02-11-2004, 06:45 PM
9e Episode : Cour d'hiver
5e journée
Ce fut une belle journée, par Isawa. Amaterasu nous fit la grâce d'éclairer notre hiver si froid de ses magnifiques rayons, beaux comme du miel glacé.
J'organisai un tournoi de tir à l'arc. J'avais selectionné les meilleurs tireurs de la cour, parmi lesquels Ikoma Tsuyoshi, Doji Itto, Shiba Nobuyori et Ide Soshu, mais le gagnant ce jour-là fut sans conteste Shinjo Kohei. Il visa avec une précision infaillible, et chaque flèche chassait la précédente du centre de la cible. Les autres participants s'inclinèrent devant le Licorne. Il est vrai que ce clan enseigne cette manière si particulière de tirer à l'arc. Le bushi bande l'arc très longtemps, et vise soigneusement, alors que tous les autres clans apprennent à tirer à l'instinct, comme pour le iaijutsu en quelque sorte.
Le reste de la journée se passa en conversations, en rencontres opportunes, en discussions sur les uns et les autres, en petites intrigues diverses. Asahina Masumi organisa un banquet sur l'île au milieu du lac. Y participèrent Isawa Ayame et Suzume Yugoki. J'observai de loin les deux jeunes gens, et je voyais l'air amusé de Masumi-sama, qui écoutait leurs roucoulades déguisées. Il y eut de nombreuses parties de go ce jour-là, un peu partout dans les allées du jardin. Nous avions fait disposé des plateaux ici et là, pour que des parties se lancent à l'impromptu, au hasard d'une promenade.
Doji Itto battit Kakita Hiruya, Kuni Ketedore et Kitsu Kameko.
Les cousins Isawa Kogin et Doji Kafu s'affrontèrent longuement, sous l'oeil attentif de Shinjo Kohei et Ikoma Tsuyoshi. Kafu l'emporta de peu ; Ide Soshu affronta Mirumoto Onitsugu et gagna.
Puis, j'organisais plusieurs rencontres de Kemari, ce jeu qui réunit 10 concurrents, disposés en cercle, et qui doivent se passer une balle de cuir sans froisser leur kimono cérémoniel : agilité, prestance, destabilisation de l'autre, ce sont les qualités du courtisan que ce jeu met en oeuvre. Doji Kafu remporta une première partie, de justesse contre Suzume Yugoki. Puis dans une deuxième rencontre, Doji Itto fut le dernier en lice, devant Mirumoto Munetaka.
C'est en cette fin d'après-midi que se produisit un incident assez gênant. Un blessé vint se présenter à la porte arrière du château. Je le fis aussitôt transporter vers les quartiers du clan Phénix, et je demandai discrêtement au docteur Munetaka et à la shugenja Kameko de venir soigner cette personne. Isawa Masanaga-sama fut prévenu de cette affaire, et demanda aux deux médecins de garder leur réserve quand à cette histoire. Il convenait pour le moment de ne pas l'ébruiter. Kameko-sama et Munetaka-sama jurèrent. Grâce à l'art médical du Dragon et aux Fortunes invoquées par la Lionne, le blessé fut mis hors de danger. Avec du repos, il irait mieux rapidement.
Je regrettais tout de même que cette journée plaisante fut ternie par des rumeurs quant à une épidémie de peste sur les terres impériales, et dû côté des possessions septentrionales du clan de la Grue. Doji Itto et Asahina Masumi, ainsi qu'Ide Soshu semblaient au courant de ce qui se passait. Du moins propageaient-ils les rumeurs, inquiets après reçu des courriers de leur clan.
On disait même que l'Empereur avait décidé plusieurs choses à ce sujet, et qu'il avait envoyé des émissaires d'Emeraude depuis Kyuden Asako, pour propager sa volonté.
Par tous les kamis, si nous avions su alors, quel message portaient ces coursiers !
La journée se termina par l'accueil des invités. Après eux, il ne resterait plus qu'à accueillir le vénérable senseï Isawa Kanera, le lendemain soir.
Il manquerait un invité ce soir-là, et je glissais à ceux qui s'en étonnaient (comme Ketedore-sama et Soshu-sama) qu'il viendrait plus tard.
Nous fûmes surpris de voir arriver ces invités avec une mine lugubre. J'aurais pu jurer qu'eux savaient ce que l'Empereur avait annoncé, et quelles étaient ces sombres nouvelles qui endeuillaient les alentours d'Otosan Uchi.
Mais n'oublions pas de présenter ces nobles seigneurs qui honoraient de leur présence la Cité du Chêne Pale.
Le senseï calligraphe Shiba Rosanjin était reputé pour être l'un des plus grands artisans de sa spécialité. Impitoyable à l'égard de ses étudiants, distants avec tous, d'une exigence absolue quand à l'art du pinceau, il était respecté de tous pour sa maîtrise parfaite. Il avait composé une magnifique calligraphie pour Masanaga-sama, si gracieuse qu'elle semblait imiter le mouvement même du vent et de l'eau des torrents. A vrai dire, la seule faiblesse du senseï était la gent féminine. Doji Itto voyait d'ailleurs en lui un candidat sérieux pour sa geisha.
Ide Tadaji était l'ambassadeur du clan de la Licorne à Otosan Uchi. Reputé pour son art de la conciliation et sa parfaite amabilité, c'était aussi un grand joueur de Go. J'appréciais beaucoup ce samuraï, car il était invariablement agréable et distant. Il savait nombre de choses sur tous, mais n'en abusait jamais.
Kakita Yobe était un duelliste réputé de son clan, un bon courtisan et un samuraï honorable en toutes, l'un de ces êtres voués à rechercher l'excellence en toutes choses. Il était le senseï de Kakita Hiruya, et un rival potentiel pour Ikoma Tsuyoshi. Nous étions plusieurs à savoir que les deux hommes s'étaient connus à l'Académie Kakita, et nous avions la certitude qu'ils avaient le désir d'en découdre dans un duel régulier. S'ils en venaient à s'affronter, cela promettait un duel foudroyant, rapide et parfait comme une calligraphie de Rosanjin-senseï.
Daidoji Morozane était le daimyo de la Cité de la Violence derrière la Courtoisie. D'énormes responsabilités pesaient sur ses épaules, car il avait juré à son daimyo, Daidoji Uji, de tenir face à Matsu Tsuko, qui avait juré de prendre la Cité avant la fin de l'hiver. Cela faisait un serment de trop, et déchaînait la guerre entre le bras droit et le bras gauche de l'Empereur. Daidoji Morozane vouait une haine féroce à Matsu Akinori, son voisin direct, et on disait que les deux samuraï s'insultaient du haut des remparts de leur Cité respective. Récemment, Matsu Akinori avait reçu le soutien supplémentaire de Matsu Gohei, cousin de Matsu Tsuko. De tels ennemis, par leurs seules menaces, auraient brisé le courage de plus d'un homme, mais Morozane-sama tenait bon, avec une fermeté qui honorait son clan.
Mais tous ces grands samuraï, qui sont l'élite de notre Empire, ils arboraient une figure pleine de souci ce soir-là, pour leur arrivée. Ils déclarèrent plutôt trois fois qu'une combien ils étaient honorés d'être les invités de Masanaga-sama, et j'essayais bien de les dérider. Rien n'y fit. Par Isawa, nous étions donc maudits ! Masanaga-sama se rongeait les sangs. Les temps étaient décidément bien trop inquiétants. La vieille malédiction d'Akodo résonnaient lourdement à notre souvenir...
6e journée
La raison de tout ceci, nous ne la connûmes que le lendemain matin. Tôt, dans l'aube naissante, un palanquin portant le mon de la famille Otomo arriva en vue de notre palais. Par Isawa, ce n'était pas n'importe quel invité, mais l'un des tout plus importants diplomates de l'Empereur qui se présentait à nous !
Enfin, nous allions savoir de quoi il retournait. Mais combien ce devait être grave pour qu'un magistrat se déplace, et pas simplement un coursier !
Isawa Masanaga-sama fit réunir tout le monde dans la grande salle d'honneur, je veux dire tous ceux présents dans le palais, par ordre de rang, des plus glorieux invités, jusqu'aux plus humbles serviteurs. Les rayons de dame Amaterasu ne perçaient pas encore à travers les feuillages que le magistrat se présenta dans la grande salle.
Nous étions tous inclinés bien bas devant lui, mon daimyo le premier.
- Honorables samuraï, déclara Masanaga-sama, l’honorable Otomo Ichikowa, Haut Magistrat Impérial de la Cité Interdite, conseiller personnel et cousin de l’Empereur, vient nous délivrer un message de la plus haute importance.
Honorable magistrat, nous vous écoutons.
- Samurai, prononça le magistrat en déroulant son parchemin devant lui, (et depuis, ces paroles ont pris un air d'éternité, car elles résoneront à jamais dans nos mémoires), voici retranscrites à la lettre les paroles prononcées par notre divin empereur Hantei XXXIX à Kyuden Asako, voici 2 jours :
...
Et le magistrat de saluer et de partir comme il était venu.
...
On s'imaginerait avec difficulté combien fut long le silence qui suivit cette annonce. Par Isawa, c'était comme le silence après la bataille, quand les morts agonisent et que les vaincus se sentent plus misérables que des etas. Asahina Masumi manqua s'évanouir, dans les bras de Doji Itto, qui la soutint, tandis que le docteur Munetaka se précipita vers elle, et dit que ce n'était rien de grave. Ce jour-là, beaucoup d'invités durent puiser dans des réserves insoupçonnées de courage pour demeurer impassibles comme l'exige le bushido. Je vis Ikoma Tsuyoshi serrait les dents et les poings, et contenir une rage comme seuls en connaissent les membres de son clan. Nous étions paralysés par cette annonce.
Le premier, Isawa Masanaga reprit la parole.
- Samuraï, vous avez entendu les paroles de notre divin Empereur, et vous y obéirez tous comme l'ordonne l'honneur, car vous êtes les serviteurs de l'Ordre Céleste. Nous nous inclinerons donc devant la décision du divin fils du Ciel, et nous reconnaîtrons à nouveau le clan du Scorpion parmi les clans majeurs, parmi nos frères et nos égaux, et en les rencontrant, nous reconnaîtrons la gloire et l'honneur qui leur sont dûs.
« Samuraï, je serai le premier à obéir à l'Empereur, et avec moi tout le clan du Phénix. Puissent les Fortunes et les Ancêtres nous montrer le chemin à suivre. Puissiez-vous passer une cour d'hiver agréable, je vous le souhaite de tout coeur, en mon nom et en celui du clan du Phénix.
« Bonne journée, samuraï !
GLOIRE ET HONNEUR, SAMURAI !
...
5e journée
Ce fut une belle journée, par Isawa. Amaterasu nous fit la grâce d'éclairer notre hiver si froid de ses magnifiques rayons, beaux comme du miel glacé.
J'organisai un tournoi de tir à l'arc. J'avais selectionné les meilleurs tireurs de la cour, parmi lesquels Ikoma Tsuyoshi, Doji Itto, Shiba Nobuyori et Ide Soshu, mais le gagnant ce jour-là fut sans conteste Shinjo Kohei. Il visa avec une précision infaillible, et chaque flèche chassait la précédente du centre de la cible. Les autres participants s'inclinèrent devant le Licorne. Il est vrai que ce clan enseigne cette manière si particulière de tirer à l'arc. Le bushi bande l'arc très longtemps, et vise soigneusement, alors que tous les autres clans apprennent à tirer à l'instinct, comme pour le iaijutsu en quelque sorte.
Le reste de la journée se passa en conversations, en rencontres opportunes, en discussions sur les uns et les autres, en petites intrigues diverses. Asahina Masumi organisa un banquet sur l'île au milieu du lac. Y participèrent Isawa Ayame et Suzume Yugoki. J'observai de loin les deux jeunes gens, et je voyais l'air amusé de Masumi-sama, qui écoutait leurs roucoulades déguisées. Il y eut de nombreuses parties de go ce jour-là, un peu partout dans les allées du jardin. Nous avions fait disposé des plateaux ici et là, pour que des parties se lancent à l'impromptu, au hasard d'une promenade.
Doji Itto battit Kakita Hiruya, Kuni Ketedore et Kitsu Kameko.
Les cousins Isawa Kogin et Doji Kafu s'affrontèrent longuement, sous l'oeil attentif de Shinjo Kohei et Ikoma Tsuyoshi. Kafu l'emporta de peu ; Ide Soshu affronta Mirumoto Onitsugu et gagna.
Puis, j'organisais plusieurs rencontres de Kemari, ce jeu qui réunit 10 concurrents, disposés en cercle, et qui doivent se passer une balle de cuir sans froisser leur kimono cérémoniel : agilité, prestance, destabilisation de l'autre, ce sont les qualités du courtisan que ce jeu met en oeuvre. Doji Kafu remporta une première partie, de justesse contre Suzume Yugoki. Puis dans une deuxième rencontre, Doji Itto fut le dernier en lice, devant Mirumoto Munetaka.
C'est en cette fin d'après-midi que se produisit un incident assez gênant. Un blessé vint se présenter à la porte arrière du château. Je le fis aussitôt transporter vers les quartiers du clan Phénix, et je demandai discrêtement au docteur Munetaka et à la shugenja Kameko de venir soigner cette personne. Isawa Masanaga-sama fut prévenu de cette affaire, et demanda aux deux médecins de garder leur réserve quand à cette histoire. Il convenait pour le moment de ne pas l'ébruiter. Kameko-sama et Munetaka-sama jurèrent. Grâce à l'art médical du Dragon et aux Fortunes invoquées par la Lionne, le blessé fut mis hors de danger. Avec du repos, il irait mieux rapidement.
Je regrettais tout de même que cette journée plaisante fut ternie par des rumeurs quant à une épidémie de peste sur les terres impériales, et dû côté des possessions septentrionales du clan de la Grue. Doji Itto et Asahina Masumi, ainsi qu'Ide Soshu semblaient au courant de ce qui se passait. Du moins propageaient-ils les rumeurs, inquiets après reçu des courriers de leur clan.
On disait même que l'Empereur avait décidé plusieurs choses à ce sujet, et qu'il avait envoyé des émissaires d'Emeraude depuis Kyuden Asako, pour propager sa volonté.
Par tous les kamis, si nous avions su alors, quel message portaient ces coursiers !
La journée se termina par l'accueil des invités. Après eux, il ne resterait plus qu'à accueillir le vénérable senseï Isawa Kanera, le lendemain soir.
Il manquerait un invité ce soir-là, et je glissais à ceux qui s'en étonnaient (comme Ketedore-sama et Soshu-sama) qu'il viendrait plus tard.
Nous fûmes surpris de voir arriver ces invités avec une mine lugubre. J'aurais pu jurer qu'eux savaient ce que l'Empereur avait annoncé, et quelles étaient ces sombres nouvelles qui endeuillaient les alentours d'Otosan Uchi.
Mais n'oublions pas de présenter ces nobles seigneurs qui honoraient de leur présence la Cité du Chêne Pale.
Le senseï calligraphe Shiba Rosanjin était reputé pour être l'un des plus grands artisans de sa spécialité. Impitoyable à l'égard de ses étudiants, distants avec tous, d'une exigence absolue quand à l'art du pinceau, il était respecté de tous pour sa maîtrise parfaite. Il avait composé une magnifique calligraphie pour Masanaga-sama, si gracieuse qu'elle semblait imiter le mouvement même du vent et de l'eau des torrents. A vrai dire, la seule faiblesse du senseï était la gent féminine. Doji Itto voyait d'ailleurs en lui un candidat sérieux pour sa geisha.
Ide Tadaji était l'ambassadeur du clan de la Licorne à Otosan Uchi. Reputé pour son art de la conciliation et sa parfaite amabilité, c'était aussi un grand joueur de Go. J'appréciais beaucoup ce samuraï, car il était invariablement agréable et distant. Il savait nombre de choses sur tous, mais n'en abusait jamais.
Kakita Yobe était un duelliste réputé de son clan, un bon courtisan et un samuraï honorable en toutes, l'un de ces êtres voués à rechercher l'excellence en toutes choses. Il était le senseï de Kakita Hiruya, et un rival potentiel pour Ikoma Tsuyoshi. Nous étions plusieurs à savoir que les deux hommes s'étaient connus à l'Académie Kakita, et nous avions la certitude qu'ils avaient le désir d'en découdre dans un duel régulier. S'ils en venaient à s'affronter, cela promettait un duel foudroyant, rapide et parfait comme une calligraphie de Rosanjin-senseï.
Daidoji Morozane était le daimyo de la Cité de la Violence derrière la Courtoisie. D'énormes responsabilités pesaient sur ses épaules, car il avait juré à son daimyo, Daidoji Uji, de tenir face à Matsu Tsuko, qui avait juré de prendre la Cité avant la fin de l'hiver. Cela faisait un serment de trop, et déchaînait la guerre entre le bras droit et le bras gauche de l'Empereur. Daidoji Morozane vouait une haine féroce à Matsu Akinori, son voisin direct, et on disait que les deux samuraï s'insultaient du haut des remparts de leur Cité respective. Récemment, Matsu Akinori avait reçu le soutien supplémentaire de Matsu Gohei, cousin de Matsu Tsuko. De tels ennemis, par leurs seules menaces, auraient brisé le courage de plus d'un homme, mais Morozane-sama tenait bon, avec une fermeté qui honorait son clan.
Mais tous ces grands samuraï, qui sont l'élite de notre Empire, ils arboraient une figure pleine de souci ce soir-là, pour leur arrivée. Ils déclarèrent plutôt trois fois qu'une combien ils étaient honorés d'être les invités de Masanaga-sama, et j'essayais bien de les dérider. Rien n'y fit. Par Isawa, nous étions donc maudits ! Masanaga-sama se rongeait les sangs. Les temps étaient décidément bien trop inquiétants. La vieille malédiction d'Akodo résonnaient lourdement à notre souvenir...
6e journée
La raison de tout ceci, nous ne la connûmes que le lendemain matin. Tôt, dans l'aube naissante, un palanquin portant le mon de la famille Otomo arriva en vue de notre palais. Par Isawa, ce n'était pas n'importe quel invité, mais l'un des tout plus importants diplomates de l'Empereur qui se présentait à nous !
Enfin, nous allions savoir de quoi il retournait. Mais combien ce devait être grave pour qu'un magistrat se déplace, et pas simplement un coursier !
Isawa Masanaga-sama fit réunir tout le monde dans la grande salle d'honneur, je veux dire tous ceux présents dans le palais, par ordre de rang, des plus glorieux invités, jusqu'aux plus humbles serviteurs. Les rayons de dame Amaterasu ne perçaient pas encore à travers les feuillages que le magistrat se présenta dans la grande salle.
Nous étions tous inclinés bien bas devant lui, mon daimyo le premier.
- Honorables samuraï, déclara Masanaga-sama, l’honorable Otomo Ichikowa, Haut Magistrat Impérial de la Cité Interdite, conseiller personnel et cousin de l’Empereur, vient nous délivrer un message de la plus haute importance.
Honorable magistrat, nous vous écoutons.
- Samurai, prononça le magistrat en déroulant son parchemin devant lui, (et depuis, ces paroles ont pris un air d'éternité, car elles résoneront à jamais dans nos mémoires), voici retranscrites à la lettre les paroles prononcées par notre divin empereur Hantei XXXIX à Kyuden Asako, voici 2 jours :
Quote:« Moi Hantei XXXIX, Fils du Soleil et de la Lune, Empereur d’Emeraude, ordonne l’application immédiate du décret suivant :
- Que soit réhabilité le clan du Scorpion, et toutes ses familles, au sein des clans majeurs.
- Toutes leurs terres et leurs titres leur sont rendus, ainsi que leur honneur et leur dignité. Bayushi Yojiro dirigera le clan.
Qu’il en soit fait ainsi selon ma volonté. »
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Et le magistrat de saluer et de partir comme il était venu.
...
On s'imaginerait avec difficulté combien fut long le silence qui suivit cette annonce. Par Isawa, c'était comme le silence après la bataille, quand les morts agonisent et que les vaincus se sentent plus misérables que des etas. Asahina Masumi manqua s'évanouir, dans les bras de Doji Itto, qui la soutint, tandis que le docteur Munetaka se précipita vers elle, et dit que ce n'était rien de grave. Ce jour-là, beaucoup d'invités durent puiser dans des réserves insoupçonnées de courage pour demeurer impassibles comme l'exige le bushido. Je vis Ikoma Tsuyoshi serrait les dents et les poings, et contenir une rage comme seuls en connaissent les membres de son clan. Nous étions paralysés par cette annonce.
Le premier, Isawa Masanaga reprit la parole.
- Samuraï, vous avez entendu les paroles de notre divin Empereur, et vous y obéirez tous comme l'ordonne l'honneur, car vous êtes les serviteurs de l'Ordre Céleste. Nous nous inclinerons donc devant la décision du divin fils du Ciel, et nous reconnaîtrons à nouveau le clan du Scorpion parmi les clans majeurs, parmi nos frères et nos égaux, et en les rencontrant, nous reconnaîtrons la gloire et l'honneur qui leur sont dûs.
« Samuraï, je serai le premier à obéir à l'Empereur, et avec moi tout le clan du Phénix. Puissent les Fortunes et les Ancêtres nous montrer le chemin à suivre. Puissiez-vous passer une cour d'hiver agréable, je vous le souhaite de tout coeur, en mon nom et en celui du clan du Phénix.
« Bonne journée, samuraï !


...
