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26e Episode : Dharmic Blues
#1
Il ouvrit un panneau coulissant et entra dans une grande pièce. Là, il reçut ce qui fut sans doute le choc de sa vie.
Sur un siège, aux côtés duquel étaient posées deux lanternes, était ligoté un vieil homme. Le crâne chauve, des cheveux longs tombant sur le côté, les moustaches fines et tombantes. La musculature aguerrie, les avant-bras tatoués de serpents.

- Akodo Kage-senseï...

Riobe avait failli en laisser tomber son katana.
C'était bien le vénérable senseï ! Celui que tous pensaient mort !
Il voulut se lever, mais ses étreintes l'en empêchèrent.
- Watanabe, dit-il, très inquiet.
Le rônin allait se précipiter pour le détacher.
- Méfie-toi, Watanabe, ce sont les Scorpions qui m'ont enlever ! Ils ont fait croire à ma mort ! Ils veulent exercer un odieux chantage sur notre clan !
- Senseï !
- Attention !
Un panneau en bois s'ouvrit, laissant entrer un jeune samuraï, l'air du parfait beau ténébreux. De longs cheveux noirs, lisses. Un beau kimono noir aux reflets argentés. Un saya très simple à la ceinture.
- Konnichi-wa.
- Emmon, rugit Riobe, avec une rage d'une noirceur impénétrable.
- Shosuro Emmon, pour te servir, samuraï.

- Attention, fit le vénérable Kage, il est dangereux ! C'est lui qui a fomenté mon enlévement !
- N'ayez crainte, senseï, les ordures dans son genre sont ma spécialité !
- Allons donc, dit Emmon, que de haine, rônin...

Samurai

Riobe s'avança, sabre à la main, tournant lentement autour de son adversaire.
- Tu as commencé par moquer ma famille au moment où ton clan de cloportes a été rétabli ! C'était déjà un affront mortel... Mais maintenant, tu as commis un acte... un acte... inqualifiable.
Riobe cracha à terre. Il aurait voulu recracher tous les Scorpions de l'Empire d'un coup.
- Tu veux en découdre par le sabre, si je comprends bien, fit Emmon, presque charmeur.
- En garde ! fit Riobe en pointant son sabre vers lui, le visage déformé par la haine et le dégoût.
Emmon tira lentement son sabre et se mit en garde.
- J'ai entendu parler de la mort de Tsuyoshi, sussura Emmon. Elle fut ignoble, donc digne de lui. Tu n'auras pas pire, alors que tu l'aurais mérité. Mais cela suffira pour que ton ancienne fiancée, et Toturi, t'oublient à jamais.

Le Scorpion avait réussi à insulter, en une seule phrase, tout ce qui était le plus cher aux yeux du rônin !
Inquiet, Kage regarda les deux adversaires se toiser.
C'est Riobe qui lança la première attaque. Sa lame choqua celle d'Emmon, qui avait paré à l'horizontal. Les deux adversaires étaient presque nez à nez.
- Tu crois encore, rônin, que ton senseï te mène sur la voie de l'honneur ? Ton dévouement te perdra.
Furieux, Riobe le repoussa et se remit en garde. Emmon lança alors plusieurs attaques, dont la dernière se nommait le dard du Scorpion, et consistait en un coup des plus deshonorables : frapper à la cuisse. Mais Riobe le vit venir et l'arrêta.
- Bien, Riobe, bien, fit Kage, satisfait.

Les deux hommes se lancèrent alors dans un échange de coups des plus furieux. Les lames voltigèrent, et passèrent à chaque fois à quelques pouces de leur ennemie. On entendait, dans la pénombre, le râle des deux combattants, qui se bestialisaient un peu plus à chaque coup, le fauve et l'insecte, ivres de haine.
Kage suivait cette masse confuse qui s'agitait, cet espèce d'homme-double qui se combattait lui-même, avec ses deux têtes et ses quatre bras, en un combat ponctué de chocs de lames et de râles d'efforts.

Riobe, qui avait failli prendre un coup en plein ventre, se ressaisit, et repensa à ses Ancêtres, à ses amis. Il sentit le sang du Lion couler en lui, et enchaîna une suite de coups brefs et violents. Il vit Emmon se mettre en garde, et ne fut pas dupe. Riobe continua ses attaques. Emmon tenta alors de le contourner d'un coup pour le frapper de côté et le désarmer. Mais le Lion avait vu venir la traîtrise. Au moment où le Scorpion allait se déplacer de côté, Riobe changea son sabre de main et trancha d'un coup les deux poignets de son adversaire.
Le sang gicla, le sabre d'Emmon resta suspendu en l'air ; Riobe le rattrapa ; les deux mains tombèrent à terre, et le Scorpion tomba à genoux.
Riobe croisa les deux katanas devant la gorge du misérable, qui ouvrit grand la bouche, stupéfait.
- Bien, Riobe ! Bien !
Akodo Kage ne contenait plus sa joie.
Riobe inspirait profondément, lentement. Emmon ne respirait plus.
- Et maintenant, dit sèchement le senseï, tue-le.
Etonné, Riobe dit :
- Mais Kage-sama, nous pourrions le garder en vie pour qu'il parle...
- Inutile, continua le vieil homme, il m'en a dit assez -dans son orgueil ! Tue-le, je te dis !
- Ce n'est pas très conforme au code du bushido...
- Tue-le immédiatement.
Emmon fixa le vieil homme, terrifié.
Il avait trouvé pire que lui.
Riobe cisailla la gorge du Scorpion, et sa tête alla rouler à terre.

Le rônin jeta le sabre d’Emmon et défit les liens du senseï.
- Partons vite, à présent, Kage-sama. L’endroit n’est pas sûr.
- Inutile, je pense qu’avec la mort de celui-ci, ses complices vont s’enfuir.
- Senseï, la Cité de l’Or Bleu n’est pas loin d’ici.
- Attends, Watanabe. Tu oublies que l’Empire me croit mort.
- Justement ! Allons avertir Toturi que vous êtes vivant !
Kage se rassit et fixa Riobe :
- Ce n’est pas si simple, Watanabe. Il faut au contraire profiter de ce qu’on me croit mort pour agir…
- Comment cela ?
- Nous devons riposter rapidement. Quelqu’un d’autre sait-il que tu es là ?
- Non, je suis venu seul.
- Bien, dit le senseï, satisfait. Alors tout va bien.
- Je ne comprends pas.
- Nous avons affaire à des ennemis dangereux, Watanabe. Des conspirateurs de premier plan. Ils m’ont enlevé car j’avais découvert un horrible secret. Assez horrible pour qu’on veuille me faire taire.
- Pourquoi vous ont-ils gardé en vie ?
- Sans doute pour m’emmener dans une de leurs sinistres forteresses, et m’arracher d’autres secrets. Mais ne pensons plus à cela. Je vais encore avoir besoin de toi, Watanabe…
- De moi, senseï ? Tout ce que vous voudrez !
- Bien, je savais que je pouvais compter sur toi. Seulement, tu seras seul au courant de ta mission. Seul au courant que je suis encore en vie.
- S’il le faut, je peux mourir à l’instant pour vous aider.
- Ecoute, samuraï, ce que je vais te dire n’est pas facile. Normalement, les bushis comme toi, encore jeunes et vaillants, n’ont pas à savoir ce genre de choses… Ces secrets sont réservés aux vieux senseï comme moi.
- J’écoute, et je me tairai.
- A l’heure qu’il est, Toturi marche sur la capitale, je pense.
- Oui, senseï.
- Des rumeurs ont couru ces derniers temps, Watanabe… Des rumeurs très graves… N’est-ce pas ?
- Oui, senseï.
- Lesquelles ?
Le rônin hésita. Mais au maître vénéré de sa famille, il pouvait tout dire.
- D’aucuns accusent l’Empereur d’être…
- D’être ?...
Riobe n’osait pas.
- D’être corrompu par la souillure du Celui dont le Nom Doit être Tu, n’est-ce pas ?
- Oui, senseï…
- Je l’ai entendu dire, moi aussi. Ecoute, Watanabe, l’heure est grave. Car la vérité est encore plus atroce…

Samurai

Le drapeau du Lion Noir flottait sur le Village Stratégique du Nord.
- Par Kakita, quelle bataille, disait Hiruya, resplendissant de fierté. Dites-moi, Ayame-san, combien d'onis ai-je abattus, déjà ? Cinq ? Six ?...
- Sans doute bien plus, Hiruya-sama, répondit Ayame, et sans même vous en apercevoir...
Nos samuraï sortaient du palais qui leur avait été attribué.
La Cité était devenue un véritable camp retranché. Plus de la moitié de la population appartenait à l'armée du général Toturi, vainqueur la veille. Et on s'occupait à recruter de forces des volontaires parmi les paysans, tandis que d'autres armées commençaient à affluer, du nord des terres impériales.
Il régnait une anarchie militarisée : des patrouilles de soldats courant en tous sens, des gens aussi, des boutiques déplacés, une désorganisation générale qui résultait d'ordres et de contre-ordres lancés à chaque minute.
Mais quand la Magistrature d'Emeraude arriva dans les quartiers du Lion Noir, c'était l'ordre parfait. Autant plus personne ne savait qui commandait en ville, autant la bâtisse centrale de la Cité était devenue une forteresse imprenable, gardée par les plus féroces Matsu. Ceux qui, trois jours avant, se seraient empalés sur leurs katanas pour Matsu Tsuko et qui, aujourd"hui, en feraient autant pour leur nouveau maître.
Le palais accueillait les dignitaires de tous les clans. C'était une cour impériale en miniature qui se tenait là. Nombre de courtisans et de diplomates ayant fui la capitale trouvaient refuge ici. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'ils comprennent où ils seraient en sécurité et où exporter, même au plus fort de la guerre, leurs machinations d'alcôves.
Après avoir passé quatre portes gardées par les terribles Quêteurs de Mort Matsu, nos samuraï entrèrent dans la grande salle des quartiers de Toturi. C'était le dernier carré des fidèles.
- Ah, Magistrat ! dit le Lion Noir, ravi, comment allez-vous ?
- Par mes Ancêtres, plutôt bien !
C'est vrai qu'il se portait comme un charme, Hiruya-sama, comme s'il sortait d'une belle journée dans les paisibles jardins de sa famille !
- Mon katana réclame encore des démons !
- Il est probable que nous n'en manquerons pas, remarqua le général Mirumoto Daini, qui montrait des cartes de Rokugan à deux Nagas.
- Magistrat, déclara Toturi, je sais que j'ai déjà fort abusé de votre aide...
- ... elle vous était acquise pour l'honneur, dit Hiruya.
- Je n'en doute pas une seconde. Cependant, si je puis me permettre de vous solliciter encore...
- ... si c'est encore au nom de l'honneur...
- Ça l'est, sans aucun doute...
- Alors, j'écoute.
- Voici : en arrivant dans cette Cité, nous y avons découvert des personnalités de haut rang... de très haut rang...
- Comment cela ?
- Des dignitaires de la famille impériale, souffla le capitaine Sasuke.
- Par Benten !
- Comme vous dites, fit le Lion Noir.
- C'est une chance, dit Sasuke, que les monstres qui avaient pris leurs aises dans cette Cité ne les aient pas dévorés. Mais ceux-ci constituaient des otages trop précieux.
- Je vois.
- Or, ces honorables descendants du Ciel nous ont appris que d'autres membres de leur famille se trouvaient encore dans la Cité Interdite.
- Et, étant données les circonstances, dit gravement Toturi, nous pensons qu'il serait bon de les en sortir, pour les amener ici, où ils ne craindront rien.
- Je comprends, dit Hiruya à voix basse.
- D'autant que les Hantei se trouvant encore là-bas sont parmi les plus proches de l'Empereur... donc aussi les plus exposés...
- Et s'il fallait, ajouta Sasuke, un descendant...
- Oui, je vois bien, dit Hiruya, épargnant au Lion la peine de continuer.
- Nous savons que la Magistrature d'Emeraude, dit Toturi, peut facilement...
- Si Hiruya-sama le permet, dit soudain Bokkaï, je suis volontaire pour escorter la famille impériale jusqu'ici.
- Entendu, dit le Magistrat, je te confie cette mission.
- Nous en sommes ravis, dit Sasuke.

Entra alors un important dignitaire dans la pièce.
- Miya Katsu-sama !
Ravi, le vieil homme avança vers ses samuraï, auxquels ils prétaient plus attention qu'à Toturi ! Il leur serait bien tombé dans les bras, comme un père avec ses enfants !
- J'ai appris vos excursions imprévues, dit-il, sur le point de rire, ou de pleurer.
C'était inattendu de le voir ainsi, lui d'habitude, si réservé et si malin...
- Nous sommes honorés de vous retrouver, dirent les samuraï.
- Quelle aventure, dit Katsu-sama.
Toturi et les autres présentèrent leurs respects au Magistrat.
- Bokkaï vient de-
- Oui, j'ai entendu, dit Katsu-sama, et je me réjouis qu'il soit volontaire !
Un peu gêné, comme tout Scorpion le serait, qu'on lui porte publiquement de l'estime, Bayushi Bokkaï se rengorgea et baissa la tête humblement.
- Voici ce que nous allons faire à présent, expliqua ensuite Toturi, en déroulant une carte. Après le village du nord, nous allons nous emparer des autres points stratégiques, de façon à encercler la capitale et ainsi...
- Si je puis me permettre, dit prudemment Miya Katsu, nous avons à parler, Toturi et tu comprendras que-
- Bien sûr, Katsu-sama. Je vous laisse vous retirer dans vos quartiers.
- Bokkaï-san reste avec toi, dit Katsu, pour préparer son départ.
- Je lui adjoins une escorte de mes meilleurs hommes.
Le Scorpion, son émotion cachée par son masque, dit au revoir à la Magistrature. Il se sentit bien seul, au milieu des Lions, Dragons et Nagas...

Samurai

Riobe s'était agenouillé devant le trône où Kage était assis.
- Encore plus atroce, senseï ? La vérité peut-elle être pire ?
- Oui, Akodo Watanabe, dit le vieil homme, en regardant, inquiet, en l'air et vers le côté, car ce n'est pas seulement l'Empereur qui a été corrompu...

On se trouvait dans une vieille masure, au sortir d'une minuscule Cité, dans un bois pluvieux, mais les paroles prononcées pesaient si lourd que Riobe craignait qu'on les entende dans tout l'Empire...
- Pas seulement l'Empereur... mais sa famille... toute sa famille...
Effrayé, Riobe répéta à voix basse :
- ... toute sa famille...
- Oui, et nous sommes peu au courant... Les autres qui savaient sont morts... Il ne reste donc que nous deux...
- Vous et moi ?... seulement ?
- Oui, à connaître le plus terrible secret... Toute la famille Hanteï a été corrompue par la malédiction du Dieu Déchu...
- Senseï, dit soudain Riobe, rien n'est perdu, car Toturi, à l'heure actuelle, doit approcher de la Cité !
Il reprenait espoir.
- J'y compte bien, car Toturi fut mon meilleur élève. Mais lui-même n'est pas au courant.
- Il sait pour l'Empereur !
- Mais pas pour la famille Hanteï. Et nous n'avons pas le temps de le prévenir. Il faut au contraire agir vite. Couper le mal à la racine. Avant qu'il ne fasse plus de dégats... quand Toturi arrivera dans la Cité.
- Dans la Cité Interdite ?...
- Le Lion Noir ne s'arrêter pas avant, Watanabe... Mais si la corruption règne encore là-bas, alors même notre famille pourra être touchée par la malédiction... Tandis que si le mal a été éliminé, chirurgicalement...
Riobe se releva, fièrement :
- Senseï !...
- Je savais que je pouvais compter sur toi, dit Kage, en se levant à son tour. Je savais que tu étais le samuraï qu'il me fallait.
Il remit lentement sa capuche sur sa tête :
- Tous les Hanteï sont désormais des ennemis de l'Empire...
- Oui, senseï.
- Va à Otosan Uchi, dit Kage. Entre dans la Cité Interdite. Fais ce qui doit être fait. Ne montre aucune pitié.
- Oui, senseï.
- Pars sur l'heure, car tout retard peut nous être fatal.
- Mais comment entrerais-je dans la Cité Interdite ?
- Ne t'inquiète pas. J'ai certains amis sur place. Ils te connaissent. Ils t'aideront. Tu franchiras les portes les mieux fermées grâce à eux.
- Comment reconnaitrai-je mes amis de mes ennemis ?
- Je veillerai à ce que tu sois bien reçu. Mais surtout, opère seul. Eux ne savent rien. Seulement qu'ils doivent t'aider à entrer.
- J'ai compris, dit Riobe, souriant.
Kage sortit de la pièce, suivi de son élève. Il ouvrit la porte grinçante qui donnait sur la forêt inhospitalière.
- Comment partez-vous, senseï ?
- N'aie crainte pour toi, Watanabe. Je saurai trouver refuge pour les nuits à venir. Tout le monde me croit mort...
- A ce sujet, senseï, j'ai des nouvelles de Tsuyoshi...
- Je sais aussi, à son sujet. Lorsque viendras l'heure d'agir, pense à lui. Et sa colère sera aussi la tienne.
- Oui, senseï.
Kage inspecta les arbres noirs et venteux.
- Je devais vous poser une dernière question, senseï...
Riobe avait repris confiance. On sentait même de l'ironie dans sa voix.
- Dis-moi.
- Lorsque j'étais dans l'armée de Toturi, j'y ai appris les rumeurs qui y couraient... J'ai su prêter l'oreille à certains bruits, qui sont remontés jusqu'aux oreilles du Lion Noir. On y parlait de votre mort, entre autres...
- Hé bien ? dit Kage, impatient.
- Alors, j'ai entendu parler de ceux qui s'opposent à la dynastie en place... Et j'ai entendu parler d'une sorte de conspiration...
Kage sourit sous sa capuche.
- Viens, Watanabe, sortons...

Prudemment, Riobe emboîta le pas au vieil homme, la main non loin du sabre.
- J'ai entendu, entre autres choses, qu'un groupe de personnes influentes ne verraient pas d'un mauvais oeil la chute d'une dynastie millénaire, qui serait remplacée par une autre, sans origine divine directe...
- Intéressant... Continue.
- Ce groupe, toujours d'après ces rumeurs, se nommerait : le Kolat. Il travaillerait dans l'ombre à subvertir l'autorité impériale...
Kage se tourna vers le samuraï :
- Tu as l'oreille fine, Watanabe. Qu'as-tu encore entendu ?
Riobe s'éloigna de deux pas, de nouveau mal à l'aise.
- J'ai entendu, entre autres choses, ce que vous venez de me dire, senseï... Et là encore, j'ai attentivement écouté. Comme tout samuraï le doit.
- Bien... Et qu'as-tu compris ?
Riobe regarda fixement son maître, d'un air de défi qui aurait pu lui valoir une exécution sur le champ :
- Je sais maintenant que vous êtes le grand maître du Kolat !

Riobe avait dégainé brusquement son maître ! Les Kolat ! Il avait entendu tant de choses sur eux ! Qu'ils étaient pire que tout l'Outremonde réuni ! Plus insidieux peut-être que l'Ombre ! Que les mortels n'étaient que des marionettes entre leurs mains !

Kage sourit, sans montrer aucune colère.
- Sais-tu seulement, Watanabe, ce que ce mot veut dire... "Kolat" ?
- Non.
- Il veut dire : "interroger". Le sage ne doit-il pas interroger pour savoir ?
- Interroger, senseï ?... Mais n'est-ce pas déjà désobéir ?
- Pour un samuraï, oui. Pour un senseï, non... Mais du reste, depuis le début, n'est-ce pas toi qui interroge ?...
Kage avait posé son doigt sur la lame de Riobe et l'abaissait doucement.
- ... alors que tu devrais seulement obéir ?...

Il l'avait dit d'un ton si calme, si impérieux, et aussi si terrifiant, que Riobe, les larmes aux yeux, rengaina son arme et tomba à genoux. Il mit les mains par terre et se frappa le front à terre.
- Pardon, senseï, pardon...
Mais Kage s'éloignait doucement, son manteau noir, ses manches et sa capuche boursouflés par le vent.
- Tu as interrogé, Riobe, disait-il, maintenant il te faut agir.

Le rônin resta prostré ainsi, longtemps. Son maître avait disparu depuis longtemps quand il se releva, courut à sa monture, attachée à un arbre, et retourna à l'auberge.
L'aube allait se lever sur la Cité de l'Or Bleu.

Samurai
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