16-03-2004, 06:29 PM
Résumé : Frédéric a appris par un mystérieux homme nommé Mathias que sa fiancée, Elisabeth, est en danger de mort. Danseuse de talent, elle sera tuée au musée Grévin, au coucher de soleil de ce solstice de l'an 2000, par sa propre mécène, la Comtesse Bathory.
Sans ami, sans l'aide la police, et après avoir subi la morsure de Mathias, qui lui procure une vigueur fauve, Frédéric parviendra t-il à sauver Elisabeth ?...
LES CONTES DE LA CANINE
7e CONTE : HISTOIRE D'ELISABETH POUSSIN
2E PARTIE : LA NUIT DU SOLSTICE
L'EGLISE DE LA MADELEINE ET LE MUSEE GREVIN
Dans l’ambiance lourde du soir –ciel rouge et cendrée, crépuscule épais, menaçant ; les chandeliers et réverbères qui illuminent déjà les grands immeubles haussmaniens, les phares des voitures, les chanteurs de rue et les cacophonie des fanfares de cuivre – Frédéric courait dans les rues encombrées par les parisiens qui sortaient pour les festivités. Il traversa le rond point de l’Opéra, klaxonné par plusieurs chauffeurs, il bouscula des badauds, des pères de famille.
Il dut se faufiler à travers plusieurs groupes qui formaient cercle autour de chanteurs de rock d’un soir. Il était tard, trop tard ans doute. Avant la nuit, Elisabeth serait condamnée ; chaque étoile qui apparaissait égrenait le compte à rebours jusqu’au sacrifice de la danseuse.
Quand Frédéric arriva devant l’église de la Madeleine, il s’accorda un répit : il était à bout de souffle. Il arrêta de courir, força le pas tant qu’il pouvait, inconscient de la manière dont il pourrait rentrer dans le musée et arrêter le projet de la comtesse Bathory. Et il ne pouvait rien attendre de la police.
Il s’approcha d’un indien qui vendait des bouteilles d’eau fraîche. Il paya, regarda l’église, but et manqua s’étrangler.
DONG DONG DONG
Les cloches de la Madeleine s’étaient mis à sonner à toutes volées ! A croire qu’un moine fou s’accrochait aux cordages et tirait dessus frénétiquement !
DONG DONG DONG
Il n’eut aucun doute : ces cloches qui sonnaient, prises de panique, elles s’adressaient à lui ! elles sonnaient l’alarme ! Le temps imparti à Lisbeth s’achevait.
Il reprit sa course de plus belle. Au détour d’une rue, il heurta un homme de face, comme un boulet de canon. Etourdi, il recula, s’excusa. L’homme le regardait avec un sourire froid, une bienveillance glaciale. D’une stature mince et élancé, il portait une pelisse en fourrure d’animale, un gibus sur la tête. Il avait des yeux de chat, des agates vert doré, fascinantes.
Frédéric s’excusa encore, sans pouvoir se détacher du regard électrique du personnage.
- De rien, jeune homme, dit-il en souriant mystérieusement. N’interromps pas plus longtemps ta course… ne la fais pas attendre !
- Merci, répondit Frédéric, reconnaissant et mal à l’aise.
Sa première réaction fut celle-ci : « Il me voit courir à toutes jambes un soir de fête… oui, il est normal qu’il s’imagine que je vais retrouver ma copine… »
Cela ne laissait tout de même pas d’être troublant, car le rendez-vous était particulier, et le personnage non moins !
Quelques minutes après, Frédéric l’avait oublié, car il trouvait l’entrée du musée Grévin. L’entrée était bien sûr fermé.
Frédéric souffla, considéra la porte avec inquiétude, sortit la clef donnée par Naundorff. Il inspira, l’enfonça dans la serrure… elle jouait ! La porte s’ouvrit sans mal. Frédéric remercia le détective.
Oui, c’était bien la clef des songes.
A l’intérieur du musée, rien que les statues de cire, immobiles, drapées de pénombre. Venant d’une salle plus loin, une discussion, plusieurs personnes. Précautionneusement, Frédéric marcha vers cette assemblée. Oui, il devait bien s’agir de la voix de Bathory !
Et maintenant, que faire ? Il était seul contre cette bande de… de vampires ! Elisabeth était entre leurs mains.

Frédéric avança caché par les statues. Plusieurs personnes se trouvaient là, dont Elisabeth. Avec elle, la comtesse et un homme que Frédéric avait déjà vu : Tropovitch, chef d’orchestre, et un autre qui lui était inconnu, au faciès ignoble.
- Nous sommes en grande tenue pour cet événement, disait Tropovitch.
- Vous êtes élégant à ravir, je vous assure !
- Merci, comtesse. Ce soir, c’est la jeune Elisabeth la vedette. Quel grand moment pour vous !
- Oui, souriait la danseuse ; je suis un peu inquiète, plus qu’avant une représentation à vrai dire.
Tropovitch et Bathory rirent gentiment. Le troisième homme peinait à décrocher un sourire. Sinistre personnage, un vrai croque-mort de western.
- C’est tout naturel, voyons ! affirmait la comtesse. Qui n’éprouverait pas le trac à ta place ! Ne t’inquiète pas, nous avons tout prévu. Tout va bien se passer. Tu vas juste t’endormir, te réveiller, boire un verre. Tu te sentiras un peu tendue, mais tout ira bien, n’est-ce pas Tropovitch ?
- Tout à fait, dit avec bonhomie le musicien.
La malheureuse Elisabeth, prise dans l’influence de ces horribles créatures ne devait s’apercevoir de rien. Caché derrière un personnage de cire, Frédéric n’eut aucun mal à deviner la voracité, l’appétit morbide, derrière les beaux sourires. Le troisième, l’espèce d’employé de pompes funèbres (le parfait collaborateur pour une société de suicide assisté…), scrutait la pièce. Elisabeth essayait de se donner de la volonté. Elle voulait paraître contente : elle devait trembler de peur. Danseuse, elle avait appris à sourire même quand la douleur la prenait dans tous les muscles. Elle voulait être ravissante, souple. La comtesse caressait Elisabeth comme un cygne à qui on prendra plaisir à tordre le cou.
Fragile, elle se donnait l’éclat du cristal. N’importe lequel des vampires pouvait la briser comme une figurine de verre.
- Nous devrions y aller, comtesse, suggéra le sombre acolyte.
- Mais enfin Gwydion, Lucien n’est pas encore là. Dieu sait que je me passerai de sa visite….
- C’est vrai, fit Tropovitch (il cachait mal son impatience), mais nous avons promis de l’attendre. Nous savons le sacrifice que cela implique pour vous. Mais soyez certaine que nous ne vous infligerons plus pareille épreuve désormais. Alors, juste pour ce soir…
- Très bien, très bien, fit la comtesse, agacée. Attendons ce triste Sire !
- J’ai cru entendre quelque chose remuer pas loin d’ici, dit le dénommé Gwydion, en portant la main à l’intérieur de son manteau.

A suivre...
Sans ami, sans l'aide la police, et après avoir subi la morsure de Mathias, qui lui procure une vigueur fauve, Frédéric parviendra t-il à sauver Elisabeth ?...

LES CONTES DE LA CANINE
7e CONTE : HISTOIRE D'ELISABETH POUSSIN
2E PARTIE : LA NUIT DU SOLSTICE
L'EGLISE DE LA MADELEINE ET LE MUSEE GREVIN
Dans l’ambiance lourde du soir –ciel rouge et cendrée, crépuscule épais, menaçant ; les chandeliers et réverbères qui illuminent déjà les grands immeubles haussmaniens, les phares des voitures, les chanteurs de rue et les cacophonie des fanfares de cuivre – Frédéric courait dans les rues encombrées par les parisiens qui sortaient pour les festivités. Il traversa le rond point de l’Opéra, klaxonné par plusieurs chauffeurs, il bouscula des badauds, des pères de famille.
Il dut se faufiler à travers plusieurs groupes qui formaient cercle autour de chanteurs de rock d’un soir. Il était tard, trop tard ans doute. Avant la nuit, Elisabeth serait condamnée ; chaque étoile qui apparaissait égrenait le compte à rebours jusqu’au sacrifice de la danseuse.
Quand Frédéric arriva devant l’église de la Madeleine, il s’accorda un répit : il était à bout de souffle. Il arrêta de courir, força le pas tant qu’il pouvait, inconscient de la manière dont il pourrait rentrer dans le musée et arrêter le projet de la comtesse Bathory. Et il ne pouvait rien attendre de la police.
Il s’approcha d’un indien qui vendait des bouteilles d’eau fraîche. Il paya, regarda l’église, but et manqua s’étrangler.
DONG DONG DONG
Les cloches de la Madeleine s’étaient mis à sonner à toutes volées ! A croire qu’un moine fou s’accrochait aux cordages et tirait dessus frénétiquement !
DONG DONG DONG
Il n’eut aucun doute : ces cloches qui sonnaient, prises de panique, elles s’adressaient à lui ! elles sonnaient l’alarme ! Le temps imparti à Lisbeth s’achevait.
Il reprit sa course de plus belle. Au détour d’une rue, il heurta un homme de face, comme un boulet de canon. Etourdi, il recula, s’excusa. L’homme le regardait avec un sourire froid, une bienveillance glaciale. D’une stature mince et élancé, il portait une pelisse en fourrure d’animale, un gibus sur la tête. Il avait des yeux de chat, des agates vert doré, fascinantes.
Frédéric s’excusa encore, sans pouvoir se détacher du regard électrique du personnage.
- De rien, jeune homme, dit-il en souriant mystérieusement. N’interromps pas plus longtemps ta course… ne la fais pas attendre !
- Merci, répondit Frédéric, reconnaissant et mal à l’aise.
Sa première réaction fut celle-ci : « Il me voit courir à toutes jambes un soir de fête… oui, il est normal qu’il s’imagine que je vais retrouver ma copine… »
Cela ne laissait tout de même pas d’être troublant, car le rendez-vous était particulier, et le personnage non moins !

Quelques minutes après, Frédéric l’avait oublié, car il trouvait l’entrée du musée Grévin. L’entrée était bien sûr fermé.
Frédéric souffla, considéra la porte avec inquiétude, sortit la clef donnée par Naundorff. Il inspira, l’enfonça dans la serrure… elle jouait ! La porte s’ouvrit sans mal. Frédéric remercia le détective.
Oui, c’était bien la clef des songes.
A l’intérieur du musée, rien que les statues de cire, immobiles, drapées de pénombre. Venant d’une salle plus loin, une discussion, plusieurs personnes. Précautionneusement, Frédéric marcha vers cette assemblée. Oui, il devait bien s’agir de la voix de Bathory !
Et maintenant, que faire ? Il était seul contre cette bande de… de vampires ! Elisabeth était entre leurs mains.

Frédéric avança caché par les statues. Plusieurs personnes se trouvaient là, dont Elisabeth. Avec elle, la comtesse et un homme que Frédéric avait déjà vu : Tropovitch, chef d’orchestre, et un autre qui lui était inconnu, au faciès ignoble.
- Nous sommes en grande tenue pour cet événement, disait Tropovitch.
- Vous êtes élégant à ravir, je vous assure !
- Merci, comtesse. Ce soir, c’est la jeune Elisabeth la vedette. Quel grand moment pour vous !
- Oui, souriait la danseuse ; je suis un peu inquiète, plus qu’avant une représentation à vrai dire.
Tropovitch et Bathory rirent gentiment. Le troisième homme peinait à décrocher un sourire. Sinistre personnage, un vrai croque-mort de western.
- C’est tout naturel, voyons ! affirmait la comtesse. Qui n’éprouverait pas le trac à ta place ! Ne t’inquiète pas, nous avons tout prévu. Tout va bien se passer. Tu vas juste t’endormir, te réveiller, boire un verre. Tu te sentiras un peu tendue, mais tout ira bien, n’est-ce pas Tropovitch ?
- Tout à fait, dit avec bonhomie le musicien.
La malheureuse Elisabeth, prise dans l’influence de ces horribles créatures ne devait s’apercevoir de rien. Caché derrière un personnage de cire, Frédéric n’eut aucun mal à deviner la voracité, l’appétit morbide, derrière les beaux sourires. Le troisième, l’espèce d’employé de pompes funèbres (le parfait collaborateur pour une société de suicide assisté…), scrutait la pièce. Elisabeth essayait de se donner de la volonté. Elle voulait paraître contente : elle devait trembler de peur. Danseuse, elle avait appris à sourire même quand la douleur la prenait dans tous les muscles. Elle voulait être ravissante, souple. La comtesse caressait Elisabeth comme un cygne à qui on prendra plaisir à tordre le cou.
Fragile, elle se donnait l’éclat du cristal. N’importe lequel des vampires pouvait la briser comme une figurine de verre.

- Nous devrions y aller, comtesse, suggéra le sombre acolyte.
- Mais enfin Gwydion, Lucien n’est pas encore là. Dieu sait que je me passerai de sa visite….
- C’est vrai, fit Tropovitch (il cachait mal son impatience), mais nous avons promis de l’attendre. Nous savons le sacrifice que cela implique pour vous. Mais soyez certaine que nous ne vous infligerons plus pareille épreuve désormais. Alors, juste pour ce soir…
- Très bien, très bien, fit la comtesse, agacée. Attendons ce triste Sire !
- J’ai cru entendre quelque chose remuer pas loin d’ici, dit le dénommé Gwydion, en portant la main à l’intérieur de son manteau.

A suivre...