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Vampire 2006 - #7 : Les châtiments de Jérémie
#4
Vampire 2006 - #7

Graziella fut la seconde à passer. L'ambiance qu'on lui avait réservée était bien plus formelle, pour ne pas dire froide. On ne manqua pas de l'interroger sur ses options politiques, ses amitiés. Jérémie ne disait rien, mais gardait un oeil suspicieux sur elle. Elle aurait dû être accueillie en héroïne : au lieu de cela, c'était presque un interrogatoire. Comme l'ambiance était différente maintenant, par rapport à l'époque de la Régence !

Le Louvre devenait un lieu froid, inhospitalier. Les fêtes étaient ternes : il y régnait une ambiance morose de complots sans envergure, de petites tractations au jour le jour et plus cette ambiance, déjà légendaire, de l'époque de Villon, de grandes et fines tractations, de cruelles manipulations, de coteries, d'espionnage et de plans de vengeance préparés avec la délicatesse nécessaire à la taille d'une pierre précieuse. Les plans des Ventrue semblaient à si long terme, ou à si court terme, qu'ils perdaient de leur intérêt. C'était avec des préméditations sur cinquante ans au plus que les Harpies du temps jadis montaient en grade.
Le moyen terme, c'était cela la leçon de la non-vie de cour sous François Villon : le complot prévu sur trop peu de temps n'a pas d'intérêt. On a pas le temps de le voir se développer. Le complot trop long finit par ennuyer : on en voit pas la fin, la victime le sent venir et l'exécuteur passe pour un dégonflé qui n'ose pas se jeter à l'eau.
Maintenant, une Brigitte Cellier prétendait avoir des chantages sur le feu qu'elle n'utiliserait que dans deux cents ans. Tired Ou bien elle faisait des coups bas pratiquement d'une semaine sur l'autre. Dans les deux cas, ils passait inaperçus : après deux siècles on avait oublié, on était passé à autre chose ; avant sept jours, on en parlait même pas : seuls les Nosferatu étaient au courant et ils trouvaient à refiler l'information pour des queues de cerise à de pauvres "13e génération" impatients de jouer dans la cour des grands.

Le goût moderne ne voulait plus de ces coups dans le dos qui mijotent sur des siècles et des siècles. non Même Cosimo Santi, pourtant de la vieille école, avait limité à trente ans le moment de ressortir Augustin de sa cave. C'était un chantage bien frais, presque un peu trop vert, tout juste bon pour être cueilli, mais enfin ! A la guerre comme à la guerre : les circonstances s'y prêtaient si bien ! Spamafote

Virus

Un petit vent aigre soufflait sur la cour du Louvre, quand Graziella arriva au pied de la Pyramide. Santi et Camille l'attendaient. Le maître du clan lui sauta presque à la gorge :
- Alors, que vous ont-ils dit ?
- Ces Ventrue ont de bien étranges manières... Ils ont été désagréables, presque rustres. Ils ont parlé politique. Ils m'ont félicité du bout des lèvres, parce qu'ils y étaient bien obligés.
Santi maugré entre ses canines quelques injures bien senties.
- Mon tour arrive, ensuite Camille certainement. Je vous recontacte : nous ferons une réunion chez moi sans tarder.
Graziella n'eut pas le temps de se retrouver seule : maintenant, elle faisait l'objet de tous les regards au Louvre : admiration, jalousie, haine, envie, curiosité, bien des sentiments s'y mêlaient mais l'indifférence n'y avait pas sa place. Elle évita une conversation avec le chroniqueur Patrice, avec quelques arrogants Ventrue mais accepta de parler avec Mégane.
- La Cour n'a d'yeux que pour vous, ma chère Valori ! Ah mais si, je vous l'affirme. Vous le savez comme moi. Pourquoi ne pas aller boire un verre ensemble : j'ai à vous entretenir d'une affaire importante.
Graziella se laissa convaincre : pour ce soir, elle n'avait rien de prévu.

Mégane l'emmena dans un discret restaurant, dans un ravissant patio du 17e arrondissement : entre les arbres et le chant des oiseaux, on était dans un endroit bien loin du béton et de la pollution parisienne. Aucun bruit de voitures, dans ces sortes de rues de verdure et d'immeubles ravissants. Les deux femmes furent installées à une bonne table, à l'écart des clients (assureurs, éditeurs, banquiers) qui dînaient dans ce cadre élégant.
- Nous autres Harpies n'avons pas l'habitude, ma chère Graziella, d'y aller par quatre chemins quand il s'agit de choses sérieuses. Et puis, nous sommes entre femmes, n'est-ce pas ?
- Je vous écoute, Mégane, sourit Graziella, vivement intéressée.
- Vous n'ignorez pas que votre soirée a été un choc ! Bon, sans même parler des festivités finales, vous avez réussi un gros coup. Entre le Duc, le Sénéchal, ce Cathéen, la fureur de Brigitte Cellier, vous avez réussi un quinte flush royal ma chère ! Et sans avoir à demander de cartes. Vous aviez juste à "poser" au bon moment. Ce que vous avez fait. Et nous savons tous que vous êtes une proche du Sénéchal...
- Venez-en donc au fait, Mégane, sourit Graziella.
Mégane baissa la voix d'un ton, en jetant un coup d'oeil à droite, un coup d'oeil à gauche :
- Graziella, vous avez les moyens de redoubler, de décupler votre prestige ! Continuez sur votre lancée et le quai de Bercy devient l'endroit le plus couru de Paris. La Cour, les Ventrue, les vieillards de cinq cents ans, c'est fini tout ça ! Place à la jeunesse, place à nous qui sommes de notre époque ! Vous pouvez devenir une figure politique d'importance, Graziella !
De Valori sourit. Elle se voyait déjà sur des affiches politiques, posant en Rosa Luxembourg pour la cause des jeunes Caïnites.
- Organisez à nouveau une réunion chez vous. Quelques invités triés sur le volet. J'ai des amis à vous présenter. Ils veulent vous approcher, ils veulent pouvoir dire : "j'y étais, Graziella de Valori m'a parlé, elle m'a regardé, elle s'est intéressé à moi : elle a donné du sens pour la première fois à mon insignifiante petite non-vie, passée à servir mon vieux croûton de Sire étreint pendant les Croisades ; maintenant, je vais devenir membre du Tout-Paris !" Oui, Graziella, vous avez besoin de ces ridicules petits arrivistes, parce que nous en sommes tous passés par là et que maintenant, nous sommes sur la marche au-dessus !
Graziella sourit : elle ne se souvenait pas quand elle avait été une "ridicule petite arriviste", en revanche, elle imaginait plutôt bien Mégane dans le rôle. :ahah: Mais notre signora souriait aussi car le charme opérait : faste, politique, intrigues, coteries... Mégane avait appuyé sur les bons boutons : elle avait déclenché de quoi faire saliver le moins ambitieux des Lasombra -celui qui veut juste conquérir un continent et pas le monde entier. Ouimaisnon
- Entendu, Mégane. Je vais relancer des invitations.
- Très bien. Pour après demain ?
Dans le taxi qui la ramenait chez elle, Graziella sourit : Mégane avait sûrement déjà prévenu ses amis auparavant, sur le thème "réservez votre nuit après-demain, je rencontre de Valori ce soir et je la convaincs de vous recevoir !"
De fait, la Toreador était arrivée à son but. Rentrée chez elle, Graziella, pendant qu'elle enlevait son manteau, lança à sa servante :
- A propos, nous repassons les plats dans deux nuits. Veillez à ce que cette demeure soit un peu présentable pour nos invités !
La servante, affolée, se mit à courir en tous sens : brusquement débordée par les tâches, elle ne savait pas par où commencer.

Virus

Loren avait quitté le Louvre sans tarder : il n'avait pas envie d'aller barboter dans les salons, parmi les courtisans qui viendraient lui poser des questions indiscrêtes. Il avait obtenu un rendez-vous avec Oh Yoonseuk. En arrivant au pavillon de la porte azurée, dont l'entrée secrête se trouvait dans l'arrière salle d'un grand restaurant chinois de la dalle des Olympiades, Loren ne regretta pas sa décision : il régnait dans le royaume des Kuei-Jin un calme, une sérénité qui tranchait avec l'agitation vulgaire et dorée du Louvre.
Yoonseuk le reçut et ils se mirent à genoux à une table au sol, en dégustant des coupes de sang. On se sentait si loin de Paris, dans un endroit un peu irréel, avec un parquet en bois dont le grincement était mélodieux, loin des nuits âpres du quartier des Tours.
La discussion que voulait avoir Loren concernait la Birmanie et la diplomatie à Paris.
- Vous désirez vous rendre au royaume du Myanmar, monsieur Loren ? Et seul pour le moment ? Bien sincérement, je puis vous donner le conseil amical de ne pas tenter pareille aventure à moins de cinq. Les Occidentaux ont pour nous l'étrange habitude de croire qu'on peut voyager seul. A Lyon ou à Bordeaux peut-être, mais pas à Rangoon. Cinq est un petit minimum. La nuit que nous avons connu avec l'attaque des démons du Sabbat, je me permets de supposer que cela n'arrive pas souvent. Au Myanmar, vous vivrez cela chaque nuit, et plus encore. Entre mes semblables qui n'ont rien ni de ma modeste connaissance des fils de Caïn, entre divers monstres de la jungle et les sanguinaires membres de la secte du Sabbat, vous ne tiendrez pas longtemps. Partez avec mes membres les plus valeureux et j'ose le dire les plus féroces de votre famille. Cette demoiselle de Valori conviendrait bien par exemple. Elle n'a pas froid aux yeux, cela se sent.
Loren sourit : Graziella n'était pas de sa famille mais il voyait bien ce que monsieur O voulait dire. Il nota déjà dans sa tête le nom d'Olaf, le Gangrel de la coterie de son Sire. S'il fallait du Caïnite féroce, les Birmans seraient servis en rencontrant Olaf... Restait à trouver entre trois personnes, sans parler de décider Graziella... Peut-être que Sergio consentirait à lui "prêter" un de ses hommes : après tout, cela relevait de la sécurité de la Camarilla parisienne. En prenant le gros Brujah par le bon côté, il pouvait obtenir ça.
- J'irai en Birmanie, affirma Loren, je trouverai Bernard de Latréaumont et je le détruirai. Et quand je reviendrai, monsieur Yoonseuk, nous nous occuperons sérieusement des relations diplomatiques entre l'Elysium du Louvre et la Porte Azurée.
- Je serai honoré d'être introduit au Louvre par vous à ce moment, monsieur Loren. Si vous ramenez la tête de ce Shrek, vous serez couverts de gloire par votre famille. Chinese
Content de lui, Loren salua monsieur O et rentra à pied chez lui. En poussant la porte de son repaire, il trouva Sergio assis dans son canapé, entouré non seulement de Terrence et de deux autres Brujah.
- Je les ai fait entrer et s'asseoir, monsieur.
- Tu as bien fait, James. Alors, Sergio, comment va ?
Le Brujah n'avait pas son air de la dernière fois, celui du fonctionnaire qui mène l'enquête.
- Salut Loren. J'ai pris la liberté de venir sonner chez toi. Avec les évènements du moment, j'ai dû faire appel à Lyon pour avoir des renforts. Ils m'ont envoyé deux de leurs meilleurs limiers pour compléter mes effectifs. Loren, je te présente les inspecteurs Novembre et Bonenfant.
- Messieurs, enchanté.
- Monsieur le maire-adjoint...
- La caboche de Bud est toujours en compote. Avec eux deux et Terrence, on devrait pouvoir quadriller Paris plus efficacement. Fini les petits charlots qui jouent avec les règles de la Camarilla.
Sergio fit craquer ses doigts, signe de profond contentement chez lui, avant la castagne. Loren était content de retrouver son Brujah en pleine forme. lol
Les Brujah burent quelques coupes. Puis, titubant, enivrés d'hémoglobine, ils remirent leurs impers et partirent dans le froid.
- Le devoir, Loren, toujours le devoir...
- Sacrés Brujah, pensa le Ventrue en regardant partir les quatre frères Dupondt dans le froid.
- Sire, un carton d'invitation vient d'arriver. De la part de mademoiselle de Valori.
- Fais voir.
Surpris, Loren parcourut l'invitation.
- Pour après-demain ? décidément, elle ne perd pas de temps. Moi qui voulais aller à la bibliothèque ce soir-là justement : j'ai besoin d'en savoir plus sur le Myanmar.
- J'attends pour donner une réponse, Sire ?
- Non, dis que c'est d'accord. Mais pas avant 1 heure du matin. Je serai occupé avant.
James retourna vaquer à ses tâches. Pendant ce temps, Loren, assis dans son fauteuil, les bras pendants, laissa ses calices venir docilement, à genoux, boire à ses veines.
- Que mijote encore Valori ? Ces Lasombra sont increvables pour monter des intrigues. S'ils croient m'impressionner. Ils veulent me montrer que ce sont eux les vrais manipulateurs, les maîtres de l'ombre, les gars au courant qui vont en remontrer à tout le monde. Mais jusqu'à preuve du contraire, qui a le pouvoir dans cette ville ? Les Ventrue. Qui a la classe, le pouvoir, le style, la force de commander ? Nous et eux ne sont rien.
Sur ces belles pensées, il ressortit expédier quelques affaires courantes dans le quartier : la Bourgmestre voulait encore une réunion de bavardage et de parloterie. Bientôt, il mettrait fin à ces finasseries, quand il aurait viré l'incompétente Brujah de son siège. :ahah: Le Ventrue amorçait déjà le système d'éjection : Satomé n'allait pas le sentir passer qu'elle valdinguerait déjà loin de la mairie des Tours et que Loren, dans son fauteuil, aurait déjà les pieds posés sur le bureau. :jmekiffe:

Virus

A cette occasion, Loren apprit qu'Anatole Nosferatu, le Lapin de Garenne, était convoqué pour une durée indéterminé dans les sous-sols du Louvre : renseignements pris en fin de nuit auprès de Sergio, il était entre les mains de la police, sous mandat d'arrestation par le préfet Jérémie.
- Les copains et moi, on se cuisine un de ces lapins chasseurs, Loren, tu m'en diras des nouvelles. Ce type a le crâne dur comme j'ai jamais vu. Mais il va finir par lâcher le paquet crois-moi. Et j'ai l'impression qu'il va nous en dire des vertes et des pas mûres ! Je te tiens au courant bien sûr.
- Merci, Sergio.
Loren n'était pas mécontent que le gros Anatole reçoive la monnaie sa pièce : ce Nosferatu sentait depuis longtemps la magouille la plus pourrie, celle qui vient des bas-fonds et qui n'a rien à voir avec les petites vilénies des courtisans qui se marchent les uns sur les autres pour être invités dans les salons.
Enervé par Satomé, qui lui avait fait perdre sa fin de nuit, Loren rentra se coucher, impatient de voir ce que les nuits prochaines allaient apporter.

A suivre... Virus
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Vampire 2006 - #7 : Les châtiments de Jérémie - by Darth Nico - 01-12-2005, 09:55 PM

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