19-03-2005, 07:17 PM
LE COEUR D'OCEANIE
Résumé : Nous avons assisté à la dérive de Corso et Lucinius, perdus sur une épave au milieu de la mer des Sargasses, puis à leur combat contre une monstrueuse créature poulpesque sortie des abysses ; nous avons ensuite assisté à leur voyage dans les cales d'un navire, à leur brève rencontre avec le Kuei-Jin nain qui colle aux basques de Corso ; enfin nous avons vus nos héros recueillis à bord d'un sous-marin nommé le Requin Bleu, sans nationalité, commandé par un certain Tuang-Loc, homme de main de Lum Khan, seigneur occulte de l'océanie. Nous savons également qu'au moment où nos deux héros vivaient ce périple marin, Loren se trouvait en Indonésie, chez un certain Harawar pour parler affaire avec lui.
Un mois plus tôt à Paris
Un mois auparavant à Paris, Benedict le Brujah marchait rue du faubourg du temple. On lui avait donné rendez-vous à trois heures du matin, sur le seuil d’une porte cochère. Lucinius l’avait convaincu de sortir un peu de la morgue de son hôpital pour arpenter les rues de la rive droite.
Benedict, qui ne demandait qu’à aider les personnes qui se comportent bien, avait accepté. Et puis qu’un Toréador ait une dette envers lui pouvait s’avérer utile un de ces jours.
Il ignorait à vrai dire ce que le courtisan du Louvre voulait de lui, mais il avait promis de suivre ses instructions -en faisant bien comprendre au Toreador qu'il aurait à payer cette faveur au comptant ! Arrivé en avance, le Brujah avait tourné en rond dans le quartier, qu’il connaissait mal. Ce n’était pas précisément le territoire de son clan... Il avait beau entendre répéter à longueur de temps par les Poseurs du Louvre que Paris est un monde à soit seul, il trouvait cette expression très surfaite.
Comme tout était petit et étroit, tout étriqué ! D’un autre côté, son expérience de combattant de rue lui suggérait que ces rues étaient idéales pour dresser rapidement des barricades, comme pendant la commune et mai 68 ! Sous le béton, les pavés ! Il serait temps un jour de réduire en cendres ces immeubles trop sûrs d’eux, ces façades endormies dans leur confort, de réveiller les consciences assoupis dans le confort grégaire.
L’insolent règne des Toréadors sur Paris n’avait que trop duré, il le savait bien. Ces artistes enfermés dans leur monde de paillette auraient avant peu l’occasion de goûter à la colère des Brujah. Du même coup, ils mettraient fin à l’exploitation cynique de la Camarilla par les Ventrues, et ils régleraient leur compte aux Tremere.
Benedict en était là de ses réflexions politiques quand il trouva la porte cochère. Il décrocha son téléphone et appela Lucinius :
- Allô, vous m’entendez ?
- Oui, allô Benedict ? Vous avez trouvé ?
- Tout à fait. Je suis à l’adresse que vous m’avez indiquée.
- Très bien, alors patientez, je viens d’avoir vos contacts en ligne, ils seront là avant deux minutes.
- Je vois deux personnes arriver. Ce sont elles ?
- Parfaitement. Bonne fin de nuit, Benedict…
- A vous aussi.
Le Brujah raccrocha. Les deux créatures étaient vêtues d’imper : elles devaient sortir du casting d’un film noir ! Mais leurs chapeaux ne trompaient pas un regard avisé, même la nuit dans cette rue mal éclairée. C’était deux Nosfératus, dont la peau blafarde et plissée se devinait facilement. Les deux rats d’égout s’approchèrent au point de se coller presque contre le Brujah.
- Vous êtes bien ce Brujah qui habite dans la morgue de l’hôpital Georges Pompidou ? demanda l'un des deux, d'une voix nasillarde.
- Tout à fait, et vous êtes ?
- Je me nomme Désastre et voici ma sœur Perséphone. Nous sommes envoyés par monsieur Lucinius.
A vrai dire, on distinguait mal la fémininité de la masculinité chez un Nosfératu, mais Bénedict voulait bien les croire sur parole.
Un instant d’inattention de sa part, et Perséphone s’était collée derrière lui : elle lui colla un pistolet muni d’un silencieux entre les omoplates ; au même moment son frère pointa le ventre du Brujah, et les deux vampires blafards vidèrent les chargeurs de leurs automatiques.
Benedict s’écroula lourdement à terre, comme une armoire qui s’effondre.
Les deux Nosfératus déguerpirent sans se retourner.
Couché dans son sang abondamment répandu, Benedict fut trouvé cinq minutes plus tard par deux agents de police, accourus sur les lieux alors qu'on venait de leur signaler que des coups de feu avaient été tirés dans la rue. Les deux fonctionnaires de police trouvèrent le cadavre, et appelèrent une ambulance. Le Brujah fut transporté à l’hôpital Pompidou : un médecin-légiste l’examina rapidement, la police releva les munitions utilisées pour l’abattre. Le médecin hocha la tête négativement, et l'inspecteur, pressé de retourner dormir, recouvrit la tête de Benedict d'un drap blan. Puis on le mit au frais, à la morgue. Il se faisait déjà tard, et tout le monde était fatigué de s’occuper de ce cadavre sans papiers d’identité.
Encore un règlement de compte sordide, pensa t-on. Le lendemain, un billet parut dans le Parisien pour annoncer ce meurtre. Sans suite.
Au Louvre, on s’était occupé que cette entorse à la Mascarade ne fasse pas de remous.
Revenons un peu en arrière.
Juste après avoir quitté Bénedict au téléphone, Lucinius reçut un autre appel :
- Allô ? Oui, Loren à l’appareil. Je vous appelle pour mon rendez-vous de ce soir.
- Vous êtes toujours d’accord ?
- Oui. Quel est le nom du restaurant ?
- Il s’agit du Rossignol Milanais, dans le 17e arrondissement, rue de l’éclipse. C’est une petite voie perpendiculaire au boulevard Max Elskamp. Vous trouverez ?
- Ne vous inquiétez pas.
- Bien. L’homme qui vous attend… Allô Loren ? Attendez, excusez-moi un instant, j’ai un double appel, c’est urgent.
- Allez-y…
Loren le Ventrue faisait les cent pas devant son loft des Champs-Elysées. Il avait donné la soirée à son troupeau de blondes pulpeuses, pour qu’elle aille s’amuser en boîte de nuit à ses frais. Son chauffeur attendait l’ordre de partir. Loren attendit impatiemment que Lucinius finisse son coup de fil.
- Allô, Loren ?
- Oui. Alors ?…
- J’avais Perséphone en ligne, mon contact Nosferatu. Elle m’a dit qu’elle et son frère s’étaient occupés de Benedict.
- Bon, tant mieux. Voilà une affaire réglée. Le médecin a bien été prévenu ?
- Tout à fait. Et un ami Malkavien va s’occuper d’étouffer l’enquête dans l’œuf.
- Entendu. Et en ce qui me concerne ?
- Donc, rendez-vous rue de l’éclipse, dans une demi-heure. Votre interlocuteur se nomme Gianmaria Valtero. Il vous attendra devant le restaurant.
- Très bien. Nous restons donc sur les mêmes bases de notre accord ?
- Oui, si cela vous convient toujours ?
- Ce Valtero, c’est un Caïnite ?
- Non, il est humain.
- Alors c’est comme si c’était déjà fait, sourit Loren.
- Je n’en doute pas. Bonne soirée à vous. Je vous recommande les pâtes à l’encre de seiche : un régal. Rappelez-moi quand vous serez sorti.
- A tout à l’heure.
Le Ventrue raccrocha, monta dans sa voiture (une Renault haut de gamme dont les chromes luisaient encore) et se fit conduire au « Rossignol Milanais ».
A suivre...
Que manigançait donc Lucinius à Paris avec Loren ?
Pourquoi a t-il fait assassiner Benedict ?
Comment en est-il venu à partir pour l'Océanie avec Corso ?
Vous en apprendrez peut-être plus par la suite...
Résumé : Nous avons assisté à la dérive de Corso et Lucinius, perdus sur une épave au milieu de la mer des Sargasses, puis à leur combat contre une monstrueuse créature poulpesque sortie des abysses ; nous avons ensuite assisté à leur voyage dans les cales d'un navire, à leur brève rencontre avec le Kuei-Jin nain qui colle aux basques de Corso ; enfin nous avons vus nos héros recueillis à bord d'un sous-marin nommé le Requin Bleu, sans nationalité, commandé par un certain Tuang-Loc, homme de main de Lum Khan, seigneur occulte de l'océanie. Nous savons également qu'au moment où nos deux héros vivaient ce périple marin, Loren se trouvait en Indonésie, chez un certain Harawar pour parler affaire avec lui.
Un mois plus tôt à Paris
Un mois auparavant à Paris, Benedict le Brujah marchait rue du faubourg du temple. On lui avait donné rendez-vous à trois heures du matin, sur le seuil d’une porte cochère. Lucinius l’avait convaincu de sortir un peu de la morgue de son hôpital pour arpenter les rues de la rive droite.
Benedict, qui ne demandait qu’à aider les personnes qui se comportent bien, avait accepté. Et puis qu’un Toréador ait une dette envers lui pouvait s’avérer utile un de ces jours.
Il ignorait à vrai dire ce que le courtisan du Louvre voulait de lui, mais il avait promis de suivre ses instructions -en faisant bien comprendre au Toreador qu'il aurait à payer cette faveur au comptant ! Arrivé en avance, le Brujah avait tourné en rond dans le quartier, qu’il connaissait mal. Ce n’était pas précisément le territoire de son clan... Il avait beau entendre répéter à longueur de temps par les Poseurs du Louvre que Paris est un monde à soit seul, il trouvait cette expression très surfaite.
Comme tout était petit et étroit, tout étriqué ! D’un autre côté, son expérience de combattant de rue lui suggérait que ces rues étaient idéales pour dresser rapidement des barricades, comme pendant la commune et mai 68 ! Sous le béton, les pavés ! Il serait temps un jour de réduire en cendres ces immeubles trop sûrs d’eux, ces façades endormies dans leur confort, de réveiller les consciences assoupis dans le confort grégaire.
L’insolent règne des Toréadors sur Paris n’avait que trop duré, il le savait bien. Ces artistes enfermés dans leur monde de paillette auraient avant peu l’occasion de goûter à la colère des Brujah. Du même coup, ils mettraient fin à l’exploitation cynique de la Camarilla par les Ventrues, et ils régleraient leur compte aux Tremere.
Benedict en était là de ses réflexions politiques quand il trouva la porte cochère. Il décrocha son téléphone et appela Lucinius :
- Allô, vous m’entendez ?
- Oui, allô Benedict ? Vous avez trouvé ?
- Tout à fait. Je suis à l’adresse que vous m’avez indiquée.
- Très bien, alors patientez, je viens d’avoir vos contacts en ligne, ils seront là avant deux minutes.
- Je vois deux personnes arriver. Ce sont elles ?
- Parfaitement. Bonne fin de nuit, Benedict…
- A vous aussi.
Le Brujah raccrocha. Les deux créatures étaient vêtues d’imper : elles devaient sortir du casting d’un film noir ! Mais leurs chapeaux ne trompaient pas un regard avisé, même la nuit dans cette rue mal éclairée. C’était deux Nosfératus, dont la peau blafarde et plissée se devinait facilement. Les deux rats d’égout s’approchèrent au point de se coller presque contre le Brujah.
- Vous êtes bien ce Brujah qui habite dans la morgue de l’hôpital Georges Pompidou ? demanda l'un des deux, d'une voix nasillarde.
- Tout à fait, et vous êtes ?
- Je me nomme Désastre et voici ma sœur Perséphone. Nous sommes envoyés par monsieur Lucinius.
A vrai dire, on distinguait mal la fémininité de la masculinité chez un Nosfératu, mais Bénedict voulait bien les croire sur parole.
Un instant d’inattention de sa part, et Perséphone s’était collée derrière lui : elle lui colla un pistolet muni d’un silencieux entre les omoplates ; au même moment son frère pointa le ventre du Brujah, et les deux vampires blafards vidèrent les chargeurs de leurs automatiques.
Benedict s’écroula lourdement à terre, comme une armoire qui s’effondre.
Les deux Nosfératus déguerpirent sans se retourner.
Couché dans son sang abondamment répandu, Benedict fut trouvé cinq minutes plus tard par deux agents de police, accourus sur les lieux alors qu'on venait de leur signaler que des coups de feu avaient été tirés dans la rue. Les deux fonctionnaires de police trouvèrent le cadavre, et appelèrent une ambulance. Le Brujah fut transporté à l’hôpital Pompidou : un médecin-légiste l’examina rapidement, la police releva les munitions utilisées pour l’abattre. Le médecin hocha la tête négativement, et l'inspecteur, pressé de retourner dormir, recouvrit la tête de Benedict d'un drap blan. Puis on le mit au frais, à la morgue. Il se faisait déjà tard, et tout le monde était fatigué de s’occuper de ce cadavre sans papiers d’identité.
Encore un règlement de compte sordide, pensa t-on. Le lendemain, un billet parut dans le Parisien pour annoncer ce meurtre. Sans suite.
Au Louvre, on s’était occupé que cette entorse à la Mascarade ne fasse pas de remous.
Revenons un peu en arrière.
Juste après avoir quitté Bénedict au téléphone, Lucinius reçut un autre appel :
- Allô ? Oui, Loren à l’appareil. Je vous appelle pour mon rendez-vous de ce soir.
- Vous êtes toujours d’accord ?
- Oui. Quel est le nom du restaurant ?
- Il s’agit du Rossignol Milanais, dans le 17e arrondissement, rue de l’éclipse. C’est une petite voie perpendiculaire au boulevard Max Elskamp. Vous trouverez ?
- Ne vous inquiétez pas.
- Bien. L’homme qui vous attend… Allô Loren ? Attendez, excusez-moi un instant, j’ai un double appel, c’est urgent.
- Allez-y…
Loren le Ventrue faisait les cent pas devant son loft des Champs-Elysées. Il avait donné la soirée à son troupeau de blondes pulpeuses, pour qu’elle aille s’amuser en boîte de nuit à ses frais. Son chauffeur attendait l’ordre de partir. Loren attendit impatiemment que Lucinius finisse son coup de fil.
- Allô, Loren ?
- Oui. Alors ?…
- J’avais Perséphone en ligne, mon contact Nosferatu. Elle m’a dit qu’elle et son frère s’étaient occupés de Benedict.
- Bon, tant mieux. Voilà une affaire réglée. Le médecin a bien été prévenu ?
- Tout à fait. Et un ami Malkavien va s’occuper d’étouffer l’enquête dans l’œuf.
- Entendu. Et en ce qui me concerne ?
- Donc, rendez-vous rue de l’éclipse, dans une demi-heure. Votre interlocuteur se nomme Gianmaria Valtero. Il vous attendra devant le restaurant.
- Très bien. Nous restons donc sur les mêmes bases de notre accord ?
- Oui, si cela vous convient toujours ?
- Ce Valtero, c’est un Caïnite ?
- Non, il est humain.
- Alors c’est comme si c’était déjà fait, sourit Loren.
- Je n’en doute pas. Bonne soirée à vous. Je vous recommande les pâtes à l’encre de seiche : un régal. Rappelez-moi quand vous serez sorti.
- A tout à l’heure.
Le Ventrue raccrocha, monta dans sa voiture (une Renault haut de gamme dont les chromes luisaient encore) et se fit conduire au « Rossignol Milanais ».
A suivre...




Vous en apprendrez peut-être plus par la suite...
