison de jeu !
Fujio et les deux rônins gardèrent leurs baguettes suspendues au-dessus de leur bol un moment. Rintaro était content de son effet.
- Oui, une vraie maison de jeux ! Avec des dés, des joueurs, des serveurs... et des gains plutôt appréciables !
Il s'en frottait déjà les mains.
- Vous avez gagné à la loterie des fileurs de laine, patron ?
- Non, mon bon et gros Fujio, non... Les jeux de hasard, c'est pour les autres... Je vais vous expliquer...
Rintaro regarda si personne d'autre dans la rue, encore déserte, n'écoutait et il exposa son idée géniale.

Mamoru fut pris d'envie de vomir et se réveilla brusquement. Il fut surpris de ne plus être dans la rue. Il se retint. Il voulut se lever mais la douleur l'en empêcha. Les images de haine, de sang et de boue lui revinrent. Là où il était, il faisait bien chaud. Il entendait de l'eau bouillir. Il se rallongea, et se trouva incapable d'ouvrir les yeux.
- Dors encore, lui dit une voix rugueuse, tu es trop fatigué.
Mamoru se dit que cette voix avait l'accent de son pays mais il se rendormit vite, emporté dans un tunnel de cauchemars.

L'établissement nommé La divine chance avait eu pendant des années la réputation d'être la maison de jeux la plus animée de la Cité du Cri Perdu. On murmurait même que des membres de la famille Ikoma y venaient, en se déguisant, pour y passer des soirées, et y perdaient des fortunes. Ces dernières années, cette maison avait vu sa réputation se rabaisser. Le lieu était réputé violent, de nombreux gangs y réglant leurs comptes de façon régulière. Le patron était débordé par les évènements mais il avait toujours refusé de rejoindre un des groupes de yakuzas qui lui offraient très cher pour reprendre son commerce. Depuis, les bagarres étaient monnaie courante. Les trafics en tous genres également. Parfois, les clients qui y rencontraient une fille ne prenaient plus la peine de sortir dans la rue avec elle...
La chance divine avait ainsi acquis le surnom de "Poisse noire". Certains comptaient aller trouver le Gouverneur, pour faire murer ce lieu de débauche.
Voilà donc le sympathique endroit sur lequel Rintaro lorgnait depuis des semaines !
Il fit son entrée, dans l'atmosphère tumultueuse. Les vigiles étaient débordés, entre les bagarreurs, les tricheurs et les trafiquants. Ils faisaient de leur mieux pour garder une image de calme mais personne ne s'y trompait. On reconnut "Patron-san", avec ses gardes du corps... et Maya !
Rintaro se fit asseoir à une table à l'écart et commanda du saké.
Manji et Katon étaient un peu dubitatifs : c'était vraiment cet endroit qu'il comptait reprendre ?...
- Du calme, les enfants, du calme, fit Rintaro, le sourire aux lèvres... Vous allez voir...
On prit l'apéritif, puis Rintaro commanda à manger.
Les serveurs, énervés couraient dans la pièce en évitant les gobelets qui volaient régulièrement à travers la pièce.
Maya avala un bol de riz sur le pouce, puis se leva et alla s'asseoir... au milieu des joueurs de dés !
Rintaro se rongea un ongle, déjà plus nerveux :
- Maintenant, on va voir ce qu'on va voir...
Maya s'assit entre deux soudards. Sa silhouette n'échappa à personne, d'autant qu'elle était vraiment court vêtue. Les croupiers, agenouillés torse nu de l'autre côté de la planche de jeux, essayaient de ne pas se laisser distraire.
Maya sortit des pièces et se mit dans la partie.
- Pair !
- Pair ?... Perdu !
L'argent circulait, les mains s'agitaient, se crispaient, se serraient... Maya eut un peu de chance. Son voisin se serra bien contre elle et lui proposa de s'associer avec elle pour faire des mises communes.
- Pourquoi pas ?... dit Maya, d'une voix irrésistiblement aguicheuse.
Elle aurait pu demander en échange à son voisin de grimper au plafond, il l'aurait fait !
Autour d'elle, les provocations devinrent de plus en plus égrillardes. Alors que l'ambiance s'échauffait, son voisin finit par se faire sortir, et un bellâtre, avec des tatouages d'un des gangs les plus importants de la ville, vint s'asseoir à côté d'elle, et dit qu'il prenait la place de son prédécesseur, comme "partenaire" de jeu. Maya se montra tout aussi gentille avec lui, son regard promettant pour bientôt d'autres jeux encore plus excitants. Le gang sifflait et se rapprochait de Maya, mais leur chef, le bellâtre, les écarta rudement, leur ordonnant de continuer à jouer de leur côté.
Il commençait à y avoir des débordements. Un des vigiles fut jeté à terre, et roué de coups. On repoussa dehors tant bien que mal plusieurs soulards et on parvint à traîner jusqu'aux cuisines le blessé. A la table de jeu, un des hommes du bellâtre accusa carrément un des croupiers d'avoir triché. Le croupier quitta la table, et les yakuzas en profitèrent pour rafler une belle somme. Une bagarre débutait près des cuisines.
A la table de Rintaro était venu s'asseoir un petit homme aux cheveux rares, le visage tendu. Patron-san mangeait, insouciant de l'ambiance.
- Alors, tu es satisfait de ton établissement ?
- Tu es une crapule, Rintaro...
- Tss, ne sois pas mauvaise langue, mon ami. Mes hommes sont auprès de moi, et ils se tiennent sages comme des images... Ce n'est pas moi qui suis responsable de ce tout ce bordel...
- Je sais ce que tu vas me demander...
- Tu sais, je ne te chasse pas de chez toi. Tu resteras le patron... Un patron respecté, enfin.
On entendit une droite partir, et un poivrot finit sa chute la tête dans l'assiette de Rintaro ! Manji l'attrapa par les cheveux et le repoussa. Le soulard grogna, attrapa une bouteille vide et repartit à l'attaque...
C'est à peine si on s'entendait parler à la table de Patron-san.
- Je veux connaître tes conditions, Rintaro...
- Il n'y a pas de conditions mon ami, cria Patron-san pour couvrir le bruit, je te promets juste le retour du calme chez toi.
A la table de jeu, Maya racontait qu'elle avait de grands talents en arts martiaux. Les hommes du gang hurlèrent de rire et lui dire de faire une démonstration. On lui apporta une petite table et elle dit qu'elle serait capable de la briser à poings nus. On s'esclaffa et on la regarda faire. Maya se concentra et frappa violemment du poing dessus.
Rien ne se passa.
On attendait.
Elle se dépêcha de porter un deuxième coup, comme si le premier n'était qu'une préparation. Mais elle se fit encore plus mal au poing et gémit de douleur. Rigolade générale !
Maya se dépêcha de partir.
Manji et Katon étaient rouges de honte ! Rintaro fit comme s'il n'avait pas vu.
Les deux vigiles de l'entrée furent repoussés par une autre bande de yakuzas, ennemie de celle du bellâtre, qui venait en découdre.
Effrayé, le patron constata ce qu'était devenu son établissement : un champ de bataille !
- Ça va, dit le petit homme, humilié, tu as gagné, Rintaro.
- C'est vrai ? Tu me laisses La divine chance ?
- Oui...
- Bien alors, maintenant je suis entre mes murs, si je comprends bien !
- Oui, Rintaro...
- Manji, Katon ! J'ai l'impression qu'il y a des emmerdeurs dans ma maison de jeux !
- On s'en occupe patron !
Les deux rônins se levèrent et s'interposèrent entre les deux gangs qui s'apprêtaient à repeindre les murs de leur sang.
- Messieurs, vous ne semblez pas ici pour jouer, dit poliment Manji. Veuillez vous rendre à une table, ou bien quitter ces lieux...
- Qui c'est cet abruti ! Dégage, tafiole, avant que je te refasse le portrait !
- Messieurs, vous ne comprenez pas... Vous êtes dans une maison de jeux ici...
Le yakuza, excité par l'alcool et ses camarades s'avança vers Manji. Le rônin avait dégainé le premier et lui trancha la main.
Ce fut la curée ! Les autres se lancèrent sur le rônin ! Le pauvre Manji fut vite débordé : il dut reculer, non sans s'être fait taillader le bras !
Katon, affolé, invoqua son katana de feu mais la bande du bellâtre s'y mit à son tour ! Les deux rônins étaient pris entre les deux groupes !
Manji prit un coup dans l'épaule.
- Assez, hurla Katon. Assez !
Il fit disparaître son sabre, se jeta sur le côté, et, en quelques mouvements de main, prépara une invocation : du doigt, il visa le bellâtre. L'instant d'après, la foudre, éblouissante, assourdissante, s'abattait sur lui !
Le bellâtre fut rôti comme un poulet !
La stupeur, l'étonnement... Des dizaines de paires d'yeux exhorbités contemplaient Katon, qui haletait.
- Allez, dehors ! Tous ! ordonna Manji.
Inutile de préciser qu'en peu de temps, l'établissement fut vidé !
Déjà, les domestiques lançaient des seaux d'eau vers le plafond, qui avait pris feu. L'incendie fut circonscrit.
Du dehors, on pouvait déjà admirer l'énorme trou qui avait fait dans le toit. Les hommes de son gang eurent le droit de venir récupérer le cadavre calciné du bellâtre...
Katon fit craquer ses doigts et sortit dans la rue. Effrayé, tout le monde s'enfuit.
- Et tu espères faire revenir la clientèle après ça ? dit l'ancien patron.
- Mais oui, ne t'inquiète pas, dit Rintaro. Regarde cette fille, Maya, elle va en attirer du monde ! Elle n'est pas si habile que ça en arts martiaux, mais les clients ne viennent pas pour ça ! Non, fais-moi confiance, les gens que je recrute sont tous du tonnerre !
Deux jours plus tard, La divine chance rouvrait et, après des débuts timides, fit rapidement salle comble.
A suivre...
