20-09-2004, 06:54 PM
LE COEUR D'OCEANIE
Qu'il est doux sur la mer... (suite)
Résumé : Corso et Lucinius ont été recueillis à bord d'un navire. A fond de cale, ils attendent que la nuit tombent, avec pour voisin le nain Kuei-Jin que le Gangrel a déjà rencontré, enfermé dans la cale voisine.
A la nuit tombée, le Gangrel monte sur le pont, laissant le Toréador seul dans le ventre du navire...
Le Gangrel monta les marches, laissant Lucinius seul dans le ventre du navire, parmi les tôles qui vibraient comme le moteur.
Son œil fut attiré par un objet qui se balançait au-dehors, comme un pendule. Il passait régulièrement devant le hublot. Lucinius s’approcha, vit encore passer une forme indéfinie, grosse comme une citrouille. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Même en collant son nez sur le hublot, il ne pouvait deviner. Il ouvrit le hublot. L’air s’engouffra en sifflant : l’étrange objet continuait à se balancer dans l’obscurité ; il devait être tenu par une corde. Lucinius passa la tête pour mieux le voir : il voulait l’attraper, ça ne se tenait à quelques centimètres du hublot. L’objet était inerte : il venait cogner de temps à autre le navire.
En levant la tête, le Toréador vit qu’une corde, accrochée au bastingage du pont, tenait effectivement cet objet. N’y tenant plus de curiosité, Lucinius prit au plafond une des lampes torche, la coinça dans sa bouche, puis entreprit d’attraper, comme au manège, l’objet qui allait et venait selon les secousses imprimées par le vent et le tangage du navire. Lucinius essayait maladroitement de l’éclairer.
Mais qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
Après plusieurs essais, le Toréador l’attrapa des deux mains : ses doigts s’enfoncèrent dans une matière molle, caoutchouteuse. Un frisson parcourut le Toréador : il prit d’une main cette chose et l’éclaira de l’autre. La lumière frappa l’objet : entre ses mains, Lucinius tenait la tête du monstre abattu par Corso, qui y allait de son plus hideux sourire. Gluante, visqueuse, la gueule difforme du poulpe le plus monstrueux qui soit !
Révulsé, paniqué, Lucinius jeta à la mer l’abominable trophée, referma le hublot. Il tira la langue de dégoût. Quelle horreur c’était !
Il secouait ses mains, cherchait de quoi les essuyer ; il voulait les laisser loin de lui, il ne voulait plus de ces mains ! Ses lèvres se tordirent en une expression de répugnance profonde. Humain, il en aurait vomi aussitôt.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, il constata avec un nouvel effroi que l’ouverture de la cale du Kuei-Jin était béante. La porte s’ouvrait et claquait elle aussi au rythme du tangage, alors qu’on ne discernait rien de la noirceur de la pièce derrière. Ajoutons à cela l’horrible grincement des gonds.
Où était passé le nabot ? !
Un coup de mer d’une force inattendue déséquilibra Lucinius. Les lampes se décrochèrent du plafond, tombèrent et roulèrent à terre, frappèrent contre les caisses et s’éteignirent. La mer soulevait le bateau de plus en plus fort.
Et la tête du poulpe monstrueux roulait en grimaçant dans la cale !
Lucinius aurait pourtant juré l’avoir jeté par le hublot, renvoyée à son royaume marin putride. Mais non, elle roulait et heurtait tous les obstacles.
Et la porte de la cale battait, grinçait, s’ouvrait à tous les vents, claquait de toutes ses forces…
Effrayé, le Toréador s’adossa au mur et sortit son revolver. Est-ce qu’il avait pensé à le recharger ?…Il entendait des pas non loin de lui, accompagnés d’un petit ricanement. Où était le nain ?… Il rôdait autour de lui, et la porte se fermait et s’ouvrait à grandes volées, entraînée par la danse du navire sur la mer.
A suivre : Le Requin Bleu
Qu'il est doux sur la mer... (suite)
Résumé : Corso et Lucinius ont été recueillis à bord d'un navire. A fond de cale, ils attendent que la nuit tombent, avec pour voisin le nain Kuei-Jin que le Gangrel a déjà rencontré, enfermé dans la cale voisine.
A la nuit tombée, le Gangrel monte sur le pont, laissant le Toréador seul dans le ventre du navire...
Le Gangrel monta les marches, laissant Lucinius seul dans le ventre du navire, parmi les tôles qui vibraient comme le moteur.
Son œil fut attiré par un objet qui se balançait au-dehors, comme un pendule. Il passait régulièrement devant le hublot. Lucinius s’approcha, vit encore passer une forme indéfinie, grosse comme une citrouille. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Même en collant son nez sur le hublot, il ne pouvait deviner. Il ouvrit le hublot. L’air s’engouffra en sifflant : l’étrange objet continuait à se balancer dans l’obscurité ; il devait être tenu par une corde. Lucinius passa la tête pour mieux le voir : il voulait l’attraper, ça ne se tenait à quelques centimètres du hublot. L’objet était inerte : il venait cogner de temps à autre le navire.
En levant la tête, le Toréador vit qu’une corde, accrochée au bastingage du pont, tenait effectivement cet objet. N’y tenant plus de curiosité, Lucinius prit au plafond une des lampes torche, la coinça dans sa bouche, puis entreprit d’attraper, comme au manège, l’objet qui allait et venait selon les secousses imprimées par le vent et le tangage du navire. Lucinius essayait maladroitement de l’éclairer.
Mais qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
Après plusieurs essais, le Toréador l’attrapa des deux mains : ses doigts s’enfoncèrent dans une matière molle, caoutchouteuse. Un frisson parcourut le Toréador : il prit d’une main cette chose et l’éclaira de l’autre. La lumière frappa l’objet : entre ses mains, Lucinius tenait la tête du monstre abattu par Corso, qui y allait de son plus hideux sourire. Gluante, visqueuse, la gueule difforme du poulpe le plus monstrueux qui soit !
Révulsé, paniqué, Lucinius jeta à la mer l’abominable trophée, referma le hublot. Il tira la langue de dégoût. Quelle horreur c’était !
Il secouait ses mains, cherchait de quoi les essuyer ; il voulait les laisser loin de lui, il ne voulait plus de ces mains ! Ses lèvres se tordirent en une expression de répugnance profonde. Humain, il en aurait vomi aussitôt.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, il constata avec un nouvel effroi que l’ouverture de la cale du Kuei-Jin était béante. La porte s’ouvrait et claquait elle aussi au rythme du tangage, alors qu’on ne discernait rien de la noirceur de la pièce derrière. Ajoutons à cela l’horrible grincement des gonds.
Où était passé le nabot ? !
Un coup de mer d’une force inattendue déséquilibra Lucinius. Les lampes se décrochèrent du plafond, tombèrent et roulèrent à terre, frappèrent contre les caisses et s’éteignirent. La mer soulevait le bateau de plus en plus fort.
Et la tête du poulpe monstrueux roulait en grimaçant dans la cale !
Lucinius aurait pourtant juré l’avoir jeté par le hublot, renvoyée à son royaume marin putride. Mais non, elle roulait et heurtait tous les obstacles.
Et la porte de la cale battait, grinçait, s’ouvrait à tous les vents, claquait de toutes ses forces…
Effrayé, le Toréador s’adossa au mur et sortit son revolver. Est-ce qu’il avait pensé à le recharger ?…Il entendait des pas non loin de lui, accompagnés d’un petit ricanement. Où était le nain ?… Il rôdait autour de lui, et la porte se fermait et s’ouvrait à grandes volées, entraînée par la danse du navire sur la mer.
A suivre : Le Requin Bleu