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6e Episode : Deux contes d'automne
#31
On peut aussi faire comme les Tremere, pratiquer des expériences dessus twisted
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#32
Aries no Willy,13/07/2004 à 21:35 Wrote:On peut aussi faire comme les Tzymisce, pratiquer des expériences dessus twisted
Aloy

Ah non, en fait les Tremere aussi ! Boidleau
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#33
6e épisode (I) : Les deux Phénix dans l'automne couchant

Isawa Kanera, senseï de lumière

Les fines gouttes de pluie argentées piquent les nénuphars du bassin ; le vent agite les feuilles alourdies par l'eau du ciel ; les bambous taillés en biseau laissent couler l'eau des bassins sur des roches blanches ; mille fleurs brillent alors que les nuages se retirent et laissent apparaître la splendeur nouvelle d'Amateratsu. Les branchages des cerisiers, des pruniers bruissent du vent de l'automne et abandonnent peu à peu leur feuillage, tandis que des musiciennes jouent une mélodie discrête et répétitive aux promeneurs des jardins. Une légère brume fume à la surface des étangs et dans les flaques se baignent de grands reflets du monde.

L'honorable senseï Isawa Kanera, ses yeux presque fermés par les ans, méditait, assis sur un tatami près d'un simple chêne pâle, sans regarder le soleil qui faisait luire tous les bâtiments de la Cité. A côté du vieil homme, son samuraï et yojimbo, immobile, n'osant troubler la méditation du senseï.
Les deux samuraï-ko s'approchèrent respectueusement, s'agenouillant en silence devant Kanera-sama.
- Qui êtes-vous, jeunes femmes ? dit le maître, sans ouvrir les yeux.
- Mon nom est Isawa Ayame, et voici mon yojimbo, Shiba Ikky. J'ai été votre élève à l'académie, senseï.
Le vieux shugenja dévisagea les deux femmes du bout des doigts, sentant chaque trait de leur visage.
- Tu es cette shugenja qui a voyagé au pays des Licornes, dis-moi si je me trompe ?
- C'est exact, senseï. Et aujourd'hui, je viens chercher conseil auprès de vous.
Le senseï resta silencieux quelques instants. Il parut quelques instants plonger très profondément en lui-même, ou dans les profondeurs de toutes choses. Il avait développé une sensibilité surnaturelle à l'anneau du Vide. Lui et les autres shugenja affiliés à cet anneau très particulier passaient pour des sages tout à fait à l'écart même des autres shugenja. Leurs discours très mystérieux, compréhensibles par quelques initiés, n'avaient leur égal que dans les énigmes de Ize Zumi. Kanera-senseï était l'un des plus vieux shugenja du clan. Il avait atteint l'harmonie des élèments comme peu d'hommes avant lui. Nombre de grands seigneurs s'agenouillaient devant lui, subjugués par sa force intérieure.

- Ecoute-moi, Isawa Ayame. Tu reviens d'un long voyage, qui t'a emmenée plus loin que tu ne pensais, et qui t'a fait découvrir des choses inconnues, étranges, secrêtes. Des ombres observent ton chemin. Méfie-toi, Ayame !
Le vieux senseï parlait comme s'il devinait déjà les questions qu'aurait pu lui poser la shugenja. Il voyait plus clair qu'elle-même.
- Ayame, tu vois cette montagne entourée de nuages, au loin, derrière la Cité ? La montagne se transforme en nuage ; et le nuage se transforme en montagne ; entre les deux se trouve le Vide, l'impermanence et l'unité de la pierre et de l'eau. En toutes choses, cherche l'unité primordiale, comme dans le paysage Shinhuan. [Shihuan = montagne/eau]

Le vieux senseï observer, les yeux clos, autour de lui, comme pour trouver quelque vérité lumineuse.
- Méfie-toi, Ayame, car les vrais maîtres de la tromperie ne se cachent pas dans les ombres. Ceux qui se dissimulent derrière un masque, ceux qui se tapissent dans les recoins mystérieux, ne sont que des comédiens superficiels. Les vrais menteurs se montrent en pleine lumière. Celui qui doit se cacher vraiment s'expose aux regards de tous ! Ne cherche pas tes vrais ennemis cachés dans l'obscurité. Cherche-les dans le plus quotidien, le plus habituel...

Le vieux senseï était parcouru d'une colère muette en disant cela. Il crispait le poing, comme si, derrière ses paupières closes, il y voyait plus que les autres hommes. Que percevait-il qu'il ne pouvait communiquer à Ayame ?
C'est très troublé que la shugenja quitta ce jour-là son vieux maître. Elle se promit de revenir le voir bientôt.
Entre temps, elle allait mener des recherches en bibliothèque, le matin avant les cours de calligraphie à l'heure de Doji. Elle voulait profiter de ces jours dévoués à l'étude et à la méditation pour recopier et apprendre de nouveaux sorts. Mais surtout, elle repensait à une piste capitale que Kitsuki Hanbeï lui avait ouverte, volontairement ou non, (mais comment savoir avec les Dragons ?).
Le magistrat avait dit pendant leur rencontre que des paroles interdites avaient été prononcées dans les montagnes, et des textes censurés avaient été retrouvés ici et là, dans plusieurs villages. Il s'agissait d'un long poème, vieux de plusieurs siècles, dont on attribuait l'autorité à la novice d'un honorable couvent, devenue peu à peu folle, puis mis au ban de la société avant d'être poussée au suicide (voire peut-être exécutée). Dans son délire, qui allait s'aggravant, elle avait retranscrit des paroles de haine et de malédiction sur le papier, et les avait mises en poésie. Le poème de cette novice folle avait été interdit partout dans l'Empire. On avait oublié le clan d'origine de cette novice.
Ironie du sort, des versions très différentes de ce conte avait refait surface depuis un siècle, sous la forme d'un poème édifiant pour les enfants, le poème des plaintes de la novice. Il s'agissait d'un texte qui mettait les jeunes rokuganis en garde contre les monstres et les sorcières. Peu de gens connaissaient la véritable origine de ce texte...
Et Hanbeï-sama avait récolté plusieurs papiers, semés dans la montagne, où l'on avait recopié des morceaux du délire de la novice.
Dans la bibliothèque de la Cité, Ayame se mit à son tout en quête de renseignements sur la novice. Ses recherches furent peu fructueuses. Pourtant, il y avait de quoi lui mettre l'eau à la bouche. Elle put lire un court fragment de ce poème ; et elle fut sûr de l'avoir déjà lu ailleurs. Mais où ? Elle avait déjà lu ces quelques lignes, en elles-mêmes innocentes, ailleurs, et récemment. Ce n'était pas dans la version expurgée, car Ayame n'avait jamais appris ce poème dans son enfance. La shugenja eut beau fouiller dans sa mémoire, elle ne put recoller ses souvenirs.
Au bout de longues journées passées au milieu des parchemins, elle prit la décision de retourner voir son vieux senseï. Elle n'avait que trop besoin de ses conseils.
Accompagnée par Shiba Ikky, elle le trouva dans les jardins du palais, silencieux, plongé dans la contemplation de la montagne shinhuan de sa sagesse. Il ne faisait qu'un avec le vide qui sous-tend le monde. Il entendit s'approcher son ancienne élève. De nouveau, il l'écouta. Respectueusement, prudemment, elle commença à lui parler de ce poème vieux de plusieurs siècles, attribuée à une novice qui...
Le senseï eut un mouvement de colère.
- Par Isawa, tu veux me parler du Parchemin des Hurlements de la Novice !...
Ayame-san ne s'était pas trompé. Le vieux senseï ne réprima pas la colère qu'il éprouvait à évoquer ce poème. Ainsi donc, la jeune Ayame avait remis au jour ce texte qu'on croyait enfoui, oublié pour de bon. Elle qui n'était qu'une petite shugenja aux idées originales, elle avait bien changé depuis son voyage au pays des Licornes. Elle montrait plus de tenacité et de perspicacité que ses camarades, qui, à longueur d'années, se prélassaient entre les jardins, les écoles et les bibliothèques du clan. Ayame avait ramené avec elle quelque chose de ce grand souffle sauvage des plaines de l'Ouest.
- Ecoute-moi, Ayame-san, dit le vénérable Isawa Kanera. Apprends donc qu'il y a 5 siècles de cela, le pouvoir de la dynastie Hanteï fut ébranlé par une conspiration... Une conspiration odieuse, infâme, qui voulut mettre à genoux le fils du ciel en personne. Cette conspiration se faisait appeler Gozoku. Et ses membres venaient de trois des clans majeurs de l'Empire.
Le senseï fit une pause, tant il lui répugnait d'évoquer de si sombres moments de l'Empire.
- Le 1er de ces clans n'existe plus aujourd'hui, et nul ne sera jamais surpris de les trouver dans une conspiration...
Les deux samuraI-ko écoutaient avec attention. Il était très rare que Kanera-sama se laisse ainsi aller à montrer une émotion.
- Le second de ces clans est le bras gauche de l'Empereur en personne... je veux parler du clan de la Grue...
Le senseï ressentait pour lui-même la honte que représentait pour l'Empire la conspiration.
- Enfin le dernier clan est peut-être le plus noble, le plus haut dans ses aspirations, le plus dévoué à la spiritualité... il s'agit de notre clan, Isawa Ayame, le clan du Phénix...
Le senseï baissa la tête, une grimace de colère déformant sa bouche. Il aurait voulu ne pas évoquer ce souvenir.
- Et la Novice eut partie liée à cette conspiration. Elle fut une des âmes du Gozoku. Elle composa un poème qui condensait la doctrine de ces scélérats, de ces criminels à la face du divin Hanteï. Elle eut le sort qu'elle mérita, tout comme les conspirateurs... C'était il y a 5 siècles, Ayame, et l'Empire vécut son heure la plus sombre depuis la trahison de Fu-Leng. Peut-être aujourd'hui seulement nous dirigeons-nous vers des temps plus sombres... Alors ne cherche pas le poème de la Novice Folle. Oublie ce texte maudit, laisse-le au fond de nos bibliothèques. Tu n'y découvrirais qu'une doctrine impie, une scélératesse de la pire espèce. Que la Novice Folle disparaisse avec ses complices dans les bas-fonds de l'histoire...

Le senseï avait parlé. Les deux samuraï-ko s'inclinèrent, et remercièrement Kanera-sama pour ses conseils inestimables. Elles quittèrent les jardins, Ayame ayant promis de respecter l'ordre du maître.
Le soir-même, elles apprirent que des magistrats Licornes venaient d'arriver dans la Cité. Ils passeraient l'hiver sur les terres du clan, à s'instruire dans les différentes bibliothèques et à prodiguer leurs conseils juridiques aux familles Phénix. Parmi les magistrats se trouvait Ide Soshu en personne, le fameux jeune alcoolique à cause de qui la situation à Inchu avait failli dégénérer... Et il était accompagné d'un yojimbo qui n'était autre que Shinjo Kohei.
Les deux samuraï-ko allèrent saluer ces connaissances.
Une longue cérémonie de présentation et de remises de cadeaux eut lieu entre les magistrats Ide et les Phénix de la Cité du Repos Confiant. Le malheureux Kohei dut rester à genoux plus d'une heure et visiblement, des fourmis lui montaient dans les jambes.
Quand la cérémonie fut finie, Shiba Ikky invita Ayame, Kohei et Soshu-san dans son auberge préférée. Le pauvre Kohei se plaignait de devoir rester assis si longtemps. Pour un Licorne, ce n'était pas concevable. Sa figure s'allongea considérablement quand Ayame lui apprit que des shugenja et des moines restaient des jours assis, immobiles à méditer. Pour le coup, le Licorne faillit en lâcher son bol de riz. Qu'une vierge de bataille chevauche des jours entiers sans mettre pied à terre, il pouvait le concevoir, mais méditer sans remuer un cil pendant des jours, ça non, ça dépassait l'entendement !




Merwyn SAGESSE ET HARMONIE, SAMURAÏ-KO ! Merwyn
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#34
He ben, ça va certainement pas la rendre moins suspicieuse à mon égard ça Roll_fast
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#35
T'es qui ? T'es un maÿchant hein ? T'es un maÿchant ? Vilain maÿchant
\
:baton: - mais naaan...
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#36
Ouf, fin du 7e récit en ligne ! biggrin
cf edit du msg précédent.
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#37
Formidable résumé d'une partie bien riche, on en redemande tous les jours de cette qualité smile
Panda roxx définitivement
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#38
Je ne peux que plussoyer avec force! Applause

Aaaah, le Gozoku... manipulation politique de l'empereur par les Phoenix, les Grues et les Scorpions... voila un truc qui va plaire à Riobe! Injures
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#39
A noter que la Voix de Rokugan a créé un vrai supplément sur le Gozoku, digne des autres livres de L5R. Un vrai travail de maître, qu'on peut télécharger en PDF, avec des textes, des illustrations, des fiches, des règles etc. Ca force le respect car c'est aussi bon qu'un autre supplément. Pray
Je vais me plonger dans cette lecture. biggrin
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