14-04-2007, 08:37 PM
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CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:blue">La 5e Réincarnation : 25e Episode</span><!--/sizec-->
Lièvre 1128
Les huit samuraï<!--/sizec-->

<span style="color:blue">La 5e Réincarnation : 25e Episode</span><!--/sizec-->
Lièvre 1128
Les huit samuraï<!--/sizec-->

1er chapitre<!--/sizec-->
Ryoko Owari, ville ouverte<!--/sizec-->
Ryoko Owari, ville ouverte<!--/sizec-->
Le sabre de Hiruya ressortit du corps du troll, qui s’effondra, son corps crachant des geysers de sang verdâtre. Shosuro Jocho arrivait en renfort avec la Garde du Tonnerre, pendant que Bayushi Korechika manoeuvrait de son éventail un groupe d’archers qui prenaient position sur une hauteur.
Des hommes de Toturi, menés par Sasuke vinrent prêter main fort et c’est à la tête d’une forte troupe que Jocho et Hiruya enfoncèrent les rangs ennemis pour aller frapper les archers. C’était la déroute pour l’ennemi.
Parmi la confusion des armes, des armures, des corps, de la boue et du sang, notre magistrat aperçut Riobe, à la tête d’un groupe de rônins qui achevaient un monstrueux officier Crabe à la peau boursouflée, à la mâchoire démoniaque et aux pattes griffues.
Les samuraï se replièrent vers le pied des murs de la Cité, où l’on avait installé un campement provisoire pour accueillir les blessés.
On ne comptait plus les cadavres sur la plaine désolée, nombreux comme des blés fauchés.
Des shugenja s’approchèrent des officiers pour leur procurer des soins magiques. Hiruya se laissa faire, sans perdre de vue le reste de la bataille. Il convenait, même en ce moment, de conserver sa dignité d’homme et de ne pas montrer sa souffrance.
Pour aujourd’hui, c’en était sûrement fini. Seulement, des victoires de la Cité à un tel prix ne tarderaient pas à mener celle-ci à la ruine. Les ennemis sortis de l’Outremonde ne se désemplissaient pas. Il en arrivait, vagues après vagues qui venaient s’échouer sur les murs de Ryoko Owari et, comme pour les falaises du bord du grand océan, ces attaques incessantes finiraient par provoquer l’usure, puis la rupture.
Le soir tombait, et avec le départ de dame Soleil, les guerriers sentaient une grande lassitude s’abattre sur eux.

La lune apparut dans le ciel, projetant ses lumières blafardes sur la bataille.
Un officier s’approcha respectueusement du Magistrat d’Emeraude pour lui annoncer qu’il était convoqué dans la tente du Gouverneur. Hiruya ne put cacher sa surprise mais il suivit. Il sentait, à la manière dont s’était présenté le porte-parole que ce n’était pas une invitation ordinaire. Ce n’était pas à lui de rendre compte de la bataille de la journée, mais à Korechika, en sa qualité de maître de la Garde du Tonnerre.
De plus, il n’était pas état de se présenter décemment devant le Gouverneur. Il était sale, fatigué, il sentait mauvais… Notre samuraï n’en fit pas moins un effort pour paraître digne.
Bayushi Goshiu était assis derrière une table où étaient étalées des cartes. Autour de lui, son état major et ses conseillers.
- Konnichi-wa, Magistrat.
Hiruya s’inclina. Il y avait quelque chose de vraiment étrange, à se présenter devant l’un des hommes les plus puissants de l’Empire, au milieu du chaos d’après le combat.
Goshiu ne multiplia pas les formules de politesse, ce dont Hiruya lui sut gré. Il alla rapidement au but :
- Magistrat, nous sommes attristés aujourd’hui par la perte de notre dévoué yojimbo. Celui-ci nous servait depuis maintenant cinq ans. Il avait été recruté parmi l’élite des samuraï de ma famille. A aucun moment, il n’a failli à son devoir.
Hiruya déglutit.
- Nous souhaitons que vous le remplaciez.
Pour la forme, Hiruya allait refuser.
- Nous sommes bien conscient des charges qui pèsent sur vous. Cependant, maintenant que Miya Katsu a souhaité ne plus profiter de notre hospitalité, la direction de la Magistrature d’Emeraude lui revient entièrement.
- Le plus grand Gouverneur de l’Empire, dit Korechika, selon un texte préparé à l’avance, souhaite se lier le service d’un valeureux guerrier. Grande a été notre surprise qu’il choisisse un membre de votre clan, Hiruya-san, car, vous le savez, le clan du Scorpion est avare de générosité envers les autres clans.
A un autre moment, Hiruya aurait pris le temps de savourer la douceur empoisonnée de ces propos. Mais là, il n’avait pas le courage de rendre hommage à la rhétorique Scorpion. Il s’inclina.
- Excellent, approuva le Gouverneur.
Sans tarder, Hiruya passa dans une autre tente revêtir un kimono de son clan avec un insigne spécial de la Cité. Quand il revint, il faisait (presque) partie de la famille.
- Toturi s’apprête à nous quitter, rapportait Jocho. Il souhaite continuer son combat sur les bords de l’océan, dans le sud.
Autrement dit : sur les terres de la Grue.
- En fin de journée, continuait Jocho, mes éclaireurs ont repéré l’approche de lourdes armes de guerre ennemies. Des trébuchets, des catapultes, des engins capables d’abattre nos murs.
- Nous avons besoin de volontaires pour une frappe ciblée, dit Korechika en fixant Hiruya.
- La Magistrature d’Emeraude s’honorerait, récita Hiruya, d’aider à une mission si périlleuse. Mon adjoint, Hida Shigeru participera à cette opération.
Les Scorpions approuvèrent du chef.

Au palais de la Magistrature, Miya Katsu apprenait la nomination de Hiruya comme yojimbo du Gouverneur. Il la signala, sans montrer d’émotion, à ses assistants. Sur le coup, il ne savait qu’en penser. Tout allait si vite et se mélangeait.
Du reste, la Magistrature accueillait une délégation de rônins, qui venait faire ses adieux. Les représentants de Toturi étaient venus à cinq, nombre important qui montrait l’estime du Lion Noir pour Miya Katsu. Le Gouverneur n’avait eu droit qu’à deux hommes, le minimum dans ce cas-là. Parmi les cinq hommes, Sasuke et Riobe, réconciliés autour du combat commun.
Les rônins saluèrent la bravoure de la Magistrature, rappelèrent la vaillance de leur général (ce qui fit hausser les épaules à Bayushi Bokkai, qui pensait que la Cité aurait très bien pu se défendre sans l’arrivée de ces « mercenaires » !

Alors que les hommes de Toturi, après une brève collation allaient repartir, Ayame demanda à parler à Riobe, avec qui elle avait à peine échangé un regard devant Miya Katsu. D’un coup, elle reprenait contact avec ce Lion qui avait été son compagnon de voyage avant de redevenir un étranger, après la Bataille des Cloches de la Mort.
C’était si étrange. Comme elle l’avait méprisé, ce rônin ! Sur ce point, elle était pire que Bokkai !
Cependant, à force de le mépriser, elle n’avait pas pris garde que naissait en elle une certaine estime pour ce rônin. Elle trouvait indigne de se l’avouer, bien sûr. Bien plus indigne, en somme, que ses petites curiosités secrètes !
Elle s’excusait de solliciter ce rônin, en se disant qu’elle le faisait pour une cause supérieure :
- Riobe, je voudrais vous dire un mot.
- Je vous en prie.
- Le temps nous presse, mais enfin… Je m’excuse ne pas y mettre les formes comme il conviendrait…
- En ce moment, je pourrais excuser une attitude légèrement cavalière sur l’étiquette de votre part…
Rien que dans cette phrase, il y avait tant de choses ! Ayame à la cour d’hiver, Riobe et sa lutte pour rester honorable même après avoir perdu son clan ! Plein de choses passées dont on ne pouvait pas, maintenant, se souvenir.
- J’ai parlé à un moine… Au Moine que vous connaissez… Car je crois que vous l’avez rencontré…
Riobe fit signe qu’il avait compris. D’une certaine façon, il se doutait bien que…
Ce Moine, rencontré sur les terres du clan du Moineau, quatre ans plus tôt…
- Ce Moine m’assure que les Fortunes… enfin que les Ancêtres, les vôtres, les nôtres, souhaitent que vous restiez avec nous.
- Je sais qu’une shugenja telle que vous n’invoquerait pas les Ancêtres en vain.
- Certes, non.
- J’ai déjà rencontré ce Moine, Ayame-sama. Il ne m’a pas averti de cela…
- Peut-être était-il trop tôt.
- Ma fidélité va à mes Ancêtres, Ayame-sama, c'est-à-dire pour le moment à Toturi.
- La nuit porte conseil.
- Pas autant que les Ancêtres, Ayame-sama.
Riobe s’inclina et partit.

Même lorsqu’une des Cités les plus puissantes de l’Empire menaçait de tomber, dame Soleil continuait à luire, rendant les bâtiments éblouissants, dans un matin magnifique, annonciateur du printemps.
La neige du printemps, c’est cela qu’Ayame vit en se réveillant.
Comme souvent, Ikky était déjà debout.
- Si nous allions rendre visite à Bayushi Tangen ?
Ayame avait essayé de le dire comme si c’était une idée subite, enjouée. Ikky hésita entre pouffer de rire et l’indignation. Elle se contenta de hausser les épaules, comme Bokkai quand on lui parlait des exploits des rônins !
Ayame sa petite attitude réjouie qui exaspérait Ikky. Elle était gaie comme un pinson alors qu’elle allait encore se mêler de ce qui ne la regardait pas !
Aller rencontrer cet imbécile de Tangen !
- Konnichi-wa, Tangen-san. Nous sommes honorées d’être accueillies dans votre dojo.
- C’est moi, au contraire, qui suis ravi de recevoir ici deux honorables…
Ikky avait envie de bâiller. Il n’y avait rien de plus urgent, en ce moment, que de venir tailler une bavette avec ce samuraï !
- Gloire à la bataille, fit leur hôte en levant son verre.
Pour le coup, Ayame, si réticente à boire de l’alcool, était bien obligée de tremper ses lèvres dans le saké. Pour Ikky, c’était une petite satisfaction… qui lui permettait de se consoler de sa promesse de ne plus boire une goutte. Tangen-san avait d’ailleurs eu la politesse de ne pas lui proposer de saké, mais un simple jus de fruits !
En ce moment, Ikky avait l’impression que la moitié de la population de la Cité, les plus crasseux marchands, les bonnes femmes stupides, les enfants mal torchés, tous étaient là pour ricaner et lui rappeler sa nuit sur l’Ile de la Larme !
Autour de la yojimbo, la conversation continuait.
- Quel grand homme fut votre Ancêtre, Tangen-san ! Conseiller du divin Empereur ! Gouverneur de cette Cité !...
Elle jouait sur du velours. C’en était indécent.
Quand les deux femmes repartirent, Ayame avait obtenu de Tangen une entrée dans la bibliothèque du palais Shosuro ! Oui, la Bibliothèque Interdite !
Ikky, ronchonne, suggéra d’aller prendre un bain. Que le corps soit propre, à défaut de l’âme !

Kakita Hiruya passa sa première nuit comme yojimbo au palais des Scorpions. C’était venu si vite. Oui, il faisait un peu partie de la famille, maintenant. Il était venu une première fois dans ce palais aux mille pièges, pour y détruire une famille. Maintenant, il était un dignitaire des lieux. Il avait une chambre au cinquième étage, juste à côté de celle du Gouverneur. Il se demandait s’il était permis par les lois impériales qu’un Magistrat serve de yojimbo à un Gouverneur. Mais la situation était si exceptionnelle… Miya Katsu avait certes été relâché mais il ne serait jamais libre de l’emprise de Goshiu tant qu’il serait dans cette ville, s’il le redevenait jamais à l’avenir…
Avant d’aller dormir, il lui faudrait aller saluer le Gouverneur, selon des formules très ritualisées. On frappa à la porte.
- Votre ami est arrivé, Hiruya-sama.
Le serviteur se retira, pour laisser entrer Kakita Kagetoki.
Les deux hommes se rencontraient dans cette pièce, qui leur paraissait aussi étrange que le pays des Kenkus.
- Qui aurait cru… murmura Kagetoki.
Oui, parvenir au cœur d’un des palais les plus tortueux de l’Empire !
- Je souhaitais vous voir, senseï, pour la raison suivante…
Hiruya sortit de la malle de ses affaires un paquet solidement noué. C’était l’épée de cristal.
- J’ai pensé qu’elle devait vous revenir.
- C’est grâce à vous qu’elle est de retour dans Rokugan, Hiruya-san.
- Certes mais c’est vous qui étiez parti la chercher.
- Sans vous, je n’aurais pu revenir et tenir ma promesse.
- Si vous n’acceptez pas pour moi, acceptez pour notre famille. Le plus important est que cet objet lui revienne. Et c’est à vous de vous acquitter de cette tâche.
- Je suis honoré que vous me permettiez d’accomplir mon devoir, Hiruya-san. Pour cela, j’accepte.
Kagetoki-san se retira. Un serviteur attendait Hiruya, pour l’accompagner chez le Gouverneur.

De retour de la maison de bains, Ayame et Ikky trouvèrent Riobe devant l’entrée du palais d’Emeraude. La shugenja sourit en coin : elle savait qu’elle avait gagné. Elle reçut le rônin dans les formes et lui permit d’exprimer ses remerciements d’être reçu, lui si misérable…
Ayame se sentait bien. Elle avait tout son temps. Ikky sentait bien qu’Ayame n’était plus si « supérieure » maintenant. Elle ne parlait plus au rônin comme elle l’aurait fait, un an auparavant. La yojimbo croyait comprendre. Depuis qu’elle avait perdu son bras, la shugenja se sentait inférieure au reste de son clan. Du reste, même parmi les pacifiques Phénix, on n’avait pas manqué de lui faire sentir combien il était humiliant d’être estropié. Peut-être que, grâce à Riobe, elle avait compris que d’autres enduraient des épreuves bien pires, tout en souhaitant rester honorables. Il y avait un petit quelque chose qui avait craqué dans l’esprit de la shugenja. Quelque chose, venu avec les voyages, l’imprévu, les dangers, qui avait changé sa façon d’appréhender le monde, et qui ne ferait rien pour la ramener dans l’orthodoxie !
- J’ai parlé au Moine Tadakune, disait Riobe. Je pense que je vais rester ici quelques temps.
- Tu m’en vois réjouie, Riobe.
- Je dois vous remercier de m’avoir si bien conseillé, Ayame-sama. Qui suis-je pour recevoir l’aide d’une sage personne comme vous ?
- Je ne fais que transmettre le message d’un Moine, à qui parlent les astres.
Le rônin se retira.
Pour un peu, Ikky aurait félicité Ayame, si elle avait été en position de le faire. La shugenja s’était bien comportée. Elle avait agi comme une personne pieuse, dévouée. Elle avait aidé un homme qui en avait besoin, pour le mettre sur la bonne voie.
- J’ai reçu l’invitation de Bayushi Tangen, annonça alors la shugenja. Nous irons ce soir visiter la Bibliothèque…
-
Bon ! Elle n’avait pas non plus changé en une seule nuit !
- Si l’honneur le commande…
- Je suis la voie des Ancêtres, voilà tout. Si ! Les choses occultes ne m’ont jamais intéressée en tant que telle ! Allons, dépêchons, nous allons être en retard !
Ikky fit signe qu’elle était prête, en s’inclinant bien respectueusement.
- Comme on le dit dans ma province natale, mieux vaut entendre cela que d’avoir de la graisse de buffle dans les oreilles !
Ayame haussa les épaules :
- Moi je ne lis que le Tao et cette sentence ne s’y trouve pas !

- Elle vient ici, ce soir ?
Hiruya venait d’apprendre pour Ayame.
Après des mois passés dans la Cité, elle trouvait enfin le moyen d’accéder au cœur du mystère des Scorpions !
Celui qui venait de lui apprendre cette visite n’était autre que… Bayushi Tangen, trop fier d’avoir pour invitée un Magistrat d’Emeraude. Hiruya espérait aller dormir, maintenant qu’il avait vu le Gouverneur. Mais il ne pouvait pas laisser passer Ayame ainsi. Il ne savait plus bien si, maintenant, elle était encore sa subordonnée.
Hiruya, profitant de son nouveau statut, insista auprès de Tangen pour recevoir Ayame avant lui. Le jeune duelliste Scorpion ne fit pas tellement de difficulté, face à un membre respecté de l’école Kakita, yojimbo de son seigneur, auréolé de gloire à la guerre !
- C’est une heure bien tardive pour se rendre dans une bibliothèque, Ayame-san.
Mais ce soir, Hiruya savait qu’il ne serait pas le plus fort. Il pouvait toujours parler…
- Le seigneur Bayushi Tangen, IIIe du nom, a tenu à me recevoir ici même, car il connaît l’intérêt que je porte à son Ancêtre.
- Oui, vous avez lu presque tous ses livres…
- Oui, presque…
- Vous intéresse moins en revanche le dojo de la Sombre Epée des Mensonges Amers…
- Je respecte l’art du sabre comme il se doit.
Ikky et Hiruya échangèrent un regard entendu.
- Bien, j’espère que l’inspiration vous viendra mieux cette nuit. Et si, d’aventure, vous trouviez des informations intéressantes, il sera bon que la Magistrature d’Emeraude les apprenne rapidement.
- Bien sûr, Hiruya-sama.
Ayame partit, en saluant bien bas.
Pourquoi Hiruya voulait-il encore s’occuper d’elle ? Il avait reçu des félicitations de la part du Gouverneur. « Vous êtes un des meilleurs samuraï de l’Empire… l’incarnation de l’idéal du bushido… Je parlerai de vous à l’Impératrice… »
Ce soir, le nouveau yojimbo n’avait pas envie de se gonfler de vanité. Il était juste fatigué. Peut-être que lui aussi sentait que quelque chose avait craqué en lui. Il avait reçu Ayame et avait senti qu’elle était presque une étrangère pour lui. Certaines phrases de la conversation avaient attesté de ce qu’ils avaient vécu, de leur opposition constante sur l’honneur. A d’autres moments, ils avaient parlé comme de parfaits étrangers.
Ce soir, le clan du Scorpion accueillait entre ses murs les plus gardés une shugenja des plus retorses, bien plus que la plupart des membres de ce clan. Car on ne se méfie généralement pas d’un shugenja Phénix !
Le dernier qui sentit un changement profond, mais discret, en lui, ce soir là, fut Riobe. Il avait parlé au Moine. Il avait entendu ce qu’il aurait pu savoir depuis longtemps. Il ne l’apprenait que maintenant alors que cette vérité était claire comme le jour : le destin des samuraï était lié.
N’était-ce pas étrange de n’apprendre qu’aujourd’hui cette évidence ? Mais qu’aurait-il fait de cette vérité, avant ?
- Quelque part dans l’Empire se tapit une menace millénaire, et seuls l’alliance de sept samuraï pourra mettre fin à ce cauchemar. Je suis certain que tu es l’un des sept, Riobe.
Sur son parchemin, le moine avait tracé une figure circulaire compliquée d’autres cercles, triangles et carrés. Sur ce cercle, étaient répartis sept petits disques, dans lesquelles Tadakune avait inscrit les noms des samuraï.
Shigeru – Hiruya – Ayame – Kohei – Ryu – Bokkai – Riobe.
Le rônin ne savait qu’en penser. Il aurait aimé penser que, de près ou de loin, cette destinée pouvait être liée au Lion Noir. Mais il ne voyait pas le rapport. Il écouta ce que le Moine avait à lui dire, mais il savait presque tout.
Ces sept samuraï étaient la cinquième réincarnation d’esprits ayant existé à des époques passées. Ces samuraï, chaque fois, s’étaient alliés pour combattre la grande menace cachée. S’ils se réincarnaient encore, c’est que leur combat n’était pas terminé.
- Il faut que la sixième fois soit la bonne, Riobe !
- J’y contribuerai, fit le rônin, qui s’efforçait d’être résolu.
Il salua le Moine. Il se sentait un rien triste d’avoir appris cela. Il n’aurait su dire pourquoi. C’est avec cette tristesse qu’il songea qu’Ikky n’avait pas été désignée par les Fortunes.
A suivre...
