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8e Episode : Au château de la honte
#11
Nous sommes les crabes sur la montagne!!!
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#12
Nous sommes les Crabes sur la MurailleAloy

On tanne le jour ! On tanne la nuit !
Et on aime pas trop les Doji !biggrin
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#13
Que l'alcool coule à flot!!!!
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#14
Quote:Que l'alcool coule à flot!!!!

la magie des sugenjas crabe doit être basée sur cet élément.
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#15
Après les tensai phénix, il y a le tensai crabe, le tensai du saké!
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#16
Sake-sama ^^

C'est un avantage à 25 points. Tu es honoré partout où tu vas comme une divinité. ^^
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#17
Suite : première nuit sur la Muraille, combat contre les Rampants.
http://forum.mamarland.info/ind...ost&p=45867
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#18
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Après ce premier combat sur la Muraille, nos héros profitèrent du congé accordé par leur supérieur. Ils découvrirent les lieux de plaisirs de la famille Yasuki, dans les terres en retrait du front de la Muraille.
L'industrieuse famille marchande avait aménagé des petites cités entières pour le plaisir et le divertissement des guerriers. Il y avait seulement quelques années que les Yasuki avaient rejoint le clan du Crabe, après être parti de chez les Grues, à la suite de nouvelles levées de taxes considérées comme injustes par les marchands.
C'était la première fois qu'une telle rupture se produisait à Rokugan : il s'en était suivi une longue guerre entre Crabes et Grues, où les défenseurs de la Muraille purent voir l'intérêt des convois marchands pour l'acheminement rapide du matériel au combat, et pour les renseignements rapides et discrets sur les forces ennemies. L'Empereur en personne avait mis fin à cette guerre, en signant un décret interdisant dorénavant un clan majeur de faire la guerre à un autre.

Mitsurugi ne dessaoula pas pendant près de trois jours, et eut toutes les filles qu'il voulait. Sasuke s'amusa bien avec lui mais sans aller aussi loin dans la débauche. Par la suite, le noble ambassadeur Mitsurugi n'eut pas souvenir de tout ce qu'il avait fait ces soirs-là, mais il s'aperçut que dans les rues de la petite ville, on le regardait de travers, parfois en souriant. Et de nombreuses filles semblaient le reconnaître.
La BEC mangea et but comme si l'Outremonde allait emporter l'Empire le lendemain ; Yatsume fut plus modérée, et quant à Maya, elle faillit avoir une indigestion après un bol de riz entier arrosé d'une larme de saké.

Samurai

Il était bientôt temps de reprendre la dure route de la Muraille. Nos héros finissaient de dégriser et faisaient leur paquetage, accablé par la longue marche qui les attendait, et surtout par les épreuves au bout. C'était la journée de la gueule de bois, une journée qui plus est grise et pluvieuse, de celles qu'on ne voit pas passer tant elles sont moroses et ne se distinguent pas d'un mauvais sommeil.
C'est alors qu'un samuraï, qui portait le mon de la famille Kuni, se présenta dans l'auberge où nos héros prenaient une collation du soir. Il présenta son ordre de mission à Mitsurugi et attendit sans rien dire.
Notre pimpant ambassadeur bâilla, décacheta la lettre et prit connaissance du message. Il était signé de l'Inquisiteur Kuni Tadao. Il répéta le nom à voix haute, en regardant Yojiro et Mamoru, qui avaient le nez dans leurs bols :
- Kuni Tadao...
- J'en ai entendu parler, dit Yojiro, qui déglutissait. Un des chasseurs de sorcières les plus réputés de sa famille.
- Il ne chasse que les sorcières ? dit Sasuke.
- Cela signifie, intervint le messager haut et fort, que mon maître traque et tue tous les démons de l'Outremonde qu'il peut traquer et tuer.
- Parfait, parfait, dit Mitsurugi. Ton maître nous invite à venir le voir dès ce soir. Comment te nommes-tu ?
- Mon nom est Hida Goemon. Je suis le garde du corps et l'assistant de l'Inquisiteur.
- Bien. Va lui dire que nous arrivons.
Le Crabe claqua des talons et attendit à l'extérieur de l'auberge.
Intrigués, nos héros laissèrent leurs affaires à l'aubergiste et suivirent Hida Goemon. Celui-ci marcha devant eux sans ajouter un mot et les conduisit dans une grande demeure à la sortie de la ville.
Nos héros entrèrent, se déchaussèrent et se firent servir une tisane brûlante par une servante muette.
L'Inquisiteur entra : c'était un homme d'âge mûr, qui avait deux vilains cicatrices sur les joues, et des poils de barbe qui peinaient à repousser par-dessus. Un crâne dégarni et un kimono rude mais élimé.
- Bonsoir, samuraï, dit-il d'une voix rocailleuse. Je m'excuse de vous déranger si tard, et au dernier moment. Mais vous apprendrez que sur nos terres, les affaires urgentes passent parfois devant la politesse.
- Nous ne te tenons pas rigueur de cette invitation, dit Mitsurugi, à qui la tisane faisait un bien fou pour soulager son mal de crâne.
L'ambassadeur nota d'ailleurs que l'Inquisiteur rajoutait une goutte de saké dans sa tisane pendant que la servante avait le dos tourné.
Il faisait encore lourd. La maison en bois était poisseuse d'humidité. On attendait à nouveau que l'orage éclate pour respirer.
- Bien, je suis enchanté de vous recevoir chez moi. C'est un honneur pour moi, et pour le clan du Crabe en son entier, de recevoir de courageux volontaires d'autres clans, qui viennent partager notre combat sur la Muraille.
Il leva sa coupe et trinqua :
- Le combat le plus important qui soit, n'est-ce pas ? Puisque si nous perdons ce combat-là, nous perdons tout...
Chacun s'inclina devant le maître de maison.
- En ma qualité de chasseur de sorcières, je désire vous confier une mission importante.
Les yeux de Mamoru brillaient d'admiration. Il voulait redevenir un explorateur et un guerrier de l'Outremonde, comme avant. Et l'invitation de cet Inquisiteur était une occasion inespérée.
- Je vais vous exposer des faits qui se sont produits récemment. Vous savz que la frontière nord de notre clan est celle qui nous sépare du clan du Scorpion. Or, j'ai lieu de croire que des présences maléfiques ont pris leurs quartiers dans une vallée proche. Seulement, en ma qualité d'inquisiteur, je ne peux bien sûr pas intervenir aisément dans un autre clan. Sans compter les réticences des Bayushi, qui ont horreur qu'on se mêle de leurs affaires. Cependant, s'il y a bien là-bas des manifestations de la Souillure, des créatures démoniaques ou ce genre de monstruosités, je serai en droit d'intervenir.
"Pour obtenir des renseignements, j'ai besoin, pour aller là-bas, de plusieurs samuraï intrépides et intelligents...
Yojiro faillit dire que l'intrépidité, ils n'en manquaient pas, mais il lui sembla que ce n'était pas tant que ça un compliment.:?
- Sous quelle prétexte irions-nous là-bas ? demanda Sasuke.
- Vous shugenja pourrez facilement trouver là-bas, dans cette vallée, un lieu de pèlerinage où vous et vos amis devez vous rendre.
- Je ne peux pas mentir sur les esprits et les Ancêtres, sourit Sasuke.
- Les Ancêtres, répondit Tadao, supporteront mieux une entorse à la vérité que nous n'agissions pas pour purger cette vallée du mal qui y réside.
- Que se passe-t-il au juste là-bas ? demanda Yatsume.
- La vallée dont je parle se nomme la vallée de la Honte. Il y a plusieurs années de cela, un déshonneur profond a frappé les différentes branches de la famille qui vit là-bas. Depuis, ils vivent en autarcie. Nul ne leur rend visite ou presque. Ils sont terrés dans leur château branlant, et la nuit, on entend parfois cris affreux retentir. Des marchands Yasuki qui se sont aventurés jusque là-bas (leur goût du lucre n'a pas de frontière !wink sont certains d'avoir aperçus des spectres et des apparitions démoniaques. D'après les descriptions plus précises qu'ils m'ont faite, je crois savoir de quel genre de monstre il s'agit, mais j'ai besoin d'être sûr avant de me rendre là-bas avec une armée.
- Et à quoi pensez-vous ? demanda Mitsurugi.
- A un ou plusieurs onis qui auraient pris le nom de gens de la famille, et qui se repaîtraient de chair fraîche la nuit.
L'Inquisiteur toussota et s'alluma une grosse pipe.
- Rien de bien compliqué en somme.
Nos samuraï finirent de boire leur tisane.
- Entendu, Tadao-san, dit Mitsurugi. Nous serons honorés de rendre ce service à la famille Kuni.
- A ma famille, mais à l'Empire lui-même. Les Crabes se battent pour l'Empire...
Nos héros furent invités à dormir dans l'auberge à côté de chez l'Inquisiteur et à partir le lendemain dans la vallée. Entre temps, Sasuke aurait trouvé un prétexte pour qu'une si étrange délégation (trois Lions, un Dragon et deux rônins !wink s'introduise chez les Bayushi.

Samurai

Trois jours plus tard, nos héros arrivaient dans la vallée.
Au poste-frontière gardé par les Bayushi, Sasuke avait dû faire preuve de son talent d'orateur pour s'acquérir la bienveillance des Scorpions.
L'Inquisiteur Tadao l'avait prévenu avant le départ, grognon :
- La vallée est en fait habitée par des membres de la famille Soshi. Mais avant, il faudra passer l'obstacle des Bayushi. Ceux-ci m'ont refusé le droit d'accéder à leurs terres. Officiellement, il ne se passe rien d'inhabituel dans la vallée de la Honte. Il faudra que vous vous fassiez accepter en tant que simples pèlerins. Pour des motifs religieux, ils devront céder. En réalité, les Bayushi savent bien que quelque chose cloche là-bas mais ils ne l'admettront pas. Bref, il va falloir ruser pour que les apparences soient sauves. Ce sont bien-là des "scorpionneries" habituelles, qui nous font perdre un temps précieux ! La vérité, c'est qu'ils comptent quand même sur nous pour déceler le mal qui se cache chez les Soshi.

Les Bayushi signèrent le laisser-passer et nos héros furent ainsi accueillis dans la vallée de la Honte. L'endroit était isolé. L'herbe était maigre, les bêtes vilaines. Les paysans avaient des têtes sinistres. Il y avait plusieurs châteaux en ruines. La maison familiale était elle-même peu reluisante. Bâtie sur un plateau auquel on accédait par un chemin escarpée, elle était bâtie en grosses pierres, sans décoration.
Sasuke se présenta le premier à l'entrée, pour expliquer que ses amis et lui venaient en pélerinage, se recueillir sur demande des Ancêtres. Les shugenjas du Lion étant connus pour leur affinité avec les esprits des disparus, les Soshi crurent Sasuke, alors que celui-ci était bien incapable de parler aux Ancêtres, et bien plus habile pour invoquer les esprits du feu !

Notre tensaï était resté évasif sur les volontés des Ancêtres, de sorte qu'ils resteraient dans la vallée pour un temps indéterminé.
La famille Soshi comptait un couple et leurs deux enfants, ainsi que le grand-père paternel. Ils étaient aimables et polis, mais il pesait sur eux une indicible fatalité. Ils semblaient résignés à leur sort, c'est à dire à une vie sans gloire dans ces terres ingrates. Ils ne participeraient ni aux intrigues diplomatiques de leur clan ni à des batailles qui les rendrait immortels. Ils vivraient et mourraient dans ces lieux sans attrait.
Les deux rônins purent dormir dans la grange, près d'une petite rivière. Pendant ce temps, Mitsurugi décida de jouer son rôle de son mieux, et se mit bien avec les parents. Quant à Yatsume, elle se prit d'affection pour le grand-père, avec qui elle rejoua au go. Le vieux n'était pas si résigné que sa descendance. Il n'avait plus l'âge de l'enthousiasme mais il regrettait que son fils et ses petits-enfants n'en aient déjà plus. Il était vraiment très gentil, un vrai papy gâteau qui n'osait pas trop critiquer le reste de la famille, de peur d'être pour eux non seulement une charge mais encore une gêne.
Nos héros avaient décidé de prendre plusieurs jours pour étudier la famille.

Les Soshi n'étaient pas dérangés par ces visiteurs, non. En revanche, ils n'étaient pas non plus ravis que des étrangers viennent changer leur quotidien monotone. Déférents et distants, le père faisait de son mieux pour occuper les journées de Mitsurugi : des visites du domaine, quelques parties de chasse, des discussions sans entrain sur l'honneur, des parties de go.
La vie s'écoulait lentement, et on y redoutait par-dessus tout le changement ou l'imprévu. Mitsurugi commençait à se demander s'ils n'étaient pas mieux sur la Muraille, où ils servaient mieux l'Empereur que dans cette vallée attristante.

La BEC fit le tour du domaine à pied, sans trop savoir ce qu'ils cherchaient. Sasuke et Mitsurugi, de leur côté, ne découvrirent pas de temples maudits et n'entendirent pas parler de phénomènes anormaux. Les paysans étaient à l'image de leurs maîtres, comme si la morosité des samuraï avait déteint sur eux : laborieux, résignés, ils n'étaient pas désagréables mais n'avaient rien à dire.
De son côté, Maya n'avait pas perdu son temps : dès le second soir, elle se retrouva dans le lit du fils ! Pour eux deux, au moins, ces journées furent plus amusantes !
Le fils Soshi n'en revenait pas de ce cadeau qui lui tombait du ciel ! Jamais il n'avait connu ainsi l'amour !
Le père ne dit pas grand'chose. Il devait être content que son fils prenne du bon temps... Il redoutait mollement que Maya ne se retrouve enceinte.
Le grand-mère souriait toujours aimablement. Peu à peu, Yatsume comprit ce qui le séparait de sa famille : il n'était pas résigné comme eux. Il avait encore l'œil malicieux et pétillant. Yatsume sentait bien que si le vieux avait eu dix ans de moins...
Il raconta que sa famille n'avait pas toujours été si triste. Le malheur avait commencé une dizaine d'années auparavant. Yatsume ne comprit pas bien ce qui était arrivé. Semblait-il que le cousin du chef de famille s'était suicidé, avec sa femme et ses enfants.

Samurai

Sasuke parvint à obtenir quelques renseignements sur les Ancêtres de la famille grâce à la fille. Celle-ci proposa au shugenja d'aller voir le temple familial, le soir. Sasuke trouva l'invitation curieuse et attrayante : curieuse parce qu'on ne visite pas les Ancêtres à la tombée de la nuit, attrayante parce que s'il y avait quelques maléfices, c'était l'occasion ou jamais de le découvrir !
Ce soir-là, dans la chambre au bout du couloir, le fils dormait déjà et, à côté de lui, Maya, ne trouvait pas le sommeil. L'Ize-Zumi alla prendre l'air à la fenêtre. Sous la lumière lunaire, elle vit alors des tâches aux murs. Comme des tâches d'humidité, mais il lui semblait que celles-ci se déplaçaient ! Et on entendait aussi des grattements contre le mur. Maya comprit qu'ils devaient venir de la pièce d'à côté.
Or, à côté, c'était Yatsume qui dormait et qui, l'oreille collée au mur, entendait aussi les grattements et croyait que ceux-ci venaient de chez Maya. Dans la chambre qu'il partageait avec Sasuke, qui était celle d'après Yatsume, Mitsurugi voyait aussi les tâches et entendait les grattements.
Pendant ce temps, le tensaï partait dans la forêt avec la fille.
Dans la grange, la BEC entendit de même des gémissements, qui venaient de la maison. Grognon, Yojiro se réveilla et demanda à Mamoru ce qui se passait.
- Je ne sais pas, ça vient de la maison.
- C'est la bonne femme qui pleurniche comme ça ?... Ou Maya qui s'est fait plaquer par le fiston ?
- Je ne sais pas...
Prudemment, Mitsurugi prit son sabre et ouvrit le panneau qui donnait sur le couloir. Yatsume était là aussi.
- Que se passe-t-il ? dit l'ambassadeur à voix basse.
- Je n'en sais rien. J'ai cru que le bruit venait de votre chambre... ou bien de celle de Maya.
Mitsurugi fit signe qu'ils allaient bien voir. Yatsume s'approcha du panneau de chez Maya et l'entrouvrit prudemment. Maya était juste de l'autre côté et se préparait à espionner le couloir !
- Par les Ancêtres, cria silencieusement Mitsurugi, que se passe-t-il ?
- J'ai entendu du bruit, fit Maya.
- Oui, merci, nous aussi, dit Yatsume. Mais ça ne peut venir que de votre chambre.
Le fils ronflait pesamment.
Ils étaient dans l'aile ouest de la maison, le reste de la famille dormant dans le couloir nord.
- Il faut aller voir, dit Mitsurugi, du côté de chez les parents.
Les grattements reprenaient. Nos héros collèrent l'oreille aux murs.
- Pas de doute, dit Yatsume. Les grattements viennent bien de l'intérieur des murs !...
Mitsurugi blêmit. Il y avait une malédiction sur cette bâtisse.

Par la fenêtre du couloir, Yatsume vit que la BEC était à la porte de la grange, et leur fit signe de venir. Elle ouvrit en silence la petite porte du bout du couloir et les deux rônins entrèrent. Le fils ronflait toujours, et nos héros se dirigèrent vers les chambres des parents et du grand-père. Yatsume priait pour que ce dernier, qui était si bon, n'ait rien à voir dans cette malédiction.
Mitsurugi attacha son fourreau à sa ceinture et pria les Ancêtres pour qu'il n'arrive pas malheur à Sasuke.

Samurai
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#19
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'ÉMERAUDE

Sasuke et la fille des Soshi étaient descendus par le petit sentier qui menait du plateau escarpé à la forêt du domaine. C'est au cœur de ces massifs d'arbres centenaires que se trouvait un étang, avec un autel consacré aux Ancêtres. Il n'y avait presque pas de lune ce soir-là. I fallut donc se diriger à la torche. Sasuke et la fille s'agenouillèrent devant le temple et notre shugenja récita des prières pour convoquer les Ancêtres. Les incantations n'eurent presque pas d'effet. Sasuke sentait que les esprits étaient proches, tapis dans les bois mais ne s'approchaient pas.
Ce ne devait pas être la bonne période. Notre héros dit qu'il regretta que les Ancêtres n'aient pas voulu venir ce soir. Ils remontèrent au château sur le chemin qu'un mauvais vent balayait.

Au château, nos samuraï s'étaient réunis autour de Mitsurugi. Ils approchèrent du couloir des parents ; le parquet menaçait de grincer à chacun de leurs pas. On n'entendait plus les bruits de grattement dans les murs.
Mitsurugi hésita puis dit :
- C'est ridicule... Nous sommes debout, dans cette posture honteuse si on nous trouvait. Retournons nous coucher. Je vais attendre le retour de Sasuke. Je pense que nous nous faisons des idées.
Les samuraï obéirent, mais ils ne purent pas s'endormir tant que le shugenja ne fut pas rentré des bois. C'est seulement quand Sasuke ouvrit le panneau de sa chambre commune avec Mitsu que ce dernier fit signe à ses amis que tout allait bien. Maya finit sa nuit avec le fils dans sa couche, Yatsume dans sa chambre et la BEC dans la grange.
Sasuke s'allongea, songeur et raconta sa nuit :
- Etrange... Les esprits des Ancêtres ne voulaient pas approcher...
- Tu leur as fait peur ? dit Mitsurugi.
- Moi, non, je ne crois pas. La fille, en revanche...
- Que veux-tu dire ?
- Je me demande si ce n'est pas à cause d'elle qu'ils refusaient de me parler.
Mitsu raconta les phénomènes aperçus, les tâches et les grattements.
- L'Inquisiteur ne s'est pas trompé, dit Sasuke. Il y a quelque chose de malsain dans cette vallée.

Samurai

Le lendemain, nos héros observèrent attentivement la famille et les serviteurs. Il n'y avait rien de changé dans leurs attitudes. Mitsurugi pressa Yatsume pour qu'elle en apprenne plus du grand-père.
C'est ainsi que l'après-midi, lors d'une partie de go, notre héroïne osa s'enquérir de l'histoire de la vallée. Elle amena le sujet en douceur, pour ne pas brusquer le vieillard. Celui-ci, trop heureux qu'une jeune femme s'intéresse aux terres de ses ancêtres et de sa famille, se montra plutôt loquace. Pendant ce temps, Mitsurugi passait une fin d'après-midi terne avec les parents, la femme cousant et le mari s'occupant à nettoyer ses armes. Notre héros prit le premier prétexte pour aller se coucher.
- Il faut savoir, disait le grand-père, que notre vallée a connu un grand malheur. Je ne vous souhaite pas de rester ici trop longtemps, pour être sincère avec vous.
- De quel malheur parlez-vous ?
- Le malheur du château de la honte, soupira le vieillard. Il y a dix ans de cela, le cousin de mon fils a subi un revers cuisant à la guerre. Étrangement, il n'a pas obtenu l'autorisation de faire seppuku...
Le vieillard chuchotait et regardait autour de lui, comme si les murs avaient des oreilles.
- Il s'est donc retiré dans son château, et un matin, on l'a retrouvé dans le pierrier au pied du mur nord-est. On a dit que c'était un accident, mais le fait est qu'il s'était sûrement jeté du chemin de rondes. Le magistrat a estimé que la honte qui pesait sur la famille était trop grande, et il a dit à la mère qu'elle devait suivre son mari, de même que les enfants... Ils ne pourraient pas vivre avec un père et un mari qui avait fini de façon ignominieuse. La mère s'ouvrit la gorge et on fit boire un thé empoisonné aux enfants, qui partirent dans leur sommeil...

Ce n'était pas la première fois que Yatsume entendait ce genre d'histoires sinistres dans les familles, mais il était terrifiant de penser que certains en arrivaient à une telle déchéance... Depuis, ce château, qui est sur le plateau au-dessus de nous, se nomme le château de la Honte et a donné son nom à la vallée.
Le grand-père soupira de nouveau. Yatsume commençait à se demander s'il n'avait pas compris le véritable objet de la visite des Lions. On ne faisait pas habituellement ce genre de confidences à des étrangers accueillis pour la première fois. Le vieux avait sûrement deviné ce qui se tramait et il devait estimer meilleur de dire la vérité.
Yatsume le remercia... pour la partie de go, et alla à sa chambre. Elle alla ensuite taper à la porte de Mitsurugi, qu'elle mit au courant de ce qu'elle venait d'apprendre.
Sasuke était au fond de la pièce, en train de se concentrer pour lancer un sort.
- Très bien, chuchota Mitsurugi, je vais l'avertir dès qu'il aura fini.
Et il referma le panneau.
Sasuke fermait les yeux et serrait ses deux mains l'une dans l'autre. Puis il étendit les paumes devant lui et un rayon de lune du début de soirée pénétra dans la pièce : une latte du plancher fut brièvement éclairée.
Sasuke termina le rituel par un remerciement aux Fortunes et dit à Mitsurugi de prendre un canif. Les deux hommes soulevèrent un bout de latte, et en-dessous, trouvèrent une petite cache avec un fourreau vide.
Sasuke fit signe à Mitsu de ne pas toucher cet objet. Le shugenja le prit avec un mouchoir. A la lumière de leur petite lampe, ils examinèrent l'objet : un fourreau, aux couleurs de la famille Soshi.
Sasuke fit quelques manipulations magiques :
- Il renferme de la magie, affirma-t-il.
Mitsu dit à Yatsume de venir raconter de nouveau son histoire. Sasuke écouta et dit :
- Je vais me rendre à ce château, là-haut.
- Maintenant ?
- Oui, bien sûr. La nuit est le meilleur moment, non ?
- Prends quelqu'un avec toi.
- D'accord. Dites à Mamoru de m'accompagner. Il m'assistera dans mes recherches.
Sasuke se rhabilla et retrouva le rônin dehors, fin prêt pour cette expédition nocturne.
- Faites attention où vous mettez les pieds, dit Yojiro.
Pendant que les deux hommes partaient dans la nuit, Maya, sans souci, restait dans sa chambre avec le fils. Pendant ce temps, Mitsu fit du thé pour Yatsume, pendant que Yojiro profitait du confort des bottes de foin.

Mamoru et Sasuke revinrent après le coucher du soleil, tremblants.
- Alors ? demanda l'ambassadeur.
- J'ai préféré que nous ne restions pas dans ce château après le coucher du soleil, dit Sasuke. Il y fait vraiment trop malsain.
- Ho, ça c'est vrai, dit Mamoru, sa grosse carcasse pas rassurée.
Mitsu les regarda, suspicieux : ils avaient les pétoches !
- Bon, nous n'allons pas tarder à faire une expédition en règle là-haut. Le caractère malsain de ce pays est avéré. Reste à découvrir l'origine de cette atmosphère morbide.
- Il y a cette malédiction, avec ce que la famille a subie.
- Il faut que je retourne interroger les Ancêtres, dit Sasuke. Eux me diront vraiment ce qui se passe ici.

Samurai

Le soir-même, on entendit à nouveau des grattements, des gémissements, qui venaient des murs. Et des tâches se déplaçaient, certaines presque de la taille d'une tête... Nos héros eurent du mal à dormir. C'est comme si on les appelait de l'intérieur du mur. Sasuke tenta de parler avec ces esprits domestiques mais n'obtint pas de réponse. On crut entendre passer des silhouettes dans le couloir. Cette fois, Maya se déplaça et fouilla les chambres, à la recherche "d'indices", sans rien découvrir.
- Que se passe-t-il dans cette maison ? dit Yatsume.
- Je ne sais pas, dit Sasuke, mais demain soir, croyez-moi, on sera fixés.

Le lendemain, nos héros, fatigués par leur nuit, n'osèrent pas se plaindre à leurs hôtes, mais Mitsurugi annonça qu'ils partiraient bientôt, "pour ne plus troubler ces lieux". Sasuke demanda à parler de nouveau aux Ancêtres, et la fille accepta. Elle dit qu'elle accompagnerait le shugenja le soir-même. Et Sasuke fit passer à Mamoru le message pour qu'il les accompagne.
A la tombée de la nuit, les deux samuraï et la fille partirent vers l'étang des bois et retrouvèrent l'autel.
- Décidément, les Ancêtres ne veulent pas nous parler, dit Sasuke après des prières rituels.
La fille haussa les épaules.
- Sans doute parce que nous sommes des étrangers, ajouta le shugenja.
Mamoru inspectait les bois. On sentait la présence de plusieurs créatures.
- Ecoutez, dit le shugenja à la fille, nous ne voudrions pas vous retenir inutilement. Si vous désirez revenir au château avant qu'il ne fasse nuit noire, nous pourrons rester ici, mon rônin et moi.
- Comme vous voudrez.
Elle n'avait pas fait les politesses d'usage, qui auraient dû consister en un refus poli de laisser des invités seuls. De plus, il n'était pas normal qu'elle accepte de rentrer seule en pleine nuit.
- Alors à tout à l'heure, dit Sasuke.
La fille s'éloigna sans rien dire.
Restés seuls, les deux hommes s'agenouillèrent devant le temple.
- Je parierais fort que les Ancêtres vont être maintenant plus loquaces...
Le shugenja se concentra pour appeler les esprits des morts.
Mamoru entendit alors des branches craquer derrière et se retourna juste à temps : une créature de forme humaine, mais aux traits difformes, d'énormes griffes au bout des doigts, lui sauta dessus en poussant un hululement strident. Le rônin lui cassa proprement la tête d'un coup de sabre. Il en surgit d'autres, qui avancèrent lentement en cercle autour de nos héros.
Sasuke se concentra et leur expédia quatre boules de feu en même temps, et les ignobles choses brûlèrent dans les bois sombres.
Il en venait d'autres :
- Occupe-toi d'eux, dit Sasuke.
Et il partit en courant après la fille. Il la retrouva plus loin sur le chemin. Elle marchait la tête basse, en geignant. Le shugenja l'interpella et s'approcha : elle se retourna, le visage défiguré, grotesquement allongé et lui sauta dessus. Notre héros invoqua en un éclair un sabre de feu et lui brûla le visage puis la trancha en deux au niveau du bassin.
Le monstre s'abattit dans un hurlement sinistre. Des bruits de combat venaient des bois : Mamoru haletait, submergé par une dizaine de créatures féroces surgies du fond du bois. Sasuke revint dans la mêlée, et abattit son sabre de feu sur ces horreurs. Mamoru avait pris une vilaine blessure au bras droit et à la jambe. Il s'assit sur un rocher et se fit deux garrots en déchirant sa manche.
- Je vais chercher du renfort ! dit Sasuke.
- Je vous attends ici, dit Mamoru.
Le shugenja était conscient du danger couru par le rônin mais ce n'était plus le moment d'hésiter. Sasuke courut vers le château. Alors qu'il passait près d'une rivière, il vit soudain la fille, sous ses traits monstrueux, lui sauter dessus !
Il fut jeté dans l'eau et y perdit son sabre. Elle tentait de l'étrangler en hurlant, et Sasuke réalisa, horrifié, que ce n'était que le haut du corps qui s'acharnait sur lui ! Les viscères pendaient en bas du bassin et s'enroulait autour de la poitrine du tensaï pour l'étrangler !
Plusieurs fois, Sasuke manqua de se noyer, maintenu sous l'eau par la poigne extraordinaire de ce démon. Notre héros invoqua les pouvoirs du feu et broya le visage du monstre dans ses mains enflammées. Il la frappa encore plusieurs fois, et ressortit de l'eau, haletant. Il tomba à genoux et absorba de l'air tant qu'il put. L'ignoble créature, carbonisée, était emportée par le courant.
Mamoru arrivait en boîtant et Sasuke lui fit signe qu'il allait bien. Le shugenja reprit son souffle et remonta au château. Nos héros le virent arriver, trempé, blessé. Mitsurugi tira son sabre, épaulé par Yatsume, Yojiro et Maya. Ils coururent dans la salle de réception, pour exiger des explications des parents. Ceux-ci, occupés près du feu, relevèrent la tête et montrèrent leurs faces monstrueuses et difformes. Ils sautèrent sur nos héros, qui les taillèrent en pièces impitoyablement. Il les démembrèrent et, comme ils remuaient encore, les jetèrent dans la cheminée, où, dans un dernier cri d'agonie insoutenable, ils partirent en fumée.
Sasuke attisa les flammes et une âcre fumée noire se dégagea longtemps, ce soir-là, de la cheminée, qui ressembla à une évacuation de quelque repaire infernal.
- Terminons-en, dit Mitsu, allons au château de la Honte !

Le grand-père et son petit-fils, l'amant de Maya, entrèrent dans la pièce. Nos héros brandirent leurs armes sur eux :
- Mais que se passe-t-il ici ? dit le vieillard.
Ils avaient l'air vraiment humains.
- Nous sommes envoyés par l'Inquisiteur Kuni Tadao, dit Mitsurugi, pour mettre fin à la malédiction qui règne sur cette vallée. Et il semble que nous allons devoir y mettre fin par la lame et par le feu !
Le grand-père défaillit et fut rattrapé par son petit-fils.
- Attendez-nous ici, ordonna Mitsu.

Nos héros prirent ensuite le sentier étroit qui montait au château d'au-dessus. En chemin, Yatsume expliqua qu'elle avait appris du grand-père que le cousin, après son suicide, avait envoyé son daisho au père de famille.
- La malédiction s'est transmise par là, dit Sasuke. Et les esprits de la maison doivent être ceux de la famille qui s'est suicidée et qui est morte dans la honte. Ils sont revenus hanter leur famille...

Nos héros arrivèrent au pied du château, qui était envahi de grosses fumées noirâtres, qui se dégageaient par toutes les fenêtres, comme si des narines d'animal monstrueux fulminait rageusement.
- Il faut purger cet endroit de sa malédiction, dit Mitsu. Pas d'hésitation !
Nos héros rentrèrent en fracassant la porte et se heurtèrent à plusieurs démons qui avaient possédé les anciens serviteurs du château ! Les samuraï en firent de la charpie et passèrent sur leur corps. Leur charge héroïque les amena à la grande salle de réception du château, où ils trouvèrent, posé sur un présentoir, le katana du père suicidé.
- Le katana de la honte, dit Yatsume.
- Ecartez-vous, dit Sasuke.
Le shugenja réunit ses deux poings au-dessus de sa tête, les enflamma et les abattit sur le sabre, qui fut fracassé. Les morceaux de lame se mirent alors à vibrer et Sasuke recula, juste avant que des formes déchirées s'en échappent dans un hurlement collectif. Elles tourbillonnèrent dans la pièce, de plus en plus vite, et foncèrent vers la sortie. Nos héros eurent juste le temps de s'interposer : intuitivement, ils avaient compris qu'il fallait éviter que ces horreurs ne s'échappent !
Il y avait six créatures distinctes, qui avaient la forme de nauges de guêpe ou de poix gluante. Sasuke en frappa une de son poing enflammé, et la fit éclater et se consumer. La BEC en fracassa une autre, qui s'abattit à terre, où elle se fit trancher et aplatir par le sabre de Yojiro et le tetsubo de Mamoru. Yatsume, Maya et Mitsu arrivèrent à en abattre une troisième, mais trois autres s'échappèrent, tournèrent follement devant le château et partirent dans les airs plus vite que le vent.
Yojiro et Mamoru soutenait Sasuke, qui était à bout de force, mais trouva encore la force d'attiser les esprits du feu, qui ravagèrent bientôt le château entier.

Les flammes dévorèrent les bâtiments, toute la nuit, pendant une journée complète et une nuit encore. Au matin, le château de la honte n'était plus qu'une ruine branlante, que le vent finit d'abattre.
Nos héros retrouvèrent l'Inquisiteur Kuni Tadao et sa troupe armée, qui allaient finir de purger la vallée de la Honte. Ils racontèrent par le menu ce qu'ils avaient vu, des esprits enfermés dans les murs à la possession démoniaque de la famille.
- En avant, dit l'Inquisiteur.
Pendant la semaine qui suivit, il y eut encore de nombreux bûchers et plusieurs villages furent incendiés, sa population rôtie jusqu'au dernier, jusqu'à ce qu'il n'y eut plus âme qui vive.
Les Bayushi ne dirent rien quand Kuni Tadao, ses hommes et nos héros, repassèrent la frontière vers le sud. Les Scorpions jetèrent un oeil vers la vallée de la Honte, où les dernières flammes s'étaient éteintes avec les derniers cris d'agonie des suppliciés, et où ne rôdaient plus que les bêtes sauvages.



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#20
Les aventures de nos héros sont toujours aussi agréable à lire, bravo samuraiSamurai2
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