26-02-2012, 12:24 AM
(This post was last modified: 09-05-2012, 04:24 PM by Darth Nico.)
To Be or Not to Be (1942, de Ernst Lubitsch). Une troupe de comédiens de Varsovie se retrouve engagée dans la lutte contre l'occupant nazie : ils vont chercher à démasquer un agent double venu de Londres.
Le film commence comme une comédie satirique puis vire peu à peu à l'espionnage. Très intéressant mélange, où le suspens n'empêche pas le rire : le recours au monde du théâtre permet des jeux sur l'illusion et les doubles, avec des chassé-croisés et des quiproquos dignes de Shakespeare. Lubitsch tourne en dérision les nazis et, derrière l'ambiance de grosse farce, laisse deviner l'inhumanité monstrueuse des officiers, qui plaisantent sur leurs exactions comme s'ils parlaient du temps qu'il fait. L'ensemble constitue un tour de force, d'autant que ce film a été tourné au début de la guerre.
Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ! (1968, de Michel Audiard, avec Bernard Blier, Marlène Jobert, André Pousse). Un chargement d'une tonne d'or est dérobé à des convoyeurs. Les voleurs sont attaqués peu après par une autre bande, qui se fait à son tour avoir. Tout ceci va provoquer le retour de la terrible tante Léontine, pire que la peste et le choléra réunis !
L'intrigue est à peu près cohérente au début mais vire rapidement au n'importe quoi. Les acteurs cabotinent à qui mieux-mieux, Marlène Jobert est amusante, André Pousse et Blier font ce qu'on leur demande, mais Audiard a vraiment bâclé le travail, comme s'il avait inventé les scènes au fur et à mesure.
Elle boit pas, elle fume, elle drague pas mais... elle cause ! (1969, de Michel Audiard, avec Annie Girardot, Bernard Blier, Mireille Darc, Sim, Jean Carmet...). Germaine est femme de ménage pour trois personnes : un banquier, une présentatrice télé et un instituteur. Quand elle apprend que chacun a des choses à se reprocher, elle s'arrange pour qu'ils se fassent chanter entre eux.
Amusante comédie satirique, qui se déroule entre le front de Seine bétonné et la banlieue de Courbevoie. L'histoire est surtout un prétexte au jeu d'acteur et aux répliques d'Audiard. On retrouve toute l'ambiance d'anarchisme bon enfant du dialoguiste. Blier est excellent en banquier visqueux et lâche, il y a des actrices nues à foison, des réparties pleines de gouaille, que demande le peuple ? Un film d'autant plus agréable que cet esprit moqueur et décontracté a presque disparu du cinéma d'aujourd'hui. Scène d'anthologie avec Sim déguisé en libellule.
Tasogare Seibei (2002, de Yôji Yamada). Seibei Igushi est un samuraï pauvre. Il travaille comme magasinier pour son clan. Il vient de perdre sa femme et se retrouve avec deux filles et sa mère sénile à charge. Négligé et peu sociable, il est surnommé M. Crépuscule par ses collègues. La charmante Tomoe pourrait l'épouser, mais l'ex-mari de celle-ci, ivrogne et violent, ne le permettra pas. Pour protéger son honneur puis celui de son clan, le modeste Seibei va devoir ressortir le sabre et risquer sa vie.
Rien d'épique dans ce film qui suit les codes du genre, tout en les détournant largement : le héros n'est pas un foudre de guerre, il a ses fragilités, ses adversaires ne sont pas de purs salauds. Le destin de M. Crépuscule, à taille humaine, n'en est que plus touchant. Un très beau film qui, en filigrane, montre la décadence de la caste des samuraï.
Los cronocrímenes (2007, de Nacho Vigalondo). Hector et sa femme emménagent dans leur nouvelle maison à la campagne. Assis dans son jardin, Hector aperçoit une femme nue dans le bois. Attiré, il s'y rend, découvre la femme endormie et se fait agresser. C'est le début d'une suite d'accidents en série : Hector va se retrouver projeté dans le passé, et en essayant de réparer ses erreurs, ne va faire qu'empirer la situation.
Film à petit budget, sans effets spéciaux, qui reprend avec brio les paradoxes sur les voyages dans le passé : risque de rencontre avec soi, boucles temporelles etc.. On retrouve notamment la structure d'Oedipe-Roi, où les efforts pour empêcher l'inéluctable sont la meilleure façon d'y mener. On peut s'attendre à un remake hollywoodien.
Låt den rätte komma in (2008, de Tomas Alfredson). Oskar, douze ans, est le souffre-douleur du collège. Renfermé sur lui-même, il se lie d'amitié avec Eli, une fille de son âge, qui vit dans l'appartement d'à côté. Il ignore qu'Eli ne peut sortir que la nuit et qu'elle se nourrit exclusivement de sang...
Une reprise originale du thème du vampire, dans une petite ville suèdoise des années 80 (l'URSS est sous Brejnev). L'esthètique est très scandinave : c'est beau, lent et froid, presque mélancolique. Avec une touche de gore bien dosée. La vampirisation rend les gens à peine plus blafards qu'ils ne le sont déjà. Oskar est l'enfant solitaire, sans père, bientôt adolescent, qui rêve d'avoir un ami pour le défendre et lui apprendre à s'affirmer.
Tinker Taylor Soldier Spy (2011, de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, Mark Strong, Tom Hardy). 1973 : George Smiley accepte de sortir de sa retraite pour démasquer une taupe infiltrée au sommet des Services Secrets britanniques. Il va recruter officieusement quelques agents pour espionner leurs collègues du MI-6.
L'histoire est très complexe: il est facile de perdre le fil, du fait des flash-backs, des nombreux personnages et de leurs pseudonymes, sans compter les intrigue retorses entre Britanniques, Soviétiques et Américains. Pourtant, le film est prenant. On pénètre dans l'univers sans gloire de ces agents de renseignement : sont-ils de sinistres fonctionnaires ou des héros anonymes ? Le cinéaste reconstitue une ville de Londres grise, marron, bleu-vert, dont la laideur reflète celle des personnages. A la fin, le traître révèle d'ailleurs que sa trahison est un choix moral et même esthétique, face à ce qu'est devenu l'Occident. Un film peut-être trop dense : s'il avait fallu tout développer posément, on aurait pu y passer quatre heures. Reste de très bons acteurs et une parfaite ambiance de guerre froide.
A venir :
- High Noon (1952)
- Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques (1970)
- Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972)
- Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1974)
- Radio Days (1987)
- Mononoke Hime (1997)
Le film commence comme une comédie satirique puis vire peu à peu à l'espionnage. Très intéressant mélange, où le suspens n'empêche pas le rire : le recours au monde du théâtre permet des jeux sur l'illusion et les doubles, avec des chassé-croisés et des quiproquos dignes de Shakespeare. Lubitsch tourne en dérision les nazis et, derrière l'ambiance de grosse farce, laisse deviner l'inhumanité monstrueuse des officiers, qui plaisantent sur leurs exactions comme s'ils parlaient du temps qu'il fait. L'ensemble constitue un tour de force, d'autant que ce film a été tourné au début de la guerre.
Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ! (1968, de Michel Audiard, avec Bernard Blier, Marlène Jobert, André Pousse). Un chargement d'une tonne d'or est dérobé à des convoyeurs. Les voleurs sont attaqués peu après par une autre bande, qui se fait à son tour avoir. Tout ceci va provoquer le retour de la terrible tante Léontine, pire que la peste et le choléra réunis !
L'intrigue est à peu près cohérente au début mais vire rapidement au n'importe quoi. Les acteurs cabotinent à qui mieux-mieux, Marlène Jobert est amusante, André Pousse et Blier font ce qu'on leur demande, mais Audiard a vraiment bâclé le travail, comme s'il avait inventé les scènes au fur et à mesure.
Elle boit pas, elle fume, elle drague pas mais... elle cause ! (1969, de Michel Audiard, avec Annie Girardot, Bernard Blier, Mireille Darc, Sim, Jean Carmet...). Germaine est femme de ménage pour trois personnes : un banquier, une présentatrice télé et un instituteur. Quand elle apprend que chacun a des choses à se reprocher, elle s'arrange pour qu'ils se fassent chanter entre eux.
Amusante comédie satirique, qui se déroule entre le front de Seine bétonné et la banlieue de Courbevoie. L'histoire est surtout un prétexte au jeu d'acteur et aux répliques d'Audiard. On retrouve toute l'ambiance d'anarchisme bon enfant du dialoguiste. Blier est excellent en banquier visqueux et lâche, il y a des actrices nues à foison, des réparties pleines de gouaille, que demande le peuple ? Un film d'autant plus agréable que cet esprit moqueur et décontracté a presque disparu du cinéma d'aujourd'hui. Scène d'anthologie avec Sim déguisé en libellule.
Tasogare Seibei (2002, de Yôji Yamada). Seibei Igushi est un samuraï pauvre. Il travaille comme magasinier pour son clan. Il vient de perdre sa femme et se retrouve avec deux filles et sa mère sénile à charge. Négligé et peu sociable, il est surnommé M. Crépuscule par ses collègues. La charmante Tomoe pourrait l'épouser, mais l'ex-mari de celle-ci, ivrogne et violent, ne le permettra pas. Pour protéger son honneur puis celui de son clan, le modeste Seibei va devoir ressortir le sabre et risquer sa vie.
Rien d'épique dans ce film qui suit les codes du genre, tout en les détournant largement : le héros n'est pas un foudre de guerre, il a ses fragilités, ses adversaires ne sont pas de purs salauds. Le destin de M. Crépuscule, à taille humaine, n'en est que plus touchant. Un très beau film qui, en filigrane, montre la décadence de la caste des samuraï.
Los cronocrímenes (2007, de Nacho Vigalondo). Hector et sa femme emménagent dans leur nouvelle maison à la campagne. Assis dans son jardin, Hector aperçoit une femme nue dans le bois. Attiré, il s'y rend, découvre la femme endormie et se fait agresser. C'est le début d'une suite d'accidents en série : Hector va se retrouver projeté dans le passé, et en essayant de réparer ses erreurs, ne va faire qu'empirer la situation.
Film à petit budget, sans effets spéciaux, qui reprend avec brio les paradoxes sur les voyages dans le passé : risque de rencontre avec soi, boucles temporelles etc.. On retrouve notamment la structure d'Oedipe-Roi, où les efforts pour empêcher l'inéluctable sont la meilleure façon d'y mener. On peut s'attendre à un remake hollywoodien.
Låt den rätte komma in (2008, de Tomas Alfredson). Oskar, douze ans, est le souffre-douleur du collège. Renfermé sur lui-même, il se lie d'amitié avec Eli, une fille de son âge, qui vit dans l'appartement d'à côté. Il ignore qu'Eli ne peut sortir que la nuit et qu'elle se nourrit exclusivement de sang...
Une reprise originale du thème du vampire, dans une petite ville suèdoise des années 80 (l'URSS est sous Brejnev). L'esthètique est très scandinave : c'est beau, lent et froid, presque mélancolique. Avec une touche de gore bien dosée. La vampirisation rend les gens à peine plus blafards qu'ils ne le sont déjà. Oskar est l'enfant solitaire, sans père, bientôt adolescent, qui rêve d'avoir un ami pour le défendre et lui apprendre à s'affirmer.
Tinker Taylor Soldier Spy (2011, de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, Mark Strong, Tom Hardy). 1973 : George Smiley accepte de sortir de sa retraite pour démasquer une taupe infiltrée au sommet des Services Secrets britanniques. Il va recruter officieusement quelques agents pour espionner leurs collègues du MI-6.
L'histoire est très complexe: il est facile de perdre le fil, du fait des flash-backs, des nombreux personnages et de leurs pseudonymes, sans compter les intrigue retorses entre Britanniques, Soviétiques et Américains. Pourtant, le film est prenant. On pénètre dans l'univers sans gloire de ces agents de renseignement : sont-ils de sinistres fonctionnaires ou des héros anonymes ? Le cinéaste reconstitue une ville de Londres grise, marron, bleu-vert, dont la laideur reflète celle des personnages. A la fin, le traître révèle d'ailleurs que sa trahison est un choix moral et même esthétique, face à ce qu'est devenu l'Occident. Un film peut-être trop dense : s'il avait fallu tout développer posément, on aurait pu y passer quatre heures. Reste de très bons acteurs et une parfaite ambiance de guerre froide.
A venir :
- High Noon (1952)
- Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques (1970)
- Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972)
- Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1974)
- Radio Days (1987)
- Mononoke Hime (1997)