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Dossier #5 : La vie d'hommes infâmes
#18
DOSSIER #5<!--sizec--><!--/sizec-->

Le policier redescendit l’ascenseur, salua la concierge et repartit dans l’avenue Marthuis.
Il n’y avait pas un chat dehors. Mais Portzamparc se sentait observé. Il continua son chemin, marchant l’air dégagé. Par ces grandes fenêtres, on devait le scruter. Il passa devant les grilles du parc. Il s’arrêta pour faire son lacet, se retourna, et eut juste le temps de voir un gamin disparaître derrière un gros arbre. Ce n’était pas un gamin de rue comme à Mägott Platz. Certes, il ne devait pas avoir de chez lui, mais il était bien coiffé, ses godillots en bon état, ses dents blanches… Avec ce qu’il trouvait dans les poubelles du quartier, il devait mieux manger que les ouvriers des usines Vanstrupp !

Portzamparc, souriant, poursuivit son chemin. Pas trop à craindre de ce genre de filatures. Le gamin devait être mort de peur derrière son arbre. Le policier se remit en route en pensant : « Allez, sors de derrière ce tronc, je me suis assez éloigné. Promis, je ne me retournerai pas… »
Il repensait à Saint-Preux : il devait savoir des choses, sans être le chef de toute cette bande de crapules qui avait engagé la Gueule de Rat. Ce qui supposait donc que les ordres venaient de chez les Donnasserne, et de très haut…
Après avoir tourné au coin de la rue, Portzamparc allait prendre le risque de se retourner, quand il entendit un cri derrière lui : le gamin avait bondi de côté et courait vers lui. Portzamparc mit la main à son révolver. Le gamin n’était pas armé. Affolé, il heurta le policier.
Portzamparc l’écarta gentiment, mais fermement, et jeta un œil dans l’avenue : un couteau s’était planté sur le trottoir. Portzamparc se plaça devant le gamin ; estima à la louche d’où le couteau avait pu être lancé.
Du parc. Du haut d’une branche. Mais sous les branchages, on n’y voyait goutte,.
- Viens, ordonna-t-il au gamin.
Ils étaient à deux pas du funiculaire qui descendait vers le quartier des Passantes. Ils montèrent dans la rame, vide, dont le signal de départ retentissait.
- Qu’as-tu vu ?
- Presque rien, fit le gamin affolé… Quelqu’un sur la branche… Le couteau… J’ai juste eu le temps…
- Qui t’a demandé de me suivre ?
- Personne !
- Réponds, dépêche-toi !
- D’accord… C’est le monsieur de l’immeuble là, que vous êtes allé voir…
- Et encore ?
Il avait presque une tête de premier de classe, avec ses cheveux blonds et ses grands yeux, sa belle voix de chef de chorale...
- Il voulait que je vous donne un papier…
- Alors donne.
Le funiculaire finit sa descente. Portzamparc prit le papier et laissa le gamin filer. Puis, pendant que le transport remontait, il s’assit et lut.
« Ils l’ont tuée pour m’avertir. Moi je ne peux rien dire. Mais le conseiller Jaransand, lui, sait des choses. »

*
Le lendemain soir, Maréchal et Portzamparc, habillés de noir, se présentaient à la porte du manoir Whispermoor. Norbert, habillé en grand deuil, vint leur ouvrir.
- Si ces messieurs veulent bien me suivre.
Il les introduisit au grand salon. Lucie était là, au milieu des invités. On sentait que c’était elle, désormais, qui tenait les rênes de la maison. En un mois, elle avait pris complètement possession des lieux. Elle avait engagé du personnel pour la soirée et les invités ne se privaient pas de petits fours et de coupes de vins. Maximilien, chemise débraillé, mal peigné juste comme il faut, jouait au piano une sonate enlevée.
Gédéon Ferenbuikk était là, et quelques autres habitués de la salle de jeu de l’hôtel Novö-Art.
- Je vous remercie d’être venu, messieurs, dit Lucie.
- C’est tout naturel.
Maréchal admirait les dorures et les caissons du plafond, et les portraits aux murs. Portzamparc s’était déjà fondu dans les conversations.
- La Banque ne pensait pas que le comte irait jusque là, disaient certains. C’était héroïque en un sens, mais maintenant, on sait à quoi s’en tenir… Je me demande qui va « succéder » à Radik.
- Notre petit quartier a été bien agité ces derniers temps, dit-on à Portzamparc.
- Bien plus que nous ne le voudrions, dit le détective, mais maintenant, plusieurs commissariats collaborent pour arrêter l’assassin de notre collègue.
- Il est vrai que les malfrats, dit Lucie, choisissent parfois les lieux excentrés, comme Mägott Platz, pour y régler leurs comptes, au lieu de le faire dans les beaux quartiers. Mais à crimes extrêmes, châtiments extrêmes.
- Je suis d’accord avec vous, fit Portzamparc. Le tueur de l’inspecteur Boncousin ira se balancer au bout d’une corde.
- Oui, intervint Ferenbuikk, je suis d’accord pour dire que cette situation doit cesser dans les plus brefs délais. Et pour cela, il conviendrait de donner bien plus de moyens à SÛRETE. Sinon, comment exiger de nos policiers un travail efficace ?
Certains approuvèrent, d’autres firent la grimace. C’était le candidat en campagne Ferenbuikk qui parlait !
- Nous devons, disait-il, remettre de la moralité dans la vie publique. Faire en sorte que les valeurs soient au centre de la vie des gens !
Il observait son effet sur l’auditoire, assez largement acquis à ses idées.
Un peu plus tard, en aparté, Ferenbuikk vint demander à Portzamparc, plus sérieusement, des nouvelles sur l'enquête.
- Les informations courent vite, détective, comme vous savez, et nous sommes déjà au courant de votre visite à Gaëlien de Saint-Preux.
Il le disait d’un ton qui signifiait : « Ne vous vexez pas que nous le sachions, c’est normal, avec le temps, vous apprendrez… »
- Ce Saint-Preux est un mondain, dit Ferenbuikk. Mais ici, il ne serait pas bien reçu. Question de rivalité, vous comprenez ?
- Je sais que la Pham’Velker n’aime pas trop les Donasserne, et réciproquement.
Ferenbuikk eut un sourire diplomatique. Portzamparc avait dit vrai, en mettant les pieds dans le plat. Au fond, c’était bien cela : toute la noblesse de Mägott Platz, et la plupart des propriétaires bourgeois, était liée à la Corpole.
- A ce propos, demanda le détective, connaissez-vous un certain Jaransand ?
- Jaransand ? Oui, bien sûr. Il est conseiller municipal à la rue Verte. Là aussi, quelqu’un de très influent. Franchement, je ne partage pas toutes ses opinions, mais je l’apprécie. Comme on dit, il a du chien, de l’ambition. Lui a fait son temps chez les Donasserne. Depuis, il a pris ses distances par rapport à eux. D’esprit il est indépendant. Franchement, c’est un type admirable. Savez-vous que, dès que l’envie lui en prend, il part séjourner dans un palace, comme ça, ou dans un ilot privé réservé à quelques grands de ce monde ? N’est-ce pas formidable ?
- Si, sans doute.
- Je suis sûr qu’il pourra vous aider.
- Il est proche des Donasserne, vous m’avez dit ?
- Oui. Moins maintenant, mais quand même… Il sait d’où il vient…

Au buffet, Maréchal se faisait resservir un verre, en picorant dans le plat de petits fours.
- Vous irez parler à Jaransand ? demandait Ferenbuikk.
- Oui, dit Portzamparc, certainement.






FIN



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Dossier #5 : La vie d'hommes infâmes - by Guest - 17-11-2007, 11:39 PM
Dossier #5 : La vie d'hommes infâmes - by Guest - 17-11-2007, 11:40 PM
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