21-09-2012, 03:12 PM
(This post was last modified: 03-10-2012, 04:49 PM by Darth Nico.)
Citizen Kane (1941, d’Orson Welles, avec Orson Welles, Joseph Cotten). Sur son lit de mort, le milliardaire Charles Foster Kane expire en prononçant un dernier mot : « Rosebud ». Afin de découvrir ce qui se cache derrière ce nom mystérieux, un journaliste interroge tour à tour ceux qui ont connu de près le magnat des affaires.
« Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître / Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître », pourrait dire Orson Welles avec le Cid. Le jeune génie de vingt-six ans s’impose d’un coup comme un réalisateur inégalable autant que comme un acteur d’exception. La composition de son personnage est époustouflante : Welles joue Kane de vingt-cinq à soixante-dix ans, en nous montrant tous ses visages aux différentes époques de la vie –notamment lors de la magnifique séquence du déjeuner avec sa femme, qui en quelques plans nous fait parcourir vingt ans de la vie du couple.
De fait, Kane est le double parfait du réalisateur : génie dans son domaine, animé d’ambitions pharaoniques, il cherche à bouleverser la vie de ses contemporains. Le palais de Xanadu est le décor somptueux et démesuré où s’entassent mille trésors de toutes les époques et de tous les mondes, à l’image du cinéma de Welles, capable d’intégrer en lui tous les genres (drame, comédie, tragédie…) et tous les arts (cinéma, roman, danse, magie, peinture…). Chaque scène est faite comme un court-métrage expérimental, où Welles tente quelque chose d’inédit.
Welles fait éclater les limites du cinéma en systématisant l’utilisation de la profondeur de champ : grâce à plusieurs truquages, il peut faire la mise au point simultanément sur tous les plans de l’image. Les personnages s’enfoncent dans la profondeur de la pièce, ou bien différentes scènes se déroulent simultanément sur un seul plan. Le cinéma tend alors vers la troisième dimension.
Avec ce film, Welles enchantait pour la première fois le spectateur avec une virtuosité qui ne lui ferait jamais défaut, grand illusionniste et maître d’œuvre d’un cinéma élevé au rang d’art total.
Vanishing Point (1971, de Richard C. Sarafian, avec Barry Newman). Kowalski fait le pari qu’il peut relier Denver à San Francisco en moins de quinze heures. Il part à tombeau ouvert sur la route, à bord de sa Dodge Challenger 1970, shooté aux amphétamines. Après avoir provoqué un accident et dépassé toutes les limitations de vitesse, il est pris en chasse par la police, et sa course contre la montre se transforme en course contre la mort…
Un pilote renfermé et dingue, un DJ Noir en transe, une fille nue sur sa moto dans le désert : toute une ambiance… Magnifiques paysages du Colorado et du Névada. On est quelque part entre Zabriskie Point, Easy Rider et Mad Max. Un petit film culte de la contre-culture de l’époque, entre illusions et désespoir.
Moi y’en a vouloir des sous (1973, de Jean Yanne, avec Jean Yanne, Bernard Blier, Michel Serrault, Jacques François, Daniel Prévost, Nicole Calfan, Paul Préboist). Benoît Lepape, conseiller financier, est renvoyé pour avoir refusé de couvrir une opération malhonnête. Il propose une combine à son oncle, dirigeant syndical : que le syndicat investisse dans des entreprises modernes et très rentables, pour subvertir le système capitaliste de l’intérieur. C’est un succès inespéré et bientôt, Lepape se retrouve dirigeant du syndicat des patrons, tout en étant officieusement au service des travailleurs…
Une farce comme seul Jean Yanne savait les mener. Patrons filous, syndicalistes couillons, féministes enragées, curés arrangeants, gauchistes des beaux quartiers… Personne n’est épargné dans cette satire, où les situations les plus invraisemblables se succèdent, comme lorsqu’une grève est déclarée pour obliger le patron à rester à la tête de la boîte… Le titre à lui seul vaut bien tout Marx, puisqu’en somme, ce qui fait tourner le monde, nous dit l’auteur, c’est que les gens veulent juste gagner de l’argent.
When We Were Kings (1996, de Leon Gast). En 1974, le manager Don King organise un match exceptionnel au Zaïre, entre le champion du monde poids lourd George Foreman et son challenger, Mohammed Ali. Tout le monde adule ce dernier, mais personne ne croit à sa victoire face à Foreman, qui vient de démolir Joe Frazier… Pour tous les participants, ce voyage en Afrique est comme un retour aux sources du peuple noir.
Les personnages sont plus vrais que des personnages hollywoodiens : un géant de la boxe (George Foreman), deux musiciens d’exception (BB King et James Brown), un manager charismatique et sans scrupules (Don King), un dictateur couard et sanguinaire (Mobutu)…
Mais celui qui emporte bien sûr la vedette, c’est Mohammed Ali lui-même, incroyable de virilité, de charisme et de drôlerie. Il boxe comme il parle et comme il danse, avec une énergie du diable et une virtuosité bluffante : « flotter comme un papillon, piquer comme l’abeille » ! Percutant comme les percussions africaines, lorsqu’il mime des coups face à la caméra, on dirait qu’il va crever l’écran. On le sent à la fois mort de peur avant le match de sa vie, et en même temps, d’une force et d’une intelligence extraordinaires.
Un excellent documentaire, sur un grand champion et sur la culture noire-américaine. Ali boma ye !
2 Days in Paris (2007, de Julie Delpy, avec Julie Delpy, Adam Goldberg). Marion vient passer un week-end à Paris avec son ami Américain, Jack. Elle retrouve sa famille et ses amis d’enfance. Entre les phobies de Jack et les mensonges de Marion, le couple va traverser une épreuve critique.
Très inspiré par Woody Allen, pour les dialogues et les situations, une comédie qui mêle romance et satire. Sympathique, quoi qu’un peu répétitif.
A venir :
- The Vikings (1958)
- Mélodie en sous-sol (1963)
- What's Up, Tiger Lily ? (1966)
- Broadway Danny Rose (1984)
- The Big Lebowski (1998)
- The Fighter (2010)
« Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître / Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître », pourrait dire Orson Welles avec le Cid. Le jeune génie de vingt-six ans s’impose d’un coup comme un réalisateur inégalable autant que comme un acteur d’exception. La composition de son personnage est époustouflante : Welles joue Kane de vingt-cinq à soixante-dix ans, en nous montrant tous ses visages aux différentes époques de la vie –notamment lors de la magnifique séquence du déjeuner avec sa femme, qui en quelques plans nous fait parcourir vingt ans de la vie du couple.
De fait, Kane est le double parfait du réalisateur : génie dans son domaine, animé d’ambitions pharaoniques, il cherche à bouleverser la vie de ses contemporains. Le palais de Xanadu est le décor somptueux et démesuré où s’entassent mille trésors de toutes les époques et de tous les mondes, à l’image du cinéma de Welles, capable d’intégrer en lui tous les genres (drame, comédie, tragédie…) et tous les arts (cinéma, roman, danse, magie, peinture…). Chaque scène est faite comme un court-métrage expérimental, où Welles tente quelque chose d’inédit.
Welles fait éclater les limites du cinéma en systématisant l’utilisation de la profondeur de champ : grâce à plusieurs truquages, il peut faire la mise au point simultanément sur tous les plans de l’image. Les personnages s’enfoncent dans la profondeur de la pièce, ou bien différentes scènes se déroulent simultanément sur un seul plan. Le cinéma tend alors vers la troisième dimension.
Avec ce film, Welles enchantait pour la première fois le spectateur avec une virtuosité qui ne lui ferait jamais défaut, grand illusionniste et maître d’œuvre d’un cinéma élevé au rang d’art total.
Vanishing Point (1971, de Richard C. Sarafian, avec Barry Newman). Kowalski fait le pari qu’il peut relier Denver à San Francisco en moins de quinze heures. Il part à tombeau ouvert sur la route, à bord de sa Dodge Challenger 1970, shooté aux amphétamines. Après avoir provoqué un accident et dépassé toutes les limitations de vitesse, il est pris en chasse par la police, et sa course contre la montre se transforme en course contre la mort…
Un pilote renfermé et dingue, un DJ Noir en transe, une fille nue sur sa moto dans le désert : toute une ambiance… Magnifiques paysages du Colorado et du Névada. On est quelque part entre Zabriskie Point, Easy Rider et Mad Max. Un petit film culte de la contre-culture de l’époque, entre illusions et désespoir.
Moi y’en a vouloir des sous (1973, de Jean Yanne, avec Jean Yanne, Bernard Blier, Michel Serrault, Jacques François, Daniel Prévost, Nicole Calfan, Paul Préboist). Benoît Lepape, conseiller financier, est renvoyé pour avoir refusé de couvrir une opération malhonnête. Il propose une combine à son oncle, dirigeant syndical : que le syndicat investisse dans des entreprises modernes et très rentables, pour subvertir le système capitaliste de l’intérieur. C’est un succès inespéré et bientôt, Lepape se retrouve dirigeant du syndicat des patrons, tout en étant officieusement au service des travailleurs…
Une farce comme seul Jean Yanne savait les mener. Patrons filous, syndicalistes couillons, féministes enragées, curés arrangeants, gauchistes des beaux quartiers… Personne n’est épargné dans cette satire, où les situations les plus invraisemblables se succèdent, comme lorsqu’une grève est déclarée pour obliger le patron à rester à la tête de la boîte… Le titre à lui seul vaut bien tout Marx, puisqu’en somme, ce qui fait tourner le monde, nous dit l’auteur, c’est que les gens veulent juste gagner de l’argent.
When We Were Kings (1996, de Leon Gast). En 1974, le manager Don King organise un match exceptionnel au Zaïre, entre le champion du monde poids lourd George Foreman et son challenger, Mohammed Ali. Tout le monde adule ce dernier, mais personne ne croit à sa victoire face à Foreman, qui vient de démolir Joe Frazier… Pour tous les participants, ce voyage en Afrique est comme un retour aux sources du peuple noir.
Les personnages sont plus vrais que des personnages hollywoodiens : un géant de la boxe (George Foreman), deux musiciens d’exception (BB King et James Brown), un manager charismatique et sans scrupules (Don King), un dictateur couard et sanguinaire (Mobutu)…
Mais celui qui emporte bien sûr la vedette, c’est Mohammed Ali lui-même, incroyable de virilité, de charisme et de drôlerie. Il boxe comme il parle et comme il danse, avec une énergie du diable et une virtuosité bluffante : « flotter comme un papillon, piquer comme l’abeille » ! Percutant comme les percussions africaines, lorsqu’il mime des coups face à la caméra, on dirait qu’il va crever l’écran. On le sent à la fois mort de peur avant le match de sa vie, et en même temps, d’une force et d’une intelligence extraordinaires.
Un excellent documentaire, sur un grand champion et sur la culture noire-américaine. Ali boma ye !
2 Days in Paris (2007, de Julie Delpy, avec Julie Delpy, Adam Goldberg). Marion vient passer un week-end à Paris avec son ami Américain, Jack. Elle retrouve sa famille et ses amis d’enfance. Entre les phobies de Jack et les mensonges de Marion, le couple va traverser une épreuve critique.
Très inspiré par Woody Allen, pour les dialogues et les situations, une comédie qui mêle romance et satire. Sympathique, quoi qu’un peu répétitif.
A venir :
- The Vikings (1958)
- Mélodie en sous-sol (1963)
- What's Up, Tiger Lily ? (1966)
- Broadway Danny Rose (1984)
- The Big Lebowski (1998)
- The Fighter (2010)