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Topic des personnages - annexes
#11
Les deux femmes arrivèrent bientôt à la lisière de la forêt. Là Feiyan fut soulagée de voir que son cheval l'attendait tranquillement, mais il était loin d'être seul, ses compagnons de l'expédition étaient arrivés et se trouvaient là en pleine discussion avec ceux de Rin.

- Ah vous voilà, je note que vous ne m'avez pas écouté, fit Gintoki avec un faux air de reproche.

- Je suis désolé, je pensais pouvoir l'attraper. Je n'ai réussi qu'à le blesser mais je l'ai perdu dans la forêt.

- Votre courage est louable, mais il doit pas remplacer le discernement, Feiyan-san, intervint le lieutenant Junzo qu'un large bandage enserrait. Il y a des combats qu'on ne peut mener, comme on ne charge pas à travers une tempête de sable, on ne s'aventure pas seule comme cela dans la forêt de Shinomen. Vous avez eu de la chance que le Lieutenant Rin vous ait trouvé avant qu'il n'arrive un malheur.

Feiyan s'inclina devant la samurai-ko.

- Merci pour votre assistance.

- N'en parlons plus, et vous avez plus urgent, j'ai bien vu que vous étiez blessée.

- Voilà ce qui arrive quand on ne m'écoute pas, intervint le sensei, venez par ici que je vous remette d'aplomb.

- Et ne vous inquiétez pas trop pour celui qui a filé, si en plus vous l'avez blessé il ne sortira pas vivant de la forêt, lança Junzo tandis qu'elle s'éloignait.

Les Licornes avait payé un tribut de sang pour la destruction de la troupe d'Hujik-Hai, deux des samouraïs de l'expédition étaient morts et plusieurs étaient blessés. Après s'être occupé de Feiyan le sensei passa le reste de la journée à soigner les entailles et les fractures. Pendant ce temps, avec l'aide des Faucons, les hommes valides avaient ramené les deux frères d'armes tombés au combat et selon la tradition avaient monté les buchers pour incinérer les dépouilles.

Feiyan fut dispensée de la tache sous le prétexte de sa blessure et malgré ses protestations. Pour se rendre utile elle alla s'occuper des chevaux qui broutaient l'herbe grasse en bordure de la forêt. Après avoir donné les consignes à ses hommes, Rin la rejoignit bientôt.

- Ce sont vraiment des animaux extraordinaires, fit-elle admirative devant le cheval de la jeune Utaku.

- Oui, ils font la fierté de notre famille, les secrets de leur élevage est jalousement gardé.

- On les dit féroce au combat.

- Oh ils le sont, ils sont habitués à charger au cœur des batailles et n'ont peur de rien. Mais au fond, ils ont eux aussi cette bonté inconditionnelle des chevaux, une bonté qui n'attend rien en retour. Seulement de rendre le monde un peu plus serein.

Elle avait parlé autant pour Rin que pour l'animal qu'elle flattait affectueusement.

- J'y pense, vous m'avez dit dans la forêt que les esprits étaient en colère Rin-san. Savez-vous pourquoi le sont-ils ?

- Oui, répondit sombrement la samurai-ko. Nous le savons.

Feiyan continua de caresser sa monture en attendant que Rin continue.

- Pour son Harmonie, le Guide a besoin des machines des Kaiu. Parce que derrière tous les beaux discours, le commerce avec les Gaijins et son fameux progrès, c'est dans la puissance militaire de la Tortue que réside le cœur de son pouvoir.

- J'ai entendu dire que leurs armées gagnaient peu à peu le combat contre l'Outremonde.

- Oui c'est vrai, je ne dis pas qu'il utilise cette puissance à mauvais escient, les victoires contre les forces maudites sont une bonne chose pour l'Empire. Mais elles ont un prix. Pour construire et alimenter en charbon leurs grands bunrakus, les Kaiu ont besoin de toujours plus de bois et de minerai. Et pour cela ils ont commencé il y a plusieurs années à couper la forêt de Shinomen au Sud.

Feiyan sentait que la chose était pour Rin comme une blessure ouverte.

- Peu à peu ils avancent plus profondément, abattant des arbres centenaires, creusant des mines là où les esprits de la nature séjournaient depuis le début du monde.

- Les esprits chassés sont donc plein de ressentiment.

- Oui mais ce n'est pas tout, c'est l'équilibre même entre les hommes et la nature qui vacille sous leurs coups.



Plus tard lorsqu'Amaterasu s’apprêtait à se retirer, tous se recueillirent devant les buchers allumés pour les morts. Le vieux sensei plus sérieux qu'à son habitude récitait des prières aux ancêtres et offrait de l'encens aux esprits pour qu'ils escortent les âmes des morts vers le Yomi.

A la nuit tombée, l'ambiance autour des feux de camps était plus détendue, les membres de l'expédition riaient et faisaient semblant de jalouser leurs compagnons partis aujourd'hui. Tous savaient qu'il ne fallait pas se montrer triste car les héros tombés au combat se réincarneraient forcement plus près du Tengoku. Mais pour ceux de la troupe qui avaient perdu un ami, la voie de l'illumination avait un arrière goût bien amère ce soir là derrière les rires forcés.

Leurs hôtes du Faucon avait sorti de leur sacs des truites fraichement pêchées et les avaient partagés avec eux. Ils avaient même apporté un peu de saké qu'ils destinaient à faire offrande à un temple de la région. On convint qu'une libation aux morts du jour prenait la préséance et tous trinquèrent en leur honneur.

Feiyan et Rin s'étaient installées ensembles et discutaient des coutumes de leur clan. Gintoki les rejoignit bientôt sous les regards jaloux des autres, emportant avec lui une bouteille de sake.

- Alors, Feiyan-chan puisque vous n'avez pas daigné suivre mes conseils, racontez-moi au moins si vous avez trouvé la beauté dans la mystérieuse forêt de Shinomen.

- C'est un endroit saisissant je l'admets volontiers mais sa beauté est… âpre, je dirais.

- Il y a aussi des régions plus accueillantes dans la forêt vous savez, réagit Rin, vous devriez venir voir près de mon village, les couleurs des érables au mois du chien, l'or et le rouge, ou le calme quand elle est sous un épais manteau de neige comme nous en aurons dans quelques semaines, c'est une merveille.

- J'espère sincèrement avoir ce plaisir un jour Rin-san.

Ils avaient chacun pris une des pics avec une truite embrochée qui grillaient au feu et répandaient une odeur divine. Tout en discutant ils s'affairaient à souffler pour refroidir le poisson brûlant.

- Je vous servirai de guide Feiyan-san, je vous apprendrai à observer les animaux de la forêt, les colonies de Nihonzaru qui sautent d'arbres en arbres, la danse des Grues dans la neige ou les jeunes renards du printemps en train de jouer près de leur mère. Je n'échangerais ça contre rien au monde.

- Je vous comprends, d'ailleurs peu de temps avant notre rencontre Rin-san j'ai croisé un animal splendide.

- Ah, vous avez eu de la chance, les animaux ne se montrent pas aussi facilement aux visiteurs inexpérimentés d'habitude, dit Rin en s'attaquant à la friture appétissante.

- Oui et pourtant, il n'a pas eu peur de moi, c'était un cerf blanc magnifique, son regard était si profond, il était envoutant, continua Feiyan en mordant à son tour dans son poisson.

Elle dégustait avec plaisir ce repas délicieux que les samouraïs du Faucon avaient eu l'amabilité de partager avec eux. Un changement bienvenu après tous ces jours à se contenter de viande séchée et de petit gibier se disait-elle. Alertée par le silence discret qui s'était installé, elle releva la tête et vit que Rin la regardait surprise tandis que le senseï souriait en coin en se versant une coupe de sake.

- Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle à Rin.

- Il n'y a pas de cerf blanc dans la forêt de Shinomen Feiyan-san.

- Mais, je vous dis que je l'ai vu comme je vous vois.

- Et je vous crois, mais cet animal n'existe pas.

Feiyan resta interdite un instant en réalisant le sens de ces paroles.

- Réfléchissez-bien à ce qu'a voulu vous dire cet esprit Feiyan-chan, ajouta Gintoki après une gorgée. C'est un présage rare.


----------------------------------


Le lendemain matin, les Licornes remercièrent chaleureusement les samouraïs du Faucon. Feyian promit à Rin de revenir un jour pour la suivre dans la forêt voir ses splendeurs. Puis le groupe se mit en route en direction de la Horde Blanche qui à cette date avait déjà prit ses quartiers d'hiver près du grand lac du pétale de Chrysanthème.

Et comme pour finir d'accomplir les mots prophétiques du commandant en second Shinjo Nagori, la neige commença à tomber sur le groupe de samouraïs fourbus.
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#12
Suite et fin. Doom

Ou presque.
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#13
Oasis du croissant de lune de Dunhuang 1324 - Epilogue
[Image: gobi-desert2.jpg]


Le vent fiévreux faisait onduler le quartier de lac bleu et soulevait sur son passage une fine brume de sable. Feiyan avait remonté son tagelmust sur le visage pour se protéger. Perdue dans ses pensées elle regardait son reflet se brouiller et se reconstituer au rythme des rides de l'eau cristalline. A sa main la lettre que le messager Shinjo avait apportée plus tôt au camp de base de la Horde Blanche installé dans le grand oasis de Dunhuang.

La lettre était brève, quelques mots, choisis avec soin. Mais la main avait tremblé en traçant les signes. Ainsi ses parents la rappelaient. La nouvelle venait de renverser l'ordre du monde, plus rien de semblait se trouver au bon endroit. L'instant d'avant son destin lui apparaissait limpide, elle serait fille du désert et du vent, nourrie par la beauté de la lumière baignant l'horizon, protégeant l'Empire aux côtés de ses frères et sœurs, jusqu'à une mort forcément glorieuse dans le fracas d'une bataille. A présent ce chemin venait de se refermer, et son avenir plongeait dans une nuit incertaine.

Et par sa faute à elle. A cette sœur qu'elle avait tant aimé et admiré quand elle-même n'était qu'une petite fille. A celle qui s'échappant du dojo à la nuit tombée pour la voir, grimpait dans sa chambre par la fenêtre et passait des heures à lui raconter tout bas les grands haras, les parades des ainées, et surtout ces chevaux à nuls autres pareil.

A cette sœur qui partout l'avait précédée, et partout avait laissé des empreintes trop grande pour qu'elle y cale ses pas malgré tous ses efforts. Jusque dans le cœur de leurs parents qui ne parlaient jamais que d'elle. A cette sœur qu'elle avait fini par haïr à force de jalousie lors de ses propres années au dojo avant de comprendre que sa seule chance était de quitter cette piste pour suivre un autre chemin qui l'avait conduit jusqu'ici.

Et aujourd'hui, à l'autre bout de l'Empire cette sœur insaisissable avait pris une décision dont elle, Feiyan, allait devoir assumer les conséquences. Une bouffé de colère la saisit, contre sa sœur, contre ses parents, contre les fortunes, contre ce monde entier en somme qui s'obstinait à lui refuser une place.

Elle laissa glisser la lettre chiffonnée sur le sable et le vent bientôt la fit disparaître.
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#14
Le cerf blanc c'est le dieu de la forêt #Mononoké Amour
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#15
Oui c'était évidemment l'inspiration aime, je trouve que le thème de Mononoke sur la relation homme-nature sans manichéisme colle bien à l'univers de Iron Rokugan smile
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#16
Bien l'épilogue dans l'oasis, avec la lettre qui disparaît dans le sable. Autant en emporte le vent...
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#17
Ma foi Mamar c'est une bien belle histoire que tu nous as contée là!
Très dans l'esprit, cela nous montre ce sur quoi Feyan s'assoit dans la tumultueuse Bakufu Boidleau

Heureusement que, en contre partie, elle va pouvoir admirer les exploits de la guêpe la plus successful de l'Histoire de l'Harmonie Amour
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#18
Merci smile
Et oui, qui ne troquerait pas l'air sain de la campagne pour l'atmosphère enfumée de Bakufu biggrin
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#19
L'inspecteur Maréchal approuve !
La campagne, c'est dégueu, ça pue la bouse.

Alors que l'odeur des usines, la graisse industrielle, la vapeur des navires bave
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#20
surtout l'Acier!!!
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