15-07-2005, 01:29 AM
LE COEUR D'OCEANIE
Résumé : D'abord, une fausse conspiration à Paris, qui s'avère être une opération montée par Lucinius pour partir en Océanie, avec l'aide de Corso, Loren et Benedict. Puis Lucinius et Corso arrivent sur l'île de la Tortue. Puis ils sont à la dérive, sur leur radeau, au beau milieu de la mer des Sargasses. Puis dans un navire, à fond de cale avec le nabot Kuei-Jin, avant que nous les retrouvions à bord d'un sous-marin piloté par un certain Tuang-Loc. Bref, après presque un an de présence sur ce topic, nos héros tournent toujours en rond.
Ruissellements
Il tournait en rond, il poussait ses petits grognements. Ses poings se crispaient. Il tenait pas en place dans la petite cabine du sous-marin.
- Vous verrez, Lucinius, vous verrez, nous allons retrouver Krueger, nous allons le retrouver…
Il poussait ses discrets glapissements, il tournait et se retournait.
- A quelles profondeurs sommes-nous maintenant ?
Allongé sur sa couchette, Lucinius s’inquiétait de plus en plus. Il ne parvenait pas à trouver le sommeil dans cette pénombre moite. Il se tournait d’un sens et de l’autre sur son lit. Il fixait le plafond, juste au-dessus du bout de son nez. Ou bien il regardait du coin de l’œil son compagnon de cabine se mordiller les doigts, exécuter des débuts de coup de pattes, marmotter, pousser des débuts de rires sarcastiques.
Une lueur de plus en plus faible éclairait la pièce. On entendait que le bruit sourd des abysses, des martèlements métalliques, le ronronnement continu des moteurs. Trois fois déjà un soldat était venu apporter des poches de sang aux deux passagers. Et ce soldat venait toutes les six heures.
- Nous sommes vraiment allés au fond des choses, Corso.
- Attendez donc d’avoir rencontré Kruegger… Vous m’en reparlerez alors du fond des choses… Oui, vous m’en reparlerez…
- Corso, je ne suis pas tranquille. J’ai l’impression que les murs sont humides. Ils transpirent…
- Qu’est-ce que vous me racontez ? C’est étanche un sous-marin, non ?
- Touchez donc : de ce côté-ci du mur, ils sont humides.
- Oui, vous avez raison. Mais c’est tout l’air de cette boîte de conserve qui est humide. Et moi, je ne suis pas fait pour vivre dans un cylindre d’acier. Je ne suis pas une sardine. J’ai besoin de plus d’espace et de terre ferme.
- Je n’aime pas l’idée que nous sommes à des kilomètres sous l’eau.
- Qu’est-ce que vous en savez ? Si ça se trouve, nous naviguons au ras de la surface. Arrêtez donc de vous monter l’imagination à tout propos.
- Non, je suis certain que nous naviguons très profonds. Nous sommes en longue croisière.
- Nous ne tarderons pas à faire surface de toute façon. Ça ne prend pas des mois de voyager de la mer des Sargasses à l’Australie…
- Et moi je vous dis que ces murs ruissellent…
- Vous n’avez qu’à les éponger si ça vous inquiète tant que ça. Vous n’êtes pas claustrophobe quand même, non ?
- Ne parlez pas de malheur…
- Quoi ? non mais vous n’êtes pas claustro quand même !
- Pas à ma connaissance…
- Bon eh bien, dans ce cas, arrêtez de me casser les oreilles. Nous sommes dans un sous-marin, pas une passoire…
- Ça, je me le demande. Cet appareil n’es pas militaire. Nous n’avons aucune garantie de sa qualité. Le capitaine, ce Tuang-Loc, n’est qu’un mercenaire… Et son équipage une bande d’apatrides. Ils sont sans foi ni loi…
- Et alors ? Même les mercenaires ne voyagent pas dans des paniers percés.

Une minute après, alors que Corso s’allongeait sur sa couche, un choc violent secoua tout le sous-marin. Un bruit sourd résonna dans tout le bâtiment.
- Là, nous avons heurté quelque chose !
Lucinius s’affola. Il se leva, tout comme Corso. Les lumières s’éteignirent soudain. Le Gangrel alluma les yeux de la bête : il y voyait aussi bien qu’un lupin dans le noir. Lucinius pouvait distinguer les sources de chaleur, comme un humain équipé de lunettes spéciales. Une alarme se mit à retentir. Nouveau choc. BRRROOMMM.
Enorme fracas, qui renversa le Requin Bleu. Les deux Caïnites basculèrent en avant, allant cogner contre la porte de leur cabine. BROOOMMM. Nouveau fracas assourdissant, comme si un marteau géant tapait sur la coque. Le bâtiment se renversa dans l’autre sens, et nos deux héros basculèrent en arrière sur leurs couchettes.
L’alarme retentissait toujours. La porte s’ouvrit : un jeune marin ordonna aux deux passagers de quitter les lieux tout de suite et de le suivre.
Ils obéirent sans discuter. Le marin était effrayé, la situation était grave. Ils coururent jusqu’au poste de navigation. Le capitaine était là : il essayait de coordonner le personnel de navigation, devant ses écrans, alors que l’affolement régnait. Des voyants rouges s’allumaient partout sur les ordinateurs. Des vues caméras montraient des chambres inondées, des marins noyaient à l’intérieur, qui se débattaient encore contre l’asphyxie. Sans espoir pour eux.
Le capitaine Tuang-Loc ordonna qu’on éteigne ces caméras de surveillance. Glacés d’effroi, malgré la chaleur lourde des lieux, les soldats s’exécutaient. Ils se parlaient en vietnamien, mais les deux Caïnites comprenaient que la situation empirait rapidement.
Des voies d’eau s’ouvraient en plusieurs endroits : la coque avait été éventrée à l’avant et à l’arrière. Les schémas sur ordinateurs indiquaient que le gouvernail était hors d’usage, tout comme la plupart des systèmes de propulsion. Le Requin Bleu était immobilisé, en proie aux dangers des grands fonds.
Corso tenta plusieurs fois, et Lucinius plus timidement, de s’informer de la situation auprès de Tuang-Loc. A la fin, le Gangrel, agacé, attrapa à la gorge le capitaine. Deux soldats sortirent aussitôt leurs pistolets et braquèrent le Gangrel. Lucinius leur lança un regard qui les plongea dans une transe hypnotique. Les autres soldats continuaient désespérément d’appeler leurs camarades, d’organiser les secours. Des équipes se précipitaient déjà à l’avant, vers le sas de sauvetage.
A l’arrière, l’eau se déversait dans les soutes, emportant avec elle la vie des malheureux restés en arrière. Prisonniers de sas hermétiquement fermés, ils commençaient par lutter comme des poissons hors de l’eau, avant de succomber…
Corso serrait Tuang-Loc à la gorge :
- Maintenant, capitaine, vous allez me dire ce qui s’est passé, et comment vous compter nous tirer de là…
- Arrêtez, vous ne m’impressionnez pas, gémissait le capitaine, qui luttait contre la poigne de Corso. Je dois sauver mes hommes.
- Vous êtes chargé de notre sécurité, pas de celle de vos soudards !
- Alors, démerdez-vous pour fuir vers l’avant, et laissez-moi faire mon devoir ici !
- Non, ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas nous accompagner et t’assurer que nous quittons en sécurité ta coquille de noix !
Corso avait commencé à faire pousser ses griffes sur la gorge de l’Asiatique. Celui-ci donna l’ordre à son second de prendre le commandement du navire.
- Voilà qui me paraît plus raisonnable. Et ne me joue pas le coup de l’honneur du capitaine : ton second fera très bien l’affaire pour quitter le dernier l’appareil !
Alors qu’ils quittaient le poste, Tuang-Loc dit :
- Je le fais pour sauver ma famille. Si Lum-Khan apprend que je suis responsable de votre noyade, il exterminera sans hésitation tous ceux que je connais.
- On en attendait pas moins de lui, grogna Corso.
- Que s’est-il passé ? demanda Lucinius, fou d’inquiétude.
- Nous avons été attaqué par des mines sous-marines. Un bâtiment de guerre léger. Nous ignorons au service de qui il est !...
A suivre...
Résumé : D'abord, une fausse conspiration à Paris, qui s'avère être une opération montée par Lucinius pour partir en Océanie, avec l'aide de Corso, Loren et Benedict. Puis Lucinius et Corso arrivent sur l'île de la Tortue. Puis ils sont à la dérive, sur leur radeau, au beau milieu de la mer des Sargasses. Puis dans un navire, à fond de cale avec le nabot Kuei-Jin, avant que nous les retrouvions à bord d'un sous-marin piloté par un certain Tuang-Loc. Bref, après presque un an de présence sur ce topic, nos héros tournent toujours en rond.

Ruissellements
Il tournait en rond, il poussait ses petits grognements. Ses poings se crispaient. Il tenait pas en place dans la petite cabine du sous-marin.
- Vous verrez, Lucinius, vous verrez, nous allons retrouver Krueger, nous allons le retrouver…
Il poussait ses discrets glapissements, il tournait et se retournait.
- A quelles profondeurs sommes-nous maintenant ?
Allongé sur sa couchette, Lucinius s’inquiétait de plus en plus. Il ne parvenait pas à trouver le sommeil dans cette pénombre moite. Il se tournait d’un sens et de l’autre sur son lit. Il fixait le plafond, juste au-dessus du bout de son nez. Ou bien il regardait du coin de l’œil son compagnon de cabine se mordiller les doigts, exécuter des débuts de coup de pattes, marmotter, pousser des débuts de rires sarcastiques.
Une lueur de plus en plus faible éclairait la pièce. On entendait que le bruit sourd des abysses, des martèlements métalliques, le ronronnement continu des moteurs. Trois fois déjà un soldat était venu apporter des poches de sang aux deux passagers. Et ce soldat venait toutes les six heures.
- Nous sommes vraiment allés au fond des choses, Corso.
- Attendez donc d’avoir rencontré Kruegger… Vous m’en reparlerez alors du fond des choses… Oui, vous m’en reparlerez…
- Corso, je ne suis pas tranquille. J’ai l’impression que les murs sont humides. Ils transpirent…
- Qu’est-ce que vous me racontez ? C’est étanche un sous-marin, non ?
- Touchez donc : de ce côté-ci du mur, ils sont humides.
- Oui, vous avez raison. Mais c’est tout l’air de cette boîte de conserve qui est humide. Et moi, je ne suis pas fait pour vivre dans un cylindre d’acier. Je ne suis pas une sardine. J’ai besoin de plus d’espace et de terre ferme.
- Je n’aime pas l’idée que nous sommes à des kilomètres sous l’eau.
- Qu’est-ce que vous en savez ? Si ça se trouve, nous naviguons au ras de la surface. Arrêtez donc de vous monter l’imagination à tout propos.
- Non, je suis certain que nous naviguons très profonds. Nous sommes en longue croisière.
- Nous ne tarderons pas à faire surface de toute façon. Ça ne prend pas des mois de voyager de la mer des Sargasses à l’Australie…
- Et moi je vous dis que ces murs ruissellent…
- Vous n’avez qu’à les éponger si ça vous inquiète tant que ça. Vous n’êtes pas claustrophobe quand même, non ?
- Ne parlez pas de malheur…
- Quoi ? non mais vous n’êtes pas claustro quand même !
- Pas à ma connaissance…
- Bon eh bien, dans ce cas, arrêtez de me casser les oreilles. Nous sommes dans un sous-marin, pas une passoire…
- Ça, je me le demande. Cet appareil n’es pas militaire. Nous n’avons aucune garantie de sa qualité. Le capitaine, ce Tuang-Loc, n’est qu’un mercenaire… Et son équipage une bande d’apatrides. Ils sont sans foi ni loi…
- Et alors ? Même les mercenaires ne voyagent pas dans des paniers percés.

Une minute après, alors que Corso s’allongeait sur sa couche, un choc violent secoua tout le sous-marin. Un bruit sourd résonna dans tout le bâtiment.
- Là, nous avons heurté quelque chose !
Lucinius s’affola. Il se leva, tout comme Corso. Les lumières s’éteignirent soudain. Le Gangrel alluma les yeux de la bête : il y voyait aussi bien qu’un lupin dans le noir. Lucinius pouvait distinguer les sources de chaleur, comme un humain équipé de lunettes spéciales. Une alarme se mit à retentir. Nouveau choc. BRRROOMMM.
Enorme fracas, qui renversa le Requin Bleu. Les deux Caïnites basculèrent en avant, allant cogner contre la porte de leur cabine. BROOOMMM. Nouveau fracas assourdissant, comme si un marteau géant tapait sur la coque. Le bâtiment se renversa dans l’autre sens, et nos deux héros basculèrent en arrière sur leurs couchettes.
L’alarme retentissait toujours. La porte s’ouvrit : un jeune marin ordonna aux deux passagers de quitter les lieux tout de suite et de le suivre.
Ils obéirent sans discuter. Le marin était effrayé, la situation était grave. Ils coururent jusqu’au poste de navigation. Le capitaine était là : il essayait de coordonner le personnel de navigation, devant ses écrans, alors que l’affolement régnait. Des voyants rouges s’allumaient partout sur les ordinateurs. Des vues caméras montraient des chambres inondées, des marins noyaient à l’intérieur, qui se débattaient encore contre l’asphyxie. Sans espoir pour eux.
Le capitaine Tuang-Loc ordonna qu’on éteigne ces caméras de surveillance. Glacés d’effroi, malgré la chaleur lourde des lieux, les soldats s’exécutaient. Ils se parlaient en vietnamien, mais les deux Caïnites comprenaient que la situation empirait rapidement.
Des voies d’eau s’ouvraient en plusieurs endroits : la coque avait été éventrée à l’avant et à l’arrière. Les schémas sur ordinateurs indiquaient que le gouvernail était hors d’usage, tout comme la plupart des systèmes de propulsion. Le Requin Bleu était immobilisé, en proie aux dangers des grands fonds.
Corso tenta plusieurs fois, et Lucinius plus timidement, de s’informer de la situation auprès de Tuang-Loc. A la fin, le Gangrel, agacé, attrapa à la gorge le capitaine. Deux soldats sortirent aussitôt leurs pistolets et braquèrent le Gangrel. Lucinius leur lança un regard qui les plongea dans une transe hypnotique. Les autres soldats continuaient désespérément d’appeler leurs camarades, d’organiser les secours. Des équipes se précipitaient déjà à l’avant, vers le sas de sauvetage.
A l’arrière, l’eau se déversait dans les soutes, emportant avec elle la vie des malheureux restés en arrière. Prisonniers de sas hermétiquement fermés, ils commençaient par lutter comme des poissons hors de l’eau, avant de succomber…
Corso serrait Tuang-Loc à la gorge :
- Maintenant, capitaine, vous allez me dire ce qui s’est passé, et comment vous compter nous tirer de là…
- Arrêtez, vous ne m’impressionnez pas, gémissait le capitaine, qui luttait contre la poigne de Corso. Je dois sauver mes hommes.
- Vous êtes chargé de notre sécurité, pas de celle de vos soudards !
- Alors, démerdez-vous pour fuir vers l’avant, et laissez-moi faire mon devoir ici !
- Non, ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas nous accompagner et t’assurer que nous quittons en sécurité ta coquille de noix !
Corso avait commencé à faire pousser ses griffes sur la gorge de l’Asiatique. Celui-ci donna l’ordre à son second de prendre le commandement du navire.
- Voilà qui me paraît plus raisonnable. Et ne me joue pas le coup de l’honneur du capitaine : ton second fera très bien l’affaire pour quitter le dernier l’appareil !
Alors qu’ils quittaient le poste, Tuang-Loc dit :
- Je le fais pour sauver ma famille. Si Lum-Khan apprend que je suis responsable de votre noyade, il exterminera sans hésitation tous ceux que je connais.
- On en attendait pas moins de lui, grogna Corso.
- Que s’est-il passé ? demanda Lucinius, fou d’inquiétude.
- Nous avons été attaqué par des mines sous-marines. Un bâtiment de guerre léger. Nous ignorons au service de qui il est !...
A suivre...
