26-06-2008, 01:24 PM
(This post was last modified: 26-06-2008, 05:03 PM by Darth Nico.)
CHRONIQUES DE L'EMPIRE D'EMERAUDE
<span style="color:#008000">2ème chapitre : La Cité des Histoires<!--sizec--></span><!--/sizec-->
<span style="color:#008000">2ème chapitre : La Cité des Histoires<!--sizec--></span><!--/sizec-->
Dans les jours qui suivirent, nos héros s'accordèrent un peu de repos. L'hiver s'annonçait. Quelques flocons de neige, vite fondus, firent leur apparition.
Quand tout le monde fut remis de la poursuite infernale à travers la ville, Manji proposa à Yojiro de reprendre l'entraînement.
- Volontiers, je suis engourdi, j'ai besoin de me remettre d'aplomb.
Rintaro trouva dans ses vieux coffres des armures et des casques d'entraînement, ainsi qu'une paire de bokken, laissés jadis en gage par un rônin qui venait boire à la Fleur du secret.
Manji se proposa d'initier Yojiro à l'art du iajutsu. Il dégaina le premier et frappa le Crabe à l'épaule. Yojiro dut avouer sa défaite.
- Mais sur le Mur, on a rarement l'occasion de pouvoir défier en duel les monstres qui attaquent...
Mamoru arriva sur ces entrefaits. Il reprit le bokken de Yojiro et défia Manji. Remis de ses blessures, le grand rônin attaqua vigoureusement et en quelques coups, mit Manji par terre !
Puis, sur sa lancée, il défia Yojiro et l'assomma à son tour !
Les deux vaincus se relevèrent, perclus de douleur, reconnaissant la supériorité de leur adversaire.
- Tu uses du bokken comme d'un tetsubo !

Quelques jours après, les deux patrons rivaux, Rintaro et Horiu, recevaient une convocation du palais du Gouverneur. L'affaire était urgente.
De retour dans leur repaire, ils convoquèrent leurs rônins à huis-clos.
- Ecoutez bien, car il s'agit de quelque chose vous concernant personnellement. Le Gouverneur sait que vous avez été mêlés à l'histoire du pot d'un million de kokus, comme on l'appelle. Il exige de plus la plus grande discrétion sur cette affaire. Il exige que vous partiez vers le sud, prendre livraison d'un colis, et que vous le rameniez ici.
- Quel colis ?
- lls n'ont rien dit. Un colis, c'est tout.
- Et où se trouve ce colis ?
- A Ryoko Owari Toshi !
Ryoko Owari Toshi ! La Cité des Histoires, la Cité des Murs Verts ! Et surtout : la Cité des Mensonges !
Le plus grand regroupement de cartels de l'opium et de syndicats du crime de l'Empire ! Une Cité de vice, de débauche, une perte pour tous les hommes d'honneur, un paradis pour la canaille, bref : la perle des Cités du clan du Scorpion !
- Vous partirez demain. Votre transport jusqu'à la Cité a été prévu. Vous passerez par les fleuves la plupart du temps. Mais au retour, ce sera à vous de vous débrouiller...
C'est ainsi que nos héros regroupés quittèrent la Cité du Cri Perdu.
Katon, Maya, Yojiro, Mamoru et Manji saluèrent leurs patrons, ainsi que Tange Sazen, qui leur souhaita bon courage.
Ils eurent des poneys pour se rendre dans le sud des terres Ikoma, et ils les abandonnèrent à un relai, au pied des gigantesques montagnes du toit du monde.
- C'est de la folie de vouloir les traverser en cette saison, leur dit un marchand.
- Nous sommes en mission.
Ils eurent un guide, qui leur permit de passer rapidement au travers de cette muraille qui coupait l'Empire en deux, avec ses chutes d'eaux qui auraient pu noyer une ville en quelques instants, et ses forêts plus denses qu'une armée du Lion.
Quand nos héros eurent franchis d'étroits sentiers et traversé des chemins de neige qui dissimulaient des crevasses, ils eurent une vue plongeante, depuis les sommets rocailleux, sur les terres mal famées du clan du Scorpion.
Des petits villages fumaient, le long de chemins sinueux. Au fond, ce pays réputé malfaisant, démoniaque n'avait pas l'air, de loin, bien différent du reste de l'Empire. Mamoru était déjà passé par là, sans être tellement inquiété.
En arrivant au pied des montagnes, le groupe de rônins prit une embarcation sur le fleuve, et finit à pied le chemin.
Enfin, après deux semaines de voyage, ils arrivèrent à la Cité des Mensonges.
![[Image: 250px-Ryoko-Owari.jpg]](http://images2.wikia.nocookie.net/l5r/images/thumb/0/0f/Ryoko-Owari.jpg/250px-Ryoko-Owari.jpg)

Nos héros approchèrent de l'entrée nord-ouest de la Cité, où des caravanes de marchands et des hommes de peine se pressaient.
- Où avons-nous rendez-vous exactement ? demanda Katon.
- Voyons, dit Manji, en consultant un papier d'aspect anonyme remis par un conseiller du Gouverneur, nous allons au... 103, rue du Saphir.
- Je me demande à quoi ressemble cet endroit, se dit Yojiro.
- Hmm, fit Maya.
- Allons-y, dit Mamoru.
Avant de poursuivre notre récit, il convient de préciser que le 103, rue du Saphir, à Ryoko Owari Toshi, n'est pas une adresse comme une autre -pour autant qu'il existe "une adresse comme une autre" dans cette ville !
Les lecteurs qui n'ont pas suivi la campagne de la 5e Réincarnation ignorent en effet que, presque huit cents ans après cette histoire, le 103, rue du Saphir servira de repaire à une bande d'ignobles conspirateurs qui, se cachant derrière un cartel de l'opium, y séquestrera ses victimes et les torturera de la façon la plus affreuse qui soit !
Nos héros se séparèrent pour ne pas attirer l'attention de la Garde du Tonnerre, milice du gouverneur de la Cité (milice reconnaissable à la grande plume ornant leur casque). Ils entrèrent dans le quartier des pécheurs, sur la rive ouest de la baie de l'honneur noyé. Ce lac en forme d'amande était au milieu de la cité : c'était un renflement du fleuve qui coulait des montagnes du nord vers le sud des terres de la famille Bayushi.
La brumeuse montait peu à peu de la baie. On entendait des cloches de pêcheurs. Sur le port, des marins portaient des chargements lourds. Des tavernes étaient emplies des hommes et de leur chaleur.
Nos rônins firent le tour de ses établissements, et arpentèrent les quais, pour trouver un passeur qui accepterait de les emmener rapidement sur l'autre rive, dans le quartier marchand.
- Navré, étrangers, leur répondait-on, invariablement, vous ne trouverez ici personne qui encourrait la colère des Scorpions. Vous devrez passer par le pont si vous voulez arriver sur la rive est.
Nos héros se retrouvèrent pour constater leur échec :
- La poisse, dit Yojiro en crachant dans l'eau, je croyais que cette ville était corrompue jusqu'à la moelle !
- Le peuple n'est pas assez fou pour défier la famille Bayushi, dit Katon.
Nos héros durent passer une nuit chez les pêcheurs. Le lendemain matin, à la première heure, ils se présentèrent à l'entrée du pont où les douaniers contrôlaient avec acharnement les paquets de tous les marchands. Même à cette heure matinale, il y avait déjà du monde. Nos héros comprirent que certains avaient passé la nuit à attendre leur laisser-passer.
On avait rarement vu une Cité corrompue où la milice mettait autant d'acharnement à contrôler tout le monde !
Par chance, nul ne vint demander à fouiller les affaires de nos rônins. Ils s'engagèrent sur le pont, quand un sous-officier de la Garde du Tonnerre les interpella :
- Hé là, mes gaillards, où allez-vous comme ça !
Il n'avait pas dit ça qu'aussitôt, un bureau de paiement de la dîme fut monté au pied du groupe !
- Vous pensiez passer gratis, étrangers ?
Il fallut verser la somme réglementaire dans le bassinet des Scorpions !
- Je vous remercie, vous pouvez y aller !
Il fallut une petite heure pour traverser le pont et pouvoir entrer dans le quartier marchand : il fallut payer un droit d'admission sur la rive !
Enfin, ils y étaient.
- Rue du Saphir, ce n'est pas loin d'ici...
Sur le pont, Manji avait pris des renseignements auprès des autochtones.
Ils arrivèrent dans un quartier crasseux, miteux. Des petites rues étroites, sombres, avec des gens méfiants dans leurs boutiques. Le joaillier du 103 les informa qu'il était au courant de leur venue, mais que le colis n'était pas encore arrivé.
- Quand arrivera-t-il, demanda Katon.
- Je ne sais pas !
Le vieil homme était désagréable, et fier de l'être. Nos héros préfèrent ne pas broncher car la milice de quartier sillonnait les rues.
- Il va falloir dormir ici, dit Yojiro.
- Nous n'avons pas le choix !
Les rônins passèrent une nuit dans une taverne miteuse, dans ce petit coin de ville isolé, renfrogné, comme s'ils logeaient au fond d'une coquille d'escargot.
Le lendemain matin, on eut l'impression que le jour s'était à peine levé. Aube sombre, brumes envahissante, odeurs de cuisines dans les logis.
- Cet endroit est écœurant, dit Yojiro.
- Nous n'allons pas y rester des jours, dit Katon.
Et pourtant... il fallut encore patienter deux jours entiers.
- Nous allons venir à bout de nos ressources, dit Manji. La vie coûte cher dans cette Cité !
- S'il le faut, dit Yojiro, nous pouvons trouver un emploi ici. Ils ont bien besoin de yojimbo, non ?
- A voir le nombre de patrouilles dans les rues, dit Manji, on ne le dirait pas.
C'était effrayant de penser qu'à cause d'un stupide marchand qui n'arrivait pas, nos héros allaient restés coincés dans ce quartier pendant des jours ! Et s'ils ne travaillaient pas, il faudrait emprunter de l'argent ! Et travailler pour rembourser !
Il s'en fallut de peu que nos héros se trouvent enfermés dans ce cycle infernal !
Des nouvelles leur parvinrent le troisième jour :
- Le colis, dit le joaillier, est arrivé, mais pas ici comme prévu.
- Où, alors ?
- Plus au sud, avant le quartier noble. Dans les rues des teinturiers !

Nos héros empruntèrent au maximum les plus vilaines rues du quartier des marchands. Aucun d'entre eux n'était habitué aux grandes villes. Ils étaient à l'étroit dans ce dédales humide, avec ces gens méfiants à chaque coin de mur. Ils marchèrent chacun de leur côté pour éviter d'alerter les brigades de yakuzas qui surveillaient les quartiers. Ils étaient épiés par des yeux tapis derrière les panneaux et les fenêtres.
Katon et Yojiro marchaient côte à côte. Ils ne purent éviter une grande rue encombrée de chariots. Une patrouille de la Garde du Tonnerre s'ouvrait un chemin en écartant les gêneurs à coups de hallebardes. Katon vit alors un samuraï habillé aux couleurs du clan du Phénix. Il s'écarta sur le côté, juste le temps de laisser passer la troupe de bushis. Yojiro aussi s'était mis sur le côté mais il remarqua que Katon prenait bien soin de ne pas se faire. Yojiro jeta un oeil à la troupe, au risque de paraître les défier du regard et il fixa le samuraï du Phénix : il avait à peu près l'âge de Katon. Les cheveux courts, fin sans être maigre, il avait revêtu un masque Scorpion, ce qui représentait un insigne honneur.
Les deux rônins se retrouvèrent après le passage de la troupe. Yojiro ne fit pas de commentaire. Ils retrouvèrent les autres rônins, pas loin des murs du quartier noble.
Katon serrait les poings. Il connaissait bien sûr ce Phénix ! Il l'avait bien connu, par le passé, à l'époque où il avait accepté une mission périlleuse à la demande de senseï du clan, quand Isawa Sasuke était encore un tensaï débutant, sûr de son avenir, sans crainte d'aucun obstacle qui pourrait se dresser sur son chemin !
Aujourd'hui, ce n'était plus la même chose. Il avait dû se renfoncer dans un coupe-gorge !
Nos héros entrèrent dans le quartier des teinturiers. Ils arrivèrent chez un gros marchand, jovial, le genre qui ne s'en fait pas dans la vie.
- Votre paquet ? Ohohoh, il n'est pas encore arrivé ! Pas encore ! Voilà tout !... Il sera là demain !
Manji n'avait pas envie de rire.
- Vous pouvez dormir ici, allez ! Ohohoh ! J'ai un cousin qui tient une petite auberge ! Il vous fera un prix, ohohoh... Vous voyez, tout s'arrange dans notre belle Cité !
Pour ce bon marchand, il fallait toujours être de bonne humeur !
Le lendemain, le colis leur fut enfin livré.
- Vous voyez ! Qu'est-ce que je vous disais !
- Donnez !
Manji prit le colis des mains du gros marchand. Nos héros allèrent dans la chambre de Katon pour examiner le chargement : c'était une petite boîte satinée, ornée d'un scorpion en jais.
- Quelque chose me dit, affirma Manji, qu'il vaudrait mieux ne pas l'ouvrir...
- Si on nous a envoyés avec tant de précautions pour chercher ce paquet, on ferait peut-être mieux de prendre des précautions au retour, dit Katon.
- Nous devrions nous séparer en deux groupes, dit soudain Maya (c'était une des premières fois depuis des jours qu'elle prenait la parole). Un groupe avec le vrai paquet, un autre avec un faux.
Elle croisa les bras. Elle avait parlé.
- Bonne idée, dit Katon. Je suggère que Manji et moi prenions le vrai paquet et que nous partions d'un air dégagé, sans nous cacher. Au contraire, vous prendriez un faux colis, semblable, en prenant vos précautions pour ressortir de la ville.
- D'accord, dit Mamoru.
- Nous allons faire un détour, dit Yojiro, en repartant par l'est de la ville. Comme ça, nous ne repasserons pas la baie et nous éviterons le quartier des pêcheurs.
- Très bien, dit Manji. Nous, nous repasserons le pont et nous repartirons par où nous sommes venus. Si quelqu'un nous espionne, et c'est probable dans cette ville, il verra que c'est nous qui n'avons pas l'air inquiet. Nous ressortirons par la porte nord-ouest.
- Pour tout le monde, dit Katon, rendez-vous au pied des montagnes. Votre détour par l'est va vous faire perdre une bonne demi-journée. Nous pouvons vous attendre un jour ou deux, pas plus.
- D'accord, dit Yojiro. Sinon, rendez-vous à la Cité du Cri Perdu.
Ils firent comme ils avaient dit. Maya, Yojiro et Mamoru ressortirent par l'est de la ville et entamèrent le tour, pour revenir sur la route du nord-ouest qui menait vers le fleuve.
Pendant ce temps, Manji et Katon repassèrent la baie et arrivèrent à la porte. Un péage avait mis en place.
- C'est gênant, dit Katon. Ils vont nous fouiller.
Les deux rônins se mirent à faire la queue sur la route, en se demandant comment ils allaient couper à un contrôle. Un Garde du Tonnerre héla les deux rônins : du doigt, il pointait Katon.
- Toi, viens par là !
Les deux rônins s'interrogèrent du regard.
Katon sortit de la file et s'approcha des soldats. Ils l'emmenèrent vers la baraque du contrôleur du péage.
On fit entrer le rônin et on le laissa dans une pièce où se trouvait un seul autre samuraï, au masque de Scorpion et au kimono de Phénix.
- Tiens, fit Katon, ironique.
Il s'inclina légèrement devant celui qui l'avait invité. L'autre lui rendit son salut.
- Je ne pensais pas revoir un jour Isawa Sasuke en si piètre posture...
- Je ne vois pas de qui tu veux parler, répondit Katon. Certainement quelqu'un de mort.
- Pas tout à fait mort.
- Tu dois confondre... Shiba Nobuyoshi !
- Etrange de te retrouver dans cette bonne Cité des Histoires, non ?
- Tu y sembles à l'aise.
- Mes amis de la famille Bayushi me font l'honneur de m'y accueillir. Mais toi ?...
- Quand on est un homme de la vague comme moi, on court à droite à gauche. Il faut que je m'y habitue, même si c'est nouveau pour moi.
- J'ai entendu ce qui est arrivé... Cette malencontreuse histoire, dans les îles près de l'archipel des Mantes.
- Je ne sais pas si c'est malencontreux.
- Allons, tu penses que ce serait prémédité ?
- Tu peux t'amuser de ma situation. Le fait est que je comprendrai un jour ce qui s'est passé.
- Vous avez offensé un puissant dignitaire Scorpion, voilà ce qui s'est passé.
- Il a fait tuer nos hommes ! Voilà ce qui s'est passé !... Mais n'en parlons plus...
- Tout n'est pas perdu pour toi, car je peux encore t'aider.
- Tiens donc !
- Mais oui... Même dans la position où tu te trouves, le clan peut encore avoir besoin de toi.
- Je ne suis plus tenu d'obéir. Je ne suis plus rien pour ton clan.
- Je ne te perdrai pas de vue. Nous nous reverrons.
- Nous n'avons plus rien à nous dire.
- Que tu crois...
- Je dois partir.
- Je me suis arrangé pour que vous passiez le péage sans encombre...
- Tu as le bras long, dis-moi.
- Plus que tu ne crois...
Katon ressortit retrouver Manji.
- Ça va aller, murmura-t-il.
Lorsque ce fut le tour des deux rônins, on ne leur posa en effet aucune question et on les laissa poursuivre leur chemin.

Le groupe de la BEC et Maya, avec leur faux colis dans un sac, prirent soin de se faire voir tout en ayant l'air de se méfier. Ils prirent des chemins détournés pour retrouver la route vers le nord, et n'hésitèrent pas à raconter leur vie dans deux ou trois tavernes.
Seulement, à force de détours, ils ne surent plus retrouver la vraie piste !
- Ce n'est pas possible, nous avons raté le chemin du nord !
- Mais non, dit Mamoru, nous ne l'avons pas encore passé !
- Si, nous l'avons passé, c'est obligé ! Il faut revenir en arrière !
Ils prirent la résolution de prendre le premier chemin qui irait vers les montagnes. Ils avaient déjà perdu une journée. Ils allaient vers les montagnes, mais ils ne savaient toujours pas où ils étaient. Ils ne reconnaissaient pas les villages, pas les bois. Ils étaient dans un paysage inconnu mais assez semblable à celui de la bonne route. C'était troublant.
- Il va falloir entamer le chemin de la montagne maintenant, dit Yojiro.
- Ce n'est pas au pied de ce chemin que Manji et Katon nous attendent...
- Tant pis, nous les retrouverons à la Cité directement !
- Tu as raison. S'il fallait revenir en arrière pour trouver le bon chemin...
- ... nous passerions l'hiver dans ces maudites montagnes !
Manji et Katon attendirent deux jours dans le village au pied des montagnes.
- Soit ils se sont perdus, soit ils ont été attaqués, soit ils font un détour vraiment grand !
- Quoi qu'il en soit, dit Manji, nous ne pouvons plus attendre. C'est nous qui avons le bon colis, alors hâtons-nous de le ramener au gouverneur, c'est quand même notre mission.
Les deux hommes partirent en direction des sommets, avec le même guide qu'à l'aller. Deux jours après, ils franchissaient le col de Beiden. Ils se renseignèrent sur ceux qui étaient passés par là. Pas de signalement de deux solides rônins avec une femme tatouée...
Le ciel uniformément blanc était glacial. Le vent claquait dans les papiers à vœux accrochés à de grandes cordes. Des paquets de neige dissimulaient le sol pierreux.
- Allons, repartons !
Ils laissèrent là leur guide, qui redescendrait vers son village. La nuit d'après avoir passé Beiden, ils s'arrêtèrent dans un monastère qu'on leur avait recommandé.
Le grand lama les accueillit, en leur promettant qu'ils passeraient une nuit au calme. Les chambres qu'il offrait au visiteur, par devoir d'hospitalité, était propres et austères. On n'y venait que pour dormir et méditer.
- Cela nous changera de l'hospitalité des cailloux et du ciel étoilé !
Manji préféra tout de même prendre un tour de garde en début de nuit.
Bien lui en prit ! Alors que Katon dormait depuis deux heures, Manji, qui luttait pour garder les yeux ouverts, vit une fumée blanche s'écouler dans la pièce à travers les barreaux de la pièce !
L'ouverture donnait sur une pente très raide, avec un canyon pas loin.
Manji réveilla Katon.
L'air devenait irrespirable. Manji prit ses armes et passa le premier. Il y avait deux silhouettes qui rôdaient dans le couloir, et deux moines assommés.
Les tueurs se jetèrent sur le rônin : ils furent reçus par l'art ancestral et mystique du kenjutsu des Shiba ! Manji les trancha vivement, d'une main sure. L'un d'eux ne mourut pas sur le coup : sa fin était pourtant proche.
- Toi, parle, dit Manji. Qui t'envoie !
L'autre hésita.
- C'est la fin pour toi, dis-nous !
Il cracha du sang, toussa, cracha une nouvelle fois et lâcha :
- Le Lotus Noir !
- Tu nous avais repéré dans la Cité, c'est ça ?
- Oui...
- Qui vous a ordonné ?... qui vous a mis au courant ?...
- Lotus... Noir...
- Qui fait partie du Lotus Noir ? Comment s'appelle-t-il ?... Le chef !
- Il s'appelle... Horiu...
- Horiu ?
- Oui...
L'homme mourut dans un dernier râle. Horiu ! Le patron rival de Rintaro !
Lui, le chef du Lotus Noir ! Katon en devenait fou !
- Nous n'allons plus dormir ! Repartons sur l'heure, il faut que nous revenions à la Cité !
- Tu as raison, dit Manji, fatigué. Il faut avertir le Gouverneur sans tarder...
Dans le petit jour, les deux samuraï repartirent sur la longue pente qui menait aux terres du clan du Lion.
A suivre...
