25-01-2005, 02:03 PM
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
11e Episode
La caravane
Assis bien droit en tailleur, Shinjo Kohei toussota, remis son obi plus droit, rectifia le pli de sa manche.
En retrait derrière lui, Mirumoto Ryu était immobile, comme plongée dans une de ses habituelles méditations, tandis que Hida Shigeru admirait la pièce, richement décorée. Derrière eux, Riobe le rônin restait stoïque.
En ces premiers beaux jours du printemps, la lumière solaire rendait la campagne ravissante, et jetait des feux aimables sur la forteresse de la famille Daidoji. Une intense activité régnait autour du Shiro, fortifié à la manière d'une forteresse Kaiu, et décoré avec la finesse des artisans Asahina.
Des caravanes allaient et venaient, des guntai patrouillaient, des groupes d'éclaireurs partaient au galop, des ashigaru manoeuvraient sur les champs de lice autour du château ; on entendait le bruit scandé des jeunes bushi qui répétaient en groupe des passes de sabre. Dans la cour du château, le peuple tenait une place de marché, tandis que de nombreux samuraï discutaient entre eux. Bref, rien qui rappelât le calme proverbial des campagnes.
Des messagers arrivaient régulièrement, et demandaient à rencontrer dès que possible le maître des lieux, le seigneur Uji, daimyo de la famille Daidoji. On leur répondait que pour le moment, il était occupé, toutes affaires cessantes.
Kohei-san observa le mur, et y vit accroché plusieurs armes de fabrication gaijin, comme il en avait vu, il y a plusieurs années. Des lames droites, des sabres à lames courbées, des poignards, de grands arcs... Cela faisait tellement bizarre, de voir ces choses-là, à quelques jours de la capitale impériale, et pas dans un Shiro Licorne.
Kohei-san ne fit aucune remarque, mais s'étonna de l'attrait du seigneur Uji pour ces artefacts étrangers.
A ce moment-là, entrèrent deux samuraï en grande tenue, daisho à la ceinture, qui vinrent s'asseoir devant les invités, sévères et martiaux. Puis entra le seigneur Uji, portant un casque et une cagoule qui lui dissimulait le visage. Son allure en imposa tout de suite. Il est vrai que c'était avec ce masque qu'il avait acquis sa réputation dans l'Empire. Son visage nu ne disait rien à beaucoup de monde.
Il vint s'asseoir entre les deux samuraï, s'inclina brièvement, pendant que les invités s'inclinaient très bas, et que les deux gardes du corps se penchaient en avant, mais gardaient la tête droite pour ne pas quitter les invités des yeux.
- Konnichi-wa, samuraï. Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation.
- Konnichi-wa, Uji-sama, répondit très fort Kohei, c'est nous qui sommes honorés de pouvoir nous mettre sous tes ordres. Nous avons une dette envers ta famille, et nous ferons ce que tu désireras pour la payer.
- Bien... J'ai entendu parler de vous tous, samuraï. Il est bon de se renseigner sur ses alliés. Je sais que vous venez de la Cité du Chêne Pale, car le seigneur Morozane s'y trouvait, et m'a parlé de vous.
"C'est bien de mon ami Daidoji Morozane dont il s'agit à présent. Vous savez qu'il est gouverneur de Toshi Ranbo, la Cité des Apparences, qu'il a conquis de haute lutte aux Lions, voilà six ans maintenant. Aujourd'hui, cette Cité est plus que jamais menacée. Le général Matsu Tsuko a juré de reprendre la ville. Elle a chargé son cousin, le bouillant Matsu Gohei, de chasser ma famille et mon clan de Toshi Ranbo. Il avait juré de s'acquitter de cette tâche dès cet hiver, mais à l'heure qu'il est, le printemps est arrivé, et le seigneur Gohei n'a pas tenu son serment. Le général Tsuko doit enrager, mais comme Gohei n'a pas eu à faire encore seppuku, on peut s'attendre à une attaque imminente de sa part. Il est donc évident que très bientôt, les généraux Morozane et Gohei vont en découdre une bonne fois pour toute.
"Samuraï, nous allons vous confier une caravane de ravitaillement, que vous serez chargés de mener à la Cité des Apparences, le plus rapidement possible. Il est vital que cette caravane arrive rapidement au général Morozane. Me suis-je bien fait comprendre ?
Les quatre invités s'inclinèrent et Kohei dit de tout son coeur :
- Oui, seigneur Uji. Nous protégerons cette caravane, et nous répondons sur l'honneur qu'elle arrivera à la Cité des Apparences !
- Très bien, samuraï. Ma famille compte sur vous. Réussissez, et nous saurons montrer notre gratitude.
Le seigneur Uji salua brièvement, se leva et quitta la pièce. Entra alors un des lieutenants de Uji-sama, devant lequel nos hôtes s'inclinèrent.
- Konnichi-wa, samuraï, mon nom est Daidoji Yajinden. J'ai l'honneur de servir le seigneur Uji aujourd'hui, en vous expliquant plus précisément le déroulement de votre mission.
- La caravane dont vous assurerez la sécurité se compose de trois chariots couverts, tirés chacun par deux solides poney. Chaque chariot est rempli de tonneaux, remplis de vivres et d'armes, ainsi que de babioles marchandes sur le dessus, pour faire illusion en cas d'un éventuel contrôle. Pour tromper nos adversaires, nous avons confié le commandement officiel de cette caravane à un de nos ennemis traditionnels, un Yasuki ! Entre donc, Mitsuhirato ! dit Yajinden-sama, en claquant des doigts.
On fit alors entrer brusquement un des honorables comparses de Taka-sama
. Il avait l'air hagard, fatigué par son séjour chez le seigneur Uji, et n'en menait pas large face aux solides et roublards Daidoji.
- J'ai appréhendé Mitsuhirato, déclara Yajinden à l'assistance, à la Cité de la Forêt des Ombres, chez nos amis du clan du Phénix, alors qu'il trafiquait avec une bande de contrebandiers que je chassais depuis longtemps, les Frères de la Côte. Etant certain de sa collusion, j'ai néanmoins choisi d'être clément avec lui, et en échange, il a bien voulu nous rendre ce petit service de guider notre caravane. Qui se douterait qu'un honorable Yasuki mène des biens appartenant à ses ennemis Daidoji, n'est-ce pas Mitsuhirato !
Le dénommé se renfrogna, tandis que les deux yojimbo, et deux autres soldats dans la pièce, ne manquèrent pas de rire au visage du pleutre marchand.
- C'est moi qui ait fourni le contenu de cette caravane, dit Yajinden, car je puis dire que le général Morozane est un ami à moi. Nous avons conquis de haute lutte la Cité des Apparences, et nous ne voulons pas la voir tomber aux mains des Matsu. Vous serez également accompagnés par quelques rônins, eux aussi en délicatesse avec notre justice. Plutôt que les envoyer se faire pendre, nous avons préféré leur mission cette dangereuse mission. Je m'entretiendrai plus tard avec Kohei-san pour déterminer précisément votre itinéraire. Sayonara, samuraï !
On salua, et chacun se retira.
Dans la cour du château, nos héros firent connaissance avec ceux qui les accompagneraient. Il y avait là un membre du clan de la Guêpe, nommé Mukuro, qui commandait aux autres rônins. Il y en avait quatre :
Le premier était presque soigné de sa personne pour un samuraï sans clan. Il ne portait qu'un wakisashi à la ceinture, et une grosse besace en bandoulière. Il se nommait Naofumi.
Le second se nommait Ozaki : petit, mince, jeune, mal rasé, un bandeau en travers du visage qui lui couvrait un oeil, un katana à la ceinture emballé dans du papier de riz. Il ne portait aucune armure.
Enfin, venaient deux frères, nommés Keishi et Keita, répondant à la description la plus classique des rônins : des morceaux hétéroclites d'armures attachés ensemble tant bien que mal des pieds à la tête, et un daisho à la ceinture.
Le Guêpe Mukuro était un solide et énergique gaillard, qui portait son arc comme seule arme, en plus d'un poignard.
C'est donc toute cette belle équipe, en plus du marchand Mitsuhirato, et de nos héros, qui allait convoyer la caravane jusqu'à la Cité des Apparences.
En serrant le poing, très concentrée sur ses pensées, Mirumoto Ryu dit :
- Ah, il faudrait envoyer une seconde caravane, une fausse, pour tromper nos ennemis !
- Allons, Ryu-san, répliqua Kohei-san, je suis certain que les Daidoji savent ce qu'ils font, et nous n'avons pas à nous en préocupper. Allons en route !
A suivre...
11e Episode
La caravane
Assis bien droit en tailleur, Shinjo Kohei toussota, remis son obi plus droit, rectifia le pli de sa manche.
En retrait derrière lui, Mirumoto Ryu était immobile, comme plongée dans une de ses habituelles méditations, tandis que Hida Shigeru admirait la pièce, richement décorée. Derrière eux, Riobe le rônin restait stoïque.
En ces premiers beaux jours du printemps, la lumière solaire rendait la campagne ravissante, et jetait des feux aimables sur la forteresse de la famille Daidoji. Une intense activité régnait autour du Shiro, fortifié à la manière d'une forteresse Kaiu, et décoré avec la finesse des artisans Asahina.
Des caravanes allaient et venaient, des guntai patrouillaient, des groupes d'éclaireurs partaient au galop, des ashigaru manoeuvraient sur les champs de lice autour du château ; on entendait le bruit scandé des jeunes bushi qui répétaient en groupe des passes de sabre. Dans la cour du château, le peuple tenait une place de marché, tandis que de nombreux samuraï discutaient entre eux. Bref, rien qui rappelât le calme proverbial des campagnes.
Des messagers arrivaient régulièrement, et demandaient à rencontrer dès que possible le maître des lieux, le seigneur Uji, daimyo de la famille Daidoji. On leur répondait que pour le moment, il était occupé, toutes affaires cessantes.
Kohei-san observa le mur, et y vit accroché plusieurs armes de fabrication gaijin, comme il en avait vu, il y a plusieurs années. Des lames droites, des sabres à lames courbées, des poignards, de grands arcs... Cela faisait tellement bizarre, de voir ces choses-là, à quelques jours de la capitale impériale, et pas dans un Shiro Licorne.
Kohei-san ne fit aucune remarque, mais s'étonna de l'attrait du seigneur Uji pour ces artefacts étrangers.
A ce moment-là, entrèrent deux samuraï en grande tenue, daisho à la ceinture, qui vinrent s'asseoir devant les invités, sévères et martiaux. Puis entra le seigneur Uji, portant un casque et une cagoule qui lui dissimulait le visage. Son allure en imposa tout de suite. Il est vrai que c'était avec ce masque qu'il avait acquis sa réputation dans l'Empire. Son visage nu ne disait rien à beaucoup de monde.
Il vint s'asseoir entre les deux samuraï, s'inclina brièvement, pendant que les invités s'inclinaient très bas, et que les deux gardes du corps se penchaient en avant, mais gardaient la tête droite pour ne pas quitter les invités des yeux.
- Konnichi-wa, samuraï. Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation.
- Konnichi-wa, Uji-sama, répondit très fort Kohei, c'est nous qui sommes honorés de pouvoir nous mettre sous tes ordres. Nous avons une dette envers ta famille, et nous ferons ce que tu désireras pour la payer.
- Bien... J'ai entendu parler de vous tous, samuraï. Il est bon de se renseigner sur ses alliés. Je sais que vous venez de la Cité du Chêne Pale, car le seigneur Morozane s'y trouvait, et m'a parlé de vous.
"C'est bien de mon ami Daidoji Morozane dont il s'agit à présent. Vous savez qu'il est gouverneur de Toshi Ranbo, la Cité des Apparences, qu'il a conquis de haute lutte aux Lions, voilà six ans maintenant. Aujourd'hui, cette Cité est plus que jamais menacée. Le général Matsu Tsuko a juré de reprendre la ville. Elle a chargé son cousin, le bouillant Matsu Gohei, de chasser ma famille et mon clan de Toshi Ranbo. Il avait juré de s'acquitter de cette tâche dès cet hiver, mais à l'heure qu'il est, le printemps est arrivé, et le seigneur Gohei n'a pas tenu son serment. Le général Tsuko doit enrager, mais comme Gohei n'a pas eu à faire encore seppuku, on peut s'attendre à une attaque imminente de sa part. Il est donc évident que très bientôt, les généraux Morozane et Gohei vont en découdre une bonne fois pour toute.
"Samuraï, nous allons vous confier une caravane de ravitaillement, que vous serez chargés de mener à la Cité des Apparences, le plus rapidement possible. Il est vital que cette caravane arrive rapidement au général Morozane. Me suis-je bien fait comprendre ?
Les quatre invités s'inclinèrent et Kohei dit de tout son coeur :
- Oui, seigneur Uji. Nous protégerons cette caravane, et nous répondons sur l'honneur qu'elle arrivera à la Cité des Apparences !
- Très bien, samuraï. Ma famille compte sur vous. Réussissez, et nous saurons montrer notre gratitude.
Le seigneur Uji salua brièvement, se leva et quitta la pièce. Entra alors un des lieutenants de Uji-sama, devant lequel nos hôtes s'inclinèrent.
- Konnichi-wa, samuraï, mon nom est Daidoji Yajinden. J'ai l'honneur de servir le seigneur Uji aujourd'hui, en vous expliquant plus précisément le déroulement de votre mission.
7e épisode @Cité du Chêne Pale Wrote:[Ikky] entendit les nouvelles rapportées par Daidoji Yajinden, contrôleur du commerce avec le clan de la Mante. Sévère, froid, une de ses pupilles très pâle, le bushi Grue n'inspirait pas confiance. Il avait typiquement le visage de celui qu'on charge d'apporter les mauvaises nouvelles.
- La caravane dont vous assurerez la sécurité se compose de trois chariots couverts, tirés chacun par deux solides poney. Chaque chariot est rempli de tonneaux, remplis de vivres et d'armes, ainsi que de babioles marchandes sur le dessus, pour faire illusion en cas d'un éventuel contrôle. Pour tromper nos adversaires, nous avons confié le commandement officiel de cette caravane à un de nos ennemis traditionnels, un Yasuki ! Entre donc, Mitsuhirato ! dit Yajinden-sama, en claquant des doigts.
On fit alors entrer brusquement un des honorables comparses de Taka-sama

8e épisode@Morikage Toshi Wrote:Shiba Ikky demanda à parler au magistrat Tadamischi-sama. Elle demanda s’il y avait des membres du clan du Crabe en ville. Le magistrat réfléchit : à sa connaissance, il y avait bien un marchand de la famille Yasuki, qui venait traiter avec le clan de la Mante. Ikky-san demanda humblement à pouvoir l’interroger.
Le magistrat n’y vit pas d’inconvénient et fit convoquer sur l’heure le marchand.
Celui-ci fut amené rudement par deux samouraï. C’était un honorable commerçant du nom de Yasuki Mitsuhirato, qui avait dans les manières tout ce qu’il faut de souplesse, de ruse, de tromperie, pour faire un bon marchand. Cette honorable crapule était bien sûr disposé à répondre à toutes les questions des nobles Phénix.
- J'ai appréhendé Mitsuhirato, déclara Yajinden à l'assistance, à la Cité de la Forêt des Ombres, chez nos amis du clan du Phénix, alors qu'il trafiquait avec une bande de contrebandiers que je chassais depuis longtemps, les Frères de la Côte. Etant certain de sa collusion, j'ai néanmoins choisi d'être clément avec lui, et en échange, il a bien voulu nous rendre ce petit service de guider notre caravane. Qui se douterait qu'un honorable Yasuki mène des biens appartenant à ses ennemis Daidoji, n'est-ce pas Mitsuhirato !
Le dénommé se renfrogna, tandis que les deux yojimbo, et deux autres soldats dans la pièce, ne manquèrent pas de rire au visage du pleutre marchand.
- C'est moi qui ait fourni le contenu de cette caravane, dit Yajinden, car je puis dire que le général Morozane est un ami à moi. Nous avons conquis de haute lutte la Cité des Apparences, et nous ne voulons pas la voir tomber aux mains des Matsu. Vous serez également accompagnés par quelques rônins, eux aussi en délicatesse avec notre justice. Plutôt que les envoyer se faire pendre, nous avons préféré leur mission cette dangereuse mission. Je m'entretiendrai plus tard avec Kohei-san pour déterminer précisément votre itinéraire. Sayonara, samuraï !
On salua, et chacun se retira.
Dans la cour du château, nos héros firent connaissance avec ceux qui les accompagneraient. Il y avait là un membre du clan de la Guêpe, nommé Mukuro, qui commandait aux autres rônins. Il y en avait quatre :
Le premier était presque soigné de sa personne pour un samuraï sans clan. Il ne portait qu'un wakisashi à la ceinture, et une grosse besace en bandoulière. Il se nommait Naofumi.
Le second se nommait Ozaki : petit, mince, jeune, mal rasé, un bandeau en travers du visage qui lui couvrait un oeil, un katana à la ceinture emballé dans du papier de riz. Il ne portait aucune armure.
Enfin, venaient deux frères, nommés Keishi et Keita, répondant à la description la plus classique des rônins : des morceaux hétéroclites d'armures attachés ensemble tant bien que mal des pieds à la tête, et un daisho à la ceinture.
Le Guêpe Mukuro était un solide et énergique gaillard, qui portait son arc comme seule arme, en plus d'un poignard.
C'est donc toute cette belle équipe, en plus du marchand Mitsuhirato, et de nos héros, qui allait convoyer la caravane jusqu'à la Cité des Apparences.
En serrant le poing, très concentrée sur ses pensées, Mirumoto Ryu dit :
- Ah, il faudrait envoyer une seconde caravane, une fausse, pour tromper nos ennemis !
- Allons, Ryu-san, répliqua Kohei-san, je suis certain que les Daidoji savent ce qu'ils font, et nous n'avons pas à nous en préocupper. Allons en route !
A suivre...
