Rots ¤Cristal Age¤ - Episode IV : Le puits du Temps

[Darth Nico]

¤CRISTAL AGE¤

Merwyn entra dans la grande salle circulaire où siégeait le conseil Jedi. On l’avait fait patienter un long moment dans une antichambre qu’il connaissait bien, au cœur du laboratoire du professeur Sting. Il savait que Nello rapportait ce qu’il pensait : que Merwyn, d’une façon incompréhensible, avait réchappé à la mort après son affrontement avec Darth Treides sur Coruscant ; qu’il avait erré où ne sait où dans la galaxie pendant deux ans ; qu’il revenait, choqué, proférant des idées incohérentes sur un voyage dans un autre monde.
Le Jedi salua l’assemblée.
Face à lui, Kyrian Tel, bien vivant. A ses côtés, la princesse Saa et Ixxos Sadim, ainsi que Nello et Jaggar Jaggath. Sur le côté, le professeur Sting et trois de ses clones, assistaient au Conseil comme invités.
Dans un coin de la pièce, Sariss et Yun. On avait dû les interroger et il avait dû raconter ce qui s’était passé sur Ruusan.
Kyrian Tel montra un siège à Merwyn où celui-ci alla s’asseoir.
- Merci à vous, Maître Tel.
Stupeur dans l’assemblée. Nello fit signe qu’il n’avait rien dit ! Il n’avait pas évoqué le nom des membres du conseil !
- Vous connaissez mon nom ?
- Oui…
- Comment ? Personne ne le connaît hors de Sagnaring ! L’Empire ignore que je suis en vie !
- Je ne doute pas que l’Empire l’ignore. Je suis le seul à pouvoir le connaître. Et ceci ne s’explique que si vous voulez croire à ce que j’ai au chevalier Nello.
- Voyons cela… fit Tel, intéressé, mais défiant.
- Voici bien sûr Jaggar Jaggath, que j’ai connu sur Satchidananda. Et voici le chevalier Ixxos Sadim, ancien prince d’Ossus. Et la princesse Q’orianka Saa, du peuple Neti.
Les Jedi se regardèrent.
- Nous ne nous sommes jamais rencontrés, dit Sadim.
- Ou alors monsieur Peake possède des pouvoirs de prescience très puissants, suggéra la princesse Saa.
- S’il s’agit de cela, avança Tel, je vous prie de nous le dire dès maintenant, Merwyn Peake.
- Non, je ne suis pas doué de tels pouvoirs. En revanche, j’ai eu la malchance de croiser le chemin d’un seigneur du Sith, Darth Andeddu, qui m’a précipité dans une autre galaxie que celle d’où je viens.
- Et que se passe t-il dans votre monde ?
- Ma foi, dit Merwyn, j’ai rencontré Kyrian Tel aussi, qui m’a parlé de la Porte du Temps. Et j’avais entendu parler de lui par un ancien ami à lui, le chevalier Sadubal Thembee…
Le nom fit son effet.
Tel écoutait, pendu aux lèvres du Jedi.
- Après avoir tenté un coup d’Etat sur Coruscant, il en est parti, à la suite de la Source Obscure, pour venir finalement s’écraser ici sur Sagnaring, et disparaître dans la Source Lumineuse.
- La Source Obscure a été détruite sur Coruscant, avant que Vader ne puisse s’en emparer !
- Dans l’univers d’où je viens, elle était pilotée par Limbo…
- Continuez.
- Dans l’univers d’où je viens, Luke Skywalker n’a pas trahi. Il n’a pas rejoint son père. Il l’a combattu en orbite d’Endor. Il l’a vaincu et, avant de mourir, Vader a tué l’Empereur.
- C’est de la folie, conclut Sadim, parfaitement incrédule.
- Je sais pourtant qui vous êtes, chevalier Sadim. Vous avez été Inquisiteur puis, par amour pour la princesse Saa, vous avez rallié la lumière de la Force…
Mécontent qu’on expose ainsi, de façon si lapidaire, ses secrets, Sadim dut pourtant s’avouer vaincu.
- Ou alors vous l’avez appris par Jerec ! Ou même par Tremayne !
Merwyn ne répondit rien.
- Ce que vous dites se tient, monsieur Peake, dit Kyrian Tel, mais l’assemblée demeure sceptique. Même Nello, qui vous a bien connu si je puis dire…
- Dans mon univers, Darth Orcus a tué Darth Treides, puis nous avons combattu le sorcier, Nello et moi. Nous l’avons tué. Au même moment, la Rébellion remportait la victoire sur Endor.
- Nous pensions que vous aviez retrouvé Treides, votre ancien maître, pardonnez-moi…
- Je vous en prie, c’est exact.
- … Votre ancien maître, donc. Que vous l’avez combattu et qu’il vous a tué. Ensuite, les Skywalker père et fils, unis à la tête de l’Empire, sont arrivés sur la capitale. Ils ont tué Darth Treides et le général Konen. Limbo a fait sauter la Source Obscure et la princesse Amanoa s’est enfuie à temps…
- Il me semble que les évènements ont commencé à diverger à partir de la bataille de Coruscant, maître Tel.
- Il nous faudra un peu de temps pour admettre ce que vous dites, monsieur Peake.
Bien sûr, notre héros savait qu’on pouvait le soupçonner d’être un espion envoyé par l’Empire ou les Séparatistes. Un sosie ? Un clone ? Quelqu’un de bien préparé à jouer le rôle de Merwyn ?... Quitte à inclure l’Inquisition elle-même dans la mise en scène ?.... Y compris l’Inquisiteur Jerec ?...
A force de rajouter ces suppositions, l’idée devenait lourde à soutenir. Il fallait bien que ce Peake soit le vrai et authentique Merwyn !
Notre héros fut passé au crible de questions très serrées. Il répondit à toutes, sans se démonter. Il connaissait sa vie, non !
Il connaissait Zzin, il avait même commencé à toucher du doigt les mystères du Temps… Les cristaux pour concentrer la Force, les passages instantanés d’un point à l’autre de la galaxie… En retour, Merwyn en apprenait sur l’univers où il se trouvait. Il nota que Konen avait été tué…
Grâce au peuple Neti, la Source était bien plus puissante et les Jedi avaient poussé plus loin l’exploration des cristaux de temps. En revanche, Limbo était resté du côté des Séparatistes. On considérait Zzin comme une émanation de la Force. La planète était gardée par les Impériaux, qui avaient fermé le Temple. Le vieil oracle était mort sans successeur et le culte de la divinité interdit.
Merwyn apprit que le QG des Séparatistes se trouvait sur Sauron. Il prit comme une marque de confiance qu’on lui révèle cette information, car elle était inconnue de l’Empire !

Oui, il fallait bien l’admettre : d’où que ce soit, Merwyn Peake était de retour et, puisqu’il semblait sincère, son addition au conseil Jedi était vraiment une bonne nouvelle !



Gaeriel se réveilla. Elle reconnut sans peine la vallée de Ruusan. Etait-elle dans le même monde que Merwyn ? Ou le vicieux Andeddu l’avait-elle envoyée dans un autre univers ? Une autre époque ?... Elle était à l’endroit où se situait le champ de cristal dans le monde « normal ».
Elle se faufila vers l’entrée des cavernes. Elle fit le tour sous un chemin de ronde et arriva en vue d’une plateforme en hauteur, à mi-pente. Elle se rejeta en arrière quand elle vit l’Inquisiteur Tremayne descendre d’une navette, escorté de cinq assassins impériaux ! Ces derniers, elle pouvait s’en occuper, mais pas leur chef !
- Que s’est-il passé ici ? grondait Tremayne en serrant au col un officier impérial.
- L’Inquisiteur a été emmené… un de ses assistants tués… deux autres partis…
- Parti avec qui ?... Avec celui qui a emmené l’Inquisiteur ?...
- Oui…
L’officier respirait à peine.
- Qui, mais qui ?...
L’Inquisiteur quant à lui suffoquait de rage.
- Les Jedi ?...
- Un seul Jedi…
- Lequel ?...
- Merwyn Peake.
- Qui as-tu dis !
- Merwyn… Peake !...
- Imbécile, il est mort !
Et il broya la gorge du soldat, qui tomba à terre, mort.
- Qui alors !
Il s’adressait à l’officier qui, de par le fait, prenait la suite de son supérieur.
- Il s’agit bien de Merwyn Peake, seigneur ! Nous l’avons reconnu ! Les assistants du seigneur Jerec vous le diront !...
- Peake est mort !...
Et Tremayne essayait déjà de se convaincre que le Jedi avait simulé sa mort pour mieux frapper le moment venu…
L’Inquisiteur remonta dans son vaisseau. Les assassins restaient sur place.

Gaeriel n’avait rien perdu de cette houleuse entrevue. Elle constata qu’il ne restait plus de vaisseaux en vue. Elle en était quitte pour une exploration de la base. Elle commença par trouver un petit trooper isolé…



En contournant la montagne, notre héroïne, vêtue de son armure de garçon en blanc, découvrit un hangar à vaisseaux. Dedans, un escadron de chasseurs monoplaces et le vaisseau particulier d’un assassin. Elle s’approcha en silence, mais même dans cet univers, il existait des branches mortes qui craquent et elle marcha sur l’une d’elle !
Elle fut repérée par un officier :
- Hé vous là-bas, soldat ! Que faites-vous ?
Surprise, Gaeriel voulut bondit avec la Force, mais resta collée à terre ! Elle tendit la main pour attraper la vibrolame à la ceinture du gradé, mais échoua encore !
Les tirs paralysants se mirent à fuser. Il en arrivait d’autres, de soldats de choc ! Elle n’était pas dans un bon jour !
Elle courut vers un des chasseurs, pendant que les tirs partaient dans sa direction. Elle eut juste le temps d’abaisser la verrière qu’il fallait décoller ! Un des assassins était arrivé sur place et ses tirs étaient diablement bien ajustés !
Elle vit un survol rapide de la base et la canarda avant de gagner le large.
Elle fut prise en chasse par un escadron de surveillance. Les tirs partirent et frappèrent l’arrière de son appareil. Elle vit les écrans faiblir ; un autre tir endommagea un canon, déséquilibra un moment le chasseur. Mais elle conservait de l’avance. Elle put partir en hyperespace, après une sortie calamiteuse comme elles l’avaient rarement été !

Elle tenta de contacter Merwyn, qu’elle savait parti sur Sagnaring mais n’y parvint pas. Elle se dit qu’il était inutile de le rejoindre pour le moment. Elle savait pour quoi elle venait dans cette autre galaxie. Elle mit le cap sur Sauron…



Après son passage devant le Conseil, Merwyn obtint une entrevue avec Kyrian Tel. Ils discutèrent dans les couloirs immaculés du laboratoire de Sting avec, sous eux, un sol transparent qui permettait de voir les jardins de la Plante, où de petits droïds d’entretiens s’affairaient pour prendre soin de l’immense créature végétale.
- Vous me dites que, dans votre galaxie,, vous avez découvert les liens existants entre la Force et le Temps ?
- Oui, maître Tel. Je sais même plus : c’est qu’il existe une Porte du Temps, créée il y a des millénaires par la divinité Zzin. Et que cet immense artefact a bien sûr attiré la convoitise des seigneurs Sith. L’un d’eux, Darth Revan a sans doute percé de nombreux secrets de la Porte. Il a été l’un de ceux qui ont été bien proches de s’en emparer pour de bon.

Merwyn ne dit rien sur les liens qui l’unissaient à Revan…

- Les Jedi aussi ont approché ces secrets, ajouta Tel. Certains Maitres Jedi, comme Yoda, ont plongé dans les profondeurs du temps car leur connaissance de la Force était immense. Et, selon le chevalier Sadubal, Mace Windu aurait perçu un autre phénomène… Ce que l’on pourrait appeler les Points de Rupture. Il désignait par là des moments cruciaux dans le cours des évènements, quand l’avenir se décide de façon radicale, quand tout peut basculer. Ainsi du ralliement de Luke à son père. Ou même de ce qui s’est passé sur Coruscant, quand vous avez rencontré Darth Treides pour la dernière fois…
- Ce n’était pas tout à fait, moi, sourit Merwyn. Moi j’ai vu le Duc Lepto se suicider avec un détonateur thermal, après avoir été blessé à mort par Orcus…
- Ma foi, si cela est vrai, votre univers et le nôtre ont divergé à ce moment-là, et à d’autres. Suivant les points de rupture qui se sont produits, les possibles en ont été changés.
- Peut-on prévoir ces ruptures ?
- C’est bien là la question !... En étudiant les cristaux de temps, Jaggar Jaggath a repéré dans certains d’entre eux l’apparition de légers défauts, de craquelures. Il pense que ces défauts correspondent à des points de rupture, comme si ces cristaux étaient des galaxies en miniature. C'est-à-dire que si nous pouvions « lire » ces ruptures dans la structure cristalline, nous pourrions prévoir les Points de Rupture eux-mêmes. Qui sait si quelqu’un a jamais pu lire ainsi l’avenir ?...
- Si ces cristaux constituent des microcosmes, ils peuvent sans doute nous permettre de faire le lien entre la Force et le Temps…

Merwyn retrouva Yun, qui découvrait, émerveillé, cette planète et les créations du professeur Sting.
- Je ne pensais pas que le côté lumineux pouvait produire quelque chose de si puissant.
- On t’a menti pour mieux t’embrigader… Maintenant, tu sais qu’il ne faut pas écouter ceux qui te disent que tu n’as pas le choix… Celui qui médite sur l’harmonie de la galaxie comprend combien les serviteurs du côté obscur mentent…
- Avant, je n’avais pas besoin de me poser des questions. Tout me paraissait plus simple.
- Si on te refuse le droit de douter, c’est qu’on cherche à t’embrigader. Les Rebelles servent le côté lumineux mais par choix, pas par contrainte.



Le transport de Gaeriel passa près de la lune d’Aghaast. Gaeriel se réveilla de la transe où elle s’était plongée pendant le voyage. Elle revit le palais, dressé vers l’espace, où elle avait servi son maître Orcus, puis elle se dirigea vers Sauron, de sinistre mémoire.
Elle sentait que Thembee était là… Elle n’avait senti que lui.
Elle descendit se poser au pied du palais monumental où avait résidé Darth Treides. Elle monta le grand escalier, où les soldats, des Sardaukars portant un sigle qui devait être celui des Séparatistes, la saluèrent. Bien sûr, ils la prenaient pour la princesse Amanoa !
Elle demanda à être reçue par le maître des lieux… Le chambellan s’inclina et dit qu’il allait voir si la chose était possible.
Gaeriel, mal à l’aise, revit les somptueux couloirs du palais de cette planète au ciel jaune – vert, aux plaines sombres et incertaines.
Le chambellan revint :
- Notre maître consent à vous recevoir.

Gaeriel n’était armée que d’un pistolet blaster. Autant dire qu’elle était toute nue. Elle allait faire face, une fois de plus, au grand maître du clan Korbo !
Il se trouvait sur la terrasse, debout face à l’immense plaine, respirant profondément, face au soleil.
- Quelque chose a changé en vous, princesse…
Sa voix caverneuse imposait respect et silence. Au loin, une volée d’oiseaux sauvages s’envolèrent vers les nuages.
- Comment s’est passée votre mission ?...
Notre héroïne ne voulait pas y aller par quatre chemins.
- Je suis Gaeriel Captinson.
Thembee ne tressaillit pas.
- Je sais qui était la princesse, avant… Qu’essayez-vous de me dire ?...
- Vous aurez peine à me croire…
Le maître des Séparatistes ne se retourna pas. Gaeriel raconta son histoire : ce qui s’était passé dans son monde, la fusion des deux Sources puis son retour du côté lumineux. Et enfin, la rencontre, sur Sagnaring, avec celui qui avait été le chevalier Sadubal…

Thembee se retourna alors : sur son visage noir, transparaissaient des tatouages qui semblaient lui donner une peau de panthère.
- Qui vous aurait permis de voyager d’un monde à l’autre ?
- Darth Andeddu… Il a condensé dans son holocron des secrets relatifs au Temps. Des arcanes millénaires qui lui ont permis de creuser un Puits entre deux mondes…
- Je sens le côté lumineux en toi… Ne mens pas : tu es allée prendre contact avec les Jedi ?...
- Non, je le jure.
Thembee la fixa intensément. Il sentit qu’elle ne mentait pas.
- Dans la galaxie d’où je viens, vous avez dit le plus grand bien du chevalier Kyrian Tel… La seule personne dont vous ayez parlé en termes élogieux…. Lui aussi vous admirait. Et vous le considériez avec respect. Et vous ressentiez de la tristesse à l’avoir envoyé en exil, lui qui était votre ami…
Gaeriel vidait son sac, un peu pressée, mais il fallait frapper un grand coup avant que Thembee ne puisse s’en remettre.
- J’ignore où vous avez appris cela, mais nos destins ont divergé, de façon tragique. Il est vain de vouloir les renouer.
- Il n’y a de destin qu’on ne puisse modifier. Vous-mêmes avez su le modifier plusieurs fois ! Nous pouvons gagner la guerre contre le côté obscur, contre l’Empire. Mais nous devons-
- Nous devons nous allier aux Jedi, c’est cela que vous dites !... Je comprends : vous avez rencontré secrètement les Jedi ! Depuis combien de temps aviez-vous ce projet en tête, princesse ?...
- Je ne les ai pas rencontrés. Je ne suis pas la princesse !
Furieux, Thembee fit un pas vers notre héroïne.
- J’ignore à quoi vous jouez et qui vous a donné le pouvoir de mentir aussi bien, mais vous feriez mieux de jouer franc-jeu avec moi, princesse, ou il pourrait vous en coûter cher !...



Le Reiterpallasch survolait le cratère des marchands de Zzin. Il se posa à l’entrée du souk : Nello en sortit le premier, suivi de Merwyn et ses deux « protégés », Yun et Sariss.
- Sympathique planète, constata Nello, un peu reculée mais sans doute plaisante pour y passer des vacances.
- Pressons, dit Merwyn, il est un peu tôt pour se faire repérer par l’Empire.
Sans hésitation, il mena le groupe au travers du dédale des échoppes, dans les ruelles bruyantes, encombrées et cosmopolite du grand marché. Il trouva l’ancien transport spatial aménagé en boutique. A l’intérieur, il trouva la vieille Meerkha.
- Je cherche le dénommé Gandalf, dit Merwyn en saluant poliment.
- Gandalf ?... Par la galaxie, fit la femme, soudain très triste, il a été tué par l’Empire, lorsqu’ils ont envahi la planète… Pourquoi le cherchez-vous ?
- Je me rends au Temple avec mes amis.
- Au Temple ?
La vieille femme était effrayée.
- N’ayez crainte, dit Merwyn, je ne vous demande rien. Je suis juste triste d’apprendre la mort de Gandalf.
- Oui c’était un grand homme… Il a tenté de s’opposer à l’arrivée de l’Empire, de protéger le Temple et les fidèles… Ils l’ont abattu pour l’exemple. Quelle sombre époque !
- Tout espoir n’est pas perdu, sourit Merwyn.
- Puissiez-vous dire vrai !
Les Jedi ressortirent de la boutique et s’éloignèrent.
- Je pensais rencontrer ici un allié…
- Encore quelqu’un que tu as rencontré dans « l’autre monde » ?...
- Oui, fit Merwyn sans démonter. Mais même sans lui, nous irons au Temple.
- Il doit être protégé par des troopers d’élite et par les troupes de l’Inquisition, fit Nello.
- Pas de quoi nous arrêter, en somme.
- Certes non, soupira le Jedi.
Sariss et Yun écoutaient, mais n’osaient rien dire.
Une heure après, le Reiterpallasch rasait les flots et soulevait des vagues tranchantes sur son passage, et des gerbes d’écume pleines de soleil.
L’île du Temple approchait à grande vitesse.
- Pose-moi au passage, dit Merwyn. Reste aux alentours, je n’en aurai pas pour longtemps.
- Comme tu voudras… Tu es armé contre ce qu’il y a là-dedans ?... Celui ou celle qui a pu chasser le vieil oracle du Temple doit être puissant.
- Vous n’avez pas à risquer votre vie pour des histoires qui me concernent… Dans cette galaxie, je devrais être mort…
- Tu parles ! Inutile de t’attirer des ennuis pour le plaisir. Dis-toi bien que je viendrai à ton secours s’il t’arrive des noises.
- Je sais bien, sinon tu ne serais pas là !
Nello bifurqua vers l’île, ralentit et approcha du Temple. Il ouvrit le sas arrière. Merwyn sauta du vaisseau et Nello remit les gaz, décolla, et redescendit plus loin vers la mer.
Notre héros approcha du Temple. L’Inquisition devait être prévenue de son retour. Des troopers reculèrent en le voyant approcher et crièrent des ordres dans leur casque. Sûr de lui, Merwyn fixa du regard les soldats, qui le braquaient timidement mais n’osait pas tirer, de peur de voir leurs lasers revenir vers eux plus vite qu’ils n’en partiraient !
La porte du Temple s’ouvrit et deux Inquisiteurs en sortirent.
Merwyn sourit : il reconnu deux assistants de Tremayne, qu’il avait « déjà » tués sur Nar Shaddaa, avant de rentrer dans une base du Soleil Noir. L’un d’eux avait une vilaine tête blanche et rasée, avec des clous plantés dans le crâne et des dents comme des vieilles croûtes de fromage. Il n’était pas plus beau dans ce monde-ci !

Les deux Inquisiteurs approchèrent, mains sur les sabres. Merwyn approcha les mains de ses deux armes, tandis que la poussière de l’île volait, emportée par une bourrasque de vent et que le soleil descendait à l’horizon.

Les bottes en cuir des Inquisiteurs, pleines de poussière, piétinaient le sol. Les deux serviteurs du côté obscur avaient le visage raviné, creusé par les épreuves. Leurs mains portaient des cicatrices et leurs lèvres se retroussaient en un tic nerveux. Ils respiraient lentement. Merwyn sentit la sueur perler à son front et il dut cligner de l’œil pour chasser une goutte qui tombait dessus.
Sa main s’était rapprochée de son sabre gauche ; les deux tueurs, avec leurs têtes de crapules de bas-fonds, grimaçaient vilainement et leurs doigts tapotaient nerveusement leur ceinture, cependant que le vent fouettait leurs manteaux.
L’Inquisiteur de gauche cracha un vilain mollard qu’il remâchait depuis un bout de temps ; l’autre cracha le bout de cigarillo qui pourrissait à la commissure des lèvres. Ils étaient prêts à dégainer leurs sabres.
Un petit sourire ironique vint naître sur le visage de Merwyn, qui regardait dans le blanc des yeux ses adversaires. Il perçut l’agitation nerveuse des doigts de l’Inquisiteur de droite, qui n’était plus si maître de lui. Notre héros regardait alternativement les deux, sans empressement.

Les ombres s’allongeaient à chaque minute qui passait, inexorablement mais comme au ralenti. Les protagonistes de cet étrange duel n’avaient pas prononcé un mot, mais l’hostilité entre eux était épaisse, palpable. L’Inquisiteur à la peau verte écrasa en vitesse son cigare sous la pointe de sa botte. L’autre se grattait le menton. Merwyn ferma un œil, ébloui par le sol, gêné par les levées de sable. On entendait que le souffle de la plage et celui des duelistes, qui osaient à peine respirer.

Les deux serviteurs de Tremayne firent un pas en avant. Merwyn commença à croiser les bras devant lui, comme pour aller saisir son sabre gauche de la main droite et réciproquement. Les Inquisiteurs se regardèrent, inquiets. Ils s’adressèrent des signes discrets, qui ressemblaient fort à des tics irrépressibles. Merwyn les fixa, comme pour demander confirmation : étaient-ils décidés à continuer ?
Dernier échange de coup d’œil des crapules.
- Vous perdez votre temps en vaines paroles, souffla Merwyn.
Les deux hommes avalèrent leur salive.
Notre héros fit un petit mouvement de tête pour désigner le sol.
- Laissez donc vos sabres, ils pourraient vous gêner pour courir…

L’Inquisiteur prit une inspiration, consulta son compère. D’un coup, il lâcha son arme et partit en courant, vite imité par l’autre.

Merwyn soupira.
Il pouvait évacuer la tension accumulée.
C’était la première fois qu’un duel se réglait à l’amiable.



La suite alla vite.
Merwyn entra dans le Temple. Il y croisa des moines, effrayés, dont certains le prirent pour un Inquisiteur. Il était pressé, il ne fit donc pas trop attention aux religieux. Il marcha vers le cœur des Temples et s’approcha de l’entrée de la salle de vérité. Des troopers gardaient les lieux. Ils avaient beau être disciplinés, ils venaient d’apprendre dans leur com’ que les deux assistants de Tremayne avaient fichu le camp !
Ils n’opposèrent aucune résistance au passage de Merwyn.
Notre héros pénétra dans la salle aux bassins, celle où, trop de fois à son goût, il avait vu le casque de Revan à la place de son reflet…
Il était au centre du mystère, dans le lieu mystique où les fidèles autorisés pouvaient communiquer avec Zzin lui-même.
Mais ce n’était plus la divinité tutélaire ancienne qui habitait ces lieux. Quand Merwyn tenta d’entrer en communion avec elle, il vit se former devant lui, sur le mur, un écran d’eau haut de deux mètres. Et devant apparut la face cauchemardesque de Darth Andeddu !
- Bienvenue dans ma nouvelle demeure, monsieur Peake !
Merwyn recula d’un pas. C’est bien ce qui s’appelait se jeter dans la gueule du vornskr !
- Votre amie est arrivée dans ce monde, sourit le vieux Sith.
- Elle ne tentera rien d’insensé pour le moment. J’ai tant fait pour creuser les mystères de la Force… il me fallait venir ici.
- Moi aussi j’ai exploré ces mystères… Bientôt, je pourrai prendre le contrôle de la Porte du Temps. Et vous, tant que vous êtes dans ce monde, vous êtes en mon pouvoir…
- Je sais qu’il y a un chemin qui me sortira de cet univers…
- Darth Ritius vous en a suffisamment dit sur votre destin, Peake… Tant que vous ne l’accepterez pas, vous ne serez pas libre. Maintenant, vous pouvez trouver seul, mais vous aurez besoin de la Porte pour repartir.
- Cette Porte, je la trouverai, mais pas pour votre compte. Et pas en devenant Revan.
- Nous verrons, ricana Andeddu.
- Pourquoi être si loquace à ce sujet ?... Vous semblez bien pressé que je retrouve Revan…
- Si vous savez vous montrer conciliant, il saura vous prêter de son pouvoir.
- Je ne céderai pas de nouveau à son attrait.
- Vous en assumerez les conséquences…
- Vous cherchez à me voir rejoindre les Séparatistes ?
- Je ne suis pas lié à eux en particulier. Seulement à ceux qui veulent trouver la Porte.
- Avec moi, vous serez déçu.
- J’ai vu passer des centaines de générations de Jedi, beaucoup semblables à vous…
- Je vous laisse à votre poste d’observation…

Merwyn ressortit de la salle sans tourner le dos à Andeddu, qui continuait à sourire de ses dents millénaires.
Au-dehors, le Reiterpallasch approchait du Temple.
Fatigué, notre Jedi regarda la garnison impériale, en désordre, qui ne savait plus comment se ranger et se demandait ce qui avait bien pu se passer, sans tirs ni bombardements, pour que les Inquisiteurs et les officiers aient ainsi été pris de panique.

A suivre...