Encore un texte non officiel 8)
Les multiples vies du lion sans crinière. (1/X (je sais pas s'il va y avoir une suite et en combien de morceaux
))
Le jardin était tout habillé de rouge et d’or en cette journée d’automne. Dame soleil paraissait entre les nuages pour éclairer les pruniers et faire ressortir toutes les nuances de couleurs ce qui restait de leur feuillage. Un doux vent soufflait les feuilles tombées dont le bruissement ressemblait au bruit des vagues. Kitsu Norikage ferma un instant les yeux en pensant à ceux de son clan qui était sans doute en train de tomber là bas, près de l’Océan. Il faudrait bien du temps pour que toutes ces âmes trouvent enfin le repos. Norikage poussa un long soupir et contempla un moment le jardin plusieurs fois centenaire, ressentant toutes les vies, tous les souvenirs et toutes les âmes reliées à cet endroit. Bientôt il serait temps de les rejoindre…bientôt, mais pas encore. Il y avait encore trop de choses à faire ici avant de partir. La folie du clan déchu, la guerre qu’il avait provoquée, la maladie et les nouvelles conquêtes de son clan avaient laissées de nombreux esprits tourmentés à travers l’empire. Il faudrait aussi entretenir la mémoire de ceux qui étaient mort avec gloire. Pourtant, Norikage sentait son age gagner un peu plus chaque jour. A chaque voyage au Jikoku le retour devenait plus difficile. A l’image des pruniers, sa vie était à son déclin. Il lui faudrait ensuite traverser l’hiver au royaume des morts pour espérer que la vie reprenne à nouveau au printemps. Posément, il pris son masque rituel usé et le dévisagea. Peu d’homme pouvait contempler de leur vivant le visage qu’ils auraient après leur mort, lui le pouvait.
Un léger crissement des graviers le tira de ses pensées. C’était Ikoma Masato, un historien respecté du clan qui venait de s’arrêter à quelques pas derrière lui, n’osant aller plus loin pour ne pas déranger le vieux Kitsu.
« Approchez Masato san. Il y a longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de votre visite. »
- Merci de bien vouloir me consacrer un peu de votre précieux temps Norikage sensei.
- Le temps n’a de précieux que ce qui le remplis. Comment se porte votre père, Daisuke san?
- Ma fois, je ne l’ai pas revu depuis quelques temps. Il est toujours à la bibliothèque à enseigner notre histoire à ceux qui cherchent des détails peu connus.
- Une retraite au milieu des livres en somme. Après tout c’est ce qu’il a toujours voulu. J’espère qu’il trouve le temps et la sagesse pour préparer sa prochaine vie. »
Une foule de souvenirs remonta dans la mémoire du vieux Kitsu. Daisuke et lui avaient toujours été de bons amis. Ils s’étaient souvent retrouvés dans ce même jardin pour parler de choses et d’autres. C’est étrange comme ces lieux n’avaient pas changé. Comme s’ils étaient immuables, éternels comme l’ordre céleste. Combien d’heures avaient-ils passé sous le regard d’Amaterasu à parler de leur passion commune : l’histoire. Oui, lui et Daisuke avaient largement l’age de se retirer pour préparer leur prochaine vie, mais pour un Kitsu les choses sont un peu différentes. A quoi bon se préparer pendant des années à un voyage que l’on fait si souvent dans les deux sens ? A quoi bon aller chercher l’illumination dans un monastère quand on appartient déjà autant au Jikoku qu’à Rokugan ? Kitsu Norikage se leva péniblement en s’appuyant sur son baton.
« Marchons un peu, cela me fera le plus grand bien. »
Posément, les deux lions commencèrent à faire le tour du grand jardin. Ikoma Masato était dans la force de l’age. Ses tempes grises, sa bonne carrure et son visage toujours sérieux imposaient le respect à ses pairs et à ses nombreux élèves. Pourtant c’était lui ici qui baissait la tête devant la sagesse du vieux Kitsu. Après un long moment de silence et de recueillement, Masato fini par prendre la parole.
« Sensei, ma visite avait un but précis, à part celui d’avoir le plaisir de vous revoir bien sur.
- Eh bien parle je t’en prie. J’espère pouvoir te faire profiter de ma sagesse.
- Voila, Tsuko sama a émis le désir de faire disparaître toute trace d’une certaine famille qui appartenait à notre clan. Cela implique des recherches compliquées pour nous autres historiens, et je suis un des premiers concernés…
- Cela ne devrait pourtant pas poser de problème : vous n’avez qu’à effacer les noms dans vos écrits. Pour nous autres, il est plus difficile de faire disparaître des générations d’esprits qui existent bien.
- Le problème est un peu plus compliqué que cela. Il faut que nos histoires conservent leur sens, et un sens favorable à l’empereur qui plus est…
- Oui, je le conçois, mais je ne vois pas en quoi je puis vous être utile…
- Hé bien, parmi ces traces, certaines sont bien matérielles. Or avec la bataille, et la dispersion de la famille il est devenu très difficile de suivre les héritages et de retrouver les personnes concernées. Cela fait maintenant près de deux ans que nous avons commencé un immense travail de généalogie pour retracer toutes les lignées depuis le kami. Cependant, bien que nos archives soient les plus complètes de l’Empire d’Emeraude, il reste bien des zones obscures et des enchevêtrements assez inextricables.
- Eh bien, je peux vous faire bénéficier de mes humbles connaissances en la matière si cela peut plaire à dame Tsuko.
- Je vous en remercie sensei, votre savoir nous sera infiniment précieux. »
Les deux samurais étaient maintenant pratiquement revenus à leur point de départ. Dame soleil était descendue sur l’horizon et disparaîtrait bientôt derrière les cimes enneigées des montagnes au loin. L’hiver de ses doigts froid caressait déjà ces terres. Sentant que l’historien était mal à l’aise, Norikage se rassit posément et le regarda dans les yeux.
« Y a-t-il quelque chose que vous désiriez encore me demander Masato san ?
- Eh bien, à vrais dire oui sensei. Les évènements ont été tellement confus récemment, et certains héritages ont toujours été tellement incertains que je n’entrevois qu’une seule façon d’avoir certaines réponses qu’il nous manque…
- Je vois... Vous voulez que je retrouve ces ancêtres et que je leur demande directement comment les choses se sont passées.
- C’est cela même sensei.
- Ikoma san, vous n’ignorez pas que les ancêtres ne voient pas d’un bon œil qu’on les oublie et pire encore, que l’on nie leur existence ! Les esprits ne sont déjà pas souvent coopératifs. Réalisez vous ce que vous me demandez ?
- Je vous en prie sensei, vous êtes le meilleur soden senzo que je connaisse et je ne vois pas d’autre moyen pour résoudre un certain nombre de problèmes encore en suspend. Nous devons montrer notre indéfectible loyauté à l’empereur. Faites le pour le bien du clan »
Norikage ne répondit pas et ferma les yeux. Après un moment, il poussa un soupir et se tourna vers le jardin.
« Vous serez mon hôte ce soir Masato san. Vous me parlerez des branches de cette famille qui posent problème après le thé. »
la suite (2/X)
Les multiples vies du lion sans crinière. (1/X (je sais pas s'il va y avoir une suite et en combien de morceaux
))Le jardin était tout habillé de rouge et d’or en cette journée d’automne. Dame soleil paraissait entre les nuages pour éclairer les pruniers et faire ressortir toutes les nuances de couleurs ce qui restait de leur feuillage. Un doux vent soufflait les feuilles tombées dont le bruissement ressemblait au bruit des vagues. Kitsu Norikage ferma un instant les yeux en pensant à ceux de son clan qui était sans doute en train de tomber là bas, près de l’Océan. Il faudrait bien du temps pour que toutes ces âmes trouvent enfin le repos. Norikage poussa un long soupir et contempla un moment le jardin plusieurs fois centenaire, ressentant toutes les vies, tous les souvenirs et toutes les âmes reliées à cet endroit. Bientôt il serait temps de les rejoindre…bientôt, mais pas encore. Il y avait encore trop de choses à faire ici avant de partir. La folie du clan déchu, la guerre qu’il avait provoquée, la maladie et les nouvelles conquêtes de son clan avaient laissées de nombreux esprits tourmentés à travers l’empire. Il faudrait aussi entretenir la mémoire de ceux qui étaient mort avec gloire. Pourtant, Norikage sentait son age gagner un peu plus chaque jour. A chaque voyage au Jikoku le retour devenait plus difficile. A l’image des pruniers, sa vie était à son déclin. Il lui faudrait ensuite traverser l’hiver au royaume des morts pour espérer que la vie reprenne à nouveau au printemps. Posément, il pris son masque rituel usé et le dévisagea. Peu d’homme pouvait contempler de leur vivant le visage qu’ils auraient après leur mort, lui le pouvait.
Un léger crissement des graviers le tira de ses pensées. C’était Ikoma Masato, un historien respecté du clan qui venait de s’arrêter à quelques pas derrière lui, n’osant aller plus loin pour ne pas déranger le vieux Kitsu.
« Approchez Masato san. Il y a longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de votre visite. »
- Merci de bien vouloir me consacrer un peu de votre précieux temps Norikage sensei.
- Le temps n’a de précieux que ce qui le remplis. Comment se porte votre père, Daisuke san?
- Ma fois, je ne l’ai pas revu depuis quelques temps. Il est toujours à la bibliothèque à enseigner notre histoire à ceux qui cherchent des détails peu connus.
- Une retraite au milieu des livres en somme. Après tout c’est ce qu’il a toujours voulu. J’espère qu’il trouve le temps et la sagesse pour préparer sa prochaine vie. »
Une foule de souvenirs remonta dans la mémoire du vieux Kitsu. Daisuke et lui avaient toujours été de bons amis. Ils s’étaient souvent retrouvés dans ce même jardin pour parler de choses et d’autres. C’est étrange comme ces lieux n’avaient pas changé. Comme s’ils étaient immuables, éternels comme l’ordre céleste. Combien d’heures avaient-ils passé sous le regard d’Amaterasu à parler de leur passion commune : l’histoire. Oui, lui et Daisuke avaient largement l’age de se retirer pour préparer leur prochaine vie, mais pour un Kitsu les choses sont un peu différentes. A quoi bon se préparer pendant des années à un voyage que l’on fait si souvent dans les deux sens ? A quoi bon aller chercher l’illumination dans un monastère quand on appartient déjà autant au Jikoku qu’à Rokugan ? Kitsu Norikage se leva péniblement en s’appuyant sur son baton.
« Marchons un peu, cela me fera le plus grand bien. »
Posément, les deux lions commencèrent à faire le tour du grand jardin. Ikoma Masato était dans la force de l’age. Ses tempes grises, sa bonne carrure et son visage toujours sérieux imposaient le respect à ses pairs et à ses nombreux élèves. Pourtant c’était lui ici qui baissait la tête devant la sagesse du vieux Kitsu. Après un long moment de silence et de recueillement, Masato fini par prendre la parole.
« Sensei, ma visite avait un but précis, à part celui d’avoir le plaisir de vous revoir bien sur.
- Eh bien parle je t’en prie. J’espère pouvoir te faire profiter de ma sagesse.
- Voila, Tsuko sama a émis le désir de faire disparaître toute trace d’une certaine famille qui appartenait à notre clan. Cela implique des recherches compliquées pour nous autres historiens, et je suis un des premiers concernés…
- Cela ne devrait pourtant pas poser de problème : vous n’avez qu’à effacer les noms dans vos écrits. Pour nous autres, il est plus difficile de faire disparaître des générations d’esprits qui existent bien.
- Le problème est un peu plus compliqué que cela. Il faut que nos histoires conservent leur sens, et un sens favorable à l’empereur qui plus est…
- Oui, je le conçois, mais je ne vois pas en quoi je puis vous être utile…
- Hé bien, parmi ces traces, certaines sont bien matérielles. Or avec la bataille, et la dispersion de la famille il est devenu très difficile de suivre les héritages et de retrouver les personnes concernées. Cela fait maintenant près de deux ans que nous avons commencé un immense travail de généalogie pour retracer toutes les lignées depuis le kami. Cependant, bien que nos archives soient les plus complètes de l’Empire d’Emeraude, il reste bien des zones obscures et des enchevêtrements assez inextricables.
- Eh bien, je peux vous faire bénéficier de mes humbles connaissances en la matière si cela peut plaire à dame Tsuko.
- Je vous en remercie sensei, votre savoir nous sera infiniment précieux. »
Les deux samurais étaient maintenant pratiquement revenus à leur point de départ. Dame soleil était descendue sur l’horizon et disparaîtrait bientôt derrière les cimes enneigées des montagnes au loin. L’hiver de ses doigts froid caressait déjà ces terres. Sentant que l’historien était mal à l’aise, Norikage se rassit posément et le regarda dans les yeux.
« Y a-t-il quelque chose que vous désiriez encore me demander Masato san ?
- Eh bien, à vrais dire oui sensei. Les évènements ont été tellement confus récemment, et certains héritages ont toujours été tellement incertains que je n’entrevois qu’une seule façon d’avoir certaines réponses qu’il nous manque…
- Je vois... Vous voulez que je retrouve ces ancêtres et que je leur demande directement comment les choses se sont passées.
- C’est cela même sensei.
- Ikoma san, vous n’ignorez pas que les ancêtres ne voient pas d’un bon œil qu’on les oublie et pire encore, que l’on nie leur existence ! Les esprits ne sont déjà pas souvent coopératifs. Réalisez vous ce que vous me demandez ?
- Je vous en prie sensei, vous êtes le meilleur soden senzo que je connaisse et je ne vois pas d’autre moyen pour résoudre un certain nombre de problèmes encore en suspend. Nous devons montrer notre indéfectible loyauté à l’empereur. Faites le pour le bien du clan »
Norikage ne répondit pas et ferma les yeux. Après un moment, il poussa un soupir et se tourna vers le jardin.
« Vous serez mon hôte ce soir Masato san. Vous me parlerez des branches de cette famille qui posent problème après le thé. »
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